take me down.
T'es sorti de l'hôpital psychiatrique, la rage au ventre, comme à chaque fois. Cette putain de douleur persiste, insidieuse, te bouffant de l'intérieur à chaque foutue visite. Les souvenirs te poursuivent, te griffant, te martelant la tête, comme si t'avais besoin de ça, putain. L'envie te prend parfois de fracasser ta tête contre le mur de cet endroit maudit, de tout foutre en l'air. C'est quoi, cette quête masochiste ? La recherche de l'approbation d'une mère qui t'a jamais accepté ? T'en sais foutrement rien, mais la colère, elle est là, en toi, grondante, tempétueuse.
Alors t'as choisi de revenir ici, dans ce foutu coin, là où les âmes en peine de cette ville traînent leurs misères. Un endroit qui sent la détresse, la rage, la douleur. Le lieu des combats clandestins, là où tu peux te défouler, où tu peux déverser toute cette colère qui te consume. T'as retiré délicatement le bracelet de ta sœur, l'as posé sur le levier de vitesse de ta bagnole, comme pour lui dire que t'es toujours là pour elle. Puis, la chemise a volé, remplacée par un t-shirt noir, signe annonciateur de ce qui t'attend. Dans le bar, des visages familiers croisent le tien. Des gars comme toi, abîmés par la vie. Des hochements de tête complices, un signe de la main de Garrick, et tu sais où aller. Un passage secret, un couloir sombre. La troisième porte à droite, le code que t'as frappé contre la paroi. Ça s'ouvre, comme par magie, comme si c'était ta putain de destinée. Un inconnu t'accueille, sans mots inutiles. T'as pas le temps pour ça, t'es pas là pour bavarder.
T'as descendu les escaliers vers le sous-sol, où les cris d'excitation montent en crescendo. Deux mecs s'acharnent déjà dans l'arène, le public en délire. Vous êtes tous réunis pour assouvir ce besoin viscéral de se défouler, de faire taire cette putain de colère qui vous dévore, depuis des années dans ton cas. T'arrives devant Maddox, celui qui tient la liste. T'as besoin de vérifier que ton nom est bien là, parce que si tu peux pas te battre, il faudra bien que t’ailles la chercher quelque part, cette douleur, l'essence même de ta vie, la seule chose qui te fasse sentir vivant. Le temps passe, les combats s'enchaînent. Ton pseudo est enfin appelé, et t'es prêt, putain, t'es toujours prêt. T'en as rien à foutre de l'adversaire, de qui il est, d'où il vient. T'as juste besoin de sentir le contact de tes poings sur sa chair, d'entendre le craquement des os, et inversement. T'as envie de tout détruire, tout réduire en miettes, à défaut de pouvoir t’en prendre à la principale concernée.
Le t-shirt, les chaussures, tu les laisses à Maddox, comme si tu te débarrassais de tout ce qui te retient. Puis t'avances vers l'arène, ton territoire, là où tu te sens chez toi. Ton adversaire est là, face à toi, et son visage te revient en mémoire. Leif, quelle putain de bonne surprise. T'as pas revu ce connard depuis des années « Dude, what the fuck? » tu craches, dévoilant un sourire amusé qui confirme le talent de ton dentiste. « At last, we will settle the score today. » Les retrouvailles, ells, attendront. Pour l'instant, y a qu'une chose qui compte, c'est le combat. Tes poings sont prêts, et t'as bien l'intention de rattraper la défaite de votre dernière rencontre. Ton excitation est à son paroxysme, prendre ta revanche en plus de tomber sur un excellent adversaire, enfin du positif aujourd'hui. « Ready? »
boom.
