sérieusement de la poterie (Nora)
Nora et Edward. Une rencontre qui remonte à la nuit des temps, il ne devait pas avoir plus de 13ans la première fois qu'elle lui a adressé la parole pour lui dire en d'autres mots qu'il était un ermite associable -et elle n'avait pas complètement tort-. A ses yeux, c'était surtout une amie de son frère. Une fille avec qui il partageait quelques remarques cinglantes de temps à autre au détour d'un moment où leurs deux âmes se trouvaient dans la même pièce. Puis l'amitié s'est installée, doucement, par écran interposé. La gamine qui l'a toujours fait rire, un p'tit rayon de soleil imperturbable et parfois chiante, il ne peut le nier. Des mois passaient sans qu'ils ne se contactent parfois mais le lien reste immuable. De retour en ville depuis quelques années, ils ont eu l'occasion de se revoir. Pas si souvent. Edward très pris par son travail et son fils. Le temps qui manque. Il ne se laisse pas assez le droit aux activités extraordinaires. Quoi que dernièrement, il délaisse tout de même son bureau. Pour le voir lui. Son ordre de priorité chamboulé en même temps que son cœur.
Ce jour là pourtant, il a décidé de lui accorder de son temps, grand seigneur n'est ce pas ? Humeur joviale et douce, il attend la jeune femme à ce coin de rue où ils se sont donnés rendez vous. Enchanté de ce rendez vous, mais un peu stressé. Avec elle, il ne sait jamais trop à quoi s'attendre. S'il y a bien quelque chose de certain la concernant : elle est surprenante. Le soleil qui réchauffe sa peau. Jogging qu'il a enfilé un peu plus tôt, par précaution, si jamais elle décidait de l'trainer faire du trampoline par exemple. Il finit par la voir arriver au loin. Sourire qu'il affiche avant de dire : bonjour. Mains dans les poches, il n'a qu'un portefeuille dans la poche de sa veste ainsi que ces clés de voiture. comment vas tu ? Après tout, ça doit faire quelques mois qu'ils n'ont pas donné de signe de vie. Elle a sans doutes quelques détails croustillants à partager avec lui. Soupirant d'avance il ajoute : alors, pourquoi tu m'as donné rendez vous ici ? L'ouverture d'un nouveau café ? Elle vieillit après tout, peut être que ces idées farfelues viennent à disparaitre avec le temps. Il n'est pas certains de le vouloir ceci dit, parce que s'il la trouve folle avec ces propositions les trois quarts du temps, elle parvient à lui faire faire des choses qu'il n'aurait pas essayé en temps normal et c'est rafraichissant.
⌜outfit⌟Vulgaire morceau de papier. Lignes de charabia pour quiconque n’ayant pas un minimum de connaissances dans le domaine médical. Et pourtant, un si grand pouvoir réside dans celui-ci, digne d’un artefact convoité dans une saga fantastique pour adolescents. Simple compte rendu, reçu en début d’année, ayant pour effet un sacré électrochoc sur Nora. On pourrait croire qu’on lui a annoncé une grave maladie, que ses jours sont comptés, mais il n’en est rien. Il n’y a rien de grave, si ce n’est cette étiquette de femme infertile qu’elle porte sur son front depuis plusieurs mois, des mots inscrits avec de l’encre invisible pour le monde extérieur. Alors elle s’amuse Nora. Elle profite de toutes les occasions qui se présentent à elle. Elle croque la vie à pleine dent, sans se soucier de savoir si le fruit provient du jardin d’Eden ou non. Elle est deux fois plus audacieuse, aventurière, curieuse. L’énergie ne cesse jamais de couler dans ses veines. Elle joue sur tous les tableaux, dans sa vie privée comme professionnelle. Elle change de casquettes sans arrêt, ou plutôt de vêtements. La blouse de vétérinaire à la clinique (ou au refuge), la veste en cuir pour ses virées à moto, les talons hauts pour boire un verre en agréable compagnie. En résumé, elle profite de la vie sans se soucier du lendemain, car elle sait que la vie ne tient qu’à un fil.
