And every road that I've been on, it leads me back to you.
Abonnement au désastre. La gamine avait clairement fait un pacte dont elle n'était pas consciente le jour où le visage de son aimé, s'était évaporé sur le quai qui s'éloignait à vive allure depuis sa place dans le train. Elle aurait peut-être pas dû, elle le sait. Mais elle ne voulait pas avoir de regret, dans sa vie. Elle avait tout perdue, la gamine. Trop perdue. Alors oui, il n'avait pas voulu suivre, Colt. Les raisons étaient encore inexpliquées à son sens, à Ophé. Il n'avait aucune attache, aucun job très reluisant pour expliquer qu'il préférait ne pas la suivre et se complaire dans sa petite vie routinière de Oceanside.
Oui, quand elle y songe maintenant, la brunette, elle avait du mal à comprendre son choix. Qu'est-ce qui avait motivé intérieurement son ex petit ami, d'être resté au lieu de la suivre, si elle était tant l'amour de sa vie que cela ? Car elle, elle l'aurait suivi s'il lui avait demandé une telle chose. Elle l'aurait suivi par amour et ne doutait pas une seule seconde qu'elle aurait adorée ce voyage.
Mais maintenant, elle préférait tout stopper. Ne plus se torturer l'âme et l'esprit de ce jour fait, il y a des années de cela. Si Colt n'avait pas suivi, c'est que leur amour était pas si fort que cela. C'était ce que lui avait dit ses amis, pour sans doute la conforter dans son choix. Elle préférait donc les croire, puisqu'ils la connaissait si bien. Aussi pour peut-être se conforter qu'elle n'était pas tant fautive que cela.
Mais aujourd'hui, elle ne se confortait plus vraiment.
Elle avait clairement montrée son intention de le récupérer. Fait comprendre, peut-être pas ouverture mais quand même. Toutefois, l'ombre qu'était s'te voisine, lui posait bien problème. Elle avait espoir de clairement l'évincer mais tout son être était incapable d'une telle bagarre. Alors elle a fait des mauvais choix. Prit la poudre d'escampette et atterrit dans les bras du premier venu. Enfin Alfie était quelqu'un de plutôt bien mais...C'était pas Colt. Pas ce qu'elle aurait voulu pour l'avenir.
Et maintenant, elle était liée à cet inconnu presque, de la pire façon qui soit : par l'enfant à venir. Un accident absolument pitoyable, qu'elle n'a pas évitée malgré les protections et sa pilule. Accident du destin, elle voyait pas autrement en faite. Car toute les fois où elle avait couchée avec Colt sans que rien n'arrive c'était quand même pas anodin pour elle.
Alors elle avait fait la morte, pendant bien une grosse semaine, la gamine.
Demander des congés, prendre du temps pour réfléchir, pour savoir quoi faire. Alfie était plus ou moins une histoire réglée, en quelque sorte. Mais Colt ? Elle en savait foutrement rien, qu'est-ce qu'elle devait lui dire ?
Au début, elle était parti sur l'idée de plus le voir, disparaître 9 mois et lui cacher tout ça. Mais au final, c'était encore plus stupide que tout le reste. La vérité. C'est tout. Elle n'avait pas l'choix, Ophélia.
Alors c'est d'un pas franchement pas décidé qu'elle pénètre le club de jazz où il bosse. Elle sait à peut prêt ces horaires, se doutant qu'il devait bientôt finir, vue qu'il était de journée ce jour-ci. Oh oui, elle avait épiée, la gamine. Mais en même temps...
— Bonjour, un mojito sans alcool s'il vous plait. Fait suer. Elle aurait bien voulu l'avoir, sa dose d'alcool. Mais fini, ça. Pour un bon moment. Elle se commande un petit quelque chose, ne voyant pas directement le brun.
