tw: /Elle est allée braver le froid, Noa. C'est que le soleil, tout de même, brillait dans le ciel. Elle se disait que ses rayons la réchaufferaient peut-être un peu. Elle, et puis Rosalina – quoiqu'elle, elle soit bien emmitouflée dans un gros manteau, avec un gros bonnet et des gants bien chauds. Elles auraient pu rester tranquillement chez elles, en cette fin d’après-midi, après la sieste de Rosalina. Mais c’était toujours mieux de prendre l’air, de marcher un peu. Et puis, il fallait profiter du soleil. Alors Ainoa, elle est allée jusqu’à Buccaneer Park, se garant au parking avant de sortir sa poussette, de la déplier et d’y installer sa fille. Elle se dit que le besoin de sortir, c’est surtout pour le bien de cette dernière - mais en réalité, Noa, elle en a peut-être autant besoin qu’elle. Besoin de s’oxygéner, se changer les idées, penser un peu à autre chose, déconnecter. Tenter tant bien que mal d’oublier ce qui peut lui peser sur le cœur.
Même si c’est vain. En tout cas, elle ne regrette pas d’être sortie, d’avoir vu autre chose, même s’il fait froid. Et puis, tout est toujours plus facile, avec Rosalina. Rosalina sur laquelle elle s’extasie en permanence, Rosalina qui lui met tant de baume au cœur, Rosalina qui a changé sa vie à un point qu’elle n’imaginait pas,
au dernier moment où elle s’y attendait.
Elle n’a même pas vu le temps passer, Noa. Elle a passé un bon moment, elle a l’impression que sa fille aussi, du moins du haut de ses dix mois. Elles n’ont pas croisé trop de monde, malgré l’heure, le soleil. Il y a bien quelques personnes qui ont le courage de venir courir, de faire un jogging. Il y a aussi beaucoup de familles, de jeunes enfants qui font de la balançoire, montent sur les toboggans. Et puis, quelques poussettes, comme elles. Noa, elle finit par s’asseoir quelques instants sur un banc, en profitant pour contempler la vue sur la mer. Puis elle sent le soleil décliner peu à peu, la fraîcheur s’intensifier.
Peut-être est-il l’heure de rentrer. Elle finit alors par se lever, s’assurant pour la vingtième fois au moins depuis le début de la balade, que Rosalina est bien couverte, avant de se remettre doucement en marche. Elle est toujours un peu ailleurs, la brune, alors d’abord, elle ne fait pas attention à cet homme qui s’approche d’elle. Puis elle le voit, s’interroge, déduisant qu’il doit avoir besoin de quelque chose.
« Est-ce que tout va bien ? » demande-t-elle aussitôt, un peu inquiète. Sait-on jamais, après tout – elle espère que rien de grave n’est arrivé. Pourquoi pense-t-elle toujours au pire ? C’est peut-être plus fort qu’elle, plus encore d’ailleurs depuis qu’elle est mère.
Foutue capacité à s’inquiéter de tout.