team bonding.
Aujourd'hui, le voisinage semble s'être passé le mot pour visiter Retropolis Arcade. Pippa, derrière le bar ce soir-là, n'a eu droit qu'à de maigres minutes de repos entre deux visites. Un travail comme d'autres qui lui demande quelques efforts mais la jeune femme s'exécute volontiers pour ce qu'elle est fière du travail accompli, de la fructification de ce rêve d'enfant. Elle a laissé les autres employé.e.s - qui ne sont autres que ses meilleur.e.s ami.e.s - s'absenter le temps de quelques heures, n'imaginant pas un seul instant qu'elle aurait besoin de leurs services en ce jour habituellement calme. Elle n'est bien heureusement pas abandonnée à son sort bien longtemps et bientôt, l'établissement est déserté par ses derniers clients.
Pippa se laisse tomber sur une chaise, la tête suit le mouvement, logée dans le creux de ses bras. Elle n'a besoin que de deux minutes de répit. Deux petites minutes avant de reprendre du service et de mettre de l'ordre dans cette vaste salle. Une tâche qu'elle pourrait aisément laisser au lendemain - ce que ne manqueront pas de lui rappeler ses collègues - pour ce que Retropolis n'ouvre pas ses portes le lundi. Une idée qui a son attrait, mais qu'elle congédie d'un mouvement de tête. The sooner, the better. Sa léthargie est interrompue par une vibration. L'écran du smartphone s'allume et alerte Pippa de la réception d'un message. Date night tomorrow, are you ready? Elle pense no, répond a bit nervous, haven't done this in a while. Et c'est bien la raison pour laquelle son amie a tenu à lui présenter quelqu'un. Un collègue ? Un membre de sa famille ? Les détails sont flous pour ce que l'instigatrice a su écarter les interrogations de Pip avec brio. Ce quelqu'un dont elle aura tout le loisir de faire la connaissance dans le cadre d'un blind date. Si, en temps normal, la jeune femme n'est pas (plus) grande partisane des rendez-vous arrangés, elle n'a pas su refuser cette nouvelle proposition qui est normalement vouée à être la dernière. If I go on this one date, do you promise you'll stop asking me to meet your entire entourage? On (Bora) lui jure que oui. Une promesse qu'elle espère voir tenue. Pourtant, elle a manqué plusieurs fois d'annuler, mettant en péril leur arrangement. Elle lit le dernier message : It's just a date, and if it's a terrible one, just leave. That's all there is to it but you could be pleasantly surprised, auquel elle répond d'un I guess you're right avant de ranger l'appareil.
Le pied tape le sol au rythme de la sonorité qui traverse les lippes. Pippa se redresse et retourne derrière le zinc sur lequel elle s'acharne pour qu'il retrouve son éclat usuel, non sans improviser quelques mouvements de danse afin de rendre l'exercice moins pénible. Une démonstration artistique dans laquelle se perd constamment la demoiselle, si bien qu'elle n'entend pas le bruit d'une porte qui s'ouvre à quelques mètres, ni les bruits de pas camouflés par la musique provenant des enceintes. La silhouette s'approche de la chanteuse improvisée, qui ignore tout des signaux envoyés par son cerveau, bien trop accaparée par son one woman show.
Une dernière vibration et Bora fit glisser son téléphone portable dans son sac à main, non sans laisser échapper un petit gloussement. Elle avait beau essayer de rassurer Pippa quant au rencard qu’elle lui avait arrangé, la vérité était qu’elle-même ne savait pas grand chose de son prétendant, cœur solitaire larmoyant et surtout client déniché à l’arcade lors d’une soirée bien trop calme. Ce dernier s’était confié sur sa misère amoureuse, leur conversation rythmée par un flot d’anecdotes romantiques plus déplorables les unes que les autres et quelques verres alcoolisés que la brune avait pris plaisir à lui servir pour panser sa solitude — et surtout en récolter les recettes, this is business. Et parce qu’un petit cœur mou battait malgré tout sous ce décolleté pigeonnant, en plus de la générosité évidente du malheureux en terme de pourboire, la jeune femme avait tenu à lui donner un petit coup de pouce et s’était alors improvisée Cupidon d’un soir. Il serait pour Pippa. Après tout, à défaut d’avoir retenu quoi que ce soit concernant ses activités ou quelconque autre information qui ne l’avait visiblement pas captivée, il n’était pas vilain. Il n’était pas particulièrement charmant non plus mais il faisait l’affaire, suffisamment pour que sa meilleure amie remette le moteur en marche et fasse son retour dans le dating game. Il ne restait plus qu’à espérer qu’il ne soit pas un psychopathe, ce qui était moins sûr quand on connaissait la capacité de Bora à dénicher les red flags, meilleure collectionneuse que Sacha avec ses Pokémon dans sa quête à devenir un grand dresseur. Attrapez-les tous ! — slogan qu’elle respectait à la lettre, elle. Qu’on lui donne un badge, s’il vous plaît.
