rock and roll — asani

tw: deuil, alcool, mention : drogue

[ ♪ ] | Ça fait officiellement deux semaines qu’il n’a pas touché à ses pochons. Pas envie. Ça devait être parce qu’il avait dû chopper cette mauvaise Ké à son dealer de secours en attendant l’habituel. Il allait sûrement craquer dans quelques jours.
C’est ce qu’il s’était dit, mais les jours passaient et aucun désir ne se faisait ressentir. D’autres ont émergé à la place : nettoyer son dépotoir de salon qui lui servait de chambre depuis un an; aller chez le coiffeur, se raser, se sentir beau, propre; recontacter des potes; sortir, retrouver ses pairs, ses scènes. Sentir le metal, le rock faire vibrer ses membres, retrouver les habitués, les serveurses de son QG.

Ouais. C’était ce genre de high qui lui faisait envie aujourd’hui.


Il avance vers l’établissement, Mandy la suivant de près. C’était aussi pour cela qu’il aimait tant cet endroit : c’était un des seuls qui accueillaient sa petite pitbull sans problème.

Il entre, et c’est une vague de chaleur humaine qui s’étale sur lui. Le tenant du lieu s’exclame. «  Hey, Z-Man! Guys, look who’s here! » quelques habitués se retournent. Ils viennent l’enlacer, le tenant lui attrape le visage et lui embrasse intensément la joue. Zusman glousse, c’est la première fois qu’il reçoit tant d’affection depuis le drame.
Mandy est toute folle et contente de retrouver ses amis. « It’s good to see you, brother. Really. We heard about what happened. They’re dearly missed, man. » il hoche la tête silencieusement. Pas envie de parler de ça, pas ce soir. « Thank you brother. I’m glad to be back. Let’s get back to where we left off, yeah? » le tenant comprend, autant les mots prononcés, que ceux qui s’étaient cachés entre les lignes. Il lui donne une tape sincère dans le dos et annonce sa tournée au bar.

Ils discutent un peu, se donnent les nouvelles. Zusman écoute plus qu’il ne parle, à son habitude. Mais il se sent bien là, entouré de fraternité, d’un verre de sky et de Led Zeppelin jouant en fond. Les gars parlent de leur travail, leur famille, lançant des fois des regards hésitants vers lui. Il les rassure en souriant et en secouant la tête. Ça va. Ça lui pince encore le cœur, de ne plus pouvoir rebondir sur les discussions de famille, de se rappeler du vide de sa maison. Mais aujourd'hui, ça va. Il tient le coup.
Le groupe se disperse peu à peu, allant partager l’euphorie avec leurs connaissances respectives. Zusman lui en profite pour apprécier la musique, adossé au comptoir.

note:

tw: grossesse, religion, alcool

Foudroyée. Sans doute que ça serait le mot qui expliquerait au mieux ce qu’elle vit depuis ce matin.
Dead inside était à la fois la meilleure, et la pire alternative. Plus tard, elle en appréciera l’ironie. Mais pas tout de suite. Pour la première fois de sa vie, Asani était bouche bée. Pour la première fois de sa vie, elle était aussi enceinte.

A l’aide.

Dieu, Jésus. N’importe. Marie, Judas. Asani aurait même pris les conseils de l’âne et du bœuf.

C’est l’image de son père qui a traversé son esprit en premier. Cela ne lui apporta aucun réconfort.
Omari ? Nope. Le principal concerné tout de même, mais elle était loin d’avoir envie de le lui annoncer, là, tout de suite.
Les frères, les ami.e.s, la mère. Personne. Incapable de trouver le courage d’en parler, de parler. A qui que ce soit. Alors Asani a pris le large, après avoir passé des heures à tourner en rond chez elle. Sa chevrolet l’a emmenée le long de la plage, et elles ont filé ainsi, un bon moment. Elles ont fait demi-tour dans les collines. Hurlant dans le vent, quelques larmes s’y sont également envolées.

C’est une voix familière, à quelques rues de chez elle, qui l’arrête. Le feu rouge, aussi. Un classique, un Led Zep qui s’envole depuis un bar. Un signe, clairement, du paternel. La carrosserie violette détonne parmi les cylindrées foncées, mais son bon sens est resté à domicile. Elle rentre au moment où un type annonce qu’il payait la prochaine tournée - ça, c’était le genre de signe qui lui plaisait.
Jusqu’à ce qu’elle ne se rappelle … ça poserait problème.
Ace se dirige néanmoins droit vers le bar, en ignorant tous les clients. Elle doutait voir ne serait-ce qu’un visage familier ; et redoutait l’inverse. Captant l’attention du barman d’un geste, elle demande, sans trembler :
Do you have a strong oaky, smokey, cherry smelling-whiskey ? And a glass of water. On the guy’s tab, please.
Son père n’était pas forcément un rockeur, ni un grand fan de whisky. Néanmoins, toutes ces choses le faisaient penser à lui, quelque part. Une petite table, dans l’un des recoins, l’attendait. Dos au mur, elle pouvait ainsi contempler le reste du bar, de l’animation, des vies, des corps s’abandonnant à la musique. A peine de quoi lui décrocher un sourire. Le verre d’eau prit place devant elle, et celui de whisky resta un peu plus longtemps dans ses mains. A défaut de ses lèvres, elle y plongea son nez après avoir fait tourner le liquide.
L’odorat, les souvenirs d’une autre époque. Elle finit par le poser devant elle, un peu plus loin, traçant les bords du verre avec mélancolie. Invitant le fantôme à la rejoindre.

C’est un chien qui répondit à son appel silencieux.
Un molosse qui détonnait moins qu’elle dans ce bar, un dont la truffe persistait à vouloir renifler son giron, malgré les vaines tentatives d’Ace pour le caresser - slash - repousser gentiment. La bête n’avait pas l’air franchement décidée à la laisser seule, la laissant s’interroger sur le flair exceptionnel des chiens. En dix secondes, l’animal avait sans doute compris ce qu’il lui avait fallu des semaines pour réaliser.
Ace n’était pas particulièrement douée avec les animaux, ni avec les enfants. Super moment pour se retrouver seule avec les deux.
La musique lui tapait sur le système. A l’aide.

tw: mention: violence antisémite/misogyne

Une femme était entrée dans le bar, seule. Il l’avait regardée du coin de l’œil tout le long du joyeux chahut des gars. C’est que c’est rare, dans ce bar parmi tous ceux d’Oceanside. Et qu’il y peut rien, il s’inquiète à chaque fois qu’il aperçoit une femme seule dans des endroits majoritairement masculins comme celui-ci. Il ne s’en fait pas trop quant aux gens qu’il connaît ici - ce sont des bons gars. Peut-être un peu lourds des fois, mais their hearts are in the right place. Mais il ne sait pas ce qu’il en est des autres. Ses responsabilités de père l’avaient éloigné de toutes ces sphères adjacentes des motards, rockeurs, punks et autres marginaux de The O. Il ne connaissait plus tout le monde désormais, ne connaissait pas les nouvelles têtes. Ne sait pas qui fait partie de l’entourage sain qu’il a réussi à se trouver, ceux dont il valait mieux se tenir loin. Ceux qui pourraient fréquenter, suivre le chemin de la haine, le même que ceux qui l’avaient passé à tabac par pure haine antisémite et ego patriarche, ici-même, il y a quinze ans. Qui avaient menacé Blondie d’horreurs dont il ne voulait pas imaginer l’étendue s’il n’avait pas malgré tout réussi à la défendre, aidé par le tenant et certains de ceux avec qui il venait de trinquer.
Alors naturellement, voir une femme seule, racisée qui de plus est, l’inquiète. Même s’il sait que le tenant et la bande réagiraient en cas de problème. Même si le patron avait laissé en évidence les stickers antifa et queer placardés par des client’es, histoire de bien faire comprendre au public qui étaient les bienvenu’es, qui était plutôt invitæ à aller voir ailleurs.

