j'retiens mes larmes même si j'ai mal.
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— je voudrais une quatre fromages. il demande à son interlocuteur à la pizzeria où elle est censée travailler. il le sait, parce qu'il n'arrête pas d'embêter ashton avec ça. il ne peut pas s'en empêcher. ils sont proches tous les deux, ce que josh n'est plus avec sybil.
elle lui manque.
elle lui manque tellement.
et il est hanté par cette photo, sur instagram. elle, en train d'embrasser un autre gars. un gars avec qui ça ne la dérange pas d'être apparemment. alors qu'il voulait continuer d'être avec elle, même dans les moments vraiment difficiles. — au skatepark de south oceanside. il répond à la question qu'on vient de lui poser. on lui promet sa commande dans vingt minutes. vingt minutes à prier que ce sera sybil qui débarquera sur son vélo pour lui apporter sa pizza. il a trop besoin de lui parler. il ne comprend toujours pas ce qu'il s'est passé et pourquoi elle refuse de lui parler de toute façon. elle l'évite. il le sait. et il ne veut pas croire que c'est terminé. pourtant, il y a des évidences partout. des évidences qu'il devrait juste accepter pour ne pas avoir l'air d'être un psychopathe sauf qu'il ne peut juste pas se retirer de la tête qu'ils sont faits l'un pour l'autre et qu'ils avaient encore quelque chose lorsqu'elle a décidé de mettre un terme à leur histoire.
il remonte sur son skate pour faire quelques glissades sur les modules.
ils avaient l'habitude de faire ça ensemble.
il sait qu'il a une copine en ce moment, mais ce n'est pas pareil. ce ne sera jamais pareil. c'était si bien avec sybil. il ne pourra avoir ce qu'il avait avec elle avec personne d'autre. il le sait déjà et ça le terrifie. il veut être heureux encore. et être heureux... ça ne se fera qu'avec sybil.
le temps ne passe pas vite, c'est assez insupportable.
il s'ennuie rapidement, surtout qu'il a envie de la voir, plus que tout. tout ça pour qu'elle s'échappe aussi sec. ça pourrait arriver. mais il a déjà tout prévu. il veut la retenir. elle travaille, il ne devrait pas. mais il ne sait plus comment faire. il n'arrive même pas à la croiser à l'université tellement elle ne veut plus rien avoir à faire avec lui. il ne pense pas que ce soit réellement ça. ou alors il se trompe ?
il veut absolument en avoir le coeur net en tout cas.
il entend un vélo, non loin du skatepark. il enlève la capuche de son sweat pour pouvoir apercevoir sa silhouette qui approche sur son deux roues. il fait frais ce soir, mais il a fait beau toute la journée. la nuit n'est pas encore complètement tombée, mais ça ne saurait tarder. — salut. qu'il dit, pour faire comprendre que c'est bel et bien lui qui a commander la pizza qu'elle vient de ramener. il n'a pas l'intention de cacher ses intentions. c'est bon maintenant, ils ont assez jouer à ce jeu de chat et de souris dans lequel il ne voulait aucun rôle. maintenant, c'est la vérité, et c'est tout. parce qu'elle lui manque trop. parce qu'il veut comprendre. parce qu'il n'accepte pas l'idée qu'elle ait décidé de le quitter, comme ça, alors qu'ils étaient trop bien ensemble pour se mettre avec un type au hasard, comme ça. il pense mal, mais il pense quand même, et ça le tue, parce qu'ils étaient trop bien.
vraiment trop bien.
la nuit va être claire. s'ils étaient encore ensemble, ils auraient passé une partie de la soirée à faire des cascades sur les modules puis à regarder les étoiles allongés là, au milieu parce qu'il n'y a jamais personne le samedi soir, les gosses sont tous en soirée, toujours...
Les pensées qui vont de tous les côtés, nœuds au cerveau qui se forment à force de voir les choses sous tous les angles possibles et imaginables, alors qu’elle connaît la solution à tout ça : laisser tomber. Des mois qu’elle y parvient, qu’elle a trouvé la force et l’énergie de compartimenter, pour ne pas partir en vrille. Pourquoi ce soudain revirement de situation là-haut, dans sa petite tête ? La faute au nouvel an. Foutu passage à l’an deux-mille-vingt-quatre. Il faut croire qu’à minuit, la Hudson a été frappé par un champ électromagnétique, ou une connerie dans l’genre. Elle ne sait pas quoi, mais ça a foutu la merde dans sa tête - et dans son coeur. Moment fatidique où les souvenirs sont remontés, où la nostalgie s’est infiltrée par les pores de sa peau, pour l’empoisonner de son dangereux venin. Il y a des dates qui marquent, où le fait de poser les yeux sur le calendrier fait vriller l’univers. Celle-ci est l’une d’elles. Sauf que depuis ce jour, presque un mois, ça ne tourne plus rond chez Sybil. L’énervement pour rien, elle se sent à fleur de peau pour tout. Une bombe, que la nouvelle année a enclenché, prête à exploser à tout moment, à la fin du minuteur.
Besoin de décompresser, de trouver un moyen pour faire le vide dans sa tête. Une excursion hors d’Oceanside pour aller prendre des photos ? L’idée est alléchante. C’est bien l’un des rares passe-temps qui parvienne à la faire déconnecter de la réalité. Lorsque la concentration est à son maximum pour réussir à prendre le cliché parfait, le reste n’a plus aucune importance, les problèmes s’effacent peu à peu, comme une goutte d’aquarel dans de l’eau. Elle y songe sérieusement Sybil, tandis qu’elle pédale dans la ville pour se rendre aux différentes adresses de livraison. Idée stupide de prendre son vélo pour son service, alors qu’elle prend presque toujours sa voiture pour aller plus vite. Un rayon de soleil, des températures douces - presque estivales - malgré la saison, et ça y est qu’elle décide d’en profiter. Elle a les cuisses en feu, les mollets douloureux vers la fin de soirée. Elle va le regretter. Probablement demain matin au réveil. Elle est sportive Sybil, mais faire autant de kilomètres pour livrer des pizzas, ce n’est pas humain. Même pour la conscience écologique. Elle est fatiguée, mais elle tient bon. La musique trop forte dans ses oreilles l’aide à se motiver. Comportement inconscient, elle le sait, c’est le meilleur moyen pour se faire surprendre par une voiture. Mais elle en a besoin. Elle apprécie le son de maraschino love qui se diffuse des écouteurs, ça lui donne le sourire sans même s’en rendre compte, alors qu’elle pédale vers le dernier lieu. Le skatepark. Un endroit qu’elle connaît bien. Presque son sanctuaire. Surtout avec l’année qui vient de s’écouler. Mais elle va vite déchanter.
Le pied à terre pour immobiliser le vélo, et elle le voit.
scène au ralenti, dans sa tête en tout cas.
elle est là. elle s'arrête. elle prend ce qu'il faut dans son bagage, et elle s'avance jusqu'à lui. une éternité qu'elle ne s'est pas approchée de lui. ça lui fait quelque chose, forcément, si bien qu'il ne réagit pas tellement après sa salutation. quatre pizzas, quatre fromages, peu lui importe en réalité. il est troublé. il n'arrête pas de se dire qu'elle lui manque. vraiment, vraiment beaucoup. il veut continuer à vivre près d'elle bordel. il abuse sans doute. et si elle ne l'aimait vraiment plus hein ? peut-être que c'est juste ça le problème dans le fond... le fait qu'elle ne l'aime plus et qu'elle ne veut plus être avec lui, tout simplement.
malgré tout, quelque chose en lui refuse de croire ça. on ne peut pas aimer quelqu'un comme ça sans que ce soit réciproque. sinon, à quoi bon continuer de vivre hein ? tout parait tellement fade depuis qu'ils ne sont plus ensemble. et ce n'est pas comme s'il abusait, comme si ça faisait deux jours qu'elle l'avait quitté. non. ça fait un moment qu'il expérimente sa vie sans sybil. et nop, ça ne l'intéresse réellement pas. elle est belle. ça c'est quelque chose qui ne change pas et qui bloque dans son esprit. il aime tout d'elle, même ses choses débiles. il ne comprend toujours pas comment elle peut autant aimer spider man, mais il adore qu'elle aime spider man. c'est plus fort que lui, c'est comme ça. c'est l'expérimentation de... « l'amour rend aveugle ». il veut bien ne plus jamais voir clair et continuer à être avec elle, tout simplement. — merci. qu'il répond, sans prendre la pizza entre ses mains.
tant qu'elle la tient, elle ne part pas. c'est évident non ?
quand à payer. c'est pareil, tant qu'il ne paye pas, elle ne peut pas partir. c'est probablement pour ça qu'il ne répond pas à sa question et qu'il s'engage sur un terrain beaucoup plus glissant. — je veux parler avec toi. voilà. c'est tout ce qu'il voulait. la pizza... il n'a même pas faim. il va la payer, évidemment, mais c'était sa seule idée pour l'attirer près de lui sans qu'elle ne fuit encore loin, très loin. il se rend bien compte de quoi ça a l'air, et il passe ses doigts dans ses cheveux, un peu gêné. — je suis désolé de t'avoir pris au piège. important de le dire, mais pas pardonnable malgré tout. ça ne change rien, maintenant qu'elle est là, il ne compte pas lâcher l'affaire, pas tant qu'il ne comprend pas exactement ce qu'il se passe.
il n'y a pas de bruit ici. juste le vent, il y en a toujours beaucoup, c'est ça de vivre près de l'océan. et puis les bruits de la ville, au loin. mais autrement... il n'y a qu'elle, et lui. — t'as l'air d'aller bien. il ne rentre pas tout de suite dans le vif du sujet. il a peur qu'elle trouve une esquive s'il l'attaque directement sur des choses dont elle n'a pas envie de parler, mais elle se doute bien que s'il a fait tout ça, ce n'est pas pour faire la conversation comme ça, tranquillement. il a bel et bien l'intention de la reconquérir d'une manière ou d'une autre. que ce soit maintenant ou dans plusieurs mois. il est patient josh. et il sait qu'il n'arrive pas à l'oublier. il le sait très bien oui, parce que quand ses pensées s'égarent, c'est toujours vers elle, quoiqu'il puisse arriver.
ils étaient trop bien ensemble. pourquoi sortirait-elle avec un autre type ?
même lui n'a plus envie d'être avec sa copine. dans le fond, c'est toujours elle, et ce sera toujours elle. tout ça n'est qu'une vaste perte de temps dans laquelle ils ont plongés ensemble parce qu'elle en avait besoin. mais ça fait longtemps là. trop longtemps pour continuer à en perdre. il pense. il est arrivé au bout de sa patience.
Aussi paisible qu’un ruisseau en apparence, mais à l’intérieur, c’est le gros bordel. Elle fait de son mieux pour rester stoïque Sybil, pour être pro-fes-sion-nelle. La vérité ? C’est qu’elle galère à garder les idées claires. À respirer convenablement. C’est comment déjà ? Ah ouais. Inspiration Expiration. Sauf que là, ça ne ressemble à rien, sa respiration est saccadée, comme si elle venait de courir un marathon. Ne parlons même pas de son rythme cardiaque, il n’y a rien de régulier dans les battements, une véritable cacophonie. Si bien qu’elle peut les percevoir dans ses oreilles. Un son très désagréable. C’est peut-être à cause de ça qu’elle sent que ses jambes peuvent flancher à tout moment. Ce serait bien son jour de se ramasser sans raison devant lui, devant Josh. Elle pourra sortir l’excuse d’un tremblement de terre, une secousse surprise, mais si elle est la seule à la sentir, ça risque d’être peu crédible. Non, ce qu’elle veut Sybil, c’est donner cette foutue boîte en carton, être payée, et pédaler loin, très loin d’ici, avant de succomber à une crise cardiaque. Et en même temps, elle crève d’envie de rester.
Sauf qu’il ne prend pas la boîte. Sybil, elle se sent con à la tenir bêtement, tendue vers lui, à attendre un truc qui ne vient pas. C’est comme le paiement, Josh ne semble pas disposé à le lui donner. Pourquoi ? Pas besoin de poser la question, la réponse lui est donnée au bout de quelques secondes.
la pizza lui importe peu. il va la payer, mais elle pourra la prendre pour elle, si elle veut. il s'en fout. il n'a même pas faim. pour le coup, il était prêt à tout pour pouvoir la voir. et la voilà. elle est belle comme un coeur, comme toujours. et visiblement, elle a beaucoup roulé parce qu'elle a dû faire sa tournée en vélo. il hoche la tête, ravi que ce soit son seul problème maintenant. il a connu des moments où elle allait vraiment très très mal. il s'en souvient comme si c'était hier, si bien qu'elle a finit par lui dire que c'était terminé, elle et lui. il n'aime toujours pas cette idée. il ne comprend toujours pas comment il n'a pas réussi à la convaincre que non, ce n'était pas une bonne idée de mettre un terme à leur couple. mais bref... c'est bien pour cette raison qu'il est là, n'est-ce pas ?
