blue hour,, (aika)
Tu ne travaillais pas. Bien heureuse soirée au programme — qu'importe ce que tu en ferais. La simple idée d'être débarrassé des ivrognes habitués et des étudiants trop bruyants, l'espace d'une nuit, te ravissait. Tu en avais profité pour nettoyer le vivarium de Freddy, réfléchissant au film que tu lancerais pour la soirée. Majolica travaillait, personne n'avait tenté de te traîner à un party, et tu te retrouvais enfin en paix. Pas même un rendez-vous en ligne avec Ozan — t'avais bien pensé lui proposer, mais tu avais moins envie de jouer que de débrancher ton cerveau sur un bon film d'horreur pour la soirée. Option toute décidée.
Tu ne sais pas quoi manger. Tu t'es lancé un bol de pop corn pour ne pas avoir à te décider dans l'immédiat, sifflant une bière alors que tu te prépares à te lancer dans un rewatch complet de The Grudge. T'as rien envie d'autre. Ce sera parfait comme ça. Peut-être un peu de peinture pour combler le sommeil qui ne viendrait pas, plus tard — mais pour le moment, tu ne forces pas.
T'as pas lancé ton film depuis vingt minutes que tu entends cogner à la porte. Mets pause pour y jeter un regard mal luné, peu décidé à te lever pour ouvrir. Tu ne sais pas qui c'est. Ça ne peut pas être Majolica. Ni ton propriétaire — pas à cette heure-là. Aucun de tes amis ne serait assez fou pour venir te voir sans te prévenir au préalable. Alors, qui ?
T'as bien une idée derrière la tête et un coup d'oeil au judas, quand tu as fini par te lever, ne fait que de le confirmer. Lèvres pincées, légèrement ennuyé, tu ouvres la porte pour tomber nez à nez avec Aika. Non pas que sa présence te dérange — mais Majolica n'est pas là. Et tu ne vois pas pourquoi elle se serait pointée, sinon pour ça. « Majolica's not here. » lui lâches-tu sans attendre. Tu n'as pas envie qu'elle puisse se faire des faux-espoirs. Veux le lui éviter.
Tu remarques le sac dans sa main le logo du restaurant où elle travaille dessus. Tu le lui pointes distraitement. « She's at the station, if you want to bring her doggy bag here. » À la caserne pour la soirée, Majolica trouverait probablement le temps de grignoter un morceau entre deux intervention. Quant à toi, ça te fait considérer l'option de commander de l'italien pour souper. Qui sait. Peut-être après ton pop corn, si l'envie te restait.
Tu finis de travailler, et pour une fois, tu as ta soirée. Il n'est pas si tard, tu n'es pas si fatiguée, et tu n'as surtout aucune envie de rentrer chez toi. Qui sait dans quel état est ton appartement, et ce soir tu n'as pas envie de gérer ton frère. Tu veux te changer les idées, t'amuser avec tes amis, vivre un peu ta vie loin de Kei et ses conneries. Tu te changes au restaurant, troquant ton uniforme (que tu balances ton sac) contre une paire de jeans ample et un crop top, tu empruntes la brosse à une collègue et tu refais ton mascara. Tu ne sais pas trop où aller. Ziggy est occupé en studio, le hang-out te semble une bonne idée - mais au fond, tu as surtout envie de passer du temps avec Majolica. Tu décides de passer par chez elle, le temps de manger et d'essayer de la convaincre de sortir. Au passage, tu attrapes les restes de types de pâtes, et tu files dans la nuit. Il fait bon à l'extérieur, la brise mélangée à l'odeur de l'océan te vidant la tête des commandes et des clients, et tu décides de marcher jusque chez Majolica.
