Romantic time + Dahlia

L’affaire qui avait levé Dahlia avant l’aurore l’avait exténuée. Encore une histoire sordide, similaire à tant d’autres, qui la ramenait aux atrocités de la guerre. Une ligne franche se traçait alors entre elle et les criminels, lui rappelant les raisons de son engagement dans la police et la reboostant à choper tous ces fumiers. La traque avait été si intense, qu’elle avait failli oublier sa petite soirée en amoureuses. Et dire que c’était elle qui avait osé la remémorer à sa chère et tendre le matin même. Dans un léger abus de pouvoir, elle avait allumé le gyrophare de sa voiture et s’était empressée de rentrer. Non sans un détour qui était nécessaire et lui avait coûté cinq minutes d’une intense réflexion.

D’un pas vif, elle avait remonté la petite allée jusqu’au porche de la maison. Elle se glissa à l’intérieur et ferma en s’annonçant.

- Je suis rentrée.

Dana déboula dans une tenue des plus ravissantes, coiffée et maquillée pour l’occasion. Dahlia n’était pas femme à s’apprêter mais elle se sentait vraiment gourde à l’instant dans sa tenue crasseuse du jour, les cheveux en queue de cheval, dans l’opérationnel jusqu’au bout des doigts. Elle lui sourit et l’embrassa pour la saluer.

- Elle s’est passée. Elle lui présenta ensuite un pot. Pour la magnifique fleur que tu es, je t’ai pris une orchidée. Malgré son prénom, les fleurs, leur symbolique et Dahlia, ça faisait cent. Elle avait fait de son mieux pour choisir une plante dont elle appréciait l’apparence et qui ne soit pas une banale rose importée d’un tierce pays. Si tu me le permets, j’aimerais me changer avant de partir. J’aurais honte de t’accompagner dans cette tenue, j’aurais l’air d’être ton valet. Et je t’assure que je voulais rentrer plus tôt, sauf qu’il y avait cet homme à retrouver et on craignait qu’il s’en prenne à quelqu’un d’autre. Je devais l’arrêter, je n’ai pas vu le temps passer.

Lorsqu’elle était lancée, la blonde avait du mal à arrêter de se justifier, cherchant par tout moyen à faire comprendre ce qu’elles savaient toutes les deux. Aussi palpitant soit son métier, il était dangereux et impromptu. Partir en intervention signifiait ne pas savoir à quelle heure rentrer. Heureusement que des jours de repos complémentaires venaient arrondir les angles et leur apporter l’intimité qui leur était parfois volée. Dahlia était si heureuse que Dana soit compréhensive à ce sujet.

- Je reviens vite.

Dahlia était entraînée à garder son sang-froid en toute circonstance afin d’affronter toutes sortes de situations périlleuses sans perdre le cap, pourtant le sourire de sa brune avait le pouvoir de la désarçonner, de la mettre à nue devant ses sentiments, transpirante comme une écolière devant son premier amour. Son regard tombant dans le sien, un précipice sans fond dont elle ne remonterait pas, elle l’écoute lui glisser de doux compliments que Dahlia doute pouvoir recevoir, en tout cas, elle doute de comment y réagir. Impuissante, elle lâche un sourire en coin et glisse une de ses mèches derrière son oreille en détournant le regard.

- Tss… On est pas encore sorties que tu cherches déjà à me faire rougir.

Le baiser de Dana qui s’en suivi empourpra réellement ses joues et elle ne sut plus où se mettre tant elle se sentait perturbée. Elle lui sourit une dernière fois avant de monter se changer en vitesse. Pas question de laisser sa chérie l’attendre longtemps. De toute façon, ce n’était pas comme si sa partie du placard débordait de robes, elle ne portait quasiment que des jeans et des pantalons. Elle en choisit une qui se mariait bien avec celle de sa compagne, puis se dirigea vers la salle de bain pour ajouter une touche de maquillage. Un peu de fond de teint, une légère couche de fard à paupières, refaire son trait de liner et du rouge à lèvres, le tour était joué. Avant de redescendre, elle préféra annoncer la couleur.

- Ne dis rien avant qu’on soit à la voiture ou je n’arriverais pas à faire un pas dehors.

Dahlia n’était pas femme à s’apprêter autrement qu’en de rares occasions. Elle s’aimait au naturel et en toute simplicité. Dana était la seule à indirectement parvenir à la pousser à se mettre sur son trente-et-un. Cette femme était vraiment sa kryptonite, celle qui l’avait ramenée vers le monde civilisé après toutes les horreurs qu’elle avait vécu à la guerre. Elle ne l’en remercierait jamais assez.

Avec un manque d’assurance qui ne lui seyait guère, elle descendit les marches une-à-une, évitant de garder trop longtemps le contact visuel avec Dana, puis attrapa les clés du véhicule et se dirigea vers la porte.

- Mademoiselle, votre carrosse est avancé. Si vous voulez bien me suivre.

Elle glissa sa main dans la sienne et l’accompagna jusqu’à sa portière. C’était autant attentionné qu’un moyen de détourner Dana de sa tenue très échancrée dans le dos. Elle monta ensuite côté conducteur et prit la direction de ce fameux restaurant.

- J’espère qu’on ne va pas arriver trop en retard par ma faute.