Dans son entourage, nombreux sont ceux qui subissent l’énergie débordante de la petite blonde excentrique. Mais un seul jouit du statut de cobaye, de partner in crime : Edward Williams. Rien ne les destinait à se côtoyer, à s’entendre dans l’avenir. Des années séparent les deux individus. Presque peu de point commun, si ce n’est une personne. Cette complicité si spécifique se joue à un seul moment, à une réplique de la blonde durant l’enfance, une pique envoyée sans méchanceté, juste pour le secouer. Point de départ d’une dynamique électrique, au fil des années. Une relation à distance, par écrans interposés, jusqu’à se retrouver à nouveau dans la même ville. Avec Edward, c’est différent d’avec les autres membres de la fratrie. Il n’y a pas autant d'attaches, mais ça n’entache pas la relation. Le fun ? Il réside dans un concept : l’expérimentation. C’est ce qui plane au-dessus de leur tête, et qui justifie - le plus souvent - leurs entrevues. Comme aujourd’hui.
Après un rapide passage à la clinique ; c’est plus fort que Nora, elle aime s’y rendre même lorsqu’elle n’est pas de garde pour jeter un œil à ses petits protégés ; la belle s’est rendue en ville, pour une fois en voiture, dans une tenue plutôt décontractée, au point de rendez-vous. Le véhicule garé dès que l’occasion se présente, pour ne pas tourner en rond pendant une heure, elle termine le chemin à pied. Un peu plus loin, elle aperçoit la silhouette de l’avocat. Un sourire se glisse sur ses lèvres, tandis qu’elle lui adresse un signe de la main. « Maître Williams. » Comment se retenir de jouer avec son statut. Ce serait comme demander à un enfant de choisir une pomme dans un magasin de sucreries. « Je me porte comme un charme, comme toujours. » Il est rare d’entendre Nora se plaindre, du moins, à propos de ses états d’âme. Gamine secrète sur ses sentiments, encore plus à l’âge adulte. Elle aime être présente pour les autres, mais n’aspire pas à embêter son entourage avec ses ressentiments. Il en faut beaucoup pour lui tirer les vers du nez. La preuve ? Personne n’est au courant qu’un secret la ronge depuis dix mois. Prête à retourner la question à Edward, elle se voit contrainte de la ravaler. La question de l’avocat lui arrache un rire. « Un café ? » Non, elle n’est pas aussi petite joueuse. De plus, ils ne se sont pas vus depuis un moment, Nora ne fêterait pas leur retrouvaille en face d’une vulgaire tasse de café. « Qu’est-ce que tu essaies de me dire ? Que tu n’as plus l’âge pour mes excentricités ? Oh c’est vrai, tu approches de la dizaine supérieure… c’est la zumba de la dernière fois que tu ne digères toujours pas ? » C’était pourtant très fun à voir. En tout cas, Nora s’est bien amusée. Surtout à le voir galérer pour suivre les mouvements du professeur. Bon, elle n’était pas mieux. Elle est pitoyable en danse, le sens du rythme ne s’est jamais manifesté chez elle. « Point de café pour aujourd’hui, Edward, ou alors après. Je te propose quelque chose de bien mieux ! » s’exclame-t-elle, passant un bras sous celui de son acolyte, pour l’attirer à l’intérieur d’un bâtiment. Bien évidemment, elle garde la surprise, jusqu’au dernier moment, jusqu’à arriver devant une salle où, en un seul coup d'œil, on peut facilement comprendre l’activité du jour. « TADAAAM ! » De la poterie. Tout ce qu’il faut pour se faire un délire à la Ghost. Génial non ?
Ces derniers temps, il semblerait qu'Edward montre un visage plus doux, plus souple, plus souriant aussi. L'avocat arrive plus facilement à lever le pied au travail et s'accorde du temps pour lui. Sourire nigaud sur l'visage à chaque message échangé. La mine renfrognée et le ton aigri qui se dissipe pour des options plus positives, plus douces. Peut être bien que la présence de la vétérinaire y est pour quelque chose mais il sait pertinemment que ce n'est pas la raison principale. La souffrance dont il a guéri au fil des années mais il ne pensait pas pouvoir toucher le bonheur du bout des doigts de cette façon à nouveau. Sa chance au grand amour qui s'était défilée y'a des années d'ça. Trouille au ventre d'aimer à nouveau et de tenter l'expérience même s'il se laisse aller à la découverte de l'autre pour le moment, pas certains de savoir gérer quand tout ça deviendra trop sérieux même s'il en crève d'envie.