Mais les choses ont l’air de bien se passer pour elle. Il se demande qui est-ce qu’elle attend en s’abstenant d’entamer son verre de sky. Et si même elle attend quelqu’un. Il espère voir quelqu’un arriver à sa table.
Mandy se met à renifler l’air, à se montrer bien curieuse. Il n’y fait pas trop attention au début, c’est un chien après tout. Mais elle s’éloigne et s’approche de la femme en question. Il l’interpelle. « Mandy- » Elle ne s’arrête pas. Il la suit, soupire quand il la voit importuner l’inconnue. « Mandy, leave her alone. What are you doing? » La boule de poils le regarde avec un air inquiet, pointe la dame de la truffe avant de se regarder son maître de nouveau. Il fronce des sourcils. Il avait apprit à déchiffrer la communication de sa chienne depuis les années, et clairement, quelque chose l’inquiète. Elle s’assoit aux côté de ce qui semble être sa nouvelle amie, la tête vers le reste de la foule, les oreilles dressées. Elle est bien moins folâtre que tout à l’heure, son regard est vif, à l’affût. Il glousse. Ok. Elle est en train de faire sa garde du corps, et il a une petite idée de ce que pourrait être la raison. Il adresse un sourire à la protectrice. « Good girl. » Il la caresse brièvement avant de tourner son regard vers la protégée qui n’avait pourtant rien demandé à personne. « Well, seems like she decided you need a bodyguard. » il prononce en gloussant.

tw: grossesse, religion, alcool

L’angoisse latente infusait dans ses veines, tourbillon lent, dont elle ne semblait pouvoir se défaire par elle-même. Son attention avec le chien à ses pieds, qui semblait réagir à la tempête dans son crâne. La musique battait le rythme effréné de son coeur, et ses yeux restaient encore un peu au niveau de la table devant elle - de peur qu’un geste brusque ne renverse les deux verres qui y reposaient.
La situation se calme un peu quand l’attention de l’animal est captée par son maître. Ace respire, pas forcément rassurée avec un chien en liberté à ses côtés. Néanmoins, il venait de l’appeler Mandy, et c’était sans doute le dernier nom qu’elle lui aurait donné. Elle n’était pas ravie de la présence du maître, si proche, un peu trop proche, mais le bar était assez rempli, il ne titubait pas … et il avait appelé sa chienne Mandy. Elle lui donna au moins le bénéfice du doute, alors que la chienne était encore collée à elle. Ace lui gratouilla les joues - est-ce que c’était vraiment ça ? Le fait qu’elle soit enceinte, que ses hormones, ses phéromones soient en feu, qui avaient attiré l’animal ? Est-ce qu’elle ne se faisait pas des idées, à inventer des signes, pour justifier sa récente condition ? Maintenant qu’elle s’était calmée, elle pouvait rassurer son maître en évitant de mentir : It’s no bother, really.

Elle aurait aimé qu’il s’éloigne un peu, le type. Qu’il rejoigne les autres, dans des conversations animées. Qu’il la laisse seule, avec ses pensées emmêlées et la chienne à ses pieds. Ses deux verres, et l’ivresse insaisissable. Mais il était toujours là, et la politesse obligeait Ace à prendre part à la conversation, malgré elle. Pour une fois qu’elle n’était pas franchement d’humeur à parler … même si elle avait compris que le type faisait référence à sa chienne, elle ne put s’empêcher de le tester. Quitte à souffrir sa compagnie … Are you a good bodyguard ? Elle ne put s’empêcher de le dévisager, de haut en bas. La liste de gens en qui elle confierait sa vie, avant lui, commençait aujourd’hui et finissait demain.
Because this cute puppy right here, could use a lil ice cream and some grilled chicken and to be tucked in her cute lil bed with a ton of kisses, right ? Dieu merci, Mandy n’essaya pas de lui aboyer dessus, ou de la mordre au même moment. Non, elle acceptait toujours ses gratouilles tranquillement. D’ici peu, elle pourrait même rajouter Mandy, sur la liste, avant le nom de son maître. Et honte à lui si elle n’avait pas le lit le plus mignon qui existe dans lequel s’endormir.

tw: grossesse, mentions : drogue, alcool, deuil

Il est bien rassuré de voir que Mandy n’importune pas trop cette dame, bien rassuré de constater qu’il n’allait pas devoir gérer la crise hystérique d’une énième personne avec tant de préjugés par rapport à cette race de chiens. Qui allait lui tenir la jambe en lui répétant qu’al allait appeler la police s’il n’attachait, muselait pas sa chienne. Ça le dépassait, cette peur de ces créatures, surtout quand il savait que Mandy était bien plus apeurée par ces personnes qu’als ne l’étaient d’elle. Mais pas de cette femme, apparemment. Bien au contraire, elles ont l’air de bien s’apprécier.

Sa question le prend complètement de court, il pouffe de rire les yeux fuyants. Il en savait rien, il avait été un bagarreur il y a quinze ans de ça, mais aujourd’hui, la vieillesse, le deuil, l’alcool et la drogue avaient bien diminué ses capacités à défendre autrui. « I don’t think so. » Il a bien du mal à lire ce scan oculaire qu’elle passe sur lui, alors il n’en lit rien. Il sourit en la voyant devenir gaga à propos de Mandy. « Oh no… what are you doing… » Elle prononçait un à uns les mots préférés de la chienne, qui s’efforçait de rester sérieuse, austère dans sa position de protection, malgré sa queue remuant plus vite à chaque mot s’ajoutant à la phrase de sa protégée. Elle lui laisse quelques léchouilles sur les mains alors qu’elle la gratouille, l’air affectueux, mais aussi presque demandeur de la laisser essayer d’être imposante et menaçante au mieux qu’elle peut. Il glousse silencieusement. C’est presque s’il se reconnaîtrait pas lui-même en elle, quinze ans en arrière. À essayer fort d’avoir l’air dangereux et redoutable, tout ça pour fondre à la moindre caresse de sa maîtresse.

« She usually does that with kids. It’s pretty rare that she does that with adults. Last time she did, it was… » sa gorge se serre. Il se rattrape vite. « …with a pregnant woman. » Il espérait que lui et la chienne se trompaient, au vu des verres reposant devant l’intéressée. Peut-être qu’elle ne savait pas elle-même, ceci dit. Et qu’il avait été le déclencheur d’angoisses imminentes. Merde, il aurait peut-être dû la fermer.

tw: grossesse, alcool

Asani aimait bien sa réponse. Honnête. Elle n’était toujours pas certaine de lui faire confiance, cela dit, mais elle appréciait qu’il n’ait pas cherché à l’impressionner, à rouler des mécaniques et à prétendre être le sauveur de ces dames. Après tout, elle n’était nullement en danger, même si la chienne à ses côtés semblait vouloir y rester.
D’ailleurs, Mandy, estima-t-elle, aurait bien besoin de tout l’amour du monde, et Asani en fit part à son maître. Une glace, de la viande, un nid douillet et de l’amour en pagaille - merde, ça lui allait bien aussi, comme programme.
En entendant la supplique du maître, elle remarque enfin que la chienne tenait difficilement en place, avec son arrière-train qui s’agitait au rythme de ses caresses. Elle rit de la voir, sans doute la première chose futile qui lui arrivait de la journée. Sans doute qu’ils n’avaient pas ce genre de discussions, d’ordinaire, dans ce bar. Ace elle-même n’aurait jamais parié se retrouver à côté de cette Mandy, toute heureuse à l’idée de cette discussion, de toutes les bonnes choses qu’elle venait d’évoquer.

