skipping stones,, angel
Tu sors de l'immeuble, prenant une grande inspiration. Le soleil était un peu timide, aujourd'hui, mais brillait tout de même — laissant passer, au travers de ses rayons, un vent frais secouant tes cheveux. Tu prends la direction du café sans trop attendre, les pensées bien occupées, te sentant tout aussi légère que préoccupée. Les derniers jours avaient passés tellement rapidement, tu ne savais plus trop où mettre de la tête, mais tu avais hâte de pouvoir t'assoir avec Angel et discuter un peu. Un temps au calme te ferait le plus grand bien, après tout ce qui s'était passé — la panique, la peur, puis la proposition de Ziggy. Tu avais à peine eu le temps de tout assimiler que tu étais déjà en train d'emménager. Tu n'avais pas eu le temps de prévenir qui que ce soit. Tu étais heureuse de ta décision, bien que terriblement nerveuse à l'idée de cette colocation. Après tout, tes sentiments pour Ziggy ne se calmaient pas, mais empiraient à chaque jour. Tu devrais trouver un moyen de gérer ça — mais chaque chose en son temps. Pour le moment, tu avais un rendez-vous amical avec Angel pour discuter du dernier livre que tu avais lu, et l'idée te plaisait. Pile ce dont tu avais besoin.
Tu arrives au café sans peine, avec juste une ou deux minutes de retard. Tu devais encore t'habituer aux nouvelles distances depuis l'appartement à Ziggy — ton appartement aussi, maintenant — et tu aimais tout faire à pied. Tu pousses la porte du café, te laissant envahir par les odeurs de café, le bruit des conversations, et la douce lumière à l'intérieur. Tu repères Angel sans peine, une tête de plus haut que la plupart de la foule, te faufilant jusqu'à la table où il était installé. « Salut ! Désolé du petit retard. » Tu lui offres un sourire, posant ton sac sur la chaise d'en face. Tu étais un peu essoufflée, tes traits encore tirés de la fatigue que tu n'avais pas encore rattrapée. Tout de même, ton coeur se sentait paisible. « Je vais aller me chercher un café. Tu veux quelque chose d'autre ? » Attendant sa réponse, tu files ensuite au comptoir, où tu passes ta commande. Tu décides de te prendre un petit croissant à grignoter en même temps.
Rapidement, tu es de retour à la table, prenant place en face d'Angel. Vous vous compreniez complètement, lui et toi — tu avais trouvé un ami en lui rapidement après ton arrivée. Malgré votre nature discrète, vous vous étiez trouvé, et vous partagiez à présent des recommandations de lecture. Tu sors d'ailleurs le livre qu'il t'avait passé de ton sac, le posant sur la table. « Pour toi. Je l'ai terminé hier soir. » Tu secoues la tête, lui offrant un sourire timide. « La fin était tellement triste. » Tu lui avoues, heureuse de pouvoir en discuter davantage s'il avait envie. « Comment vas-tu ? »
il est emprunt de cette mélancolie singulière qui lui vient de temps à autres. cela arrive souvent sans prévenir, un peu à la manière d’une tempête, qui doucement s’installe le long de la côté. quelque jours de grisaille, rien d’alarmant, rien d’inquiétant, avant que le vent ne se lève, et se mettre lentement à faire bouger les branches. puis le tonnerre. l’orage. la pluie. et la noirceur en lui qui se réveille. avant, il se serait laissé submergé. aurait volontairement attendu d’être frappé de plein fouet, pour s’enfermer dans un tourbillon de violence et de douleur, dirigée contre lui même. mais maintenant, il écrit angel. enferme cette irréfrénable peine dans les mots et les notes de musique, s’amuse à les coucher sur le papier pour les endormir, avec douceur. et le voilà qui griffonne sur un de ces nombreux carnets, s’amuse des rimes et des vers, se perd aussi, sciemment, dans sa propre prose. il cherche, raye, rature, gomme, recommence, arrache une page même, qu’il vient glisser dans la poche de sa veste qui repose sur le dossier de sa chaise. puis il recommence. encore et encore.
