you showed me who you are.

tw: aucun.

présent avant tout le monde, comme à son habitude, neil enfile sa blouse sur sa chemise. il est toujours bien habillé lorsqu'il vient au cabinet. hors de question de se montrer sous une tenue un peu trop confortable. il veut pouvoir être tout à faire présentable devant ses patients. il pense que c'est très important d'avoir l'air pleinement en santé pour pouvoir s'occuper de celle des autres, n'est-ce pas non ?
c'est en tout cas ce qui a toujours guidé la façon de travailler de neil.
il sait que son accent britannique met en confiance, en général. en tout cas, toutes les petites mamies dont il s'occupe adorent ça. et ça le fait sourire en général. surtout quand elles commencent à lui poser des questions sur belfast qui lui manque terriblement. aujourd'hui ne manque pas à la règle, il est prêt bien avant l'heure, nora serait sans doute très amusée de voir que neil ne change jamais sur certaines choses. à quoi bon ? ce sont des choses qui fonctionne. grâce à ça, il a le temps de se préparer, de regarder les patients qu'il va voir dans la journée, et de répondre à ses mails avant de commencer sa journée. ce n'est pas rien. et il imagine que ça fait partie des raisons pour lesquelles il est un bon médecin. outre le fait qu'il a aussi cravaché pendant des années pour pouvoir être l'un des meilleurs dans sa promo et obtenir son diplôme avec les félicitations du jury. c'est quelque chose que ses parents adorent raconter à qui veut bien l'entendre quand il rentre chez lui, en irlande du nord.
il n'y a personne au cabinet pour le moment. il le sait, alors il se rend toujours compte quand quelqu'un arrive. porte ouverte, toujours, du bruit dans l'entrée. la personne qui arrive sait parfaitement que quelqu'un est là, parce que la lumière est allumée. il se lève. il sait que c'est freyja qui commence aujourd'hui, à l'accueil des patients. si ce n'était pas elle, il aurait pris son temps pour se lever. mais comme freyja est un peu plus qu'une secrétaire médicale à ses yeux... il se dérange plus souvent, forcément. il se souvient très bien quand ils se sont rencontrés. freyja n'allait réellement pas bien, et il ne pouvait pas la laisser comme ça. sa conscience d'être humain et de médecin en même temps, c'était impossible pour lui de lui tourner le dos. alors il est resté. et il a fait ce qu'il fallait pour pouvoir continuer de se rendre compte du chemin qu'elle a emprunté aujourd'hui.
bonjour. qu'il claironne avec un sourire. il n'est pas aussi expressif avec tout le monde. il n'est même aussi expressif avec personne ici en réalité. le travail, ce n'est pas la même chose que la vie personnelle pour lui.
sauf que freyja... elle est aussi un peu son amie. quelqu'un qu'il a besoin de protéger après l'avoir vu dans un état dont il ne veut plus jamais être témoin. je t'ai vu au planning. je suis content que ce soit toi ce matin. vraiment avec personne d'autre. tu veux un café ? il propose, parce qu'il ne serait pas contre s'en faire un, lui. il va avoir besoin de force pour affronter la journée. il ne voit pas que des choses faciles. même si la plupart du temps, ce sont des choses très banales et facilement diagnosticables. il arrive que ça lui prenne quand même parfois du fil à retordre.

tw: mention de crise d’angoisse.

