dancing with the devil
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“ I CAN FEEL YOUR HEARTBEAT, HEARTBEAT, HEARBEAT
WE DON’T TALK ABOUT IT, BUT WE KNOW THAT YOU’RE MINE
IT’S OKAY, YOU’RE NERVOUS, IT’S OBVIOUS AND YOU CAN’T HIDE
WE’RE TOO CLOSE, I SHOULD GO, DON’T LET ME DRIVE HOME ”
outfit | apparence | Ça fait plusieurs fois, qu’als jouent ainsi - qu’elle l’attend à la table d’un bar, qu’il vient au comptoir et l’épie de deux billes voraces, alors que Blondie fait mine de l’ignorer, lui adresse quelques fois des regards qui galvanisent ses instincts.
Quelques fois, il avait vu des gars l’approcher, tenter leur chance. Et il avait observé Blondie les envoyer valser avec adresse, usant de toute l’habileté de ses mots comme elle sait si bien faire. Ces moments avaient fait gronder un tonnerre en lui, non pas de colère, ni d’angoisse cette fois. Mais de satisfaction, de la savoir sienne. Sa proie, rien qu’à lui - dont seul lui allait avoir accès à la lingerie sous ses vêtements, qu’aucun autre homme dans ce bar ne pouvait espérer deviner. Si grisant, comme sensation, propulsée par le goût d’un exquis whiskey dans sa bouche.
Puis venait le départ de la chasse : l'effarouchée se levait, quittait le bar, et le chasseur la traquait jusqu’à chez elle. Suivait sa trace, ses pas pressés, sa tignasse dorée qui secouait à chaque détour de rue. Clébard aux instincts de chasse excités par la fourrure dorée de la lapine qui saute les marches, court vers son terrier. Il se glisse dans les dernières secondes d’ouverture de la porte de son immeuble, la suit jusqu’à celle de son appartement. Il cogne la porte de celui-ci du poing avant qu’elle ne puisse la fermer et la poursuit alors qu’elle commence à s’échapper.
Le dos de Blondie repose sur son torse, son corps menu embrassé par sa large carrure. Il fait couler de l’eau le long de ses épaules. Il pose le pommeau là où il peut, laisse l’eau peu à peu remplir le cocon de fonte. Il attrape un savon, y frotte ses mains pour ensuite les glisser lentement le long de son corps. Mains chaudes qui viennent doucement masser ses côtes, sa poitrine, son ventre, ses cuisses. Il les passe le long de ses bras, vient loger une de ses mains dans la sienne, avant de la frotter de l’autre. Nettoie méticuleusement chacun de ses braves doigts qui s’étaient bien battus. Il remarque une égratignure sur son poignet, sûrement qu’il avait dû la griffer là sans s’en rendre compte. C’était devenu une routine depuis, chacun se laissait des marques. Il retient ce détail dans sa mémoire avant de passer à l’autre main.
Il presse doucement une paume sur son épaule, l’invitant à se relever. C’est ensuite son dos qu’il masse de ses mains savonnées, qu’il essaye de libérer des dernières tensions qu’il retient. Il attrape de nouveau le pommeau et mouille la pointe de ses cheveux avec de dessiner des zigzags d’eau jusqu’au sommet de sa tête. Il rassemble ses cheveux en arrière de ses deux mains. Cette vision lui fait sauter un battement de cœur.
Il attrape son shampoing (et cette fois-ci, ne se trompe pas avec les autres soins) (mais il avait retenu de quelle bouteille il s’agissait seulement pour qu’elle arrête de le faire chier avec ça, absolument pas pour prendre au plus soin de ses cheveux, il en avait rien à foutre lui, de ces trucs de gonzesse) et l’applique sur ses mains avec de lentement masser son crâne. Son cœur s’emballe. Il passe ensuite ses doigts mousseux le long de ces crins dorés qu’il aime tant, qui commençaient à envahir les pages de son carnet de croquis. Ça satisfait quelque chose en lui, de la pouponner ainsi. Occasions ratées de jouer à la poupée quand il était petit, parce que ce n’est pas un jeu pour garçons.
Il lui rince la tête et lui essore doucement les cheveux. Il s’adosse de nouveau contre la baignoire, la basculant avec lui. Il passe ses mains sous ses bras, les joint sur son ventre. Il reste là un moment, essaye de sentir par sa respiration où est-ce qu’elle en est dans sa redescente. L’y accompagne en respirant au même rythme qu’elle. Là, dans le silence, avec comme seule ambiance le bruit de l’eau s’écoulant.
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WE DON’T TALK ABOUT IT, BUT WE KNOW THAT YOU’RE MINE
IT’S OKAY, YOU’RE NERVOUS, IT’S OBVIOUS AND YOU CAN’T HIDE
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outfit | apparence | Ça fait tellement mal, cette tension. Cette dispute constante entre ce désir suppliant et cet égo impitoyable. Ça presse son cœur dans une cage bien trop petite pour sa taille. Il redoutait l’aftercare autant qu’il ne l’anticipait. Tiraillé par la soif de tendresse - de sa tendresse - et l’aversion à trop s’approcher d’elle, de trop se révéler. Il a peur Zusman, mais il ne se l’avoue pas. Ne le comprend même pas. Lui au contraire, pense faire preuve de bravoure, de force par sa résistance à se montrer vulnérable.