Mais après quelques instants d'attente pour sa boisson au bar, elle finit par le voir remonter du sous-sol avec des caisses de bouteilles conditionnées. Myocarde à la dérive, comme à chaque fois qu'elle le voit. Elle avale difficilement sa salive, attendant quand même qu'il l'aperçoive avant de se manifester. Les regards qui se rencontrent une fois derrière son bar, avant que son verre ne soit posé.
— Salut... Lâche-t-elle comme une gamine timide, avant de tendre quand même d'une main peu assurée le billet vers son collègue, avant de dire :
— Tu hm... Tu finis bientôt ? T'as un p'tit moment à m'accorder ?
Journée calme. Les gestes se font machinalement. Un coup de torchon à droite, une bière sortie du frigo à gauche et les mains qui essuient les verres fraîchement lavés. Grosse soirée qui se prépare aujourd’hui et pourtant, tu seras chez toi. Car tu ne fais que la journée, histoire d’aider à tout préparer. Plusieurs heures que tu es au club à travailler, à remplir les frigos, à nettoyer les tables. La musique que tu écoutes d’une oreille. Parce que le groupe répète. Privilège que tu aimes, lorsqu’un groupe vient jouer au club. L’honneur de pouvoir les écouter calmement, pleinement, sans devoir travailler derrière le bar. Tu t’arrêtes même dans tes gestes, parfois, pour te focaliser sur eux. De toute façon, vous n’êtes pas beaucoup, cet après-midi. Le club n’ouvre que dans quelques heures et le groupe, lui, ne joue que bien plus tard. Alors tu en profites, Colt. Parce que tu aimes cette musique. Parce qu’elle réussit à t’apaiser alors que depuis déjà quelques semaines, tu ne sais où donner de la tête.
Perdu.
T’es complètement perdu.
Parce qu’Ophélia est revenue. Parce que tu t’es senti trahi par Nova, mais surtout, parce qu’elle te plaît, ta voisine. Bien trop. Plus que prévu. T’as trouvé un certain réconfort en sa présence après le départ d’Ophélia. Rien n’était couru d’avance, pourtant, au départ. Mais tout a changé avec ce voyage auquel vous avez participé. Nova, elle a chamboulé ton cœur et ton esprit. Alors oui, tu es perdu Colt. Perdu entre tes sentiments pour Ophélia. Sentiments que tu pensais avoir réussis à enfuir au plus profond de toi, persuadé qu’elle ne reviendrait pas. Perdu entre tes sentiments naissants pour Nova et tout ce qu’elle te fait ressentir lorsque tu es avec elle.
La musique te plonge dans tes pensées et tu restes là, debout, face à eux, à les écouter. Tu ne vois pas le temps défiler. Ce n’est que lorsqu’on t’appelle pour te dire que le bar va ouvrir que tu reviens à la réalité. Tu laisses échapper un soupir avant de reprendre ta place derrière le bar. Il est encore tôt. Fin de journée qui sonne. Tu as presque terminé, mais avant tout, tu as encore certaines choses à faire, comme terminer de remettre les bières au frais. Tu t’en vas dans la cave, Colt. T’as un coup de stress, quand tu ne vois pas les bacs. Mais tes yeux finissent finalement par se poser dessus. Tu en attrapes deux de tes mains et tu remontes, déposant le tout par terre à côté du bar. Tu soupires une nouvelle fois et ce n’est que lorsque tu remarques une silhouette que tu poses tes yeux sur elle.
Léger pincement au cœur. Qu’est-ce qu’elle fait là, Ophélia ? Tu lui as dit, que tu avais besoin de temps, Colt. Tu n’as pas besoin qu’elle te coure après. Tu as encore du mal, à digérer ce qu’il s’est passé. Tu as du mal à accepter son départ et son retour, comme si de rien n’était. Ophélia, elle est revenue comme une fleur. Rien ne s’est déroulé comme prévu, car c’est d’abord Nova, qu’elle a vu. Nova qui lui a fait comprendre qu’elle avait merdé et qu’ils étaient proches. Nova qui a omis de te dire qu’elle avait croisé Ophélia, la dernière fois. Tu regardes ton collègue lui déposer un verre devant elle et tu t’approches, Colt.
