quand les lumières s'éteignent -- Thomas
Dans le jardin de Sam et Lara, des guirlandes lumineuses commencent à s’allumer. Le soleil se couche mais les conversations vont toujours bon train, un babillage continue se fait entendre entre les différents groupes qui discutent autour de la table, près de la porte vitrée ou plus loin sur la terrasse. Callahan, lui, se met à rire haut et fort à une blague qu’on vient de lui faire, sentant que sa bonne humeur a atteint un pic pour la soirée. Il n’y croyait pas en arrivant, dans la voiture silencieuse qu’il partageait avec Thomas, l'ambiance était loin d’être festive. Mais finalement, en s’éloignant de son époux et en parlant avec plusieurs amis ici et là, Cal a réussi à se détendre et à passer à autre chose. Un bon repas, quelques verres et des conversations agréables, il n’y avait rien à craindre de cette soirée, jusqu’à ce que l’heure tourne et qu’il devienne clair qu’ils ne resteront pas encore plusieurs heures. Après une grande inspiration, il traverse la foule en distribuant quelques sourires et zigzaguant pour éviter deux enfants qui courent. Thomas est un peu plus loin, verre à la main et plongé dans une conversation, mais en le voyant arriver Lara sourit et s’efface, percevant sans doute qu’elle sera de trop entre les deux époux. Elle n’a pas tort, Callahan sera plus à l’aise de parler à son mari seul à seul, mais il est devenu expert dans l’art de faire comme si tout allait bien. Une seconde nature qui s’empare de lui, d’eux, lorsqu’ils sont dans une situation comme celle-ci, entourés de leurs amis. « Hey. » Il cale un sourire sur ses lèvres, tandis que l’une des mains vient se poser dans le bas du dos de Thomas. Malheureusement ce geste n’est que pour les autres, que pour montrer une intimité qui n’existe plus. Callahan ne réfléchit pas, l’exécute avec une familiarité déroutante, tout en sachant pourtant que ce n’est plus normal. « Je commence à fatiguer un peu, tu me dis quand tu veux y aller ? » Son pouce caresse le dos de Thomas dans des mouvements inconscients, alors qu’il se rend compte que la question n’a finalement pas de sens. Ils n’en ont parlé à personne de ce qu’il se passe entre eux, n’en ont même pas parlé ensemble. Alors Callahan sauve les apparences, n’imagine même pas qu’ils auraient pu venir séparément à cette soirée et qu’ils pourraient repartir l’un après l’autre. Qu’est-ce que leurs amis diraient ? Ils forment encore un couple, ont les alliance pour le prouver et cette capacité à se regarder comme s’ils étaient seuls au monde. Enfin plus vraiment, ça fait longtemps que Thomas ne lui a pas fait sentir qu’il était un minimum spécial à ses yeux.
Le chose est devenue assez rare pour être soulignée. Le couple Cornell se rend ensemble à une soirée organisée par un autre couple d’amis. Parmi les invités, il y a la plupart de leurs amis proches, des personnes qu’ils invitent parfois aussi, et qui connaissent le couple qu’ils forment depuis des années. Aussi, ils s’installent l’un à côté de l’autre au moment du repas, mais là où Thomas pouvait glisser de temps à autre la main sur la cuisse de son époux, dans un geste tendre, il ne le fait plus désormais. Il ne l’inclu pas dans la conversation qu’il a avec sa voisine de table et le gars en face, il lui sourit cependant quand ce dernier s’adresse à lui, donne le change parce que personne ne sait. Et personne ne doit savoir.
La soirée continue son cours, les convives se lèvent et Thomas prend son verre de vin pour s’éloigner, rejoindre une amie qui veut prendre l’air, et ils se lancent dans une conversation animée, portant sur une multitude de sujets, abordés les uns après les autres. En pleine conversation, Thomas perçoit la présence de son époux dans son dos, confirmée par le léger sourire de la trentenaire, qui s’en va après avoir conclu qu’elle avait froid et qu’elle allait rentrer à l’intérieur. Le brun lui sourit, légèrement agacé d’être interrompu par son époux, mais la main qu’il pose contre ses reins est malgré tout agréable, quoique devenue étrangère. Pourtant Thomas aimerait s’y accrocher, à cette sensation, il voudrait se rapprocher, laisser son corps capter un peu plus la chaleur que dégage celui de Cal, mais il n’en fait rien. A la place, Thomas tourne la tête vers lui, et lui offre ce sourire qu’il faisait autrefois naître sans difficulté sur ses lippes. Ce sourire est faux désormais, craquelé sous les années et cet amour qui semble définitivement se fâner. Un sourire qui vient de manière automatique quand ils sont dans une telle position, les amis plus loin. « Quand tu veux, ma conversation est finie de toute manière, » fait-il sans chercher à dissimuler le reproche sous ses mots. Il vide son verre d’un coup, et vient finalement poser une main sur le bras de l’autre. « Tu conduis ? » une question qui n’en est pas vraiment une. Thomas n’a pas envie de prendre le volant, il veut s’enfoncer dans le siège passager et oublier les sourires francs que Cal offre à la terre entière, sauf à lui. Et sur ces paroles, il s’éloigne, non sans se tourner pour vérifier que son époux le suivait.