Le répit fut de courte durée. La réalité la rattrape bien vite, dans le commentaire innocent du maître. Il ne pouvait pas savoir, le dilemme dans lequel elle était plongée depuis des heures. Son sourire crève lentement. D’abord dans ses yeux, ensuite sur les bords de ses lèvres. Sans même tenter de cacher son désarroi, ses mains retrouvent les parois du verre d’eau.
Her instincts are … still great. Ace sent la truffe de la chienne se presser contre sa jambe, mais elle ne réagit plus. Elle boit un peu d’eau, difficilement. Sa gorge est serrée - elle aurait dû rentrer chez elle. Éviter les contacts, les conversations. Voilà qu’un total inconnu était au courant. Avant ses proches. L’impression que c’était marqué au fer rouge, sur son front.
Elle échange les verres, et vient trouver un semblant de réconfort dans le whisky. Ses prunelles se perdent dans la liqueur ambrée, son nez retrouve des arômes familiers. Presque oubliés. Cela ne ferait pas revenir son père - mais elle pouvait presque sentir son regard sur elle. Le type à ses côtés n’était pas reparti - il attendait sans doute que la chienne se décide, et elle ne semblait pas vouloir bouger.
If you want this drink, you can just say so, and take a seat. Elle repose le verre sur la table, songeuse. You better not drown it in ice, tho. S’il y avait bien un moment où elle aurait eu besoin d’un verre, c’était aujourd’hui. Le monde était mal foutu.

tw: alcool, grossesse

Ouais. Il aurait définitivement dû la fermer. Il grimace, coupable quand il voit son sourire s’éteindre. Il ne sait pas quelles étaient les circonstances dans lesquelles sa grossesse avait été engendrée, si même elle avait été désirée. Il pense à s’excuser et la laisser tranquille, mais se sentirait encore plus mal de la laisser là après l’avoir mise dans cet état. Elle pense que lui attend son verre, il lui assure le contraire. « I don’t. But I’ll gladly take a seat. » ce qu’il fait, avant d’avouer « I’m actually tryna… ease up on the alcohol. » aveu qu’il n’aurait jamais fait à une inconnue dans un bar, mais il avait enfoncé la porte de ses soucis, alors il essaye de se mettre à égalité. « Look… » il soupire, laissant tomber sa tête. « I’m sorry. That was… stupid of me. » il secoue la tête, déçu de lui-même. Son regard cherche le sien, soucieux. « Do you… wanna talk about it? »

tw: grossesse, alcool

Le secret n’en aura pas été un très longtemps. Il faut dire que pour le conserver, il aurait mieux valu éviter de se rendre dans un bar. Éviter les contacts humains. Et canins, apparemment. A l’intérieur, ça fait mal. Tout se bouscule, les questions sans réponses, l’absence, la solitude, la fatalité, la réalité. Rouler des heures durant, ça n’avait pas suffi à lui faire fuir le problème. Celui qui s’accrochait, à l’intérieur.
Celui qui s’accrochait, à l’extérieur, non plus. Aussi l’invita-t-elle à prendre un siège, au moins. Qu’il soit confortable, durant cette conversation qui s’avérait plus inconfortable que prévue. Même si elle le prévient ; que le verre qu’elle lui offre - enfin, via la gentillesse du mec qui avait payé sa tournée, un peu plus tôt - n’avait pas intérêt à être dénaturé.
Aussi ne s’attendait-elle pas à ce qu’il le refuse. Il aurait pu ne pas aimer le whisky, mais il lui avoue vouloir freiner sur l’alcool. Un pauvre sourire écarte ses lippes à cette pensée, face à l’ironie de leurs situations. Elle n’a pas le temps de relever, qu’elle entend ses excuses.

Son regard encore plongé dans le verre - d’eau, cette fois -, son index glissant contre le bord supérieur, elle finit néanmoins par sortir de sa rêverie maussade. Elle ne trouvera pas les réponses ici, ce soir, de toute manière. Don’t beat yourself up. It’s alright. Elle ne relève pas la question qu’il lui pose, bien trop heureuse de ne pas avoir à y répondre, car la réponse allait presque de soi : non, elle n’avait pas envie d’en parler.
Don’t tell my mom, tho … A la réflexion … Or, actually, do tell her, ‘cause I have no idea how I’m gonna break the news to her. C’était un peu stupide, comme réflexion. Asani n’avait pas seize ans, et sa mère serait ravie de compter un petit-enfant de plus, une addition à sa famille. En revanche, elle avait une bonne idée de l’identité du père, et aucune idée de comment le lui annoncer également.

Mais c’était un sujet plus léger, une idée qui chassait le trop plein de questions, l’arbre devant la forêt. Et à ce sujet …
Do you mind enlighten me, and tell me how come someone’s journey to sobriety starts in a bar ? If that’s okay ? ‘Cause I’m totally in, for at least a few … days ? weeks ? months ? Si tant est qu’elle décidait de garder l’addition dans son ventre.

tw: grossesse, alcoolisme, mention : tabac

Il est forcé d’admettre qu’il est soulagé quand elle le rassure - ses épaules se relâchent. Bon, ouf. Il sourit amèrement quand elle avoue ne pas savoir comment annoncer la nouvelle à sa mère. Il n’avait jamais dû annoncer de nouvelles pareilles à ses parents, il ne pouvait pas imaginer l’angoisse que ça pourrait être. « How do you think she’ll react? »

Il l’écoute attentivement alors qu’elle pose sa question, glousse en fuyant du regard quand il comprend enfin sa nature. C’est vrai que ça pouvait paraître paradoxal. Il inspire un grand coup puis inspire aussi intensément. Als étaient plus à ça près, elle lui avait avoué quelque chose que même sa mère ne savait pas - il pouvait bien parler de ce dont il n’avait parlé à presque personne également. « Already had to get out of it once. Realized abstinence didn’t work out for me. » C’était il y a il y a vingt ans, maintenant. Il souffle dans un sourire. « Never did well when I was forbidden something. » esprit libertaire éternel, ado rebelle à qui il ne fallait absolument pas interdire quelque chose à moins de vouloir le voir foncer dedans la tête la première. « Especially when forbidding stuff to myself. Realized I did better allowing myself to drink, just in the right contexts. » les bons contextes, comme échanger un réel moment de partage avec ses amis, se faire un verre de spiritueux de dégustation avec un bon cigare (putain, c’est vrai qu’il faisait ça, avant), même se péter la tronche à une soirée déjantée mémorable, ça allait. Mais pas seul dans son appart ou un bar, pas au réveil, pas en plein après-midi, pas pour “mieux dormir”, pas pour noyer ses émotions. … Pas en parlant à une femme enceinte inconnue dans un bar. Il fronce les sourcils. « But… how does your journey start here? » il ne prononce pas les mots, ne fera pas la même erreur insensible une deuxième fois. Pas du temps que la concernée ne les aura pas prononcés elle.

tw: grossesse, alcool

Asani ne voulait pas penser à sa mère à cet instant, et pourtant, elle se retrouvait à le faire, obligée par l’inconnu. Like … I don’t know. I can only imagine … She’ll be over the moon for a minute, and then … Le soufflé retombe. Asani savait très bien que cette annonce serait heureuse. Elle aurait été plus facile il y a encore quelques mois de cela. And then she’s probably gonna be very curious about the identity of the helper … Asani fit la moue, et un geste de ses deux mains qui signifiaient assez clairement ; and that’s the issue. Clairement, elle n’irait pas confesser le reste, peu confortable à l’idée d’étaler sa vie privée au beau milieu d’un bar, à quelqu’un en qui elle a une relative confiance.