— Je finis dans quelques minutes. Juste le temps de tout ranger. Tu n’as pas de réponse à ta question. Question interne, que tu ne lui as pas posée. Qu’est-ce que tu fais ici ? Une question que tu as l’impression, pourtant, de lui poser sans cesse depuis son retour.
Et tu repars derrière le comptoir ranger les bières dans les frigos, sentant le regard d’Ophélia posé sur toi. T’as une boule au ventre, soudainement. Elle te déstabilise, la brune.
— Un mojito, à cette heure ? Tu ne sais pas, qu’il ne contient pas d’alcool. Car il est présenté de la même façon. Et il y a beaucoup d’autres choses que tu ne sais pas encore, Colt.
— Tu veux parler ici ? Y a personne, on vient d’ouvrir, la soirée ne commence que plus tard. T’as fini de tout ranger et t’es maintenant revenu vers elle. Tu as encore du mal à laisser ton regard posé sur elle. T’es obligé de le détourner, parce que même si elle t’a manquée, Colt, tu lui en veut toujours. Et tu sais que le moindre contact prolongé pourrait te faire flancher. — Qu’est-ce qui se passe ? Que tu finis enfin par demander, t’attendant presqu’au pire.
Non.
C'est pas une bonne idée, de venir ici. D'insister, de ne pas lui laisser de répis. Mais les jours, les semaines filaient à une vitesse folle. Cela commençait à faire long, pour Ophélia cette demande de Colt d'avoir "du temps". Du temps pour quoi ? Pour lui dire ce qu'elle redoute le plus ? Lui dire qu'il aime Nova et que c'est définitivement fini entre eux ?
Au fond, elle préférait qu'il ne la fasse pas attendre pour lui dire du négatif, car c'était encore pire pour elle : d'attendre.
Elle voulait en avoir le cœur net, une bonne fois pour toute. Mais si ce n'était que ça...
Tout était remis en question avec ce qui se passait dans sa vie. Oh oui, elle ne prenait pas les bonnes décisions, Ophé. Elle faisait aussi des erreurs mais à trop attendre en même temps... Elle ne pouvait guère être dans le droit chemin car la peur, l'estomac serré quotidiennement et une jalousie certaine avait épris son âme. Elle avait songée oui, qu'il était peut-être mieux de faire sa vie, ayant donc croisée le chemin d'Alfie. Mais malheureusement, l'fichu destin qui c'était encore interposé pour foutre le merdier dans sa vie déjà bien compliquée. Un gosse.
Non. Ophélia n'en avait pas envie, elle ne voulait pas des contraintes que cela pouvait incombée. Aucune situation stable, aussi bien amoureuse que financier, plus de famille pour l'aider... Non. C'était clairement une mauvaise idée que de garder le fruit d'un coup de malchance. Elle était toujours vigilante dans la vie, Ophé. Mais là.. Elle n'avait rien contrôlée, rien pu faire autrement.
Elle pouvait prendre une terrible décision, qui était de faire mourir le petit être en elle. Mais cette idée lui foutait la nausée, plus que de raison, d'ailleurs. Alors oui. Elle devait quand même en parler à Colt, car Alfie était pas forcément pour non plus. Mais elle ne savait pas vraiment ce qui allait se passé aussi, avec Alfie. Elle l'aimait bien, c'gars. Elle pouvait cependant pas justifié d'une relation, n'ayant eu que deux soirées en sa compagnie et des conversations par message. Rien d'autre.
Une fois sa boisson prête, elle en prend une gorgée, attendant sagement que Colt finisse ce qu'il avait à faire. Elle touille nerveusement les glaçons, le myocarde au bord de l'explosion. Elle ne savait pas bien si elle devait lui dire...finalement. Elle allait se prendre la brasse de sa vie, il allait l'incendié, c'est une évidence.
Alors oui, elle hésite. Encore et encore. La chaleur qui monte dans tout son être, ne sachant que faire.
