easy, buddy — bobby
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easy, buddy — bobby

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easy, buddy
「 feat. @Bobby Makani ; 30 Septembre 2023 」
tw: addictions (alcool, drogues (k)), dépression, métaphore gore, pensées intrusives, vulgarité

L’air est étouffant. L’impression qu’il se coince dans sa poitrine à chaque inspiration sans pouvoir l’expirer. Qu’il crée une cage asphyxiante autour de son cœur, oppressé sous la tension. Il sait ce qu’il y a là-dedans, il le sait très bien. Mais impossible de le faire sortir. Pourtant les émotions grouillent bien dans sa cage thoracique, il a l’impression qu’elles pourraient percer son torse et sortir telles des tripes tombant au sol à chaque instant. Qu’elles agiraient comme un acide qui ronge tout sur son passage. Sensation de vide profond et aspirant qui renaît. Ah, oui. Le familier trou noir. Celui qu’il avait oublié depuis Juillet. Il savait. Il savait qu’aller si bien ne présageait qu’une chute fracassante à venir. On y est. On verra bien comment ça finira, cette fois-ci. Qu’est-ce qu’il a été con de croire que ça pourrait aller mieux. Tout ce qu’il construit se pète toujours la gueule. Ça faisait une semaine maintenant qu’il était ainsi, le regard grave, le pas lourd. Son silence habituel devenu presque assourdissant tant il était pesant. Écho du même silence mort en lui.

Et pourtant ce silence, il le préfère des millions de fois au vacarme des pensées intrusives. Celles qui lui font l’effet de mille poignards s’enfonçant dans ses organes à répétition, acharnés et infatigables. Pensées dont la violence acérée tonnait trop fort dans ses oreilles, appelant à la kétamine pour faire taire le supplice. Alors ouais, aujourd’hui, il se sent chanceux de plus tenir du trou noir que de la salle de torture.
Faudrait qu’il appelle quelqu’un, il le sait. Mais pas envie de faire chier qui que ce soit avec ses fardeaux, mêmes fardeaux qui avaient contribué au coma de Lena, il n’en doute pas une seconde. Les parents Feld ont toujours répété à leur petit d’arrêter de chialer, qu’il n’y a pas de raison. Et le voilà aujourd’hui tel qu’il est, quarantenaire incapable d’exprimer ses émotions aux autres. À lui-même, ça il sait faire. Pas sans se culpabiliser et s’invalider sans cesse, cela dit.
Il a déjà sorti Mandy aujourd’hui. Il restera le reste de la journée dans le canapé. Pas besoin de manger non plus, pas de raison pour, il ne travaille pas. Nan, il est bien là, dans sa souffrance silencieuse et rongeante. Elle ne fait du mal à personne à part lui-même, c’est parfait. Il la mérite.


Il n’a pas vu la journée passer. Ne sait pas combien de temps il a passé endormi, éveillé, ou entre les deux. Mais le silence est toujours là, tant mieux. Son estomac implore à être rempli, il le sent. Ça fait mal, mais il laisse cette douleur traîner. Peut-être pour se punir, peut-être par pure léthargie. Il sait pas, il s’en fout. Il se retourne sur son canapé et se rendort. Cette fois-ci, c’est une phrase qui le réveille.
( Pauvre merde. Elle aurait honte de toi. ) Il râle. Non. Qu’il la ferme. Il s’en sortait bien jusqu’ici. Qu’il ferme sa gueule.
( Ils ont tous honte de toi. ) Il enfonce sa tête dans son oreiller. Non. Stop.
( Ils ont toujours tous eu honte de toi. Tes parents en premier. Tes meufs. C’est pour ça qu’elles t’ont toutes remplacé ou te faisaient comprendre sans cesse que t’es pas assez bien. Pourquoi tu penses à Blondie, là ? Tu penses vraiment qu’elle en fasse partie ? Elle a toujours eu honte de toi elle aussi, elle a juste jamais eu le courage de te le dire, t’es tellement merdique qu’elle a préféré se barrer. Ta femme aussi. Elle a juste eu pitié de toi. Elle aurait été bien mieux avec un autre, elle aussi. T’as gâché dix ans de sa courte vie qu’elle aurait pu passer plus heureuse avec quelqu’un d’autre. ) Il geint de douleur dans son drap. Le train est parti, il sait qu’il n’arrivera pas à l’arrêter. Il essaye de combattre l’envie, le besoin de s’anesthésier à coup de . ( C’est bon, va t’en chercher, t’essayes d’impressionner qui de toute façon, avec tes deux pauvres mois de sobriété ? Tout le monde s’en fout. T’as plus personne à rendre fier, ‘fin pas que t’ai déjà rendu qui que ce soit fier de toute façon. ) Ça repart de plus belle. Il part se passer de l’eau froide, se mettre de la musique, mais rien n’y fait, ça ne s’arrête pas. « Merde, merde ! » Nique. Il attrape ses clés et part, en laissant Mandy à la maison, qui gémit d’inquiétude. Le préssentiment qu’elle ferait mieux de rester ici.