Les au revoir sont rapides, certains se plaignent de les voir déjà partir, Thomas prétexte que le travail a été éreintant ces derniers jours, un réflexe acquis il y a des années quand c’est Cal qui veut partir le premier, de faire croire que ce n’est pas seulement sa décision. Et puis la porte se referme derrière eux, et le silence tombe sur leurs épaules. Il est l’heure de rejoindre la froideur de leur foyer.
La soirée continue son cours, les convives se lèvent et Thomas prend son verre de vin pour s’éloigner, rejoindre une amie qui veut prendre l’air, et ils se lancent dans une conversation animée, portant sur une multitude de sujets, abordés les uns après les autres. En pleine conversation, Thomas perçoit la présence de son époux dans son dos, confirmée par le léger sourire de la trentenaire, qui s’en va après avoir conclu qu’elle avait froid et qu’elle allait rentrer à l’intérieur. Le brun lui sourit, légèrement agacé d’être interrompu par son époux, mais la main qu’il pose contre ses reins est malgré tout agréable, quoique devenue étrangère. Pourtant Thomas aimerait s’y accrocher, à cette sensation, il voudrait se rapprocher, laisser son corps capter un peu plus la chaleur que dégage celui de Cal, mais il n’en fait rien. A la place, Thomas tourne la tête vers lui, et lui offre ce sourire qu’il faisait autrefois naître sans difficulté sur ses lippes. Ce sourire est faux désormais, craquelé sous les années et cet amour qui semble définitivement se fâner. Un sourire qui vient de manière automatique quand ils sont dans une telle position, les amis plus loin. « Quand tu veux, ma conversation est finie de toute manière, » fait-il sans chercher à dissimuler le reproche sous ses mots. Il vide son verre d’un coup, et vient finalement poser une main sur le bras de l’autre. « Tu conduis ? » une question qui n’en est pas vraiment une. Thomas n’a pas envie de prendre le volant, il veut s’enfoncer dans le siège passager et oublier les sourires francs que Cal offre à la terre entière, sauf à lui. Et sur ces paroles, il s’éloigne, non sans se tourner pour vérifier que son époux le suivait.
Les au revoir sont rapides, certains se plaignent de les voir déjà partir, Thomas prétexte que le travail a été éreintant ces derniers jours, un réflexe acquis il y a des années quand c’est Cal qui veut partir le premier, de faire croire que ce n’est pas seulement sa décision. Et puis la porte se referme derrière eux, et le silence tombe sur leurs épaules. Il est l’heure de rejoindre la froideur de leur foyer.
La soirée passe sans qu’il n’y pense vraiment, Callahan profite de la présence de ses amis, des discussions agréables et d’une ambiance plutôt bonne. Il a encore ce réflexe, parfois, de tourner la tête à la recherche de Thomas. Il s’attend à le trouver à ses côtés, à l’entendre rire de la même plaisanterie qui l’amuse lui aussi, mais depuis il moment il n’est plus là. Si les apparences doivent rester dignes, ils ne prennent pas la peine de rester l’un avec l’autre toute la soirée. Ils ne l’ont jamais fait après tout, ayant toujours su donner à l’autre une certaine indépendance et autonomie. Mais les choses vont plus loin maintenant, il ne s’agit pas seulement de se laisser respirer. Ils s’évitent, se fuient, et préfèrent passer du temps avec n’importe qui plutôt que de le passer ensemble. Évidemment que ça joue sur son moral à Cal, évidemment qu’il se sent un peu mis de côté par l’époux qu’il supporte à peine. Il se rend à peine compte que la punition va dans les deux sens d’ailleurs, trouvant bien plus simple d’enterrer sa tête dans le sable en ignorant les problèmes.
