through the night,, (zicho)
L'entrevue s'était terminée plus tard que prévu. Tu as les yeux bouffis de sommeil, ta quasi nuit blanche de la veille ne te réussissant pas. Tu avais composé un peu trop tard, Echo au fond des pensées, ton envie de gratter ta guitare revenant en flèche après les dernières semaines un peu à sec que tu avais passée. Tu t'étais couchée beaucoup trop tard. Juste avant de devoir te lever. Et la journée avait été bien trop longue à supporter.
L'entrevue avait commencé plus tard que prévu, et tu n'avais eu qu'une hâte : qu'elle se termine. Tu avais laissé tes comparses gérer la majorité des questions, n'en prenant qu'une pour faire bonne mesure. Trouvant ton courage dans les traits d'Echo, malgré son visage en grande partie dissimulé derrière son appareil photo. Tu t'y étais raccroché. Avais réussi à passer au travers de l'entrevue en sourires un peu forcés, mais légers. C'était enfin terminé.
Tu es prêt à rentrer chez toi. Le coeur pourtant naturellement tiré vers Echo, qui range ses affaires un peu plus loin. Elle a l'air plus fatiguée que toi encore, et ton propre épuisement se range dans un coin de ton corps pour laisser place à l'inquiétude. Tu hésites un instant. L'heure est avancée, et tu voudrais qu'elle puisse prendre la nuit pour se reposer. Pas pour se perdre d'un bus à l'autre le temps de rentrer.
Tu fais quelques pas dans sa direction. Ta veste sur les épaules, ton téléphone se balançant dans le fond de ta poche. Tu te concentres sur une peau qui te gêne, contre ton ongle. Sur tes chaussures un peu trop vieilles, et le sol que tu sens dur sous ta semelle usée. Tu étouffes un peu, dans les manches longues de ta veste. Rajustes le col de ton t-shirt. Touches pensivement le collier qu'une de tes soeurs t'avait offert il y avait quelques années. C'est juste Echo.
Pourquoi t'angoisserais ?
C'est la fatigue. L'accumulation. La peur d'être déplacé. De manquer de tact. De lui passer de mauvaises intentions. De trop t'immiscer dans sa bulle, alors qu'elle peine à garder les yeux ouverts.
Tu te lances quoi qu'il en soit.
Quelques pas vers elle, et tu te racles la gorge. « ... Do you need a lift home? » Tu crois te souvenir qu'elle n'habite pas très loin de chez toi. Pas à l'autre bout de la ville, en tout cas. Ça justifie ton offre. Du moins, tu l'espères.
Tu avais mal dormi. Très mal dormi. Il était trop tard hier soir quand tu avais claqué la porte de ta chambre, les yeux brûlant de larmes, sachant que c'était terminé pour toi dans cet appartement. La situation avec tes colocataires était devenue insupportable, et tu ne voulais plus y passer une autre nuit. Une décision un peu impulsive, et certainement pas rationnelle, mais t'avais suivi ton coeur. Tu avais rempli un sac d'un ou deux changements de vêtements, ta brosse à dents et autres essentiels, et tu avais décidé de dormir ailleurs. Pour ce soir, la nuit suivante aussi. Peut-être que d'ici un jour ou deux tu te calmerais, et tu saurais y retourner — ou alors ça ne serait que pour y rassembler tes affaires. Sur le coup de l'émotion, t'en sais rien. Mais alors que tu te réveilles au petit matin le lendemain, après n'avoir que trop peu dormi dans le lit du petit motel, tu sais que tu n'y retourneras pas. C'est fini, tout ça. Tu repenses aux mots d'Haoyu. Ça ne sert à rien de te faire du mal comme ça. Tu trouveras un autre endroit où rester, où tu auras la paix que tu méritais.
Tu ne sais pas où tu dormiras ce soir. Tu ne veux pas y penser pour le moment — t'as une tonne de choses à faire, des engagements dont tu ne peux pas te défaire. La journée passe à une vitesse effarante tout en étant trop longue, et tu arrives pour l'entrevue de Low Hysteria complètement épuisée. Le teint pâle, les traits tirés, restant discrète. T'accomplis ton travail, prenant quelques clichés du groupe, trouvant refuge dans les yeux de Ziggy. Tu ne le regardes pas trop — t'es un peu gênée qu'il te voit comme ça — mais c'est plus fort que toi. Sa présence te calme autant qu'elle te rend nerveuse. T'arrives pas à te l'enlever de la tête, mais au moins, la fatigue est capable de te garder calme.