Sur South Oceanside au moment de leur échange, Bora décida de se rendre à l’arcade et d’y rejoindre la victime de ses manigances, chargée de la fermeture ce soir-là, alors pleine de bonne volonté à l’idée de lui filer un coup de main qui s’envolerait sans doute une fois confrontée à la mise en pratique. Du grand Bora. Elle passa les portes du Retropolis Arcade, accueillie par un spectacle qui ne la surprenait plus mais qu’elle admirait toujours, certes avec une pointe de jugement qu’elle taisait, comme une mère condamnée à s’extasier devant les prouesses peu flagrantes de son enfant. Elle pinça les lèvres pour réfréner la Cardi B en elle qui menaçait de s’échapper, le omg, what is that à deux doigts de faire écho entre les murs de l’établissement, puis s’avança vers la nouvelle artiste locale qui ne remarqua pas sa présence. Positionnée derrière Pippa, elle passa ses bras autour de cette dernière pour l’arrêter avec une étreinte gorgée de compassion. « Ça explique tellement de chose… » Comme si sa performance suffisait à justifier son célibat. « 괜찮아* » murmura-t-elle en tapotant doucement le dos de la grande blonde en guise de réconfort qui n’était en aucun cas requis. Bora la libéra finalement et se recula d’un pas. « Je t’aime, Pips, mais surtout fais pas ça demain. Pas qu’il appréciera pas, je suis sûre que si. C’est juste histoire d’entretenir le mystère. Des petites surprises folichonnes pour plus tard, entre autres freaky shits dont vous conviendrez entre vous mais que tu me raconteras quand même. » Il fallait dire que la discrétion n’était pas le mot d’ordre au sein de leur groupe, ou peut-être si mais que Bora n’avait jamais eu le memo compte tenu de son acharnement à overshare les détails de ses relations mensuelles avec son petit entourage. Personne ne s’en était jamais plaint — ou bien avait-elle volontairement ignoré la chose ? Hm. « Tu veux que je t’apprenne à twerker ? C’est super simple ! » Il n’en fallut pas plus pour qu’elle se mette en position, prête à faire sa démonstration.
*ça va aller.
@Haneul Seong @Merilyn Chen @Pippa Frost
Merilyn, elle adore la salle d’arcade. Même si elle n’avait pas été la sienne, peut-être qu’elle y serait tout aussi souvent. Chargée de l’ouverture ce matin, elle aurait pu y rester toute la journée si elle n’avait pas eu un rendez-vous professionnel en début d’après-midi. Ça ne lui arrivait quasiment jamais parce que la carrière professionnelle de Merilyn était … moins florissante que le chiffre d’affaire du Retropolis Arcade, pour sûr. Cette après-midi, elle avait eu rendez-vous avec la fondatrice d’une marque locale de bijoux et Meri avait été chargée de faire quelques posters d’illustrations pour attirer l’oeil des client.e.s pour un stand aux marchés aux puces qui arrivaient. Créativité limitée, palette de couleurs plus terne qu’à son habitude mais elle avait accepté, Meri. C’était loin de ce qu’elle avait envie de faire mais ça payait quelques petites factures, au moins. Le monde de la bande dessinée étant encore trop loin pour que Meri puisse l’effleurer du bout des doigts, elle se rabattait sur ce qu’elle pouvait.
Alors en attendant une réussite fulgurante, Meri traine à l’arcade aussi souvent que possible pour travailler, pour dessiner, pour tenter d’anéantir la personne qui n’arrête pas de la faire sortir du tableau des scores sur une de ces foutues machines, pour passer le temps, tout simplement. Dès le rendez-vous terminé, ses pieds s’étaient automatiquement dirigé vers la maison. La porte poussée dans difficulté, l’artiste s’arrête, intriguée par la scène devant elle. Les néons et les bip bip incessants des boites électroniques de jeux encore allumés, le tout mélangé à la musique de la salle, Merilyn ne peut s’empêcher de sourire. Retropolis Arcade était réellement comme sa deuxième maison. Le téléphone toujours en main, elle se doit, Meri, d’immortaliser la scène incroyable devant ses yeux. (C’est comme une mission de vie, à ce stade, vous comprenez.) Enfin, incroyable n’était sans doute pas le mot qui convenait à cette situation qui arrivait plus souvent qu’on ne pouvait le penser. Bora en train de twerker entre les jeux, accompagnée de Pippa en train de … faire quelque chose, s’apparentant à de la danse.