Aussi change-t-elle de sujet. S’intéresse à lui, plutôt. A son choix suspect, de restreindre sa consommation d’alcool dans un lieu dont le seul but est d’en vendre. Asani était partante pour l’accompagner - quel choix avait-elle, pour le moment ? Oh, elle pouvait s’engager sur une durée inconnue, pour sûr. Le temps de prendre une décision - mais celle-ci ne sera pas prise ce soir, ni demain.
Il était bon conteur - meilleur qu’elle ne l’aurait cru - et elle se laissa facilement emporter dans son histoire. It kinda makes sense. Pas le meilleur des compliments sur sa narration - mais elle arrivait à visualiser son problème. Elle était sur le point de relever ses propos, de les comparer à un autre exemple - mais se ravisa in extremis. Ce n’était pas l’un de ses collègues, en face d’elle. Sans doute que l’abstinence d’un inconnu n’était pas sujette à ses plaisanteries détournées. Asani vida son verre d’eau à la place. I mean, as long as it helps and you’re not hurting anybody. Mmmh, c’était presque ça.

Elle n’a pas le temps de se demander très longtemps si elle l’a froissé ou non, puisque sa question lui revient en plein visage. A juste titre. Asani aurait dû s’y attendre, d’ailleurs. Well, it didn’t start here. It’s closer to the end. La fin de la journée, oui. De ce qui l’attend, en revanche … You don’t wanna find out how I found out, and then, I just spend the day driving around. Yup. Une journée difficilement défendable. I was heading home, I heard the music at the red light, and thought ; hey, why not. Elle accompagna ses dernières paroles d’un haussement d’épaules. And a guy paid for the drinks when I entered … and if that wasn’t a sign, I don’t know what is. Then your dog found me, and that's that. Ce qui faisait le tour de la question. Certes, elle n’avait pas mentionné son père dans cette histoire, mais tant qu’elle pouvait éviter de le faire, elle le ferait.

tw: grossesse, alcool, mention : addiction

C’est avec un regard préoccupé qu’il suit ses paroles. C’était déjà bien qu’elle ne risquait pas de représailles de la part de sa mère, pour la grossesse en soi. Pour ce qui en est du père, ça allait être autre chose, apparemment. Il lui demandera pourquoi plus tard. Leur conversation avait déjà bifurqué sur son parcours vers la sobriété. Elle trouve du sens à ce qu’elle lui raconte, ça le rassure. De ne pas devoir se justifier à une autre personne lui maintenant que non, l’abstinence est la seule solution, que tout ce qui ne l’est pas est vain, annule tous ses efforts. Non, elle fait preuve de compréhension, c’est rafraîchissant. Elle ajoute une autre remarque - il aurait voulu amèrement répondre qu’il n’avait de toute façon plus personne d’autre à qui faire du mal avec ça à part lui-même, mais il se tait. Elle en avait assez gros sur la patate avec sa grossesse, elle n’avait pas besoin qu’un inconnu lui trauma dump son deuil en plus.

C’est toujours avec la même attention qu’il l’écoute retracer sa journée, qui avait été bien tumultueuse. Il ne sait pas vraiment quoi lui répondre. Jamais été très bon pour trouver les bons mots pour soutenir les autres. Il comprenait son besoin de conduire après une telle nouvelle - il avait souvent lui-même pris le guidon sans but, histoire de laisser les émotions redescendre en regardant les paysages défiler. Il avait surtout posé la question pour s’assurer qu’elle ne comptait pas boire, mais la vérité c’est qu’il ne l’aurait pas jugée si elle l’avait quand même fait. Après tout, il ne sait rien du contexte derrière cette grossesse - elle pourrait avoir mille raisons valables de vouloir saboter celle-ci.
Journée bien émotionellement chargé pour cette femme donc. « You found a good shelter. » il lui affirme avec un léger sourire. « The people in here - at least, the ones I know - they’re good folks. » il regarde la joyeuse cohue. Des vieux rockeurs jouent aux cartes avec des butchs, quelques jeunes punks s’amusent dans l’espace servant de piste de danse. Il sourit sincèrement. « They always had my back. They’d have yours if you needed it. » s’il ne savait pas lui offrir des mots de soutien, il espérait au moins pouvoir lui offrir un sentiment de sécurité, de se sentir dans un abri aimant.

« So I assume your mother doesn’t like your baby daddy that much? »

tw: grossesse, tabagisme

Relater sa journée reste une tâche assez simple pour qu’Asani se contienne. Eviter les détails - elle peut faire. Difficilement, car elle peut facilement s’emporter dans des grands discours ; mais quand le discours concerne sa propre vie, elle se fait en général plus concise. Pas du genre à étaler son linge sale et l’étendue de ses problèmes à cet inconnu, aussi agréable la conversation soit-elle. Sans doute se serait-elle allée à plus de révélation si elle avait été un peu alcoolisée - mais ce n’était pas le cas.
Pourtant, quelque part, ça lui fait du bien. Sans doute qu’elle ne le réalisera complètement, que plus tard. Ou qu’elle s’en voudra. Mais pour le moment, virtuellement, elle n’est plus seule avec ce secret. Il le rassure, lui affirme que c’est un bon endroit, ici, ce bar. Aussi Asani se permet-elle de couler un regard vers le reste du bar. S’attarde sur les visages fatigués, qui cherchent un shot d’énergie au fond d’un verre. Aux clopes qui tanguent sur le bout des doigts, qui n’attendent qu’une étincelle pour réchauffer les cœurs. Aux éclats de rire qui habitent l’endroit, à la tireuse à bière qui fait le plus gros du boulot. Lui commente ; assure qu’ils sont sympas. Mmh - ça restait à voir. Elle veut bien y croire, pour ce soir, pas sûr qu’elle reviendra jamais ici. Well, that seems like a nice idea. Having this sorta crew behind me. Yup, non. L’idée d’avoir ce genre de support, de la part d’une majorité de mecs blancs, hétéros, qui la suivraient dans l’ombre ou pire, se tiendraient derrière elle - c’était terrifiant. Non merci, faudra le voir pour y croire. Pour le moment, elle se contentera de ses frères.

Elle tourne finalement la tête vers lui, quand il se permet, peut-être, la remarque de trop. Il franchit une ligne invisible, et Asani sentit son échine la démanger. Hors de question d’évoquer Omari ici, hors de question d’évoquer les relations que ses proches entretiennent les uns avec les autres. Elle aurait pu lui répondre, tout le contraire, mais c’était déjà trop. Trop d’informations sur sa vie privée, pour celle qui rechignait tant à l’évoquer aux autres. Ses lèvres s’étirent, un sourire un peu pincé. Elle ne veut pas le blesser pour autant - pas comme ses collègues, qu’elle malmène gentiment, allègrement, régulièrement. Sorry, but we’re not gonna talk about them. Elle est partie pour se changer les idées, après tout. Pas pour les ressasser.
D’un autre côté, elle n’a pas envie de partir - pas envie de se retrouver seule avec ses pensées.
If you could go anywhere, right now, where would you go ? S'évader, même par procuration. And if it's a restaurant, where would you go ? 'Cause I'm starting to feel hungry.

tw: grossesse, mention de nourriture

Elle n’a pas l’air convaincue par ses propos et il ne peut pas vraiment lui en vouloir. Il sait de quoi cet espace peut avoir l’air pour n’importe qui, mais alors pour elle, il veut bien admettre qu’elle soit d’autant plus sceptique. Décidément, il était vraiment nul pour parler, apporter du soutien à autrui - mais bon, ça il le sait depuis bien longtemps.