Mais tout ça, Blondie le fout toujours en l’air quand elle est là contre lui, à deux doigts de s’endormir, en sécurité, en confiance dans ses bras. La douceur de ses mains sur les siennes, qui ne connaissaient que le labeur et la violence lorsqu’elles n’étaient pas dans celles de Blondie. Les séances ont beau se succéder, il ne s’y fait pas, son cœur bat toujours aussi ridiculement fort quand als se retrouvent là. Battements qui flinguent tous ses efforts de se montrer impassible. Blondie fout toujours tout en l’air.
C’est encore pire quand elle fait ça - quand elle s’impose pour prendre soin de lui à son tour. Il avait râlé les premières fois, mais elle ne l’avait pas laissé maugréer bien longtemps. Y avait qu’elle, qui lui faisait fermer sa grande gueule, à Zeus. Qui le rendait docile comme ça. Blondie fout toujours tout en l’air.
Il frissonne toujours quand ses mains râpent les poils sur sa mâchoire, tracent doucement ce nez qui n’avait pourtant été sujet que de violences et moqueries durant sa vie. Il détestait le fait qu’elle le regarde de ses yeux si perçants, si proches de lui. Il savait jamais où regarder quand son visage était dans ses mains; et il était hors de question de croiser ses iris. Il ne sait pas ce qui pourrait arriver s’il se perdait dans ce grand bleu.
Il avait essayé de fermer les yeux une fois, mais c’était encore pire, de s’abandonner ainsi à ses caresses. Alors il regardait sur le côté, avec la mine d’un cabot mouillé qui prend sur lui. Qui se met debout quand maîtresse lui demande. Putain, c’est si humiliant. D’être réduit à ça, lui, Zeus. Blondie fout toujours tout en l’air.
Blondie, Blondie, Blondie. Elle occupe tant de place dans sa vie, dans son esprit, sur les pages de son carnet, sous forme de croquis, ou de poèmes. Tant d'espace, trop d'espace pour Zeus, qui devrait être le centre de l'Olympe.
L’enchantement-supplice prend fin. Il la rejoint en dehors de la baignoire, attrape la serviette et se sèche. « Yeah. I could eat something. » C’est que toute cette activité donne faim. Il pend sa serviette - toujours au même endroit. Il se dirige vers le canapé du salon, son lit habituel, fouiller dans son sac à dos. Il en sort un boxer propre qu’il enfile. Il vient s’asseoir dans la cuisine. « So? Everything good on your side? » Autre chose qu’il avait retenu de ses recherches : débriefer. Pour s’assurer que tout va bien, savoir s’il y a des choses à améliorer, à revoir, à ne pas refaire. Ça allait peut-être la même réponse que d’habitude, mais il valait mieux prévenir que guérir, ne pas répéter la même erreur que leur première fois.
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“ I KNOW I'M DANCING WITH THE DEVIL
AIN'T NO CHANCE OF HEAVEN, GOING STRAIGHT TO HELL
I KNOW I'M DANCING WITH THE DEVIL
DARKEN UP MY HEAVEN, BRIGHTEN UP MY HELL ”
outfit | apparence | Cette proximité, Lotte ne pensait pas en ressentir le besoin un jour, surtout avec lui. Ces moments après leur session lui semblaient indispensables. Ils ne se parlaient pas, intériorisant chacun de leur côté ce qu'ils venaient de vivre, assimilant chacun à sa manière leur dernière expérience. Et pourtant, c'était dans ces moments de silence qu'elle avait l'impression de le connaitre, de sentir sa peine qui faisait écho à la sienne. Elle ne savait pas de quoi ni comment mais elle voyait bien que tout ça n'était qu'un masque. Que derrière ses iris impassibles se cachait quelque chose de plus fort, de plus intense, de plus vrai. Elle savait très bien qu'il ne se confirait jamais et étrangement, cela rassurait Lotte. Rassurée de ne pas à devoir lui expliquer, à ne pas devoir lui raconter ce poids qui lui pèse. Contrat implicite entre eux, ne rien se dire que ce qui est nécessaire, ne pas devenir intime. Ils ne sont pas un couple et n'en seront jamais un. La règle n°1 était claire mais dans cette baignoire, à ses côtés, elle aurait voulu envoyer valser cette règle, foutre en l'air tout ce qu'ils avaient décidé. Elle sentait déjà que sa noirceur l'atteignait, la rongeait de l'intérieur. Corrosion de son âme, de cette armure qu'elle essayait de mettre en place.
Lotte se rendit dans la cuisine. Reprendre le cours des choses, comme si de rien n'était, comme si l'armure n'avait pas commencé à se fendre. Elle sortit la bouteille de lait et se versa un verre. Elle ne savait plus trop si elle avait besoin du froid pour faire reprendre quelques forces ou pour retrouver sa façade glaciale, impassible. Elle but une gorgée de lait avant de rouvrir son frigo et regarda ce qui lui restait. Presque deux heures du matin, ils n'allaient pas commencer à préparer un truc. "I have stir-fried vegetables if you want." Repas de midi que Lotte n'avait pas réussi à finir. Ce n'était pas grand chose mais ça pouvait le dépanner, c'était déjà ça. Elle sortit le Tupperware ainsi qu'une poêle. Régulièrement, elle s'arrêtait pour continuer à boire son verre. Elle n'avait pas spécialement soif mais ça lui faisait du bien, comme si ça l'aidait à reprendre un peu de force.
