falling like the stars.
ça y est, c'est ce soir.
il sait qu'elle n'a pas compris.
pourtant, il a bien précisé qu'il voulait que ce soit seulement elle et lui. mais il sait qu'elle n'y pense pas, évidemment, puisqu'elle se considère comme son ami. mais il ne sait pas comment il va lui dire. il a peur. il faut le faire, au bout d'un moment, ça suffit. il a besoin de lui dire que c'est un date, pour lui et qu'il a envie de vivre un truc, avec elle. c'est le jour de son anniversaire. il lui a acheté quelque chose, il sait que ça lui plaira, parce qu'il la connait maintenant, il l'a beaucoup écouté, depuis qu'ils se connaissent. neil sait mieux écouter sur parler, de toute façon, tout le monde sait ça. surtout nora, qui ne semble pas avoir besoin de le forcer à parler pour pouvoir être son ami. ça lui plait.
elle lui plait de toute façon.
c'est son moment.
c'est maintenant.
c'est aujourd'hui.
il aurait pu choisir une autre date, certainement, mais ça n'aurait pas été la même chose. il n'aurait sans doute pas pu trouver une excuse pour l'inviter à boire un verre et lui faire comprendre qu'il voulait que ce soit seulement elle et lui autrement qu'aujourd'hui. et il se rassure dans le fait que, le soir de son anniversaire, elle accepte d'aller boire seulement avec lui. juste avec lui. alors qu'elle pourrait passer sa soirée avec ses amis. non. ce n'est qu'avec lui. il ne sait pas s'il doit y voir un signe mais ça le rassure. il termine tard, ce soir, tard pour un travail normal mais ce n'est pas si tard pour lui. il n'est pas en avance, mais il est bien habillé déjà, au moins, il ne s'habille jamais mal quand il vient au travail, un pantalon au tissu fin, clair, une ceinture pour le maintenir à sa taille et puis une chemise, parfaitement rentrée dedans. neil est toujours tiré à quatre épingles, forcément, ça fait partie de son personnage, de ce qu'il dégage et puis des origines qui lui colle à la peau. un vrai gentleman qu'il est neil.
il oublie le cadeau.
et il ne s'en rend compte que lorsqu'il se trouve tout près du bar.
merde.
il hésite longuement mais c'est soit être en retard, soit ne pas avoir de cadeau à lui offrir. il n'a pas envie d'être en retard. il pourra lui offrir plus tard - tout à l'heure ? pourquoi pas après tout, elle pourrait accepter de venir chez lui si jamais ce rendez-vous devient effectivement un date et que ça se passe bien... bref. il arrive sur le lieu du rendez-vous et il commande déjà ce qu'il veut, et ce qu'elle préfère, parce qu'il la connait. évidemment qu'il l'a connait. il s'installer à une table avec leurs deux verres, la même que d'habitude. faut dire qu'ils ont l'habitude de venir ici. ce n'est pas très loin de chez eux, et de chez elea. c'est un peu le QG même, quand on y pense. ça faisait longtemps pour lui, ceci dit, parce qu'il travaille beaucoup, encore une fois. il est fatigué, honnêtement, mais il n'a pas envie de se reposer, pas ce soir, il a trop envie d'être avec elle, de fêter son anniversaire. et de profiter de tous les instants. quand elle arrive, si belle, il oublie une seconde de respirer, il se lève, comme un gentleman et il l'enlace directement. — bon anniversaire. qu'il lui dit de vive voix, cette fois. il pose même un baiser contre son crâne, parce qu'il est plus grand qu'elle et que c'est facile de le faire. c'est le moment de le dire non ? rah ouais, ce serait le moment, mais c'est trop tôt non ? elle vient à peine d'arriver quand même.
⌜outfit⌟ Trente-cinq ans, aujourd’hui.