— tu veux t'assoir ? il propose, en montrant le module juste derrière lui. par le passé, ils ont passé des heures ici, à écouter de la musique, allongés au milieu, à s'offrir des bisous comme des ados. ils sont toujours un peu des ados, presque des adultes. quelque chose entre les deux. et c'est parce que josh est un adulte en devenir qu'il a décidé d'essayer de parler avec elle parce qu'ils ne peuvent pas continuer comme ça. pas alors qu'il continue de penser à elle à tout moment de la journée, et que son coeur n'a pas encore réussi à raccrocher toutes les pièces qu'elle a laissé derrière elle. et il pense de toute façon qu'elle a gardé une partie de lui en partant, quoiqu'il arrive. parce qu'elle lui manque. elle lui manque trop. il hoche la tête, les yeux toujours rivés sur elle, il ne peut pas regarder autre part, c'est terrible. c'est comme s'il essayait de se souvenir pour un temps infini des traits de son visage, sait-on jamais qu'elle continue de le fuir après ça. mais donc ouais, c'est à lui de parler maintenant. il quitte enfin ses yeux, pour regarder autour de lui. il avait tout prévu jusqu'à là. maintenant, c'est de l'improvisation, il ne sait pas par quoi commencer. elle est toujours là, c'est déjà une chance. — hm oui. alors... voilà qu'il devient hésitant. il parle bien normalement josh. il manie les mots parfaitement parce que c'est ce qu'il aime. c'est ce qu'il étudie, et c'est ce qu'il fait de son temps libre, parfois.
des poèmes, sur sa sybil, il en a écrit beaucoup.
d'autant plus depuis qu'ils ne sont plus ensemble. comme s'il avait besoin d'extérioriser la mal-être que cette rupture a fait naître en lui. il ne sait pas comment dire ça sans avoir l'air d'être complètement fou. c'est pas logique de parler du fait qu'il ne comprend pas pourquoi elle a un mec maintenant alors qu'elle l'a quitté parce qu'elle ne voulait plus en avoir, en gros. sauf que lui aussi il a une copine. pas une copine qui lui plait tellement ceci dit. c'est compliqué. — c'est trop bizarre. je suis désolé. mais... mais j'ai trop besoin de savoir pourquoi. parce que... et puis c'est parti hein. dès qu'il commence, il ne peut plus s'arrêter. — je sais pas, une partie de moi espérait que lorsque tu irais mieux, tu reviendrais vers moi. sauf que... tu m'évites tout le temps. et... et t'es visiblement passée à autre chose. et je crois que... j'ai besoin que tu me dises vraiment pourquoi toi et moi c'est... ça fait des mois. et il ne le fait que maintenant. mais en réalité, il ne pouvait pas le faire avant, il voulait lui laisser l'espace nécessaire. sauf qu'il l'aime toujours. et elle lui manque. et elle est avec un autre gars. il ne trouve plus les mots. ça y est. il est perdu. il a l'espoir qu'elle le mette sur la voie, au moins un peu.
il suppose que ça va mieux, d'après les indices qu'il a pioché un peu partout.
mais peut-être qu'il se trompe.
c'est pour ça que parler semble être la solution évidente dans ce cas de figure.
Vite, un peu trop vite certainement elle secoue la tête pour rejeter la proposition de Joshua. « Je risque de coucher là si je m’assoie. » Parce que c’est bien connu que, lorsqu’on est éreinté, ce n’est pas une franche bonne idée de s’asseoir, même un court instant. C’est prendre le risque de se laisser envahir par la flemme, et d’avoir un mal fou pour repartir. Pourtant, cette idée ne rebute pas la jeune femme, c’est plutôt l’inverse. La perspective d’une nuit à la belle étoile, qui plus est dans ses bras, est certainement l’idée qui, depuis longtemps, lui réchauffe le plus le cœur. Parce qu’il lui manque. Affreusement. Fantasme impossible à réaliser. Il a une petite-amie. Elle le sait Sybil. Elle les a vu, il y a quelques jours, sur le campus. Une vision effroyable, qui lui a brisé le cœur. Comme elle sait si bien le faire, elle a fui ce jour-là, pour ne pas croiser le regard de Josh, pour ne pas être le témoin de cet amour. Elle ne peut que s’en prendre à elle-même. Elle est fautive. Elle ne peut blâmer que son orgueil. Elle a tout gâché. Et aujourd’hui, c’est probablement trop tard. Il a tourné la page. Et elle, elle est brisée. Personne ne désire une personne brisée.
Étrangement, le fait d’être ici est comme mettre du baume sur son cœur meurtri. C’est une torture d’être près de lui, autant que ça la soulage. L’être humain est une espèce étrange, à bien des égards. À aimer quelque chose autant qu’il la déteste. À désirer l'inaccessible. À délaisser quelque chose - ou quelqu’un - pour ensuite regretter lorsque c’est trop tard. Vraiment, il y a quelque chose qui débloque. Plus chez Sybil que chez quelqu’un d’autre. Une bonne raison de se tenir loin des psys. Le professionnel serait capable de l'interner. Ou de la mettre sous médocs. Hors de question. Si elle a développé la mauvaise addiction à la cigarette après la mort de ses parents, il y a une chose pour laquelle elle est intransigeante, c’est la consommation de drogues ou autres substances pour planer. Elle a bien tenté une taff d’un joint, mais ça s’est arrêté là.
Pas à l’aise dans ses baskets, même si celles-ci sont confortables pourtant, elle gigote Sybil. Elle se sent comme prise la main dans le sac, pour un crime qu’elle ignore avoir commis. Elle sait juste qu’elle est coupable. Par principe. Alors ça la stresse. Son cœur ne semble plus savoir comment battre de façon régulière. L’organe qui cogne dans sa poitrine, comme s’il voulait en sortir, prendre la fuite. Elle veut savoir la Hudson, comme elle craint les mots de Josh. Inconfort qui la pousse à malmener sa lèvre inférieure, sans même s’en rendre compte, jusqu’à sentir perler une goutte de sang. Le goût âpre la stoppe aussitôt dans son geste. À la place, elle s’en prend à ses cuticules. À ces petites peaux qui n’ont rien demandé, mais qu’on aime agresser dès que le stress nous anime.
Le silence est oppressant. Comme si le temps s’étirait. Qu’une seconde semblait être une minute. Un silence qu’il vient rompre, avec une hésitation dans la voix, dans ses propos, que Sybil ne lui connaît pas. Il est bon orateur Josh, bien meilleur que la jeune femme. Une qualité qui s’est estompée aujourd’hui. Le poète à court de rimes. Le parolier qui peine à trouver ses mots.
c'est debout qu'ils vont parler alors. debout c'est probablement mieux, parce que joshua peut bouger comme ça. des pas d'un côté, d'un autre côté encore. comment ça se fait qu'il ne peut pas rester en place ? il n'arrête pas de glisser ses doigts dans ses cheveux aussi... puis bon. les mots. qui la laissent dans l'incompréhension, apparemment. pourtant, ça lui parait clair à lui. il sait qu'il n'est pas dans son état normal. c'est sybil qui le déstabilise. elle ne l'a jamais déstabilisé avant, parce que c'était facile. évidemment que c'était facile, ils étaient amoureux. vraiment très amoureux.
il est toujours très amoureux.
peut-être qu'il est tout seul à être très amoureux dans ce couple ?
non, il ne peut pas le croire. c'était trop bien. elle est trop bien pour lui. oui, c'est clair. mais elle est pour lui, hein ? il le pense en tout cas. ils sont faits l'un pour l'autre. il le sait ça. il le sent au plus profond de son âme. c'est pour ça qu'il se sent à côté de ses pompes, et qu'il ne sait pas très bien comment faire pour que ça fonctionne à nouveau. il va falloir être clair maintenant. il a passé trop de temps à lui parler, à lui montrer qu'il était fort à ce jeu, celui des mots. mais il est ridicule là. juste ridicule. — et bien... c'est la honte qui s'empare de lui maintenant. il va aller raconter à son ex qu'il continue d'aller la stalker sur les réseaux parce que lui est bien incapable de l'oublier. alors que franchement... elle a embrassé un type et s'est prise en photo en train de le faire... ça lui a brisé le coeur. et en même temps, il y a toujours cette photo d'eux sur son compte à elle. il est perdu. c'est indéniable. il ne comprend rien, et c'est pour cette raison qu'il l'a piégé aujourd'hui. — j'avoue que parfois... je vais voir ton profil sur instagram. et je suis tombé sur le profil de ce type. je le connais pas. mais on dirait que toi tu le connais puisqu'il y a une photo de toi, et de lui... et voilà. c'est encore pire qu'il l'imaginait. il a vraiment très peur de sa réaction, parce qu'il fait pitié n'est-ce pas ?
en tout cas, s'il était en face de lui, en ce moment même, il aurait pitié de lui.
il pense.
il oublie que sa sybil n'est pas comme lui. et comme il est très mal à l'aise avec ce qu'il vient de dire, il ne peut pas s'empêcher d'ajouter. — c'est horrible pardon. si c'est ce que tu veux, c'est ok. mais j'ai du mal à... passer à autre chose, tu comprends ? c'est pour ça que j'ai besoin de savoir pourquoi. il se justifie, et il faut, parce qu'il pourrait presque avoir l'air de ces mecs qui demandent des comptes à leur copine alors qu'elle ne leur doit rien. c'est clair que sybil ne lui doit rien du tout. mais malgré tout, il y a ces sentiments dans sa poitrine qui ne s'essoufflent jamais. ça l'épuise, surtout quand il se retrouve tout seul, dans son lit, avec son téléphone, et que chaque fois, son ennui le ramène toujours au même point, sur ses profils pour voir s'il peut savoir ce qu'elle est en train de faire. il se sent merdique d'être aussi accro. et en même temps... bah c'est son comportement amoureux, c'est tout. c'est ce qui l'emmène, ensuite, à être un bon amoureux quand il est avec une fille. quand il est avec sybil, parce qu'on va pas se mentir, il n'a jamais été amoureux d'une autre fille que sybil.
Il manque quelque chose. Tout ceci est comme un puzzle. Si on imbrique correctement toutes les pièces, on pourra admirer un joli cliché. De ceux que Sybil arrive parfois à faire, lorsqu’elle cesse de réfléchir avec son cerveau, et qu’elle ouvre son cœur, utilise son instinct. Or là, pour se laisser porter par les émotions, il manque une pièce, ou deux. De toutes petites pièces pour aider la jeune femme à comprendre où son ex petit-ami souhaite en venir. Parce que, soyons honnête, il n’y a pas de raison assez forte qui pourrait pousser Josh à orchestrer un truc aussi tordu. Elle l’a rejeté, s’emploie à le fuir encore et encore, n’a pas voulu de son amour ni de son soutien, lorsqu’elle en avait le plus besoin. Le Hopper est dans son droit de l’oublier, de faire comme si elle n’avait existé, de la voir comme une vulgaire inconnue dans la foule de l’humanité. Alors, pourquoi tout ce cirque ? Elle ne comprend Sybil, et ça la pousse à faire des suppositions avec elle-même. À espérer quelque chose qui ne peut se produire.
Mais elle ne peut rien demander. Elle a perdu ce droit.
Elle se force à cesser froncement de sourcils, à rendre son front à nouveau lisse pour retarder le moment des premières rides. Quoique, celles-ci seraient dites d’expressions. Ça passe. Elle voit qu’il n’est pas à l’aise. Elle le connaît par cœur. A su, pendant toute une année, observer chacune de ses manies. Sybil sait lire dans son regard, dans ses gestes pour interpréter ce qu’il n’ose dire à haute voix. Ils sont deux à ne pas savoir sur quel pied danser. Dans un autre contexte, elle trouverait ça amusant, la brunette. Et là, l’impensable se produit. L’aveu qui fait naître une douce et délicate chaleur dans la poitrine de la Hudson.
Ça se brouille dans l’esprit de Sybil. Elle ne sait plus quoi penser. Elle est à la fois perdue, heureuse, bouleversée, et amoureuse. Oh shit. « Je… je ne sors pas avec lui. » Sybil pourrait tourner cette situation à son avantage, faire croire à Josh qu’elle est en couple avec Elijah, lui faire croire qu’elle a effectivement tourné la page. Sauf que, elle n’est pas mesquine la Hudson. Pas comme ça. La dernière chose qu’elle souhaite, c’est le faire souffrir lui. Lui faire croire quelque chose qui n’est pas vrai. Elle ne veut pas qu’il ait une vision d’elle qui ne reflète pas la réalité. D’une certaine façon, elle est toujours sa Sybil. Juste un peu plus brisée. « C’est une longue histoire. Une très longue histoire. » Elle insiste sur ce point, car pour comprendre, il lui faudrait tous les détails du contexte. Chose qu’elle ne peut résumer en quelques mots. « Il faut juste retenir que ce n’est pas mon petit-ami. Que je n’ai pas tourné la page, Josh. » Une murmure, comme si elle lui faisait un aveu. Car c’est le cas. Inconsciemment, elle avait fait un pas vers lui. Attirée comme un aimant. Désir brûlant de sentir sa présence. De toucher sa peau. Tout en ayant conscience que ce n’est pas bien. « Il y a bien quelqu’un dans mon lit, parfois. Souvent. » commence-t-elle, d’un ton presque solennel. « Il est plus petit que moi, aura onze ans le mois prochain, et… une fois qu’il a séché ses larmes, bouge beaucoup trop dans son sommeil. » Sam. Elle parle de Sam, son petit frère, bien évidemment. Celui qui a le cœur aussi brisé que la brune, peut-être même plus. Celui qu’elle n’arrive pas à consoler, celui qui n’accepte pas la mort de leurs parents, l’absence tendre de leur père. Tentative de plaisanterie, pour essayer d'alléger l’atmosphère qui est si lourde autour d’eux. « C’est pour ça que tu voulais me voir ? Parce que tu pensais que j’avais un mec ? » La réponse semble évidente, mais l’esprit de Sybil est assez confus. Il y a tant de choses qui se bousculent, elle peine à savoir le vrai du faux, la réalité de ses espoirs. Autant demander quelques certitudes.