Quand il lui demanda si tout allait bien pour elle, elle se demandait si c'était juste pour faire la conversation ou si vraiment il s'intéressait à sa réponse. "Everything is fine. And you ?" Pourtant tout ne l'était pas forcément. L'état d'inconscience qui se prolonge, dont elle a de plus en plus de mal à sortir commençait à inquiéter Lotte. Elle ne savait pas si c'était normal, si c'était elle qui déraillait complètement. Cela devenait de plus en plus fort, de plus en plus intense. Elle perdait complètement le contrôle, à chaque fois elle se retrouvait prisonnière, à la merci de ceux qu'elle affrontait. En réalité, cela lui faisait peur. Elle posa ce mot et regarda dans le vide, perdue dans le flot de ses pensées. Le verre de lait au bord des lèvres, en suspens dans l'atmosphère. Elle avait peur d'y retourner, peur de les affronter, quand elle perdait le contrôle, c'est eux qui l'écrasaient, qui la malmenaient. Ils avaient le dessus et elle ne pouvait gagner. Encore et encore, fatalement perdante de la situation. Dans ses souvenirs comme dans son subconscient. Sans faire attention, sans prendre garde à ce qu'elle faisait, elle posa sa main contre la poêle brulante "Oh shit !" cria t'elle surprise par la chaleur et la douleur. Décidément, en cuisine, Lotte était une vraie catastrophe.
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outfit | apparence | « That’ll do. » il lui répond, avant de changer de position sur l’assise de sa cuisine. Ça va qu’elle avait le dos tourné, et qu’elle ne l’avait pas vu se tenir ainsi, le menton reposant sur sa main, l’observant évoluer dans son espace. “ You’re softening, Zeus. That pussy must be crazy ” que lui avait sorti un de ses potes. Alors il se rappelle de bien manspread et de regarder ailleurs. C’qu’il s’en fout, de la voir comme ça, à cuisiner dans son appart, toute juste vêtue d’une serviette. Ça lui fait pas du tout imaginer ce que ça doit être de partager plus d’une nuit avec elle. Ça éveille absolument pas une envie de l’enlacer par derrière, d’enfouir son nez dans ses chev… Elle se retourne boire, il fuit des yeux. C’était là qu’il lui avait posé sa question, juste à temps.
Sa réponse le laisse perplexe. Quelque chose dans le ton qu’il commence à cerner chez elle. Il pourrait lui demander si elle en est bien sûre, mais faudrait pas avoir l’air trop soucieux de ses états d’âme. « Yeah, I’m good. » Silence gênant. Pour lui en tout cas, elle, a l’air d’être autre part. Il fronce les sourcils alors qu’il remarque son regard si lointain.
Il le voyait bien, pendant leur lutte, qu’elle était ailleurs, des fois. Mais il ne sait pas encore dire où - dans le fantasme de leur jeu, ou quelque chose de plus sombre. Faire cette différence est encore une chose à propos d’elle qui est en cours d’apprentissage. Mais il ne demandera pas. Pas ses affaires, pas sa meuf. Tout ce qu’il sent, c’est qu’elle n’a pas l’air d’être encore bien redescendue de leur toute la tension. Pourquoi est-ce qu’elle s’était levée si vite, dans la baignoire ?
Elle se brûle contre la poêle et confirme son sentiment. Il se lève et la chasse du plan de travail. « Move, woman. » plus acceptable de prendre la place ô combien humiliante d’un homme en cuisine si c’est précédé d’une formulation misogyne. Logique implacable.
Il commence à fouiller dans ses placards, se sert. Elle allait peut-être rouspéter un truc, il l’enverrait chier de toutes façons. Il fait pleuvoir quelques épices avant de faire sauter les légumes, le jet de poignet naturel et aisé. Tout ça, il le fait par pure volonté de se montrer plus capable qu’elle, bien sûr. Mais en aucun cas par volonté de l’éloigner d’autres blessures possibles et de donner du plaisir à son corps d’une nouvelle manière. En la nourrissant de simples légumes devenus une généreuse plâtrée d’une espèce de ratatouille improvisée aux couleurs vives, l’odeur invitante, la chaleur réconfortante. Il avait pas vu le temps passer. Faut croire que lui aussi, était parti autre part pendant un petit temps.
« Eat up, princess. Then I’ll take- » il s’empêche de dire “care”. « …a look at my marks. » “my marks”, pas “your bruises”. Parce que ballec, d’elle, c’est l’assertion de son territoire sur son corps, qui importe.
Il l’avait vue commencer à s’endormir sur le canapé quand il cuisinait. Alors cette fois-ci, exceptionnellement, les soins post-lutte allaient se faire sur son lit. C’est qu’il aurait nulle part où dormir, si elle prenait le canapé - il se voyait mal prendre son lit. Mais attend - il pourrait juste la réveiller, en fait. Mais, putain - y a un truc chez elle, dans ses traits, son p’tit nez retroussé, qui lui fait penser à un chat. Et quand un chat s’endort à un endroit, on ne perturbe pas son sommeil. Règle universelle et intemporelle.