Peut-être est-ce à cause de tout de cela que sa bonne humeur s’entache au fil de la soirée, ou peut-être est-il simplement fatigué de la journée passée à la librairie. Quoi qu’il en soit, l’envie de quitter les lieux pour retrouver le confort de leur maison devient de plus en plus forte, et il finit par trouver Thomas dans un coin du jardin. Encore un an plus tôt, ils auraient profité de cet instant volé, de cette bulle qui se serait formée autour d’eux pour exclure, cette fois, le reste du monde. Des regards complices et peut-être un baiser ou deux, ils se seraient fait un résumé de leur soirée avant de décider de rentrer ensemble, mais sans doute pour se retrouver d’une manière bien plus intime que ce que Callahan s’apprête à lui proposer ce soir. Parce que le sourire forcé que Thomas lui sert est sans doute la dernière chose qui pourrait lui donner envie d’un rapprochement. S’il ne connaissait pas si bien, il pourrait se dire qu’il s’agit juste d’une marque d’affection comme une autre, mais Callahan sait lire entre les traits et voir l’hypocrisie dans le moindre de ses gestes. A cela vient se joindre un reproche et une descente de verre bien trop rapide, qui usent la patience du libraire. « Si tu veux. J’ai moins bu que toi je crois. » Moins vite en tout cas, c’est certain. Pas qu’ils aient une longue route à parcourir, quelques rues et ils seront chez eux, mais autant ne pas prendre de risque. La main qui s’était posée sur son bras le délaisse déjà, ce qu’il prend pour un agacement de plus.
Il ne faut pas longtemps pour dire au revoir et trouver une excuse, la même que Thomas utilise tout le temps. Encore une fois ils montrent qu’ils ne font qu’un. Une équipe soudée, un binôme bien rodé. Foutaises, peut-être que certains de leurs amis s’en rendent déjà compte. Mais les voilà dehors, loin des conversations et de la chaleur du groupe. Callahan sent soudainement le froid sur ses bras, autant dans la rue que derrière le volant où il s’installe. Moteur mis en route, ceintures attachées, il se met en route sans qu’aucun mot ne soit prononcé. Mais il fallait évidemment que chaque feu de circulation tourne au rouge sur leur route et le trajet s’allonge de ce qui lui semble être des siècles. « Tu sais qu’on pouvait rester si tu le voulais. Tu aurais pu entamer une autre conversation avec quelqu’un d’autre. » dit-il finalement sur un ton bien plus sec qu’il ne l’aurait voulu. Il aurait dû rester muet, mais après tout ce temps, le silence de leur relation lui pèse bien plus que n’importe quelle dispute. « Je n’avais pas besoin de partir dans la minute. » Il en remet une couche, sans trop savoir pourquoi. C’est inutile d’en reparler maintenant qu’ils sont déjà loin, mais il sait aussi que s’ils entrent chez eux sans dire un mot, ils n’ouvriront la bouche que pour se chuchoter un “bonne nuit” lointain.
L’accord est tombé, Callahan prendra le volant, et ça permettra à Thomas de ne pas devoir se concentrer sur la route, et sur le créneau à faire pour s’engager dans l’allée devant leur maison. En revanche ça lui laissera tout le loisir de songer à cette soirée, à l’absence de Cal à ses côtés à bien trop d’instants, et à ce que tout cela lui faisait (ou non) ressentir. Thomas ne relève pas la phrase de son époux, ignore si il y avait un reproche là dessus - en a l’impression - ou simplement une constatation. Le brun se contente de se diriger vers la sortie, le Cornell sur les talons.
Le quartier n’est pas bien grand, mais le trajet se fait long car ils se prennent des stop à chaque carrefour. Thomas, qui se tient d’habitude droit, s’enfonce un peu dans le siège passager et regarde par la fenêtre passager. Il observe le vide des rues, perturbé par une femme qui apparaît au détour d’un virage, la laisse de son chien à la main et le labrador qui avance en reniflant tout ce qu’il trouve sur son passage. Ca distrait un peu l’esprit toujours agité de l’époux Cornell, qui ne perçoit pas d’agacement légèrement plus élevé que la normal chez Cal. Ce n’est que quand ce dernier ouvre la bouche pour lancer les hostilités que Thomas soupire, le regard toujours posé sur la quadragénaire qui promène son chien. Drôle d’heure pour promener un chien, d’ailleurs.