Ça ne te prend pas beaucoup de temps à arriver, et tu retires tes écouteurs avant de cogner à la porte. Majolica ne travaille habituellement pas le mercredi soir, à ton souvenir - et tu comptes bien la traîner, si elle est là, pour qu'elle accepte de passer du temps avec toi. Tu patientes, et la porte s'ouvre finalement. Pas sur ta précieuse amie, mais sur son colocataire. Il a l'air tout aussi désintéressé que légèrement agacé de te trouver là, ce qui n'est pas particulièrement surprenant. "Majolica's not here." Tu ouvres la bouche avant de froncer des sourcils. "Oh." Une légère moue se dessine sur tes traits alors que tu considères Haoyu. Tu te demandes si tu devrais rebrousser chemin, aller embêter Ziggy au studio, ou aller au hang-out. "She's at the station, if you want to bring her doggy bag here." Tu grimaces, n'ayant pas trop envie de te rendre jusque là, juste pour attraper ton amie entre deux appels - tu l'aimais fort, mais elle faisait un job de fou. Tu aurais sans doute tourné les talons si personne n'avait répondu à la porte, mais maintenant qu'Haoyu se tient devant toi, tu n'as plus trop envie. Ta marche t'a fatiguée, et tu es affamée. Tu soulèves donc le sac en plastique, lui offrant un grand sourire. "You hungry? I have plenty for two." Tu n'attends pas sa réponse - tu as beau ne pas tellement connaître Haoyu, tu en sais suffisamment pour savoir qu'il n'aura aucun scrupule à te fermer la porte au nez. Tu te faufiles donc par la porte avant qu'il n'ait la chance de le faire, entrant dans l'appartement que tu connais bien, à présent.
Tu poses les sacs sur le comptoir de la cuisine, commençant déjà à les déballer. Tu jettes un coup d'oeil vers Haoyu, lui donnant ton plus charmant sourire. "What were you up to?" Tu te tournes plus définitivement, lui montrant astucieusement au passage les pâtes crémeuses dans le plat à emporter. "You don't mind if I hang out, right?" Tu te doutes bien que ça sera le cas, mais tu vas au moins t'essayer jusqu'au bout. Tu es persévérante, et l'idée de passer un peu de temps avec le coloc grognon de Majo te plaît. Voilà qui saura te changer les idées.
« Oh. » Elle ne s'attendait clairement pas à tomber sur toi. De toute évidence venue pour Majolica — et déçue de se faire dire que son amie n'était pas là. Tu l'informes de son emplacement, t'attends à ce qu'Aika file dans la nuit pour la retrouver. Ce n'est pas que tu ne veux pas la voir, ou lui parler. Ce n'est pas que tu tenais absolument à garder cette soirée privée. Tu ne t'attendais juste pas à avoir de la compagnie. Et ta sauvagerie n'était pas de celles qui disparaissaient quand les plans changeaient. Bien au contraire.
Tu gardes la porte ouverte par politesse, attendant qu'Aika tourne les talons pour se décider à aller retrouver Majolica. Mais rien ne vient, si ce n'est une grimace qui ne te dit rien de bon. Les émotions d'Aika sont conflictuelles. Tu vois les options passer dans ses yeux, commences à te dire que tu devrais peut-être refermer la porte pour l'encourager à passer son chemin — mais c'est déjà trop tard. « You hungry? I have plenty for two. »
Et juste comme ça, sans que tu aies le temps de répondre ou d'y penser, elle est entrée.
Tu dois dire que tu as lorgné le sac. Que la flemme de te faire à manger, en farouche opposition à ta lassitude de commander, avaient été appelée par les restes qu'elle avait visiblement raflés au restaurant avant de partir. Ta faim s'est réveillée à l'odeur, mais tu avais préféré prioriser ta solitude. Comme toujours. Outré à la voir ainsi faire comme chez elle, dans cet appartement où elle passait d'ordinaire bien du temps. T'as pas eu le temps de dire non. Pas eu le temps de protester. Tu la laisses disparaître derrière toi et tu prends un moment pour soupirer, levant les yeux au ciel de ta propre stupidité. T'aurais dû fermer la porte immédiatement, quitte à avoir l'air d'un goujat.
Tant pis.
Tu refermes, verrouilles — espérant qu'aucune autre visite incongrue ne se décide à débarquer. Aika est déjà dans la cuisine, à sortir les plats sur le comptoir. Tu passes ta main dans tes cheveux, l'observes. Les dents serrées, tu sens ton être entier débattre entre la frustration d'avoir été dérangé et de la voir ainsi s'inviter, et la faim qu'elle appelait à ainsi te déballer ses victuailles sur le nez. Et puis, elle ne te dérangeait jamais vraiment. Sinon, il y avait bien longtemps qu'elle ne serait plus invitée à l'appartement. Aika venait en lot avec Majolica, mais tu ne l'aurais pas non plus tolérée si elle te dérangeait. Son énergie était douce, vivante, et tu t'étais pris plus d'une fois à apprécier sa compagnie. De là à passer la soirée seul avec elle, c'était autre chose.
