clever as the devil and twice as pretty (angel)
Les façades de la ville sont parées de citrouilles aux grimaces vacillantes. Dans les rues, les rires joyeux se mêlent aux hurlements feints, les habitants, petits comme grands, jouant le jeu comme chaque année. Il se souvient encore de ses nombreuses années à faire du porte à porte avec sa sœur. De leurs compétitions à celui/celle qui obtiendrait le plus de bonbons en fin de soirée. Ce qu'elle gagnait à chaque fois, par il ne sait quelle supercherie. Aujourd’hui, Jackson n’a certainement plus l’âge d’aller quémander des bonbons aux vieux du quartier, mais il donnerait n’importe quoi pour revenir à cette époque. Retrouver cette insouciance enfantine, cette complicité perdue avec sa sœur qui ne souhaite même plus lui adresser la parole. Alors plutôt que de se morfondre chez lui, il s’est laissé embarquer par les jeunes recrues qu’il forme depuis presque deux mois. La soirée a débuté dans un bar en plein centre ville. N'ayant pas vraiment pris les devants pour un costume cette année, on lui donne un poncho et un chapeau de cowboy pour la nuit. Il est apparemment prévu d'attendre un autre groupe, majoritairement de filles, avant de se rendre au Ranch Caldwell, où un labyrinthe a été mis en place au milieu d'un champ de maïs. Pinte à la main, il profite d'un petit moment de répit pour consulter son téléphone et voir si Angel n'aurait pas posté quelque chose depuis. C'est une pulsion qu'il n'arrive plus à contenir depuis leur dernière rencontre, il y a plusieurs semaines. Sans parler de leurs échanges sms qui ont encore tourné au fiasco. Dès qu'il a une opportunité, il faut qu'il aille se faire du mal à regarder ses dernières publications, mais la plus récente reste toujours cette photo de sa toute dernière acquisition, et il voit rouge à chaque fois qu'il la voit. Surtout en lisant les commentaires… Il entame déjà sa deuxième pinte, l'esprit un peu plus léger avec l'alcool, que des exclamations et sifflements enthousiastes s'élèvent de leur groupe, accueillant le deuxième tant attendu. Et c'est comme s'il avait ce détecteur en lui qui est capable de le repérer dans la foule la plus compacte. Son cœur fait une envolée avant de battre à tout rompre lorsqu'il le voit. Angel. Ou plutôt le Diable personnifié, sorti tout droit des enfers pour le tourmenter. La bouche soudain asséchée, son regard dévie, lorgnant le corps exhibé, entièrement peint de rouge, dévoilant ses nombreux tatouages dont le plus récent, son torse exposé sans aucune pudeur à qui veut le voir. Avec ses cheveux noirs, ses cornes et son sourire mutin, il a tout d'un incube sur le point de chasser sa proie, irrésistiblement beau. Il en oublie un moment qu'il était en pleine discussion lorsque soudain son regard semble le trouver aussi, et pris de panique, il se cache derrière un autre gars, espérant qu'il ne l'ait pas vu, pas prêt de le confronter après les derniers événements, encore moins alors qu'il se sent déjà perdre ses moyens rien qu'en le voyant.
il n’avait pas prévu de fêter halloween. à la base, il avait juste eu envie de regarder un film d’horreur avec ses petits frères et soeurs, pizzas et autres bonbons en guise de repas. leur programme depuis des années, depuis que la dernière n’avait plus eu l’âge d’aller chercher des bonbons, et que le quatuor préférait rester tranquille, à la maison. puis il y avait eu ce message, de l’une de ses amies de l’université. la promesse d’une fête sans prise de tête, de nouvelles rencontres, et autre intelligent chantage pour lequel il avait finir par marcher. soirée commençant par rejoindre un autre groupe dans un des bar de la ville, avant de s’essayer au labyrinthe de maïs, pour finir en boîte de nuit, à danser jusqu’au petit matin. il avait fini par se prendre au jeu angel, cherchant un costume avec une attention toute particulière, comptant les jours avant le soir d’halloween à la manière d’un enfant avant le jour de noël. i feel like we’re eighteen again. qu’il lance, son amie occupée à peindre son visage, couleur rouge qui recouvre désormais l’entièreté de son torse et ses bras. pour un soir, l’ange s’était voulu démon, transformation complète en incube, hommage au prénom qu’on lui avait affublé à la naissance. are you sure that this body paint is going to stay on all night ? elle hoche la tête, et le rassure, alors qu’il colle les crocs qui parent désormais ses canines. hot. c’est le premier mot qui lui vient à l’esprit quand il observe enfin son reflet dans le miroir. torse nu, pantalon de cuir moulant ses jambes sveltes, harnais pour compléter le look, rehaussé par une paire d’ailes sombres et des cornes trônant fièrement sur son front. peut-être avait-il abusé, une fois encore. mais pour lui, halloween avait été le premier soir où il avait pu oser, être vraiment lui même, à une époque où il ne s’assumait pas encore et doutait de tout. peut-être pour cela que ce soir, il assumait encore plus ses envies et ses désirs, message envoyé au monde au travers de ce costume flamboyant et presque trop osé, même pour lui. well, i guess i’m ready ? qu’il lance à son amie, avant de se laisser entraîner au salon de la maison de celle-ci.
