(fb 2015) Avant que de te perdre.
Traces de tes talons, qui raisonnent derrière toi, suivent le mouvement assourdissant de tes pensées. Défoncée, détachée de la réalité pour ne plus l'assumer. Une dernière fois, juste une dernière fois. Ultime traînée de poussière heurtée aux narines, ultimes sensations décuplées, pour t'arrêter de gamberger. C'est l'excitation, celle d'une étoile montante, qui n'avait pas prévue d'être filante. Et pourtant, t'aimerai bien redescendre, faire demi-tour de ta folle allure. La route n'a jamais semblée si courte, étendue à mille lieux lorsque l'envie de le voir pouvait t'émouvoir. T'as les entrailles qui te travaillent, assassines et débridées. Choix du moi, dur à porter face à l'émoi. Rude épreuve que de se préparer au détour du désam-our. Plus le temps. Plus celui d'imaginer, seulement celui de t'élancer. La main sur la poignée, serrée, souffle coupé avant de lui partager. Tu rentres comme à ton accoutumance, la passion devenue prison.
C'est à son cou que tes lèvres s'ouvrent, gourmandes de se garder des morceaux de lui. Détresse dissimulée dans tes yeux de déesse. Tes mains viennent chercher le grain de sa peau, mémoire sensorielle qui se veut éternelle.
"- Alors ta journée ?" Banalités jouées, bientôt égarées.
Tu restes collée à lui comme à un rocher, t'as trop peur de partir à la dérive et de te faire emporter. Échauffée de sensualité chimique, exagération pour guérison. Tu éloignes tes prunelles de lui, démarche féline, maline encline à se perdre. Tes bouts de doigts vernis viennent caresser son clavier, lui arrachant des notes que tu sais déjà mortes. Tu te laisses tomber sur le canapé, regard plein d'égard porté en sa direction. Tu tentes de le remuer de ta moue : "- Alleeeer, viens me jouer quelque chose que je puisse chanter, je suis sûre que t'as de la nouveauté !" Appel de votre refuge pour y fuguer avec fougue. Volonté de profiter de ces derniers moments, présent maintenant trop éphémère pour en faire une chimère.
Comme il pleut sur la ville ;
L’anticipation qui guette, qui tambourine dans ta cage thoracique alors que tes prunelles s’emparent de l’horloge sur le mur. Elle ne devrait pas tarder, la muse, amenant avec elle ce soleil aveuglant, brulant, embrasant corps et âme. Elle embrase tout Allegra, ranime ces morts, offrandes oubliées d’une certitude d’antan.
L’angoisse qui se fait perfide, comme à chaque fois qu’elle part, claque la porte derrière elle. L’angoisse se manifeste, te susurrant qu’elle ne reviendra peut-être pas. Trop bien pour toi, tu le sais, ce qu’elle fait avec toi, tu l’ignores. Pourtant depuis Végas, l’assurance s’est fait plus de place, peut-être qu’il ne faut pas de raison aux choses, les laisser être et les accepter comme telles. C’est un peu vous, un peu toi, un peu elle et vous déambulez dans la vie à votre rythme. Un pas après l’autre, une danse bancale aux yeux du monde mais précieuse à vos yeux, à tes yeux.
Alors quand tu l’entends la serrure, t’as un sourire malgré toi Archie, un de ceux qui sont heureux de retrouver leur maitre. C’est à ton cou qu’elle vient se perdre, les yeux qui se ferment pour profiter de l’instant, du moment, comme si tu sais. Mais tout ça t’échappe Archie, t’as jamais de ceux qui lisent entre les lignes et qu’est-ce que tu vas t’en mordre les doigts de ta cécité.
« Rien de spécial » si ce n’est l’attente. Le souffle coupé. Et la musique parce que c’est tout ce que tu sais faire. « J’suis resté ici, et toi ? » la curiosité que tu manifestes, curiosité pour qui elle est une fois la porte claquée, où est-ce que cette démarche l’a menée et qui a-t-elle rencontrée. Pourtant tu dis simplement « bonne journée ? » quand elle s’éloigne de toi, tes prunelles accompagnent chacun de ses gestes, pendu à ses lèvres, tu t’exécutes.
Mais avant, tu récupères ton téléphone que tu disposes sur ton piano « j’crois que j’ai cristallisé l’essence des sixties » l’excitation dans la voix alors que tu te glisses derrière les touches. Tu presses le bouton play et bientôt la pièce se remplit de saxophone bientôt accompagné par le piano. Gémissement mélancolique, d’abord murmure se muant doucement en un hurlement qui n’attend que la voix de la belle pour empoigner l’âme pour des lacérations cadencées.
Dans ce coeur qui s’écoeure.
Fermeture furtive des prunelles au son de sa voix. Tu te risques à penser à la tristesse d'une tendresse bientôt révolue. Et cette question dont tu détiens la réponse, ronces trop vite plantées si tu ne choisis pas bien tes mots. Rien ne mérite les maux, quand votre rite se fera tantôt mélancolique. Bref instant où tu t'écœures toi-même, le palpitant qui ment quand les mœurs s'évanouissent. Mais pas trop.
"J'ai essayé de faire ma place dans ce monde fou." Réalité isolée, pour mieux la masquer. Vérité abandonnée dans l'ironie qui nie. Douteuse soliste qui s'immisce dans l'esprit d'un autre. Lui. Qui glisse, fugitif. Palpitation des yeux pour mieux se reprendre, se rendre à Archie. Parce que ça a toujours été ça entre toi et lui, ce relâchement et ce soulagement de s'éprendre à nouveau. Nouveauté bientôt écartée dans un songe passé, éponge délaissée, esseulée sur le bas côté. Et ça te tord, lame oxydée, qui n'oublie pas sa fonction de couper, taillader par excitation. Putain, t'en as pas assez pris. le nez frotté, dans l'espoir qu'il en reste des miettes. L'envie de te débiner. Souffle évadé.
Sauvée de le voir s'émouvoir d'un nouveau morceau péremptoire. Vidoir ultime. Tu ne peux t'empêcher de venir le pêcher, au creux de tes bras de prêcheuse. Placée dans son dos, cherchant à entendre la mélodie de tout ce qui peut sortir de lui. Tu profites. Attrapée en plein vol par ses notes neurasthéniques. Voix libérée, offrande qui se réprimande, rien que pour lui. Paroles qui s'enrôlent dans un message d'adieu, filent aux creux de son oreille. Audacieuse aventureuse au jeu dangereux, délivre ses émotions bientôt en perdition.
♫ I think I'll miss you forever
Like the stars miss the sun in the morning skies
Late is better than never
Even if you are gone I'm gonna drive, drive ♫
Like the stars miss the sun in the morning skies
Late is better than never
Even if you are gone I'm gonna drive, drive ♫
Aise d'être contre lui, tes mains caressent le malaise. Liée à lui à jamais, maîtresse d'une alégresse qui s'évanouie.
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