“Ouais c’est ça…” commence Thomas, un peu dans sa barbe. “Tu étais fatigué, non ?” fait-il d’un ton qui se voulait las, mais qui en fait, est plus piquant qu’il ne l’aurait cru. Thomas fini par tourner la tête vers lui. Il observe un instant son profil, et tente de se souvenir de ce que cette vision lui faisait, autrefois. Désormais, cette vision l’agace. Il a envie de détourner les yeux, et pourtant quelque chose en Callahan le retient. Un truc indescriptible, sur lequel il ne parvient pas à mettre le doigt.
L’amour, tout simplement.
“Je n’allais pas recommencer une nouvelle conversation alors que tu voulais rentrer, Cal, arrête,” peut être qu’au fond, lui aussi était fatigué. Fatigué de voir Cal butiner d’ami en ami, avec son sublime sourire et ses yeux rieurs qui commençaient à faire des petites rides aux coins de son regard. “Ca t'agace qu’on ait fait ce que tu voulais ?” il le pousse dans ses retranchements, et il le sait. Et en même temps, il veut avoir cette conversation. Un bout de lui la veut, cette conversation. Aussi dure soit-elle, que le supplice s’arrête.
Le quartier n’est pas bien grand, mais le trajet se fait long car ils se prennent des stop à chaque carrefour. Thomas, qui se tient d’habitude droit, s’enfonce un peu dans le siège passager et regarde par la fenêtre passager. Il observe le vide des rues, perturbé par une femme qui apparaît au détour d’un virage, la laisse de son chien à la main et le labrador qui avance en reniflant tout ce qu’il trouve sur son passage. Ca distrait un peu l’esprit toujours agité de l’époux Cornell, qui ne perçoit pas d’agacement légèrement plus élevé que la normal chez Cal. Ce n’est que quand ce dernier ouvre la bouche pour lancer les hostilités que Thomas soupire, le regard toujours posé sur la quadragénaire qui promène son chien. Drôle d’heure pour promener un chien, d’ailleurs.
“Ouais c’est ça…” commence Thomas, un peu dans sa barbe. “Tu étais fatigué, non ?” fait-il d’un ton qui se voulait las, mais qui en fait, est plus piquant qu’il ne l’aurait cru. Thomas fini par tourner la tête vers lui. Il observe un instant son profil, et tente de se souvenir de ce que cette vision lui faisait, autrefois. Désormais, cette vision l’agace. Il a envie de détourner les yeux, et pourtant quelque chose en Callahan le retient. Un truc indescriptible, sur lequel il ne parvient pas à mettre le doigt.
“Je n’allais pas recommencer une nouvelle conversation alors que tu voulais rentrer, Cal, arrête,” peut être qu’au fond, lui aussi était fatigué. Fatigué de voir Cal butiner d’ami en ami, avec son sublime sourire et ses yeux rieurs qui commençaient à faire des petites rides aux coins de son regard. “Ca t'agace qu’on ait fait ce que tu voulais ?” il le pousse dans ses retranchements, et il le sait. Et en même temps, il veut avoir cette conversation. Un bout de lui la veut, cette conversation. Aussi dure soit-elle, que le supplice s’arrête.