S’il ne pouvait pas assommer les pensées, il pouvait peut-être au moins assommer ses envies de par l’ivresse. Il sait qu’il devient imblairable et con quand il est soûl et parasité par sa haine de lui-même, mais tant pis. Là de suite, sa priorité est de ne pas rechuter. Le sentiment qu’il n’en ressortira pas cette fois-ci. Pas envie non plus d’acheter de l'alcool, l’impression que ça serait ré-ouvrir la porte vers la maison pleine de bouteilles vides au sol, telle qu’elle l’était encore l’année dernière. Non, ce soir il irait au bar, sûrement qu’il serait encore un fardeau pour Bobby, mais à ce stade, il a accepté le fait qu’il doit être le pire ami. ( Pff, ami, t’es bien sûr de toi. Il a juste pitié de toi, lui aussi. ) Oh, mais ta gueule.

Il se présente au comptoir en essayant d’avoir l’air le moins pitoyable que possible, même s’il sait que Bobby verra très bien derrière son jeu. Mais tant pis, là, il veut juste se mettre une mine. Il le ferait pas chier longtemps, juste celui nécessaire pour voir flou, et il sera hors de ses pattes. « Hey BB. » The Initials BB. Condensé joueur de tous les surnoms qu'il avait pu lui donner - B, Big B, Biggie, Big Boy, Bo, Brigitte, Bardot… ça allait plus vite.
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「 feat. @Zusman Feld ; 30 Septembre 2023 」
tw: évocation d'alcool, décès et dépression.

Les semaines avancent mais les journées ne se ressemble pas. Je dois avouer qu'avec Moana qui demande de l'intention, les deux autres qui reste toujours en besoin aussi... Je dois avouer que parfois je me sens légèrement surmener. Surtout qu'avec le boulot qui n'arrête pas, Tully qui me fait tourner la tête. Les choses ne sont pas toujours simple mais ma vie est comblé de bonheur. Je me laisse porter par le vent, laisse faire les choses car je trouve cela tellement plus beau de me laisser voir ce que l'avenir me réserve. Quand je vois que malgré le drame vécu je me retrouve devant le bonheur de la paternité à nouveau, que je me retrouve à nouveau sous le charme remplit d'intérêt et de classe... Bref, je me sens heureux et cela n'a pas de prix. Ce qui m'embête le plus actuellement c'est de pouvoir voir un de mes plus cher ami souffrir. La souffrance je la connais elle m'a collé au corps durant de long mois, de longues années. Aujourd'hui elle poursuit le pauvre Zusman et ce soir alors que la soirée bat son plein au bar je le vois débarquer au comptoir, en piteux états et je demande à mes serveurs de me laisser gérer. De s'occuper du reste des clients, faisant mine que tout aille bien. J'essaie de le mettre le plus à l'écart possible afin qu'il ne devienne pas une bête de foire et je soupire longuement. - Salut Zus' - J'esquisse un léger sourire. - Que puis-je faire pour toi ? - Cette phrase voulait tout dire. Elle ne parle évidemment pas que de le servir mais, bel et bien qu'est-ce que je peux faire pour l'aider. Je n'ai pas de pitié, enfin légèrement oui mais j'ai surtout de la peine. Ce qu'il vit est jamais simple mais, le vivre seul c'est la pire chose à faire. Je sais de quoi je parle. Après la mort des filles j'ai voulu rester seul et je me suis enfermé dans la solitude, la dépression et tout ce qui suit avec. Aujourd'hui j'ai combattu mes démons grâce à ceux qui m'ont entouré, dont Zus. - Oh mon pote, tu n’es pas seul ! Je suis là. - D'un air sincère et avec des paroles fortes j'essaie vraiment de lui prouver que je suis là, vraiment là.
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「 feat. @Bobby Makani ; 30 Septembre 2023 」
tw: dépression, mention d’alcool

