edene ;; you can't fight the cycle
my head is a perilous thing it aches like a fever, a friend to deceiver , set a course through counting my sins you can't fight the cycle, it won't let me win • with @edene finley
Premier jour dans ces locaux, nouveaux pour lui même s’il ne lui faut pas dix minutes pour croiser cinq visages connus de la firme. Des collègues, avocats pour la majorité, présents pour travailler sans rémunération, pour donner des conseils ou défendre ceux qui n’en ont pas les moyens. Une éthique qui n’est pas sans lui déplaire, à Raj, lui qui voudrait pouvoir rendre le monde plus équitable, donner les mêmes chances et moyens à chacun.e plutôt que de voir les écarts se creuser, s’amplifier jusqu’à devenir extrêmes. Il n’aurait jamais envisagé d’avoir tant le coeur sur la main, pourtant, mais ça lui plaît et l’ambiance de l’open space, si elle a de quoi donner le tournis avec toutes les allers et venues, avec le téléphone qui ne cesse plus de sonner, avec tout le monde qui parle en même temps, les uns sur les autres, et aucune intimité pour le moindre rendez-vous client, avec tout le monde qui bouge comme une fourmilière, le motive encore davantage. C’est ça qu’il veut, à terme. Une telle entreprise, le bordel inorganisable, quelque chose qui ne puisse être rangé quand bien même il sait qu’il ne le supporterait pas longtemps (toujours ce besoin que tout soit rangé, classé, à sa place) mais qui grouillerait de vie et d’activité, qui prouverait qu’ici, les choses sont faites pour avancer, qu’ici, personne ne se tourne les pouces et reste dans son coin en attendant que d’autres fassent le boulot. Ici, il sait qu’il va pouvoir apprendre le vrai métier d’avocat, les galères, devoir convaincre les clients de ne pas abandonner quand il leur semble qu’ils n’ont pas d’autres choix — la firme, la firme lui plaît, bien sûr, mais c’est différent, ça n’a rien à voir. A la firme, les clients minaudent par avarice, à la firme, c’est la compétition pour gravir des échelons auxquels il ne s’intéresse pas, lui (manque d’ambition, il le sait mais qu’importe que ce soit une lacune, si ça lui convient).
Ici, il va faire ce qu’il veut, ce qu’il aime.
Et puis, c’est dans le cadre de ses études, aussi, que de découvrir le métier sous différents angles et pas uniquement par le prisme d’un cabinet posé et pérenne.
Il patauge pourtant, maintenant, ne sait pas où donner de la tête ni ce qu’il peut faire pour se rendre utile alors il passe d’un bureau à l’autre, essaie de proposer ses services mais d’aucun est au téléphone, d’aucun lui adresse un signe négatif de la tête, d’aucun l’ignore juste parce qu’il y a un rendez-vous à ne pas manquer. Il tourne sur lui-même, Raj, les mains sur les hanches avant d’apercevoir une silhouette sans doute aussi perdue que lui. Il s’en approche. « Hi, did you have an appointment ? / Bonjour, vous aviez rendez-vous ? » Il se tourne vers les collègues qui ne lancent pas de regards vers eux, qui ne semblent pas les voir et il déglutit, Raj. « Please come with me, we’ll get to why you came somewhere quieter. / Venez avec moi, on va se poser quelque part plus calme pour parler. » Sans savoir si ça existe dans ces lieux, s’il ne s’agit pas de l’utopie. Mais il dégote un bureau avec une porte, salle de réunion qu’il est précisé sur la porte mais il ignore, Raj, et invite plutôt la jeune femme à prendre place sur une chaise. « Do you want something to drink? Coffee, tea, just a glass of water? / Vous voulez quelque chose à boire ? Café, thé, un simple verre d’eau ? » Déjà prêt à quitter lui-même la pièce pour demander de l’aide à quelqu’un, n’importe qui à ce stade, et pour s’occuper un peu. Il fait signe à un collègue qui s’approche, les mots sont rapidement échangés à voix basse. « Yeah, start without me, I’ll be there in a minute. / Oui, commence sans moi, je serai là dans une minute. » Ca ne le rassure pas réellement, Raj, mais il souffle, se tourne vers la jeune femme et, bloc-notes dans une main, stylo dans l’autre, il s’installe finalement. Il l’a déjà fait, il ne devrait pas s’en inquiéter autant — il le fait souvent au cabinet, débuter sans les avocats en charge du dossier, parfois même tout tenir seul.