Il ramasse le couvert sale et le met dans l’évier. Il la regarde, ses opales sont bien petites, elles ont l’air de peiner à rester ouvertes. C’est mi
C’est en effet là que de longues griffures rosées s’étirent, que l’encoche de ses dents est s’imprime au plus profond dans la chair, tel un sceau. Il trace délicatement du bout des doigts son sillage, une satisfaction rauquante se dispersant en lui. Ses cordes vocales vibrent bassement. Satisfait de se voir ainsi sur elle. Fier de lui, mais aussi d’elle, presque ému de se savoir - de s’espérer avoir une place si spéciale, privilégiée. Assez pour qu’elle ne lui accorde un tel accès à son corps, une telle marge de manœuvre sur son terrain.
Il est surpris par le sforzando de son cœur alors il se rappelle à l’ordre. Il s’occupe de cette face de son corps comme de la première, avant de ranger son matériel et s’apprêter à aller dormir dans le salon.
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“ I KNOW I'M DANCING WITH THE DEVIL
AIN'T NO CHANCE OF HEAVEN, GOING STRAIGHT TO HELL
I KNOW I'M DANCING WITH THE DEVIL
DARKEN UP MY HEAVEN, BRIGHTEN UP MY HELL ”
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Lottie et sa maladresse naturelle. Quand elle était plongée dans ses pensées, elle ne faisait plus attention à rien, incapable de se concentrer sur autre chose, de se rappeler de l'environnement qui gravite autour d'elle. Et ça n'avait pas loupé, la main qui se pose directement contre la poêle brulante. Elle dépêcha de poser son verre avant de le renverser à son tour. Lotte examina sa main, la peau rougie au contact du Téflon chauffé. Heureusement c'était que sa main droite, ce n'était pas important. Elle passa rapidement sa main sous l'eau froide avant de se rappeler que les légumes avaient besoin d'être retournés. Mais elle fut couper dans son élan, il la poussa hors de sa cuisine. C'était quand même un comble, elle était chez elle et c'est elle qui se fait dégager ! "I'm not made of glass." protesta t'elle quand il la sortit en force de la cuisine. Elle s'était un peu brûlée, pas de quoi en faire toute une histoire. Mais quand elle le vit s'afférer dans sa cuisine, ouvrant tiroir et placard pour s'occuper du repas, elle trouva que finalement ce n'était pas mal d'être en sucre. Un instant, elle le regarda cuisiner. Il avait l'air de savoir y faire, il cachait bien son jeu le grumpy cat.
Au fil que la brûlure s'estompe, elle sent la fatigue la gagnait à nouveau. Si elle n'est pas active, son corps réclame de recharger ses batteries. Lotte s'installe dans le canapé, gardant un oeil vers la cuisine. Elle ne voit que les hauts de ses épaules et sa tête. Elle sourit en l'imaginant vivre ici, il prenait ses marques très facilement dans son appartement. Les papillons qui volaient dans son ventre ne semblaient pas être contre cette illusion. Qu'ils se voient plus que pour le
Sa voix raisonna comme le chant des sirènes, lointain, embrumé. Mais elle avait cru comprendre l'idée de base, se lever, il avait tout préparé. Pourtant, elle sentait que son estomac était noué, encore bien retourné de qu'elle avait vécu mais il avait pris le relais, il avait cuisiné pour eux. Elle se leva comme elle pu et aller s'asseoir pour picorer ce que son estomac acceptait, ne laissant pas passer grand chose. "You're a good cook, you know ?" Il faut aussi dire que Lotte à l'inverse n'était pas une très bonne cuisinière. Manger servait simplement à ne pas mourir. Elle cuisinait rapidement, ne prenant pas vraiment le temps d'associer les arômes ou de les relever avec des épices - et pourtant on ne cessait de lui en offrir, il devait y avoir un message.
Les paupières de plus en plus lourdes, Lotte se sentait partir et arrivait de moins en moins à résister à l'appel du sommeil. Elle s'en voulait de le laisser faire, l'invité qui gère la cuisine et qui débarrasse, sa mère serait là, la blonde se ferait tuer. Et pourtant, elle s'habituerait bien à la présence du brun en ses murs. A sa capacité à prendre les choses en main, à gérer quand elle est sur le point de faillir. C'était reposant, c'était rassurant, c'était aussi particulièrement étrange de sa part ! Mais là aussi, les pensées de Lotte fonctionnaient à deux à l'heure, hurlant d'aller se coucher. Elle se lève de sa chaise et ni une ni deux, il la porte. Si ça continue, elle va vraiment vouloir s'y habituer. Ses bras autour de sa nuque, elle repose sa tête contre son épaule, sentant la chaleur de son torse contre sa joue, son odeur lui titillant les narines. C'est fou ce qu'elle aimait de plus en plus son odeur, qu'un peu plus chaque fois, elle devenait indispensable.