Elle arrive à son niveau, souriante et brillante, comme à son habitude. Nora, c'est le genre de personnes qui vous fourre un sourire sur le visage juste en étant là. Son aura qui évoque l'optimisme. Le genre de personne qui promet d'aller toujours bien. Il se doute que ce n'est pas toujours le cas Edward mais ne voit pas la blonde assez souvent pour pouvoir faire la différence et lire entre les lignes. Il a parfois déjà du mal à se battre avec ces propres émotions. Faut pas trop lui en demander. Il tente de l'amener vers un café, après tout, ça pourrait aussi être une bonne idée non ? Quelque chose de... calme. Pour changer. La vérité -même s'il ne le lui dira jamais-, c'est que si elle le fout toujours dans des situations pas possibles, il adore passer du temps avec elle. C'est comme une ellipse, un moment qui sort de l'ordinaire et qui l'amène à se surpasser dans des domaines qu'il ne maitrise pas. Edward qui n'aurait jamais tenté le quart des expériences proposés si elle ne lui avait pas forcé la main. Dernière sortie qu'elle vient lui rappeler. La zumba. hey, je te rappelle que j'étais pas si mauvais que ça. Rire qui se déclenche au même moment que sa mémoire. Heureusement qu'il s'entretient en courant et en allant un peu à la salle parce qu'il aurait été au summum du ridicule cette fois là. j'crois même me souvenir que j'étais meilleur que toi. continue t-il, fierté de mâle atteinte. Une vague de peur l'étreint quand elle précise proposer quelque chose de bien mieux. Sourcils froncé, anxieux mais en même temps pressé de découvrir ce qu'elle a bien trouvé de farfelue à lui faire faire aujourd'hui. S'il n'aimait pas ces rencontres, il ne serait pas là de toutes façons.
Bras dessus, bras dessous, ils avancent à l'intérieur d'un bâtiment. t'as pas prévu de me tuer, rassure moi ? Quelques secondes de plus et ils arrivent devant une salle. Devant eux, de la terre cuite, des ustensiles en tout genre et des tours de potiers. Fou rire qui se déclenche instantanément à la suite de son TADAM. Ca risque d'être épique cette affaire. Il avance dans la pièce une fois calmé et se tourne vers elle : t'es certaine que ce soit une bonne idée pour toi d'utiliser des objets aussi tranchants ? qu'il demande en prenant le matériel sur le côté et le tendre vers elle rapidement arrêté par la femme en face de lui, qui a pas l'air de rigoler. Mettez une blouse et asseyez vous. Merde, l'impression de revenir en primaire face à sa professeur de mathématiques, stricte et cruelle, elle ne laissait rien passer. Il se tourne ensuite vers Nora. pas commode. Il récupère une blouse et s'installe comme demandé plus tôt par l'instructrice. Allez, c'est parti alors. Peut être bien qu'il va pouvoir s'autoriser à sortir un peu du cadre pour une fois, pas comme il le faisait étant enfant.
⌜outfit⌟Nora, elle est bien incapable de dire d’où vient cette habitude de tenter tout et n’importe quoi avec Edward. Ils n’ont jamais vraiment été proches, leur relation s’en retrouve plus virtuelle que physique (dans le sens où ils ont passé plus de temps à se parler via des écrans interposés qu’en étant physiquement dans la même pièce). Le lien qu’il y a entre eux est indescriptible, mais elle ne le changerait pour rien au monde. La blonde aime ces moments hors du temps, hors du quotidien. Elle aime sortir de sa zone de confort avec une seule et même personne, quelqu’un qui ne la jugera jamais, car Edward s’en trouve au même point, parfois aussi pitoyable que Nora. Et c’est vachement agréable. Libérateur à souhait. Elle pourrait se tourner vers Jamie, mais la relation n’est plus la même qu’autrefois. Il y a Louise dans l’équation. Ses frères ? Oui, mais ils peuvent être parfois un peu peau de vache quand même, avec leur unique sœur. Alors Edward, c’est parfait. La blonde apprécie ce lien unique, qui n’a pas besoin de mot pour être compris.