— oh. réaction naturelle. il la croit, même s'il ne comprend pas. parce qu'il a vu la photo, elle était très clairement en train de l'embrasser. mais sybil ne lui a jamais menti, et il ne veut pas croire qu'elle pourrait commencer un jour. pas avec lui. il relève la tête, soulagé, certainement. il l'écoute, lui expliquer. longue histoire. il pourrait lui demander de lui raconter, juste pour qu'elle reste avec lui, parce qu'il n'a pas envie que ça s'arrête. ça fait longtemps qu'ils n'ont pas passé du temps ensemble. le temps avec sybil est précieux. et il ne le voit pas passer lorsqu'il est avec elle. alors que depuis qu'elle n'est plus là, le temps est d'une longueur. c'est bien pour cette raison qu'il sait que sa nouvelle copine n'est réellement pas la femme qu'il veut. parce qu'il n'a même pas envie de trop passer du temps avec elle. jamais de la vie qu'il fera ce genre de chose pour pouvoir la piéger si elle le quitte. jamais.
alors que sybil.
la chose à retenir, il va la retenir. ce n'est n'est pas le copain de sa copine.
elle n'est plus sa copine. bon sang.
mais elle n'a pas tourné la page. et lui non plus. alors c'est quoi le problème ? pourquoi ils ne sont plus ensemble ? ça aussi il a du mal à comprendre. on en revient à pourquoi ? pourquoi elle ne veut pas être avec lui ? pourquoi elle l'a quitté ? pourquoi ? alors qu'il est là, il est prêt à prendre toute sa tristesse pour lui, il s'en fout, il est là pour ça aussi non ? son coeur commence à battre à nouveau un peu plus vite quand elle parle de ses nuits. parce qu'il ne comprend pas tout de suite. et puis il se souvient de sam. petit sam. onze ans, pas vieux, il a dû souffrir lui aussi, dans toute cette tourmente. il hoche la tête, gêné d'avoir pu penser une seconde que c'était autrement, qu'elle avait pu le remplacer aussi facilement.
bien qu'il l'aurait accepté si c'était son choix. il voulait seulement comprendre...
— heureusement que vous êtes là l'un pour l'autre. il se permet de dire, parce qu'il est content qu'elle ne soit pas seule, évidemment. malgré tout, il se sent vraiment très mal d'avoir fait tout ça juste pour une photo qui ne veut pas dire grand chose, la résultante d'une longue histoire qu'elle lui racontera peut-être un jour... — pour ça. enfin... pas exactement pour ça. c'est... je sais pas, tu me manques et oui, ça fait partie des raisons pour lesquelles je voulais te voir. puis... j'avais juste envie de te voir aussi. il avoue, la vérité, toujours. surtout avec sybil. —
je pense tout le temps à nous, je sais que t'as besoin de temps. et que... tu vois, si t'avais envie de me parler, j'imagine que tu viendrais me parler. surtout que... si on ne se croise jamais à l'université, c'est sans doute parce que tu m'évites... mais... fin voilà... je suis désolé. j'aurais peut-être pas dû faire ça. j'en avais envie. je savais plus comment réussir à te parler. peut-être qu'il va trop loin maintenant non ? il devrait seulement s'arrêter et lui dire qu'il est là si elle a besoin. pas lui parler de sa détresse à lui alors qu'elle est en détresse elle-même.
il pose son pied sur son skate pour le faire glisser un peu en sur place.
ça se voit qu'il est nerveux, il n'arrive pas à rester en place. c'est insupportable, même pour lui. il n'imagine pas pour elle, du coup. le fait est qu'elle le connait assez bien maintenant pour savoir que c'est une réaction normale, il ne fait pas exprès d'être nerveux de toute façon. et s'il l'est, c'est pour une bonne raison, c'est que c'est super important pour lui, ce qu'ils sont en train de se dire.
Une photo. Un simple cliché. Qui n’est même pas sur son profil. C’est drôle. Sybil ne pensait pas que cette idée allait interloquer non pas une, mais deux personnes. Blue devait être la seule personne à réagir - ou non - à ce selfie entre la brune et Elijah, mais sans le vouloir, l’information est arrivée jusqu’à Josh. Un mal pour un bien. Cela permet d’avoir un moment interdit avec lui. Lentement, un sourire s’étire sur ses lèvres. Douce mélodie, agréable à l’oreille. Savoir que le manque est réciproque. Entendre clairement qu’il désire la voir, même après ce qu’elle lui a fait. Prendre la décision de rompre, sans lui laisser le choix. Camper sur ses positions, malgré l’insistance du Hopper. Cacher ses larmes pour se montrer froide, intransigeante, alors que son cœur lui hurlait de revenir sur ses mots. « Tu me manques aussi... » Murmure presque couiné, telle la petite souris qui se fait discrète pour ne pas se faire remarquer. Aveu pas totalement assumé, car si elle désire par-dessus tout le retrouver, elle sait aussi qu’elle n’a pas changé d’avis. Peur de l’abandon. Triste traumatisme lié à la disparition de ses parents. Désir brûlant de fuir la douleur. Or, aimer quelqu’un, c’est prendre le risque de souffrir. Aimer quelqu’un, c’est lui donner le pouvoir de nous détruire. Sybil, elle est déjà détruite. Elle ne veut pas donner le pouvoir, à quelqu’un, de le faire davantage. Malgré ça, elle n’est pas indifférente au geste de Josh. Il s’est donné du mal pour réussir à la voir, même quelques minutes, sans la moindre certitude qu’elle viendrait. Et il a attendu. Il a été patient. Lui a laissé l’espace nécessaire pour panser les plaies de son cœur. Il est parfait. Parfait pour elle. Elle le sait. Elle le sent. Mais elle est têtue. Ou effrayée. Les deux.
Regard attiré comme un aimant par le mouvement du skate au sol. Si ses jambes n’étaient pas aussi endolories, par le fait d’avoir pédalé plusieurs kilomètres, et également le flot d’émotions de ce tête à tête, elle pourrait avoir envie de faire un peu de glisse. Là, juste pour se vider la tête. Ce ne serait pas la première fois qu’ils partagent un skate. Ils s’en sortaient plutôt bien. Si ce n’est une fois. La première fois. Ils se sont rétamés sur le sol, mais ils ont bien rigolé. « Je… » Nier ? À quoi bon. Il n’est pas naïf au point de croire au fruit du hasard. Avant, ils pouvaient se croiser à n’importe quel moment de la journée, même sans avoir le même emploi du temps. Et aujourd’hui, plus rien. Le hasard n’y est pour rien. Le Hudson est juste douée pour vérifier qu’il n’est pas dans le coin, ou se planquer vite fait si elle l’aperçoit dans un couloir. Nuance. « C’est plus facile de résister à la tentation, lorsqu’elle n’est pas sous nos yeux. » Nouvel aveu. Ses lèvres en disent trop. Elle pourrait s’insulter Sybil à cause de ça. Autre raison de rester à bonne distance de Josh : elle est incapable de mentir près de lui. Ses convictions s’envolent, une à une, comme des pétales de fleurs dans le vent. Loin de lui, c’est plus facile de se mentir à elle-même. « Et puis… je ne suis pas certaine que ta petite-amie serait heureuse de me savoir dans le coin. » C’est dit. Si lui a vu la photo de la brune avec Elijah, Sybil a eu la malchance de le voir avec cette fille, sur le campus, la semaine passée. Ils étaient main dans la main, une vision qui a eu l’effet d’un coup de poing dans l’estomac. Et ce soir-là, Alden faisait sa petite fête à la villa. Autant dire que ce fut la journée de Sybil, bien qu’elle n’était pas au courant de ça, en se levant le matin. « Elle est très jolie. » souffle-t-elle, même si ce n’est pas le plus important chez une personne. Sauf que Sybil, elle ne connaît pas cette fille. Pas même son prénom. Difficile de faire un compliment - hypocrite - son sujet.
c'est pas très fort, mais il n'est pas fou. il l'entend.
elle vient de dire qu'il lui manque aussi. alors c'est quoi ? pourquoi elle ne veut toujours pas revenir à lui ? il ne pense pas très droit joshua. il n'a pas envie de penser qu'il y a de bonnes raisons. parce qu'à la base, il n'a même pas compris les raisons qui ont fait que leur histoire s'est terminée. elle semblait tellement déterminée. et maintenant... maintenant elle semble avoir réellement toujours quelque chose pour lui. un peu ? oui, quand même. elle vient de dire qu'il lui manquait, on ne dit pas ce genre de chose à son ex si on a envie qu'il continue d'être son ex non ? c'est mal de continuer à parler avec elle comme ça, parce que c'est en train de faire naître quelque chose de dangereux en joshua.
l'espoir.
l'espoir qu'ils puissent se remettre ensemble très vite.
l'espoir qu'elle puisse vouloir le retrouver.
l'espoir qu'ils ne sont pas terminés tous les deux. et qu'un "nous" existe toujours.
d'autant qu'elle s'enfonce dans ses explications. il est dont une tentation ? mais... c'est incompréhensible. et il s'apprête à ouvrir la bouche pour lui demander elle résiste s'il est d'accord avec le fait d'être encore avec elle mais elle le prend de court. elle sait pour bea. elle sait et elle les a vu apparemment. assez pour savoir que sa copine est jolie. le fait est que josh a vraiment du mal à se faire à l'idée qu'elle soit sa copine plus que sybil. elle ne l'intéresse pas tellement. il a dit oui pour sortir avec elle une fois. et puis c'est arriver d'autres fois si bien que oui, c'est vrai, ils sont ensemble, techniquement. mais... sybil, c'est mieux de toute façon. il n'a pas envie d'être avec bea, il veut être avec sybil. en plus que ça, bea n'est pas très cool parfois. ils partagent moins de choses, elle trouve que certaines des passions de josh sont des trucs de gamins...
c'est pas tellement ce qu'il cherche chez une fille pour le coup. — elle n'est pas toi. il répond presque trop vite. il ne fait pas exprès mais c'est la vérité en même temps. c'est tout ce qu'il pense depuis le début, et tout ce qu'il continuera de penser tant qu'il est avec bea et qu'il ne se remet pas avec sybil. d'ailleurs, il ne pense pas que ce soit très bien de continuer de faire ça avec bea parce que de toute façon, il sait que ça ne va nulle part, alors il prend la décision là, comme ça, de la quitter, quoiqu'il arrive.
que sybil veuille de lui ou pas.
lui, il voudra toujours d'elle de toute façon, et il l'attendra autant de temps qu'il faut. même jusqu'à sa mort. — pourquoi tu résistes ? si c'est si dur ? il y a des choses simples pour arrêter de se faire souffrir. c'est vrai non ? il s'en fiche lui qu'elle ne soit pas très fun en ce moment. qu'elle soit triste. si elle a besoin d'être triste, qu'elle le soit, c'est même très normal et très sain de ne pas être au meilleur de sa forme lorsqu'on perd un membre de sa famille. alors deux... joshua serait sans doute dans le même état. voir pire. mais il ne la quitterait jamais, ça c'est certain, parce qu'il l'aime juste trop. — explique moi s'il te plait sybil. ça me rend fou. j'arrive pas à comprendre. j'ai envie d'être avec toi, moi. il lui rappelle quand même. c'est pareil depuis longtemps, depuis le moment où ils se sont embrassés pour la première fois. voir un peu avant même. parce que le courant est passé tout de suite, c'est tout.
il force un peu. il sait qu'il ne devrait pas. il ne veut pas la braquer, mais il veut comprendre. et peut-être trouver une solution à leurs coeurs brisés, parce que ça n'a pas de sens pour lui. s'ils se manquent mutuellement, ils n'ont pas besoin de rester loin l'un de l'autre non ?
convictions qui s’envolent en sa présence. Impossibilités de mentir en le regardant droit dans les yeux, et même en détournant le regard, à dire vrai. Aveu formulé alors qu’il aurait dû rester dans la confidentialité de ses pensées, nul possibilité de l’effacer, mais est-ce si grave ? Un peu d’honnêteté ne peut pas faire de mal, non ? Enfin, c’est remuer le couteau dans la plaie. Une plaie qui ne veut se refermer, malgré tout l’amour et toute la patience que les proches de Sybil lui offrent. Blessure qui envenime son être, ses pensées, ses mots. Elle parle trop, Sybil. Fatigue physique, psychologique, émotionnelle. Le coupable importe peu. Les mots sont prononcés. Il lui manque. Il est une tentation. Une dangereuse tentation. Elle le sent la brune, elle n’est plus elle-même en sa présence. Tout l’attire à lui. Son regard. Sa présence. Son odeur. Odeur addictive qui lui a tant manqué. Aussi puissante qu’un filtre d’amour, tiré d’un film fantastique, tel que Harry Potter.