Il l'allongea sur le lit, lui retirant sa serviette. "Don't bother, I can't handle a second round." Elle savait pourtant très bien que la suite n'était absolument pas celle-là mais elle n'avait pas pu s'empêcher de faire la remarque. Poupée de chiffon, elle ne bougea pas, se laissant là aussi complètement faire. Toujours cette envie de dormir, rester éveillée devenait un véritable challenge sa seconde de plus. Elle geint quand il se met à l'embêter avec son doigt, elle bouge la tête pour qu'il laisse son nez tranquille. Ah oui c'est vrai y a l'autre côté, elle se retourne et s'allonge sur le ventre. C'est quand il s'occupe de son dos qu'elle sent ses mains sur sa peau, caresses pour soigner les stigmates de la soirée. Massage réparateur après l'intensité de leur séance. Lotte sourit, adorant ce moment intime, cette douceur après la férocité. Par moment, elle se demandait si elle n'acceptait pas tout ça juste pour cet instant, d'être avec lui. Mais toute bonne chose a malheureusement une fin.
Lotte marmonna comme elle put "Please stay for a while, I..." (don't want to be alone) mais les mots ne sortaient pas. Petite fille qui se mettait à avoir peur du noir, qui craignait que les ombres viennent la chercher dans son sommeil. Elle ne voulait pas être seule cette nuit, elle voulait qu'il reste avec elle et mais ne savait pas vraiment comment lui dire autrement. La fatigue, l'effort mental intense avant, elle avait sorti ça comme ça, presque sans filtre. Elle aurait pu regretter si elle avait eu assez de force pour réfléchir encore. Morphée l'appelait, ses bras l'enlaçaient plus vite qu'elle ne l'aurait pensé et cette fois ci, elle décida de ne pas résister, sombrant en peu de temps dans un sommeil profond.
Sommeil lourd, obscurité qui l'enserrent. Elle se sent prisonnière d'une force invisible, immuable. Elle ne se souvient pas de quoi elle rêve, son inconscient lui ferme ses portes cette nuit là. Elle n'aura que les sensations au réveil mais aucun souvenir précis. Doucement ses yeux s'ouvrent à nouveau, prenant un moment pour s'habituer à l'obscurité. Incapable de savoir combien de temps elle avait dormi, le voile de la nuit semblait ne pas s'être encore levé. A ses côtés, elle sentit une présence, sa présence. Elle entendait son souffle régulier, profond. Il était bien resté auprès d'elle. Gardien de son sommeil. Son coeur s'emballa en se rendant compte à quel point sa présence à ses côtés lui faisaient du bien, la rassurait. Dans la pénombre, elle devina ses traits, apaisés. Elle le regarda un moment dormir, le coeur raisonnant jusque dans ses tympans. Doucement, elle posa sa main sur sa joue, caressant le contour de ses yeux, suivant la ligne de son nez, l'ondulation de ses lèvres. A cet instant, avec pour seul témoin la lune de ce tendre moment, Lotte ne l'avait jamais trouvé aussi beau. Pas la beauté standard, des classiques des stars d'Hollywood. Une beauté plus brute, plus pure, plus compliquée. Le myocarde emballé comme jamais, elle ne put s'empêcher d'imaginer ce que ça faisait d'être autre chose que ce qu'ils étaient, de développer intimé et sentiments. Bien qu'elle n'en avait pas - bien sûr que non, enfin, ce n'était que physique entre eux, rien de plus. Passant ses doigts dans ses cheveux, il fallait bien qu'elle se ramène à la réalité "It's just a game, not a real thing..." Elle aurait voulu continuer à jouer jusqu'aux premières lueurs du jour s'il pouvait rester à ses côtés.
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“ I CAN FEEL YOUR HEARTBEAT, HEARTBEAT, HEARBEAT
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outfit | apparence | Il savait que Blondie allait rouspéter quelque chose. « You’re right. You’re made out of ass. » Il lui met une fessée aussi grossière que sa remarque afin de la chasser. Il esquisse à peine un sourire, non pas à son humour graveleux, mais peut-être à cette scène. De se voir là, à cuisiner pour Blondie, alors qu’elle est installée sur le canapé. Il pourrait s’y habituer. Peut-être pourrait-il amener le repas la prochaine fois. Les autres fois aussi. Après tout, il peut bien cuisiner pour celle qui acceptait de se donner en tant que proie à malmener, non ? Ça paraît être un échange équitable. C’est d’ailleurs juste pour l’équité, qu’il pense à cette éventualité. Sûrement pas pour lui faire plaisir.
Il garde les yeux sur son assiette alors qu’elle en prend une première bouchée - même s’il guette sa réaction dans sa vision périphérique. Elle le complimente, Zeus aurait répondu “I’m a better cock”, mais la nourriture a une place sacrée dans la vie de Zusman. Fruits de la nature, du labeur et du savoir-faire de braves paysans et artisan’es, lui permettant de jouir de d’abondance dans son assiette, d’emplir son corps de richesses nutritives. Alors sa remarque obscène, il la garde pour lui. Mais il ne sait pas comment réagir aux compliments non plus, alors il se contente de pousser un court grognement. À défaut d’accepter les compliments, il pouvait au moins signaler qu’il les entendait.
Il déteste quand elle fait ça, quand elle met ses doigts autour de sa nuque alors qu’il la porte. Quand elle repose sa tête contre lui comme ça, que ça fait cogner son cœur contre leurs peaux. De la sentir si vulnérable dans ses bras. Mais qu’est-ce qu’elle fait chier, Blondie, à foutre le bordel partout où elle passe - son corps autant que son esprit. Elle est chiante quand elle fait ses blagues comme ça, avec ce ton pince-sans-rire. Il tombe toujours dans le panneau les premières secondes. « Oh, me neith- Tsh. » il lui flanque doucement l’oreiller sur le visage. Il tourne la tête et grimace un sourire amusé malgré lui. Mais qu’est-ce qu’elle est chiante.
