I got all I need when I got you and I
Un mot retrouvé dans un livre. Un mot déposé entre deux pages à la hâte deux ans auparavant sans faire attention au livre. Un mot qui a fini par être oublié. Esprit accaparé par un téléphone. Des appels se terminant sur une boite mail. Des messages lus mais restant sans réponse. Des recherches dans des lieux communs, habituels, dans ce lieu secret n'appartenant qu'à eux. En vain. Les jours, les semaines, puis les mois s'écoulent. La vie reprend son cours. Des rencontres éphémères, aucune ne trouvant grâce aux yeux de la jumelle, ni même aux siens. Et puis, du rangement et ce mot qui glisse. Une lecture qui exerce une pression dans son torse. Les souvenirs encore à la surface du passé qui surgissent, l'envahissant. Mélancolie. Regret. Incompréhension. Besoin de vérité. Une foule d'émotions qui l'envahit. Se laissant submerger par ces flots, mais également portés par ces derniers, il se décide. Message envoyé. Sûrement un nouveau qui tombera dans l'oubli, sans aucune réponse. Et pourtant... Elle répond, et dès le premier message, son coeur explose. Sentiments toujours présents même s'il a ce désir ardent de connaître la vérité. Il tente d'organiser une rencontre, en vain. Elle ne viendra pas sur New-York. Alors, il n'a pas le choix Gabin. Il a conscience qu'il peut se contenter de faire l'aller et retour en Californie, juste pour accomplir sa quête et obtenir des réponses à toutes ses questions. Il a conscience de ceci oui, mais ce n'est pas ce qu'il désire au plus profond de lui. Alors, le jeune homme prend une décision qui va radicalement changer sa vie.
Déménager. Retrouver Stella pour qu'elle lui réponde, mais aussi car il est toujours amoureux. Sa décision est prise rapidement. La vérité se cachant derrière il la garde. L'univers semble aller dans son sens. Coïncidence, une grande cousine vit actuellement dans cette ville de Californie sur laquelle il jette son dévolu. Elle l'aide, à trouver une maison pour lui, mais également pour l'autre moitié de son âme. Sa jumelle. Grande explication entre les deux. Elle ne comprend pas sa moitié, cette envie de traverser le pays. Discussion en français entre eux qui dure longtemps. Gabin parvient à la convaincre. Un travail l'attend à Oceanside. Il mise également sur l'atout Velvet. Alors elle cède sa jumelle, sous condition de retour à New-York, ou alors ils iront à Los Angeles. Elle aime cette ville sans jamais y avoir mis un pied. Entretiens organisés pour ce nouveau travail. Lettre de recommandation donnée. Il décroche l'emploi, non de ses rêves mais c'est celui qui le rapprochera de Stella. Sa jumelle grimace en découvrant le montant de son salaire, et ne comprend pas pourquoi il accepte si peu vu son revenu bien trop gras dans la grosse pomme. Il sourit Gabin, continue son mensonge. C'est la première fois qu'il lui ment de la sorte, et il s'en veut. Il n'aime pas cela au fond de lui, mais il sait qu'il n'a pas le choix. Il aime sa jumelle, mais il aime également Stella. Amour différent mais dont il a tant besoin au plus profond de lui. Déménagement qui s'organise et qui est fait courant janvier. Les messages qui se poursuivent et Stella qui ne sait pas, qu'il est à présent dans la même ville qu'elle.
Il découvre les lieux, se renseigne, fait quelques recherches. Velvet est un précieux atout pour les jumeaux, pour les aider à s'installer. Il obtient le nom d'un nightclub mais aucune certitude. Il y a toujours cette adresse que Stella lui a donné mais il n'ose pas. Il craint que ce ne soit pas elle qui ouvre la porte. Un autre homme peut être ? Rien que cette pensée, fait naître une petite pointe de jalousie en lui. Il la chasse alors qu'il se rend au Mopa Lounge. Il est un peu plus de vingt trois heures et il est seul. Il profite d'une migraine de sa jumelle qui la cloue au lit. Quant à lui, il ment encore une fois, disant qu'il va passer la soirée avec leur famille. Un pieu mensonge qui tombera à l'eau si elle les contacte, plutôt que lui. Il prend le risque Gabin. Stella le vaut, il le sait. Il franchit les portes du night club. Musique qui bat son plein. Ambiance bruyante. Il y a du monde, beaucoup qui danse un verre à la main. Le personnel de l'établissent zigzague entre les gens, facilement repérable avec parfois un plateau qui se promène au dessus des têtes. Il espère la trouver, sa muse. Cette blonde qui lui a faussé compagnie deux ans auparavant. Elle lui retourne le cerveau, quand il s'agit d'elle, il se sent pousser des ailes, autant qu'il peut agir comme un idiot. A un moment, il pense l'apercevoir, un peu plus loin, à travers la foule. Un couple passe entre eux. Un homme le bouscule et il se décale. Quand il regarde de nouveau dans la direction, la silhouette n'est plus là. L'a-t-elle vu ? Était-ce bien elle ou bien juste la trop forte volonté de son esprit de la trouver rapidement ? Son téléphone se met à vibrer, il le sort de la poche, supposant que ça doit être sa jumelle, qui vient déjà aux nouvelles pour savoir quand il va rentrer.
