Follow you fire (ft Elea)
Il va lui falloir un certain temps d’adaptation à Wesley pour cette nouvelle vie qu’il entame tout juste ici, à Oceanside, il en a bien conscience et pourtant, ce qu’il a déjà eu l’occasion d’entrevoir lui plaît. Jusqu’à présent, il a essentiellement passé tout son temps au bureau, ne connaissant de toute manière absolument personne encore en dehors, et il apprécie plutôt la tournure des choses là-bas. Ce n’était pas gagné d’avance avec son nouveau coéquipier, compte tenu du fait que forcément, il remplace celui avec qui il passait ses journées jusqu’à présent. Mais ce Nash est plutôt sympa. Il sent déjà qu’avec lui, il va pouvoir travailler dans une bonne ambiance et ça, c’est précieux. Seule personne sur laquelle il peut s’appuyer pour l’aider dans sa découverte de la ville, ils ont déjà passé une soirée bière à discuter de ce que la ville allait pouvoir lui offrir à Wesley.
Petite pause qu’il s’offre dans cette journée, il en profite pour aller boire un café à l’extérieur. Tellement meilleur que celui qu’il peut trouver au sein du poste. Et puis très honnêtement, il commence à beaucoup apprécier ce que la côte californienne a à offrir niveau paysage. L’immensité de l’océan il connait bien, mais ici c’est différent. Le soleil est différent, les plages sont différentes, l’ambiance générale n’a rien à voir. C’est son petit plaisir, boire un café près de la plage. Breuvage encore légèrement fumant à la main, il avance, son portable à la main, en train de lire ce sms d’Elaine qui lui parle, encore, de la maison. Il l’a à peine lu qu’il se retrouve à percuter quelqu’un sans grand ménagement, laissant tomber son portable au sol, et se retrouvant avec son café sur sa chemise. « Merde ! » Il souffle, la bouche entrouverte, avant de ne sourire face au petit blond dans lequel il vient de rentrer. Il se penche pour ramasser son portable et lorsqu’il se relève, son regard se pose sur cette femme qui pose une main sur l’enfant. Leurs regards se croisent et son cœur à lui s’emballe devant ces yeux bleus qu’il reconnait immédiatement. Ce grain de beauté sous son œil. « Elea ? » Bien que le temps ait fait son œuvre sur elle, elle n’a pas changé.
Elea n’aurait jamais pensé que sa journée de cette façon. C’était supposé être une journée parmi tant d’autres, une de celles où elle s’enfonçait dans sa routine faite de ferme et de livraison. Comme à son habitude, elle avait débuté aux aurores afin d’avancer sur les taches sur lesquelles elle avait pris du retard, toute son attention prise par sa comptabilité du mois, anticipant celle de la fin d’année. Ses vacances à venir en janvier était source de stress, car elle voulait être certaine que tout fut prêt et roulât en son absence. Nul doute qu’elle se mettait plus de pression que nécessaire, ce à quoi elle répliquait qu’il lui fallait parer à toute éventualité.