Une fois l'entrevue terminée, il est tard. Tu jettes un coup d'oeil à ton téléphone, soupirant doucement. Trop tard pour demander à quiconque de rester dormir — t'es trop gênée de le faire, de toute façon. Tu retourneras au motel pour ce soir, et demain, tu chercheras un appartement. Tu vas avoir un peu de temps. Rangeant tes affaires lentement, plongée dans tes pensées, tu ne vois pas Ziggy approcher. Tu sursautes légèrement alors qu'il apparait à côté de toi. À te chavirer le coeur, ses grands yeux sur toi, ses cheveux un peu de travers. Il a l'air fatigué, lui aussi. Ton coeur accélère, comme il le fait toujours quand il s'adresse à toi. Vous vous voyez tellement souvent — mais ça ne change rien à ça."... Do you need a lift home?" La question te prend au dépourvu, et tu rougis d'un coup. "Oh, I - hm..." Tu déglutis. Tu n'as pas envie de prendre l'autobus, mais accepter voudrait dire que tu devrais avouer à Ziggy où tu vas dormir ce soir. T'as pas envie de faire semblant. Ta fatigue est lourde, sur tes épaules. Et quelque chose dans la voix rassurante et enveloppante de Ziggy fait craquer ta gêne. "Thank you. I'd love that." Tu lui souris un peu. "It's just..." Tu te mordilles la lèvre nerveusement. "I'm not exactly headed home." T'as chaud, soudainement. Ton sac est lourd sur ton épaule. "If it's not too much of a bother, you can drop me off at a hotel. One that's on your way." Ça te rend un peu nerveuse de le dire. Tu ne veux pas qu'il te trouve trop bizarre. Tu lâches un petit rire nerveux, passant une main dans tes cheveux. "It's a long story." My roommates hate me.
They are making my life hell.
So I'm moving out.
I have nowhere to go.
Pathetic, isn't it?
Un bref instant, tu as peur que ton offre soit déplacée. Rien, pourtant, ne va de travers dans tes mots. Tu savais qu'Echo voyageait en bus, quand tu avais le luxe de te déplacer en voiture ; il était tard, et elle était exténuée. Nul besoin de te poser la question, ou d'hésiter : tout se voyait sur ses traits. Ses yeux, la pâleur de sa peau, sa posture. Tu avais appris à lire les gens, faute d'avoir toujours ce qu'il fallait pour leur parler — et Echo ne mentait pas. Pas ce soir. Jamais.
« Oh, I - hm... » Tu crois la voir rougir, mais baisses le nez pour éviter de la plonger dans davantage d'embarras. Deep breath. Tu laisses un moment passer. Lui offres le temps d'y penser, en sachant très bien que tu lui proposais à la dernière minute, quand accepter pouvait nécessiter un peu de réflexion préalable. Pas pour tout le monde — mais Echo et toi n'étiez pas comme tout le monde. Tu comprenais ça. « Thank you. I'd love that. » te dit-elle finalement. Tu relèves les yeux, lui rends son sourire. Un hochement de tête. Alright.
She'd love that.
« It's just... I'm not exactly headed home. » Oh.
Oh.
« Oh. » Tu essaies que ton sourire ne disparaisse pas trop vite. Que tes yeux ne s'écarquillent pas trop. Ce que tu entends, dans ses mots, c'est qu'elle va dormir ailleurs. Et la seule option que tu entrevois crève ton coeur bien malgré toi. Does she have a boyfriend?
That's ok.
You'll still give her a lift, right?
Of course you will.
She can have a boyfriend. Why would you mind?
Tu ravales toutes tes pensées. T'efforces de faire taire ton esprit agité. Le sourire revient, l'ombre disparaît de tes yeux, et tu t'armes d'un regard interrogateur. « If it's not too much of a bother, you can drop me off at a hotel. One that's on your way. » La confusion revient se déposer sur tes traits. « ... Sure. » Tu n'es pas certain de comprendre, mais l'idée te plait plus ou moins. If she's meeting him—or her—at a hotel, wouldn't have they decided which one?