Soudain, elle croit le voir, lui. Cet homme, qui hante ses pensées depuis deux ans. Stella se fige, son cœur manque un battement, ses prunelles restent fixées sur cet homme qui ressemble à Gabin. Est-ce vraiment lui ou une illusion de son esprit tourmenté ? Elle se sent suspendue entre réalité et fantasme, incapable de distinguer l'un de l'autre. Il arbore le même style vestimentaire que lors de leur dernière rencontre, cette nuit-là. Il a la même coiffure, et un sourire se dessine sur ses lèvres en se remémorant les moments où elle le taquinait en passant sa main dans ses cheveux. Cela ne peut être lui, se répète-t-elle comme un disque rayé. Malgré tout, Stella veut en être certaine. Elle s'apprête à le rejoindre, mais un couple passe entre eux, l'interrompant. La blonde soupire, impatiente que le couple s'éloigne pour pouvoir à nouveau le contempler. En vain. Elle sort son téléphone, compose rapidement un message à Gabin, mais hésite à l'envoyer immédiatement. Déterminée à le retrouver, elle se fraye un chemin à travers la foule, prête à affronter toutes les éventualités possibles impliquant leurs rencontres. Son cœur bat la chamade à chaque pas, ses mains tremblent, son souffle s'accélère, trahissant l'agitation qui l'envahit alors qu'elle se laisse emporter doucement par ses pensées en le cherchant.
New-York. Stella se remémore ses cinq mois passés à ses côtés. Les souvenirs la ramènent à ce mot laissé sur l'oreiller, deux ans auparavant, une promesse muette d'une explication future. Un mot rapidement lu par Gabin, comme en témoignent ses appels non répondus. Les messages sont lus, relus, mais demeurent sans réponse. On lui a interdit de s'approcher de lui. On lui a bien fait comprendre par ce message envoyé, quelques heures plus tard, ce message gardé. Ainsi, elle réprime tout désir de lui parler ou de le voir, quand bien même l'envie de tout plaquer pour retourner là-bas l'a plus d'une fois torturée. Jusqu'au récent message de Gabin. Sa réponse, feinte de neutralité dissimule le flot de sentiments qu'il a ravivés en Stella, sachant qu'elle a perdu le droit à toute familiarité. L'idée de se revoir est rapidement évoquée par Gabin, mais les patrons de Stella refusent de lui accorder deux jours de congés, la laissant ainsi prise entre son devoir professionnel et ses aspirations personnelles.
Et puis, enfin, elle le retrouve… Gabin. Son Gabin. Elle en est certaine cette fois. Son cœur manque de nouveau un battement. Les pulsations de la musique deviennent le rythme de ses propres battements cardiaques, tandis que les lumières dansantes semblent refléter les tourments intérieurs qui la consument. Une onde de chaleur intense déferle à travers son être. Au milieu de cette avalanche d’émotions, une confusion indescriptible la submerge. Elle ne comprend pas ces sentiments contradictoires qui la traversent, cette sensation étrange mêlée à une pointe de peur et d’incertitude. Les mots se perdent dans sa gorge, son esprit tourbillonnant d’émotions indéfinissables : la joie de le retrouver, la culpabilité de ce qui s’est passé, le regret des erreurs passées, la peur de ce qui pourrait advenir. Tout autour d’eux, le bruit de la foule s’estompe, ne laissant place qu’à la confusion qui règne dans son esprit. Son regard est devenu un mélange complexe de sentiments. Mais au-delà de tout cela, une question persistante la hante. Pourquoi et pour quelles raisons Gabin est-il venu à Oceanside ? Elle reprend son téléphone, appuie sur le message Gabin, retourne toi… avec un souffle retenu.