« Ooh c’est bon, pas besoin de frimer. Tout le monde sait que j’ai deux pieds gauche, je ne sais pas ce qui m’a pris de croire que j’allais exceller dans la zumba. » Bien que ce soit une séance sportive, il y a une bonne base de danse, de coordination pour suivre les mouvements du coach. Une qualité qui fait défaut à Nora, malheureusement. Pourtant, ça n’a pas gâché son plaisir sur l’instant. Ils se sont bien amusés. Elle s’est bien amusée en tout cas, malgré les courbatures pendant les quelques jours qui ont suivi le cours. « On devrait remettre ça, non ? » Une plaisanterie sur l’instant, qu’elle pourrait parfaitement mettre en application. Un côté parfois un peu maso, il faut le dire. Côté que, si jamais Edward avait oublié, il va vite s’en souvenir en découvrant l’idée farfelue du jour. Elle est sûre d’elle Nora, comme à chaque fois qu’elle propose quelque chose à l’avocat. De l’optimisme à revendre, peut-être une façon de se convaincre elle-même parfois. Accrochée au bras de son amie, comme pour l’empêcher de changer d’avis à la dernière minute, elle l'entraîne à l’intérieur du bâtiment. « Je n’ai jamais caché avoir une plus haute estime de l’espèce animale que l’espèce humaine, mais ce n’est pas une raison suffisante pour commettre un meurtre. En plein jour en plus ! Je connais mes classiques Edward. Voyons. » Des classiques qui se résument aux nombreuses séries que l’on trouve aujourd’hui, notamment sur les plateformes de streaming. Grâce à ces merveilles, on peut facilement s’improviser avocat (merci Suits), ou médecin (coucou Good Doctor, Grey’s Anatomy and co) ou flic (on peut se tourner vers Chicago PD pour ça). Dans le cas d’un meurtre, ce serait stupide de faire ça en plein jour, autant se cacher sous le manteau de la nuit… Mais que le Williams se rassure, il n’est pas prévu de perdre la vie aujourd’hui. L’idée de Nora est plus… manuelle. Une idée qui a le mérite de le faire rire, c’est un bon point ! « Tant que ce n’est pas pour faire la cuisine, ça va ! » répond-t-elle, avec une certaine répartie, une lueur de défi dans le regard. Une fougue bien vite maîtrisée par l’intervention de la personne chargée de l’atelier. Une femme sévère, vraiment pas commode. Oups. « Tu l’as dit. » souffle-t-elle à son acolyte, en allant s’installer devant un plan de travail, récupérant une blouse au passage. En vérité, Nora n’avait pas la moindre notion dans le domaine de la poterie. Ce n’était pas une activité que l’on pratiquait à l’école, encore moins sur son temps libre, ou même pendant ses classes à l’école vétérinaire. Mais ça ne semblait pas si compliqué que ça, non ? Telle une bonne élève, elle reste silencieuse le temps des instructions, non sans échanger des regards complices avec Edward. Des regards qui auraient tendance à lui donner envie de rigoler, mais elle garde son sérieux, jusqu’à ce qu’ils puissent ouvrir la bouche. « Je n’ai pas la main verte, alors je vais oublier l’idée de faire un vase je crois… » À part si elle est assez sadique pour regarder mourir à petit feu un joli bouquet de fleurs. « À toi l’honneur d’apprivoiser la bête… » dit-elle, un geste vers la machine, qui semble plus complexe qu’elle en a l’air. Non, c’est beaucoup trop simple de mettre une boule d’argile, d’appuyer sur la pédale, et de modeler. Il y a anguille sous roche…
La vision d'une Nora chancelante le laisse particulièrement souriant, déjà le jour même il avait beaucoup à la voir se débattre avec ces jambes et ces pieds pour que lui même luttait pour tenter de suivre un tant soit peu le cours. Quitte à faire les choses, autant essayer de les faire bien non ? Je sais pas si mon petit cœur supportera une autre séance, oublie pas que j'approche la quarantaine. insistant légèrement sur les derniers mots en rappel à ce qu'elle a pu lui dire un peu plus tôt quand elle est arrivée. un cours de cuisine ne te ferait pourtant pas de mal. ok, il se moque très légèrement mais rien de véritablement méchant dans ces mots, ce n'est que taquinerie et il sait bien que la jeune femme le prendra de cette façon, sinon il ne se serait pas permis de le faire. Un peu trop d'euphorie de la part des deux amis si on en croit l'enseignante. Il a l'impression de revenir en maternelle et d'avoir une sale épée de Damoclès au dessus de la tête : le coin. Il baisse alors d'un ton et échange un regard complice avec son amie.