Mais après tout, pourquoi pas.
Manger un morceau avec elle ne t'engageait à rien.
« What were you up to? » T'es presque vexé de l'aisance avec laquelle elle te met à l'aise dans la conversation. Tu n'en connais que trop peu sur elle, mais ça n'a jamais rien changé : t'as pas de mal à être à ses côtés. « I was watching a movie. » Alone, te retiens-tu de préciser. Elle l'aura compris bien assez vite. « You don't mind if I hang out, right? » Elle s'arrange pour que tu puisses voir ce qu'elle a apporté, et tu sens ton estomac grogner à la vue du plat de pâtes qu'elle tient entre ses mains. « ... Majolica probably won't be coming home anytime soon. » précises-tu. There's no point in waiting for her. Tu esquives la réponse à ta question — encore en pleine réflexion de savoir si sa présence te gênait ou non.
Should you?
You like her. She won't be bothering you.
And if she does, you'll send her going.
Sa présence ne te gêne pas.
Tu peux bien te laisser acheter par la bouffe qu'elle t'offrait.
Juste pour cette fois.
« ... You can stay. But I'm not changing the movie. » Ce serait The Grudge ou rien, tu l'avais décidé. Petit ultimatum que tu lui donnais, et que tu savais déjà qu'elle accepterait. C'était juste pour le principe de grogner. « What else d'you have? » demandes-tu avec un signe de tête vers les plats. Tant qu'à y être, tu voudrais goûter.
Tant qu'à être forcé de découvrir ce qu'une soirée en tête avec Aika te réservait.
Haoyu n'a pas envie que tu sois. Mais quand est-ce que c'est vraiment le cas ? Tu n'as jamais pris personnellement son côté grognon - Majolica t'a bien fait comprendre que c'était juste sa personnalité. Tu apprécies qu'il soit lui-même, qu'il ne fasse pas semblant. Passer du temps avec quelqu'un qui était vrai, ça te parlait énormément, surtout après une journée entière dans un restaurant où c'était ton boulot de prétendre aimer tout le monde. Plus tu y penses, plus la compagnie d'Haoyu te semble idéale pour passer le reste de ta soirée, et tu décides donc de t'attarder, même s'il ne te laisse traîner qu'une heure ou deux. Ça sera déjà ça de gagné avant de devoir rentrer chez toi.
Plats encore chauds déposés sur le comptoir, l'odeur des pâtes remplit la pièce et t'ouvre davantage l'estomac. Tu lèves les yeux vers Haoyu quand il revient vers toi, plus exaspéré qu'en colère, lui offrant un petit sourire qui se veut amical. Vous ne vous connaissez pas tant que ça, mais tu l'apprécies quand même. Authentique, décontracté, et pas désagréable à regarder. "I was watching a movie." Il te répond de manière neutre, et tu acquiesces la tête. T'as bien envie de le rejoindre, histoire de bien relaxer de ta journée, manger un peu, et ne pas trop l'embêter. Ok, peut-être un peu. Mais tu veux quand même vérifier que tu l'emmerdes pas trop non plus, alors tu lui demandes gentiment. "... Majolica probably won't be coming home anytime soon." Tu hoches la tête d'un air un peu plus sérieux. "I'm okay with that." Tu lui dis, ton estomac faisant des tours sur lui-même avec l'odeur des pâtes encore chaudes. "Are you?" Tu l'observes. T'as l'impression d'être en train de passer un test. Est-ce que tu vas être acceptée ou refusée ? T'es presque gênée de réaliser à quel point tu veux qu'il te dise que tu peux rester.
Heureusement, il ne te fait pas poireauter trop longtemps. "... You can stay. But I'm not changing the movie." Ton sourire est immédiat et éclatant, sur ton visage. Tu sautilles un peu, levant les paumes. "I would never dare to ask." T'es pas bien difficile, de toute façon. Il s'approche un peu alors que tu l'observes, prenant mieux le temps de l'observer que tu l'as jamais fait. "What else d'you have?" Il observe les plats d'un air curieux, alors tu les tournes vers lui, haussant les sourcils. "Let's see. First, we have... fettuccine alfredo. A creamy sauce with hints of romano." Tu empruntes une ton légèrement dramatique, histoire de mettre du piquant dans tes mots. Tu tournes ensuite le deuxième plat. "And we have the classic linguine carbonara with spinach. My personal favorite from the restaurant." C'était pas rare que tu en ramenais chez toi, d'ailleurs. Avec un peu de parmesan, c'était souvent ton repas de fin de soirée. Tu désignes les deux boîtes à emporter. "Since you're nice enough to let me hang out with you, you can choose." Tu ponctues ta phrase d'un signe de tête et d'un sourire.
