Connexion du passé ft. Selma Ellington
Pour une journée dite de repos, elle s'annonce quand même bien chargée. Elle se lève à neuf heures, elle aurait bien fait une grasse matinée après son service tardif d'hier soir, mais elle a des obligations aujourd'hui. Dont un rendez-vous chez sa coiffeuse qu'elle doit honorer. Elle sait que ça va lui faire du bien de rafraichir sa tignasse, cette frange l'insupporte depuis quelques temps, elle était à deux doigts d'y remédier elle-même y a deux jours. Ou alors y a t-il quelque chose qui cloche en ce moment, quelque chose dont elle détourne son attention, en maudissant ses cheveux de blés plutôt qu'en s'avouant qu'autre chose ne va pas. Comme par exemple une certaine brune, qui fait battre son coeur plus rapidement qu'à l'accoutumer. Et qu'elle n'a pas revu depuis presque quinze jours, qui s'est évaporée dans la nature, aussi vite qu'elle est apparût dans sa vie.
Peut-être bien, de toute façon le destin de cette frange est scellée. Pour cela elle va au salon du Southwest Plaza. C'est une grande chaîne de coiffeurs qui tient ce salon, mais les filles sont sympathiques et assez compétentes. Et elle profite de prix abordables là-bas, bien que les soins supplémentaires ne soient pas donnés. Mais là, Alexis est pas forcément là pour ça. Elle a juste besoin d'une coupe, de se faire dorloter et d'écouter les rumeurs des coiffeuses un peu trop loquasses. Une manie qui la fait toujours rire. Elle écoute, rigole quand il le faut, et ne sens jamais mal à l'aise quand elle raconte ses flirts lesbies au milieu de leurs histoires de garçon. L'ambiance est bonne et elle est prête à se laisser chouchouter pendant quatre vingt dix minutes.
Après cela elle redescend pour retourner au comptoir et payer sa coupe et son shampoing. C'est si grand ici. Il y a plusieurs étages et il est pas simple de toujours s'y retrouver. Surtout que ça fait longtemps qu'elle est pas venue. Elle retourne sur ses pieds et fait la queue devant une femme au comptoir de caisse. En attendant, elle ne peut résister à lorgner de façon gentillet la forme gracile de la demoiselle devant. Alexis aime les femmes aux fesses un peu hautes comme elle les a. Quand elle se retourne, Alexis relève rapidement son regard, espérant ne pas se faire prendre. Elle lui sourit de toutes ses dents et réajuste sa veste en jean sur son t-shirt noir, pour faire diversion. Elle jette un dernier coup d'œil pour voir son visage avant qu'elle ne parte et tilte à ce moment-là. "Selma ?" Elle plonge ses mains dans les poches arrière de son jean moulant en souriant gentiment. "Je suis Alexis. Tu ne dois pas te souvenir de moi, cela fait si longtemps.." C'est ce qu'elle s'imagine, mais sait-on jamais.
Pas de session photo programmée aujourd’hui, Selma en avait profité pour prendre un peu soin d’elle. Les retouches qu’il lui restait à faire sur son dernier shooting pouvaient bien attendre la fin de journée. C’est aussi ça l’avantage d’être à son compte, elle travaille quand elle le veut. La jolie brune voulait faire la grasse matinée, mais elle avait été réveillée par son voisin… toujours le même, bruyant et imbus de sa personne. Elle avait bien hésité à sortir pour lui hurler dessus, mais avec ses cheveux en vrac et son pyjama un peu trop révélateur… Elle s’était abstenue. Et crier “oh” lui avait paru beaucoup trop épuisant. Alors, elle s’était contentée de soupirer. Déjà réveillée, Selma décida finalement qu’un petit tour chez le coiffeur ne lui ferait pas de mal. Déjà, elle devait les laver, et puis retoucher les pointes abîmées ne serait qu’un bonus. Ni une, ni deux, elle se leva afin de se préparer.