Ça fait pas mal de bougies sur le gâteau d’anniversaire, ça, mais pas assez pour la faire angoisser, la Summers. Quoique, si elle tenait compte des propos de sa mère, c’est déjà trop pour être célibataire, non mariée, sans enfant. Oh elle l’aime sa petite maman, mais elle devrait se mettre à la page, apprendre que les mentalités évoluent, qu’il n’est plus si dramatique de se poser tard, à l’aube de la quarantaine, puisque le monde aime privilégier sa carrière pour avoir une situation stable avant de songer à son bonheur personnel, à sa vie de famille. Il y a des exceptions, c’est certain, mais c’est la tendance actuelle. Une vague qui arrange bien Nora. Si elle s’y accroche, elle peut lentement (mais efficacement) effacer les mauvaises pensées qu’elle a eu à son sujet, pendant trop longtemps. Finalement, le
L’enfance. L’adolescence. Les études. Les découvertes. Le pied dans l’âge adulte. La construction d’une carrière, et d’une identité. L’heure est peut-être venue de penser un peu à soi, de retirer les œillères, de lever les barrières, et de… se remettre sur le marché des célibataires. Comment ? Bonne question. Sans se prendre la tête, tout simplement. Un peu comme ce fut le cas avec Samuel, il y a pas si longtemps. Ce n’était pas prémédité, et pourtant, c’est arrivé. C’est peut-être là, la clé de la réussite :
Une journée plutôt tranquille pour aborder ce nouveau cap. Une matinée à la clinique, comme chaque vendredi, pour une après-midi de liberté, placée sous le signe de l’activité sportive. Le printemps se rapproche, on peut sentir la douce saison planer dans l’air, et ainsi, retrouver le plaisir de l’extérieur pour occuper son temps. Anniversaire en solitaire, une bonne partie de la journée, qui change une fois la nuit tombée (ou presque). Des plans qui tombent sans qu’elle n’ait rien demandé, rien n’envisagé même, et pas de la personne qu’elle aurait soupçonnée. L’un de son clan, des copines, des collègues, voire même Elea sa meilleure amie, à la rigueur, mais certainement pas Neil. Oh attention, elle n’est pas déçue, la blonde, simplement surprise. Émotion qui ne l’empêche pas de jouer le jeu, de se changer à la fin de la journée, après avoir pris une bonne douche. Elle sait qu’il s’agit uniquement d’un verre, une sortie sans prétention, mais elle a envie de sortir le grand jeu, Nora. C'est-à-dire, la tenue que l’on pourrait qualifier de féminine, ainsi que les talons. Après tout, on a trente-cinq ans une seule fois dans sa vie, et ça tombe aujourd’hui. Par ailleurs, elle a choisi un endroit assez classe, avec une vue à couper le souffle, donnant sur la ville. Si ce n’est pas une bonne raison pour mettre ses vêtements habituels dans le placard et
Par chance, le
L’étreinte qui s’achève, Nora remarque assez vite qu’il y a déjà deux verres sur la table, dont ce qui ressemble être un
elle est si belle, ça fait des courts circuits dans sa tête. il ne sait pas trop comment gérer la situation. c'est incroyable de ne pas être capable de dire quelque chose. ça fait bien longtemps qu'il aurait pu lui dire qu'elle lui plait. ce n'est pas comme si ça ne se voyait pas comme le nez au milieu de sa figure. il est amoureux d'elle.
on parle réellement d'amour là.
il le sait, au plus profond de lui, qu'il est amoureux d'elle. et il aimerait tellement lui dire, parce que c'est réel là. il l'a compris encore une fois quand elle est entrée dans son champ de vision. et puis son parfum... il pourrait se damner pour cette odeur, vraiment. alors il fait quoi hein ? bah il continue de sourire comme un con. lui, le bon vieil ami qui lui souhaite gentiment son anniversaire. qu'est-ce qu'il peut faire d'autre de toute façon hein ? rien... parce qu'il n'a pas ce qu'il faut dans son pantalon, apparemment. du moins il a, mais il a des difficultés à les porter... enfin bon. il rigole un peu, essayant de reprendre contenance malgré le nuage qui vient de lui attaquer les narines. enfin... attaquer... il veut bien se faire attaquer par cette odeur tous les jours de sa vie. — si toi, tu es vieille, que devrais-je dire moi ? il lui rappelle, quand même. un an de plus. presque deux au final. donc non... il ne veut pas lui rappeler qu'elle est vieille, il veut juste lui souhaiter son anniversaire, une fois de plus. ça lui fait plaisir d'être avec elle pour ce jour spécial. ça lui fera toujours plaisir de passer du temps avec elle de toute façon.
enfin bon... oui, c'est vrai qu'il a déjà commandé, mais certainement pas parce qu'elle es en retard. il n'en sait rien en fait, il était en avance lui, et il n'a pas tellement regardé l'heure ensuite. — je sais ce que tu aimes. qu'il dit, du coup, pour la rassurer.
