Friends don't lie
Elle commençait à s'habituer. Se réveiller tôt le matin sans son mari à ses côtés. De poser sa main sur les draps refroidis et chercher la présence de Tyler. Elle s'y habituait mais ça ne veut pas dire qu'elle appréciait la chose. Cependant, elle savait que cette absence ne signifiait rien de négatif. Il était quelque part, en train de s'entraîner pour éventuellement, sauver le monde encore une fois. Le temps lui semblait très long mais c'était simplement parce qu'elle se retrouvait à la maison, coincée avec un ventre énorme qui prenait une place plus qu'importante et qui l'empêchait de faire des mouvements de malade. À la fin juillet, elle s'était retrouvée à l'hôpital pour des douleurs et saignements, dû à un stress énorme qui jouait beaucoup sur la grossesse. Le conseil était clair, ne pas faire trop d'effort si elle ne voulait pas accoucher de façon prématurée et qu'il arrive quelque chose aux bébés.
Aux premières lueurs du soleil, elle avait refusé de rester seule dans cette grande maison. Son mari avait déposé la petite Anya directement à l'école en quittant pour le travail, laissant donc la brune dans un calme plat. Tasse de thé bien chaud entre les mains, elle observait les vagues par la fenêtre de la maison, tout en se disant qu'elle ne pouvait pas attendre que les petites viennent au monde avant de se décider à sortir. Au même moment, une silhouette familière entrait dans le paysage. Elle ne pouvait pas vraiment distinguer qui avec les traits, mais à sa simple façon de marcher, elle comprit. Son ami de longue date, Maxwell.
Elle délaissa rapidement le pyjama pour une tenue beaucoup plus décontractée pour aller rejoindre la place. Lorsqu'elle avait choisi la maison, le fait qu'un chemin privé se rendait jusqu'au bord de l'eau, c'était un grand plus. Les bras croisés contre sa poitrine, elle gagnait la direction de son ami, tentant de se battre contre le vent qui semblait vouloir détruire sa tenue. Lorsqu'elle arriva finalement à sa hauteur, il était assis sur le sable, les yeux rivés vers l'horizon. Sa main se posait sur son épaule. - Normalement quand on vient par ici, on vient chercher son amie ! Dit-elle tout en attendant qu'il se relève pour le prendre dans ses bras. - Comment tu vas ? T'es tôt dans le coin !
« Normalement quand on vient par ici, on vient chercher son amie ! » C’est en premier lieu cette main se posant sur mon épaule qui est venue me retirer de mes pensées, qui est venue rompre ce regard posé au loin sur cette mer si apaisante. A l’image d’un rituel, venir me poser à cet endroit est devenu une habitude depuis mon retour à Oceanside, une habitude que j’ai développé avec celle qui est désormais à mes côtés. L’occasion est idéale pour moi de passer du temps avec cette amie, celle avec qui le temps, les années et la distance, n’a jamais réussi à avoir d’impact sur ce lien qui nous unit, mais également une occasion de pouvoir m’approcher de mon défunt père. Je ne suis pas le plus croyant des hommes de cette terre, je suis même incappable de mettre les pieds dans une église, qui fut cette maison dans laquelle mon père y a consacré sa vie, sa foie, mais ces instants me permettent de me rapprocher de lui, de l’homme qu’il était, de toutes ces années où je n’étais pas avec lui, d’une mort dans laquelle il s’est rendu sans que je sois à ses côtés, pour l’aider et le soutenir, pour lui dire au revoir. Un apaisement qui fait le plus grand bien, alors que je suis en train de me relever, continuant de sentir le vent s’écraser contre mon corps, de part ses vêtements qui réagissent en se collant à ma peau, mais également contre mon visage, laissant mes cheveux bouger un peu dans tous les sens, avant de venir prendre mon amie dans mes bras. « Comment tu vas ? T'es tôt dans le coin ! » Un sourire est en train doucement de venir étirer mes lèvres, marquer les traits de mon visage, alors que mes iris n’ont pas le moindre mal à trouver contact avec Lena, cette