Un dernier coup d’œil dans le miroir, le changement n’est pas flagrant, mais Selma le voit et elle en est satisfaite. En plus, sa coiffeuse respecte et maitrise la nature de ses cheveux bouclés. Que du bonheur ! Un dernier grand sourire et un merci à sa coiffeuse, et Selma se dirige vers l’entrée pour payer. Elle souhaite une bonne journée à l’hôtesse de caisse, puis se retourne pour partir. La jolie rousse derrière elle lui offre un grand sourire, auquel elle répond un peu machinalement sans vraiment lui accorder trop d’importance. Sauf que, son visage lui est familier. "Selma ?" Visiblement, elles se connaissent. "Je suis Alexis. Tu ne dois pas te souvenir de moi, cela fait si longtemps..." En effet, Alexis est un prénom qui lui éveille des souvenirs. Mais c’est surtout sa chevelure, un blond strawberry, qui lui revient en mémoire. Elle revoit une photo de deux jeunes femmes se tenant la main, en train de courir et de regarder en arrière vers l’objectif. “Mais oui, Alexis !” L’un de ses premiers mariages et gay qui plus est ! Selma a de quoi s’en souvenir ! “Ça fait si longtemps ! Comment vas-tu ?” Lui demande Selma avec un énorme sourire. Puis s’apercevant qu’elles bloquent la caisse, Selma lui fait signe qu’elle l’attend dehors une fois qu’elle aura payé. Quand Alexis la rejoint enfin dehors, Selma lui fait la bise. “Ça fait plaisir de recroiser une ancienne cliente ! Comment va la vie ?”
La physionomie est l'ensemble des traits caractéristiques d'un visage et celui ou celle qui a la capacité de les reconnaître et de s'en souvenir, est appelé(e) de façon directement dérivée de ce terme, un(e) physionomiste. Alexis ne dirait pas officiellement qu'elle possède ce don, qui peut être vraiment prodigieux chez ceux qui y arrivent. Ces personnes se rappelant de rencontres qui peuvent remonter à plusieurs années auparavant, parfois plus encore. Cependant, quand elle tenait son restaurant et qu'elle servait près de deux cents couverts par semaine, il est vrai qu'elle arrivait souvent à se souvenir de ceux qui revenaient plusieurs fois. Et aujourd'hui il ne lui fallu qu'une petite seconde d'observation, pour comprendre que ce visage au teint hâlé ne lui était pas inconnu.
Elle se fige et prend une autre seconde pour analyser la jeune femme qu'elle regarde. Elle est maintenant certaine qu'elle a fait partie de sa vie. Peut-être pas une cliente du restaurant, mais c'était bien à l'époque de sa vie avec Bianca. Sa sphère privée était très restreinte à l'époque alors faire le tour ne prit pas longtemps. Selma, la photographe de son mariage. C'est elle. Pas le temps de savoir si elle a envie de lui parler à cause des souvenirs que ça pourrait raviver, que la jeune femme croise son regard. Elle préfère quand même entamer la discussion de crainte que Selma la reconnaisse et se sente ensuite rejeter. Elle ne le mérite pas, cette femme avait été incroyable pour son couple. "Ça va, et toi ?" On la connaît tous cette réponse, balancée en mode automatique comme un robot, surtout quand on est conditionnée par la société comme Alexis a toujours devoir se montrer jovial en société. Même quand on est intérieurement en train de vouloir mourir pour X ou Y raisons.
Par chance ou pas, Alexis doit encore payer et d'autres clientes attendent derrière elle. Après avoir confirmé qu'elle rejoindrait Selma dehors, elle approche pour payer. Elle a le temps de prendre enfin conscience, de tout ce que parler avec Selma va faire remonter comme souvenirs. Alexis ne sait pas si c'est ce dont elle a envie. Mais c'est trop tard, elle a donné sa confirmation.. et ce salon n'a pas de porte arrière, de toute façon. Alors elle paye et sort.
Ah oui voilà, c'est bien mieux ! Sa chevelure n'a jamais été aussi radieuse. Elle est très satisfaite du travail des coiffeuses. Elle se sent très belle et se conforte avec cette idée pour affronter la discussion pénible qui l'attend dehors. "Oh la vie... elle reste la même, avec ses hauts et ses bas." répond-t-elle après avoir répondu à la bise de Selma. Elle comprend que rien ne sert de nier ce qui est arrivé et que Selma ne tardera pas à lui demander où est Bianca, alors dans les situations pénibles comme celles-là, elle fait comme avec ses poils récalcitrants, elle s'en débarrasse d'un coup sec. "Bianca et moi avons divorcé il y a six mois." annonce-t-elle avec son sourire triste habituel, qu'elle arbore quand elle parle de ça avec quelqu'un, tout en haussant des épaules. La foule autour d'elle l'oppresse tout d'un coup, elle ne souhaite pas discuter de ça au milieu du centre commercial. "Tu veux prendre un café.. si tu as le temps ?"