En somme une journée qui démarrait comme bien d’autres et des livraisons en ville rendaient possible de passer plus de temps en compagnie de son fils. Elle avait alors promis à Ayden qu’ils iraient manger un pâtisserie avant qu’Hannah ne l’emmène à ses activités. Elea les avait ainsi rejoints à l’heure convenue, la bonne humeur régnait au sein du trio et tous s’accordaient à dire que le gâteau choisi par Ayden était le meilleur des trois. Une discussion animée, ponctuée d’éclats de rires et du dynamisme d’Ayden qui avait visiblement été doté de la même maladresse que sa mère puisqu’il entra de plein fouet dans un corps inconnu. « Ayden !» s’exclama Elea avec inquiétude, se précipitant aux côtés de fils qui se frottait le front en grimaçant. La blonde posa un genou à terre afin d’être à la hauteur de l’enfant « ça va mon amour ? » posant la question, elle inspectait le point de collision et put confirmer la réponse négative donnée par le garçon. Le soulagement lui rappela qu’une autre personne était impliquée dans l’incident et elle s’autorisa enfin à porter son attention sur l’inconnu qui ne le resta pas bien longtemps. L’hypothèse selon laquelle elle était en plein rêve éveillé s’évanouit aussitôt que son prénom, son surnom s’échappa des lèvres de Wesley, de quoi la propulser bien des années en arrière « Wesley… » murmura-t-elle à son tour, une façon de conjurer l’état de béatitude dans lequel elle se retrouvait. Elle se redressa finalement, une main protectrice sur Ayden qu’elle garda jalousement contre elle. « qu’est-ce que tu fais là ? si loin de Boston ? Pourquoi ? Depuis quand ? Finalement ses prunelles furent attirés par autre chose, l’étendu des dégâts provoqués par cette bouscule, un café au sol après avoir laissé sa marque sur le vêtement. Les souvenirs de leur première rencontre s’insinuèrent, perfides. « Je suis vraiment désolée » dit-elle, adresser la situation semblait plus urgent que de savoir ce qui l’amenait ici selon les règles de convenance aussi se fit-elle violence « rien de cassé ? »
Il entend rapidement son prénom à lui s’extirper d’entre ses lèvres à elle. L’entendre de sa bouche, lui procure encore ce frisson qui parcourt ses bras. Il la scrute l’espace d’un instant ayant du mal à croire à cette évidence qui se tient pourtant devant lui. Evidemment il a choisi cette mutation un peu en clin d’œil aux souvenirs qu’elle avait laissé dans son esprit, à cette trace qui ne c’était jamais effacé depuis toutes ces années, mais il n’avait pas de véritable espoir quant à tomber sur elle ici. Cela aurait été totalement délirant d’attendre une telle chose. Mais finalement, il fallait croire que le destin faisait en sorte de la mettre sur son chemin. Une nouvelle fois. Il rit légèrement en soufflant du nez et en haussant les épaules face à cette question légitime. « J’avais l’intention de boire un café. » Il tire sur le bas de sa chemise et observe les dégâts, ne pouvant faire autrement que sourire devant cette tâche de café démesurée sur son vêtement. Elle s’excuse, comme si cela était sa faute cette fois encore. « Je t’en prie c’est moi. Je regardais mon téléphone en plus. » Il redresse la tête vers elle et la voit tenir le petit garçon contre elle. « Oh non, bien que Ayden, c’est ça ? Ait l’air d’avoir beaucoup de force, j’ai rien de cassé. A part cette chemise qui est fichue mais au moins, ça me rappelle des souvenirs. » Il lui sourit alors qu’il ne peut s’empêcher d’observer ce petit garçon.
« C’est fon fils ? » A la voir faire avec lui et l’ayant entendu lui parler, il se doute un peu de la réponse. Alors elle l’a suivi ce type, comme elle l’avait dit ? Elle l’a sûrement épousé depuis le temps. Wesley remarque aussi cette jeune femme qui se tient de l’autre côté du blondinet. Bien trop âgée pour être la fille d’Elea dont elle se rapproche d’avantage de l’âge que celui de Ayden. « T’as quel âge bonhomme ? » Simple curiosité et moyen de faire un minimum la conversation malgré ce moment de gène. « Au fait, je suis là parce que j’ai été muté ici. Je suis pas sur ta trace, ne t’en fais pas. Et puis je t’aurais pensé en Europe. » Il lui parait en effet essentiel de lui préciser ce fait, conscient que pas mal d’hypothèses peuvent s’immiscer dans son esprit.
Oh oui, Elea n’aurait jamais imaginé une telle tournure pour une journée pourtant ordinaire. Telle était la pensée qui tournait en boucle dans son esprit alors que ses prunelles détaillaient le visage de ce fantôme tout droit sorti de ses souvenirs. Fantôme qui avait pourtant tout de réel, de la voix à la manière qu’il avait de sourire. Nul besoin de se pincer pour vérifier qu’elle n’était pas prisonnière d’un énième rêve de cette époque révolue et il lui fallut faire preuve d’une sacré ténacité pour conserver le flot d’émotions qui menaçaient de se déverser, ne pas donner suite aux sensations qu’entendre son rire provoquaient en elle.