— Sans alcool, je suis pas très alcool, tu le sais bien... A croire qu'il oubliait tout, d'elle. Pourtant, elle avait beau être partie quelques temps, elle n'avait pas changée pour autant. Mais bon, elle préfère ne pas trop relevé la chose, avant de dire :
— Bah...Déjà avoir un peu de tes nouvelles... Oui, car il ne daigne pas spécialement à lui en donner. Pourtant, elle ne demande pas un message par jour, mais quand même.
— Ou alors ta nouvelle copine te prend trop de temps, mais bon. J'préfèrerais être tenue au courant, quoi... Histoire aussi de savoir sur quel pied danser avec toi..Vous. L'hôpital qui se fou de la charité, tien. Elle n'avait pas franchement attendue pour aller passer une nuit avec un autre. Mais au pire du cas, elle lui devait rien aussi. Ils étaient plus ensemble depuis son départ enfin... Ils ne l'avaient jamais clairement dit mais cette séparation avait été prise de la sorte. Il n'avait pas voulu l'attendre, d'une relation distance comme elle, sans doute.
— Enfin... je veux dire, si j'dois espérer encore d'un nous ou continuer ma vie... fin tu vois quoi. Elle n'arrive pas à lâcher le truc comme ça. En même temps...Elle se voyait mal lui dire de but en blanc : bon, bah je suis enceinte d'un type que j'ai vue 2 nuits. C'est cool non ?
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Travailler te fait du bien. Ça te permet de te vider la tête, l’esprit. De penser à autre chose qu’à ce qu’il se passe dans ta vie actuellement. Car tu en as marre Colt, de passer chacun de tes moments seuls à te morfondre, à penser à Nova ou encore à Ophélia. Ophélia qui a pris le loisir de revenir dans ta vie du jour au lendemain. Comme si de rien n’était. Avec l’envie de te retrouver. Si elle l’avait fait, il y a quelques mois, voire même plus d’un an, peut-être que tu lui aurais laissé sa chance, à la brune. Malgré le fait qu’elle soit partie. Qu’elle t’ait laissée à Oceanside avec le cœur brisé, car tu n’as pas voulu partir avec elle. Tu as ta vie à Oceanside, Colt. Tu avais ta vie avec elle. Tu as eu du mal à comprendre pourquoi Ophélia avait besoin de plus, de partir de la sorte. Sa décision t’a brisée. Tu as eu mal. Pendant longtemps. Et la colère a fini par faire place à la rancœur. Mais peut-être que si elle était revenue au bon moment, tu serais retombé plus facilement dans ses bras, à Ophélia. Sauf qu’elle a attendu plus de deux ans avant de revenir la brune et qu’entre temps, Nova, elle a débarqué dans ta vie. Nova qui fait chavirer ton cœur depuis quelques mois. Nova qui ne reste que ta voisine, ton amie. Nova qui t’a caché le fait qu’Ophélia, elle était de retour et qu’en plus de ça, elle l’avait vue.
Travailler aujourd’hui te fait du bien. Mais il est tôt. La soirée est encore loin et malheureusement, ce soir, tu ne travailles pas. Tu es là pour tout préparer à l’avance, pour remplir les frigos. Lorsque tu fais le soir, Colt, tu cours partout. Tu sers les clients. Tu leur parles aussi, parfois. Tu es bien plus occupé que maintenant, alors tu essayes que ton cerveau ne parte pas dans tous les sens. Sauf qu’en remontant de la cave, ton regard se pose sur Ophélia et une fois de plus, ton cœur chavire. Car tu as encore du mal à te faire à l’idée qu’elle est rentrée. Qu’elle est enfin là. Mais tout a changé. Plus rien n’est pareil, maintenant.
— On n’sait jamais que tooous tes voyages aient changés tes habitudes. Que tu lui lances de façon nonchalante. Petite pique envers elle et son départ qui te reste toujours en travers de la gorge.