Les secondes s’étirent comme une éternité alors que Stella observe Gabin, son regard scrutant chaque infime détail de son expression, cherchant désespérément un indice sur ce qu’il pourrait ressentir. Chaque instant semble suspendu dans le temps, figé dans une attente angoissante. Son souffle se retient instinctivement, comme si respirer pouvait rompre le fragile équilibre de cet instant crucial. Son esprit est pris dans un tumulte d'émotions déchaînées, oscillant entre l'espoir vibrant et la crainte lancinante. Stella se prépare mentalement à affronter ce que l'avenir lui réserve, sachant que chaque battement de son cœur l'approche un peu plus de la vérité tant attendue. Va-t-il se retourner ou poursuivre son chemin ? Chaque seconde qui s'écoule semble amplifier l'intensité de ses sentiments, comme si le temps lui-même se pliait à l'importance de ce moment. Puis, dans un mouvement presque imperceptible, Gabin commence à se retourner. Chaque battement résonne dans le silence ambiant, amplifiant le suspens qui enveloppe l'air. C'est comme si le monde entier retenait son souffle avec elle, suspendu à ce moment où leurs regards se croiseront à nouveau. C'est le début d'une danse entre l'espoir et la crainte, une danse où chaque geste pourrait changer leur histoire.
Très peu de secondes. Le temps d'un battement de paupières. Le temps également pour un couple d'obstruer sa vue. Aussi, celui de se faire bousculer. Quand il relève la tête, la silhouette n'est plus, comme un mirage qui s'évapore avant, empêchant une distinction parfaite. Les opales claires fendent la foule, en vain. C'est un soir de week-end, le club est bondé. Frustration, elle le traverse, donne le rythme des battements de son coeur. Si proche de ce qu'il vient chercher mais en même temps si loin. Il cherche de nouveau mais ne la distingue plus. Déception. Ce n'est sûrement pas ce soir qu'il la retrouvera. L'information doit être mauvaise. Au moins, il aura tenté. Il va devoir se résigner, se rendre à cette adresse donnée et prendre ce risque, que ce n'est pas elle qui va ouvrir. Le jeune homme ne désire pas y penser, non durant cette soirée. Il préfère s'accrocher à de doux souvenirs. Comme leurs discussions interminables dans un parc, installés sur un banc. Lui prenant ses aises au point de caler sa tête sur les genoux de Stella. Les mains de la belle glissant dans ses cheveux, accentuant leur indiscipline. Cela la faisait rire, son incapacité à dompter sa chevelure. Il a tenté une fois, de mettre un peu de gel pour les faire tenir. Le résultat a provoqué un plus grand fou rire. Ce jour là, il a semblé sorti d'un vieux film en noir et blanc, du siècle d'avant. Ses cheveux, ils sont un peu comme lui, libre de faire ce qu'il désire.
Comme partir sur ce coup de tête dans cette petite ville à proximité de San Diego. Jeune homme têtu, qui fonce dès que sa décision est prise. Cela amène de grands résultats, mais les échecs se révèlent encore plus cuisants et durs à encaisser. Cette petite virée en est un, il le prendra comme tel. Pour le moment, il ne renonce pas encore. Il s'accorde encore quelques minutes, pour la chercher. Peut-être même qu'il s'accordera un verre, avant de repartir. Pour ce qui est de la danse, ou de draguer, il n'est pas venu dans cette intention. Ces vieux plans lui paraissent fades maintenant qu'il n'est plus sur New-York, que l'espoir renait.
Son téléphone qui vibre dans sa poche. Il n'hésite guère avant de le sortir, s'entendant à un message de sa jumelle. Le nom qui s'affiche n'est pas le sien. Stella. Il reste un instant les yeux rivés sur le nom de l'expéditeur. Puis les prunelles glissent sur le contenu du message. Il le lit et en prend conscience. Téléphone toujours en main, il se retourne lentement, n'osant y croire. Respiration qui se bloque un court instant. Crainte d'une déception contre laquelle il ne pourrait aller contre. Moment tant attendu mais également redouté. C'est étrange ce flot d'émotions qui le traversent, comme elles sont contradictoires et ne lui ressemblent pas. Il n'est pas du genre hésitant. Encore moins celui à avoir peur. Et pourtant... Cette femme provoque tellement de choses en lui.