Il est son Amortentia.
Mais elle n’est plus le sien. Du moins, c’est là que vont ses pensées, ses conclusions. Il y a cette fille. Une jolie fille, même si elle ne peut pas juger Sybil. Parce que c’est une fille. Les filles ne sont pas objectives entre elles. Surtout quand l’une tourne autour d’un ex qu’on peine à oublier. Qu’on ne désire pas oublier. Elle n’est pas toi. Coup de poignard dans son cœur. Douleur vive dans un premier temps, qui libère ensuite une douce chaleur dans son être. Le mal qui fait du bien. Représentation de l’état masochisme qu’est l’être humain. Aimer souffrir. « Mais elle est là. » répond-t-elle, presque aussi vite que lui. Raison suffisante pour être respectueux envers cette demoiselle. Vérité qui ne plaît pas à la Hudson, mais il faut faire avec. Elle a voulu jouer, elle a perdu. Une autre a eu le temps de prendre sa place. Elle ne peut que s’en prendre à elle-même. Mais il insiste le Hopper. Aussi obstiné que ne l’est la brunette. Trait de personnalité qu’elle a toujours apprécié, il ne baisse jamais les bras. À part quand elle, elle s’acharne. Comme pour leur couple. Il ne voulait. Elle ne lui a pas laissé le choix.
Coeur qui s’emballe à nouveau dans sa poitrine. État de - presque - détresse qui se forme. Discussion qu’elle redoute, avocate en panne d’arguments. Ou plutôt, ayant conscience que son argumentaire ne vaut pas un sou. Il est bancal, incohérent. Et pourtant, semble si claire dans son esprit. Angoisses qui remontent à la surface, Sybil qui ressent le besoin de marcher. L’état statique est bien trop stressant. Salive difficile à avaler, tandis qu’il réclame, exige presque des explications. Nouvelle attaque physique infligée à elle-même, cette fois, à l’encontre de l’intérieur de sa bouche, à défaut de blesser sa lèvre inférieure. Larmes qui se fraient un chemin jusqu’aux orbites de l’orpheline, qui peine à garder son calme. « Parce que j’veux pas souffrir ! » qu’elle dit, un peu trop fort. Les mots résonnent aux alentours, brisent le calme environnant. « Parce que j’ai peur de te perdre. Peur que tu me quittes. Peur que tu me brises le cœur. Intentionnellement ou non. Parce que j’ai peur que tu meurs subitement. Que tu m’abandonnes, toi aussi. » La peur de l’abandon qui décide enfin à sortir du noir. Les mots, probablement pour la première fois, prononcés à haute voix. Le souffle court, elle ajoute. « Et ne me dis pas que ça ne va pas arriver, parce que tu ne peux pas me promettre qu’un chauffard ne va pas te percuter alors que tu es en skate. » Voile de pessimisme qui s’est installé devant ses yeux, depuis le décès de ses parents. Autrefois si solaire la Hudson, elle anticipe les mauvaises nouvelles, les drames. Raisonnement complètement absurde qui l’a poussé à repousser tous ses proches, à l’exception d’Ashton. Elle ne sait même pas pourquoi ni comment cette amitié a résisté au tempérament fort de Sybil. C’est un véritable miracle. Peut-être parce qu’il a été plus sévère que la jeune femme, assez pour imposer sa présence, et être présent pour la ramasser à la petite cuillère, les premiers temps après le drame. « Je sais que c’est complètement con… mais c’est comme ça. Je ne veux plus souffrir. Je ne peux plus souffrir. Il tiendra pas… » Main portée à son cœur, alors que les larmes roulent doucement sur ses joues.
en effet, elle est là.
mais encore une fois, elle n'est toujours pas sybil, à ses yeux.
il lui, il veut sybil. voilà. c'est tout. il l'aime trop. et il sait qu'il n'aime pas vraiment bea... alors il ne devrait pas continuer, il le sait. il est con de continuer avec elle alors que c'est assez clair dans sa tête. dans son coeur surtout. il est amoureux d'une seule personne et elle est devant lui. là.
alors il tente.
il essaye de faire ce qu'il faut pour qu'elle puisse lui parle, pour qu'elle exprime ce qu'elle ressent, il se dit qu'à un moment donné, elle lui donnera peut-être mes clefs pour pouvoir être à nouveau avec elle. peut-être qu'il est problématique finalement. peut-être qu'à trop forcer, il va juste la perdre pour de bon. non. c'est impossible. parce qu'elle a allumé une petit lueur d'espoir en lui. et l'espoir c'est quelque chose qui fait vivre hein ? joshua adore vivre. pour de vrai. il a toujours profité de sa vie à 100%, c'est pour ça que c'est si difficile de s'éloigner de sybil aussi. parce qu'il n'a jamais autant profité de sa vie que depuis qu'il est avec elle finalement... enfin... lorsqu'il était avec elle, parce que c'est terminé.
puis il voit en plus, ses yeux en train de se perler, tout ça.
il voit bien que sybil n'est pas dans son état normal depuis l'accident. mais c'est dur là. et il aimerait bien être là pour elle, honnêtement. il pense que ce serait beaucoup plus facile pour tous les deux s'ils étaient encore encore. mais ça y est. elle se déverse. elle lui dit plein de choses qu'elle ne lui a jamais dit. et évidemment, évidemment, qu'il s'apprête à dire que tout ça n'arrivera jamais, parce qu'il l'aime trop. parce qu'il est jeune. parce qu'il n'y a pas de raison qu'il l'abandonne même en mourrant. mais elle est plus rapide que lui pour lui clouer le bec, apparemment.
josh referme la bouche, et la laisse terminer, jusqu'à regarder sa main contre son coeur. les larmes. les doutes. la souffrance. c'est trop pour joshua. il déteste la voir comme ça. et il ne sait pas s'il a le droit de la prendre dans ses bras. mais... il le fait quand même. il repousse le skate pour le faire glisser sur le module, un peu plus loin, pour lui permettre de s'approcher d'elle et d'entourer ses bras autour de son petit corps.
il ne sait pas trop quoi dire honnêtement. si ce n'est. — t'as raison. je peux pas savoir si je serai vivant très vieux. ou si je serai capable de ne pas te briser le coeur. il dit, légèrement las. mais malgré tout, il n'a pas envie de se laisser aller à penser que ça se terminerait de toute façon comme ça, avec de la souffrance et des larmes. parce que tout ce qu'ils ont vécu était très beau...
non ?
— le truc, c'est que... tu souffres aussi comme ça non ? il demande. il n'a pas envie qu'elle souffre, mais en même temps, il espère qu'elle n'est pas totalement heureuse de ne plus l'avoir dans sa vie, parce que lui, il crève intérieurement tant elle lui manque. il donne bien le change ceci dit. oh oui. il est doué pour sourire même quand ça fait mal. mais... ça ne peut pas durer éternellement.
ils sont amoureux.
les amoureux ne peuvent pas vivre loin l'un de l'autre comme ça, pour la vie. ça s'apparente à de la torture à ses yeux, et franchement... la torture ça lui dit bof.
à force de jouer avec le feu près d’une mèche, celle-ci finit par s’enflammer. Et c’est ce qui arrive à Sybil, malgré elle. Petite étincelle qui a pris, mèche qui se consume, qui se rapproche de la bombe et…
Les mots sortent de ses lèvres, sans que la Hudson n’ait le moindre contrôle. La virulence de ses propos, représentative de tout ce qu’elle a gardé au fond d’elle, depuis si longtemps. Vague d’émotions, trop difficile à contenir. Elle se sent submergée la brune. Et à la fois soulagée. Comme si le fait de retenir les mots avait formé un nœud dans son estomac, et à présent, ceux-ci étant prononcés à haute voix, le nœud se défait. Confession qui s’accompagne de larmes. Des perles qui scintillent dans le coin des yeux, avant de glisser le long de ses joues, laissant dans le sillage une trace pailletée. La poésie de la tristesse. Du moins, si on apprécie le bruit des sanglots. Signe que la détresse est intense. Preuve du mal-être intérieur. Et Sybil, elle ne va pas bien. Ça fait plus d’un an qu’elle ne va pas bien. Un an qu’elle se demande pourquoi le destin a voulu lui prendre ses parents. Un an qu’elle aimerait pouvoir remonter le temps, jusqu’à cette fatidique journée, pour empêcher ses parents de prendre cette foutue bagnole. Un an qu’elle se fait du mal à avoir ce genre de questionnements, à se sentir le cul entre deux chaises entre ses envies et ses devoirs. Et là, il faut croire que la fameuse goutte d’eau qui fait déborder le vase, elle est tombée ce soir. Un mal pour un bien, même si elle ne le voit pas encore de cet œil. Il lui faudra certainement un peu de temps pour digérer ce tsunami d’émotions.
La tête prête à exploser, les joues baignées de larmes, la respiration haletante. Sybil, elle n’est pas en mesure de repousser Joshua, lorsque soudain, il efface la distance entre leurs deux corps pour la prendre dans ses bras. Une étreinte, à la fois réconfortante et douloureuse. Douloureuse, car elle sait que ce n’est pas bien. Il a une petite-amie. C’est mal. Et puis, elle sait qu’elle est en manque de sa présence, de son odeur. Y goûter, même quelques minutes, ce sera plus difficile après d’y renoncer. Un camé clean depuis près d’un an, qui replonge. Une dose, même une toute petite, c’est déjà de trop. Sauf qu’en même temps, elle ne peut nier le bienfait de cette étreinte. Elle en avait tellement envie, si bien qu’elle ne contrôle pas vraiment ses bras, qui se referme autour de Josh. Tant pis pour les convictions.
Elle aime être dans ses bras. Elle s’y sent en sécurité. C’est son refuge. Le seul endroit où rien ni personne ne peut l’atteindre. Un lieu où le mal n’existe pas. Où la souffrance n’a pas sa place. Enfin, en théorie. Parce qu’elle souffre là, Sybil. « Oui… » son semblable au couinement d’un animal, plus qu’à la réponse d’une jeune femme. Seul son qu’elle est capable d’émettre, le temps de recouvrer ses esprits, et un semblant de calme. Les sanglots se sont apaisés, c’est déjà ça. L’esprit embrumé ne lui permet pas de voir où il souhaite en venir. C’est pourtant simple. Aussi simple que 1 et 1 font 2. Mais bon, il reste toujours un fait dans tout ça : il a une copine. C’est surtout ce qu’elle retient la Hudson, dans son entêtement naturel.
Alors, elle relâche peu à peu son étreinte, à contrecœur. Parce qu’elle aime tellement se la jouer petit koala avec lui. Aimait, parce que ce n’est plus possible désormais. « Je… il faut que j’y aille. Je vais me faire virer sinon. » Information qui sonne comme une excuse, mais c’est bien la vérité. Elle a peut-être effectué sa dernière course en livrant la pizza à Josh, Sybil doit tout de même retourner à la pizzeria. Et là, ils vont commencer à se poser des questions sur son temps de livraison. Elle essuie avec le dos de sa main les larmes sur ses joues, puis avec ses doigts. Elle doit avoir une tête à faire peur. Pour changer. Résistant à l’envie de se blottir à nouveau contre lui, la brune pense à récupérer la boîte en carton pour lui donner la pizza, qui ne doit plus être si chaude. Arf. « Tiens. Avant que je n’oublie. » Si elle revient avec, en plus de son retard, elle signe la fin de son contrat définitivement. « Tu… » Elle ne devrait pas. Elle n’a pas encore prononcé les mots qu’elle sait que c’est une mauvaise idée. Et pourtant, voilà qu’ils sortent de sa bouche, sans lui avoir laissé le temps de réfléchir au préalable. « Tu fais quelque chose demain ? » Mauvaise idée que lui crie sa tête. Sybil, elle devrait plutôt mettre à nouveau de la distance entre eux, avant de flancher pour de bon. Mais c’est plus fort qu’elle, l’addiction et l’attirance qui reprennent possession des lieux, à savoir sa tête et surtout son coeur, qui incitent déjà à réclamer une nouvelle dose de lui.
joshua sent les bras de sa brune se refermer autour de lui. et ça fait un bien fou. il en a besoin lui aussi. il n'a pas été aussi proche d'elle depuis si longtemps... il avait vraiment peur que ça n'arrive plus jamais. mais elle est là, contre lui. et il sait très bien que ça ne va pas durer alors il en profite un peu. il ne veut pas qu'elle pleure. c'est au delà de ses forces. et si elle le laissait être là pour elle, il ferait tout pour éponger ses larmes chaque fois qu'elle en aurait besoin. il ne peut pas croire qu'elle soit définitivement à l'aise avec l'idée de ne plus être avec lui. quelque part, il a l'impression d'avoir échoué quelque part. il pensait réellement qu'il pourrait réussir à faire ce qu'il fallait et qu'il arriverait à la maintenir près de lui en argumentant et en se battant. mais voilà plusieurs mois qu'elle n'est plus avec lui, qu'elle l'évite, et que le seul contact qu'ils ont, c'est là, aujourd'hui.