Il grimace un faible sourire et hoche la tête en guise de gratitude. Il ne prononce pas le mot merci, pas envie de donner une réalité à son besoin d’aide. “Il gère”, comme il aime répéter à chaque fois qu’on lui tend la main. “Tu n’es pas seul”. Il est le premier à prononcer cette phrase quand ses proches sont en difficulté, sans jamais l’intégrer pour lui-même. L’horreur de se rappeler qu’il est entouré, que sa souffrance affecte aussi les autres. Alors il préfère s’isoler, pense qu’il préserve celleux qui lui sont cher’es du fardeau qu’est son existence. Ne se rend pas compte qu’il empire la situation, pour lui comme pour les autres. « Tu peux m’servir ton meilleur sky. » il souffle à travers un frêle ricanement. Il regarde brièvement autour de lui. Le lieu est bien peuplé, la foule se meut d’une chaleureuse énergie. Il fait tâche. L’impression d’être un trou noir qui allait emporter tout le monde avec lui, drainer les autres de leur énergie, surtout Bobby. Il pense éviter son danger imaginaire en retournant le projecteur vers son ami. L’observe un peu plus. Il rayonne, Biggie. Il l’avait vu au plus bas, exactement dans le même puits sans fond dans lequel il est maintenant à son tour. Alors le voir comme ça aujourd’hui, à la relève de ce chaleureux sanctuaire, exsudant sa lumière pour la partager avec les autres, ça lui réchauffe le cœur. Il avait réussi à maintenir, entretenir tout l’amour qu’émanait ce lieu. C’était assez dingue à constater, cette amélioration drastique chez lui. C’est inspirant, aussi. « J’vois que ça tourne toujours aussi bien, ici. » il constate, les commissures s’élevant légèrement. « Comment vous allez, toi et ta petite ? » pour l’instant, il préfère baigner dans la lumière du soleil qu’est Bobby, s'imprégner de toute sa chaleur, la laisser raviver les sucres tout le long de ses phloèmes. Bobby a ce pouvoir sur les gens, qu’il a toujours admiré.
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「 feat. @Zusman Feld ; 30 Septembre 2023 」
tw: évocation d'alcool, décès et dépression.

Je le vois bien. Il est pas du tout dans le bon mood et je sens qu'il est prêt à faire une connerie. Le voir souffrir me fait énormément de mal. J'essaie d'être le plus présent possible, comme lui a été là dès que j'en ai eu besoin. C'est con mais je crois que le voir ainsi me rappelle aussi mes idées noires et je sais qu'il est difficile d'en sortir si on ne se donne pas l'envie de le faire. Il rit, il soupire, il est face à moi et dans le déni. Encore une fois je lui dis, t'es pas seul. Il s'en fou. Cela semble même le faire littéralement rire plus qu'autre chose. Je soupire. - Tu ne veux pas un jus de tomate ? - Je le regarde avec malice moi aussi. Je ne suis pas né de la dernière pluie, j'ai connu ça l'envie de boire après la journée, ou même le matin juste pour oublier la souffrance. Seulement, ce n’est pas une solution. Elle aide sur le moment mais au long terme ce sera évidemment un désastre pour la santé et le mental. Finalement, préparant son sky car je ne suis pas un mauvais bougre non plus, je le regarde observer l'affluence du bar. Oui je suis ravi. Il tourne toujours aussi bien qu'avec son ancien propriétaire, ça me fait plaisir de me dire que j'ai bien bosser. Aujourd'hui je vis et je profite. - Oui c'est vrai que ça tourne bien, je suis content. - J'esquisse un beau sourire. Je suis fier de moi et je peux l'être. Je suis un homme plein de surprises et malgré mon rôle de papa adoptif, je suis toujours là. Debout, derrière le comptoir et je bosse comme un dingue pour être à la hauteur. - Bah écoute, Moana grandit toujours aussi vite, elle débute les nuits et moi je profite de chaque instant ! - Oui la vie est courte et je le sais mieux que quiconque. - Et toi, comment tu gères ? - Oui je sais que ça ne va pas et c'est normal. Seulement je veux voir si c'est pire qu'hier ou y'a du mieux.
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「 feat. @Bobby Makani ; mois 2023 」
tw: addictions (alcool, k), deuil, mention: tentative de suicide