Il n’a pas le temps d’être surpris par sa demande. Quand elle a cette petite voix, elle fait tomber tous ses murs. Chaque particule de son corps est alerte, attentive au maximum de leur capacité et il acquiesce instantanément. « Ok. » C’est instinctif, automatique. Sa seule mission devient sa sécurité et son confort. Comme la première fois qu’elle lui a demandé de rester près de lui, il y a un mois. Il n’y a qu’elle qui rend Zeus si docile. Only Blondie.
Il éteint les lumières et s’allonge sur le lit - en dehors de la couette, fallait pas pousser non plus, même s’il l’air automnal se fait un peu sentir sur son derme, il allait pas passer ce cap beaucoup trop intime que de s’installer dans son lit. Probablement qu’elle allait s’endormir avant lui de toute manière, et qu’il allait en profiter pour retourner sur le canapé. Il reste là, sur le dos, une main sur son ventre, l’autre du côté de Blondie au niveau de sa propre tête. La laisse s’approcher ou non, selon ce dont elle a besoin.
Il est quelque part loin, profond. Dans l’eau ou l’espace, il sait pas trop. Same shit, un peu. L’atmosphère n’a pas de température. L’air ondule, fait danser des tâches abstraites suivant le courant. Une de ces tâches s’étire, se transforme. Elle dessine une silhouette. Il la connaît, cette femme, il ne sait juste pas de laquelle il s’agit. Tout ce qu’il sait, c’est qu’elle ne veut pas de lui. Elle s’éloigne, s’approche d’un autre. Il n’a pas de visage lui non plus, mais il est tout l’inverse de ce qu’il est lui. Ou plutôt, il est tout l’inverse de ce qu’il était auparavant. Il est donc ce qu’il est aujourd’hui. Zus et Zeus se font face. Ils sont assis sur un sol qui n’est que théorique. Lui se roule un joint, en face, il lit un comic. Zusman ne parle pas, mais il l’entend lui demander. Pourquoi est-ce qu’elle-s ne revien-nen-t pas, du coup ? Pourquoi est-ce qu’il est toujours seul dans ce vaste néant ? Pourquoi est-ce qu’eux ne sont toujours pas fiers de lui ? Pourquoi est-ce que ce n’est toujours pas assez ? Quel autre dieu plus puissant encore est-ce qu’il doit être, pour être irremplaçable ?
Zeus l’omniscient est sans réponse. Il hausse les épaules et fume son joint. Il crache la fumée qui ondule dans les airs, se transforme en particules dorées dansantes. La nuée dorée flotte, serpente vers lui. Elle forme un nuage au-dessus de lui qui pleut lentement sur Zeus et fait de lui Danaé. Il ferme les yeux, ses muscles se relâchent. La poudre d’or tombe et laisse une chaleur le long de ses joues, de son nez, de ses lèvres. Elle se fixe sur les plaies de son visage — kintsugi. Elle prononce quelque chose.
« What? » qu’il veut demander, mais les muscles endormis de sa mâchoire ne laissent passer qu’un doux râle vaguement interrogateur. Il dort encore, mais son corps n'a pas oublié la mission qu'il s'était donné avant de s'endormir. Il est allongé sur le côté droit. Il dégage son bras droit et l’étend. Le bras gauche lui vient entourer le corps devant lui et le serre contre le sien. Il lève la tête pour lui laisser de l’espace. Dans sa respiration lourde et régulière, il sent ses cheveux. Il vient les chercher du nez avant de l’enfouir en eux, les lèvres collées à son front. Il pousse quelques grognements confortables et soupire avant que sa respiration ne reprenne son rythme.
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outfit | apparence | La pénombre comme refuge, Lotte profitait de cet instant suspendu dans le temps. Son cœur s’emballant dans sa poitrine, le regard plus doux que ce qu’il ne devrait. Elle passait sa main sur son visage, caresse intime qu’elle ne pouvait imaginer à la lumière des rayons lunaires. Il était resté avec elle, comme elle avait souvenir de lui avoir demandé. Enfant effrayé par les monstres qui à la nuit tombée viendrait la chercher, elle avait ressenti le besoin de sa présence et pas simplement de le savoir dans le salon, endormi dans le canapé. Elle le voulait avec elle, auprès d’elle. Demande et besoin qui devraient pourtant être un non-sens. Ils ne sont pas en couple, ils ne sont pas intimes. Ils sont ce qu’ils sont et rien de plus. Ils sont l’instant présent, les moments volés, sans réflexion, sans hésitation. Mais ils n’étaient pas l’avenir et ses plans sur la comète, les rêves pleins la tête. Et pourtant dans sa chambre éclairée par la lueur de lune et des étoiles, Lotte se demandait ce que ça ferait s’ils étaient plus. S’ils dormaient ainsi chaque nuit, réveil à ses côtés chaque matin. Mais comme elle se souffla à elle-même, rappel de ce qu’ils étaient réellement. Entre eux, ce n’est qu’un jeu, rien de sérieux, rien de réel. A la fin de la partie, il n’y aurait rien. Seulement deux âmes qui reprendront leur chemin, comme s’ils ne s’étaient jamais croisés, comme si ce qu’ils avaient vécu n’avait pas d’importance.