Et il continue de plus belle, apparemment. Il a envie de s’excuser, de lui dire qu’il pensait sa question être ok à poser. Elle avait elle-même amené sur la table les complications quant à sa grossesse, alors ça l’étonne un peu qu’elle se referme au sujet maintenant. Mais il sait aussi qu’elle vient de passer une journée plus qu’intense et confusante, et que surtout, on ne débat pas avec une femme enceinte. Puis en vrai, tout ça lui casse un peu la tête - à la base, il était quand même venu pour se changer les idées et elle aussi. Alors peut-être qu’il vaudrait mieux qu’il arrête si fort de faire ce qu’il pense devoir faire et s’en tienne à continuer à ce qu'il sait faire : être là. Jamais été le pote avec les mots les plus inspirants, mais toujours le pote qui est là. Disponible, attentif et attentionné. Il hoche simplement la tête quand elle pose sa limite. Il n’abordera plus le sujet. Lui-même a horreur qu’on lui tire les vers du nez, alors il comprend.
Pouah, bah ses deux ans d’isolation se faisaient bien sentir. C’est qu’il faut tout réapprendre, de la sociabilisation.

Il commence à réfléchir à sa réponse mais est vite interrompu par la deuxième. Lui de suite aurait voulu être dans un restaurant grec ou italien, mais se dit que celle en face aurait peut-être d’autres envies bien plus grasses, histoire de faire passer cette journée et cette nouvelle chaotique. « The pizza place around the corner really good. The steakhouse on the main street also, if you're more craving for meat. »

tw: alcool, nourriture, grossesse

Ce n’était jamais évident, de vouloir replacer une conversation à un endroit où celle-ci était confortable, sans froisser son interlocuteur. En général, Asani ne laissait pas la conversation sur ce genre de terrains, mais aujourd’hui … c’était différent. Ses habitudes bien loin, désormais. Une journée, et rien ne va plus. Demain, il faudrait recommencer. A vaciller, à découvrir, à appréhender, à paniquer.
Elle s’excuse, presque, d’avoir à la fois vidé son sac à ce parfait inconnu, et de dresser désormais la limite sur ce qu’elle était prête à partager. Elle venait de lui révéler ce qu’elle avait de plus intime, sa grossesse, son secret - qu’elle n’avait évoqué à personne d’autre. Désormais, toute question portant sur ses proches semblait agressive. Pour le moment, ils n’étaient pas concernés. Pour le moment, ils étaient épargnés - et ne devaient pas apprendre son secret avant qu’elle ne soit prête à le leur partager.

Asani lui demande conseil, à court d’idées pour fuir son domicile. Elle connaît pourtant le quartier, les adresses du coin, mais elle rêvait d’évasion. Qu’il lui dise un truc cool, comme aller sur la Lune ou à l’autre bout du monde ; mais son enthousiasme l’empêchera sans doute d’obtenir une telle réponse. Il lui propose tout de même deux adresses locales - c’est terrible, c’est une de trop, c’est un choix incroyablement complexe à cet instant.
Mmh, tough call. Ace pèse les deux options quelques secondes, sa main retombant sur le crâne de la chienne à ses côtés pour lui refiler quelques dernières papouilles. Pizza sounds great. I could use the walk. Thank you. Pour les réponses, le temps passé, la discussion.
Entre eux, reste le verre de whisky, intact, et le verre d’eau, vide. Quelques non-dits. Asani se lève, il est grand temps d’avancer. Mais avant de s’éloigner tout à fait, elle se retourne vers lui. You comin’ ? Son regard parcourt le reste de la pièce. Sans doute que non, il doit apprécier l’endroit et la compagnie des autres à la sienne.

tw: deuil, mention de nourriture

Il se contente d’hocher la tête quand elle le remercie. S’il avait pu lui apporter quoique ce soit de cette soirée, hein…

Il ne s’y attend pas du tout quand elle lui propose de l’accompagner. Il bégaye « Uh… yeah, sure. I could go for pizza. » Il se lève à son tour, attrape les deux verres. « You know what, my treat. For being a total social disaster tonight. » c’était bien trop triste de manger seul’e en public - le lui enfant ne le sait que trop bien. Ça l’était encore plus si elle avait déjà le cœur si lourd. Il s’adresse ensuite à Mandy. « Who’s also gonna get a big slice of pizza, huh? » la grise remue de la queue, pose deux pattes sur les jambes de son maître et tourne sur elle-même d’excitation. Le maître continue de ricaner tout gaga alors qu’il ramène les verres au comptoir, avant de saluer ses ami’es et le tenant, qui zieutent la dame, puis lui, puis elle, puis lui. Il voit bien qu’als se retiennent trop parler, mais entend toutes les lignes derrière le « Yeah, you have a nice evening, Zorro. » il râle dans un sourire grimaçant. « Tsk. Shut up. » ouais, d’accord, c’est vrai que de l’extérieur, Zusman qui sort de sa cave tout pimpant, approchant la première jolie femme seule du bar et repart avec, ça pouvait prêter à confusion. Mais même s’il la trouvait très belle, il n’avait pas la tête à ça. L’alliance autour de son cou, le froid de l’argent contre son sternum lui rappelle sans cesse celle à qui son cœur est encore lié, que son corps cherche, appelle, supplie encore après deux ans. Puis sa situation à elle aussi était si compliquée, ça serait vraiment le plan le plus foireux qu’il pourrait avoir depuis longtemps.
Le tenant lui empoigne l’épaule chaleureusement. « It was nice having you back, Z-Man. You take care, yeah? » le brun hoche la tête et sourit sincèrement, avant de rejoindre celle dont il ne savait toujours pas le nom. « Oh, I’m Zus, by the way. You? »

Als marchent dans l’air nocturne estival, sous les lumières des lampadaires et de l’enseigne de la pizzeria approchante. Il exprime tout haut ce qui lui tourne en tête depuis tout à l’heure. « … if it wasn’t that restaurant, it’d probably be… on… fucking- shrooms, I think. » il pouffe. Quitte à s’évader, autant carrément se tirer dans une autre dimension. Il lui retourne la question. Où est-ce qu’elle voudrait fuir, là de suite ? Elle aura tout le temps de lui étayer le paysage autour de copieuses tranches de satisfaction. Il sourit en observant Mandy qui avance le pas sautillant. Il ne regrettait pas d’avoir émergé de son terrier. Il avait presque oublié à quel point il fait bon vivre, ici.

tw: alcool, nourriture, grossesse, vulgarité

L’invitation est lancée. Un peu par politesse, un peu par dépit. Elle ne sait pas trop. Asani erre, mais elle ne rechigne pas la compagnie, après avoir passé sa journée avec sa voiture pour seule compagne. A sa propre surprise, il accepte. Clairement, elle n’aurait pas parié là-dessus. La suite l’étonne encore plus, alors qu’il propose même de payer la pizza. Surprise qu’elle peine à masquer. Uh ? Well, you were not, but I’ll take the offer ! sourit-elle.
Elle l’observe prévenir sa chienne - qui semblait avoir très bien compris ce qui se passait. Rien que pour elle, elle était contente de lui avoir proposé de venir avec elle. Ace avait également visé juste, en estimant qu’il aurait préféré rester avec ses amis, ici. Les “au revoir” trainent un peu, aussi part-elle devant en sentant quelques regards se poser sur eux. Les grandes accolades, les risques de se prendre une main en plein visage, très peu pour elle. Dehors, elle plonge dans le coffre de sa chevrolet, échange quelques affaires contre d’autres, récupère notamment une veste légère qu’elle glisse sur son bras. Émerge finalement alors qu’il sort également du bar. Un moment comme un autre pour finalement se présenter.
Zeus ? Un rire bref s’échappe de ses lèvres. Explains a lot. Obviously, I’m Fucked, as you probably guessed. Nice to meet you, Fucker, I mean - Zeus.