La remarque du barman lui arrache un ricanement. Sûrement que ça serait plus raisonnable comme choix, mais il n’a pas l’intention de l’être ce soir. Tout ce qui compte à présent est de noyer ses démons. Même si écouter Bobby raconter sa nouvelle vie allège son cœur un instant, il est rappelé au souvenir de l’arrivée de sa petite à lui. Il glousse tristement. « T’as bien raison. » il aimerait rebondir, compatir en revenant aux premières nuits complètes de ses loulous. Mais le souvenir est encore trop douloureux. Il prend une gorgée pour apaiser l’oppression dans sa poitrine. B lui retourne la question, il lui répond en haussant les épaules, le regard fuyant, blasé. « Mieux, j’imagine. » c’est vrai, il n’a pas touché à son anesthésiant depuis deux mois maintenant. Une première depuis le drame. « ‘peux plus faire plus bas, t’façon. » l’état dans lequel aujourd’hui était bien gentillet comparé à tout ce qu’il avait pu traverser jusqu’ici. Comparé à à peine trois mois, quand les efforts de Lena l’avaient sauvé de justesse de sa tentative de suicide. ( Tout son travail foutu en l’air. )
« Trois mois sans came. » il finit son verre cul-sec et glisse le verre vers B pour lui demander un refill. « J’essaye de maintenir le rythme. » en remplaçant par une autre drogue, certes. Mais il préférait largement devoir se relever de la liquide plutôt que de la poudrée.
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「 feat. @Zusman Feld ; 30 Septembre 2023 」
tw: évocation d'alcool, décès et dépression.

De voir mon meilleur ami me fait un bien fou je l'avoue. Il a une place particulière dans mon cœur. Seulement, il est triste et malheureux et je comprends sa peine. Perdre la femme que l'on aime et ses enfants n'a rien de facile à surmonter et chacun vis le deuil différemment. Moi aussi j'ai été très longtemps un fantôme. Difficile de reprendre gout à la vie quand tout ce que vous aviez est réduit à néant. J'essaie de l'aider à ma façon. Je tente l'approche douce, parfois l'approche plus dur mais rien n’y fait. Il ne semble pas prêt à affronter la vie sans eux. Je le comprends. Je lui parle de moi comme il me la demandé, je me sens égoïste sur le moment mais de l'autre parler, voir autre chose lui fait un peu oublier le reste... Enfin, j'espère. Je souris à sa réponse. Le malaise est présent, parler de ma petite princesse ou mes enfants adoptifs lui fait se souvenirs qu'ils n'a plus les siens et ça me chagrine. J'ai vécu cela à une époque et même si ma pensée est toujours là pour ma femme et ma fille disparu, je continue de vivre... Il m'indique aller mieux, en logique oui mais il ne sait surtout pas par ou aller. C'est difficile d'avoir une ligne à tenir quand tout s'est écroulé autour de vous. - On est d'accord. Une fois au fond du fond la seule chose à faire c'est tenter de remonter doucement mais surement... - Oui j'étais un peu net dans mes paroles mais je suis sincère et vrai. On ne peut pas aller plus profond mais on peut prendre la décision de se relever et avancer. Je sais que ce n'est pas facile mais, il faut car sinon c'est la perte assurée. - C'est une bonne nouvelle ! Déjà un bon point, plus qu'à continuer sur cette voie... - Oui c'est vrai que déjà même s'il boit il se retire de la drogue et c'est déjà un point positif. Chaque chose en son temps, il faut le dire. - Tu sais que si besoin je reste là ? Je ne bouge pas, jamais. - Je le regarde plus sérieux que jamais alors que je lui lance le verre qu'il m'a demandé à nouveau. Oui je ne suis pas le plus heureux à faire ça mais... Je suis barman aussi.
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「 feat. @Bobby Makani ; mois 2023 」
tw: deuil, ivresse mention: addictions, mentions implicite: accident de la route, meurtre