il n'en attendait pas tant aujourd'hui.
il sait qu'il n'a rien gagné, parce qu'elle n'a rien dit dans le sens qu'il veut. mais au moins, elle lui a dit ce qu'elle avait un peu sur le coeur. et il comprend, évidemment. même s'il n'accepte pas réellement, évidemment. comment pourrait-il accepter ?
il entend qu'elle souffre.
elle l'avoue.
mais elle n'ajoute rien. ça veut dire qu'elle n'a pas l'intention d'arrêter de souffrir en acceptant de lui donner un peu plus. ou de lui rendre tout ce qu'ils avaient finalement. en se le rendant à elle aussi par la même occasion, ceci dit. c'est dur de la laisser s'éloigner, comme ça. il comprend qu'elle ne puisse pas rester. il prend la pizza. et il cherche dans sa poche des sous pour pouvoir la payer. il ne veut pas qu'elle ait de problèmes, il a déjà largement abusé de son temps. et comme si une flamme d'espoir ne suffisait pas, voilà qu'elle rajoute un peu d'huile pour faire battre son coeur un peu plus fort. il redresse la tête, interdit. il s'apprêtait à lui tendre un billet. il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui demande ça. — euh... non. rien. enfin... je te vois ? c'est faut. il devait voir bea. mais il va annuler. évidemment qu'il va annuler. il ferait réellement n'importe quoi pour passer du temps avec sybil, pour retrouver sybil.
il sait que ce n'est pas bien.
il sait qu'il doit la quitter.
mais c'est bon, ils ne sont pas à un jour près, il connait déjà la conclusion de cette histoire, alors que celle avec sybil, elle est réellement loin d'être terminée. son coeur l'assimile toujours comme son amoureuse après tout. — on pourrait aller déjeuner au pit stop, et puis aller jouer aux arcades. il propose. pas de discuter, comme ça, sans doute qu'ils le feront, mais il essaye d'être léger, de lui proposer juste de la voir, comme ça, peut-être que ça la rassurera, et qu'elle envisagera d'arrêter de l'éviter déjà. ça a tendance à le rendre réellement fou ça. il ne peut pas supporter de ne pas la croiser au moins une fois sur le campus. et ça fait des semaines que ce n'est pas arrivé. elle est vraiment forte à ce jeu. il savait très bien qu'elle était forte de toute façon. c'est sans doute pour cette raison qu'il a dû la piéger pour pouvoir la voir, parce qu'autrement, il n'aurait jamais eu l'occasion de tomber sur elle. surtout pas par hasard parce qu'elle contrôler certainement tout. il se permet de lui tendre le billet quand même. — pour la pizza. il précise, gentiment. il n'est pas certain qu'il la touchera. c'est triste un peu. peut-être qu'il ira la réchauffer et retournera la filer à un sans abri pour qu'elle profite au moins à quelqu'un.
elle n’a pas envie de partir, elle aimerait se blottir dans ses bras et lui demander de la serrer aussi fort qu’il le puisse, jusqu’à en avoir mal. Mais ce n’est pas raisonnable, à bien des égards. Parce qu’elle n’est pas prête à revenir sur sa décision, pas comme ça, en premier lieu. Et aussi, parce qu’elle est censée bosser. Ce n’est pas le job du siècle, mais ça occupe l’esprit, sans avoir trop de contacts avec les clients. Bonne alternative, préférable à un job de serveuse ou vendeuse, où Sybil devrait sourire à longueur de journée. Là au moins, c’est nécessaire pendant quelques secondes, le temps de donner la commande et récupérer l’argent. Le reste du temps, derrière son guidon ou son volant, elle peut faire la gueule. Bon pas uniquement. Disons qu’elle peut rester neutre, sans devoir justifier l’absence de joie sur les traits de son visage.
Elle devrait donner la boîte de pizza à Josh, et partir. Rien de plus. Mais au lieu de ça, Sybil prononce des mots invraisemblables. Une proposition à peine voilée à se revoir. Dès le lendemain. Dimanche, nulle obligation de se rendre sur le campus, ni même à son taff. Emploi du temps aussi vide que le néant. C’est absurde. Stupide même. Elle va le regretter. Probablement dès qu’elle se sera éloignée de lui. Résultat des quelques minutes en sa compagnie, des quelques instants à avoir pu le sentir contre elle, humer son odeur si addictive. « Oui. Enfin… seulement si ça te dit. » Parce qu’elle ne veut pas forcer. Et puis, il a peut-être déjà des plans ailleurs. Avec Ash, ou même sa petite amie, ou sa sœur jumelle. Il n’est pas si solitaire Josh, il a certainement de nombreux amis avec qui traîner. Pas comme Sybil, qui a repoussé tout le monde, qui se plaît dans ce monde de solitude.
Nombreuses possibilités d’occupations, mais le brun choisit de la voir elle. Papillons dans le ventre qui s’animent, alors que Sybil pensait les avoir mieux dressés, domptés pour qu’ils restent calmes, surtout en sa présence. « Le jack in the box plutôt. » Exigeante Sybil, qui n’hésite pas à dire ce qu’elle veut, à part quand il s’agit de cette histoire d’amour. Quoique, elle lui a tout de même avoué plusieurs choses ce soir, même à demi-mot. Le fait qu’il lui manque. Le fait qu’elle souffre. L’envie d’être avec lui. Il n’y a pas eu de mots à ce sujet, mais les gestes ça compte non ? « J’espère que tu es prêt à mordre la poussière. » Léger sourire qui dénote un peu avec ses yeux rouges. L’esprit de compétition qui s’anime doucement. Parce que… ce n’est pas un date, hein ? On peut aller manger avec n’importe qui, puis se défier aux bornes d’arcades. Totalement. Un truc qu’elle pourrait faire avec l’un de ses frères. « Merci. » qu’elle lui dit, en prenant son billet, avant de tourner les talons. L’idée de pédaler pendant encore un certain temps ne lui plaît pas des masses, mais elle n’a pas trente-six solutions, l’étudiante. Elle pourrait le faire rouler, et marcher à côté. Mais à choisir, elle préfère rejoindre son lit avant les premières lueurs du matin. Jambe levée à contrecoeur pour enfourcher son vélo, écouteurs qui retrouvent leur place dans ses oreilles pour lui offrir un refuge le temps du trajet. La chanson
Soirée entière à se fustiger. À se demander par quel saint elle a pu se référer pour être restée avec lui, aussi longtemps, la veille au soir. À se demander ce qui a bien pu passer dans son crâne pour formuler une telle proposition, sachant sciemment qu’il n’est pas libre, qu’elle n’est pas prête émotionnellement à se remettre avec quelqu’un.
Spoiler Alert, elle l’est. Elle a juste besoin qu’on la secoue un peu, assez pour briser cette carapace de bêtises.
Elle ne peut pas annuler. Elle n’en a pas envie. Se cache derrière l’excuse qu’il a peut-être changé de numéro de téléphone, qu’il serait pas cool de lui poser un lapin. Elle a bon dos l’excuse, mais chut.
Une heure entière à fouiller sa penderie, à choisir une tenue, l’enfiler, changer d’avis, alimenter le bordel de sa chambre. Même sottise pour ses cheveux, qu’elle a tenté de dompter, de lisser pour ne pas aimer le résultat, et devoir retourner se laver les cheveux. État émotionnel pitoyable pour ce qui ne doit être qu’un simple moment avec un pote. Finalement, c’est la voix de son parrain qui la pousse à quitter la villa. Car elle l’a prévenu de son absence pour le repas du midi. Coup de flip passager, avant de dire
Vélo laissé dans le garage, mais skate placé dans le coffre de sa voiture. Au cas où. Ça lui a donné envie, la veille. Envie de se laisser aller au skatepark, pendant une heure ou deux. Sybil se rend dans le quartier de San Luis Rey, là où se trouve le fast-food. Choix de la jeune femme, forte envie de nourriture grasse plutôt que celle proposé dans le diner. Quoique, son estomac est un peu noué, à mesure qu’elle approche de l’établissement. Une chance pour elle, il semblerait qu’elle soit un peu plus ponctuelle que son ex petit-ami. Personne à l’horizon. Court instant de répit, qu’elle utilise pour se calmer, détendre ses nerfs, tout en chassant l’idée qu’il pourrait lui poser un lapin, lui.
comme s'il pouvait refuser ce genre d'ouverture. jamais de la vie. ça fait des semaines qu'il se dit qu'il a envie de passer du temps avec elle mais comme elle l'évite, ça semble quand même ultra compliqué. — où tu veux, je m'en fiche. il répond, pour lui faire comprendre qu'il irait n'importe où du moment que c'est avec elle. il a envie de pouvoir passer du temps avec elle bordel. c'est trop important.
il glisse ses mains dans le fond de ses poches en rigolant à ses mots.
il perdrait même pour elle, autant qu'elle veut. — prêt. évidemment. il a presque des paillettes dans les yeux rien qu'à l'idée de passer un peu de temps, demain, avec sa sybil. il ne l'espérait plus. mais voilà que ça arrive. est-ce que c'est le début de leur nouvelle histoire ? il ne peut que l'espérer. — à demain sybil. et il ne la quitte pas des yeux tant qu'il n'a pas la possibilité de l'apercevoir. il est beaucoup trop content d'avoir fait ça. il ne pensait pas qu'elle resterait. encore moins qu'elle lui proposerait de se voir le lendemain. c'était le piège le mieux organisé de toute sa vie. il rattrape son skate et sur le chemin du retour, il envoie rapidement un message à bea pour lui dire que demain il ne pourra pas la voir, parce qu'il a un truc avec sa famille. affreux mensonge. ce n'est pas son style de faire ça. mais il n'a pas envie de s'occuper de ça maintenant. il est sur un nuage. il va voir sybil demain.
il a dormi comme un bébé, le brun. c'était trop facile. à la fois serein et excité. si elle a accepté de le voir aujourd'hui, c'est qu'il reste de l'espoir hein ? d'autant plus qu'elle a dit qu'il lui manquait, et ce n'est réellement pas tombé dans l'oreille d'un sourd, alors ça... certainement pas. il se rend compte qu'à force de s'interroger que ce qu'il devrait faire, dire, porter, il se met en retard, alors il passe rapidement des fringues faciles et il prend son skate sous le bras pour pouvoir rouler comme un fou dans les rues d'oceanside trouver le jack in the box, ainsi que la brune qui fait battre son coeur.
il attrape son engin sous le bras lorsqu'il arrive, un peu essoufflé. il l'aperçoit dès qu'il entre dans le fast food. elle a l'habitude qu'il en soit pas très ponctuel, elle ne lui en a jamais tenu rigueur jusque là, mais il est content de voir qu'elle n'a pas saisit l'occasion pour s'en aller. il s'avance, tranquillement, comme s'il n'avait pas filé comme un boulet de canon dans les rues. elle lui en voudrait d'être imprudent comme ça. — hey. il dit, avec un grand sourire. il n'ose pas s'approcher de trop. avant, il aurait posé un baiser contre ses lèvres, il l'aurait probablement pris dans ses bras aussi. mais là... ils ne sont plus que joshua et sybil... pas joshua ET sybil. alors... il se contente d'un sourire, et de faire bonne figure. — j'avais peur que tu viennes pas. il avoue. il y a pensé, forcément. elle aurait pu trouver toutes les excuses du monde pour s'éviter une fois de plus et ne surtout pas se retrouver dans cette situation ou elle est obligée de passer du temps avec son ex alors qu'elle ne veut pas retourner avec lui. l'espoir pourtant, il est toujours là, dans les entrailles du jeune homme. parce qu'elle y a mis quelques étincelles, hier. aujourd'hui encore, en se présentant au jack in the box, alors qu'elle aurait pu simplement fuir et le laisser en plan, manger son burger tout seul. — on y va ? je t'invite. qu'il lui dit. il ne roule pas sur l'or, mais il en a très envie. ça fait trop longtemps qu'ils ne se sont pas vu, alors il faut fêter ça, non ? elle ne sera certainement pas du même avis. mais il est prêt à se battre pour ça. comme pour beaucoup de choses finalement. pour elle surtout. comme lorsqu'il a monté ce plan débile pour qu'elle vienne enfin jusqu'à lui et qu'elle soit forcée de lui faire face.
myriades de scénarios qui se bousculent dans la petite tête trop remplie de Sybil. Les pulsations de son cœur résonnent jusque dans ses oreilles. Un son assourdissant. Déconcertant. Regard observateur qui analyse les personnes présentes dans le jack in the box. Exercice un peu idiot de tenter de deviner l’histoire de chacun, en se basant sur le langage corporel. Ça aide à faire le vide, à se concentrer sur autre chose que ses propos questionnements. Mais le jeu prend fin à la seconde où les yeux de la Hudson tombent sur lui. Loupé dans les battements de son organe de vie, comme à chaque fois qu’il est dans les parages.