Il s'installe en face de la machine, débutant total, Edward n'a absolument jamais fait de poterie. En même temps à part Nora, qui aurait eu l'idée de l'emmener ici sérieusement. Il se trouve bien con, incapable de savoir comment peut marcher ce truc. C'est beau d'avoir des diplômes et des compétences dans le domaine du droit mais pour tout ce qui est manuel, il n'a pas tout à fait hérité des dons de son père. Il est capable de petits bricolages mais rien de très fou. Jquand faut y aller. Il vient démarrer la machine à l'aide d'une pédale comme le fait l'instructrice et pose un morceau de terre sur le dessus, trop vite ou de la mauvaise façon mais des éclaboussures viennent lui gifler le visage. D'accord, donc la blouse avait vraiment un intérêt. Il relâche la pédale. peut être pas aussi simple que ça y parait. Parce que vous pensiez que ça se faisait comme ça ? Oups, voilà maintenant c'est officiel, elle les déteste, enfin lui en tout cas. Il est un peu gêné, envie de s'excuser mais pourquoi ? A part s'inscrire à ce cours, il n'a pas l'impression d'avoir aussi si transgressif des règles. Elle vient s'installer à côté de lui pour lui montrer comment faire, les quelques gestes et manoeuvres à suivre pour un fonctionnement idéal. merci. Regard en coin à Nora qui reste spectatrice pour le moment alors qu'il commence à prendre le coup de main. hey regarde, j'y arrive. qu'il dit alors que ça commence à prendre forme, les yeux brillants, plutôt fier de cette réussite, même si on est encore très loin de la tasse...
⌜outfit⌟C’est alors que l’immense talent de comédienne de la Summers se dévoila. Subitement, elle posa une main sur sa poitrine, au niveau de son organe cardiaque. Un geste pour simuler une affreuse souffrance, comme si quelqu’un lui avait porté le coup mortel. « Tu me blesses Edward. Comment tu oses m’attaquer sur mes talents de cuisinière… c’est petit. Même venant de toi. » Le ton plaintif pour accompagner son état, elle fait mine de renifler, comme si elle était sur le point de pleurer. Bon, c’est un fait connu de tous : Nora ne vaut pas un clou en cuisine. Le mythe de la femme bonne à marier s’effondre avec la blonde. Elle n’est pas une déesse derrière les fourneaux, n’est certainement pas une fée du logis, et n’est pas aussi douée que sa meilleure amie en matière de planification. Oh, elle a bien essayé de glaner quelques conseils ici et là, mais pour l’instant, elle n’a pas la motivation d’apprendre. D’autant que son statut de célibataire ne l’incite pas des masses à faire des efforts. Elle est peu souvent chez elle, bien plus dans les locaux de la clinique. Alors passer des heures en cuisine pour… elle ? No thanks. Mais ce n’est pas une raison pour pointer ce défaut du doigt. Non mais oh.
Cette chamaillerie ne date pas d’hier entre l’aîné des Williams et la blonde. C’est ainsi que tout à commencé. Et même s’il y a eu des périodes un peu plus calme, notamment quand la mort venait assombrir le ciel d’un des protagonistes, ils n’ont jamais cessé de se taquiner. C’est toujours bon enfant, à aucun moment il n’y a le désir de blesser l’autre volontairement. Et si par mégarde cela arrive, il ne faut pas longtemps avant que le responsable ne se ravise, et présente ses excuses.
Une dynamique qui doit prendre fin, du moins, le temps de l’atelier. La professeure ne semble pas commode, ils ont intérêt à filer droit avec elle. Courageuse mais pas téméraire, la blonde pousse Edward à se lancer en premier. Okay, il a peut-être bien une arrière pensée à l’esprit. Initialement, elle n’aurait pas été contre d’immortaliser les premiers moments du Williams avec la machine, avec son téléphone. Mais le regard de celle qui gère l’atelier lui a fait comprendre que ce n’était pas une bonne idée. Tant pis, elle pourra partager ses impressions plus tard. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est comique à regarder ! Le morceau de terre semble prendre vie, vouloir se défendre. Tel un liquide en ébullition, des projectiles volent dans tous les sens, provoquant un rire franc chez Nora. « C’est bon pour la peau il paraît. » se moque-t-elle gentiment, tandis que l’enseignante s’installe à côté de l’avocat pour lui montrer comment faire. Nora observe, se retient de faire le moindre commentaire pour l’instant. Ce n’est que lorsque la dame s’éloigne que la Summers se rapproche pour dire discrètement : « Je constate que ton charme opère même dans un atelier dans poterie. » Elle fait référence à la dame qui s’occupe de ce cours, qui semble quand même bien plus souvent autour de leur table que celle des autres. Et puis, en un coup d'œil, on peut voir qu’il n’est pas autant aux petits soins avec les autres. Comment ne pas sauter sur l’occasion de charrier Edward. « C’est pas si mal hein ! Tu fais quoi exactement ? » Elle s’installe à côté du presque quadragénaire, là où était l’instructrice précédemment. Les yeux pleins de perplexité, Nora penche la tête sur le côté, comme si cet angle allait lui permettre de comprendre ce que son ami tente de faire, mais là encore, ça reste un mystère. Un petit bol peut-être ? Un cendrier ?