femme qui m’a connu alors que je ne cessais de me faire marcher dessus, de part ma gentillesse, qui me connait désormais comme un homme beaucoup plus dur, beaucoup moins imperméable à ses sentiments, pour une vie que je maitrise beaucoup mieux. « Il me fallait bien une raison pour partir de chez … » Une phrase coupée en plein vol, alors qu’un rictus est en train de se présenter à mon visage, partant à la recherche de ce prénom qui est en train de m’échapper, qui ne semble pas vouloir me revenir en mémoire. « De chez cette personne. Et quoi de mieux qu’ici ? Surtout maintenant que tu es là. » Hors de question de me prendre la tête, de penser de trop sur ce prénom qui dans le fond n’a pas la moindre importance, préférant me concentrer sur l’instant présent, sur la présence de Lena à mes côtés, cette femme désormais mariée à son premier amour, futur nouvelle maman, elle qui a déjà gouté les joies de la maternité. « Comment tu vas ? Comment se portent ses bébés ? » Ces enfants qu’elle attend, elle qui s’approche un peu plus chaque jour d’un terme qui arrive à grand pas, alors que bientôt sa vie va être complètement chamboulée, mais pour la meilleure des raisons, il suffit de la voir avec Tyler pour le comprendre, pour savoir qu’elle a enfin trouvé le bonheur, qu’elle est enfin en accord avec ses sentiments et ses rêves.
Adolescente, elle avait un peu brusquer son ami. Tandis qu'il vivait des moments difficiles dans l'enceinte du lycée, elle lui avait permis de développer une certaine carapace et de vivre un peu. Par moments, elle l'emmenait avec elle dans le sous-sol vide de chez ses parents, boire quelques bières et manquer les cours de mathématiques. De son côté, elle avait toujours fait le minimum d'effort, mais elle s'en sortait toujours avec des notes particulièrement flamboyantes. Elle s'arrangeait pour aider son ami sur les contrôles manqués. De plus, lorsque ses parents se trouvaient à la maison, ils se cachaient derrière le cinéma de la ville, encore une fois avec des canettes de bière mauvaises, les moins cher que son frère Kyle acceptait bien d'aller chercher pour elle au dépanneur. Aujourd'hui, elle était heureuse de savoir que son amitié collait encore avec Maxwell et qu'elle le considérait en quelque sorte, comme son troisième frère. À ces mots, elle comprit tout de suite que quelque chose n'allait pas. Une de ses mains vint se poser sur l'épaule de son ami, tapotant celle-ci légèrement. - Tu sais que tu peux me parler si jamais tu ressens le besoin hein ? -- Je te l'accorde, la plage est un endroit parfait pour se changer les esprits. J'y viens souvent, surtout quand tout semble trop lourd. Je n'habite pas très loin, tu sais ! Elle se retourne, venant lui faire un signe de tête pour désigner la maison en haut de la petite colline. Peut-être même qu'il reconnaissait l'endroit. Habitation qu'elle avait remarquée alors qu'elle n'avait à peine seize ans et qu'elle avait promis à tout son entourage qu'elle ferait l'acquisition un jour. - Je vais bien ! Je t'accorde que je suis fatiguée, beaucoup. D'un petit geste de la main, elle vint lui faire signe de s'asseoir à ses côtés, sur le sable. Le vent venait frapper doucement contre son visage, venant faire voler quelques mèches brunes dans sa danse. - Tu m'aurais dit il y a un an que ma vie ressemblerait à ça. La bague au doigt, une maison de rêve et surtout .. Bientôt trois enfants avec l'homme que j'ai attendu toute ma vie, je ne t'aurais pas cru ! Elle vint lui donner un petit coup d'épaule, tout en rigolant. Elle avait bien raison. Si elle reculait au même mois, l'année dernière, sa vie n'y ressemblait pas du tout. - Tu m'avais l'air bien pensif tout à l'heure ! Tu envisageais de courir nager à l'eau ou quelque chose te tracasse ? Je reconnais tes expressions faciales tu sais Max .. Tu as la même tête que lorsque Joe Pettigrew te lançait des boules de papiers dans le cours d'histoire ! On peut tout se dire non ? Depuis toujours.