La tension dans la voiture est suffocante, comme si l’air avant entièrement quitté l’habitacle. Ils sont assis côte à côte, Callahan concentré sur les routes vides de leur quartier, Thomas apparemment happé par ce qu’il se passe à l’extérieur. Le silence s’est imposé, comme s’ils avaient usé de toutes les paroles possibles lors de cette soirée et qu’ils étaient à présent incapable de communiquer. Ce serait sans doute plus simple ainsi, aucun dialogue jusqu’à ce qu’ils n’entrent chez eux et aillent se coucher, aucun mot pour perturber le calme apocalyptique qui s’est installé entre eux depuis tout ce temps. Mais il faut croire que ce soir, Cal se dirige vers l'œil de la tornade. Lui d’ordinaire tranquille a besoin d’une confrontation et cela se ressent dans le ton employé. Frustré par la tournure des événements, par cette distance qui s’installe et tout ce qu’elle implique. Combien de fois a-t-il croisé le regard de Thomas au cours de la soirée ? Deux, peut-être. Et avec cela des sourires trop rares, des gestes inexistants. Callahan a la sensation de ne plus être visible, de faire partie des vieux meubles de leur maison, de n’être qu’un instrument de plus dans la collection d'affaires de sport. Et encore, les affaires de sport récoltent la proximité et la chaleur du corps de Thomas, chose que Callahan ne connaît plus. « Je commençais à fatiguer, c’est différent. » Pointilleux sur un détail qui n’a pas lieu d’être, mais il se renfrogne encore plus en voyant que son époux ne prend pas la peine de détourner son regard de la fenêtre. Il lui répond par automatisme, ne cherchant que la contradiction. Et il trouve les mots parfaits pour piquer Callahan. « Ce que je voulais ? » répète-t-il en tournant un regard incrédule vers Thomas. « Rien de tout cela n’est “ce que je voulais”. » Il insiste, parle d’une manière brusque, sur un ton qu’il déteste lui-même et que pourtant il ne contrôle pas. Sa voix sonne comme si son époux était un idiot, ce qui n’a évidemment jamais été le cas. Cal s’en veut un peu, pourtant ne revient pas en arrière, ni sur le ton ni sur les mots. En a-t-il trop dit en mentionnant ce “rien” ? Lui-même ne sait pas vraiment ce qu’il cherche ou ce qu’il espère de tout cela, alors il poursuit sans laisser trop de chance à Thomas de rebondir là-dessus. « Ça m’agace que tu me reproches quelque chose que je n’ai pas demandé. Je ne suis pas un enfant, je n’allais pas me mettre à taper du pied ou crier si on ne partait pas dans la minute. » Son mari doit le penser bien capricieux pour s’imaginer qu’il doit se plier à la moindre de ses volontés. Depuis quand est-il le chef dans leur couple d’ailleurs, Cal n’a jamais souhaité être élu à ce poste. Non, il voulait d’un mariage en tout équilibre, une balance agréable et égalitaire, mais il faut croire que les utopies ne sont pas faites pour durer. Il soupire quand enfin le feu repasse au vert et prend un virage à droite pour entrer dans leur rue. « Dans le pire des cas, quelqu'un d’autre aurait pu te ramener si vraiment tu tenais à rester. » Il s’enfonce, détestant l’idée même que Thomas passe le reste de la soirée chez leurs amis sans lui, mais après tout n’est-ce pas ce qu’ils font souvent depuis un certain temps ? Chacun de leur côté, à vivre leur vie sans l’autre, comme s’ils étaient à peine ensemble. Conversation qui arrive trop tard de toute façon, puisque déjà leur maison apparaît dans leur champ de vision.
Le silence aurait pu être suffisant, mais au fond Thomas sentait qu’il préférait ça à leur routine habituelle. Il préférait que Callahan l’accable de reproches - aussi idiots soient-ils - plutôt qu’il l’ignore. Il avait le sentiment d’encore compter pour lui, et Thomas en prenait conscience : il était si dépourvu de son amour depuis si longtemps que sa colère était mieux que rien. Le brun s’était un peu redressé sur son siège, alors que l’autre continuait à s’énerver, la voiture roulant inexorablement vers leur maison, où la dispute prendrait en ampleur, ou se calmerait pour laisser place au vide, encore.
Rien de tout cela n’est ce qu’il veut, et Thomas se surprend à se demander ce qu’il entend pas ‘tout ça’. Tout ça : leur couple ? D’être là dans cette bagnole, à rouler vers une maison dont il ne veut plus ? La question lui brûle la gorge, lui brûle la langue et pourtant le Cornell ne dit rien, il rumine dans son coin, les bras se croisant sur son abdomen malgré lui. Thomas se renferme. Il craint que ce qu’il dira fera définitivement partir Cal, et même si une partie de lui se demande si ça ne serait pas mieux, l’autre lui hurle de ne pas prendre le risque, qu’il l’aime encore, que ça ira mieux.
Mais Cal n’en a pas terminé, il revient inlassablement sur le sujet, explique qu’il n’est pas un gosse et conclu sur une réplique bien sentie. Piqué, Thomas ne peut s’empêcher de se renfrogner davantage, alors qu’il jette un oeil vers le profil de son mari. “Et bien, la prochaine fois tu n’as qu’à partir sans moi et je rentrerai à pieds,” gronde-t-il, la colère omniprésente dans son ton. Il ne dit même pas ça pour inspirer la pitié, Thomas est assez en forme physiquement pour réellement apprécier de rentrer chez eux à pieds, même avec un ou deux verres dans le nez.