It's none of your business, te forces-tu à décider. Quelque chose, cependant, continue de te chicoter. « It's a long story. » Tu n'es pas certain de vouloir tout le détail — mais ce que tu lis d'Echo va au-delà de la gêne. Au-delà d'une fatigue normale. Tu ne peux t'empêcher de t'inquiéter ; relation ou pas, tu veux être certain qu'elle va bien. Dans le respect de ta place, et de son intimité. « ... Is everything ok? » Tu ne sais pas pourquoi c'est la première question qui te vient à l'esprit. Peut-être est-ce ce qu'elle dégage. La lueur dans ses yeux. « You don't have to talk about it if you don't want to. But you just... » Tu te mordilles un peu la lèvre. Baisses les yeux à nouveau. Si un coin de ton esprit tourne toujours de manière vertigineuse à tenter de comprendre tout ça, l'autre a continué de lire Echo bien malgré toi. « ... You look concerned. » And you would know what that look like. Tu tentes un sourire. Incapable de savoir laquelle des deux voix, dans ta tête, avait raison. Is she just meeting someone, or is she in trouble?
You don't know. And you're not supposed to care.
But you do.
No matter how you think about it, no matter what you try, or how hard,
You'll always do.
"Oh." Ziggy n'est pas la personne la plus facile à lire, mais tu n'as pas de mal à voir la surprise sur ses traits. Tu ne peux pas le blâmer — c'est une drôle de réponse à donner peu importe les circonstances, et tu sens tes joues rougir davantage. Tu es horriblement gênée, et tu te demandes si tu n'aurais pas dû simplement refuser son offre. Ne pas avoir à t'expliquer, ne pas avoir l'air aussi pathétique devant le garçon à qui tu ne pouvais pas arrêter de penser. Mais tu étais tellement fatiguée, tu n'avais pas pu résister. Tu le regrettais un peu. Are you going to think badly of me, Ziggy? Tu n'arrives pas à vraiment le lire. Tu n'es pas capable de mieux t'expliquer. T'emmêlant un peu dans tes mots, n'osant pas trop le regarder. "... Sure." Soudainement, les murs semblent se refermer autour de toi, et tu as envie de t'enfuir dans la nuit. De ne pas être dans cette situation, d'avoir pu faire des meilleurs choix par le passé, ou d'avoir changé les choses avant que ça ne dégénère pour de vrai. Maintenant, tu étais complètement coincée.
Quand tu oses relever les yeux vers Ziggy, tu vois une certaine confusion sur ses traits. Tu as chaud, le noeud dans ta gorge qui ne veut pas se délier, et la fatigue qui rend le tout encore pire. Tu te revois retourner dans une chambre où tu ne fermeras pas l'oeil, la solitude qui va t'oppresser, et t'as envie de pleurer. Le léger silence t'angoisse, et tu réalises que tu retiens ton souffle. Tu regardes timidement Ziggy, qui finit par parler. "... Is everything ok?" Et tu ne sais pas si c'est comment il le dit, ou si c'est la véritable inquiétude que tu crois deviner dans ses yeux, une lueur qui t'enveloppe soudainement, mais ça te touche profondément. Tu clignes des yeux, sentant qu'ils se remplissent de larmes. Heureusement, tu arrives à les retenir, et elles restent là, et tu les chasses en clignant des paupières. Tu ouvres la bouche, hésitante, ne sachant pas quoi dire, si tu devrais revenir en arrière et prétendre que tout va bien, fuir — ou alors tout lui raconter, et oser tendre la main vers lui. "You don't have to talk about it if you don't want to. But you just..." Tu te mordilles nerveusement la lèvre. "... You look concerned." C'est dit avec une telle douceur, et avec ce petit sourire qui vient te faire chavirer le coeur, tu as envie de te réfugier dans ses bras. Une impulsion un peu déstabilisante, et tu inspires profondément, essayant de te recentrer. Tu ne veux pas l'inquiéter non plus — you got this.
Tu hausses légèrement une épaule, souriant nerveusement à Ziggy. "It's been a weird week." Tu lui avoues doucement. Ta voix osant à peine t'exprimer — mais tu as envie de te confier. "I don't get along with my roommates at all, they've hated me ever since I moved in, and... it's been getting really bad. They sort of threw me out. I need to get my stuff out by this weekend, and I have nowhere to go." Ta voix tremble doucement, alors que tu essaie de ne pas sombrer dans la panique. "They told me yesterday. Technically, I could still sleep there, but I just don't want to. So I got a hotel room last night, and..." Tu secoues la tête, essayant de trouver les mots. "I just didn't have time to search for a place today, but I will tomorrow, I have a few hours..." Un rire nerveux passe tes lèvres, alors que tu regardes Ziggy. Il t'ancre dans le moment. Dans la réalité. T'empêche de sombrer. "Anyway, it's a mess. That's why I'm not going home." Aucune autre raison. Juste des colocataires méchantes, qui avaient finalement trouvé l'excuse parfaite pour te mettre à la porte de la manière la plus cruelle possible. T'espère que Ziggy ne te jugera pas, et qu'il ne croira pas non plus que tu as causé tout ça — mais tu oses croire qu'il te connaît suffisamment pour ne pas tirer cette conclusion.