il avait décidé de venir en avance, pour prendre un temps pour lui. pas très loquace ces derniers temps, lui le grand introverti, avait préféré se noyer quelques temps entre les clients du café, pour s’habituer à eux, au bruit, au monde ambiant. bien une petite heure qu’il est là, premier café au lait qu’il a avalé d’une traite, continuant son savant manège, taillant la mine de son crayon de papier. la scène qui se déroule autour de lui est d’une douceur familière, et lui arrache un sourire bienveillant alors qu’une phrase le tire de sa rêverie passagère. salut ! désolé du petit retard. echo s’installe en face de lui, et son sourire s’agrandit, alors qu’il pose sa main contre son menton. hello. voix grave qui s’élève pour la première fois depuis qu’il est assis ici. t’inquiètes pas, je t’ai attendu tranquille. je vais aller me chercher un café. tu veux quelque chose d'autre ? il attrape sa tasse avec nonchalance, constate qu’elle est complètement vide. j’veux bien un cappuccino, merci. avec echo, angel se veut calme et douceur. il regard la jeune femme partir, observe son interaction au bar. quelques temps qu’il se connaissent, et les deux ont finalement fini par s’apprivoiser, à la manière du renard et du petit prince. chacun si singulier, à la fois proche et différent. echo lui avait donné une confiance nouvelle. angel lui avait offert une oreille attentive et sincère. en l’attendant, le musicien joue avec les bagues qui parent ses doigts, retrace presque inconsciemment, le tatouage en forme de feuille qui orne sa main.
et voilà echo qui revient déjà, lui se lève pour lui tirer sa chaise, elle bien encombrée par les tasses qu’elle tient dans ses mains. bravo, j’aurais été incapable de ne rien renverser. lui le maladroit et sa grande taille. pour toi. je l'ai terminé hier soir, la fin était tellement triste. il attrape le livre, joue de ses doigts contre la première de couverture, laisse la pulpe de son index retracer les lettres du titre en relief. il le le feuillette à toute vitesse, ne peux s’empêcher de venir en sentir l’odeur. j’adore l’odeur des bouquins neufs. qu’il dit, presque en riant. j’pensais pas que tu voulais me faire pleurer par contre, mais merci. puis, il glisse sa main libre dans le tote bag qui reposait sur sa chaise, en sort trois tomes d’un manga aux couvertures colorées, intitulé « ocean rush ». je sais que ce n’est pas un roman, mais je suis sûr qu’ils vont te plaire. c’est ma soeur qui me les a conseillés. ils parlent d’art, de cinéma, de solitude et d’amitié. il pose les trois tomes sur la table, et pousse les mangas vers elle. comment vas-tu ? la question lui arrache un soupire, qu’il ne peut réfréner. l’image de jackson vient immédiatement s’immiscer dans son esprit. leur dispute encore, raisonne dans sa tête et le souvenir de celle-ci se glisser derrière ses paupières qu’il ferme l’espace d’un instant. compliqué. qu’il laisse s’échapper de ses lèvres entrouvertes. il sait qu’echo saura l’écouter. qu’elle est celle qui saura surement lui donner les meilleurs conseils concernant cette situation quelque peu, particulière. imagine que tu revois par hasard quelqu’un que tu as aimé beaucoup trop. t’as vu cette situation dans ta tête au moins mille fois. t’en as rêvé même. et tout se passe encore plus mal que tu aurais pu le penser. il lève les yeux au ciel, passe une main dans ses boucles brunes. et toi comment-tu vas ?
Angel, cette présence bien à lui. Tu t'en retrouves tout de suite enveloppée, comme si tu prenais une grande inspiration. Ça te fait du bien, comme si on venait de détendre un peu le noeud dans ta gorge. Ce genre de moments te permettait de mieux apprécier les choses autour de toi, ta vie, le temps qui passe. De te concentrer un peu sur l'art, sur les mots, le goût du café. Tu étais reconnaissante d'avoir rencontré Angel pour ça — d'avoir quelqu'un avec qui partager ça, avec lequel c'était si facile d'avoir des conversations. Tu ne t'en serais pas douté à votre première rencontre, car vous étiez tous les deux du genre à rester discrets, mais au final, vous vous étiez compris. « Hello. T’inquiètes pas, je t’ai attendu tranquille. » Tu lui donnes un petit sourire, soulagée de ne pas l'avoir trop fait attendre. Tu acquiesces également à sa demande d'un cappuccino, ravie de pouvoir lui payer un petit quelque chose. Tu aimais prendre soin des gens autour de toi, et tu n'avais pas pu beaucoup le faire ces derniers temps, ayant été un peu trop occupée (et préoccupée) par ton déménagement.