La pizzeria n’est pas loin, on peut y voir l’enseigne depuis le bar. Finalement, il répond à l’une de ses questions laissée en suspens. La réponse était inattendue, comme pressentie. Ce n’était pas un lieu - seulement un chemin d’accès. I never tried that. Cela ne lui avait jamais frôlé l’esprit. Pas avec un père flic. Not a great time to experiment, either. Pas envie de détraquer un foetus à peine formé. D’ailleurs - est-ce qu’aller manger une pizza, avec sa condition, était une bonne idée ? Il faudrait qu’elle google, avant de commander. Si y’a pas des aliments qu’elle devrait éviter, désormais. Juste au cas où.
Honestly, I don’t know. I’m fishing for ideas here. Somewhere in the past, or fast-forward a bit. Somewhere I don’t feel so … lost ; and confused. Le sourire est amer. Le temps est passé, passe, passera. Il lui suffirait d’attraper le bon wagon. De se laisser emporter dans un tourbillon, une routine, une direction. Pas ce soir. Pas dans cette pizzeria. Mais, bientôt. Un jour.

tw:  nourriture, obscénité, mention : alcool

Bon, il est apparemment le seul à s’être trouvé désastreux, ça le rassure pour elle. Puis ça lui faisait toujours plaisir d’offrir à manger à quelqu’un, surtout si ça pouvait un peu nourrir un cœur meurtri. Ça lui réchauffe le cœur de la voir sourire, il lui rend avec douceur.

Il pouffe de rire quand elle réagit à son surnom. « Pssh, explains what? » il rit d’autant plus quand elle finit sa phrase. Une bulle éclate quand elle se montre aussi vulgaire. Il a toujours été plus à l’aise avec les gens n’ayant pas peur de sortir des profanités. Fait plus facilement confiance en les intentions de celleux qui s’expriment exactement comme als le veulent, qui ne se cachent pas derrière la retenue d’une bienséance arbitraire qui l’a toujours dépassé.

Il pourrait la corriger, lui dire que le surnom qu’il avait prononcé n’était pas celui du suprême connard Olympien. Mais la vérité c’est que celui-ci avait également été un surnom qu’on lui avait attribué, et pour les mêmes raisons que celles qu’elle a l’air d’insinuer. 2006, il est l’archetype du dudebro Nu-Metal de son époque : muscles gonflés à bloc en dessous d’un marcel, imbibé de sueur et de bière après avoir remporté la compétition de keg-stand. Toutes les métalleuses de The O rêvent de leur chance avec Zeus. Alors forcément, tout le monde pense que c’est un queutard en puissance. Tout le monde avait tort. Mais fallait garder la face, alors il confirmait l’acuité de son surnom. " ‘Cause I shoot big white bolts of lightning ", qu’il sortait, ou une beauferie du genre.
Pouah, il en était loin, de ce p’tit con qu’il était. Il se demande comment elle va, celle qui avait dû le supporter tel qu’il était à cette époque.

Mais sûrement qu’il n’allait pas recroiser Fucked - euh, attend. « No way I’m calling you that. » il glousse. Elle lui donnera une alternative si elle le souhaite. - sûrement qu’il n’allait pas la recroiser, elle peut bien croire ce qu’elle veut, c’est pas grave. Sauf si… elle pense qu’il est actuellement en train de la charo ? Oh, merde. Bon. Elle finira bien par se rendre compte que ce n’est pas le cas.

Elle mentionne n’avoir jamais testé la psilocybine, il n’y réagit pas, se contente de glousser à la remarque qui suit, sans aller plus loin. Il l’écoute dans sa réflexion interne, qui a l’air intense et douloureuse. Il espère pouvoir la rediriger vers quelque chose de plus plaisant. « What’s the place that’d make you feel the opposite? » il affiche un regard pensif quand il spécifie sa question, juste avant d’entrer dans la pizzeria. « Where do you feel home? » il lui tient la porte et la laisse entrer, avant de déjà saliver devant la vitrine présentant les différents choix. Lui et Mandy doivent avoir le même air, à ce moment. Il commande -  se prend une végétarienne entière pour lui et une part de buffalo pour Mandy. La personne au comptoir demande ce qu’il en est pour Madame, il la laisse répondre avant de payer et de la laisser choisir une place.

tw: alcool, nourriture, grossesse, vulgarité

C’est simple, ce soir. Une rencontre, un chien, une bousculade, des confessions, une pizza. Et en même temps, c’est énorme. Tant de changements, en une journée. Tant de questions, de remises en question.
Zeus, à ses côtés. Au moins une réflexion qui lui permet de se changer les idées. Ses amis étaient un peu lourd - de ce qu’elle en avait entendu et conclu - mais au moins était-il bien entouré. Certes, elle n’était pas sûre de savoir si ses intentions, ce soir, étaient toutes innocentes, mais tant pis. C’était son problème. Asani, elle, savait ce qu’elle voulait - et ce qu’elle ne voulait pas.
Don’t call me, then, réplique-t-elle avec un faible sourire. Le choix qu’elle lui offrait était simple. Après tout, ils s’étaient satisfaits de leurs anonymats, encore quelques minutes auparavant.
Faut avouer que ses questions l’emmerdent un peu. C’est qu’elles sont un peu trop poussées, pour la soirée. Alors, ça l’oblige à réfléchir, pour ne pas tuer la conversation dans l'œuf. Elle rentre dans la pizzeria, confuse alors que la réponse la plus évidente lui parvient. Au travail. Mais hier encore, tout allait bien.
My job is very important to me. Yet I never thought of it as my home. I wish I could go back to yesterday. Ses soupirs s’éteignent au bord de ses lèvres. Il n’y a pas de réponse, pas de remède.
Au comptoir, elle imite Zeus et commande une pizza végétarienne - sans crème, sans viande, sans poisson, sans fromage. Sans problématique pour le passager qu’elle transporte, a priori. Thanks for paying. I didn’t invite you and expected you to do so … I feel kinda stupid, now. Même ça, ça n’allait pas.
Pour éloigner sa gêne, elle s’installe sur une petite table libre, près d’une fenêtre. A travers, on pouvait y voir la rue éclairée, quelques rares passants pressés, une enseigne lumineuse un peu plus loin. Ses doigts s’éternisent contre le pot contenant des condiments, des sachets de sauce épicée.