Il ne l'a pas vu souvent cuisiner la Summers et pour cause, il garde en mémoire des échanges avec son frère qui lui expliquait qu'elle tentait carrément de l'empoisonner. Le tout dans un sourire. Taquinerie douces et gentille, puisque dans le fond, il existait de nombreux domaines où elle excellait. Pour lui, ce n'était visiblement pas la poterie. Le voilà qui se retrouve avec de nombreux morceaux d'argile collés sur le visage à côté d'une Nora en plein fou rire. Scène digne d'un video gag. Il tente de se débattre avec les restes sur son visage et de les retirer d'un revers de main mais ce n'est pas une mince affaire. L'institutrice d'un jour se pointe à côté de lui pour accompagner le geste, lui qui semble être le plus mauvais élève de la classe pour le moment. Sourire gêné sur les lèvres, il la laisse le guider pour concevoir quelque chose de correct, et le résultat semble se transformer en... quelque chose d'assez imparfait. Il hausse un sourcil à sa remarque sur son charme, très premier degré pour l'coup, la plaisanterie qu'il n'a pas su lire, il rétorque : Je crois surtout qu'elle a vu que j'étais vraiment nul. elle demande finalement ce qu'il est en train de construire de ses petites mimines. c'est censé être une tasse... Censé, c'est le bon mot.
Il termine son travail et on peut tout à fait admettre que pour une première -et une dernière-, c'est totalement raté. Pas doué pour un sou. Il se tourne vers elle après s'être redressé pour se laver rapidement les mains et le visage. à ton tour. clin d'œil rapide à son attention et il s'échappe de longues secondes pour rincer tout cette terre qui lui reste sur le corps. A son retour, Nora semble avoir pris le coup, visiblement moins catastrophique que lui. C'est un...bol ? tente t-il, une chance sur deux ou trois mais ça avait l'air d'en prendre la forme en tout cas.
[...] L'activité se termine, la dame expliquant qu'elle devra mettre leurs oeuvres au four mais qu'il faudra passer dans la semaine pour les récupérer. ça ne sera peut être pas nécessaire. qu'il vient murmurer dans l'oreille de Nora. Puis les deux compères viennent se déshabiller et prendre leurs affaires respectives pour sortir de la salle de poterie. Je ne sais pas où je le place dans l'échelle des sorties étranges le cours de poterie mais définitivement dans le top 3. Sourire en coin, il reprend : J'ai le temps pour un café rapide si ça te dit ? Main qu'il passe dans sa chevelure bouclée, avant de glisser ses mains dans ses poches, le fond de l'air qui se rafraichit à cette période de l'année.
⌜outfit⌟ La tête penchée sur le côté, tel un chien en proie à une profonde perplexité, la blonde fait de son mieux pour visualiser une tasse dans le morceau d’argile modelé par les soins d’Edward. Une chance qu’elle ait une imagination débordante, l’exercice n’est pas simple. Pour l’instant, cela ressemble plus aux exploits d’un enfant en bas âge qui expérimente la pâte à modeler pour la première. Une autre façon de dire que… ce n’est pas très concluant. Elle reste prudente la Summers, préfère ne faire aucun commentaire à haute voix, car lorsque son tour viendra, elle risque de moins faire la maline. Si elle excelle dans le domaine sportif, adore toucher à tout ce qui est sensations fortes, c’est loin d’être le cas quand il s’agit de faire des activités manuelles. À l’école, elle ne raffolait pas des sessions dessins, peinture ou enfilage de perles. Et avec les années, ça n’a pas changé.
Lorsque le tour de Nora arrive, elle ressent des regrets. Ceux d’avoir opté pour un cours de poterie. À quel moment a-t-elle cru que ce serait sympa ?! La prochaine fois que cela arrive, que quelqu’un lui souffle que c’est une mauvaise idée. Mais maintenant qu’elle y est, elle ne peut plus reculer. Ce serait mal la connaître de croire qu’elle peut se défiler. Tête haute, elle prend la place de l’avocat derrière la machine, remontant ses manches au passage. Une légère grimace glisse sur les traits de son visage lorsqu’elle s’empare du morceau d’argile pour le placer au centre du disque. Non pas que ça la gêne, avec son job, elle en voit d'autres, mais c’est assez visqueux, et étrange comme sensation. Et puis, finalement, elle se lance. Elle tente de ne pas reproduire les mêmes erreurs que son comparse, et ce qu’on peut dire, c’est qu’elle s’en sort pas si mal que ça ! Du moins, pour apprivoiser la bête. Parce qu’en ce qui concerne le fait de modeler la matière, ce n’est pas une mince affaire. « Bah non, c’est une tasse aussi ! » dit-elle, comme si ça coulait d’évidence (alors que pas du tout). « Tu sais, celles qu’on utilise pour boire les expressos ! » Le genre petit format pour ce faire un shot de caféine. C’est ce que la belle tente de faire, mais elle constate qu’il y a une différence entre ce qu’elle visualise et la réalité. « Je dois comprendre que c’est trop gros pour l’instant ? » S’il a pensé que c’était un bol, Nora a tout intérêt à revoir ses dimensions.
