when the sun goes down - #zusman
Ils se sont retrouvés sur un parking à proximité de la plage quasiment une heure auparavant. Poignée de mains franches donnée entre les deux hommes. Quelques mots échangés brièvement, avant de rapidement se mettre en route avant que le soleil ne se couche complètement et qu'ils se retrouvent dans la pénombre. Pour l'occasion, vu que la séance de sport est le long de l'eau, l'ancien militaire décide de courir pieds nus, vêtu simplement d'un short et d'un débardeur. Il s'adapte à l'allure de son partenaire de course du soir, n'imprégnant pas de rythme élevé. A l'aller, le blond est plutôt studieux, restant sage. Cela dure les trente premières minutes, avant qu'il ne fasse signe à Zusman de faire demi-tour pour retourner là où ils ont garé leur véhicule. Le rythme du retour dans le sable est un peu plus lent. Il sent bien que son partenaire commence à cracher ses poumons. Alors, pour détendre un peu l'atmosphère, il lui fait un signe de la tête pour qu'ils se rapprochent un peu plus de l'eau. Sentir l'eau sous la plante de ses pieds à chaque foulée, lui fait du bien. Rarement, il vient courir en bord de plage, préférant parcourir la ville, ou autour du lac. Il est rare également à présent qu'il court de nuit, pour la tranquillité d'esprit de sa femme enceinte comme elle lui a demandé. Il songe à venir ici un peu plus régulièrement, en se disant pourquoi pas après tout. Surtout que cela lui permet quand il n'est pas seul de se détendre un peu, ce qu'il fait en accélérant un peu pour prendre quelques mètres d'avance sur le brun, s'arrêter d'un coup pour envoyer de l'eau dans sa direction. - C'était trop tentant, tu sembles avoir un peu de mal ! Puis il repart en courant à ses côtés, comme si de rien n'était. Quelques minutes plus tard, il annonce enfin le signal de la fin. Ils ne sont plus qu'à quelques centaines de mètres du parking, autant les terminer en marchant, le temps pour chacun de reprendre son souffle. - Alors, tu regrettes de m'avoir accompagné et ça sera la seule et unique fois ? demande-t-il en tournant la tête en direction de l'autre homme.
Il n’est pas prêt pour ce jogging que lui a promis Tyler, il le sait. Quelle idée d’aller suivre un vétéran et futur pompier pour une activité physique ?
Mais il sait que ce sera bon pour lui, que Tyler l’a proposé dans l’intention de partager un moment sympa, mais probablement surtout une occasion d’évacuer, comme il l’avait mentionné à leur première rencontre. Il souffle dans un sourire alors qu’il met sa gourde dans sa ceinture de course - qu’il n’avait pas dû sortir depuis dix ans au moins. Il y a dix-sept ans encore, cet homme était la cause de sa dispute suivi de sa rupture avec Lena, aujourd’hui ils allaient faire un jogging ensemble. Il ne s’attendait pas à ça comme fin à cette histoire, mais ça lui convenait très bien.
Il crache en effet ses poumons derrière le blond, même si l’eau au contact de ses pieds rend le challenge un peu plus surmontable. Faut dire que ça faisait maintenant plus d’un an que son corps était bien affaibli par tout le chagrin qui le rongeait, par toutes les toxines qu’il y mettait. Il est persuadé qu’elles avaient été toutes été éliminées par la sueur qui s’écoulait hors de lui. Tyler accélère - mais où est-ce qu’il puisait encore toute cette énergie ? - et l’éclabousse. La fraîcheur de l’eau le surprend, il rit. Il ne parvient qu’à haleter un « Ouais, ouais… » en guise de réponse.
