I feel like I'm drowning ; tyler
Elle avait dit oui. Elle avait même dit oui à plusieurs reprises, sautillant sur place et posant les mains devant ses lèvres qui s’étiraient en un large sourire. Les étoiles dans ses yeux avaient été contagieuses si bien qu’il était moins inquiet de commettre l’irréparable. Il lui avait alors passé la bague au doigt tout en laissant échapper un rire amusé quand elle s’était jetée dans ses bras. La scène parfaite pour une demande en mariage. La scène parfaite pour un couple parfait. Il était convaincu que c’était ce qu’il devait faire. Pour ne pas penser à Archie. Pour ne pas penser aux émotions, sensations que son baiser avait éveillées. Ces fiançailles étaient le moyen ultime pour s’assurer être en contrôle d’absolument tout. Fiancé. Il était désormais officiellement un cœur pris, non plus à prendre sans vraiment savoir où son cœur se trouvait exactement. Était-il resté à Los Angeles après cet étrange baiser ? Tant de questions qu’il ne voulait pas se poser. Et, Tyler avait comme toujours le chic pour réveiller ces fameuses questions. Était-ce une bonne idée ? Méritait-il des félicitations ? Ou devait-il s’inquiéter de ce changement soudain ? Que s’était-il passé pour qu’il change à ce point de route ?
A quoi sert un meilleur-ami sinon à poser les vraies questions ?
C’est ce qu’il se demande quand il finit par frapper à la porte de chez Tyler. Passer vite fait. Parler vite fait. Un vite fait qui signifie surtout une urgence. Il est urgent de lui parler. Lui parler ? Mais de quoi exactement ? Ian n’a toujours pas eu le courage de mettre des mots sur ce baiser, sur ces sensations. Son cœur battant la chamade, la sensation d’avoir le tournis, les joues brûlantes. Il se refuse à se voir comme ce qu’il est. Il se refuse à accepter les émotions provoquées par ce fantôme de toujours. Il se refuse. Il n’a pas le droit de créer autant de tourment dans autant de vies. Ses parents. Sa famille. Sa petite-amie. Il ne peut pas être gay. Pas maintenant. Pas à trente-cinq ans. Il ne peut pas. Il ne veut pas être le genre de mec qui crée autant de chaos en un clin d’œil. Et puis, il ne connaît rien au monde queer. Il n’aime pas le rose. Il n’aime pas les paillettes. Putain de stéréotypes qui le poursuivent encore aujourd’hui. La porte s’ouvre et il relève aussitôt la tête pour afficher un large sourire, les bras ouverts en croix. « J’me suis dis que ce serait plus simple de venir directement chez toi », dit-il en venant enrouler un bras autour de son ami pour le saluer, faisant un pas chez lui. « Au pire, je peux toujours te donner un coup de main avec ta marmaille … » Il ajoute cela en lui donnant une petite tape sur l’épaule.
Journée étrange que celle d'halloween avec son lot de surprises. La première est étonnante. Un message de son meilleur ami, annonçant ses fiançailles. De quoi laisser le blond dubitatif. Cela ne ressemble pas à Ian. Tellement pas qu'il se demande si ce n'est pas une blague. Quelques messages plus tard, il réalise que c'est une vérité. Ian s'est fiancé. Surprenant, mais également déroutant. Jamais il n'a mentionné vouloir sauter le pas. C'est même un peu tout le contraire. Pourquoi ce revirement ? Il s'interroge, même s'il est heureux pour son ami. Juste avant de partir pour la collecte de bonbons avec sa petite famille et un ami, il se dit que l'amour contient des mystères et prend des chemins inattendu. La collecte de bonbons démarre bien mais plus elle avance et plus la tension naît entre sa femme et lui. Des regards déplacés de la part d'hommes en direction de Lena. Des gestes tout autant déplacés de femmes en ce qui le concerne. Les époux sont sur les nerfs le soir au retour. A tel point qu'une dispute éclate entre eux. La nuit passe, et le lendemain, il a encore l'impression de ressentir cette tension. Lena est sortie. Anya est à l'école. Il se retrouve seul à s'occuper des jumelles. Il a du temps devant lui, assez d'heures pour que la brune rentre et que lui parte au travail. Il a la petite Livia dans les bras quand quelques coups sont portés sur la porte d'entrée. Bizarre. Il n'attend personne. Peut-être une connaissance de la brune. Ou un vendeur. Il pose le bébé délicatement, se décidant à aller ouvrir. La porte n'est pas encore ouverte qu'un duo de pleurs retentit dans son dos. C'est parti... Battant qui s'ouvre, l'étonnement apparaît sur son visage. Ian qui débarque sans prévenir. Quoiqu'il l'a peut être prévenu. Il faut dire qu'avec la dispute de la veille, son téléphone a été mis de côté et il ne s'en est plus préoccupé. - Tu tombes à pic souffle-t-il en donnant une brève accolade à son ami. Le voir lui fait du bien. Il ne le sait pas, mais il est exactement ce dont il a besoin à cet instant. Quelqu'un qui le connaît très bien, capable de le secouer un peu si nécessaire. Il s'écarte, le laisse entrer, referme la porte derrière lui. Un sourire apparaît sur son visage alors qu'il revient à son niveau, alors qu'il évoque sa marmaille. - En parlant des enfants... Il se rapproche des jumelles en pleurs. Il prend Livia dans ses bras et la tend sans trop laisser le choix à l'autre. - Livia rêve d'être bercée par tonton Ian. Je te fais grâce d'Emma, je vais la calmer. Je ne sais même pas pourquoi elles pleurent. Elles sont nourries, changées. A moins de ressentir cette légère tension qui flotte dans l'air entre leurs parents, il ne voit pas ce que ça peut être. Aucune n'est fiévreuse. Et il est bien incapable de dire laquelle s'est mise à pleurer en premier, entraînant dans son sillage la seconde. - Tu es venu m'expliquer tes fiançailles inattendues, avec une raison que c'est la suite logique des choses ? demande-t-il direct, le taquinant au passage. Cela sert à cela après tout un meilleur ami, à mettre directement les pieds dans le plat sans tourner autour durant des heures.