Elle prend une grande inspiration. Tu la sens trembler. Tenter vainement de cacher sa vulnérabilité. Une part de toi a envie de faire un pas vers l'avant, et de la prendre dans tes bras. Tu ne peux pas. Tu n'oserais jamais. « It's been a weird week. » Ton inquiétude se manifeste autrement. Tu l'observes, une lueur au fond de l'oeil. Ton silence enveloppant l'incitant à la confiance. Une seconde à la fois. « I don't get along with my roommates at all, they've hated me ever since I moved in, and... it's been getting really bad. They sort of threw me out. I need to get my stuff out by this weekend, and I have nowhere to go. »
La réalisation te tombe sur les épaules. Tu vois sa fragilité, creusée par l'absence d'un toit et d'une sécurité. Tu entends sa détresse, et tu te trouves stupide. T'as pensé à ce qui te ferait du mal en premier, sans réellement t'inquiéter de ce qui aurait pu mettre Echo dans cet état. Stupid kid with a stupid crush. « They told me yesterday. Technically, I could still sleep there, but I just don't want to. So I got a hotel room last night, and... » Tu comprends. Tu ne serais pas resté non plus, à sa place — mais l'idée de la laisser à un hôtel, ce soir encore, ne te plait pas. Tu n'as aucun droit de t'interposer. Ce n'est pas non plus ta place de lui proposer autre chose, mais tu es incapable de te taire et de laisser couler. Pas alors que tu sens la détresse émaner de chacun de ses mots. Transpirer de ses yeux. Oh, Echo. « I just didn't have time to search for a place today, but I will tomorrow, I have a few hours... » Tu ne peux pas détacher ton regard d'elle. La gorge serrée, l'estomac noué. Echo, are you ok?
« Anyway, it's a mess. That's why I'm not going home. » La douceur dans tes yeux refuse de s'estomper. Ton regard, posé sur Echo sans être capable de s'en éloigner. Tu déglutis. Tu dois trouver les mots. Vite. Ne pas laisser Echo glisser. Ne pas la laisser s'évaporer. « I'm sorry. I had no idea. » How could you? Tu laisses tes yeux dériver un instant, rassembles le fond de ta pensée. Essaies de gérer l'inquiétude, et de ne pas dépasser les limites de votre relation. But what if you worry?
What if you don't want it to stay professional?
What if you want to be here for her?
« You could stay at my place, if you want. » lui souffles-tu. Tu ne veux pas remuer le couteau dans la plaie. Tu ne veux pas non plus paraître déplacé. Mais tu ne peux t'en empêcher. L'idée de la savoir seule, perdue dans une chambre d'hôtel, à ne pas savoir de quoi demain serait fait, ou si elle trouverait le moindre repos ou la moindre sécurité, te serrait la gorge. Not Echo. « For the night. » Tu hausses les épaules. Tes yeux se posent à nouveau dans les siens. S'y noient, naviguant son chagrin et sa douceur. Tu lui souris, timidement. « I have a guest room. It's not extra comfy, but... » Tu déglutis. Péniblement. T'as soudainement un peu chaud. T'as peur de sa réaction. Trop tard : tu as déjà lancé l'invitation. « ... It's safe, and it's free. » Tu continues de jouer avec tes doigts. Enfonces ta main dans ta poche pour y torturer un fil qui dépasse d'une couture. Breathe, Ziggy. You haven't done anything wrong.
And she doesn't have to say yes, does she?
« Don't feel pressured. I can drive you to a hotel if you prefer. » I don't mind.
I'll spend the night with you if needed.
I'll help you find a place.
I'd do anything.