le myocarde qui s'emballe aux échos lointains. boom. peut sentir l'alcool, la transpiration et la hâte jusqu'ici, à peine plus grand qu'un placard à balais. boom. ça hurle dans tous les sens - un même coeur au milieu du chaos. pense à svea qu'il s'imagine en train de dormir dans sa chambre ensevelie par les posters de célébrités; pense au fait qu'un jour peut-être, il pourra lui offrir de voir de ses propres yeux son stupide boys band à la con. mais pour ça des larmes de sang et des jointures abimées. boom. « swedish, your turn. » la tête s'incline en arrière et il roule une dernière fois des épaules avant de se redresser. caresse pensivement les poings de colosse qui viendront bientôt se ficher dans la gueule puis les flans de quelqu'un; jusqu'à ce que seul l'un d'eux ne se tienne debout face à la foule. boom. eux qu'il entend. leur impatience et soif de sang. comme si ça les aidait à se libérer de leurs propres démons. des malades aux poches pleines de billets, souvent sales sans doute, les balançant dans des cris qui n'encouragent qu'à la haine. eux ils ne voient que le ring et des noms; pas les pauvres types qui dès le lendemain souffriront des repercussions - une fois l'euphorie du moment éteinte. il y fait pas exception leif; se dit que vaut mieux taper sur quelqu'un de consentant, d'autant plus s'il y a de l'argent à la clef plutôt que de craquer sur ces connards qu'il croise à longueur de journée dehors. une ambiance particulière, à la fois hostile et fraternelle. parce que si parmi ces types il y aura toujours des tricheurs et des mauvais perdants, la majorité sait qu'ils ont tout à perdre et rien à gagner à se mettre ces gens là à dos. boom. on sait rien de personne si ce n'est un nom et une réputation; matchs organisés sur l'instant pour éviter les problèmes et autres paris frauduleux - ça c'est déjà vu, machin qui se laisse tomber après trois coups et ramasse étrangement le pactole à la fin. c'est qu'ils gèrent pas très bien les magouilles. ici, leif n'est que swedish - pas un livreur ni un oncle, fils de personne; une ombre. pourtant lorsqu'il s'avance une part d'humanité qui lui revient telle une claque. redevient l'ami d'antan, pas sûr qu'il le reconnaitrait et pourtant. baisse les poings et sourire en coin; quelle putain de bonne surprise, ouais. « aren't ya scared they won't call u anymore for those white-teeth-advertisement if ya losing some? » ricane discrètement tout en sautant sur place pour se chauffer les jambes une dernière fois. cache son mécontentement derrière l'humour - de tous les enculés contre qui il aurait pu tomber aujourd'hui il avait fallu que ce soit om. plutôt envie de partager une bière pour lui demander tout ce qui a pu se passer dans sa vie depuis la dernière fois, refaire le monde ensemble jusqu'au bout de la nuit - un monde où ils n'avaient jamais vraiment trouvé leur place, tous les deux. jusqu'ici. « are you? » balancé avec audace, histoire de le charier un peu plus. l'excitation qui monte de façon positive cette fois; un beau match qui s'annonce même s'il sait d'avance que les percussions feront d'autant plus mal. « 'luck fella. » signe de tête à l'organisateur, ses poings levés devant son visage pour faire barrage tout en les gardant suffisamment écartés pour avoir un visu sur son adversaire. quelques pas à gauche sur lesquels le suédois revient, essaie d'observer le pattern d'om, d'anticiper tout en sachant que ce sera peine perdue; envoie un premier chassé du pied pour essayer de le déstabiliser et le faire reculer, voir de quel côté il va instinctivement. sourit toujours, leif, comme anesthésié. peut-être les deux shots qu'il s'est envoyé avant d'entrer - peut-être simplement le fait de revoir un vieil ami. om qui esquive une nouvelle tentative d'intimidation et réplique; leif qui se prend une première beigne pas trop méchante. en rigole un peu, secouant la tête comme pour faire partir la sensation de fourmillement à sa pommette. fait mine de viser les jambes et envoie au dernier moment un uppercut à l'estomac, juste pour lui couper le souffle - et lui rendre la pareille. « winner pays for the beers. » lance suffisamment fort pour que cela couvre les bruits de la foule en délire, prête à les voir en découdre. et si c'est du show qu'ils veulent ils n'auraient pas pu miser sur de meilleurs gladiateurs.
La provocation de ton pote d'enfance tire un sourire carnassier, l'occasion rêvée d'étaler un peu plus ce sourire dont t'es si fier. « Not a big deal, today’s bid will get me a new one », tu lâches, ton accent traînant avec une insolence calculée. T'es vivant comme jamais, là, en plein cœur de ce foutu carnage, au milieu de cette foule en délire qui hurle sa soif de sang à chaque putain de coup.
L'organisateur ne traîne pas, il donne le feu vert, et la distance entre toi et Swedish fond comme neige au soleil. Votre danse macabre s'embrase, feintes et coups fusent, et ta concentration est à son paroxysme. Tes yeux suivent chaque putain de mouvement, analysent le rythme, anticipent l'attaque qui t'atteint finalement en plein estomac. Putain, ça fait mal. « I only drink expensive booze now, can you afford this ? » que tu lui craches, ta voix teintée d'amusement et de détermination. T'as pas dit ton dernier mot, loin de là.
Après avoir encaissé le coup à l'estomac, t'hésites pas une seconde. Ton agilité est ton arme fatale, et tu comptes bien la mettre à profit. Les poings de Swedish, ils sont puissants, ouais, mais toi, t'as plus d'un tour dans ton sac. D'un pas rapide, tu te jettes sur lui, feignant un uppercut en direction de sa face, puis tu changes de trajectoire au dernier moment pour lui balancer un putain de crochet du gauche en plein dans ses côtes. La différence de taille et la vitesse de ton attaque sont tes meilleurs alliés, et tu pries pour avoir surpris Leif. Mais ça n'a pas l'impact que tu recherches.