ils arrivent au bar, petite dizaine d’anciens étudiants, majorité de filles toutes plus belles les unes que les autres et trois autres garçons en plus de lui. ils ont pris le temps de boire avant d’arriver, début de soirée passé entre eux, les premiers éclats de rires qui retentissent au sortir de la voiture. déjà deux heures qu’on essaye de le pousser dans les bras d’un des autres garçons, lui costumé en ange d’un blanc le plus pur, auréole sur la tête, ailes dans le dos. et il se prend au jeu angel, rit lorsqu’on le pousse dans ses bras, dépose un baiser sur sa joue sous les demandes de la foule, laissant une marque de rouge à lèvres et de gloss au passage. peut-être qu’il avait eu raison. de venir là se détendre. oublier ses tracas, celle répétition foirée de l’autre jour, ces pensées envers jackson et leur échange catastrophique de la dernière fois. oublier le reste du monde. un temps. il cligne des yeux, se concentre sur l’ange qui est toujours à ses côtés, tandis que sa main glisse sur son torse en avançant toujours avec le petit groupe. le bar est bondé, la foule se forme autour d’eux, et angel laisse sa main se nouer à celle de l’autre garçon, l’entraînant avec lui vers les autres personnes qu’ils rejoignent, bien décidé à profiter de cette soirée.
et c'est alors que ses yeux se posent sur lui.
il lui suffit d’une demie seconde pour le reconnaître. malgré la pénombre et le chapeau de cow-boy qui lui couvre le regard. il a le coeur qui rate un battement, et il serre sans vraiment le vouloir, un peu trop fort la main de celui qui reste à ses côtés. jackson. pourquoi ? pourquoi lui ce soir ? pourquoi lui dans cet autre groupe qu’on lui avait assuré comme chill et clean. il entend déjà les reproches. il sait déjà ce qu’il va penser de costumes qui en dévoile trop, et les souvenirs de leur dernière rencontre lui reviennent en tête, les mots prononcés qui encore aujourd’hui le blessent. il a envie de partir, de faire demi tour beaucoup trop vite. mais il est déjà trop tard, alors que les deux groupes sortent du bar et qu’on lui indique qu’il devra emmener quelqu’un en plus dans sa voiture. is this a fucking joke ? qu’il glisse à l’oreille de son amie sans lui laisser le temps de comprendre, avant de voir finley se rapprocher de lui. hi. qu’il lui lance à la volé, tentant de garder une forme de fierté, droit comme un piquet. so you’re my last passenger finley ? well, this is a new car so keep your dirty boots off the seat. crispé qu’il est angel, respiration trop rapide, mains moites tandis qu’il se glisse derrière le volant, l’ange à sa droite, et son amie derrière lui. hurry up cow-boy we ain’t got all night.