Lotte devait se marteler ça dans le crâne, ca n’a pas d’importance. Ils ne sont rien et resteront ainsi. Son cœur fit un bond dans sa poitrine quand il se réveilla, grommelant quelque chose comme à son habitude. Elle hésita un instant à s’excuser puis elle n’en fit rien. Si elle ne parle pas, elle n’aura pas s’expliquer. S’expliquer de pourquoi elle avait ressenti ce besoin de le caresser, de suivre les lignes de son visage, de profiter du silence et de l’apaisement de la nuit pour s’octroyer cette illusion de proximité, d’intimité. Car elle même ne savait pas pourquoi elle avait eu besoin de ça, pourquoi éveillé elle fait tout pour le tenir à distance, l’éloigner sans le fuir mais une fois endormi, elle a besoin de lui, d’imaginer un monde de possibilités infinies où aucune n’a une chance d’aboutir.
Alors elle ne dit rien, reste parfaitement muette, spectatrice habituelle de sa vie, de ses choix faits par son inaction. Elle se laisse complètement faire quand dans son état semi conscient il l’enlace. Posant sa tête sur torse, plongeant son visage contre la base de son cou. Elle chercha à caler sa respiration au rythme de la sienne, le sentant doucement replonger dans les bras de Morphée. Elle passa sa main droite autour de sa taille, caressant doucement le bas de son dos. Elle se laissait bercer par son torse qui se lève avec respiration, son odeur enivrante, sa chaleur protectrice. Enveloppée contre lui, Lotte a l’impression de fondre en lui. De ne faire plus qu’un corps, plus qu’une âme.
Le sommeil la tire également, les ténèbres l’avalent à nouveau. Elle sent les regards des silhouettes sans visage. Ils l’ont vu, ils la veulent, ils sont là pour la prendre. Couloir délabré, murs suintants, débris au sol. Elle court comme elle peut, sentant leurs griffes acérées prêtes à l’attraper. Malgré toutes ses forces, malgré la peur, elle court au ralenti, sachant pertinemment qu’elle ne pourrait leurs échapper. Au loin, une nouvelle silhouette apparaît, sortant d’un appartement. Plus grande, plus massive, elle l’appelait à la rejoindre. La course est inégale, elle sait qu’elle n’arrivera pas à temps. Mais elle essaye, la peur devant le carburant dans ses veines. La silhouette protectrice est la seule qui peut la sortir de là, la sauver de ses poursuivants. Quand elle fut à portée, Lotte tendit son bras. Flash de lumière blanche qui l’aveugle d’un coup.
Lotte ouvre soudainement les yeux, sursautant à son réveil. Le soleil réchauffant la chambre de ses rayons protecteurs. C’est là qu’elle sentit à nouveau son bras autour d’elle. Être frêle et fragile protégé car cette masse imperturbable. Elle se rapprocha encore d’avantage, se collant complètement à lui. Le seul à être capable de la protéger de ses démons. Elle essaye de calmer son myocarde, calant sa respiration sur la sienne. Espérant qu’elle ne l’avait pas réveillé à nouveau, espérant de ne pas devoir lui expliquer ses rêves ni pourquoi il semblait être le protecteur contre ses démons.
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“ I CAN FEEL YOUR HEARTBEAT, HEARTBEAT, HEARBEAT
WE DON’T TALK ABOUT IT, BUT WE KNOW THAT YOU’RE MINE
IT’S OKAY, YOU’RE NERVOUS, IT’S OBVIOUS AND YOU CAN’T HIDE
WE’RE TOO CLOSE, I SHOULD GO, DON’T LET ME DRIVE HOME ”
outfit | apparence | Rien ne le réveille, Ronflex. Un autre surnom qu’on avait donné au gars qui s’était endormi devant la porte des chiottes à une soirée, avait rendu l’accès à celles-ci aussi impénétrable que la Route 12 du Kanto. Il pousse simplement un grognement agacé quand il entend le réveil, puis serre la peluche plus fort contre lui. Elle est douce, elle sent bon, elle épouse parfaitement son corps, comble parfaitement chaque creux de celui-ci. Elle est chaude, mouvante.
C’est cette dernière observation qui vient le rendre perplexe dans son sommeil et lui fait ouvrir les yeux. Difficilement. Lève-tôt mais pourtant pas du matin Zus, l’a jamais été. Il grommèle lorsque la lumière du jour l’éblouit. Il continue ses râles tandis qu’il se couvre les yeux de la main gauche, pour ensuite étirer son bras, basculant sur le dos. Son émergence s’arrête un instant quand il remarque des cheveux blonds sur son torse. Silence.
Il la regarde, les sourcils froncés par la lumière, par sa perplexité. Oh merde, le con. Il s’était pourtant juré de pas s’endormir là. Il ne laisse pas le temps à l’embarras de s’installer en lui - pas de si bon matin. Il dégage son bras droit et Blondie avec, puis s’asseoit sur le côté du lit. Il se frotte le visage. Putain… nan. Il veut pas se prendre la tête avec ça maintenant, il a même pas les capacités cognitives pour, de toute façon.