“De toute manière ça ne changera rien pour toi hein, t’as passé toute la soirée ailleurs,” ailleurs que près de moi a-t-il envie de préciser, mais le brun n’en fait rien. Il sait qu’il devrait en dire plus, qu’il devrait lui dire comment ça lui fait mal de le voir sourire avec leurs amis, et plus jamais avec lui. Il sait, au fond, qu’il devrait juste lui dire qu’il lui manque, qu’il a peur de le perdre et qu’il est jaloux de sa putain d’employée avec qui il passe son temps à flirter. Mais ça ne sert à rien de se battre, Thomas n’y peut rien, ne peut rien faire contre ce qu’elle, elle peut lui apporter. La conversation n’a rien à voir avec ça, et pourtant il ne peut s’empêcher d’y songer, et quand il sort de la voiture, il claque la portière avec un peu trop de force, avant de filer vers la porte d’entrée sans un regard pour Cal.
Il veut entrer et le fuir, mais ça n’aidera pas parce que Cal vit là lui aussi, qu’il dort dans son lit et respire son air.
Rien de tout cela n’est ce qu’il veut, et Thomas se surprend à se demander ce qu’il entend pas ‘tout ça’. Tout ça : leur couple ? D’être là dans cette bagnole, à rouler vers une maison dont il ne veut plus ? La question lui brûle la gorge, lui brûle la langue et pourtant le Cornell ne dit rien, il rumine dans son coin, les bras se croisant sur son abdomen malgré lui. Thomas se renferme. Il craint que ce qu’il dira fera définitivement partir Cal, et même si une partie de lui se demande si ça ne serait pas mieux, l’autre lui hurle de ne pas prendre le risque, qu’il l’aime encore, que ça ira mieux.
Mais Cal n’en a pas terminé, il revient inlassablement sur le sujet, explique qu’il n’est pas un gosse et conclu sur une réplique bien sentie. Piqué, Thomas ne peut s’empêcher de se renfrogner davantage, alors qu’il jette un oeil vers le profil de son mari. “Et bien, la prochaine fois tu n’as qu’à partir sans moi et je rentrerai à pieds,” gronde-t-il, la colère omniprésente dans son ton. Il ne dit même pas ça pour inspirer la pitié, Thomas est assez en forme physiquement pour réellement apprécier de rentrer chez eux à pieds, même avec un ou deux verres dans le nez.
“De toute manière ça ne changera rien pour toi hein, t’as passé toute la soirée ailleurs,” ailleurs que près de moi a-t-il envie de préciser, mais le brun n’en fait rien. Il sait qu’il devrait en dire plus, qu’il devrait lui dire comment ça lui fait mal de le voir sourire avec leurs amis, et plus jamais avec lui. Il sait, au fond, qu’il devrait juste lui dire qu’il lui manque, qu’il a peur de le perdre et qu’il est jaloux de sa putain d’employée avec qui il passe son temps à flirter. Mais ça ne sert à rien de se battre, Thomas n’y peut rien, ne peut rien faire contre ce qu’elle, elle peut lui apporter. La conversation n’a rien à voir avec ça, et pourtant il ne peut s’empêcher d’y songer, et quand il sort de la voiture, il claque la portière avec un peu trop de force, avant de filer vers la porte d’entrée sans un regard pour Cal.
Il veut entrer et le fuir, mais ça n’aidera pas parce que Cal vit là lui aussi, qu’il dort dans son lit et respire son air.