05h17 – il est très tôt encore pour la plupart de la population mais pour quelqu’un comme moi… c’est une heure décente. Voilà déjà de longues minutes que je tourne dans mon lit dans l’espoir qu’un jour au moins j’arriverais à me rendormir après l’un de ces fameux cauchemars. Mais c’est sans surprise que je finis par me lever. Ça ne sert à rien, je ne me rendormirais pas. Un café et une queue de cheval haute plus tard, j’enfile un short et une brassière pour partir courir. Rien de tel pour pouvoir me vider la tête et verrouiller cette partie de mon cerveau qui mouline encore les cauchemars que je peux faire, même après douze longues années. Je traverse le centre ville, parcours une bonne partie de la plage avant de repasser la porte de mon appartement une heure plus tard. Joues rougies par l’effort, vestige de ma queue de cheval, petits cheveux qui partent dans tous les sens, je prends quand même quelques minutes pour boire déjà mon second café de la journée. Si le premier ne semble avoir aucune saveur, le second finit de m’éveiller complètement et son nectar me mettrait presque des étoiles plein les yeux. Si j’adore la caféine, j’en ai aussi terriblement besoin pour ne pas m’effondrer de fatigue en pleine journée. Pour certains, c’est la cigarette qui les maintient debout. Moi : la caféine. Sans, je ne serais que l’ombre de moi-même. Sur ses quelques pensées, je rince ma tasse vide et la laisse égoutter au bord de l’évier puis file me préparer pour la journée qui démarre.

Les dernières touches de maquillage posées pour donner l’illusion que je suis en pleine forme, j’offre un grand sourire à mon reflet puis me voilà partie au cabinet dans la bonne humeur. Surtout parce que je sais déjà que je finirais par croiser Neil à un moment où un autre de la journée. Neil… Notre rencontre est sûrement une chance incroyable. Je me revois encore, au milieu d’un trottoir, totalement recroquevillée sur moi-même. Je m’en souviens comme si c’était hier, la tête entre les mains, l’hyperventilation. Les crises d’angoisses dignes de ce nom. Et puis il y a eu Neil. Il est arrivé de nul part, à réussi à calmer cette crise qui n’en finissait plus. Mais surtout, il est devenu un véritable ami, en plus d’un collègue. Alors il faut dire que je ne suis pas vraiment surprise lorsque je passe les portes du cabinet et que j’y vois un filet de lumière dans une pièce au bout du couloir. J’étouffe un petit rire derrière ma main. Neil… Comme un reproche qui n’en est pas un, je pose tranquillement mes affaires à mon bureau quand mon ami apparaît dans mon dos. Bonjour à toi, Neil. Comment vas-tu ? chantonné-je en venant claquer un bisou aérien sur sa joue, frôlant à peine sa peau. D’un hochement de tête, j’accepte sa proposition pour boire un café, prenant tranquillement la direction de la salle de pause. J’en ai grandement besoin, si tu veux mon avis. Mais… Dis-moi, que fais-tu ici de si bonne heure ? Sourcil arqué dans la direction du médecin qui l’accompagne.

tw: aucun.

la démonstration d'affection, neil n'en est pas pratiquant. jamais de sa vie qu'il fera le pas de trop, que ce soit avec une femme, ou avec un homme. même serrer une main relève de l'exploit pour lui. mais avec freyja, c'est différent. elle a ce petit quelque chose qui lui rappelle sans doute sa petite soeur. c'est pour ça que ça ne le dérange pas tant quand elle s'approche de lui pour poser un baiser volatile tout près de son visage. il est bien conscient qu'il ne laisserait pas faire ça si la clinique était ouverte et que les gens pouvaient voir quelque chose. mais ce n'est pas le cas, loin de là, parce qu'il est encore bien tôt.
ils travaillent tous dur ici. passionnés par ce qu'ils font. c'est trop important pour lui. c'est trop important pour les gens, de toute façon. c'est comme ça quand on bosse dans la santé non ?
dans tous les cas, il est de bonne humeur quand il peut passer un bout de temps avec cette femme avant de prendre son premier rendez-vous, elle a un bon effet sur lui. quelque chose qui l'aide à appréhender la journée autrement. probablement parce que depuis qu'il l'a aidé la première fois, elle n'a cessé de lui donner des sourires et une bonne raison d'avoir envie de venir travailler à la clinique.
pas qu'il venait à reculons avant, pas du tout. neil a toujours été un vrai bourreau de travail. mais la présence de freyja a changé quelques détails qu'il ne déteste pas pour le coup... — ça va, il a l'air de faire beau aujourd'hui, alors ça va. et toi ? qu'il demande. il sait qu'en plus, il a une journée assez remplie, mais remplie de personnes qui lui sont toujours sympathiques alors ça n'en retire rien à la qualité de la journée qui s'annonce à ses yeux. — parfait, je vais nous faire ça alors. répond-il en parlant du café. puis il hausse des épaules, tout naturellement. — la même chose que toi j'imagine. j'étais réveillé, et je n'avais rien d'autre à faire, alors je suis venu pour préparer la journée. c'est tout naturel au final. il n'aime pas venir trop tard de toute façon. il préfère quand il a le temps de regarder un peu les dossiers pour se remémorer un peu ce qu'il se passe dans la santé des gens avant de les recevoir. surtout quand il s'agit de maladies un peu longue qu'il soit depuis le début. — je vais nous faire nos cafés, j'arrive tout de suite. puis il s'éloigne dans la salle de pause quelques longues minutes pour revenir avec deux tasses. il connait les habitudes de la blonde alors il a fait comme elle aime. tout en se gardant de faire comme il aime pour lui. évidemment.
toujours noir.
toujours brut.
toujours comme lui finalement. simple.

