what if we rewrite the stars ?

Une sortie organisée pour la soirée du dix sept mars. La date n’arrange pas Edward. Ce même soir, un événement est prévu au country club. Un de ceux qui requiert un minimum son attention, pour s’assurer que tout se passe comme prévu. Il aime quand tout se déroule sans accroc, sûrement pour cette raison qu’il supervise quasiment tout, et délègue très peu. Pourtant, au fond de lui, il a conscience de devoir faire un effort. Pour les garçons mais également pour Anna. Le divorce ne change rien aux sentiments qu’il ressent pour celle qui est le premier et le seul amour de sa vie. S’il vit dans un appartement à présent, c’est uniquement pour ne pas aller contre la volonté d’Anna. Il a signé les papiers, la mort dans l’âme. Il a déménagé. Sans étonnement, les garçons ont choisi de rester avec leur mère. Jusqu’à cette décision inattendue qui l’oblige à s’occuper du plus jeune, Andrew. Ce n’est pas une mince affaire, sa relation avec l’adolescent étant tendue. Sa famille lui en veut, il comprend. Il est juste incapable de se prononcer, pour savoir s’il peut changer, ne désirant pas mentir sur le sujet. Il tente. La preuve cette soirée. Il assiste au lancement de l’événement, puis disparaît du country club. Pensées tournées tout de même vers son travail alors que la voiture prend la direction du quartier de Peacock afin de retrouver Anna et les garçons. Il avait prévenu qu’il serait en retard. Il ne juge pas bon d’envoyer un message pour annoncer qu’il est en route. C’est une question d’habitude quand on le connaît. Quand il ne s’agit pas de la sphère travail, il est rarement à l’heure. Parfois même absent. Mais pas cette fois. Voiture garée non loin du lieu de rendez-vous, il termine le restant du trajet à pied, tenant sa veste du costume. Noeud de cravate desserré, et premier bouton de sa chemise retiré. Il se relâche un peu. Tout en marchant, il s’interroge sur l’humeur des garçons. L’aîné ne lui donne pas de nouvelles, et ne passe pas à l’appartement. Il a juste quelques bribes d’informations par Andrew, quand ils arrivent à avoir deux minutes de discussion et non de tension. Ce qui est rare. Il fait pourtant des efforts mais le cadet ne lui fait pas seulement payer son oubli du kiné. Non, c’est autre chose, et ils n’arrivent pas à en parler. Il doit mal s’y prendre. C’est toujours Anna qui a géré les crises, lui étant trop préoccupé par son travail. A présent, il doit conjuguer son travail et une crise d’adolescence. Il se demande comment elle a fait pour le premier. C’est à peine s’il s’en sort sans se sentir à la limite de la crise de nerfs. Alors qu’il arrive au point de rencontre, l’anglais constate rapidement que les garçons ne sont pas présents. Lassés d’attendre leur père, ou désireux de l’éviter. Il n’y a que cette magnifique brune qui fait toujours battre son cœur même si elle a repris son nom de jeune fille. Il s’arrête quelques secondes, juste pour l’observer. Elle n’est plus sa femme. Il a du mal à s’y faire. S’il ne porte plus son alliance, il l’a toujours sur lui, mise sur une chaîne qu’il porte autour du cou et qu’il dissimule sous son haut. Sa femme. Poussant un petit soupir, il finit par sortir de sa contemplation pour couvrir la dernière distance les séparant, signalant sa présence. - Salut. J’ai tenté de ne pas être trop long. Les garçons ont déjà filé ?