Il se lève et va faire sa toilette, réinstaure la routine habituelle, que cette erreur de parcours ne changera pas. Blondie fait sa vie, et il en a rien à faire. Il s’en fout, mais à un point, de connaître sa routine matinale, de voir ce qu’elle boit, ce qu’elle mange le matin. Lui se rhabille, referme son sac à dos et se chausse. Pourtant, il ne peut s’empêcher de la regarder une dernière fois - si belle, les cheveux en bataille, si mignonne, les traits encore bancals. Ça mettait en valeur ce côté de sa bouche si particulier qui le fait craquer. Envie d’y poser un petit baiser juste avant de partir.
Hein ? Il secoue la tête. N’importe quoi. Il allait partir sans un mot, comme d’habitude. Cette erreur ne changera pas quoique ce soit. Il se lève, ouvre le loquet et referme la porte derrière lui.
Il pose son casque sur le meuble d’entrée de son studio et laisse glisser son sac au sol. Il s’affale sur son canapé pliable et soupire laissant tomber sa tête sur le dossier. Il joint les mains et les repose sur l'arcade de ses sourcils. Il grommèle. « You fucking idiot... » Et comme toutes les putains de fois, le panorama commence dans son esprit. Il revoit toutes les images de leur entrevue, chaque photo que son esprit a capturé. Ça l’agace. Besoin d’exorciser ça, que ça n’occupe plus son esprit. Alors comme à chaque fois, il attrape le carnet dans la poche de sa poitrine, retire le feutre logé dans l’élastique de la couverture, tourne les pages, pleines de Blondie. De tentatives de reproduire ses yeux, son nez, sa bouche. Son corps, c’était acquis depuis longtemps. Il le dessinerait de tête, ses mains le connaissent par cœur. Mais son visage - il aimerait avoir plus de temps pour l’étudier.
Il trace. Sa silhouette dans la serviette, l’arrière de sa tête, la texture de ses cheveux mouillés, mais surtout, elle assoupie sur le canapé. Elle ne le sait pas, mais il avait attendu quelques secondes avant de la réveiller pour manger. Avait laissé les traits de son visage s’adoucir alors qu’il prenait le temps d’admirer ses traits. Alors cette capture, c’est celle qui le satisfait le plus dans ses gribouillis d’aujourd’hui, celle qui s’approche le plus de Blondie. Il date ses croquis et scelle son carnet.
Il arrive pas à lire ce bouquin, ça le saoule. Pas possible de suivre une phrase sans que d’autres mots à propos de Blondie ne s’y apposent dans son esprit. Pas possible de profiter d’un bouquin tranquille. Blondie fout tout en l’air.
Besoin de passer ses nerfs. Il allume sa XBox et démarre Doom 3: ROE. Après tout, il y avait peu de pensées qu’une partie de Doom n’avait pas réussi à chasser au cours de sa vie.
Mais son tir est pitoyable il rate le niveau pour la cinquième fois. Il laisse tomber sa manette sur le canapé et râle. Putain, même ça ? Mais qu’est-ce qu’elle fait chier, la blondasse, à parasiter son cerveau, comme ça ! Pourquoi c’était si dur, aujourd’hui ? C’était rien, de dormir avec elle, c’est bon, pas besoin d’en faire tout un bordel. Faudrait qu’il commence à préparer sa bouffe pour la semaine, de toute façon. Sûrement que ça aidera, ça, que ça l’emmènerait autre part, comme quand il cuisinait pour elle. MERDE, putain, non, pas elle encore. Aller.
Il sort ses ingrédients et se met à la tâche. Les aliments s’ajoutent, se mesurent. Comme les mots dans sa tête. Il ajoute des épices, goûte, en rajoute. Teste un verbe, pas assez précis, va en chercher un autre, en même temps qu’il cherche ce pot de tomates séchées à l’huile qui apporteraient exactement la touche d’acidité qu’il manque à son plat. Son regard se perd dans toutes les couleurs, les textures devant lui, hypnotisantes. N’empêche, qu’est-ce qu’elle le retourne, cette meuf. Une tornade qui le laisse en ruines.
Hm.
Seule la lumière de son chevet éclaire la pièce, les boules de papier sur le plancher. Il regarde une dernière fois ses lignes sur son carnet. Pas convaincu. C’était mieux sur une des boules froissées, finalement.
Il les récupère, les déploie. Ouais, C’est celle-là. C’est pas incroyable, mais c’est ce qu’il avait en tête, ce qui lui démangeait. C’est cette version qui le gratte exactement au bon endroit. De toutes façons, il est trop tard pour cette merde, il a la flemme de retaper ce torchon une énième fois. C’est qu’il taffe, demain.
Il plie la feuille et la place dans son carnet. C’est bon, il peut dormir.
- in ruins:
- Fake god, filled with pride
Stormy facade, Zeus personified
Thought I was a ruler, that I had it all in control
´Till this siren came out of the water, captured my soul
She sings and thunder god is no longer
She swings threads of gold and I turn into a poser
Just for her soothing touch on my aching limbs
I do all the twelve labors
So we can make all of our whims
The misery of her neighbors
She rocks my world - She leaves it in ruins
Blondie ruins everything
And yet it leaves me longing
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