Il souffle d’approbation aux dires de son pote. « Grave. » Il est toujours confortable pour parler de ça avec Bobby, avec quelqu’un qui est passé par la même chose, à quelques détails près. Zus lui avait au moins eu la "chance” qu’il s’agisse d’un accident. Engendré par autrui certes, mais accident tout de même, puis l’auteur était lui-même décédé. Si lui-même avait souvent été submergé par la colère et l’impuissance, il n’imaginait pas ce que ça avait pu être pour Bobby, de se faire arracher ses amours si cruellement. Même s’il avait bien vu, de l’extérieur, toute cette noirceur chez son ami, il n’imaginait pas ce que c’en était à l’intérieur. Il hoche la tête, reconnaissant des mots d’encouragement. Touché, aussi. Si pas mal de gens jugeaient sa façon de gérer ses addictions, ce n’était pas le cas de Bo, et c’est bien pour ça qu’il était si à l’aise en sa présence. Pas à se sentir coupable, ni jugé, ni regardé comme un pauvre junkie. Simplement comme un ami en difficulté. Et juste ça, ça atténuait infimement sa pulsion d’ivresse. Ses derniers mots l’émeuvent, assez pour ne pas être capable de soutenir son regard, peur bien stupide de chialer d’émotion à son comptoir. Il se contente de d’hocher la tête. Il lui répond d’une voix douce et sincère. « Je sais. »

Il balaie l’émotion en tentant de parler de tout et de rien avec le géant. Lui demande s’il trouve encore du temps pour sa musique et sa bécane, avec sa petiote. « Hâte qu’elle grandisse un peu, qu’on la balade. Depuis le temps qu’on se connaît, on a toujours pas pris la route ensemble, mec. Tsk tsk tsk. Scandaleux, ça. » il ironise, l’alcool commençant à faire son effet.  Il s’illumine, doucement. Il laisse Bobby tranquille à un moment - c’est qu’il a aussi son travail à faire. Les verres s’enchaînent, l’éthanol lui monte à la tête. Il se désinhibe, chahute avec ses potes habituæs du lieu. Il a un moment de recul, devient spectateur de lui-même un court instant. C’est bien agréable, l’ivresse, comme ça, il l’avait oublié. Ça n’avait pas à être seulement un moyen de fuite, de se faire du mal. Ça pouvait aussi être ça. Il n'a pas besoin de finir ivre mort, finalement, il est bien comme ça. Il glousse seul. Elle lui paraît si stupide maintenant, l'idée qui l'avait poussée à venir ici.

Il revient vers le comptoir, pommettes arrondies par un sourire, rosées par la griserie. « Biggie! » il hurle, puis mime de ses mains en même temps qu’il fait sa commande. « Deux shots. Toi et moi. » Il repose un coude sur le comptoir. « À l’ancienne. » deux coups de verres sur le comptoir, puis reposés vides. Il le couvre ensuite d’affection verbale, en bon Zusman qu’il était est une fois ivre. Lui étale à quel point c’est un bon, un vrai, un frère. À quel point il était celui qu'il fallait à cet endroit, qu'il rend parfaitement hommage à son prédecesseur. Qu'il est fier, soulagé de le voir ici aujourd'hui après tout ce qu'il a vécu.

Ses déclarations finies, son regard se perd dans la foule, sur un grand gaillard qu’il ne pense pas avoir vu ici avant. « Hey, Bo… comment t’as su? » c’est la perplexité de Bobby qui lui fait se rendre compte du caractère bien trop vague de sa question. « Que tu kiffais aussi sur les mecs. » ses yeux ne lâchent pas leur cible. Il est trop ivre pour être gêné par sa question. Trop ivre, et peut-être aussi trop vieux, maintenant. Qui sait.
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