Ce soir, une ambiance particulière flotte dans l’air. Anna contemple une dernière fois son maquillage, ajoutant une touche subtile pour mettre en valeur ses traits délicats. Elle sort ensuite de la voiture et ajuste les plis de sa robe noire élégante, mélangeant nervosité et espoir, se demandant si Edward remarquera ses efforts pour cette soirée. Le regard d’Anna, habituellement empreint d’une confiance inébranlable, trahit ce soir une certaine anxiété. Le dix-sept mars est un moment important pour Ed et le country club. Une date qu’elle a malencontreusement oubliée en lui proposant ce rendez-vous par message. Alors qu’elle pénètre dans le restaurant soigneusement choisi, son esprit est envahi par une multitude de scénarios possibles pour leur soirée à venir. Fais-lui confiance, il viendra, se répète-t-elle, cherchant un réconfort fragile dans cette affirmation. Alors qu'elle tente de retrouver un semblant de calme intérieur, la voix du serveur la tire brusquement de ses pensées. Bonsoir madame, vous aviez réservé ? Chaque syllabe de ce simple mot, "madame", prononcé par le serveur, réveille en elle une douleur sourde et lancinante. Ce "madame" rappelle avec brutalité son récent divorce avec l'amour de sa vie, une plaie encore béante dans son cœur. Il ravive les souvenirs d'un mariage qui s'est étiolé, rongé par l'absence et le manque d'engagement d'Edward. Cette absence à ses côtés, dans ce rôle de père, qu'elle subissait depuis de nombreuses années à présent, lui a toujours été douloureuse. - Oui, pour deux personnes… au nom de Washington, finit-elle par dire d’une voix neutre, alors qu'elle touche du doigt son annulaire gauche où se tenait son alliance il y a encore quelques heures. Elle ne l'enlève que lorsque ses proches sont à ses côtés, car malgré les apparences, Anna peine à se faire à l'idée qu'ils soient divorcés. Ni même qu'il ne se soit pas battu pour lui montrer son amour et rester à ses côtés. Très bien, suivez-moi s'il vous plaît, répond le serveur. Anna observe alors ce dernier prendre deux menus, puis elle le suit silencieusement, s'installant à une table près de la fenêtre. Après avoir répondu à un message de Jamie, Anna laisse son regard errer sur les couples se promenant dans la rue. Une scène qui lui rappelle une facette de son passé avec Edward, des souvenirs doux-amers affluent comme un torrent dans son esprit. Elle se remémore les moments où ils étaient complices, partageaient des rires et des confidences. Anna songe également à la naissance de leurs enfants, à leurs mariages, aux moments passés en famille. Jusqu’à ce que la réalité la rattrape et déchire leur union. Un soupir s’échappe de ses lèvres alors qu’elle repense à la manière dont tout s’est effondré si rapidement, par sa faute. Bien qu’il faillit être deux pour mettre fin à un mariage. Les promesses brisées, les désaccords, puis la dure réalité de la séparation. Son cœur se serre à cette pensée, mais Anna tente de chasser ces émotions pour se concentrer sur le présent. Soudain, un sourire illumine son visage en le voyant s’avancer vers elle. Il est venu, pense-t-elle, touchée par le fait qu’il ait tenu sa promesse, malgré cette soirée au country club qui était importante pour lui. Cette arrivée, la brune la prend comme un signe qu'il veut arranger les choses entre eux. Anna se lève pour l’accueillir, lui laissant le choix de lui faire la bise ou non. - Bonsoir Edward, je te remercie d’être venu ce soir, commence-t-elle d’une voix douce, tandis que son regard se pose dans le sien. - Les garçons sont effectivement partis… Andrew ne voulait pas attendre plus longtemps, malgré les protestations de son frère qui aurait aimé te parler.

Portes du restaurant franchies. Les opales ne se détachent pas de la silhouette féminine, installée à une table. Elle l’attend, se demandant sûrement s’il viendra malgré le retard ou s’il lui faussera compagnie, une fois de plus. Il ne mentira pas, une partie de ses pensées est dirigée vers le country club. Son téléphone n’est pas en silencieux pour entendre la moindre réception de message, ou la musique d’un appel au secours de la personne qu’il a mis en charge de la soirée, à sa place. Pourtant, le voici dans ce lieu, le regard glissant sur celle qui est l’amour de sa vie et qui le restera malgré le cours inattendu de leur histoire. Femme qui l’attire toujours autant, qui s’est embellie au fil des années et dont la beauté se refuse à la quitter. Sa femme… Anneau sur une chaîne autour de son cou qui lui rappelle la dure réalité, qu’elle n’est plus sienne sur le papier. Il couvre la distance les séparant, la saluant, l’interrogeant déjà sur l’absence de leurs enfants autour de la table. Elle se lève, il hésite une brève seconde Edward. Ses lèvres se posent à la commissure de celles de la brune. Il se retient de dériver, non habitué à ce genre d’échanges entre eux. Ce n’est que lorsqu’on ne peut plus que l’on se rend compte que certaines choses nous manquent. Il le réalise l’anglais, depuis qu’il doit tenir une certaine distance avec Anna alors que son corps, mais également son âme désirent être plus proches d’elle. Il faut croire que sa tête a dérivé, bien trop pour qu’il perde de vue ces fondations qu’il a cru acquises, tout comme leur mariage. Il pose sa veste sur le dossier de sa chaise, l’écoutant. Patientant en bon gentleman qu’il est qu’elle se réinstalle avant de s’asseoir également à son tour. – Ah oui, il voulait me parler ? Tu sais pourquoi ? Depuis la signature du divorce, c’est plutôt l’inverse qu’il ressent. Son aîné l’évite, davantage que le cadet. Cela lui fait mal à l’intérieur de son être. Même si son travail l’a toujours accaparé, il a toujours chéri ces moments passés en compagnie de ses fils. Bien trop rares au fil des ans pour qu’il en cite énormément. Regret à n’en pas douter mais il est trop tard pour remonter le cours des années. – Tu es très belle ce soir Anna. Non qu’elle ne le soit pas en général mais ce sont des mots qui se sont perdus à force de rentrer tard, en plein milieu de la nuit, ou en repartant aussitôt dès l’aube. Il défait complètement son nœud de cravate et la retire, la mettant dans une poche de sa veste. Boutons de manches de la chemise défaits, il se sent un peu plus à l’aise pour cette soirée si particulière. Pour l’Irlande, mais également pour eux. Prunelles incapables de se détacher d’elle, savourant ces secondes car un serveur ne manquera pas de venir les déranger à un moment pour prendre leur commande. – J’aurais aimé passer quelques minutes avec les garçons.. Mais je comprends Andrew, il en a marre de moi. Je n’ai pas ta douceur. C’est un fait. Il est patient mais son cadet prend un malin plaisir à tester sa patience, à diverses occasions. Il comprend aussi qu’il veuille passer du temps avec son frère avant de rentrer avec lui. Il secoue doucement la tête pour chasser les pensées de leurs enfants de sa tête. – Comment vas-tu ? Demande-t-il. Par messages, il sait qu’elle peut le duper, mais non lorsqu’ils sont en face l’un de l’autre.