« Je vais bien ! Je t'accorde que je suis fatiguée, beaucoup. » Une voix qui est en train de parvenir à mes oreilles, un geste de la main sur lequel mes iris sont venus se poser, répondant à l’invitation de mon amie, en prenant place à ses côtés, en laissant mes fesses à nouveaux se poser sur le sable de cette plage, pour une mer nous faisant face. « Je peux même pas te dire que tu te reposeras après l’arrivée des jumeaux, enfin je peux te le dire, plutôt deux fois qu’une, mais t’es bien une des seule personnes à qui je n’ai pas envie de mentir. » C’est avec cet amusement à travers le timbre de ma voix, que je suis en train de répondre à Lena, alors que je n’ai pas la moindre idée de cet état de fatigue que vivent les parents lors des premiers jours, semaines et mois de vie de leurs enfants, mais plus d’une fois j’ai eu l’occasion d’en entendre parler, à commencer par cette amie présente à mes côtés après la naissance d’Anya, quand bien même je n’étais pas à Oceanside à cette époque. « Tu m'aurais dit il y a un an que ma vie ressemblerait à ça. La bague au doigt, une maison de rêve et surtout .. Bientôt trois enfants avec l'homme que j'ai attendu toute ma vie, je ne t'aurais pas cru ! » Retour en arrière qu’est en train de mettre en avant Lena, faisant une comparaison de l’évolution de sa vie en l’espace de douze mois, qui n’ont pas été de tout repos, mais qui lui ont permis de prendre une virage à cent-quatre-vingt, revenir sur ce chemin qui lui est destiné depuis le lycée, avec Tyler à ses côtés. « Je ne l’aurais pas cru non plus, à moins qu’il y a un an tu me parlais de Tyler. On savait tous que vous alliez finir ensemble tous les deux, ce qu’on ne savait pas, c’était plutôt de savoir quand vous alliez vous retrouver. Il y a des histoires qui ne s’expliquent pas, qui défient tous les problèmes, peu importe le temps. » Il aura fallu tant d’années, tant d’histoires, tant d’embuche sur un chemin qui était pourtant si simple en premier lieu, mais la preuve est sous nos yeux aujourd’hui, ils sont fait pour être ensemble et cette alliance qu’elle porte en est la preuve parfaite, sans compter ses deux enfants qui vont venir agrandir cette merveilleuse famille qu’ils devraient former depuis longtemps. « Tu m'avais l'air bien pensif tout à l'heure ! Tu envisageais de courir nager à l'eau ou quelque chose te tracasse ? Je reconnais tes expressions faciales tu sais Max .. Tu as la même tête que lorsque Joe Pettigrew te lançait des boules de papiers dans le cours d'histoire ! On peut tout se dire non ? Depuis toujours. » Une prise de parole qui est en train de parvenir à mes oreilles, pour un regard qui est en train de se poser au loin, sur cette mer qui est en train de nous faire face, sur tous les souvenirs que cette ville a su me laisser, mais également sur tout ce qu’elle a su me prendre au fil des années. « Me baigner avec ce vent ? Tu plaisantes j’espère. » Pourtant Lena a raison sur un point, elle me connait, ce ne sont pas ces longues années loin de la Californie qui ont réussi à changer notre amitié, qui lui ont permis de ne plus me connaître. « Je suis tombé sur Pettigrew il y a quelques semaines et franchement, c’était pas beau à voir. Sa femme en revanche, elle était très belle à voir et aussi horriblement malheureuse en mariage. » J’ai conscience que je n’ai pas besoin d’en ajouter plus, suffisamment d’informations sont entre les mains de mon amie, elle sait faire le calcul de un plus un, pour arriver à la conclusion que je me suis sacrifié pour apporter un peu de plaisir dans la vie de cette femme, quelque peu également par vengeance envers ce bourreau de mon enfance. « Après la mort de ma mère, cette plage est devenue cet endroit où je peux me rapprocher d’elle, de manière complètement naïve. » A l'adolescence on est capable de croire bien des choses pour se persuader des choses, que cela soit positif ou négatif. « Mon père n’est plus là à son tour et … » Une inspiration que je suis en train de prendre, laissant mes poumons se remplir de cet air si important à l’organisme. « C’est comme si tout ça n’avait jamais existé. » Je me retrouve sur cette plage, avec seulement mes souvenirs et mes regrets pour rythmer chaque journée qui passe, chaque journée que je passe dans cette ville, qui est à nouveau devenu ma maison, celle que j’ai tant cherché à fuir, celle que je n’ai jamais pensé retrouver dans le moindre présent.