Accoudée contre le comptoir, tu continues d'observer Haoyu. Tu ne veux pas le mettre inconfortable - t'es juste curieuse. "What's the movie, by the way?" Tu réalises que tu n'as pas demandé, et que t'aimerais bien savoir dans quelle genre de soirée t'es en train d'embarquer. Ça te dira aussi si t'as envie d'une bière avec tout ça, ou si un verre d'eau suffira - pour le moment, du moins.
Tu sais que Majolica ne rentrera pas tout de suite. Peut-être pas du tout. Aika n'a jamais vraiment passé de temps seule à l'appartement pas avec toi. Pas alors que la soirée était aussi jeune, en tout cas. Que tu étais encore hors de ta grotte pour profiter du salon, et de la tranquillité de ton appartement. La plupart du temps, tu leur laissais la paix. Ou, lorsqu'Aika pointait le bout de son nez à un moment où Majolica était dehors, celle-ci ne tardait pas ; et entre temps, tu te réfugiais dans ton petit atelier ou ta chambre, et lui laissais le salon pour se prélasser. Jamais n'avais-tu imaginé qu'elle viendrait un jour perturber les rouages d'une de tes soirées d'accalmie — généralement celles que tu chérissais plus que tout. Tu ne regrettais pas la colocation, mais t'ennuyais parfois du calme permanent. Ce ne serait pas éternel. D'ici là, tu appréciais la vie de Majolica. Et, il fallait l'avouer, celle d'Aika. « I'm okay with that. » She doesn't mind. She's ready to spend time alone with you. « Are you? »
Are you?
Tu finis par capituler. Accepter sa présence, et la facilité que tu avais toujours eu à la laisser graviter autour de toi. Une énergie bouillante, pétillante. Une simplicité complexe, sans cesse à creuser, dans des émotions qu'elle laissait paraître autant qu'elle savait les cacher. Un livre faussement ouvert, un coeur entier. Sa beauté aussi joyeuse que triste. Une étrange pureté, derrière tous les accrocs de sa carapace. Tu ne t'étais jamais vraiment approché plus que nécessaire — plus que la politesse ne l'exigeait, puisqu'elle demeurait l'âme soeur de ta colocataire —, mais Aika t'intriguait.
« I would never dare to ask. » Elle accepte au moins que tu gardes ton film — et c'était tout ce qu'il te fallait. Le pivot de ta soirée. Le reste pouvait bouger. Il y aurait sûrement un pop corn à un moment. Après manger. Mais tant que tu pouvais te noyer dans l'horreur de tes passe-temps, tout irait bien. Et tu étais prêt à céder du terrain à la compagnie, pour peu qu'elle n'interfère pas. Bien.
L'odeur des pâtes éveille plus encore ton appétit. Résout tes dilemmes, tandis que tu te doutes qu'elle en avait prévu pour Majolica, et que tu pourrais voler sans scrupules la part de ta colocataire. Les absents ont toujours tort et, en l'occurrence, celui qui supportait Aika avait le droit à la bouffe. Pour ce soir, c'était toi.
Non que sa présence t'agite, de quelque manière que ce soit. Tu es étrangement calme, planté là à lui demander de te montrer ce qu'elle a amené. « Let's see. First, we have... fettuccine alfredo. A creamy sauce with hints of romano. » Son spectacle te tire un sourire invisible. Intérieur. Une paix jusqu'ici inconnue, d'avoir l'énergie d'Aika gravitant seulement autour de toi. She really is something. « And we have the classic linguine carbonara with spinach. My personal favorite from the restaurant. » Tu regardes tour à tour les deux boîtes, puis Aika. « Hm. » Finalement ravi de ne rien avoir commandé pour souper. Voilà qui ferait parfaitement l'affaire. « Since you're nice enough to let me hang out with you, you can choose. » You better, te retiens-tu de lui dire. Le ton de la plaisanterie n'est pas nécessairement ton fort, et tu n'avais pas l'envie de la vexer alors qu'elle venait à peine d'arriver. Pour ce que tu savais garder des amis, mieux valait être prudent.