Ca ne l’empêche pas de ne pas se sentir légitime.
Il se frotte la nuque, le sourire crispé tordant le bas de son visage. « Well, let’s start then. By the beginning, can you explain to me what brings you here? / Eh bien, commençons alors. Par le début, pouvez-vous me dire ce qui vous amène ? » La mine d’ores et déjà appuyée sur la feuille, prête à prendre des notes.
Les ennuis.
C'est comme ça qu'ils se nomment. Comme ça qu'ils se caractérisent. A croire que ses techniques ne sont pas imparables. Une plainte déposée à son encontre, pour piratage de système sécurité. Une lette qu'elle a savamment caché en allant récupérer le courrier, elle est appelée à comparaître. A s'expliquer. Edene compte sur sa bonne étoile et les fautes de preuves pour s'en sortir, hélas une défense ne passe pas sans un avocat, parce qu'elle ne pourrait témoigner toute seule devant un tribunal, ce qui a son sens est bien dommage, Edene est certaine d'être douée d'un sens de la répartie qui serait bien plus efficace devant une cour que le blabla d'un avocat.
Soupirant, elle pousse la porte de ce cabinet, elle n'a pas beaucoup d'argent à elle, mais le peu qu'elle a, elle va devoir l'utiliser aujourd'hui. Hors de question de demander de l'argent à son petit ami et devoir lui expliquer le pétrin dans lequel elle s'est mise. Les cambriolages. Elle qui joue toujours la discrétion, qui arrive généralement à se faufiler dans les sécurités les mieux ficelées. C'est raté. « Bonjour. » Elle tourne son regard bleu vers cet homme, peut être l'homme de la situation finalement ? Elle l'espère. Peu de choix s'offrent à elle. « Non, je ne savais même pas qu'il fallait prendre rendez-vous.» Edene ne s'est pas renseignée, elle n'est pas trés habituée à devoir rendre des comptes à la justice malgré les activités illégales auxquelles elle s'adonne depuis quelques temps déjà. Il lui propose d'aller dans un endroit plus calme et elle accepte, ne souhaitant pas que toutes les oreilles qui traînent ici entendent ce qu'elle a à dire. Elle aura déjà assez affaire d'un regard rempli de jugement, pas besoin de s'heurter à tous les autres. Ils entrent dans un bureau et elle s'installe sur la chaise qu'il lui désigne. Est-ce qu'elle veut boire quelque chose ? Elle n'est pas certaine de pouvoir avaler quelque chose tant son ventre est noué. Mais Edene joue les femmes décontractées. Sûre d'elle. Ne laisse pas transparaître le désarroi en elle. « Un verre d'eau s'il vous plaît. » Ce sera parfait. Il lui faut au moins ça pour pouvoir parler distinctivement, sentant sa voix s'enrouer un peu.