tw: mention de crise d’angoisse.

Je me perds quelques instants dans les souvenirs de notre rencontre. Rien de bien gai puisque j’étais au plus mal, prise par surprise pas l’une de ses nombreuses crises d’angoisse en plein milieu de la rue. Regarder comme une bête de foire, pointée du doigt et puis, au milieu de mon brouillard Neil est arrivé. Il m’a tendu la main à sa façon, m’a accompagné dans un parcours plutôt abracadabrant pour moi. Si Neil, à première vue, donne l’impression d’être un peu bourru, il a toujours été d’une amitié sans faille avec moi. Je n’ai pu que lui rendre la pareille, forcément. La bienveillance attire la bienveillance. Alors pour dire toute la vérité, Neil est un très bon ami. Qui peut, certes, s’inquiéter facilement pour moi et qui, parfois, peut agir comme mes parents agissent pour moi. Sauf que j'agit de la même façon envers lui. On est quitte, on dirait. Un sourire naît sur mon visage quand cette pensée me traverse l’esprit puis petit à petit, je laisse mes souvenirs pour revenir au présent. Un sourire sincère et doux étire mes lèvres quand je croise le regard de mon ami alors qu’il annonce aller bien. D’un mouvement de tête positif, je réponds à mon tour : Il fait plutôt bon, oui, c’est agréable. Je suis un peu fatiguée mais pas plus que d’habitude, alors ça va aussi. Sans entrer dans les détails, je sais bien que Neil a compris le sous-entendu, les cauchemars faisant partie intégrante de ma vie, pas une seule fois sans que je ne me réveille en pleine nuit, alors ce n’est plus la peine d’en parler. Il sait. L’habitude et la caféine. Il n’y a rien d’autre qui me maintienne vraiment debout la journée. Alors je souris au médecin lorsqu’il déclare aller chercher les cafés après m’en avoir proposer un. Je le remercie et en attendant, je sors de mon sac une boîte de petits gâteaux que j’ai fait la veille, la posant sur le bureau pour que tout le monde puisse se servir. Aucun problème de stock, puisque j’en ai une deuxième dans mon sac. Mh… Ennuyant d’être un lève-tôt, n’est-ce pas ? Petit rire cristallin qui s’échappe de mes lèvres. Je m’installe sur le fauteuil, juste le temps de démarrer l’ordinateur et tous les logiciels nécessaires à la prise de rendez-vous, les dossiers des patients. Un coup d’œil à l’agenda de Neil me suffit à me rendre compte qu’il a encore une belle journée remplie devant lui. Quelques habitués, suivis pour longues maladies et/où pathologies, quelques noms aussi qui ne me disent rien. Tu as pris de nouveaux patients ? Demandé-je en le rejoignant en salle de pause. Je m’arrête à l’entrée et m’adosse à l’encadrement, petit sourire mutin aux lèvres. J’ai ramené quelques gâteaux que j’ai faits hier soir, n’hésite pas à te servir. Assez tard, pour tout dire. Presque au milieu de la nuit, mais je ne le dis pas, j’évite pour ne pas l’inquiéter.