Ils arrivent sur la fin du parcours, vers le parking, en marchant. Zusman attrape le bas de son T-shirt et s’essuie le visage avec. Son cœur pompe au mieux qu’il peut, il halète et pousse un grand râle. « Oh, putain… » le géant à ses côtés lui se tient à merveille, comme s’il s’agissait de sa balade quotidienne. C’était sûrement le cas, en fait. Il plaisante, le brun lui ricane, essoufflé. Son corps était à bout, mais d’une bonne manière. Il fait de nouveau connaissance avec cette sensation, cette satisfaction mentale, ce soulagement physique de se surpasser. Il était assez sportif dans sa jeunesse, avant que la famille ne vienne s’ajouter à son travail. Cette épreuve avait rallumé ce truc en lui, de se bousculer, de se défier. « Franchement ? » il prend une grande gorgée d’eau, puis s'essuie grossièrement de l'avant-bras. « J’espère que ça sera pas la dernière. J’compte bien au moins égaler ton rythme, ça sera un bon début. » Il s’arrête, les mains sur ses genoux. Il voulu lui dire qu’il se rendait bien compte de ses années militaires derrière lui, mais décide de ne pas amener le sujet à moins que lui ne le fasse. Il avait déjà été proches de vétérans, était conscient de ce que ce genre de carrière pouvait laisser chez les gens. Il se contente de le complimenter. « T’es un monstre, Ty-Rex. »
Le bruit des vagues qui s'échouent sur la plage. Une compagnie qu'il juge bonne à ses côtés. C'est un bon cadre pour se détendre avec un entraînement léger, du moins en ce qui le concerne. Lui, bien souvent trop responsable, il se laisse aller, et se détend, se permettant d'éclabousser son partenaire de cette fin de journée. C'est comme s'il n'aura pas bientôt quarante ans. Il est presque comme un adolescent durant quelques secondes, même si cette période pour lui n'a pas été longtemps insouciante. Esprit léger qui sourit en donnant le signal pour qu'ils arrêtent de courir. Sur le moment, il ne peut s'empêcher de taquiner l'autre homme, en lui demandant s'il reviendra ou si ça sera l'unique fois qu'il l'accompagnera. Il a bien compris durant leurs foulées que leurs conditions physiques sont différentes. Il va falloir du temps au brun pour se remettre en forme, si c'est ce qu'il désire. De son côté, il est prêt à l'accompagner mais ne forcera rien. Ce n'est pas son genre. Ou plutôt ça ne l'est pas quand une personne n'est pas dans son cercle restreint. Peut-être que Zusman entrera dans ce cercle à terme, il ne se pose pas la question pour l'instant, prenant les choses comme elles viennent, et n'obligeant à rien. Si ce n'est d'être clean et correct quand il s'approche de sa femme et de sa fille. C'est tout ce qu'il demande l'ancien militaire, exigences non élevées mais qui pourtant peuvent sembler une montagne quand il s'agit d'une personne ayant diverses dépendances. - Égaler mon rythme, vraiment ? Il sourit alors que l'autre reprend son souffle. Il ne peut lui dire que ce n'est qu'une routine pour lui. Au début de son entrée dans l'armée, il crachait ses poumons, tout comme lui. Mais au fil du temps, des entraînements, sa condition physique s'est améliorée. S'il ne transpire pas beaucoup au retour de ce jogging, c'est parce qu'il n'a pas couru à son rythme habituel, s'adaptant à l'autre. - C'est tout ce que je te souhaite, d'arriver à mon rythme. Je te proposerais bien un entraînement intensif quotidien mais ma femme croirait que j'ai plus de vues sur toi que sur elle. Il plaisante, continuant de marcher à ses côtés en direction de parking. Sa gourde est restée dans sa voiture, il n'a pas jugé bon de la prendre avec lui au départ. A la mention du monstre mais surtout du surnom, il se met à rire. - Dis plutôt un dinosaure qu'un monstre. Merci vieil homme. Il secoue doucement la tête, s'amusant encore de cette comparaison à ce dangereux dinosaure. Un redoutable prédateur, faisant énormément de dégâts sur son passage. Ce qu'il n'est pas, du genre à dévorer ses ennemis, ni de bonnes personnes. - J'espère que tu feras d'autres jogging, assez régulièrement, sans moi. On pourra accélérer le rythme la prochaine fois. Et pourquoi pas, terminer sur une petite course entre les deux, un peu à la Rocky et Apollo, sans se tomber dans les bras à la fin.
Il ricane à sa plaisanterie, autant pour le rythme qui aurait été bien trop intensif pour lui que l’idée qu’il puisse avoir des vues sur lui, le mari de son ex, parmi toutes les personnes possibles. Puis c’est absurde parce que Zusman est hétéro, évidemment. Il répond le souffle encore laborieux. « Manquerait plus que ça. » Ça relèverait d’une bien mauvaise rom-com. « Pas assez vieux, pour dinosaure. Ça j’te l’laisse pour quand tes petites te demanderont si tu les a connus. » Il glousse nostalgiquement, pensant à la fois où Elijah lui avait fait le coup. Il aurait été ravi de connaître Tyler - un militaire grand comme un T-rex, il aurait tenu du super-héros à ses yeux. Lena aussi très probablement, grande médecin qu’elle est.
Il s’abreuve tandis que le blond parle. « J’vais pas avoir le choix, j’pense… » il soupire. « J’viens bien de m’prendre la réalité dans la gueule. Si j’veux pas caner à soixante balais, j’pense qu’il faudra vite que j’m’y remette. » Cet effort, il le ressentait puissance mille. Il ne s’était jamais senti si faible, malingre. N’avait jamais été aussi creusé et sec. Bien loin de sa jeunesse, quand il se tuait à la musculation, parce que sa
« J’peux te proposer de s’poser chez moi si tu veux, mais j’imagine que t’as tes princesses à aller rejoindre ? » Tyler venait de lui offrir un moment loin de son quotidien, il pouvait au moins essayer de lui rendre la pareille.
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