et même si elle était en retard, jamais de la vie il ne lui aurait fait remarquer. il ne manquerait plus que ça. ça ne fait pas partie du package. neil est un gentleman, c'est tout. il ne sera jamais rien de moins. il l'invite à s'assoir, d'un geste, et il s'assoie après elle, toujours dans une logique de gentleman. et puis c'est le moment de... discuter ?
en fait ça tourne dans sa tête. et il a l'impression qu'il ne le fera jamais.
alors c'est maintenant hein ?
en réalité, il ne le contrôle pas tellement.
il la connait parfaitement, il sait ce qu'elle aime, c'est la transition parfaite non ? — en fait... je... peut-être que tu vas me trouver un peu cavalier de... d'imaginer quelque chose comme ça. mais si je voulais qu'on se voit aujourd'hui c'est parce que... parce que j'avais envie de te voir, toi, toute seule, le jour de ton anniversaire. qu'il dit, tranquillement, sans trop savoir où il va. ça n'arrive pas souvent que neil aligne autant de mots les uns après les autres, surtout quand ce n'est pas à propos du travail. mais là, il patauge, et ça se voit. — je veux dire, comme... un rendez-vous. son coeur s'emballe dans sa poitrine. on pourrait penser qu'à trente-six ans, avec une relation longue à son actif, il pourrait être plus à même d'avoir confiance en lui. mais ce n'est pas du tout le cas. non... il n'y arrive pas. c'est aussi parce qu'il a très peur des conséquences que cela pourrait avoir sur l'amitié qu'ils ont créé tous ensemble. il s'en voudrait d'être celui qui fout le bordel parce qu'il n'a pas été capable de faire autrement que de tomber amoureux de l'une de leurs amis. il attrape son verre, sans pour autant le porter à ses lèvres, avoir quelque chose dans la main, quand on est nerveux, ça aide beaucoup. pourquoi est-ce que c'est plus facile de soigner des gens comparé à ça ? pourquoi n'arrive-t-il pas à dire les choses, et à se dire que ce n'est pas grave, si jamais ce n'est pas partagé...
pourquoi hein ?
de toute façon, c'est trop tard, c'est dit maintenant. — je... je ne sais pas si... si c'était ça, pour toi. et je voulais que tu saches que... c'est ça pour moi. voilà, histoire de mettre les choses bien au clair. même s'il doute d'avoir fait le bon choix. maintenant ? alors qu'elle n'a même pas entamé son martini ? c'est osé quand même.
⌜outfit⌟ Elle n’avait pas de plan pour célébrer ce jour à la fois ordinaire et extraordinaire, mais elle n’est pas déçue de l’issue de cette journée. Elle aime l’improvisation, Nora, n’est pas accro à l’organisation quasi militaire, apprécie de se laisser porter par le vent, de saisir les opportunités lorsqu’elles se présentent. Il y aura certainement d’autres festivités, dans le week-end. Avec sa famille, peut-être les autres membres de la bande. Ou peut-être pas, en fin de compte, parce que ce n’est pas obligatoire de faire quoique ce soit, pour marquer l’obtention d’une bougie supplémentaire sur le gâteau imaginaire de l’anniversaire. Peu importe le planning des deux prochains jours, ce soir, ce sont uniquement Neil et Nora, en tête à tête, dans un lieu particulièrement charmant, idéal pour profiter des premiers jours du printemps. « Que tu as déjà un pied dans la tombe ? » Le ton est hésitant, comme si elle se posait réellement la question, alors qu’il s’agit - bien évidemment - d’une plaisanterie, à prendre au second degré. Non, elle n’est pas si vieille que ça, l’âge n’est qu’un nombre, libre à chacun de l’interpréter. Après tout, certains pensent qu’après vingt-cinq ans, c’est considéré comme vieux, alors que pour d’autres, la quarantaine est synonyme du nouveau vingt ans. Finalement, l’âge se situe dans la tête d’un tout à chacun. Un peu comme la perception de soi.
Il y a ce que l’on pense, ce que l’on pense que les autres pensent, ce que les autres pensent, ce que la société pense, ce que nos parents pensent etc. Et bien évidemment, personne n’aura la même pensée, personne ne trouvera le moyen de s’accorder. Ce serait bien trop facile, pour un monde qui aime tant la complexité.