Tes manières laissent à désirer. Tu attrapes la boîte de pâtes carbonara sans trop commenter — of course you'd try her personal favorite —, ne serait-ce qu'avec un coup d'oeil vers le sac. « What's the movie, by the way? » Aika est curieuse. Ses grands yeux posés sur toi, juste sur toi, t'es pas vraiment habitué, mais tu n'en es pas non plus gêné. Ta personnalité de travail laissée loin derrière, tu aurais cru en être dérangé. Mais fallait croire qu'elle avait ce qu'il fallait pour naviguer ta sauvagerie. Et tu aimais ça, au fond de toi. « The Grudge. The original. » Horror. Hope she won't mind, 'cause she doesn't have a choice. « I was planning on rewatching them all. » Autant être honnête. Tu ne savais pas dans quel sens la soirée filerait, mais tu savais ce dont tu avais envie. Ce qui était prévu, avant qu'Aika ne vienne tout perturber. Ou simplement se joindre à ta soirée. « Did you get garlic bread too? » ajoutes-tu, l'oeil toujours sur le sac d'où étaient sortis les plats. C'était peut-être trop en demander, mais ta voix ne laisse transparaître aucune agressivité. « ... Do you want something to drink? » Presque civilisé. Tu as tout de l'animal sauvage qui accepte finalement l'offrande de paix. Baissant la garde. Prêt à en redemander. Pourquoi pas, après tout.
Laisser faire ton besoin d'être seul, et voir ce qu'Aika avait à te proposer. Tu en aurais d'autres, des soirées en solitaire. Mais peut-être pas d'autres où elle t'interromprait comme ça. Une part de toi espérait que ce serait une exception dont il fallait profiter.
Tandis que l'autre, elle, se prenait à penser que la compagnie ne ferait pas de tort à ton coeur fané.
"Hm." T'as le sourire au coin des lèvres. Ne te gênant pas pour observer Haoyu, alors qu'il juge de ses options pour un repas imprévu. Déjà, ça a attiré son attention et il a accepté de passer la soirée avec toi. It's already a win. Tu ne pensais pas que ça vous arriverait, après tout. Tu ne venais dans le coin que pour Majolica, et tu savais que leur colocation n'était pas toujours facile — et te voilà à rester juste aux côtés de ce colocataire qui savait tellement venir piquer la patience de ton amie. Faut le dire, cependant, t'aimais bien Haoyu, et t'étais curieuse d'en savoir plus sur lui. Pas vraiment le genre de personne que t'as l'habitude de côtoyer, mais t'as jamais été bien compliquée, et au fond, tu réalises que ça te fait du bien. Son calme, sa mesure, tout ça te fait plus de bien que tu n'aurais pu t'y attendre, après ta longue journée. Honnêtement, grignoter devant un film, tu ne demanderais pas mieux. Certes, tu pourrais faire ça chez toi, mais être en solitaire, ce n'était pas vraiment ce que tu préférais. Tu ressentais trop l'absence à tes côtés, et tu préférais la combler d'une manière ou d'une autre. Autant apprendre à connaître un peu Haoyu, peut-être même l'apprivoiser un peu. Lui tirer un sourire ou deux. Voir un peu le genre de vie qu'il menait. Oublier que la tienne est en miettes, depuis quelques mois.
Il attrape les carbonara, et ton sourire s'agrandit. Est-ce qu'il l'a choisi parce que c'est tes préférés ? T'en sais trop rien — il n'est pas facile à lire, Haoyu. Mais son choix te fait plaisir tout de même, et tu te rabats sur le deuxième choix qui te convient très bien aussi. "The Grudge. The original." Tu acquiesces doucement, et tu te rappelles que Majo l'a mentionné. He likes horror. Toi, tu y connais pas grand-chose. T'en as bien vu quelques uns, mais c'était pas ton genre de prédilection. Which is perfect. "I was planning on rewatching them all." Une légère moue sur tes lèvres, alors que tu acceptes ses plans. Tu lui avoueras pas que tu savais même pas que y'en avait plusieurs. "I don't think I've ever seen any." Tu lui avoues cependant, avec un petit sourire. "Is it really scary?" T'es un peu inquiète, même si ça ne veut pas dire que tu vas changer d'avis. À quelque part, une bonne frayeur pourrait te faire le plus grand bien — et tu sais déjà, au fond de toi, que le calme de Haoyu saura te rassurer.
