fly away (ft Zola)
Le ciel était bleu et dégagé, sans aucun nuage, et le soleil rayonnait de toute sa puissance. Un temps idéal pour ce qu’elle avait prévu de faire aujourd’hui, ou plutôt de faire faire à quelqu’un. En réalité, cela la concernait également, elle ne dérogerait pas à la règle. Un défi était un défi, et ils avaient tous autant qu’ils étaient jusqu’à ce jour une saveur particulière, tout simplement parce que c’était lui. A croire qu’elle l’avait pris d’affection, cet imbécile de Zola. Mais il n’en était rien, elle appréciait juste ce jeu d’enfant auquel ils s’adonnaient depuis maintenant des années, et c’était bien parce qu’il l’insupportait qu’elle relevait chacun de ses challenges, quand ce n’était pas elle qui lui en lançait un. Leur règle d’or était de ne jamais refuser l’un d’entre eux, chose qu’ils avaient jamais fait jusqu’à présent. Une règle qu’aucun des deux n’avait jamais énoncée ou écrite, mais ils s’étaient compris en un regard, pas besoin de mots pour se comprendre à ce sujet. Il faut dire que chacun avait sa fierté, hors de question pour l’un comme pour l’autre de se défiler, rien que pour montrer à l’autre qu’il était plus fort que lui. L’exaltation que ça lui procurait lui était si bénéfique à ses yeux qu’elle en redemandait, malgré le fait qu’ils se soient calmés dans les provocations à présent qu’ils étaient adultes.
Sur la route vers San Diego, elle augmenta le son de la musique que la radio capricieuse que son véhicule diffusait. Elle avait du mal à capter les fréquences mais le son vintage que cela faisait la rendait nostalgique de quand elle prenait la voiture avec son frère. Chantant à tue-tête sur l’un des airs des Red Hot, elle arriva enfin devant l’aérodrome de San Diego, après un peu plus d’une demi-heure de route. Sasha avait donné rendez-vous à Zola à cette adresse précisément, quelques jours plus tôt. Cela devait bien faire un peu plus d’une semaine qu’elle l’avait pris au mot quand il avait dit tout haut qu’il n’avait peur de rien devant toute une assemblée de filles qui le dévoraient des yeux lors d’une folle soirée comme ils avaient l’habitude de fréquenter, ce qui avait eu le don de l’agacer, inévitablement. Elle ne s’était donc pas faite prier pour le mettre au défi, qu’il prouve réellement que rien ne lui faisait peur. Et elle avait une petite idée derrière la tête de ce qu’elle lui donnerait à relever. Dès le lendemain, elle avait réservé à la date la plus proche pour un saut en parachute pour deux personnes. Oui, elle s’était mise dans le lot, car même si elle n’en avait jamais fait, l’adrénaline coulait dans ses veines rien que de s’imaginer à plusieurs mètres du sol en altitude. Après un rapide coup d’œil autour d’elle, elle ne vit ni Zola ni sa voiture. Elle était arrivée un peu en avance mais elle espérait ne pas trop attendre, puis le connaissant, il ne devrait pas tarder non plus. Elle s’alluma cependant une cigarette qu’elle glissa entre ses lèvres, adossée à la carrosserie de son véhicule, les yeux levés au ciel en observant les petits avions et les parachutes se dépliant après une chute libre de plusieurs mètres. Soudain, elle entendit craquer l’herbe sèche près d’elle. « J’ai presque cru que tu t’étais dégonflé. » Elle se retourna alors vers Zola tout en prenant une taffe de sa cigarette. « Tu vas pouvoir me montrer que tu n’as vraiment peur de rien. Un saut en parachute, ça te dit ? » Elle savait qu’il avait deviné de quoi il en retournait quand elle lui avait donné l’adresse mais elle disait cela pour la forme. Tout avait été réservé, et elle savait qu’il irait jusqu’au bout du défi – à part s’il flippait, ce qui ne serait pas en sa faveur.