La situation dégénère sans que Callahan n’y puisse grand-chose. Rester silencieux aurait été la meilleure solution pour conserver la paix, mais plus le temps passe et plus cette paix lui semble intenable. Elle agit comme un anesthésiant, les laissant moux et las, sans la moindre once de passion ou de vie lorsqu’ils sont ensemble. Ils se contentent d’être, sans prendre le temps d’exister vraiment. Plus rien n’est comme avant, comme la relation qu’ils ont eu pendant tant d’années. Et si le libraire a retourné la chose encore et encore dans son esprit, il n’a pas pu trouver le point de non-retour de leur relation. Qu’a-t-il fait ? Qu’a-t-il dit ? Ou qu’a-t-il manqué de faire ou dire pour que Thomas se lasse de lui ainsi ? Son époux ne le regarde plus, ne le touche jamais et chaque instant passé ensemble ressemble à une corvée. Peut-être est-ce une combinaison de tout cela qui pousse Cal à battre sa langue et chercher des noises là où il n’y en a pas. Il en fait trop, s’enfonce dans une dispute qui n’a pas lieu d’être, mais il ne peut pas s’en empêcher. Au fond, ce n’est que sa manière de montrer qu’il veut se battre pour eux, pour leur couple, bien qu’il soit maladroit de montrer son amour en provoquant une dispute. Mais s’il y a une chose sur laquelle il peut encore compter, c’est la colère de Thomas. S’il réfléchissait un peu plus, Callahan pourrait sans doute comprendre qu’ils se querellent pour les mêmes raisons, mais devenu pessimiste, il ne ressent qu’un agacement de la part de son mari. Et ce qui le blesse le plus, c’est ce qu’il semble penser de lui. « C’est ça, je suis un monstre qui te pousse à rentrer à pied au milieu de la nuit. » Il déteste l’idée de le savoir seul dans la nuit, bien qu’il n’y ait pas énormément de danger à longer la plage pour rentrer chez eux. Il préférerait encore le savoir flirtant dans la voiture d’un de leurs amis, plutôt que d’imaginer tous les dangers qu’il pourrait traverser. Mais apparemment, Thomas ne se rend pas compte de l’effet qu’il a encore sur lui. Tous les sentiments qu’il lui provoque, le manque, la frustration, l’angoisse continuelle liée à un amour profond. A le croire, Cal n’est qu’un robot sans la moindre sensation humaine. Commentaire qui lui laisse un goût amer dans la bouche d’ailleurs, car l'ignorance a été bien réciproque tout au long de la soirée. « T’es bien placé pour parler, monsieur-je-tourne-le-dos-à-mon-voisin-de-table-toute-la-soirée. » Ce n’était pas difficile de comprendre que Thomas était plus intéressé par toutes les autres personnes que par lui, puisqu’il n’a pas cherché à lui parler. Cal a donc fait sa vie de son côté, trouvant une bouffée d’air frais auprès des autres.
Lorsque finalement le moteur de la voiture se coupe devant leur maison, Thomas ne perd pas de temps pour s’en extraire et claquer la portière. Une attitude enfantine elle aussi, qui pousse l'aîné à sortir avec la même fougue. « Thomas ! » Sa voix s’élève tandis que son époux s’éloigne, ne lui accordant aucune attention. Le brun ouvre la porte de leur maison et s’y engouffre, laissant Callahan seul avec une honte qu’il a du mal à dissimuler. Il a crié un peu trop fort, des voisins pourraient l’entendre et se poser des questions. Alors rapidement, il marche aussi vers la maison et à son tour claque la porte derrière lui. « C’est comme ça que ça marche maintenant ? On se fait des reproches puis on claque les portes ? » lance-t-il fort pour que Thomas l’entende, où qu’il puisse être. C’est dans la cuisine qu’il le trouve, il en profite pour se servir un verre d’eau tout en le regardant, une lueur de défi dans les yeux. « Et après on va aller se coucher dans un lit froid où jamais rien ne se passe. La vie est belle ! » Reproche qui sous-entend que la situation est loin de le convaincre, mais au point où ils en sont, Thomas sait-il encore reconnaître son sarcasme ?
Thomas soupire bruyamment à la réplique de Cal, il ne lui octroie cependant pas même un regard agacé et évite de répondre. Bien sûr qu’il n’était pas en train de dire que Cal était si horrible qu’il le laisserait rentrer seul ; rentrer seul le long de la plage avait longtemps été une habitude, quand il était plus jeune et qu’il ne connaissait même pas encore Cal, qu’il rentrait chez ses parents après une soirée arrosée et qu’il n’avait pas encore de voiture. Il ne dit rien, mais une part de lui savoure tout de même l’idée que son mari soit toujours capable de s’inquiéter pour lui. Si il n’était pas aussi énervé et agacé, peut être qu’il aurait posé sa main sur sa cuisse avec un regard amoureux, à lui dire de ne pas s’en faire pour sa sécurité.
Mais bien sûr il n’en fait rien, et l’autre enchaine, et Thomas hausse les sourcils, proprement outré de cette accusation. Certes, elle est réelle, mais Thomas est trop engoncé dans ses émotions et ses ressentis pour le réaliser. Selon lui, c’est Cal qui a commencé, bien sûr. A nouveau, l’époux Cornell préfère ne pas entrer dans ces débats, préférant fuir la dispute qui a déjà démarrer.
