outrunning karma
tw. ptsd, insomnie, mention de la mort.
Sans le moindre souci dans le monde, Ronnie écrase les feuilles d’automne allégrement. Elle est incapable de marcher droit, même sobre, car elle tient son téléphone entre ses mains. Ses yeux sont rués sur sa dernière match Tinder, qui est certes canon comme un dieu grec mais insipide à souhait. Elle rouspète plusieurs fois alors qu’elle manque de se faire écraser par une voiture. Qu’est-ce qui a de si urgent pour ignorer un piéton ? Est-ce qu’elle est aussi comme ça lorsqu’elle conduit le camion ? La différence est qu’elle sauve des vies, elle. Et parfois elle en perd. Elle en perd tant qu’elle s’essouffle sous la douche à cacher ses cris et elle compte les moutons pour s’endormir.
Au-dessus d’elle, le soleil se couche. Le ciel revêt une parure orangée puis s’efface dans le noir. Les talons de ses bottines frappent le bitume alors que son regard s’émerveille devant une vitrine alléchante. Elle s’était promise de rentrer direct à la maison sans faire de détour. Alors elle dit adieu à cette paire de chaussure qui l’appelle pour cogner quelqu’un sortant de la boutique.
— Ah, pardon, s’excuse-t-elle, tête baissée pour ramasser ses affaires. Tout son bordel, ses clics et ses clacs, avait quitté le sac en cuir qu’elle portait sur l’épaule. Les clés de la maison, les clés de la voiture, le téléphone, le porte-monnaie, le rouge à lèvres, la boîte de bonbon, les mouchoirs, un briquet, des crèmes et des échantillons, une lime à ongle, ses écouteurs, un fidget spinner et le reste de son sandwich du midi qu’elle avait jugé bon de garder en snack de 16 heures.
L’homme percuté lui donne une impression de déjà-vu. Elle penche la tête, cherchant d’où vient la familiarité de ses traits. Encore une de ses escapades foireuses ? Non, non, impossible d’oublier des bouclettes aussi luisantes. Elle se souvient (quasiment) de tous ses dates (c’est faux). Alors qu’avait-il de si spécial ?
La rougeur monte à son visage rond. Elle revoit d’un coup la nuit embarrassante où elle fût partie s’acheter de la glace pour calmer ses triggers. Le froid était supposé être un calmant, expliquait-elle en thérapie. Pourtant elle s’était mise à sangloter d’un coup. Son ventre s’était noué et les larmes avaient coulé sans qu’elle puisse rien faire. Devant ce pauvre gars qui n’avait rien demandé. Le reste de la cette soirée appartient à son cerveau qui s’amuse à lui effacer des souvenirs lorsqu’ils sont trop douloureux à contenir.
Ronnie lui lance un sourire gêné après avoir récupéré tout son bazar. Elle a envie d’en arrêter là, de retourner sur ses pas et prétendre que ce n’est qu’un inconnu dans la foule. Mais une lourdeur grandit dans son estomac. « Euh, au fait... À propos de la dernière fois... Désolée aussi. » Elle a l’air conne. Les chances qu’il se souvienne d’elle sont en dessous de zéro. Sauf qu’elle aime penser qu’une blonde qui pleure pour un pot de glace est mémorable.
Sans le moindre souci dans le monde, Ronnie écrase les feuilles d’automne allégrement. Elle est incapable de marcher droit, même sobre, car elle tient son téléphone entre ses mains. Ses yeux sont rués sur sa dernière match Tinder, qui est certes canon comme un dieu grec mais insipide à souhait. Elle rouspète plusieurs fois alors qu’elle manque de se faire écraser par une voiture. Qu’est-ce qui a de si urgent pour ignorer un piéton ? Est-ce qu’elle est aussi comme ça lorsqu’elle conduit le camion ? La différence est qu’elle sauve des vies, elle. Et parfois elle en perd. Elle en perd tant qu’elle s’essouffle sous la douche à cacher ses cris et elle compte les moutons pour s’endormir.
Au-dessus d’elle, le soleil se couche. Le ciel revêt une parure orangée puis s’efface dans le noir. Les talons de ses bottines frappent le bitume alors que son regard s’émerveille devant une vitrine alléchante. Elle s’était promise de rentrer direct à la maison sans faire de détour. Alors elle dit adieu à cette paire de chaussure qui l’appelle pour cogner quelqu’un sortant de la boutique.
— Ah, pardon, s’excuse-t-elle, tête baissée pour ramasser ses affaires. Tout son bordel, ses clics et ses clacs, avait quitté le sac en cuir qu’elle portait sur l’épaule. Les clés de la maison, les clés de la voiture, le téléphone, le porte-monnaie, le rouge à lèvres, la boîte de bonbon, les mouchoirs, un briquet, des crèmes et des échantillons, une lime à ongle, ses écouteurs, un fidget spinner et le reste de son sandwich du midi qu’elle avait jugé bon de garder en snack de 16 heures.
L’homme percuté lui donne une impression de déjà-vu. Elle penche la tête, cherchant d’où vient la familiarité de ses traits. Encore une de ses escapades foireuses ? Non, non, impossible d’oublier des bouclettes aussi luisantes. Elle se souvient (quasiment) de tous ses dates (c’est faux). Alors qu’avait-il de si spécial ?
La rougeur monte à son visage rond. Elle revoit d’un coup la nuit embarrassante où elle fût partie s’acheter de la glace pour calmer ses triggers. Le froid était supposé être un calmant, expliquait-elle en thérapie. Pourtant elle s’était mise à sangloter d’un coup. Son ventre s’était noué et les larmes avaient coulé sans qu’elle puisse rien faire. Devant ce pauvre gars qui n’avait rien demandé. Le reste de la cette soirée appartient à son cerveau qui s’amuse à lui effacer des souvenirs lorsqu’ils sont trop douloureux à contenir.
Ronnie lui lance un sourire gêné après avoir récupéré tout son bazar. Elle a envie d’en arrêter là, de retourner sur ses pas et prétendre que ce n’est qu’un inconnu dans la foule. Mais une lourdeur grandit dans son estomac. « Euh, au fait... À propos de la dernière fois... Désolée aussi. » Elle a l’air conne. Les chances qu’il se souvienne d’elle sont en dessous de zéro. Sauf qu’elle aime penser qu’une blonde qui pleure pour un pot de glace est mémorable.