"Did you get garlic bread too?" Tu le dévisages, arquant un sourcil de manière légèrement théâtrale. "Did I get garlic bread..." Tu marmonnes avec un faux agacement, attrapant le sac pour le lui tendre. À l'intérieur, il pourrait trouver deux morceaux de pain frais d'aujourd'hui, débordant de beurre à l'ail. "I'm not a savage." Que tu lui soulignes sur un ton un peu plus taquin, secouant la tête pour attraper ton plat. "... Do you want something to drink?" Tu t'arrêtes, relevant les yeux vers lui. T'apprécie la question. Comme quoi il commençait à accepter ta présence. "Yeah, I'd love to. A beer, a soda, whatever. Just get me what you're having." T'es pas plus compliquée que ça. Et tu attrapes ton plat pour tout emmener dans le salon, histoire de commencer à t'installer. T'as le pas dynamique, le sourire qui ne veut pas disparaître. Ta perspective de soirée te plaît beaucoup. Tu relèves tes manches, attache tes cheveux avec un pince, et tu te laisses tomber sur le sol, histoire de pouvoir manger confortablement. "Majo told me you're into horror. That's really cool." T'es sincère, attendant qu'il vienne s'installer dans la pièce avec toi pour lui donner un petit sourire. "I'm going to assume you're the type that doesn't like it when people talk during movies, so I'll keep it to a minimum. Promise." T'as le sourire un peu joueur, la lueur dans les yeux.
« I don't think I've ever seen any. Is it really scary? » Tu la détailles, un bref instant. Tu te demandes ce que la question veut dire. Qu'elle va te hurler dans les oreilles ? Se cacher derrière toi ?
Qu'elle a hâte d'avoir peur, comme toi ?
« Yes. » Tu ne chercheras pas à la rassurer. La première fois que tu avais vu le film, il t'avait foutu la chienne — mais c'était exactement ça que tu aimais. Cette terreur que tu aimais sentir, et qui t'intriguait. Une part de toi espérait qu'Aika apprécierait. But why? You couldn't care less.
But you like sharing your weird interests.
L'odeur des pâtes fait gronder ton estomac. Tu regardes en direction du sac qu'elle a ramené de son boulot, l'interrogeant sur la possibilité d'un pain à l'ail. « Did I get garlic bread... » Tu la vois marmonner, et tu as presque envie d'en sourire. Aika avait une simplicité qui te rejoignait. Qui avait le don de te mettre d'une humeur plus douce, même dans les dures journées. Ton mauvais caractère ne prenait pas sur elle. Tu observais tes bougonnements glisser au-dessus de sa tête, son comportement inchangé. Une stabilité qui te plaisait, et qui t'avait poussé à l'accepter dans ta bulle, l'histoire d'une soirée. Qui sait si un contact prolongé ne changerait pas la donne.
Tu y étais après tout habitué.
« I'm not a savage. » Good. L'odeur du pain à l'ail te rattrape enfin. Tu prends le sac, amenant le repas complet dans le salon, où le film et le canapé vous attendaient. Tu prends soin de préparer ton côté du canapé. Disposant tes choix sur la table basse, lui laissant assez d'espace sur l'autre moitié. Qu'elle ne s'avise pas de s'asseoir à ta place. « Yeah, I'd love to. A beer, a soda, whatever. Just get me what you're having. » Tu ne te poses pas plus de questions. Tu n'as pas le goût d'agir pour lui plaire, ou pour la séduire. T'avais prévu de prendre une bière — et si elle t'affirme ne pas être compliquée, et être prête à boire ce que tu prendrais, tu la crois. Tu lui attrapes une bière également, et tu ramènes le tout dans le salon. Elle s'est déjà installée à terre. Du bon côté.
Parfait.
« Majo told me you're into horror. That's really cool. » Tu viens t'asseoir, poussant un peu la table pour te faire une place à ses côtés. Elle avait raison — ce serait plus pratique pour manger. « Yeah. I studied it. » Tu n'as aucune raison d'en être timide, ou gêné. Ta passion pour l'horreur était fait connu. Les peintures que tu laissais traîner dans l'appartement, dans ta chambre et dans ton atelier en témoignaient. Ta collection de films, de livres et de jeux également. Le thème était immanquable. Et te plaisait. « I'm going to assume you're the type that doesn't like it when people talk during movies, so I'll keep it to a minimum. Promise. » Tu hausses les épaules, retirant le couvercle de ton plat. Her favorite. Tu comprends pourquoi. « I don't mind. » T'es plus détendu que tu ne l'aurais pensé. Tu te rends compte que tu ne crains pas que sa présence puisse gâcher ta soirée. « Are you a screamer or a jumper? » que tu lui demandes. C'est bon à savoir. Devant un film d'horreur, particulièrement.