Des souvenirs, c’était le moins qu’on puisse dire, de cette première rencontre rythmée par sa maladresse légendaire à des adieux, promesse faite que cette porte ne s’ouvrirait plus. La mention de son fils lui rappela que le présent était plus urgent, elle se contenta d’un simple hochement pour confirmer que la petite tête blonde était bien la sienne. Elea se retrouvait prise entre la curiosité évident de Wesley envers le garçonnet et les regards appuyés de son fils, et de son au pair d’ailleurs. « C’est un ami de maman, de Boston » expliqua-t-elle brièvement au petit garçon, une façon de l’inviter à se présenter et à répondre à la question posée malgré son envie de déguerpir, Ayden avec elle. « Bonjour monsieur, je suis Ayden et j’ai six ans et demi » lança l’enfant avec fierté, grandissant au milieu de garçons plus âgés, il aimait à rappeler qu’il avait plus de six ans, bientôt la septième année sera célébrée et avec, l’arrivée de la dizaine. « Je suis désolé pour votre café » il n’était pas sans ignorer qu’il était nécessaire de s’excuser lorsqu’on faisait quelque chose de mal, d’ailleurs, Ayden lança un coup d’œil en direction de sa mère qui passa la main dans sa chevelure, affectueuse. Le geste permit à Elea de garder son choc de la nouvelle sous contrôle « Je vois » articula-t-elle, acquiesçant doucement alors que la réalité de la situation se frayait un chemin : Wesley était installé en ville. Malgré tous ses efforts, elle n’était pas naturelle Elea, cela n’échappait pas à Hannah ni à Ayden, sans doute que son amant d’autrefois l’avait remarqué également. « Ca va bientôt être l’heure, il ne faudrait pas que vous soyez en retard » s’armant de sa douceur habituelle, son attention était dirigée tour à tour vers Hannah et Ayden, les rappelant à leur engagement premier. Elle prit Ayden dans les bras, lui assurant qu’elle rentrerait tôt ce soir et que c’était elle derrière les fourneaux, la perspective de burgers maisons sembla le ravir puisqu’il prit la main tendue de l’au pair avec engouement, non sans un dernier « au revoir monsieur » pour Wesley. Les prunelles de la blonde regardèrent le duo s’éloigner alors qu’ils échangeaient avec enthousiasme en allemand et quand ils furent disparus de son champs de vision, Elea se tourna finalement vers Wesley « tu avais l’intention de boire un café je crois bien ? »
L’évocation de ce souvenir qui les avait fait se rencontrer quelques années plutôt semble plonger Elea un instant dedans, elle se contente ainsi de hocher la tête pour confirmer que ce petit garçon est bien le sien. Wesley sourit, sincèrement content pour elle, qui doit sans l’ombre d’un doute, être une maman extraordinaire. Il se souvient qu’elle lui avait confié qu’elle rêvait d’une grande famille, aussi belle, aussi aimante que celle que ses parents avaient put lui offrir. C’est d’ailleurs lorsqu’elle avait abordé ce sujet qu’elle lui avait parlé de Oceanside. Ce paradis Californien provisoirement à l’autre bout des Etats Unis que là où elle se trouvait à ce moment-là. Wes Toussote et sourit de plus belle lorsqu’il l’entend le qualifier d’ami, de Boston. « De très bon amis même. » Précisa-t-il en souriant au petit garçon qui se présenta à lui et s’excusa pour le café. Wesley lui tendit sa main vide. « Enchanté alors Ayden. Moi c’est Wesley mais tu peux m’appeler Wes si tu préfères. » Il tire de nouveau sur cette chemise tâchée, forcé de s’avouer que finalement, il est plutôt content que ce petit incident ait eu lieu. « C’est pas grâve pour le café, tu sais c’est aussi de ma…faute. Six ans et demi tu dis ? » Il passe sa main sur sa nuque, effectuant un rapide calcul dans sa tête. « Tu es…un grand garçon dis donc ! » Il lui sourit tandis qu’une idée, plutôt insidieuse s’immisce en lui. Se serait pour ça qu’elle serait partie à l’époque ? Qu’elle l’aurait finalement suivi lui ?