L'homme se lève, prêt à sortir de la pièce, mais revient finalement avec un bloc-notes et un stylo. Qu'est-ce qu'elle doit faire maintenant ? Edene est perdue, regarde un peu autour d'elle pour tenter d'évaluer les lieux. La situation. La première question qui franchit les lèvres de cet avocat. Parce qu'aux yeux d'Edene évidemment que c'est un homme de loi.« J'ai reçu une plainte à mon encontre. » Elle pose la lettre sur le bureau pour la faire glisser vers lui. « Ce particulier m'accuse d'avoir voulu pirater son système de sécurité. » Bien sûre qu'elle avait essayé. Une maison luxueuse, hors de prix, un homme qui avait plus d'argent que la moitié d'Oceanside réunit, c'était à tenter. Une opportunité à saisir. Le plan ne se déroule pas tout à fait comme prévu, et elle doit en avertir Jayson. « Mais ce sont des mensonges. Vous pouvez faire quelque chose pour moi ? » Edene ment. Elle pense vraiment que ça suffira ? Peut être. Elle n'est pas certaine de grand chose. Mais à son stade, elle n'a pas beaucoup d'options.
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• with @edene finley
Est-il vraiment à sa place, ici ? Raj, il sait bien que les cas pro bono constituent la raison pour laquelle il veut évoluer dans sa carrière — et qu’une firme spécialisée dans ce cas de cas, si elle ne gagne pas son pain et a peu de chance de survivre sur le long terme, est parfaitement ce qui lui correspond.
Mais là, à l’heure actuelle, qu’en est-il ?
Il n’est même pas encore un avocat, il est en plein dans ses études et s’il peut se vanter de savoir faire son job avec brio au cabinet, à quoi pourrait-il servir, ici ?
Ont-ils vraiment besoin d’un paralégal quand ils sont déjà débordés ? Ont-ils réellement besoin d’un étudiant en droit pour venir les ralentir ?
Il balaie les questions qui se bousculent dans son crâne en repérant un visage qui semble perdu au milieu des allers et venues. Il peut comprendre, Raj. Il l’est aussi, au moins un peu. S’il peut les faire avancer, ce sera déjà ça de gagné. Et puis, il est là pour voir et apprendre, se mettre dans l’ambiance d’un lieu un peu moins organisé que le cabinet qui l’embauche depuis déjà des années. Une fourmi dans une fourmilière qui grouille d’activité à ne plus savoir où donner de la tête. Il se pare d’un sourire, d’un air avenant. Les doutes sont effacés de ses traits, ne restent que l’expérience et l’assurance de celui qui sait ce qu’il fait. « Oh well, it’s not mandatory but usually preferable. As you can see there are many people in need. But that should be okay for today. / Oh, eh bien, ce n’est pas obligatoire mais préférable d’ordinaire. Comme vous pouvez le voir, il y a foule. Mais ça devrait le faire pour aujourd’hui. » Il improvise, Raj, avec talent le croit-il. Du regard, il cherche un lieu un peu à l’abri d’oreilles, un peu plus intimiste pour discuter lui qui est tant habitué aux bureaux fermés pour ce genre de rendez-vous. Il n’y a qu’une salle de réunion inoccupée — et puis les bureaux administratifs pour les managing partners. Raj, il n’ose pas encore s’en approcher. Salle de réunion ce sera, alors. Elle le suit et il montre une chaise, invite à s’asseoir sans le formuler, s’empresse de la mettre à l’aise.
Il se doute que ceux qui viennent n’en ont pas l’habitude.
Souvent des personnes peu accompagnées et avec aucune connaissance dans le droit.
Parfois même qui ne maîtrisent pas totalement la langue.
Les abusés du système.
Les marginaux de la société.
Il sert un gobelet à la fontaine à eau qu’il dépose devant elle avant de sortir de la pièce, chercher quelqu’un (n’importe qui) mais tout le monde est occupé et on lui dit de se débrouiller. Il sera vite rejoint. Il s’arrête à ça, Raj. Il ne sera pas tout seul tout du long — il peut commencer, il a l’habitude. Il sait faire.