Alors il sort de la voiture, claque la porte, et ouvre celle de leur maison tout aussi précipitamment. Dans son dos, Cal l’appelle et même si l’entendre prononcer son prénom lui provoque toujours des battements de coeurs accélérés, il l’ignore et s’engouffre dans la maison, laissant les clés sur la console de l’entrée avant de prendre un virage dans le couloir vers la cuisine. Dans l’entrée, la porte claque et la voix de Cal se fait entendre. Thomas pourrait fuir encore, et mettre fin à cette conversation, mais il le laisse le retrouver dans la cuisine, et l’observe se servir un verre d’eau, les deux mains sur l’îlot central. “Qu’est-ce que tu voulais que je te dise, Cal !” son regard est plus sombre, la langue plus libre désormais qu’ils sont à l’intérieur. “Tu passes ton temps ailleurs, on se parle à peine, et quand je viens te voir à la librairie t’es trop occupé avec l’autre, là ! Tu crois peut-être que je t’ai pas vu ?!” Il ne sait pas vraiment pourquoi il ramène ça sur le tapis, peut être parce que c’est constamment présent dans son esprit, peut être parce que sa jalousie est trop crasse, et qu’il ne parvient plus à l’enfermer. “Tu voudrais que je fasse quoi, hein ?” et il a peur de la réponse et peur de s’entendre dire qu’il ne fait rien non plus - parce que c’est la vérité, il a abandonné -, alors il secoue la tête et lève une main, comme pour lui signifier ‘stp, ne réponds pas’. “Tu sais quoi laisse tomber, je te laisse le lit,” conclu-t-il d’un air amer, pourtant blessé bien qu’il parvienne à le dissimuler un tant soit peu.
C’est sans doute mieux comme ça, faire chambre à part ce soir - s’habituer à son absence à ses côtés pour s’endormir, parce que Thomas a le sentiment que ça va bientôt devenir sa normalité. “Je prend la chambre d’amis,” fait-il déjà en s'éloignant, toujours à le fuir, plutôt qu'à affronter la réalité et à se dire les choses. Ca ne marche plus, on devrait divorcer.
Mais bien sûr il n’en fait rien, et l’autre enchaine, et Thomas hausse les sourcils, proprement outré de cette accusation. Certes, elle est réelle, mais Thomas est trop engoncé dans ses émotions et ses ressentis pour le réaliser. Selon lui, c’est Cal qui a commencé, bien sûr. A nouveau, l’époux Cornell préfère ne pas entrer dans ces débats, préférant fuir la dispute qui a déjà démarrer.
Alors il sort de la voiture, claque la porte, et ouvre celle de leur maison tout aussi précipitamment. Dans son dos, Cal l’appelle et même si l’entendre prononcer son prénom lui provoque toujours des battements de coeurs accélérés, il l’ignore et s’engouffre dans la maison, laissant les clés sur la console de l’entrée avant de prendre un virage dans le couloir vers la cuisine. Dans l’entrée, la porte claque et la voix de Cal se fait entendre. Thomas pourrait fuir encore, et mettre fin à cette conversation, mais il le laisse le retrouver dans la cuisine, et l’observe se servir un verre d’eau, les deux mains sur l’îlot central. “Qu’est-ce que tu voulais que je te dise, Cal !” son regard est plus sombre, la langue plus libre désormais qu’ils sont à l’intérieur. “Tu passes ton temps ailleurs, on se parle à peine, et quand je viens te voir à la librairie t’es trop occupé avec l’autre, là ! Tu crois peut-être que je t’ai pas vu ?!” Il ne sait pas vraiment pourquoi il ramène ça sur le tapis, peut être parce que c’est constamment présent dans son esprit, peut être parce que sa jalousie est trop crasse, et qu’il ne parvient plus à l’enfermer. “Tu voudrais que je fasse quoi, hein ?” et il a peur de la réponse et peur de s’entendre dire qu’il ne fait rien non plus - parce que c’est la vérité, il a abandonné -, alors il secoue la tête et lève une main, comme pour lui signifier ‘stp, ne réponds pas’. “Tu sais quoi laisse tomber, je te laisse le lit,” conclu-t-il d’un air amer, pourtant blessé bien qu’il parvienne à le dissimuler un tant soit peu.
C’est sans doute mieux comme ça, faire chambre à part ce soir - s’habituer à son absence à ses côtés pour s’endormir, parce que Thomas a le sentiment que ça va bientôt devenir sa normalité. “Je prend la chambre d’amis,” fait-il déjà en s'éloignant, toujours à le fuir, plutôt qu'à affronter la réalité et à se dire les choses. Ca ne marche plus, on devrait divorcer.