L’aveu quant à sa mutation ici semble ne pas faire plaisir à Elea, loin de là. Elle semble mal à l’aise. Même s’il insiste sur le fait qu’il ne pensait pas la voir, du moins pas si aisément. Alors qu’il allait apporter plus de précisions sur ce fait, elle encourage son fils et cette fille qui l’accompagne visiblement, à ne pas être en retard et donc à partir, ce qu’ils font sans attendre. Ayden prenant la peine de saluer celui qu’il venait de percuter quelques minutes plus tôt. « Salut bonhomme. » Son regard se pose de nouveau immédiatement sur cette blonde qui regarde son fils s’éloigner. Elle est toujours aussi belle, peut même d’avantage. Elle se tourne finalement vers lui. « Tu me proposes de boire un café avec toi ? » Il ne peut s’empêcher de lui sourire, bien trop heureux de cette question qui ressemble à une invitation. « Il a l’air génial ton petit garçon Elea. » Il la scrute, hésitant. Il ne sait pas vraiment s’il a envie de savoir. « C’est pour ça que t’es partie ? » Il s’avance vers elle, même s’il ne la sent toujours pas tellement à l’aise. « Je comprends tu sais. Tu étais enceinte, vous alliez avoir un enfant, c’est normal que tu l’ais suivis. » Il a eu du mal à se remettre de son départ, à accepter son absence si soudaine de sa vie mais il peut comprendre aujourd’hui, encore d’avantage, qu’elle l’ai fait.
La perspective de prendre le temps de boire un café avec elle, en sa compagnie suffit à lui faire garder ce sourire aux lèvres, bien trop heureux de cet aléa qui l’a mis sur son chemin, bien plus rapidement qu’il n’aurait jamais osé l’espérer. Il est sincèrement désireux d’apprendre ce qu’elle devient et même si visiblement elle a fait sa vie avec cet homme qu’elle a dû finir par épouser, il est heureux de la revoir. Non seulement car cette nostalgie de cette époque où elle a été cette lueur dans sa vie pendant ces moments qui leur appartenait lui fait du bien mais aussi car juste la voir, là en face d’elle, suffit à lui faire du bien. Elle a ce dont Elea, faire briller autour d’elle. Rendre les choses plus belles sans s’en apercevoir. « Normal je sais pas, mais ça me fait plaisir en tout cas. » Il hausse les épaules, conscient de paraître un peu trop satisfait de cette situation, mais tant pis. Il profite juste de ce moment qui lui est offert, sachant pertinemment qu’il pourrait être le seul qu’elle lui laissera partager avec elle. Il l’observe lui répondre avec difficulté, avant de finalement se raviser. « C’est pas quoi ? » Il fronce les sourcils, curieux d’en savoir plus, même s’il devine aisément le fait qu’elle soit mal à l’aise face à cela. « T’es pas obligé de répondre. C’est pas mes affaires après tout. » Il ne le pense qu’à moitié. Il n’a pas su la retenir à l’époque, malgré l’envie le tiraillant qu’il avait de le faire, mais il s’est longtemps dit que les choses auraient sans doute étaient différentes si elle était restée à Boston. Il aurait certainement fait d’autres choix. Des choix que face à sa fuite surprise, il n’a pas su faire. Mais dans le même temps, même en restant, enceinte de son fiancé, il l’aurait laissé vivre sa vie avec lui. Rassuré par ce sourire qu’elle affiche, signe qu’elle ne se sent pas si mal, avec lui, il lui emboîte le pas vers la boutique où il avait pris son café quelques minutes plus tôt alors qu’elle lui pose une question assez surprenante, restant néanmoins dans le thème. Une fois entrés dans l’enceinte du bâtiment elle précise, ayant forcément souvenir de la position de Wesley sur la question à l’époque. Il est surpris de la voir lui demander ça comme ça, comme si de rien était. Ça le fait même rire alors qu’il l’écoute passer commande au comptoir. « On va le prendre dehors ? En espérant que personne ne nous rentre dedans ? » Il rit à nouveau, retenant la porte pour la laisser passer devant. A peine sortis, il marque un temps d’arrêt. « Pour répondre à ta question. J’ai pas vraiment changé d’avis, je me suis juste fait à l’idée que je ne serai jamais père et j’avoue que je n’y pense pas plus que ça. » Il hésite un instant, mais reprend finalement. « Et c’est pas que je voulais pas d’enfants. Je n’en voulais pas à ce moment-là de ma vie. Pas de cette manière. » Il faillit dire pas avec elle, en référence à Elaine, mais se retint. Non seulement car dire ces mots à voix haute était bien trop ignoble mais aussi pour ne pas risquer de lui faire comprendre quelque chose d’erroné à son propre égard.