À l’issue de la séance, la blonde estime qu’ils ne s’en sont pas si mal sortis. C’était même assez fun, une fois les aprioris passés. Une fois ses mains lavées, et la blouse retirée, Nora récupère ses affaires, tandis que la professeure invite les participants à revenir ultérieurement pour prendre leurs chefs-d’œuvre, après cuisson. « Bien sûr que si, j’y tiens à mes tasses ! » vient-elle dire à son ami, après lui avoir donné un léger coup de coude. Certes, ils ne pourront pas espérer les vendre à une enseigne pour créer une nouvelle collection (quoique), mais ce n’est pas une raison pour les “oublier” à l’atelier. Après avoir salué et remercié la dame, les deux amis s’échappent de la pièce pour retourner à l’extérieur. « Carrément, il éclipse direct le cours de zumba. Par contre, la sculpture sur citrouille garde une bonne place. » Une autre sortie qu’ils ont pu faire, durant la période d’Halloween. Il faut croire que Nora est un peu maso, car elle aime organiser des sorties sur le thème de la créativité. « Tu es vraiment en train de demander à une accro du café si elle veut une dose ? » demande la blonde, un sourire en coin. S’il y a bien une proposition à faire à Nora, qui obtiendra toujours une réponse positive de sa part, c’est une sortie café. « Je n’ai pas souvenir qu’il y ait un café dans l’coin par contre. Il y a le salon de thé, mais ils vont nous regarder de travers si on va là-bas… » dit-elle, ne pouvant s’empêcher de pouffer légèrement. C’est comme commander une salade dans un grill-house, ou de la viande dans une échoppe de sushis.
Oh la sculpture de citrouille. Cette expérience. Ils étaient entourés de gosses, tous totalement hyperactifs et bruyants mais le rendu avait été pour le coup vraiment superbe. Ils s'étaient montré convaincant, plus que dans la création de tasses en tout cas. Même si creuser un sourire dans un légume est probablement plus aisé que de travailler la terre. quelle sera ta prochaine dinguerie, c'est ça la véritable question. Ils prennent la direction de la sortie, le visage souriant en quête d'un café, puisqu'effectivement, se retrouver au beau milieu d'un salon de thé et demander un café aurait un côté un peu snob quand on y pense. On a qu'a marcher, on finira bien par trouver. retorque t-il avant de prendre les devants et entamer quelques pas dans la rue. Des cafés, il en existe des tas non ? Il leurs faudra d'ailleurs quelques minutes seulement pour tomber sur un troquet qui ne paye pas de mine mais qui fera largement l'affaire.
Sur place, les conversations évoluent entre banalités et sujets plus intimes. Edward vient évoqué sa relation naissante, celle avec Minho, jeune père de famille rencontré à l'école de Sam, son propre fils. De façon brève mais assez pour laisser entendre à Nora que les sentiments sont bien là. Que son cœur bat pour un homme pour la première fois et que depuis des années à s'être enfermé dans son travail, il voit un chemin vers l'amour se dessiner avec envie et désir. Un peu comme si les couleurs venaient jouer dans sa vie après des lustres à voir les choses en noir et blanc. Et étrangement, en parler à Nora est plus simple que d'évoquer ça avec les autres, parce qu'il n'a pas cette crainte d'être jugé ou questionné trop longuement, elle le laisse simplement parler, évoquer ce qu'il souhaite dire, rien de plus.