Tu es finalement près d’elle, ayant terminé de tout ranger dans les frigos. Tu as même terminé de travailler depuis quelques minutes. En réalité, tu devrais déjà être parti, mais tu es resté aidé encore un peu, car t’as rien de prévu ce soir et qu’il faut que tu t’occupes. Tu t’accoudes à une table haute, le regard voyageant entre elle et le reste de la salle vide, impossible de rester concentré sur elle plus longtemps que quelques secondes.
— Je vais bien, comme tu peux le voir. Tu restes bref, mais la suite de ses paroles te fait froncer les sourcils. — Ma copine ? J’suis pas avec Nova, Ophélia. Ta voix est plus grave, ton ton moins sympathique.
— Ophélia je .. t’es vraiment venue que pour ça ? Tu laisses échapper un soupir avant de finalement faire quelques pas pour te retrouver derrière le bar. Tu attrapes une bière que tu décapsules, sentant que tu vas en avoir grandement besoin. Tu reviens à elle et tu finis par prendre place sur une des chaises hautes.
— Nova n’est qu’une amie, c’est tout. Je suis seul depuis deux ans. Depuis que tu es … partie. Que tu lui lances en buvant une gorgée de ta bière, las déjà de cette conversation.
La vengeance est un plat qui se mange froid.
Voilà se qu'elle en déduisait, Ophélia. Elle était partie, avait pas trop réfléchie aux conséquences de son choix. Elle avait quand même mal prit le fait qu'il ne veuille pas vivre la belle aventure avec lui, pas comprendre qu'elle avait besoin de cela pour reprendre un bien-être mental, reprendre une dose d'oxygène avec tous les soucis qui lui était tombé dessus en quelques années. Il n'a pas voulu comprendre, a voulu se conforter dans son quotidien un peu banal, trop routinier sans penser que s'ils devaient faire quelque choses, c'était maintenant. Qu'ils ne devaient pas attendre d'être vieux et incapable de marcher pour se décider à voir du pays.
Alors oui, elle lui avait fait du mal. Elle le sait. Et bien il se vengeait en quelque sorte aujourd'hui, lui faisant savoir, comprendre, ressentir le mal qu'il avait eu lui aussi, quand elle était partie. Mais elle, elle n'avait pas été se conforter dans les bras de son voisin.e. Elle n'avait eu personne durant son long séjour. Rien. Elle était toujours partie du principe qu'elle était en couple, quoiqu'il veuille bien croire.
Les sourcils de la belle se froncent quand les mots piquant du bellâtre parviennent à ses oreilles. Il la pique, continu de lui en vouloir pour tout cela.
— Arrête de te faire du mal tout seul, j'ai jamais changé tu le sais parfaitement. Si y'a bien quelqu'un qui était linéaire dans son comportement : c'était bien Ophélia. Loin d'être une girouette, loin d'être changeante. Elle était fidèle à elle-même, quoiqu'il advienne.
Les phalanges qui jouent nerveusement avec le verre de Virgin, essayant comme elle pouvait de contrôler ses émotions. Car ça, en revanche : elle n'y arrivait pas. Surtout face à lui. Prise d'une soudaine panique de devoir lui avouer la vérité. Prise d'une peur bleu de définitivement le perdre. Car elle sait, au fond d'elle que se serait l'erreur de trop. Même si cette erreur était clairement un coup du destin, un coup du sort. En aucun cas entièrement de la sienne. Et puis comme il disait après tout ? Ils étaient seuls maintenant. Ils ne se devaient peut-être plus rien, finalement ?
— Arrête, me la fais pas à moi... Elle sait parfaitement qu'il ne va pas si bien, comme il le dit. Elle a vécue des moments durs, fort avec lui. Ils avaient vécus le quotidien ensemble. Tout. Alors non, elle le voyait bien au fond de ses iris, que c'était pas le grand bonheur.