I guess it’s not gonna happen, so I might just as well embrace the effin’ journey. Demain. Demain, elle y croirait. Ce soir, chez elle, elle en pleurerait sans doute jusqu’à s’endormir. Easier said than done, I suppose.

tw: nourriture, religion/spiritualité

Il hoche la tête. « Alright. » Elle ne sera pas nommée, ça lui convient bien. Il acquiesce d’un « Hm. » quand elle mentionne son travail comme endroit le faisant se sentir chez elle. Il est curieux de savoir dans quel domaine celui-ci s’inscrit. Il lui demandera plus tard. Il secoue la tête quand elle fait aveu de son embarras. « Don’t sweat it. » Il la suit et s’installe à la table, Mandy s'assoit près de leur invitée, toujours garante de la sécurité de l’anonyme.

Elle ne peut pas retourner au passé, à l’ignorance de sa réalité présente, alors oui, elle a raison, elle ferait mieux d’essayer d’apprécier au mieux le parcours. « Right on. What’s past is prologue. » et elle était autrice du reste de son récit, avec un personnage en plus. Les pizzas arrivent, il remercie le serveur et ses yeux brillent devant toutes les couleurs devant lui. Il se frotte les mains et les garde jointe un instant, prière inconsciente témoignant de sa gratitude envers ce qui se dresse devant lui, “Ni Dieu Ni Maître” hein, mais merci quand même l’Univers for fucking pizza. Mandy elle reste à son poste, pense que ses regards vers la table sont discrets. Zus lui pose son assiette au sol, l’inclut dans ce repas partagé. « What’s your job? » question bâteau qui aurait sûrement dû être posée bien plus tôt dans cette soirée. Mais qui lui fait du bien, allège l’air autour de lui. N’allège par contre pas le poids qu’il va affaler sur son canapé cette nuit. Il plante un énorme croc dans sa pizza, là où Mandy elle, savoure la sienne à petits et gentils mords.

tw: alcool, nourriture, grossesse, vulgarité

Quand bien même Asani trouvait cette conversation difficile ; l’obligeant à chercher un peu plus loin pour trouver des réponses pertinentes ; elle l’appréciait beaucoup. Depuis combien de temps n’avait-elle pas eu une telle conversation ? Une qui ne se résume pas qu’à des futilités, qu’à des réponses sans saveur ni consistance ? Depuis combien de temps ne s’était-on pas réellement adressé à elle, intéressé à elle ? Alors, oui, la conversation était difficile - mais c’était ce qui faisait son intérêt.
Au moins Zeus trouvait le moyen de la soutenir, même dans ses méandres. Elle relève doucement ses paroles. What’s past is prologue. Elle inspecte ces mots sur le bout de sa langue, étudie leur sens - la formulation est drôle, mais juste. Peut-être, que c’était non pas un nouveau chapitre, mais un nouveau livre qui allait s’écrire, désormais. Si elle décidait de garder … hmpf. Elle aurait bien le temps de penser aux détails plus tard. I like this vision.
Asani en profite pour faire quelques caresses supplémentaires à la chienne quand on leur apporte les pizzas. Ah, si simple et si enviée, cette vie de chien. Envieuse, aussi, alors qu’elle dévisage la table de ses petits yeux si attendrissants. Puis, alors que sa part lui est offerte, son enthousiasme à manger. En effet, leurs pizzas semblaient délicieuses, et après un moment d’hésitation, Asani imita Zeus. Se servant de ses mains pour seul outil. C’est pas forcément sa façon de faire, mais qu’importe. Ce soir, personne ne ferait attention à ses manières. Et ça fait du bien. De manger quelque chose, de s’remplir l’estomac - qu’elle avait négligé toute la journée, et maintenant qu’elle s’en rendait compte, elle ne pouvait plus s’arrêter.
Oh - elle avait bien entendu la question, et sera ravie d’y répondre, mais sa faim était plus forte. Elle finit une première part - c’était étrange, de voir cette pizza entière devant elle, et non pas une part comme dans la plupart des restaus ici. Mais ce n’était pas pour lui déplaire. Elle avait presque fini la seconde quand elle prit une seconde pour respirer. Et rajouter de la sauce piquante.
Yeah, I’m an architect. A fancy way of saying that I draw maps all day. Satisfaite de sa sauce piquante, elle repose le sachet - vide. I can’t wait to see my name on something. That way, you’ll know my name. Or maybe I should just keep the “Fucked” … Like … “The Fucked Up … Square”, trouve-t-elle finalement, pas peu fière de son jeu de mots. Elle pouvait le visualiser, n’empêche … ça serait mémorable. Pas très PG-, mais quand même.
What do you do ? Lui renvoie sa question, avant de retourner à sa pizza. Crocs en avant.

tw: mentions: licenciement, nourriture, tentative de suicide (implicite)

Il hausse les sourcils et se contient de glousser quand elle mentionne son métier, histoire de garder la nourriture dans sa bouche. Merde, faudrait pas qu’elle pense qu’il se moque. Bon, elle finira par comprendre que ce n’est pas le cas. Il la laisse finir. Mais elle aide pas en le faisant rire à nouveau, il ricane sincèrement, pomettes rondes, rides au coin des yeux. Il attrape son verre d’eau et glisse « That’s just my room. » juste avant de se désaltérer. Il abuse un peu, le salon transformé en studio était dans un bien meilleur état qu’il y a un an encore. Mais rassembler tous ses essentiels de vie dans une pièce et un mobilier pas prévus à cet effet, ça rendait l’endroit un peu incongru.

« I was a construction worker. One of those your kind gives a hard time to. » il blague avec un sourire. Même si celleux qui devaient vraiment en avoir après les architectes devaient être le deuxième maillon de la chaîne - les ingénieur’es. « Jokes aside, it’s good to see one that is passionate about the job. » il sourit chaleureusement. C’est un acte d’amour si pur, de construire des abris, des lieux de rassemblement pour d'autres humain’es. C’est aussi une grande responsabilité. Il trouvait cela primordial que la mission soit confiée à des personnes investies dans leur art.
Mais le présent lui revient à la face, il déglutit difficilement. Les chantiers, l’équipe - ceux avec qui il a grandi, avec qui il avait passé vingt-quatre ans de sa vie, c’était derrière lui. Souvenirs douloureux de son licenciement. Dernier semblant de famille qu’il avait perdu. Ça l’avait détruit, assez pour qu’il n’essaye de se détruire lui-même. C’est fou de se dire que c’était à peine il y a un mois alors qu’aujourd’hui il est ici, à rire avec une inconnue avec qui il partage un repas. It does get better. « I just started a new job just this week. It’s at the Mission Pacific. I’ll see where that goes. » Il savait bien qu’il n’allait pas rester toute sa vie à ce poste, mais ça n’avait pas l’air trop mal pour l’instant.

tw: nourriture, grossesse, vulgarité

Parler de son travail lui fait du bien. Parce que c’est simple. Elle pourrait en parler pendant des heures - même si là n’était pas son intention, ne souhaitant pas forcément détailler trop sa vie à Zeus, qu’elle considérait toujours comme un parfait inconnu. Alors, elle s’oublie, mange avec ses mains, trop épicé, rigole, et fait des blagues qu’elle n’assumera pas le lendemain. Mais, pour ces quelques minutes, elle s’autorise un peu de répit.
Se détend quand Z commente “that’s just my room” en réponse à son “fucked up square”. Un très bref aperçu, une image qu’elle pouvait imaginer sans mal. Elle-même n’avait pas toujours été la plus carrée question rangement, surtout plus jeune.