L'regret d'être finalement sorti. Il aurait sans doute mieux fait de rester bien sagement chez lui. Parce qu'il voit rouge. Littéralement et figurativement. Angel qui, non content de s'exhiber à moitié nu et couvert d'un rouge flamboyant à la limite de l'obscène, se pavane aussi avec un angelot ridicule perché à son bras, qui bave tellement sur son ex que ça en est pitoyable. Ses doigts se resserrent douloureusement autour de son verre, incapable de contenir la colère qui monte à mesure qu'il les regarde, l'un contre l'autre. Donnant l'impression d'être le duo parfait. Et qu'il entend justement tout le monde le confirmer avec enthousiasme est certainement le pire qu'il ait à subir. Il vide sa pinte en quelques gorgées, noyant sa rage dans l'alcool, à défaut de mieux. Il se doute pourtant qu'Angel fréquente d'autres personnes. Qu'il a eu d'autres expériences après lui. Il le sait, mais ça ne rend pas la situation plus facile à digérer. Il ne supporte pas de le voir épanouis dans les bras d'un autre. Ne supporte pas que quelqu'un d'autre puisse apporter ce qu'il n'a jamais pu. Il se laisse distraire par une jeune femme qui s'est glissée dans la conversation, s'efforçant à ne pas regarder dans sa direction. Elle est plutôt jolie, semble s'intéresser plus à lui qu'Eric qui pourtant fait tout pour l'attirer dans ses filets. Elle ne serait pas la première fille avec qui il a couché pour oublier ce qu'il veut vraiment. La troupe s'active, et bien vite tout le monde se divise pour rejoindre les véhicules. La blonde déguisée en soubrette lui attrape le bras, son sourire large et ses yeux implorants. Oui, elle fera une jolie distraction. Elle s'élance avant lui, pour se diriger droit vers l'incube. Jackson se fige une nanoseconde à sa vue, comprenant avec dépit qu'il va se retrouver avec eux dans la même voiture. Il se reprend assez vite, son regard noir en direction du compagnon d'Angel qui se recroqueville presque sous la menace. Il peut entendre Angel murmurer furieusement à son amie qui semble surprise de sa réaction, mais n'a pas le temps de réagir que l'incube se tourne vers lui. – hi, so you’re my last passenger finley ? well, this is a new car so keep your dirty boots off the seat. Il grince des dents, n'appréciant pas son ton agressif. Angel s'installe derrière le volant, ridicule dans son costume… – hurry up cow-boy we ain’t got all night. Jackson serre le poing pour se calmer, s'assoit finalement à l'arrière, claquant la porte peut-être un peu trop fort. La blonde finit par rompre le silence en demandant s'ils se connaissaient, n'ayant pas loupé l'échange, ni la tension entre eux. – Barely, qu'il répond sans plus de commentaire, peu disposé à raconter à quel point ils se connaissent bien. Voyant que Jackson n'en dira pas plus, elle change de sujet, commençant à lui poser d'autres questions sur ce qu'il fait, depuis combien de temps il est revenu. S'il est célibataire. Il répond à chacune de ses questions en se montrant charmant, parce qu'il peut sentir la tension du conducteur qui monte d'un cran à les entendre rigoler et flirter. Il veut le rendre jaloux. Ça ne l'empêche pas d'observer en parallèle les quelques interactions entre le conducteur et son passager, de sentir le monstre jaloux surgir dès que la main de l'ange cherche à se montrer un peu trop aventureuse à son goût. – Try not to distract him please, he's a terrible driver. Son ton est plus sec qu'il ne le voulait initialement, mais il ne s'excuse pas pour autant. Ça aura au moins le mérite de marcher, il a retiré sa main.
Ils arrivent enfin à destination, et à peine à l'arrêt, que Jackson a déjà détaché sa ceinture pour sortir du véhicule, mettant le plus de distance entre eux et rejoindre ceux déjà arrivés. Il n'a pas assez bu pour supporter cette soirée. Heureusement on lui donne une bière, et il l'entame sans tarder, cherchant à engloutir sa rage pour ne pas vriller. On leur donne à tous une lampe torche à l'entrée du labyrinthe, et Jackson vient chercher la blonde dont il n'a toujours pas retenu le nom, l'arrachant à Angel qui était en pleine discussion avec. – My Lady. Shall we? Jackson lui offre son sourire le plus séduisant, celui qui fait craquer toutes les filles, et surtout un en particulier. Il lui adresse un bref regard, un rictus moqueur frémissant au coin des lèvres avant de se tourner pour l'embarquer, ajoutant suffisamment fort pour que ce dernier l'entende, tout en s'éloignant. – Let's find a secluded spot to get to know each other better…
il savait. il savait qu’il n’aurait jamais du accepter de sortir. qu’il aurait du suivre ses premiers plans et ses premières envies. rester safe, à la maison. loin de la possibilité de recroiser ce regard tornade lui faisant perdre pied. dès la première seconde. et il essaye de rester fort et fier, de garder la tête haute en l’harponnant avec ses phrases coup de poings, tandis qu’il passe derrière le volant, le coeur battant un peu trop vite, et l’envie de couvrir ce corps qu’il lui dévoile, presque jeté en pâture. il se cramponne au cuir, tourne la clef et fait vrombir le moteur de la chevrolet, en oublie le jeune homme à sa droite, alors qu’il se peut s’empêcher de jeter des regards furtifs dans le rétroviseur. les porte-clefs cognent contre sa jambe, dans un tintement sonore. don’t forget to guide me. qu’il glisse à demi-mot à l’angelot, prenant son rôle à coeur. et il entend. la pavane de finley à l’arrière, les yeux doux qu’ils se font l’un l’autre, si bien qu’il en vient à douter, lui qui le pensait uniquement attiré par les hommes. tout à coup, sa tirade de l’autre soir devient presque idiote, et il a presque honte lorsqu’il entend les gloussement de la jeune femme, et réfrène un frisson de jalousie en voyant du coin de l’oeil les manières chevaleresques du militaire. si bien qu’il ne sent pas la main qui se glisse près de lui, l’index qui vient doucement caresser sa cuisse. try not to distract him please, he's a terrible driver. la voix de jackson est sèche, et il entend presque les ordres qu’il donne surement à ses subalternes. it didn’t bother you back then. qu’il laisse s’échapper de sa voix grave, alors que la main aventureuse délaisse sa jambe. agacé, il ne trouve comme réponse que de piler sèchement au stop qui précède leur arrivée. excuse me guys, i’m such a terrible driver.