- Tu sais, il y a un an j'avais une belle vie aussi. Jamais je ne pourrais cracher sur ce que j'avais. J'étais amoureuse de Cooper et une partie de moi ne pourra jamais oublier tout ce qu'on a vécu ensemble. Je pense par contre que mon cœur le savait, que mes rêves appartenaient à un autre homme. Elle s'interrompt, venant se pincer les lèvres tristement. Elle savait qu'au passage, elle avait fortement blessé son ex petit ami mais ce n'était pas ce qu'elle avait souhaité. - J'aurais dû laisser Cooper vivre une meilleure vie .. Vivre ses rêves ! Mais je l'aimais .. Malgré tout ! Je pense simplement que ma tête et mon cœur avait des rêves silencieux .. Ailleurs. Aujourd'hui, elle savait que son ex petit ami devait souffrir le martyre. Il n'avait jamais vraiment eu de réponses à ses questions et aucune explication de la part de la brune. - J'aimerais vraiment pouvoir lui faire comprendre que je ne me suis jamais moqué de lui. Si seulement Cooper savait comment j'aurais aimé pouvoir lui dire oui, l'épouser et fonder la famille qu'il voulait. J'aurais voulu être cette femme-là mais quelque part, c'était impossible. Les souvenirs du lycée remontent. Ils en avaient vécu des choses ensemble, ce sont deux là. Elle se souvenait du temps ou elle sauvait son ami dans les cours. Que les gens s'en prenaient à lui et qu'elle n'hésite pas du tout à se lever de son bureau et de hurler contre les pseudo-agresseurs. - Tu sais quoi ? Je ne suis pas surprise ! Même dans les films c'est commun ! Ce sont toujours les adolescents populaires qui deviennent moches et ceux qui étaient discrets, à lunettes et full acné deviennent des bombes. Ceci dit .. C'est quand même dommage que sa femme avait l'air triste. Est-ce qu'il t'a reconnu ? Puis, comme elle connaît Maxwell par coeur, elle lui lance un petit regard complice, sachant très bien ce qu'il a dû faire avec Madame Pettigrew. Aux paroles de son ami d'enfance, elle se rapproche de lui, venant passer un de ses bras autour de lui. Une de ses mains libres se glissa contre sa tempe, rapprochant sa tête vers elle pour y déposer un baiser sur la tempe. - Tu sais que si tu as besoin, je serai toujours à tes côtés hein ? Je t'en ai fait la promesse aux funérailles et ça ne changera pas. Jamais. Elle aurait aimé avoir la complicité que son ami avait avec ses parents. Il s'était toujours bien entendu avec eux et lorsqu'elle était plus jeune, la brune avait toujours été la bienvenue chez eux, ce qui lui faisait oublier le climat de tension qui existait chez elle. Avec sa mère, elle avait toujours eu de bons contacts, mais avec son paternel .. Il fallait oublier le respect même ! Lorsque sa mère décéda, elle avait eu le même ressenti que son ami. L'impression que rien n'avait existé et cette solitude lourde et pesante. - Est-ce que je peux faire quelque chose pour que tu te sentes mieux ?