Elle en apprend plus sur lui, notamment le fait qu’il ait travaillé sur les chantiers. Elle prend sa pique avec un sourire, et se permet de répliquer : oh yeah, so sorry we gave you work. Elle acquiesce un peu plus, confirme son amour pour le métier ; it’s not always easy, but I do love it.
Cependant, si leurs métiers ont un jour pu se croiser au détour d’un chantier, il n’en est plus rien, désormais. Elle apprend qu’il vient de commencer un nouvel emploi - se demande si elle se trompe de lieu car cela n’a rien à voir avec la construction. As in, the hotel ? L’interrogea-t-elle, sa part de pizza tenue d’une main. Yep, dans sa tenue actuelle, elle avait bien du mal à l’imaginer dans un tel cadre. D’un autre côté … ils n’étaient pas sur son lieu de travail. I never could’ve guessed it. Is it as cool as it seems to be ? Really good food ? tenta-t-elle de demander entre deux bouchées.
Avant de se souvenir. De paniquer. Wait, are the spices baby-proof ? Fuck, fuck, fuck. Asani posa sa part de pizza rapidement, s’essuyant les mains avant de sortir son téléphone pour vérifier.
Quelques instants plus tard, elle put le ranger de nouveau. Not the best but not-so-bad, so we’re good. Finit par se passer les mains sur le visage. Est-ce que cela allait être son quotidien, désormais ? Se poser des questions avant chaque repas ? Franchement, ça lui en couperait presque l’appétit …

tw: deuil, grossesse, nourriture

Il rattrape la balle de son sarcasme, c’est bon jeu. C’est agréable, de lui parler, à cette dame. Ça fait du bien après des années d'isolement. Quand elle mentionne la difficulté de son métier, il ne peut que répondre « I imagine. » même si bien différent de son ancien métier, il voulait bien croire que c’était aussi très demandeur, juste sûrement pas de la même manière. « Yup. » il confirme. Il souffle de rire à sa question. « You’re asking the wrong guy, anything remotely edible is good food to me. » il affirme en terminant sa part. « So yeah, good food. Not so good customers, though. » les touristes riches qui venaient à son guichet lui parler pire qu’à un chien ou lui taper des crises pour un objets qu’als avaient perdu comme s’il les avait lui-même arraché de leurs poches, c’était son quotidien. Ça va qu’il sait garder son sang froid. Il se rend compte des informations qu’il a omises, qui pouvaient porter à confusion sur ce qu’il faisait désormais. « I mainly manage the lost and found there. » Il aurait voulu lui répondre que oui, elle était safe de manger épicé, mais sa bouche est pleine. Il la regarde paniquer puis se rassurer. Il sourit mélancoliquement. « Spicy foods were my wife’s first concern too. » puis ricane tendrement, la pommette ronde luisant à la lumière des plafonniers. « 'Said it’d be confirmation that God is White if pregnant people couldn’t eat ‘em. » Il boit une gorgée d’eau. « What’s the food you’re gonna miss most? »

tw: nourriture, grossesse, séparation, sobriété & alcool

Elle avait quand même du mal à l’y imaginer. Dans un tout autre costume, bien plus sur mesure, chaussures vernies aux pieds. Le standing de l’hôtel était élevé - le restaurant était étoilé au Michelin. Rien à voir avec la petite pizzeria dans laquelle ils se trouvaient. Elle acquiesce lorsqu’il mentionne la différence de clientèle - avec l’espoir secret qu’il lui raconte une anecdote ou deux. Ce n’est pas le Mission Pacific qui fait la une des médias avec des histoires sordides, mais il devait bien y avoir quelques bruits de couloirs, des rumeurs farfelues, des mondanités absurdes qui restent gravées dans les annales …
Non, rien. Du moins, il lui apprend qu’il ne fait rien en rapport avec la construction, les menus travaux ou même la restauration - il gère les objets trouvés. Look, you can’t just say all the juicy context, and leave out all the juicy information. C’m’on. I gotta know. Who has been seen with whom ? Any celebs ? What’s the craziest thing that got forgotten once and never been claimed ? I know you told me you just started but you must’ve heard some stuff, right ?

Sa curiosité assouvie, elle allait plonger sur sa part de pizza avant que la réalité ne se rappelle à elle. Est-ce qu’elle pouvait ingérer toutes ces épices, maintenant qu’elle avait noyé sa pizza dessous ?
Un tour sur son téléphone lui apprit -presque- ce qu’elle voulait, et il lui semblait que c’était bon. Feu vert. Pourtant, la bonne nouvelle ne suffit pas à lui rendre l’appétit - coupé par ce millier de questions qui se bousculaient dans son esprit.
Elle ne s’attendait pas franchement à des révélations sur la vie privée de son vis-à-vis, de Zeus-le-marié ? Retient du bout des lèvres une question qui aurait pu être prématurée. Heureusement, sa pizza occupe encore l’espace entre ses dents et elle se force à comprendre - pourquoi celle-ci n’avait pas été mentionnée auparavant. Sans doute qu’il était divorcé - un pressentiment, ou bien transposait-elle sa propre situation sur lui. Mais il était sur un chemin de sobriété, et cela aurait pu être lié à une séparation. De plus, le fait qu’il était en train de manger avec elle, Asani, et non elle, sa femme, était aussi plutôt indicateur.
Oh, yeah, she’s black. Or at least, ethnically ambiguous. Au moins, ce sujet lui arrache un sourire. Le reste, pas vraiment. Elle retrousse le nez et les lèvres, sur un sujet plus délicat. Erm, I don’t know yet how long … uh, my sobriety journey is gonna take ... Maybe I won’t have time to miss anything. I don’t even know what’s … Du plat de la main, qu’elle agite au niveau de son cou, elle lui signale le reste de sa phrase. Elle n’avait aucune idée de ce qui était interdit, à l’exception de l’alcool et d’une bonne partie des médicaments. Fun times ahead. But, wine ...

tw: addictions (alcool, drogues, tabac), thèmes sexuels

Elle veut connaître les secrets de son lieu de travail, qui devaient être multiples, il sait bien. Mais il se contente de glousser. « Aah, sorry. Haven’t got anything good. Only been there for a week. And even if I did hear some juicy stuff, I don’t think I care enough to remember. » Jamais porté d’intérêt pour les gossips, encore moins de ceux à propos de célébrités. Il faisait ce taff par défaut, mais finalement, sa nature faisait peut-être de lui le candidat idéal pour la discrétion. « I did collect my first dildo, though. A pretty… artistic one at that. » il n’en avait jamais vu de comme ça avant, mais soit, chacun ses fantasmes. C’était un joli trophée de passage en tant qu’employé.

Il souffle dans un doux sourire mélancolique, hochant légèrement la tête. « Yeah. She is. » Ça fait presque du bien, de parler d’elle au présent. L’air changeant de son interlocutrice le rattrape avant qu’il ne se laisse emporter par la tristesse. Il ne s’attendait pas à une telle réaction à sa question qui lui paraissait pourtant bien innocente. Il comprend mieux en l’écoutant. Il se recule sur son siège, la moitié de sa pizza restante dans son assiette. Il affiche un regard pensif. « Wine, huh? The hangovers must feel terrible. » Surtout s’il s’agissait des bouteilles les moins chères. « Won’t be easy. But it might be for the better. » il hoche la tête, en guise de solidarité sincère. « Having kids, it… made me quit. Everything. » l’alcool, le tabac, la kétamine, le cannabis, la coke. « All that crap… it became meaningless. » son regard se fait lointain, aussi chagriné qu’aimant. « I hope it goes the same way for you. »