« Tu tombes à pic » Voilà de quoi le rassurer sur sa visite surprise. Il entre chez le couple et pas de surprise : les pleurs lui rappellent combien ils ne mènent pas la même vie. Ce ne sont pas des pleurs d’enfants qu’on entend chez Ian, mais plutôt un lourd et pesant silence d’une vie faite de mensonges. « En parlant des enfants... » Il se tourne vers lui et ne peut que laisser échapper un rire en voyant Livia dans ses bras … désormais tendus dans sa direction pour qu’il puisse la prendre. Et même s’il n’a pas d’enfant, Ian est un excellent oncle alors ce n’est sans attendre qu’il finit par la prendre dans ses bras et la caler contre lui. « Livia rêve d'être bercée par tonton Ian. Je te fais grâce d'Emma, je vais la calmer. Je ne sais même pas pourquoi elles pleurent. » « Si ce sont les désirs de Livia, ils vont être réalisés … tonton Ian est plus que prêt et ravi de pouvoir remplir le rôle de l’oncle parfait … », dit-il sans jeter un coup d’œil à son meilleur-ami. Livia désormais dans ses bras, elle a toute son attention. Et, instinctivement il se met à la bercer tout en lui offrant de vrais sourires. C’est dingue comme le minois d’un petit bout peut ôter toutes les drôles de pensées qui se bousculaient dans votre esprit quelques minutes auparavant. « Tu es venu m'expliquer tes fiançailles inattendues, avec une raison que c'est la suite logique des choses ? » « C’est à peu près ça, ouais. » dit-il tout en souriant à Livia, caressant même du bout des doigts le dos de sa main avec la plus grande douceur. Bien évidemment, il ne va pas lui dire la vérité car la vérité, il n’y croit même pas. C’est impossible que ce foutu baiser avec Archie soit la raison pour laquelle il se précipite dans ce mariage. « Ou juste te dire que je sais que c’est un peu fou mais en fait, pas tant que ça. Je veux dire, c’est pas si fou que ça ? Pourquoi ça surprend autant ? » Il hausse doucement les épaules tout en gardant Livia dans ses bras, ponctuant sa phrase par quelques sourires qui ne sont que pour la petite. « Il était temps et quand j’ai vu la réaction d’Ava … », il sourit, « y’a plus eu le moindre doute. »
Des pleurs d'enfants à travers la maison. Quelques jouets qui traînent ici et là même s'ils seront rangés avant d'aller se coucher. La maison ancestrale, rêve de l'adolescence de Lena et de Tyler, abrite désormais une vie de famille bien remplie. Des proches qui viennent régulièrement, de la famille, ou non. Pour Ian, c'est tout comme. Il est à la fois son meilleur ami, mais également un frère pour Tyler. Une personne en qui il possède une confiance aveugle, pour ne pas douter un seul instant alors qu'il lui tend l'une des jumelles en pleurs. A peine la laisse-t-il dans les bras de son ami qu'il glousse légèrement. - Oncle parfait. Tu as de la concurrence mon vieux, avec Charles, Hendrick, et mes frangins. Il s'arrête un bref instant, gravant cette image du jeune homme, berçant déjà le bébé dans ses bras. Une vie tellement opposée à celle qu'il mène, et un rôle pourtant qui lui irait à ravir. Peut-être que les choses changent puisqu'il a décidé de se fiancer. Lui doute encore un peu des raisons de Ian, même s'il est heureux pour lui. Il aimerait juste entendre autre chose que la suite logique des choses. La petite Emma est désormais dans ses bras. Petite terreur qui normalement se calme une fois qu'elle est contre lui. Cette fois, elle se fait désirer, et c'est avec ses pleurs que le jeune homme lui répond. Il fronce les sourcils, sourire tout de même aux lèvres. - Cela surprend quand on sait que c'est à l'opposé de la vie que tu menais jusqu'à présent. L'autre ne le regarde pas, trop occupé à jouer son rôle d'oncle parfait. Il faut dire qu'il n'est pas mauvais pour le moment, même si ça ne fait que quelques secondes. - Ava est aux anges je suppose. Elle commence déjà à tout organiser ou savoure encore ta demande ? Il ne sait même pas ce que cela fait que de préparer un mariage. Lui n'a pas eu à le faire avec la surprise de Lena. Il n'a pas regret de la manière dont ils se sont mariés, mais s'il doit juste en exprimer un, c'est de ne pas avoir eu ses amis les plus proches, notamment Ian, ce jour là à ses côtés. D'un geste de la tête, il indique à son ami la direction du salon et une fois là bas, il s'installe sur un fauteuil, berçant la petite Emma, dont les pleurs commencent enfin à se calmer. - Je ne te pensais pas accro au point de te marier, mais ça fait plaisir de savoir que tu vas franchir le pas, vieux.