Ses yeux suivent la lettre qu’elle fait glisser dans sa direction avant de s’en emparer et de la parcourir. Premier réflexe, s’assurer qu’il s’agit d’un document officiel et non d’une arnaque — tout est en ordre, le tampon du tribunal, les noms. « I see. We might be able to defend you but do you know why this man would accuse you of such thing? / Je vois. Nous devrions être en mesure de vous défendre mais savez-vous pourquoi cet homme vous accuserait d’un tel acte ? » Une vengeance quelconque ? C’est une accusation un peu spécifique — trop, même, de ce qu’il connaît. « Do you know who he is? / Savez-vous qui il est ? » Se sont-ils déjà vus, aurait-il pu se méprendre sur un acte, ou quelque chose. Les questions sous-jacentes, pour essayer de l’aiguiller.
L'homme en face d'elle est sûre de lui.
La justice représentée sous la forme d'un homme. Edene est suspicieuse, elle se demande en quoi il va pouvoir l'aider, n'est-il pas un peu jeune pour défendre sa cause ? La blonde reste sur ses gardes, consciente qu'être ici ne l'arrange pas. Tout comme ce qu'elle dissimule à Aaron. Elle lui ment, camoufle la vérité, se drape dans des faux-semblants pour ne pas lui avouer ce qu'elle fait. Il ne comprendrait pas. L'argent ne manque pas. Le sien, pas celui d'Edene.
Elle n'a rien elle. Pas le même milieu. Pas la même vision de la vie. Mais un amour sans faille. Ou presque. « Désolée, ce n'est pas comme si j'étais une habituée des lieux.» Sarcasme qui transparaît. Résilience tout aussi rapide. Il n'a rien demandé, et lui faire vivre l'enfer ne l'aidera pas. Edene soupire, passant négligemment ses doigts dans ses longs cheveux blonds. « Pardon je suis nerveuse. » Il y' a de quoi l'être quand on est sur le banc des accusés. Sa faute. Elle s'est pensée plus maligne que les autres, à force de réussir, elle ne pensait pas pouvoir un jour se faire attraper, bien que les preuves soient minimes. Une adresse IP ? ça se modifie. Un ordinateur ? ça se remplace. C'est son attitude qui importe maintenant.
Une salle dans laquelle il la conduit, une chaise sur laquelle s'installer.
Edene prend place, un peu mal à l'aise. L'impression d'être à l'étroit entre quatre murs, comme si on lui collait déjà une étiquette de criminelle sur le front. L'homme en face d'elle est poli et souriant, mais Edene a du mal à se détendre. Elle masque son trouble derrière un sourire nonchalant. Comme si elle s'amusait du monde. Comme si rien ne pouvait l'atteindre. Alors qu'elle est déjà touchée depuis qu'elle a lu le courrier judiciaire qui lui était adressé. Elle boit une gorgée d'eau, le remerciant d'un regard pour ce verre qui tombe bien.
Courrier mis entre les mains d'un spécialiste. Les cibles ne sont jamais choisies au hasard, souvent, c'est au fast-food qu'Edene les repère. Avoir de l'argent n'empêche pas d'aimer la nourriture industrielle visiblement. « Je pense qu'il n'a pas apprécié que je repousse ses avances. » Mise en scène souvent donnée pour récolter des informations. Hommes éconduits qui ne manquent jamais de s'énerver avant de claquer la porte.
Douce Edene, vicieuse blondinette. « C'est un client du fast-food, je me souviens très bien de lui. » Elle marque une pause, pour boire de l'eau une nouvelle fois. « Il voulait mon numéro de téléphone, je lui ai gentiment dit que ça ne m’intéresserais pas. Si vous ne me croyez pas, vous pouvez demander à mon patron. Il a du intervenir. » Alibi trouvé. Si facilement. Rien n'est vraiment laissé au hasard. « Je pense avoir affaire à un homme qui n'a pas supporté d'être touché dans son égo. » Elle pose sa main contre celle de l'avocat, moue innocente au visage.
Yeux clairs qu'elle utilise à sa guise. « Soyons sérieux, pensez-vous vraiment que si j'avais de telles capacités informatique, je serais serveuse dans un fast-food ? » Manipuler son monde est devenue une habitude pour elle. Une très mauvaise habitude.