Tu plantes une fourchette dans les pâtes. La tournes, prends une première bouchée. Délicieux. Parfait. Tu prends le temps de mâcher. D'avaler. « It's good. » Meaning: it's perfect. Dans ton langage réservé, et toujours atténué. Tu attrapes la télécommande. Sans trop lui demander son avis, ou s'inquiéter qu'elle soit prête, tu lances le film. Décapsules ta bière. Vis ta vie.
Not sure she'll mind.
It's that simple, sometimes.
Tu lui demandes si le film fait peur, et il te répond simplement. Yes. Ça te tire une petite moue, même que ça te fait hésiter, mais tu décides que tu veux quand même. Tu ne seras pas toute seule, et tu aimes bien avoir peur de temps en temps. De toute façon, dans l'appartement à Majo, avec un bol de pâtes, rien ne peut t'arriver, non ? Déjà installée dans le salon, la télévision devant toi, et un bon repas chaud à te mettre dans l'estomac. Ta soirée n'est pas comme tu t'y attendais, mais tu aimes déjà la tournure qu'elle a prise. Remerciant Haoyu d'un sourire pour la bière, et bien que tu ne t'y attendais pas, il s'installe à côté de toi, rangeant ses longues jambes sous la table. Tu l'observes tranquillement, d'humeur légère. "Yeah. I studied it." Une moue se dessine sur tes lèvres. "Wow. That's really cool." Tu es sincère. Tu n'avais jamais fait d'études, pour plein de raisons différentes. Ton frère, l'argent — et tu n'aurais honnêtement pas su qu'est-ce que tu aurais voulu étudier. Tu admires Haoyu d'avoir un intérêt aussi marqué pour quelque chose. T'as envie de lui poser toutes sortes de questions, mais tu te retiens. Quelque chose te dit que ce n'est pas quelqu'un qui apprécierait parler autant alors qu'il avait prévu regarder un truc — et tu avais bien constaté qu'il n'était pas bavard de manière générale. Ça viendrait en temps et lieu.
D'ailleurs, tu lui fais remarquer que tu vas essayer de ne pas trop parler. Encore à ta surprise, il hausse les épaules. "I don't mind." Visiblement, il n'est pas exactement comme tu l'imaginais — mais les apparences sont trompeuses, tu le sais bien. Tu aimes le découvrir davantage, et réaliser qu'il était relativement détendu à tes côtés. "Are you a screamer or a jumper?" La question te tire un sourire malicieux. Tu ne peux pas retenir la blague. C'est plus fort que toi. Tu arques un sourcil, lui jetant un regard entendu. "Very forward question. We barely know each other, c'mon." Tu lui donnes un petit coup de coude amical, ton sourire présent pour l'aviser que tu rigolais — il ne te trouvera pas drôle, mais tu t'en fiches. "But I don't know. Both I guess. But I don't scream that much. So I'll go with jumper." Tu réfléchis à voix haute. Prends une bouchée de ton plat, ton estomac criant de joie au passage. "It's good." Tu lui donnes un petit sourire. Tu aimes sa simplicité. Qu'il ne se casse pas la tête, et qu'il n'essaie pas de prétendre être quelqu'un qu'il n'est pas. Tu le détailles au passage. "Thanks, I didn't make it." Tu le taquines. "I'm glad you like it." Tu ajoutes par la suite, histoire d'être un peu plus sérieuse.
Il lance le film, et tu prends une première gorgée de bière, observant l'écran de grands yeux. Tu es attentive, happée par les premières scènes, la grimace sur tes lèvres. "Fuck, this is already so creepy. Cute house, though." Tu murmures, prenant une autre bouchée de ton plat. Tu oublies tout le reste, la présence calme d'Haoyu à tes côtés. "So you've seen this before, right? Is it your favorite horror movie?" Tu lui demandes, ne te gênant pas pour poser des questions puisqu'il avait dit que ça ne le dérangeait pas.
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