— Non, pas que... Mais elle se dépêche de renchérir sur le sujet de Nova, sentant la jalousie et surtout une pointe de colère envenimer son regard :
— Ouais bah c'est pas ce qu'elle m'a sous-entendue l'autre fois, quand elle a eu le culot d'ouvrir sa porte. Car j'étais passé mais tu étais pas là... Pourquoi tu me mens sérieux ? Si t'es avec, bah dit le. Que j'fasse ma vie aussi alors. Car moi j'ai jamais été voir quand j'étais à l'autre bout du monde, qui que ce soit. Le myocarde qui se sert, lui donne une sale décharge. Mensonge va. Alfie c'était quoi alors ? Mais ça...C'était uniquement récent. Actuel.
— Ecoute... Tu vas pas me reprocher toute ma vie d'avoir eu l'besoin de partir de cette ville où j'ai connu le pire cauchemar de ma vie ? Tu avais rien qui te retenais de partir avec moi. Même aujourd'hui je sais toujours pas pourquoi tu as pas voulu venir avec moi. Ou alors tu m'aimais juste peut-être pas autant que j'le pensais. Car y'avait rien, Colt. RIEN.
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Elle t’a manquée Ophélia. Tu ne peux pas le nier. Pendant plus de deux ans, tu as espéré qu’elle revienne et finalement, elle l’a fait. Bien qu’il fut finalement trop tard. Tu as été prêt à l’attendre au début. Persuadé qu’elle reviendrait vite. Mais non, ce ne fut pas le cas. Tu as baissé les bras petit à petit en voyant qu’elle ne revenait pas et finalement, tu as fait une croix sur elle. Mais elle est revenue. Elle est à Oceanside, maintenant. Elle est devant toi, Ophélia. Et oui, elle t’a manquée. Terriblement. Sauf que ton cœur brisé te rappelle à quel point tu as souffert de son départ. Alors tu restes froid, distant avec elle, mais si une partie de toi aimerait repartir de zéro, la prendre dans tes bras et l’embrasser. Pourtant Colt, tu tiens tes distances. Tes yeux sont vaguement posés sur elle, car tu as encore du mal. Car ton cœur saigne encore. Même si l’air de rien, Vida a réussi à en cicatriser une partie. Mais le retour d’Ophélia n’a rien arrangé. Tu as replongé. Un peu. Parce que tu es perdu entre tes sentiments naissants pour Vida, mais tes anciens qui te reviennent en pleine figure pour la brune. Tu finis par pousser un léger soupir quant à sa réponse. Non, elle n’a peut-être pas changé tant que ça, Ophélia. Mais tu l’as encore mauvaise. Tu l’as encore en travers de la gorge alors Colt, tu ne manques pas d’envoyer quelques pics ici et là envers Ophélia, afin d’appuyer là où ça fait mal.
— Si je t’assure. Ca va. Que tu te contentes de lui dire d’une voix calme. Mais elle te connaît, Ophélia. Comme si tout pouvait bien aller. Surtout après son retour. Et visiblement, en deux ans, tu n’as pas changé tant que ça, Colt. Mais tu ne peux pas croire, qu’Ophélia, elle est venue ici uniquement pour ça. Alors tu la confrontes, avant d’aller te chercher une bière, sentant que la conversation allait finalement, s’éterniser.
— Qu’est-ce qu’il y a d’autre, que tu veux me dire ? Assis sur une chaise haute, tu prends une gorgée de ta bière, ton regard posé sur elle. Sauf que tu mentionnes une nouvelle fois Vida et le ton s’élève chez la brune. Tu roules des yeux, Colt. T’as l’impression de tourner en rond. Qu’elle ne veut pas comprendre, qu’entre Vida et toi, il n’y a rien.
— Vida ? Elle n’aurait jamais prétendu être avec moi, vu qu’il n’y a rien. Que tu lui réponds dans un soupir. — Pourquoi tu t’obstines à dire qu’il y a quelque chose ? Tu laisses retomber tes épaules, las. — Oh et quoi, je dois te féliciter ? Tu rigoles nerveusement Colt, ne voyant pas où elle venait en venir. Après tout, Ophélia, elle était libre, elle pouvait faire ce qu’elle voulait.
