i started a fire to smoke out my treasons (anton)
Il s’était pris un appartement à lui tout seul pour ne pas être déconcentré quand il écrivait (il aimait Papa et Maman, mais Papa et Maman sur son dos à essayer de lire ce qu’il était en train d’écrire alors que c’était personnel, il se disait que ce n’était pas possible), mais il se sentait souvent seul. Comme bon benjamin qui se respectait, il avait besoin d’attention, et Anton était celui qui lui en donnait le plus. Ash, oui, il lui en donnait aussi, mais il n’avait pas le même caractère qu’Anton, ce n’était pas lui le plus âgé de la fratrie, celui qui chérissait les plus jeunes d’un regard d’aîné que Jack ne comprendrait jamais.
Pas aujourd’hui.
Amusé par la réflexion de son frangin, un petit sourire s’étira au coin des lèvres de l’aîné. Lui, n’avait éprouvé aucun mal à respecter les règles lorsque les trois garçons vivaient encore sous le toit parental. Il avait donc adapté ces habitudes une fois chez lui, abusant même du réflexe de l’aspirateur à la moindre saleté sur son vieux parquet. Un petit côté maniaque et control-freak qui lui jouait bien des tours et l’empêchait actuellement de quitter du regard la paire de chaussures aux pieds de Jack.
“Étonné ? Lança-t-il malicieux. C'est pas pareil chez toi ? Peut-être que t’as besoin de leçons d’entretien supplémentaires... Et dire que maman n'a pas arrêté de te rabâcher de faire la poussière tous les matins et d’aérer ta chambre.”
Comme s’il ne savait exprimer son amour fraternel que de cette façon, Anton espérait titiller l’ego du petit dernier, sur un ton humoristique. C’était ainsi entre eux, depuis toujours. Petits, ils étaient même le genre de fratrie à se bagarrer pour se défouler. Et tandis que les joues du petit Jack devenaient rouges d’effort, le plus vieux restait stoïque, encaissant les tentatives des plus jeunes jusqu’à ce qu’ils ne le rattrapent en taille et en gabarit et qu’Anton décide de cesser ces jeux, par égard pour sa propre peau.
“Yep, pizza, ça me va, répondit-il dans un doux mensonge, incapable de lui refuser quoi que ce soit.”
Tant que ce dernier ne faisait aucun commentaire sur le choix de son logement - relativement exigu, pauvrement isolé et plutôt mal placé - il céderait pour tout et n’importe quoi. Jack n’était pas du genre à juger ses choix, ni à chercher le pourquoi du comment et cela l’arrangeait bien, tant qu’il ne dévoilait pas l’adresse de sa grotte aux parents. Hors de question de les voir débarquer à l’improviste, aussi adorable soient-ils.
Curieux, il tendit l’oreille à l’annonce de l’appel d’Hani, sans pourtant réussir à percevoir quelconque bribe de conversation entre les deux tourtereaux. Pour s’occuper, Anton décida de sortir deux cannettes de bière du frigo, s’habituant à peine au fait que le petit dernier des Lowe pouvait désormais boire légalement depuis quelques années. Parfois, il se souvenait encore de sa propre soirée d’anniversaire, où, la majorité à peine acquise, il avait pu goûter de l’alcool pour la première fois et que, dans un élan de générosité, il avait laissé Jack prendre une gorgée face à ses yeux emplis de curiosité.
Sans s’en rendre compte, l’étudiant ne pouvait s’empêcher de commencer à froncer les sourcils en entendant le prénom de la jeune femme. Ce n’était pas de la haine, mais de la méfiance. Cette brunette restait bien trop mystérieuse à son goût.
Installé sur un tabouret de bar, il décida de fouiller les réseaux sociaux en attendant que Jack ne termine son jeu de séduction téléphonique. En apparence, le couple semblait filer le parfait amour sur leur instagram respectif, mais le futur médecin restait suspicieux, vérifiant même les abonnements, regrettant presque la suppression de la fonctionnalité permettant de voir les likes d’autrui. Peut-être était-ce le douloureux passé d’Ash qui le rendait parano ou simplement son côté protecteur, un peu trop exacerbé, qui s'exprimait ainsi. Il ne souhaitait simplement pas le voir souffrir, s’oublier, encore peiné de la dégringolade qu’avait subie le cadet.
“Me parler ? S’étonna-t-il, la bouche légèrement pincée. Parce qu’on a des trucs à se dire, elle et moi ?”
Des mots plus piquants qu’il ne pensait les avoir formulés. Il espérait simplement que Jack ne se braque pas trop vite, et que sa communication défaillante n’allait pas les mener à une futile dispute.
“Elle est sortie avec des amis ? S’enquit-il comme pour mettre le doigt sur le fait que sa compagne n’était jamais présente lors des petites soirées improvisées.”
L’aîné se permettait là de juger leur relation, d’imaginer ce qu’il serait enclin à accepter au sein d’un couple, des limites imposées par un.e potentiel.le partenaire alors qu’on ne l’avait jamais vu au bras de quiconque.
“Tiens, lâcha-t-il en lui apportant une bière bon marché au canapé. Végétarienne la pizza pour moi, hein.”