ils arrivent au point de rendez-vous, et jackson s’éloigne sans qu’il n’ait le temps de lui parler. coward. qu’il pense, alors que déjà, une lampe torche est glissée dans sa main. angel ne peut s’empêcher de chercher le cow-boy des yeux, mâchoire qui se tend quand il l’observe avec la fille, qu’il revoit ce sourire qui autrefois, faisait s’emballer son coeur, et rougir ses joues. still does. pensée qu’il chasse d’un raclement de gorge. let's find a secluded spot to get to know each other better… éclat de rire qu’il lâche dans une forme de choc. jeu dangereux auquel il ne voulait pas jouer, attrape la bière qu’on lui temps et la descend dans un rythme beaucoup trop rapide, tandis que sa main droite vient se glisser dans la poche arrière de l’ange qui restait encore à ses côtés. just to warn you, i get scared easily. l’autre qui lui promet de le protéger, lui qui s’en amuse, rit un peu trop fort pour lui aussi, attirer l’attention de celui qui, bizarrement, semble obséder ses pensées en ce soir d’halloween. il allume sa lampe torche, avale une nouvelle gorgée de bière. il lâche un dernier regard au blond, croque sa silhouette de ses yeux sombres. et sans prévenir, angel se veut démon, attrape le partenaire qu’on a décidé de lui accoler, main qui se pose sur sa nuque et alors qu'il lui voler un baiser. les cris qui s’élèvent, les mains qui s’entrechoquent, foule qui avait parié sur eux deux depuis le début de la soirée. qui s’enfonce déjà dans le labyrinthe. let’s go, shall we ?
les premiers pas sont simples, presque trop faciles. ligne droite que le petit groupe parcours encore groupé, et angel qui dépasse jackson et sa proie du soir, toujours accompagné par le garçon aux ailes blanches. la nuit est enveloppée de musique, qui raisonne à plein régime dans les allées du labyrinthe de maïs. la lune brille sur leur corps, et la bière est déjà presque finie. premier carrefour, et lui décide de tourner à gauche, abandonnant déjà certains participants. is that it ? qu’il ne peut s’empêcher de glisser, alors que depuis dix bonnes minutes déjà, ils marchent sans but dans la pénombre, bras autour des épaules de celui qu’il venait d’embrasser. et soudain le son qui annonce le début des hostilité. cri de terreur qui retenti derrière eux, angel qui fait volte fasse pour apercevoir le premier scare actor de la soirée, costume de clown le recouvrant de la tête au pieds, ainsi que deux comparses du même style à ses côtés. oh god. réflexe instantané, peur qui le prend au ventre d'un coup. lui lâche son date du soir pour se mettre à courir, cri qu’il étouffe par fierté, maudissant les ailes qu’il a choisi de porter, frottant douloureusement contre son dos nu.