Le public est en délire, les paris fusent, et tu te fonds dans cette frénésie, mais t'oublies pas les démons qui te hantent. Dans cet enfer, t'es vivant comme jamais, t'es une bête sauvage lâchée en pleine arène. Chaque putain de mouvement que tu fais est calculé, chaque coup que tu portes est précis. Tu changes ta stratégie, t'attaques les jambes de Swedish, tu gardes ta garde bien solide. T'as bien pigé qu'il faut déstabiliser ce connard, le sortir de sa zone de confort. Ton pied fonce en avant, rapide, tu bouscules sa position, mais t'as pas vu venir son coup dans ton estomac. L'intérêt de ce combat se trouve dans ces moments de surprise. T'enchaînes malgré tout, tu restes mobile, tu danses autour de lui, tu lui renvoies un putain de coup au visage, puis un crochet du droit à son flanc. « I’m deffo thirsty », tu lâches, une vengeance mesquine dans ton sourire carnassier. T'essayes de pas te laisser emporter par l'euphorie de la foule, mais c'est dur, putain. T'as senti que Swedish va répliquer bientôt, alors t'en rajoutes une couche : « So much fun, fucker. » C'est le bordel, mais t'es à ta place, en plein cœur de la tempête, et t'as pas l'intention de lâcher prise.
boom.
cris devenus mirage;
l'oeil planté sur l'adversaire qui n'en est pas entièrement un aujourd'hui, dansant autour de toi pour esquiver tes coups. pas l'habitude de care pour eux - des noms sur une liste seulement. leur parle jamais, partage pas de verres ni d'anecdotes. là pour taper. là pour exulter. vad gör du här fan ?* entouré de ces figures feutrées ayant davantage de bleus à l'âme qu'aux poings; devrait être à l'appartement avec svea, plutôt. s'assurer qu'elle a ce qu'il lui faut et qu'elle se repose paisiblement. sa façon à lui de le faire - imparfaite sans le moindre doute. se rassure comme il peut en se disant que le nouvel ordinateur portable lui fera oublier ces quelques absences (toujours rêver). « geez » dans un souffle interrompu par un mouvement visant à lui éviter un nouveau coup de poing « kickin yo ass won't harm yo ego. » qu'il rétorque avec un peu plus de certitude, l'envie qui lui démange un peu plus les doigts - en toute sympathie. om reste om; mais la victoire face à lui n'en serait que plus belle contrairement à un pseudo futile. a pourtant pas tort lorsqu'il dit que le suédois ne peut pas se le permettre; fauché jusqu'aux blés depuis leur rencontre déjà, lorsqu'ils essayaient de se sortir de la merde. comme ce soir chacun à leur façon. une attaque qu'il ne perçoit que du coin de l'oeil - à peine le temps de pivoter pour que les jointures d'om ne s'écrasent pas entièrement ses côtes; mais suffisamment pour lui faire serrer la mâchoire et ravaler un juron derrière ses dents. y prendrait trop de plaisir, lui, à le voir rager. « s u c k e r » bien articulé entre des gencives commençant à accuser une première saveur ferreuse. dansent l'un face à l'autre, piétinant pour mieux s'observer puis se descendre. n'en restera qu'un et si leif tient pas à tous prix à être ce gars, veut donner à om la petite déculottée qu'il mérite. c'est qu'ils se sont pas vus pendant longtemps, eux, et que y'a rien de mieux pour le rattraper que faire leurs conneries habituelles. right? le poing qui s'écrase dans la gueule puis droit dans le flan, pose un genou à terre le temps de reprendre son souffle mais l'esprit bien clair; « can't u shut the fuck up... » calme « already ?! » moins calme. profite de le sentir sur sa droite pour balancer son gauche dans sa mâchoire - mais sa position de départ n'est pas idéale. s'il le manque de quelques centimètres seulement, il profite néanmoins de la surprise pour s'envoyer de tout son poids dans ses jambes pour le renverser. assène un coup dans son estomac dans l'espoir de lui couper le souffle plus que lui faire mal - histoire de se donner le temps de reprendre le sien, aussi. une chance qu'il ait bien calculé sa trajectoire contrairement au premier coup qu'il avait vainement tenté de lui donner. cet enculé est tenace mais leif a plus d'expérience dans le fait d'être un human trash to the society. « common kevin hart - » l'interpelle pour reprendre en bonne et due forme, bien que toujours essoufflé. ça le fait marrer de lui rappeler que c'est lui le grand et om le petit; comme quand ils partageaient des missions et qu'il avait encore l'air si jeune et paumé. plus aucun rapport avec le mec que le suédois avait désormais sous les yeux et qui n'allait pas tarder à lui botter le cul. « let's get it over with. » envie d'un verre - besoin d'un verre. une bière ou plus, car après tout si om gagne il ne lui refusera pas un scotch pour panser ses plaies. tourne autour de lui, ses poings devant son visage en guise de protection avant d'avancer. balance un coup de pied dans le vide juste pour voir de quel côté il esquive puis rebelote; puis il vise son épaule pour finalement sauter genou en avant pour tenter de l'atteindre à l'estomac. tenter oui.
(vad gör du här fan ?* - qu'est-ce que tu fous là bordel?)
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