Léger malaise qui s’installe, Sybil ne sait comment elle doit se comporter en sa présence. Il n’y a pas si longtemps, elle ne devait pas réfléchir avec lui. Deux personnes qui se connaissent par cœur, avec la capacité de nommer tous les petits détails physiques de l’autre, allant d’un grain de beauté discret à la cicatrice de Sybil. Corps qui se met en marche, par automatisme. Deux aimants qui s’attirent. Besoin de se toucher, de se sentir. Et puis, plus rien. Les deux anciens amants sont devenus des inconnus, des étrangers, avec pourtant des souvenirs en commun. Un nouveau rôle qui exclut l’éventualité d’un baiser, d’une caresse, d’une étreinte. « Salut. » Il n’y a plus que les mots qui sont autorisés, par respect. Première prise de contact, un peu maladroite. Les souvenirs de la veille sont encore dans l’esprit de Sybil, partagée entre le fait de les assumer et de les ignorer. « Ce n’est pas mon genre. » Mensonge débité avec un roulement de ses yeux. De quoi faire sourire, car personne n’est dupe. Mensonge innocent, que l’on met sur le dos d’une bonne éducation. Ou d’un désir de ne pas blesser consciemment. Car elle a hésité, Sybil. Son cœur lui criait de venir, alors que sa tête - et sa raison - non. L’affectif a pesé plus lourd dans la balance, pour une fois. Première fois depuis des mois, presque un an.
Elle est là. Et maintenant qu’il est devant elle, Sybil ne regrette pas. Parce que ça lui fait du bien. Il est ce baume que l’on applique sur une blessure, pour la soulager. Lui, il soulage les maux de son cœur. Rien qu’en étant là. « Ouais, j’ai faim ! » Peut-être pas. Son estomac fait encore des siennes, à cause des émotions fortes. Mais l’appétit vient en mangeant, c’est ce que sa mère lui disait. D’autant que les odeurs qui planent dans l’air sont alléchantes. Impossible de rester indifférent. « Tu sais que je peux payer ma part ? » qu’elle lui dit, alors qu’ils approchent d’une borne pour passer commande. Nouvelle mode, depuis des années, dans tous les établissements de restauration rapide. Un gain de temps, il faut le reconnaître. On ressent moins la pression devant l’une de ces machines que face à un vendeur.
Par habitude, Sybil approche sa main de l’écran tactile. Idée partagée avec le Hopper, qui fait la même chose. Doigts qui se frôlent, contact qui provoque un léger courant électrique, ainsi qu’un petit rire amusé. « Pardon… toi va-y… non ? … okay j’y vais alors ! » Scène assez cocasse, où les deux personnes désirent la même chose, en même temps. Un peu comme lorsqu’on se fait face, mais que l’on choisit le même côté pour tenter de passer. C’est assez comique. Du moins pour les protagonistes. Sybil, ça l’amuse, et ça la fait sourire. Plusieurs sourires en moins de vingt-quatre heures ? C’est un exploit. Ce n’est pas la première fois que la brune vient ici, et on peut le comprendre en voyant avec quelle facilité elle navigue sur l’écran. Elle se rend sur la page des menus, et jette son dévolu son un Jack’s Spicy Chicken Combo, un burger assez complet au poulet, avec une portion de frites, et un coca. Bien évidemment. Gourmande comme elle est, trait de personnalité qu’elle n’a jamais caché, elle se laisserait bien tenter par un dessert également. Une chose à la fois, elle ne peut pas prévoir comment sera son appétit après avoir dégusté son menu. Elle pourra toujours repasser commande. Les milkshakes sont délicieux ici. Mais elle pourrait aussi avoir l’audace de lui proposer de partager un oreo ultimate cookie bar ? On se calme, Hudson. « Je t’en prie. » lui dit-elle, avant de se décaler légèrement pour lui laisser la place, afin de choisir ce qui lui fait envie.
joshua était en droit de s'inquiéter quand même non ?
ça fait un moment qu'elle n'a plus l'air d'avoir envie de passer du temps avec elle alors forcément, il pensait qu'elle pourrait trouver une excuse pour l'éviter encore aujourd'hui. surtout que c'est pire de se voir comme ça que dans les couloirs d'un bâtiment rempli d'étudiants non ? ils vont être en tête à tête là, au milieu de personnes qui ne se connaissent pas.
alors ouais. il a pensé qu'elle pourrait ne jamais se pointer. prétexter être malade, un truc comme ça. mais elle est là. et il rigole un peu, parce qu'il sait très bien qu'elle ne pense pas une seconde ce qu'elle est en train de dire.
il la connait par coeur.
c'est dur de connaître quelqu'un autant, de l'aimer autant, et de garder ses distances comme ça. il n'a même pas de raison de la prendre dans ses bras là. autre que... l'envie ? sauf que l'envie de faire ça, ça ne correspond pas à un ex hein ? et puis... il a une copine, elle a sans doute raison. même s'il ne l'aimera jamais autant que sybil, il se doit de la respecter. il a toujours été très respectueux. sauf aujourd'hui, apparemment, parce qu'il a tout annulé pour pouvoir passer du temps avec sybil. ça ne se fait pas. surtout pas quand on ment, comme ça. il n'est pas menteur pourtant. oui mais il avait très envie de la voir... il meurt de faim aussi, honnêtement. il a toujours faim joshua, de toute façon. — je sais oui. mais j'ai envie de t'inviter. il répond. il a envie, il peut non ? ils entrent, s'arrêtent devant une borne, tendent la main, se percutent. il a le coeur qui s'emballe. il serre les lèvres dans un sourire, parce que sentir ses doigts tout près des siens, ça lui fait quelque chose, évidemment. il a le coeur qui bat comme un fou dans sa poitrine. mais c'est un gentleman josh, évidemment, surtout avec sa sybil. il la regarde faire. il aurait pu le faire lui-même, parce qu'il sait tout ce qu'elle aime, et il peut prévoir tout ce sur quoi elle tape... ça le fait évidemment sourire, sans qu'il ne commente quoique ce soit.
à son tour, il se contente d'appuyer sur le burger classique de cette chaîne, qui porte le même nom que le restaurant avec des frites et un sprite, comme toujours. il est certain qu'elle aurait pu faire la même chose pour lui, au final.
il sent sa présence à côté de lui et ça fait vraiment beaucoup de bien pour le coup. ça faisait des semaines qu'ils n'avaient pas été si proches, entre hier et aujourd'hui, joshua est réellement aux anges.
il finalise la commande, paye rapidement et puis il regarde autour de lui pour trouver une place où ils pourront être un peu tranquille tous les deux. il pointe du doigt une banquette où il n'y a personne autour. — là-bas. dit-il. — je vais chercher notre plateau. il lui sourit et s'en va vers le comptoir pour qu'elle puisse aller s'installer. comme avant. il fait tout comme avant josh, parce que c'est facile, c'est comme ça qu'il a toujours fait avec elle, et comme il est toujours amoureux, il a du mal à faire autrement, de toute façon. il sait pas comment être autrement avec sybil. il n'attend pas très longtemps. il attrape le plateau - un pour deux, forcément, puisqu'ils ont tout pris sur la même commande - et il se fraie un chemin jusqu'à la table pour pouvoir tout poser, ainsi que ses fesses après avoir retiré sa veste.
ah que ça fait du bien être là, avec elle.
— tiens. qu'il dit en organisant tout sur la table pour qu'elle soit bien. il est attentionné, tellement déterminé à la traiter comme un princesse, comme toujours. — tes jambes vont mieux ? il demande finalement. il sait très bien qu'elle ne va pas prendre trop la parole s'il ne le fait pas. c'est à lui de la mettre à l'aise et de lui faire comprendre qu'il est prêt pour la suite, maintenant, tout de suite.
pour toujours.
pas le coeur de se battre pour obtenir gain de cause, surtout si le gain est d’obtenir l’image d’une femme indépendante capable de payer la part de son repas. Il n’y a aucun intérêt, aucune satisfaction. Tout ce qu’il y a à gagner, c’est de creuser un peu plus le fossé qu’il y a entre eux. Du moins, c’est ce que Sybil pensait. Des mois à le fuir comme la peste, à l’éviter aussi bien sur le campus que lorsqu’il y a Ashton au milieu. Un comportement puéril qui aurait pu la faire baisser dans l’estime du Hopper, au point qu’il puisse vouloir lui passer son chemin en la présence de la Hudson. Elle se trompait, Sybil. Joshua ne semble pas la détester ; bien que ça serait légitime ; au contraire, être dans la même pièce que son ancienne petite-amie ne semble pas si désagréable. Pour le plus grand bonheur de l’étudiante.
Elle n’a peut-être pas tout gâcher, finalement.
Impression qui s’accentue lorsqu’ils s’immobilisent devant l’une des bornes du fast-food. Flottement dans l’air, retour brutal des mois en arrière, par le simple fait de s’effleurer les doigts. Contact physique qui fait autant de bien que de mal, qui conforte Sybil dans le fait d’être toujours autant accro à lui, mais qui lui rappelle qu’elle a laissé filer sa chance en le repoussant.
Tapotements sur l’écran pour passer sa commande. Un choix plutôt classique, si on connaît un minimum la Hudson. Oh ça lui arrive de changer, de tester de nouvelles choses. Notamment lorsque des burgers en édition limitée s’affichent sur les bornes. Mais qu’on se le dise, c’est généralement une déception. De la poudre aux yeux.
Commande qui arrive à son terme, elle laisse le jeune homme faire de même, se décalant légèrement sur le côté. Des choix qui font sourire discrètement Sybil. Elle aurait pu le faire pour lui, il n’a pas changé ses habitudes depuis qu’ils se sont quittés. Depuis
« Merci » Sourire sincère à ses lèvres. Ce moment reste assez étrange, elle ne sait toujours pas si c’est une bonne idée d’être ici - ou non - et n’a pas vraiment envie d’y songer. Sybil, elle préfère juste profiter de cette opportunité d’être avec lui, aujourd’hui. Parce qu’elle ne sait pas quand cela pourra se reproduire. Ni même si ça sera possible. La vie est courte. Elle l’a appris à ses dépends. Autant profiter de l’instant, plutôt que de penser à demain. « Mes jambes ? » Sentiment de perplexité qui s’affiche sur son visage, tandis qu’elle referme ses doigts autour de son gobelet de soda. Besoin de quelques secondes pour établir les connexions nécessaires, se rappeler de la conversation de la veille, au skatepark. « Oh ! Oui oui, ça va. Tu me connais, une nuit de sommeil et ça repart ! » Bon, ce n’est pas toujours le cas. Il arrive des moments où son corps n’est pas aussi coopératif, où les courbatures persistent sur un jour ou deux. Mais dans le cas présent, c’est de l’histoire ancienne. Il faut dire que tout le reste prend le dessus sur ses douleurs aux mollets. « Je vais laisser le vélo au garage mes soirs de livraisons, et le garder pour les balades… plus cools. » Celles où il ne faut pas traverser la moitié de la ville, plusieurs fois, en un temps record.
Première gorgée de sa boisson, désaltérante à souhait. Du sucre et du frais. Tout ce dont elle avait besoin pour se détendre un peu, Sybil. Ça, et une frite chaude et salée à souhait. Miam. « Est-ce que… » Elle ne sait réellement quoi dire la Hudson. Un mutisme assez inhabituel, ce qui provoque un rire à la fois amusé et gêné. Un rire communicatif, car elle se doute que Joshua doit être dans le même état. Ne pas savoir sur quel pied danser, alors qu’ils ont été si proches pendant plus d’un an. C’est bête. Faut dire que ce n’est pas simple de trouver un sujet de discussion, comme ça, spontanément. « Je te laisse le choix. La conversation civilisée, où je te demande comment se sont passées les fêtes de fin d’année. » Le mois de février approche, mais cette période, c’était il n’y a pas si longtemps, non ? Ils peuvent encore en parler. « Ou bien un truc un peu plus naturel mais pas moins désagréable où je te demande comment ça se passe avec ta copine, où est-ce que vous vous êtes rencontrés… toussa toussa. » Des informations que Sybil n’a pas envie d’apprendre, c’est certain, mais c’est ce qu’on fait lorsque l’on veut garder le contact avec quelqu’un. On doit s’intéresser à sa vie, même les aspects plus contrariants. Au moins, elle pourra faire passer la pilule en dégustant son burger.
il la connait, en effet. elle ne peut pas si bien dire.
bien sûr qu'il la connait, il aurait même la prétention de dire qu'il la connait certainement mieux que quiconque. ravi d'apprendre, en tout cas, que ses jambes vont beaucoup mieux qu'hier grâce à une nuit de sommeil réparatrice. il a tellement bien dormi, lui aussi, qu'il peut comprendre, très honnêtement. — tant mieux. qu'il répond, avec un fin sourire.
