tw : décès, deuil.Des années qu’il venait à ses réunions Felix, avec l’espoir que ça apaise vraiment son cœur. Il appréciait le fait que ce soit majoritairement des inconnus qui viennent à ces réunions, certains visages étaient familiers, mais globalement, il savait que ces gens, il ne risquait pas de les croiser en dehors de cette salle et c’était exactement ce qu’il venait chercher ici. Il pouvait parler et tout ce qui était dit - quand même bien peu venant de lui - restait entre les murs de cette salle, pas besoin de supporter au quotidien les regards plein de pitié et cette compassion étouffante dont les autres pouvaient faire preuve par moment. C’était le seul endroit où il parlait de sa femme, de leur enfant, de tout ce qu’il avait perdu. Parce qu’en dehors de cette salle, il préférait qu’on le voit comme le requin des tribunaux, plutôt que comme un homme brisé. Ce qu’il était, bien malgré lui. Brisé par la mort de son épouse, la perte de leur enfant. Le décès plus récent de son meilleur ami et de sa femme. Ça faisait beaucoup de choses à assumer, ce n’était pas toujours facile. Mais parfois, venir en parler lui faisait un peu de bien.
D’autres fois - le plus souvent - il se demandait juste ce qu’il faisait là. Avait l’impression de venir par habitude, plus que parce qu’il en avait besoin. C’était le cas ce soir. Au moins, Erin était là. Visage familier qui lui donnait vraiment l’impression d’être compris. Elle aussi, la plupart du temps, elle n’avait pas envie d’être ici. Est-ce qu’ils avaient besoin de rester ? Sans doute, peut-être que ça leur faisait plus de bien qu’ils ne voulaient bien l’admettre, mais ce soir, il ne se sentait pas la force d’écouter des récits faisait beaucoup trop écho à sa propre histoire. Il avait posé la main sur son épaule histoire de la sortir de ses pensées. Son regard lui laissait penser qu’elle avait besoin d’un verre, plus que d’être ici. Ou peut-être que c’était lui qui avait besoin d’un verre et qu’il se cherchait une bonne excuse pour fuir. «
Le temps passe trop vite et trop lentement à la fois. » Le temps qui passait donnait l’impression d’aller mieux, de tourner la page et pourtant par moment, on le trouvait trop lent, quand on réalisait que finalement, la page, elle n’était pas si bien tournée que ça. «
T’as la tête de quelqu’un qui a besoin d’un verre, pas d’écouter les blablas déprimants d’autres types. » Il commenta en haussant les épaules. «
Et ça tombe bien, parce que c’est exactement ce dont j’ai besoin moi aussi. » Mais quelle drôle de coïncidence, qui n’en était évidemment pas une. Il laissa échapper un léger soupir avant de quitter sa chaise. «
Aller, viens, c’est moi qui invite. » Il ajouta en tendant la main et attendant de voir si elle allait s’en saisir pour le suivre à l'extérieur de cet endroit macabre. Ils seraient définitivement mieux ailleurs, un verre entre les mains.