— On y est. Tu retournes la situation. Je n’ai jamais eu envie de partir d’Oceanside malgré tout ce que j’ai aussi vécu ici. T’es pas la seule à avoir eu une vie facile, Ophélia. Moi, j’ai jamais eu de parents ok ? Tu bois une gorgée de ta bière et tu déposes la bouteille assez nerveusement sur la table, énervé. — Si tu n’as rien d’autre à me dire et si tu n’es que pour me faire des reproches et faire ta jalouse alors que je te dis qu’il n’y a RIEN avec Vida, tu peux partir Ophélia. Que tu lui lances, les sourcils froncés, le regard plongé dans le sien.
Oui.
Comme si tout pouvait aller. Comme si tout était simple, que tout était une question facile avec une réponse claire et unique. Mais non. La vie donnait souvent deux choix. Deux possibilités, à l'appréciation de la personne.
Et le choix était bien là. Depuis un moment déjà. Elle ou pas. Vida ou pas ? Il pouvait se décider mais il n'en avait sans doute pas envie. Car son choix lui ferrait du mal, quoiqu'il choisisse finalement. Il en perdrait forcément une, même si Ophé ne pensait pas une seule seconde qu'il pourrait tant tenir à cette fille, qu'il ne connaissait que depuis quoi ? 2 ans ? C'était tellement blessant pour elle.
Après tout ce qu'ils avaient vécus. Ces promesses, ces rêves, ces désirs communs. Ce soutien sans faille quand ils étaient à l'orphelinat, quand ils se sont mutuellement séchés les larmes. Pourtant, elle avait presque l'impression d'être devenue une étrangère pour lui. Comme si, ces deux années avaient littéralement détruite tout l'amour, leur complicité. A croire que cela avait été fatal. Et cela lui faisait si mal, de voir cela.
—Mais arrête un peu. Tu es sensé me connaître depuis le temps, plus que cettez nana ! Si j'te dis cela, c'est qu'elle me l'a fait comprendre. Si tu m'avais clairement dit qu'il se passe un truc avec elle : j'aurais lâchée l'affaire. Car je suis pas masochiste en faite. J'ai pas mérité de souffrir comme ça. Donc prend ta décision, sinon je vais la prendre pour toi. Les iris de la belle qui commencent à devenir bien sombre, fulminant de l'intérieur. C'était rare que la gamine soit en colère, vraiment. Elle était surtout peinée, mais elle voulait pas lui montrer. Adieu les remords, elle était si fâchée de le voir agir de la sorte que... Ouais, elle pouvait bien en finir avec tout cela. Balancer la bombe vue que pour elle de toute façon : tout semblait cuit, mort d'avance.
— Dans tous les cas, quoique je dise, tu as raison. Tu as préféré me laisser partir car tu savais que j'avais besoin de cela. Je voulais le vivre avec toi, mais t'a préféré te renfermer, comme toujours. Elle lâche les armes sur cette affaire, sur son départ. Ils étaient l'un comme l'autre butés sur le sujet et dans l'fond : ils n'étaient en tord ni l'un, ni l'autre. Chacun avec ses arguments en soit.
— Arrête de faire la victime, tu sais parfaitement que j'ai toujours compatis pour tout ce qui t'es arrivé. Nous ai arrivés. Car oui, ok toi tu les as pas connus mais c'est peut-être pas mieux de les avoir aimés, connus et les perdre, tu crois pas ? Perdre ce qu'on connaît ou ne jamais connaître et être dans l'ignorance ? Franchement, elle aurait peut-être préférée être dans sa situation. Perdre des proches était sans doute pire que de vivre orphelin. Peut-être, elle n'en savait trop rien.
— Mouais. Je n'y crois pas bien... Elle souffle, avant donc de prendre une dernière gorgée de son mojito avant de se lever. Le regard est difficile, mais elle finit par lâcher :
— Pis.. de toute façon, j'te le dis même si c'était clairement pas prévu, ni même voulu. Un accident mais... je suis enceinte. Et non, j'ai personne dans ma vie avant que tu hurles à la tromperie, j'ai juste vue quelqu'un un soir et voilà.