Contente de le voir, une évidence même à la manière d’un ciel bleu ternis par les nuages gris que l’appréhension faisait naitre en elle. Voir qu’il l’était également, ravi de se retrouver en sa compagnie, ouvrait la porte à des sensations qu’elle avait cru oublier. La porte vers le passé s’ouvrait avec fracas et elle tentait de s’en tenir éloignée Elea, s’en tenir éloignée pour éviter d’être happée et de s’y perdre. Tout était différent aujourd’hui, d’où cette pause dans ses confidences, elle qui n’avait jamais eu de filtre avec Wesley, lui confiant tous les troubles qui affectaient son âme à l’époque.
La voir sourire ainsi, pour lui, lui fait quelque chose, forcément. Ces sourires ainsi que ces questions, ce sujet un peu trop sérieux à son goût pour des retrouvailles après des années sans la moindre nouvelle, le déstabilisent. Alors qu’ils se retrouvent de nouveau à l’extérieur, Elea boit une gorgée du café encore fumant qu’elle tient entre ses mains avant d’acquiescer ses dires en hochant la tête. Elle semble prendre sa réponse très sérieusement en considération ce qui fait rire Wesley, qui tente à son tour de boire du breuvage un peu trop chaud à son gout. Il grimace en éloignant le gobelet de ses lèvres. C’est à lui de hocher la tête face aux dires de la blonde, il est certain qu’à cette époque, rien n’était idéal dans sa vie pour décider de fonder une famille avec sa femme. Avoir un enfant avec celle dont il s’éloignait chaque jour un peu plus pour se rapprocher d’une autre dont il tombait peu à peu amoureux bien qu’il se soit toujours persuadé du contraire n’était alors absolument pas envisageable. Ça en plus du fait qu’il ne souhaitait tout simplement pas avoir d’enfant à ce moment. Il s’apprête à lui répondre lorsqu’elle reprend aussitôt la parole, coupant la sienne. Il rit de nouveau face à ces questions, du moins à ce qui ressemblent à des questions, et surtout devant cette curiosité qui semble attiser la jeune femme. « Ma vie n’est pas terminée mais tu sais, je ne me fais pas trop d’illusions. » Il laisse un soupir, mêlé à un rire sortir d’entre ses lèvres. « J’ai quarante deux ans, je suis divorcé et célibataire. Je n’aurais jamais le loisir d’être père et je me suis fait à l’idée. » Il hausse les épaules, un brun fataliste sur le coup alors que lui se dirait plutôt réaliste face à la situation. « Et toi alors ? Je suppose que Ayden a des frères et sœurs non ? » Il tourne la tête vers elle et lui sourit, se souvenant parfaitement de ce souhait qu’elle avait à l’époque d’avoir une grande famille. « Je suis en ville depuis deux mois environ. » Il détourne son regard pour venir boire une gorgée de son café, alors qu’ils ne cessent d’avancer côte à côte le long des boutiques bordant le bord de plage dont ils se rapprochent. « Promis, je ne t’ai pas cherché partout ! » Conscient que la situation est un peu curieuse. Que cette coïncidence de son arrivée ici n’en est pas vraiment une. « Oceanside était dans une liste de villes qu’on m’a proposé pour ma mutation. Je me suis souvenue de ce que tu disais sur cette ville, sur ce qu’elle dégageait, ce qu’elle représentait pour toi. C’est fou je sais mais…je me suis dit que c’était une espèce de signe. » Il tourne la tête vers la blonde et hausse un sourcil, pas certain de ce qu’il avance. « Je savais même pas que tu étais revenue ici. »