⌜outfit⌟ Bon, c’est officiel. Entre la réalité et ses espérances, il y a une sacré différence. Si Nora espère une jolie tasse - pour commencer - de celles que l’on trouve dans les cafés les plus chics, la réalité irait plus vers un bol difforme qui ferait fuir un canidé qui espérait se désaltérer. Ce n’est pas grave, il en faut plus pour démotiver la Summers. Elle relève ses manches ; c’est une façon de parler, elle ne peut clairement pas toucher ses vêtements avec ses mains pleines d’argile ; et fait son possible pour gonfler sa motivation, ainsi que sa détermination. Les efforts paient, au bout d’un moment. Le résultat n’est pas totalement conforme à ce qu’elle visualisait au départ, mais il y a du progrès, notamment sur la taille du contenant. Oui, elle est plutôt fière de son travail. À la fin du cours, elle n’a pas le sentiment d’avoir perdu son temps. Au contraire, elle s’est bien amusée, comme à chaque fois qu’elle passe du temps avec Edward. D’ailleurs, elle compte bien revenir pour récupérer ses merveilles. Non mais oh. C’est de l’Art. Ce serait un crime de les oublier. « Les garder. OH NON, MIEUX ! » Trop expressive la blonde, comme toujours. Les regards qui se tournent vers elle. Ce qu’il faut pour donner une couleur rouge tomate à quiconque, mais ce n’est pas le cas de Nora. Elle assume parfaitement son côté extraverti. Elle leur adresse à tous un large sourire avant de reporter son attention sur l’avocat. « On va les offrir ! Noël, c’est le mois prochain. » dit-elle en s’agrippant au bras du Williams, une lueur de taquinerie dans le regard. Parce que soyons honnête, s’ils avaient du talent, ce serait un très joli cadeau à offrir. Or là, ce n’est pas le cas. Ils n’ont aucun talent artistique. Cela devient un cadeau empoisonné. Celui qui, au moment de le recevoir, oblige le destinataire à feindre une réelle joie, quand au fond de lui, il n’a envie que d’une chose : jeter le cadeau à la poubelle. C’est mesquin, mais pas méchant. De quoi bien s’amuser, en fonction de la personne qui recevra les tasses. « Je peux aussi passer durant ma pause déj la semaine prochaine, je récupère le tout, et j’viens déposer les tiennes à ton taff. » Ça ne l’embête pas Nora, elle n’est pas à un détour près. Elle aime prendre la route, surtout les jours où la météo lui permet de sortir sa bécane. Tant qu’il fait encore à peu près beau, elle en profite. Ce n’est pas à la fin de l’année qu’elle pourra circuler en enfourchant sa moto.
À présent sur le trottoir, le cours terminé, les deux amis évoquent des activités antérieures. Tous deux se souviennent de la sculpture sur citrouille. Si Nora n’a aucun souci avec les enfants, au contraire, elle les aime beaucoup, cette activité était assez difficile à vivre, à cause de l’excitation des enfants. Ils étaient particulièrement bruyants. Autant dire qu’à la fin de la journée, Nora s’est payée une bonne migraine. Mais le résultat était top. Elle était fière de faire trôner sa citrouille chez elle, près d’une fenêtre, pour faire profiter les passants dans la rue. « Oh je vais me surpasser, tu vas voir. Et ne parlons même pas de l’an prochain. Level up baby ! » Oh ce ne sont pas des paroles en l’air. Quelques jours après cette activité, Nora aura la brillante idée de les lancer dans le…
Deux cafés commandés au comptoir, et ils peuvent s’attabler dans la salle. Là, la conversation est toujours aussi fluide. Des idées de futures activités sont lancées, comme le fait d’offrir les tasses à Jamie et Elea pour Noël, lorsque tout le monde ira à Aspen pour les fêtes. Et puis, la discussion s’oriente vers Edward. Nora est honorée d’être sa confidente d’un jour, d’apprendre qu’un homme - et non une femme - fait battre le coeur de l’avocat un peu plus rapidement ces temps-ci. Un jeune homme, père également d’un fils, dans la même école que Sam. Nora ne juge pas, au contraire, elle exprime sincèrement sa joie d’apprendre la nouvelle. Même si elle s’est résignée sur l’amour, pour des raisons qui lui sont propres, elle reste une trentenaire romantique, qui aime être témoin de l’amour autour d’elle, sans ressentir la moindre jalousie. Et Edward, il mérite d’avoir de l’amour, après ce qu’il a vécu dans sa vie. C’est une bonne chose qu’il puisse tourner la page, et s’accorder un peu de bonheur en dehors de son rôle de père célibataire.
Finalement, au bout d’un bon quart d’heure, il est temps de se dire au revoir. Une étreinte, une embrassade, la promesse de s’envoyer des messages pour se tenir au courant, et puis chacun reprend sa route pour retourner à son petit quotidien.
the end.