Éclat de rire qui attire aussitôt l’attention du militaire, se fait humain sans volonté, incapable de résister au chant de la sirène qui sait parfaitement ce qu’elle fait. Et il n’aurait pas dû se laisser tenter. L’sourire se fige alors qu’autour, les voix s’élèvent, enthousiastes et triomphantes face à l’image du parfait petit couple qui s’exhibe sans la moindre pudeur, dans un écoeurant spectacle qui lui retourne le cœur. Jackson se détache de cette répugnante vision pour vider sa bière d’un seul trait, ses doigts tellement contractés autour de la canette que celle-ci prend les marques de sa rage et frustration. — Let’s go, qu’il lâche d’un ton presque rageux, broyant le contenant de métal vide qu’il jette en direction de la poubelle sans le moindre égard pour ceux qui vont devoir passer derrière et nettoyer. Il en attrape une autre au passage, qu’il soustrait du préposé aux bières, se considérant bien trop sobre pour supporter cette soirée s’il doit voir son ex rouler des pelles à d'autres types sous son nez. Qu’est-ce qu’il peut bien lui trouver en plus ? Il a l’air ridicule avec ses petites ailes, en plus d’être tout maigrichon. Il sort d’où ce type, d'ailleurs ?
Lampe torche en main, Jackson suit le mouvement au milieu du groupe, s’efforçant d’oublier le couple qui glousse dans son dos pour se concentrer sur la blonde à ses côtés qui lui racontent des anecdotes sur les enfants dont elle s’occupe en primaire, apparemment enseignante dans l’école où il a grandit et étudié. — Are you thinking of having children? qu’elle lui demande curieusement, mais il peut sentir son intérêt grandissant, jaugeant probablement s’il ferait un époux potentiel. Elle va pouvoir cocher une case de plus. Jackson tourne son visage dans sa direction, sourire au coin. — Yes, I would love that. Et il ne ment pas, Jackson. Il se serait volontiers laissé tenter au rôle de père, s’il n’était pas certain déjà qu’il serait incapable de fonder une famille avec une femme. Il a songé à adopter, maintenant qu’il a fait la paix avec sa propre adoption, mais son train de vie actuel ne le lui permettrait pas d’assumer cette charge supplémentaire, et il n’est pas certain d'en être capable, encore moins seul. Un jour peut-être. Et ses pensées ne divaguent certainement pas sur l'ancien petit-ami qui se plaint que le labyrinthe ne fait pas suffisamment peur. Et il n’a pas tort. Depuis qu’ils sont rentrés, ils n’ont fait que s’enfoncer dans la pénombre, le chemin éclairé de leurs lampes torches et leurs rires enjoués. À une intersection, le groupe décide de se fissurer en quatre petits groupes, et la blonde le traîne aussitôt derrière le couple phare de la soirée. Il ne sait pas s’il doit être agacé, ou au contraire satisfait de pouvoir ruiner tout futur rapprochement. Le champ de maïs paraît gigantesque, et bien rapidement, ils n’entendent quasiment plus les autres, le silence devenu presque oppressant. Soudain, un cri, strident, perce le calme absolu, suivi de bruissements parmi les tiges qui font battre son cœur un peu plus vite sous l’adrénaline. Un clown apparaît subitement, sous la lumière aveuglante de sa lampe torche, et la blonde à ses côtés ne tarde pas à émettre un glapissement terrifié, levant ses bras dans un geste instinctif pour s’accrocher à Jackson. C’est le vide qu’elle rencontre, Jackson, et sa foutue peur des clowns, a déjà tourné les talons pour dépasser tout le monde, la main sur son chapeau pour ne pas le perdre, et foutre le camp. Mettre le plus de distance entre lui et ce satané guignol au rire dément qui les course à son tour. Angel a eu le même réflexe, abandonnant tout autant son partenaire de la soirée pour se barrer. Et Jackson ne peut pas s’empêcher de rire à la vue du démon effrayé, ses petites ailes s’agitant pathétiquement dans son dos alors qu’il file avec ses grandes jambes. Sur leur gauche surgit soudain un autre putain de clown. Angel allait le percuter de plein fouet, mais Jackson l’attrape par le bras pour le tirer vers lui, le forçant à sortir des chemins battus. Le cri de l'acteur les alertant qu'ils sortent du labyrinthe se noie dans les bruissements des épis qu'ils percutent et écartent pour se frayer un chemin. Au bout de quelques secondes ils s'arrêtent, épuisé et hors d’haleine. — I fucking hate these fucking clowns! qu'il grogne entre deux respirations hachées, le rythme cardiaque encore élevé. Il se retourne vers Angel, remarquant d'un rire bref qu'il lui manque une aile qui s'est probablement perdue dans la foulée. — You lost a wing on your ridiculous costume, qu'il se moque en pointant du doigt l'aile manquante, incapable de cacher son air satisfait à avoir aussi bien gâché son costume que son stupide date.