L’enregistrement lancée sur le petit écran, Meri se met à rire. Une sensation d’absurde et de tellement familier qui se mêle dans son coeur. Toujours la vidéo qui tourne, elle se joint sans y réfléchir deux fois à ses meilleures amies pour sauter dans tous les sens, lâchant des petits bruits telle une enfant dans un château gonflable. Avaient-elle l’air ridicules ? Sans doute que oui. Était-ce un angle flatteur depuis la caméra de son téléphone ? Certainement pas.
Mais Meri n’échangerait tout ça pour rien au monde.
Des rires encore et toujours, presque plus forts que la musique et puis, soudainement, comme si elle venait de se rendre compte que c’était un peu étrange de s’être mêlée à cette danse, elle s’arrête, interrompt l’enregistrement de la vidéo et dit : Au fait, on fête quoi ? Parce qu’évidemment, une dance party voulait dire qu’on fêtait un truc, right ?
@Pippa Frost @Haneul Seong @Bora Hwang
C'est avec un sourire à peine voilé que Haneul ressort des locaux de l'entreprise dans laquelle il vient tout juste de finir sa formation, avec le PDG derrière lui qui le suit à la trace jusqu'à sa magnifique Tesla (spoiler alert : il a loué la Tesla, ne croyez pas qu'il a l'argent pour). La formation s'est tellement bien déroulée - et Haneul a surtout travaillé son pitch à la perfection - qu'il est à deux doigts de décrocher une location de l'arcade pour un team building de qualité qui doit durer deux jours. Bien évidemment, il a gonflé les prix au maximum comme à son habitude pour faire en sorte de pallier à la fermeture de l'arcade au public durant ces 48 heures. Mais il va devoir en parler à ses ami.e.s avant de faire l'offre. Néanmoins, Haneul sait être convaincant alors il a décidé de prendre les devants et de proposer au PDG de venir visiter l'arcade pour se faire une première idée de l'endroit. A cette heure-ci, l'arcade est vide alors il va en profiter.
Peut-être qu'il aurait dû prendre la peine d'envoyer un message à ses ami.e.s avant de prendre la route avec le PDG à ses côtés, pour s'assurer que tout soit ok au niveau de l'arcade, que le rangement a été au moins fait etc. Mais il n'y pense pas, trop enthousiasmé par la somme d'argent qu'il peut ramener juste pour deux jours face à un PDG qui fait partie de ces chefs d'entreprise qui croient que l'organisation d'un team building suffit pour calmer le turn-over, et que Susan et Ryan de la comptabilité arrêtent de se disputer à la pause clope... puis à la pause café... puis à la pause repas... Bref, typiquement le genre de clientèle parfaite pour Haneul qui n'a clairement aucun scrupule à faire semblant de croire à tout cela pour vendre ses propres formations et maintenant l'arcade.
« Vous allez voir, on propose énormément de jeux avec des concepts différents. Si cela vous intéresse toujours après notre visite, nous pourrons même nous adapter en fonction du nombre de personne. » commence-t-il à blablater auprès du PDG alors qu'il se gare devant le parking de l'arcade. « Comme vous voyez, c'est facilement accessible que ce soit en voiture ou en transport en commun. Nous ne sommes pas si loin de vos locaux en plus. »
Haneul sort le grand jeu, comme à son habitude alors qu'il continue de mettre en avant les qualités du lieu. En se glissant hors de la voiture, il vérifie durant quelques secondes que son costume soit toujours bien en place (quand bien même il crève de chaud avec sa chemise à manche longue) et montre au PDG l'entrée de l'arcade. Il comprend qu'il y a un problème lorsqu'il ouvre la porte et entend la musique dans ses oreilles. Merde. Il se tourne vers le PDG, avec un sourire crispé.
« Je vous laisse patienter ici quelques minutes, je dois faire quelques vérifications avant. » ment-il avant de s'aventurer pour de bon dans l'arcade et d'observer la scène qui se déroule sous ses yeux d'un air ahuri. « Qu'est-ce que vous faîtes ? Pourquoi vous êtes toutes là ? C'est réunion entre colocataires et Haneul dans le coin ? »
Haneul le péteur d'ambiance professionnel. Coup de chaleur qui lui monte aussi à la tête tandis qu'il essaye de se faire de l'air à l'aide de sa main.
« Je viens de ramener le PDG d'une entreprise pour lui faire visiter l'arcade... Il veut organiser un team building chez nous. Come on, arrête de twerker Bora ! C'est sérieux là, il est prêt à mettre une grosse somme pour louer les locaux. » lance-t-il d'un air désespéré alors qu'il tente d'expliquer la situation en vitesse. Pourquoi est-ce qu'il a cru que tout pouvait bien se passer ?