ils n'ont visiblement pas beaucoup de conversation, pour le moment. c'est vrai que joshua ne sait pas trop quoi dire, dans l'état actuel des choses. il a peur de faire une bêtise qui pourrait la faire fuir. c'est déjà arrivé après tout. même s'il n'a rien fait, visiblement. il comprend, il sait pourquoi elle est partie, pourquoi elle l'a quitté. même s'il ne comprend pas tellement pourquoi elle s'obstine à rester très loin de lui. hier soir, elle a dit qu'elle n'était pas passée à autre chose. elle a voulu dire quelque chose par là hein ? quelque chose qui veut dire qu'elle pourrait ne jamais passer à autre chose. tout comme lui. c'est l'espoir qu'il a, en tout cas. il est peut-être vain, mais il est là, et il l'aide à avancer, très honnêtement. il l'aide à se battre, en tout cas. tant qu'elle ne lui a pas dit très clairement qu'elle ne veut plus jamais rien avoir à faire avec lui, ça veut dire qu'il peut continuer à s'accrocher aux souvenirs qu'ils ont créé ensemble. il le sait, et il le sent de toute façon, c'est loin d'être terminé.
il attrape son burger pour planter un croc dedans.
et puis relève les yeux lorsqu'elle commence une phrase. que c'est maladroit... c'est vrai qu'ils ne sont plus très à l'aise, l'un avec l'autre. en fait lui... ça va. depuis hier, il se sent beaucoup mieux. mais la gêne est réelle de son côté à elle. il le voit très bien.
un sourire naît sur son visage, de l'hilarité impromptue de sa dulcinée.
il n'essaye pas de lui donner les mots parce qu'il préfère qu'elle arrive à exprimer sa pensée toute seule sur ce coup. — et bien... j'imagine qu'on peut passer par les deux. il se permet de proposer. parce qu'il n'a pas l'intention de laisser passer cette journée en un claquement de doigts. il sait d'ailleurs ce qu'il voudrait à la fin de cette journée : comprendre comment la reconquérir, d'une manière ou d'une autre. — ceci dit, tu sais que les fêtes de fin d'années c'est toujours quelque chose chez nous. mes parents invitent tout le monde et on se retrouve à je sais pas combien à la maison. si ce n'est qu'on finit par sortir avec kara et ash pour faire des trucs juste tous les trois. c'est souvent l'occasion pour josh de faire son intéressant avec son skate pour faire flipper sa soeur. des trucs comme ça.
c'est toujours agréable. — mais la vraie question, c'est de savoir si les tiennes ce sont bien passées. il n'est pas sans se dire que ça doit être très difficile pour sa famille. il n'a pas forcément envie de lui faire du mal en parlant de ça, mais il s'inquiète pour de vrai... il a le droit après tout non ?
quand à la question de sa copine... — on parlera après de bea si tu veux. il promet. il n'a pas grand chose à dire de toute façon. juste qu'elle est sympa, mais que ça ne colle pas trop, parce qu'il pense à d'autres choses. genre... à une personne ne particulier, tout le temps dans sa tête, qui est là, en face de lui, au moment où elle lui parle. il sait qu'il ne peut pas lui dire ça comme ça. il essaye de laisser des petites choses sur le bord de ses phrases pour qu'elle n'oublie jamais qu'il est son ami, certes, si elle le souhaite, mais surtout qu'il n'a jamais voulu qu'ils se séparent et qu'encore aujourd'hui, c'est très compliqué à accepter pour lui, qui l'aime toujours du même amour qu'il avait pour elle alors même qu'elle a décidé de mettre un terme à leur histoire. une histoire qui semblait tenir la route sur tous les points.
il y a une vraie contradiction qui s’opère en elle. Il y a l’adolescente encore follement amoureuse, qui est en joie de passer quelques heures avec lui, et il y a la femme raisonnable et prudente qui sait qu’il ne faut pas s’emballer, que ce n’est qu’un déj, qui a perdu tous ses moyens. Sybil, elle ne sait sur quel pied danser. Une chance qu’elle ne soit pas debout, mais les fesses posées sur une banquette.
Mais Sybil reste Sybil. Elle ne sait pas être dans son coin, réservée et silencieuse. Elle reste facile à vivre, cette fille qui trouvera le moyen de faire la conversation, même au milieu d’un groupe de timides. Donc elle se lance, ignore l’hésitation qui s’empare de sa voix, de ses mots. Josh, il a deux options. Une conversation poliquement correcte, assez banale et ennuyeuse, ou bien quelque chose qui leur ressemble, en toute franchise malgré que les sujets puissent blesser.
Et Josh reste Josh. Pourquoi choisir quand il est possible d’avoir les deux ? Le genre de réaction qu’elle aime. Elle se souvient encore des soirs où il lui était impossible de choisir entre un plateau de sushis ou une pizza bien généreuse, et où il lui proposait de commander les deux, pour ne pas choisir, pour ne pas regretter ni même avoir de la frustration en fin de soirée.
Quel mec est aussi prévoyant ? Personne.
Il est parfait ce mec. Et elle l’a repoussé. Idiote Sybil.
Acquiescement d’un signe de tête, avant de saisir son burger, et de mordre dedans pleinement. Ouais, pas besoin d’avoir faim pour déguster de la malbouffe, et si jamais, la faim vient dès les premières bouchées. Et puis, il faut voir le bon côté des choses. Si cette sortie se passe mal, Sybil aurait eu le mérite de noyer sa peine dans du gras. « J’en ai eu vent mais… au final, je n’ai jamais vu ça de mes propres yeux. » Un commentaire qu’elle se permet, après avoir vidé sa bouche, sans la moindre intention de plomber l’ambiance. C’est juste que Noël, c’est une fête familiale, en premier lieu. Et puis, parce que tous les deux, ça a commencé au Nouvel An, donc après Noël. Et… même si ça s’est terminé après cette fête, leur tout premier Noël en couple… Sybil n’avait pas la tête à célébrer quoique ce soit, déjà plongée dans la tristesse de la perte de ses parents… Si le 1er janvier est associé à un délicieux souvenir dans l’esprit de la Hudson, ce n’est pas le cas des festivités précédentes. « Je ne peux pas dire qu’elles se soient bien passées. Ni le contraire d’ailleurs. » Elle reste vague la vingtenaire, pioche distraitement dans le paquet de frites pour les picorer, sans oublier de les tremper dans le ketchup. C’est important. L’association entre la douceur de la sauce mélangée aux grains de sel sur la frite encore chaude. Un délice. « C’était… bizarre. Comme l’an dernier quoi. Felix fait tout ce qu’il faut pour qu’on soit bien, qu’on se sente chez nous… en famille… mais ça ne sera plus jamais comme avant. Sam est vraiment par tout ça, encore aujourd’hui. Et Alden… » Il suffit qu’elle prononce le prénom de son frère le plus âgé pour qu’un soupir s’échappe de ses lèvres, et qu’elle ouvre un peu plus grand ses yeux, signe d’un agacement risible. « Il est en pleine crise d’adolescence, de je-m’en-foutisme, à en faire voir à Felix des vertes et des pas mûres… La semaine dernière, j’ai dû quitter le taff en catastrophe parce qu’il faisait une fête. Il a retourné la baraque, il y avait du tabac… et de l’alcool… je te jure Josh, j’ai failli l’étrangler. » Une exaspération qu’elle exprime en venant mordre légèrement sa lèvre inférieure, avant d’exprimer un peu bruyamment l’air de ses poumons. Elle sait que c’est un ado, qu’il exprime sa rage de cette façon mais… mince, que c’est compliqué chaque jour à supporter.
Un sujet qui revient bien trop souvent à son goût, en ce moment. Elle ne peut rien y faire, c’est son frère après tout. À défaut d’oublier avec une bonne dose d’alcool, elle se tourne vers le soda. C’est bien aussi. Ça fera l’affaire. Et il y a toujours ce plateau de gras devant elle.
Ne pas parler de Bea tout de suite ? Okay, ça lui plaît. Il faut dire que ça ne l’intéresse pas plus que ça, elle voulait simplement se montrer polie la Hudson, bien élevée. Une gentille fille qui sait écouter et être témoin du bonheur des autres, en s’oubliant au passage. Des conneries. Ce jour-là, en voyant le Hopper avec cette fille, Bea du coup, elle n’a pas ressenti que de la tristesse. Il y avait également de la jalousie. Ouais, elle n’est pas fière de cette émotion, mais elle ne contrôle pas ! De la jalousie envers cette fille, qui a la chance d’être avec un mec en or, avec un mec que Sybil a encore dans la peau, même encore des mois après leur séparation. Il est impossible pour Sybil de passer à autre chose, de papillonner de mec en mec pour l’oublier. On ne peut pas remplacer quelqu’un lorsqu’on a goûté à la perfection. Ce sera toujours trop fade. Une pensée qui l’incite à revenir sur quelque chose. S’il ne désire pas aborder le sujet de sa copine pour l’instant… Sybil peut le faire. « Josh… au sujet de la photo… » Car c’est bien de ça qu’il s’agit, d’une photo prise et postée sur le compte Instagram d’Elijah.« Elle a seulement été prise pour attirer l’attention de quelqu’un. » commence-t-elle, en délaissant un instant le contenu de son plateau, le temps d’avoir cette conversation qui est sérieuse pour Sybil. Même si c’est flatteur de savoir qu’il n’est pas indifférent, elle ne veut pas le laisser dans le flou, lui laisser l’opportunité de tirer des conclusions. « J’ai rencontré ce mec à une soirée du Nouvel An… il était aussi écoeuré que moi de voir des couples se bécoter à minuit. Et j’sais pas comment c’est arrivé, mais il m’a parlé de son ex, et je me suis retrouvée à lui sortir une bêtise. Comme d’hab, sans réfléchir. Qu’il devrait se mettre avec une autre meuf pour de faux, pour rendre jalouse son ex. Sauf que j’avais pas prévu qu’il soit aussi perché que moi, et il a adoré l’idée ! Alors on a fait cette photo, pour qu’il puisse la poster sur son compte, et que son ex la voit. » Ce qui a fonctionné, puisque Blue a vu passer le cliché sur son fil, qu’elle a cliqué dessus, et qu’elle a même été voir l’identité de la fille, à savoir Sybil. Ce que Sybil n’avait pas prévu, c’est que Josh tombe dessus également. « Mais c’est loin d’être mon mec. Vraiment pas mon type, le genre tombeur avec son harem ? Non ! » Cette fois-ci, elle se permet un rire franc, qui reste modéré pour ne pas attirer l’attention sur eux. Elle pourrait également lui dire qu’elle n’a rien ressenti au moment de l’embrasser, pas le moindre papillon dans le ventre, aucune attirance… mais elle préfère s’abstenir. Tant qu’il sait qu’Elijah n’est pas son petit ami, qu’elle n’a aucune vue sur lui également… c’est suffisant.
peut-être qu'un jour elle viendra fêter noël dans sa famille. joshua aimerait beaucoup. il a des sentiments tellement forts pour elle qu'il continue d'être convaincu de l'éternité à leur propos. alors forcément... il arrivera bien un jour où ils seront de la même famille tous les deux, parce qu'ils auront décidé de construire ensemble. c'est ce qu'il pense en tout cas, et ça lui fait grand plaisir que d'imaginer un monde où il la demande en mariage, où ils ont finalement des enfants. dans longtemps hein. ils sont beaucoup trop jeunes pour ça maintenant, mais il ne peut pas s'empêcher de penser qu'à ce moment là, il n'y aura plus raison pour que cette fille ne soit pas avec lui ce jour là, tout simplement parce que c'est un truc de famille. en tout cas, il imagine que ses fêtes, à elle, ne se sont pas passées de la même façon. il n'a pas peur de demander parce qu'il n'a pas envie qu'elle garde des choses pour elle, même les choses terribles. il est capable d'encaisser. il est fort, et puis... il a de la ressource pour l'aider à aller mieux si elle a besoin.
josh est doué pour remonter le moral des gens, en général.
il sait qu'il doit la laisser parler, là, alors il ferme sa bouche, et il croque tranquillement dans son burger, les yeux rivés sur elle. il imagine que ça ne doit pas être simple, ce qu'ils vivent tous. même s'ils sont entourés. ses frères ne vivent pas forcément les choses comme elle, et puis de toute façon, on ne peut pas dire qu'elle le vive bien de son côté non plus. même si elle essaye de faire croire qu'elle va mieux. josh n'est pas dupe. même s'il n'a pas envie de continuer à jouer à ce jeu où elle l'évite et où il la laisse faire.
il n'a pas envie de rire à ce qui arrive à alden. et puis il comprend que ça la touche beaucoup sybil. — j'imagine... il ne comprend pas très bien encore que c'est de la faute de personne... il doit souffrir aussi, sans savoir comment l'exprimer... j'espère qu'il va se rendre compte très vite qu'il se bat contre ceux qui veulent l'aider... il souffle, réellement compatissant, essuyant ses doigts dans une serviette en papier.
vouloir parler de sa nouvelle copine ne l'enchante guère.
il est ravi qu'elle décide d'aller autre part, du coup. il relève la tête, il n'avait pas l'intention de reparler de la photo honnêtement. il a compris, ce n'est pas grave. une chose est sûre, si ce n'était pas son attention à lui qu'elle était censée attirée, c'est quand même arrivé malgré tout.