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Tout dérape. Le ton monte assez rapidement et les reproches sortent une nouvelle fois de vos bouches respectives. Elle t’en veut Ophélia. Persuadée qu’il se passe quelque chose avec Vida. Bien entendu, tu ne lui as pas dit grand-chose sur elle. Tu ne lui as pas parlé de ce voyage aux Maldives et de ce que tu as fait pour elle. De cette soirée organisée sur la plage un peu avant votre départ. Ce voyage, tu ne sais l’oublier, car tu sais que c’est à ce moment-là que ton cœur a commencé à flancher pour Vida. Que tu as commencé à la voir différemment qu’une simple voisine. Mais tu le gardes bien pour toi, Colt. Car personne n’est au courant. Il ne s’est jamais rien passé avec Vida et même si ton cœur aimerait le contraire, Ophélia a refait son apparition et tout s’est retrouvé être chamboulé.
— Prendre ma décision ? Que tu lui lances dans un demi-rire. — Ophélia, je n’ai pas à prendre quoi que ce soit. Si tu pensais que j’allais retomber dans tes bras comme si de rien n’était après deux ans, tu t’es mis le doigt dans l’oeil. Ton regard reste rivé sur elle. — Je n’ai toujours pas guéri de cette blessure et même si je t’ai profondément aimée, les choses ont changé. Laisse-moi le temps. Tu reviens du jour au lendemain et tu me demandes de faire un choix entre Vida et toi. Alors que dans le fond, il n’y a aucun choix à faire. Tu roules des yeux avant de boire une nouvelle fois ta bière. — Je ne suis ni avec Vida, ni avec toi. Et il n’y a jamais rien eu avec elle et il n’y aura sans nul doute jamais rien. Je ne suis pas amoureux d’elle, Ophélia.
Mensonge. Tu aimerais te persuader que non, tu ne ressens rien pour elle, mais finalement, tu sais que c’est faux. Mais tu ne te vois pas le lui dire, à Ophélia. Tu sais que ça lui briserait le cœur et malgré tout, tu n’as pas envie de le faire.
— Arrête avec tes reproches Ophélia. Que tu te contentes de simplement lui répondre lorsque tu passes une main dans ta nuque, exaspéré pour cette discussion qui ne rime à rien. Tu te demandes ce qu’elle est venue chercher Ophélia, en venant ici, à ton travail. Tu es d’ailleurs content qu’il n’y ait personne au club, parce que tu es certain que votre conversation attirerait les regards. Mais tu en as marre, là, Colt. Conversation qui t’énerve au plus haut point, à vous renvoyer la balle de qui à blesser le plus l’autre, de qui a vécu les pires drames que l’autre. Alors tu ne réponds pas à sa remarque, même si elle n’a pas totalement faux, Ophélia. Elle, elle a eu une vie avec des parents. Elle les a connus, elle les a aimés. Alors que toi, Colt, tu n’as jamais eu personne à qui te rattacher sur le plan familial. Ophélia, elle a toujours été ton unique famille.
Et puis la bombe est finalement lâchée. Tu tombes des nues, Colt. Tu crois rêver. Et ça te met soudainement en colère. Tu te lèves de ton tabouret pour faire les cent pas. Tu aurais presque envie de tout envoyer en l’air, mais tu te retiens, Colt.
— C’est une putain de blague ? Que tu finis par lui dire ironiquement. — Tu oses me faire la morale par rapport à Vida, alors que TOI tu reviens ici et tu couches avec le premier venu ? Tu n’oses même plus la regarder, Colt. — T’es incroyable Ophélia. T’es vraiment culotée. Tu finis par revenir vers elle d’un pas assuré et tu lui fais face. — Tu me dégoutes Ophélia. Casse-toi d’ici. Que tu lui lances avant de tourner les talons.
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