Un concept qui ne plaît pas à la belle blonde, Nora n’aime pas se prendre la tête, elle aime savourer l’instant, sans se faire des nœuds au cerveau. Là, c’est la présence de deux verres, sur la table, qui l’intrigue. Elle reconnaît facilement la boisson favorite du Sullivan, mais surtout… la sienne. Le cocktail qu’elle aime commander à chaque fois qu’ils se font une sortie, celui qui a sa préférence dans la carte des boissons, s’il est proposé. Un détail qui a son importance, mais qui incite surtout la Summers à interroger son ami sur son interprétation. Fine observation ou façon détournée de pointer du doigt un retard, c’est la première hypothèse qui l’emporte, pour le plus grand soulagement de la blonde. Alors elle lui adresse un sourire attendri, avant de se hisser sur le tabouret haut, les jambes croisées, pour garder la classe d’une dame. La logique serait d’attraper son verre, que Neil fasse de même, et qu’ils trinquent à l’occasion de l’anniversaire de la blonde, à cette sortie, à cette soirée. C’est toujours ce qu’il se passe, peu importe l’endroit ou bien les convives présents. Mais pas ce soir. Neil, étonnement, il décide de prendre la parole, et de faire une phrase très longue, vraiment très longue pour le trentenaire. Pour ceux qui le connaissent, comme c’est le cas de Nora, Neil n’est pas un grand bavard, il modère ses propos, ne dit que le strict minimum, sans superflu. Tout l’inverse de la Summers, qui peut débiter un nombre important de mots dans une même phrase, sans y voir le moindre problème. Ça la surprend, de la part de son ami, mais on ne peut pas dire qu’elle ait vraiment le temps de se pencher sur la question, sur le
Le truc, c’est qu’elle ne sait pas comment le prendre. Elle est flattée, c’est certain. Mais après ? Nora, elle n’a jamais envisagé quoique ce soit avec Neil. Oui, elle a eu pendant un moment un crush sur lui, parce qu’il est beau garçon, un bel homme charmant, avec un accent particulièrement sexy à entendre (c’est bizarre ?), qu’il est bien placé pour comprendre le quotidien de Nora, et qu’il semble bien l’apprécier - au sein de la bande, en tout cas -. Mais c’est tout. Parce qu’ils sont un groupe, justement. Quoique, il y a déjà eu des histoires de cœur au sein de la bande… mais c’était il y a longtemps donc… ça ne compte pas, hein ? Aïe, gros bug de cerveau là. La fille qui a toujours quelque chose à dire… qui se retrouve sans voix. C’est un comble. « Hum… » Il faut dire quelque chose, Nora. N’importe quoi, mais très vite. « Non, ce n’était pas ça pour moi. » C’est un bon début, mais ce n’est pas suffisant, parce que là, ça donne un message plutôt peu engageant pour la suite de la soirée. « Parce que je n’aurais jamais pensé que tu puisses t’intéresser à moi… comme ça. Alors, ça ne me serait pas venu à l’esprit de croire un tel truc. » C’est un peu mieux, il y a du progrès. Elle est honnête, la blonde, il n’y a jamais eu de signaux, de paroles, de gestes… n’importe quoi pour envisager un quelconque rapprochement. De ce fait, ça aurait été bizarre de se faire des films dans son coin, presque toxique dans un sens, pour le bien de leur amitié. Toutefois… là, pour le coup, c’est assez clair. Il n’y a pas de geste plus explicite. Est-ce que c’est une bonne idée ? Elle l’ignore, elle n’a pas réponse à tout, Nora. Est-ce qu’elle a envie de prendre cette direction ? Bah comment le savoir ?! Oh Seigneur, c’est le moment d’envoyer un signe, ou pas. « Mais… okay ? » Okay ?! Et bien okay, allons-y. Nora est la première surprise par sa propre réponse, mais après tout, elle a elle-même convenu (avec elle-même, on en convient) de lever les barrières de son célibat forcé, et que pour se faire, il ne fallait pas se prendre la tête, mais laisser les choses se faire. C’est ce qu’il est en train de se passer, avec Neil. Bon, elle ne pensait pas que la première opportunité serait si rapide mais… okay.