La fatigue rend ta voix légèrement tremblante, ton regard encore moins affirmé que d'habitude. Ça te gêne — tu aimerais être plus confiante, avoir moins peur, être moins affectée par cette situation. Mais tu ne peux pas t'en empêcher, et tu es également capable de le dissimuler à Ziggy. Quelque chose qui te pousse à te confier à lui, à avoir envie que quelqu'un sache, que ça sorte un peu de ta tête. Tu ne t'attends à rien de sa part — mais juste en parler semble un peu délier le noeud dans ta gorge. Ziggy t'écoute, ses yeux sur toi, et ça t'intimide autant que ça te rassure. Tu te demandes jusqu'à quel point tu as l'air pathétique — et tu es inquiète qu'il te croit responsable de tout ça. Tu essaie de rationaliser, que Ziggy te connait mieux que ça, bien qu'il te connaisse relativement peu. Mais ça fait déjà des mois que vous vous côtoyez presque au quotidien. Passer du temps ensemble était de plus en plus facile, ta gêne s'effaçant légèrement, bien que sans jamais disparaître. Ton coeur toujours aussi agité en sa présence — mais au moins, tu étais capable de lui parler sans rougir. Pour tout ça, tu espérais qu'il ne te juge pas trop. Ce n'était pas son genre, tu le sais, mais ta fatigue rendait tes pensées instables.
Il ne te juge pas. "I'm sorry. I had no idea." Tu lui souris doucement. Il a l'air sincèrement inquiet, et ça vient te secouer le coeur avec un peu plus de force que tu ne sais vraiment le gérer. Pourquoi il s'inquiéterait ? Comme un ami. Comme un ami. "It's ok. You couldn't have known." Tu le rassures rapidement, avec un petit signe de tête. Après tout, tu n'en avais vraiment parlé à personne sauf à Haoyu, qui avait vu le tout se dérouler de ses propres yeux. Ziggy n'aurait jamais pu savoir — si tu avais mentionné tes colocataires, tu sais que tu as du balayer leur haine envers toi sous le tapis pour ne pas avoir à y penser.
"You could stay at my place, if you want." Tu ne t'attends pas à autre chose — à ce que la conversation prenne un autre tournant, certes, mais pas celui-là. Surprise, tu restes immobile devant Ziggy. Les grands yeux ouverts sur lui. What ? Tu crois avoir mal entendu, pendant une seconde. "For the night. I have a guest room. It's not extra comfy, but..." T'as du mal à comprendre ce qui est en train de se passer. Mais Ziggy te regarde. Ziggy te sourit. Il te le propose vraiment. À venir dormir chez lui. Pour la nuit. Dans sa chambre d'invités. Chez lui. "... It's safe, and it's free." Tu ne vois pas la nervosité sur ses traits. Tu es trop sous le choc pour ça, et en train de chercher, bêtement, la manière dont ça pourrait ne pas être vrai. Mais tu sais que Ziggy ne te ferait pas une telle offre simplement pour être poli.
If he says it, he means it.
Tu le regardes stupidement avec des grands yeux. Say something, Echo. Tu as envie d'accepter, mais tu es terrifiée de le faire. "Don't feel pressured. I can drive you to a hotel if you prefer." Tu réalises que tu n'as toujours rien dit. Tu déglutis, essayant de te composer, d'aligner tes mots avec tes pensées, mais rien n'y fait, tout est en chaos complet. "I..." Say yes. Say no. Say something. Ses mots qui se répètent dans sa tête. It's safe.
Safe.
Tu n'as pas dormi dans un endroit où tu te sentais vraiment bien depuis longtemps. Et soudainement, tu sais exactement ce que tu veux faire. Ta peur, écrasée par ton soulagement à l'idée d'être entourée de la personne qui saura te faire sentir en sécurité. "I don't know what to say, sorry. That's really, really kind of you." T'en aurais presque les yeux qui brillent de larmes de soulagement. Mais à la place, tu souris. "It's a lot though, are you sure? I don't want to bother you." Tu sais bien que ce ne sera pas le cas — il ne te l'aurait pas proposé si ça le dérangeait vraiment. "Thank you. If you're sure, then yes. It sounds perfect, actually." T'es apeurée de ce que ça veut dire, mais tu es aussi soulagée. "I won't take a lot of space, I promise." Le petit sourire au coin des lèvres. Tu es tellement fatiguée, et on dirait que la pression vient de légèrement retombée, et tu te sens légère. Le coeur effréné, à l'idée de passer autant de temps avec Ziggy — d'aller chez lui — mais en paix, aussi. Tu déglutis, et tu agis sans trop réfléchir. Une main sur son bras, brève. "Seriously, Ziggy. Thank you." Ton regard plongé dans le sien. Où tu aimerais te perdre sans avoir peur. Tu le fais, juste une seconde.
Just to realize this is real.
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