Tu passes la commande, et tu reviens vers la table avec les mains bien occupées. Heureusement, Angel est là pour tirer ta chaise. « Bravo, j’aurais été incapable de ne rien renverser. » Tu lâches un rire sincère, installant les tasses sur la table, réalisant que ça avait été un peu risqué de ta part de tout emmener. « J'avoue que je suis surprise que tout soit indemne. Ça m'apprendra à vouloir tout faire en même temps. » Tu lui dis avec un petit sourire, t'installant finalement à table. L'ambiance est tranquille, dans le café, rassurante. Tout comme la présence d'Angel, sa voix, sa manière d'être. « J’adore l’odeur des bouquins neufs. » Tu souris tendrement, parce que tu comprends totalement. « J’pensais pas que tu voulais me faire pleurer par contre, mais merci. » Tu souffles doucement sur ta tasse, te mordillant la lèvre. « Mais c'est cathartique, tu ne crois pas ? » Appuyant ta tête contre ta main. « Et puis, j'ai besoin de parler de cette fin à quelqu'un. Alors je te le fais endurer pour ne pas être seule. » Tu le taquines un peu, avec un sourire en coin. Tu te sens vraiment détendue, pour la première fois depuis longtemps.
« Je sais que ce n’est pas un roman, mais je suis sûr qu’ils vont te plaire. C’est ma soeur qui me les a conseillés. ils parlent d’art, de cinéma, de solitude et d’amitié.
» Tu baisses les yeux vers les trois volumes qu'Angel pose sur la table, un sourire se glissant sur tes lèvres. « Oh, wow, ils sont magnifiques. » Tu effleures la couverture d'une main. « Merci beaucoup. Je ne lis pas assez de mangas, alors c'est vraiment parfait. » Tu hoches la tête, sachant déjà que tu vas commencer ta lecture plus tard dans la journée. Ravie de cette échange, tu ranges les volumes dans ton sac, histoire de ne pas les tâcher, et tu bois une gorgée de ton latté. Délicieux.
Tu demandes ensuite à Angel comment il va, et sa réponse te chagrine — compliqué. Tu reconnais ce genre de compliqué, juste dans son regard. « Imagine que tu revois par hasard quelqu’un que tu as aimé beaucoup trop. T’as vu cette situation dans ta tête au moins mille fois. T’en as rêvé même. » Tu observes Angel doucement. Tu reconnais bien cette situation — un peu trop, même. Ton coeur se serre. S'alourdit et s'allège en même temps. « Je vois bien. » Tu souffles avec douceur, ton regard calme, ton coeur en tempête. « Et tout se passe encore plus mal que tu aurais pu le penser. » Tu as les yeux qui s'attristent. « Oh, Angel. Je suis désolée. » Tu lui dis avec un sourire qui se veut rassurant. « Tu crois pouvoir revoir cette personne bientôt ? Rattraper les choses ? » Tu t'enquiers à mi-voix, inquiète pour ton ami. « Je suis bien du genre à me faire des scénarios. Ça se passe rarement comme ça. » Tu lui offres un petit sourire. « Je suis là si tu veux en parler. » Tu lui dis sincèrement, prenant une autre gorgée. « Et toi comment-tu vas ? » Tu lâches un petit soupir, essayant de rassembler tes pensées. « Oh, ça a été un peu chaotique ces derniers temps. J'ai eu des soucis avec mes colocataires, et... disons que ça s'est mal terminé. Elles m'ont toujours détestées, et... Au final, elles m'ont mis à la porte. Juste comme ça. » Tu lui dis en haussant les épaules, un peu attristée. Tu étais passée à autre chose — mais la blessure était encore là.