josh serre un peu les lèvres à l'évocation de tout ce qu'il s'est passé sans lui. et dire qu'un an auparavant, ils étaient censés passer ce moment ensemble, comme l'année d'avant, lorsqu'ils se sont embrassés pour la première fois. ça lui manque terriblement de l'embrasser... il soupire, et puis rigole un peu. — un harem carrément ? ça a l'air d'être un type super sympa. qu'il répond, un peu pince sans rire. il ne la juge pas. il n'a pas envie de la juger elle. mais il est évident que ce mec... bref. — tu sais, en soi, si... si t'avais envie d'être avec quelqu'un d'autre... c'est ok tu vois... c'est juste que... je sais pas, quelque part, j'avais imaginé que, quand tu irais mieux, tu reviendrais vers moi. c'est peut-être idiot. je sais pas. mais ouais... c'est ce que je me suis toujours dit, c'est pour ça que je t'ai laissé m'éviter tout ce temps. il ne sait pas si c'est une raison suffisante, quoiqu'il en soit, il était un peu touché de se rendre compte qu'elle était heureuse avec quelqu'un d'autre, alors qu'ils étaient bien ensemble avant que tout ça n'arrive et qu'en soi... lui n'a rien fait pour que ça se termine. il a juste dû accepter sa décision... comme ça. sans crier gare. — j'ai rencontré bea à la boutique. elle aime le surf, elle en fait beaucoup. c'est elle qui... enfin... elle m'a proposé de sortir, et depuis... ouais. on est ensemble. il parle, sans réellement mettre de passion dans ce qu'il dit. il a trop envie d'ajouter que si elle veut être avec lui à nouveau, elle n'a qu'un mot à dire, et c'est fini avec bea. parce qu'il l'aime trop. il n'aime pas bea. il n'a jamais aimé, à un seul instant, bea, comme il aime sybil. — on s'entend bien. curieuse manière de parler d'un couple quand même...
finalement, c’est comme ça que ça aurait dû se passer ? Sybil, elle n’aurait pas dû repousser Josh comme elle l’a fait, elle aurait dû le garder près d’elle, le serrer si fort sans penser au fait qu’il pourrait étouffer, pour lui montrer qu’elle l’aimait (elle l’aime toujours, elle le sait, mais elle est à moitié dans le déni), qu’elle avait besoin de lui, pour… lui confier les choses comme ça, sans réfléchir, juste parce que ça fait du bien d’en parler à quelqu’un, sans avoir peur de lire du jugement dans le retard ? Ouais, elle peut grave s’en mordre les doigts, la Hudson. Elle a merdé. Il y a une voix, dans sa tête, qui ne cesse de lui souffler cette information à l’oreille. Une petite voix presque vicieuse, où l’on peut entendre le sadisme dedans. Mais il y a toutes les autres à côté, beaucoup plus fortes - pour l’instant - qui lui assurent qu’elle a fait le bon choix. Qu’elle est mieux seule qu’avec quelqu’un. Car toute seule, on ne peut pas souffrir, pas vrai ? (belle illusion). « Il faut dire que le timing n’aide pas. Pile poil quand il commençait sa période de rébellion. » Délicieuse période qui a débuté avant le décès des parents Hudson. C’était encore léger, juste quelques libertés dans les mots, il testait gentiment les limites de leurs parents. Et puis, c’est arrivé. On aurait pu croire que le fait de vivre ailleurs, chez Felix, fasse cesser ce comportement belliqueux, mais non. Alden, il est en plein dedans, et il ne semble pas vouloir en sortir. Toutes les occasions sont bonnes pour tester les limites du Adkins. Pour le faire tourner en bourrique.
Il n’y a pas vraiment de sujets que la jeune femme désire aborder avec Josh. Cependant, parler de son frère… non, ce n’est pas trop son intention. Parler de Bea ? Encore moins, mais il faut être poli - il paraît - donc… mais il préfère repousser le sujet. Parfait. Cela donne l’occasion à Sybil de mettre les points sur les I, au sujet de cette histoire avec Elijah. Oh, elle aurait pu profiter de la bavure. Avoir la même réflexion que le Hamilton, vouloir rendre jaloux Josh pour… pour quelle raison ? Sauf que non. Elle n’est pas aussi mesquine la gamine. Elle n’a pas envie de lui faire croire qu’elle a tourné la page, qu’elle est sur un petit nuage d’amour, alors que la réalité est loin de ressembler à ça. Elle tente de survivre, depuis plus d’un an. D’avancer, un jour à la fois, en espérant que le suivant sera plus simple que le précédent. « Il est… unique dans son genre. » C’est bien de dire ça, non ? En fait, c’est un peu compliqué de définir Elijah, en quelques mots. Parce que c’est un garçon avec plusieurs nuances, plusieurs facettes. Et Sybil, elle a le sentiment qu’elle n’a pas tout vu. Il n’y a pas si longtemps, elle a été surprise de constater une facette généreuse, avec ce désir de remercier sa cousine pour son hospitalité. Un trait de caractère insoupçonné, chez ce garçon pourtant très nombriliste. Comme quoi. Il ne faut pas juger dès les premières minutes. Il faut s’armer de patience, et prendre le temps de tout découvrir, au fil des mois, des années. « Je n’ai pas envie d’être avec quelqu’un d’autre. » dit-elle, presque en lui coupant la parole. Parce que c’est inconcevable. Lorsqu’elle pose son regard sur un garçon, elle ne ressent rien. Strictement rien. Parce que personne n’est à la hauteur de Josh. Oui, elle sait que c’est stupide, qu’elle ne pourra jamais retrouver quelqu’un comme lui, qu’il faudra faire des compromis si jamais elle veut… se remettre avec quelqu’un… mais elle ne veut pas.
Pas maintenant. Pas aujourd’hui. Pas encore. « Je t’ai dit hier pourquoi j’ai fait ça. Pourquoi je fais encore ça. » La peur de souffrir. Entre deux sanglots, au milieu d’une crise d’angoisse, elle a tenté de lui expliquer le pourquoi du comment. Elle pense avoir réussi à s’exprimer, à moins que ça ne soit que le fruit de son imagination. En vrai, il n’a peut-être rien compris, pas un traître mot de ce qu’elle a pu dire. Ça serait bien con. Mais c’est sorti. À cette époque, Sybil avait atteint la limite de sa capacité à endurer de la souffrance. Alors, par une étrange réflexion, elle a préféré le repousser, rompre avec lui. Et aujourd’hui ? Et bien, il y a la peur de souffrir. La peur de perdre une nouvelle personne, que ce soit à cause d’une mort précoce que lors d’une rupture, car il pourrait ne plus vouloir d’elle. Oui, c’est con. Un raisonnement totalement bancal. Mais elle est bloquée dans cette boucle, Sybil. Elle ne sait pas comment en sortir. La secouer un peu, lui ferait pas d’mal.
Sauf qu’il y a Bea à présent. L’autre femme. Rien de surprenant. Josh est un gars super. Ce n’est pas étonnant qu’une femme ait réussi à lui mettre le grappin dessus. À la boutique où il bosse, visiblement. Un classique. Tant d’histoires commencent sur le lieu de travail, il paraît. Une fille avec des centres d’intérêt similaires à ceux du jeune homme. C’est un plus. Il aime le surf. Sybil aussi. Bea aussi. Est-ce que ça lui fait plaisir d’entendre tout ça ? Pas le moins du monde. Mais elle ne dit rien, la Hudson. Elle reste silencieuse, porte un soudain intérêt à son burger plutôt. Elle écoute tout de même, faisant abstraction du mieux qu’elle peut à la douleur qui irradie dans sa poitrine. Du moins, jusqu’à ne plus pouvoir le supporter.« Je peux pas, Josh. » Il n’y a aucune transition, cela sort comme ça, alors qu’elle pose ce qu’il reste du burger, avant d’attraper une serviette pour s’essuyer les lèvres, ainsi que ses doigts. « Je voulais… faire genre que l’on pouvait parler de tout. Comme des potes. Mais en fait… non, j’ai pas trop envie d’avoir les détails de ton histoire avec… elle. » C’est injuste, elle le sait, c’est elle qui a orchestré la discussion. Sauf qu’elle a le droit de changer d’avis en ch’min, non ? Au pire, elle prend ce droit. Parce qu’elle n’aime pas ça. Elle sent la jalousie pointer en elle, l’envie d’être à la place de cette fille, alors qu’elle avait cette place, et qu’elle s’en est retirée toute seule, comme une grande. Inconstante Sybil, qui ne sait pas ce qu’elle veut. « Si tu as trouvé une fille sympa, avec qui tu t’entends bien toussa… c’est… cool ? Tu le mérites. » Pour le coup, elle est sincère. Elle ne veut que son bonheur, même si ce n’est pas avec elle. Parce que c’est un gars bien. C’est un gars en or, en fait. Et elle ne regrette pas d’être ici, avec lui. C’est juste que… elle ne veut pas parler de sa meuf. Nop. Pas aussi maso, en fin de compte. « J’ai grave envie d’aller au comic con, cette année. J’sens que c’est la bonne année. » qu’elle lance, l’air de rien, pour trouver un sujet plus neutre, tout en recommençant à picorer ses frites, avant qu’elles ne deviennent froides. Parce que les frites froides… c’est dégueux.
unique. certainement un mot poli pour dire tout un tas d'autre chose. il pense en tout cas, parce que quelqu'un comme ça n'a pas l'air d'être très sympathique dans son esprit. de toute façon, ce gars a perdu tout son capital sympathie depuis longtemps, dès le premier instant en réalité, quand ses yeux se sont posés sur cette photo et qu'il a cru, pendant des jours, que sa sybil aurait pu l'oublier avec un autre mec. marrant de se dire ce genre de chose alors qu'il est avec une autre nana maintenant. il ne sait pas pourquoi il fait ça. c'est con. il n'est même pas amoureux de bea. il trouve que c'est pas cool d'être avec quelqu'un dont on est pas amoureux. il sait ce que c'est l'amour maintenant, il l'a connu avec sa sybil. et il continue de le ressentir pour sa sybil.
elle qui n'a pas envie d'être avec quelqu'un d'autre.
ça ne veut pas dire qu'elle a envie d'être avec lui. elle n'a juste pas envie d'être avec quelqu'un tout court hein ? c'est ça qu'elle essaye de lui dire entre les lignes. ça le brise un peu. mais il hoche la tête, parce qu'il n'a pas d'autre choix que d'accepter de toute façon. c'est comme ça, et pas autrement... il hoche la tête. il sait, oui. mais il voulait juste qu'elle sache que.. si elle avait voulu être avec quelqu'un d'autre, il aurait fini par accepter de ne pas être l'homme de sa vie. c'est tout... c'est juste que... il voulait comprendre. et il a compris. c'est tout.
parler de bea, dans ces conditions, n'est sans doute pas une bonne idée.
il n'a même pas envie de parler d'elle. mais ça semble être le prochain sujet de conversation. c'est elle qui a demandé de toute façon, c'est qu'elle veut probablement savoir non ? c'est même pas très important pour josh, de toute façon. il s'arrête pour la regarder. il a bien entendu, et il sait ce qu'elle veut dire avant même qu'elle ne s'explique. il serre les lèvres et hoche la tête, une fois de plus. — d'accord. désolé. qu'il répond. sans lui dire qu'il s'en fout complètement de son histoire avec cette fille. il aurait trop peur qu'elle le prenne comme une pression, quelque chose comme ça. il ne veut pas lui mettre la pression. il veut juste qu'elle aille bien, qu'ils soient de nouveau ensemble. il peut vouloir ça non ? ça lui brise le coeur. il a envie de lui dire qu'elle n'est pas sybil... et que ça ne l'intéresse pas tellement, que c'est juste... parce qu'elle lui a proposé et qu'il n'a pas su comment dire non, sur le coup. il n'avait même pas cette excuse facile de pouvoir dire qu'il est déjà avec quelqu'un, parce qu'elle l'avait déjà largué depuis longtemps. il se sent vraiment minable. alors il ne dit juste rien de plus pour en pas aggraver son cas.
et si elle pense qu'il est passé à autre chose, lui ?
il n'est pas passé à autre chose. il est trop amoureux d'elle, tout le temps, à chaque seconde de chaque minute de chaque heure de chaque jour. voilà. c'est comme ça c'est tout. le changement de sujet est bienvenu. et parfait. — c'est vrai ? ce serait trop cool si tu pouvais y aller. il lance, il n'ose même pas s'inviter, dans l'équation, même s'il ferait n'importe quoi pour passer juste du temps avec elle. c'est le genre de trucs qu'ils auraient fait ensemble, lorsqu'ils étaient ensemble. il ne sait pas quoi dire honnêtement, parce qu'il a l'impression qu'ils n'arriveront jamais à être des amis. on ne peut pas être ami avec quelqu'un qu'on aime toujours de tout son coeur de toute façon. — tu devrais y aller, si ça te fait envie. ça te fera sans doute du bien. il ose dire, au final. sans savoir si, de toute façon, elle aurait envie de compagnie. sans doute pas de la sienne. lui qui a une copine et qu'elle ne veut plus dans sa vie sentimentale de toute façon. il a perdu un tout petit peu de son enthousiasme josh. sans trop savoir pourquoi. sans doute de réaliser que... c'est peut-être définitivement terminé.
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