Elle réalisait à quel point ça lui avait manqué, de l’entendre rire. Une chose familière qui était devenue la norme, à l’époque, qu’elle avait cru oublié à l’image de ses émotions qu’elle bataillait pour garder sous contrôle. Funérailles célébrés pour cette relation brutalement avortée alors qu’elle prenait son billet pour un aller sans retour. Et voici qu’elle le recroisait, chez elle, dans sa ville, devant faire face à la culpabilité qui se frayait chemin alors qu’il affirmait avoir fait la paix avec le fait qu’il ne serait jamais père. Son attention fut happée par un détail, son statut de
Compte tenu sa réponse et l’air que la jeune femme affiche, il devine sa décontenance, ce qui n’était pas volontaire de sa part, au contraire. Elle reprend finalement pour approfondir cette réponse en question, affirmant que Ayden est fils unique et cela semble une bonne chose pour elle. Elle a donc finalement changé d’avis sur la question ou bien n’a peut-être pas put avoir d’autre enfant après tout. Il n’en a pas idée et n’est plus personne pour se permettre d’en demander plus à ce sujet. « Oh d’accord. » Il lui sourit, mi gêné de s’être un peu avancée là-dessus, si persuadé qu’elle devait aujourd’hui être l’heureuse maman d’une belle fratrie. « C’est vrai que ça ne fait pas longtemps. » Deux mois, c’est peu en effet, d’autant que le temps de prendre ses marques, même s’il n’avait absolument aucune connaissance en arrivant ici, il a été bien occupé, en plus du travail. « Tu sais…je me suis convaincue que tu n’étais pas ici, je n’ai pas cherché après toi mais au fond de moi, ça ne m’a pas empêchée de me dire que…peut être qu’un jour je tomberai sur toi. » Il baisse la tête et passe une main sur l’arrière de son crâne avant de ne lâcher un rire en redressant de nouveau la tête vers elle. « Tu vois, il aura fallu seulement deux mois pour que ça arrive ! » Un heureux hasard dont il est reconnaissant. « De ce que j’ai déjà eu l’occasion de voir je suis d’accord avec toi. Et, je me sens bien ici. » Il boit une gorgée de son café avant de hocher la tête à l’affirmative. « Un petit peu oui. Je me balade pas mal, j’essaye même de me mettre à la photo du coup figures-toi ! » Il voit bien qu’elle élude pas mal de choses quant à ce qu’il peut lui dire quant à son installation ici, il ne sait pas tellement quoi en penser. Si dans le fond cela la met mal à l’aise, bien qu’elle ne lui en donne pas l’impression, ou si elle ne le croit pas. De ce fait, il n’ose pas tellement poser de questions. « Très bien, merci. Tu sais, ça été rapide. Je suis arrivé là avec deux valises, j’ai pris possession de mon appartement déjà meublé et voilà. » Il rit face à cette triste réalité même si dans le fond, il ne se sent pas plus seul ici qu’à Boston. « Et toi alors ? Qu’est ce que tu fais ici ? Te connaissant, un peu, je suppose que tu ne te limites pas au job de maman. » Il se rappelle très bien la véritable pile électrique qu’était la blonde qu’il a bien connue, jamais rassasiée, toujours en mouvement.