Les prunelles fendent de nouveau la foule. Il n'entend plus la musique de la salle. Encore moins les discussions qui battent leur train. C'est comme si un silence s'installe autour de lui quand son regard rencontre celui de Stella. Tout se vide autour, il ne reste plus qu'elle et lui. Stella à quelques mètres de lui. Information donc vraie que celle de ce club. Stella. Prénom qui tourne en boucle dans sa tête. Elle est là. Juste en face de lui, ne s'attendant pas à le trouver dans cette ville. Il n'a pas évoqué son plan dans leurs échanges de messages. Hors de question pour lui qu'elle tente de le dissuader. Il veut savoir, il a besoin de savoir la vérité. Il est venu dans cet objectif. Pourtant, à présent que la silhouette qui a hanté ses rêves est non loin de lui, il en oublie ses questions. Il ne voit plus qu'elle.
Relâchement dans son corps, ce dernier se remet en marche naturellement et il expire enfin l'air qu'il retenait depuis quelques secondes. Cela ne l'aide pas à lui remettre les idées en place mais au moins ça a le mérite de le sortir de son stoïcisme. Il avance d'un pas en direction de la belle. Puis un autre. Machinalement, le téléphone retourne dans la poche, sans qu'il ait conscience de le ranger. Il se rapproche. On le bouscule de nouveau, mais cette fois, les opales restent accrochées sur la silhouette. Hors de question qu'elle disparaisse. Il se rapproche encore et s'arrête enfin en face d'elle, à distance suffisante pour que la musique ne couvre pas le son de sa voix. - Stella.. Tellement longtemps qu'il n'a pas dit à voix haute son nom que cela lui fait étrange de le prononcer. - Est-ce qu'on peut parler dans un endroit plus tranquille ? demande-t-il. Il n'a pas la garantie qu'elle accepte. Encore moins qu'elle est disponible pour lui parler. Disponibilité et disposition sont deux points dont il n'a pas tenu compte en venant dans ce lieu. Car encore une fois, il fonce pour s'assurer de ne pas regretter. Et il sait qu'il ne regrettera pas ce déménagement, il le sait depuis que son regard s'est posé sur elle à travers la foule. C'est comme s'il remonte le temps, revenant deux ans auparavant. Avant cette nuit, avant sa disparition...
Alors que Gabin s'avance, devant elle, ces souvenirs ressurgissent avec une force insoupçonnée, rappelant à Stella à quel point leur connexion était profonde. Elle ressent une puissante émotion qui l'envahit, mêlant à la fois le désir et la réticence, la nostalgie et la peur. Déstabilisée par sa présence, par la force des émotions qui remontent à la surface. Son cœur bat la chamade, mais elle ne comprend pas vraiment pourquoi. Stella se demande ce qui la trouble autant par sa simple proximité, pourquoi elle est incapable de détacher son regard du sien, malgré les personnes se trouvant autour d'eux. Elle se force à rester concentrée, à ne pas se laisser submerger par des sentiments confus. Cependant, à travers ses doutes et ses craintes, une petite voix au fond d'elle-même murmure un espoir fragile. Un espoir que peut-être, cette rencontre inattendue pourrait être le début d'une nouvelle chance pour leur amitié.
Les mots de Gabin résonnent dans l'atmosphère chargée du club, traversant le tumulte de ses pensées comme un éclair dans la nuit. Elle entend son prénom prononcé avec une douceur qui la fait frissonner. Entendre Gabin prononcer son prénom réveille en Stella une myriade d'émotions enfouies et complexe, rappelant leur intimité passée et les moments complices partagés. Pourtant, malgré le flot d'émotion qui la submerge, elle ne peut s'empêcher de remarquer la détermination dans sa voix. Stella connaît les raisons de sa présence en ces lieux, cependant, celle-ci se demande, si elle est prête à lui énoncer la vérité, à rouvrir les blessures du passé. Elle plonge son regard dans le sien, tandis que les souvenirs affluent en elle, bousculant sa raison et réveillant des émotions qu'elle a longtemps enfouies. - Gabin souffle-t-elle en sentant son cœur battre un peu plus fort la chamade, oscillant entre la peur et le désir, l'incertitude et l'espoir. Pendant un bref instant, elle est tentée de fuir, de reculer dans l'ombre et de se perdre dans la foule. Stella pourrait recommencer. Elle pourrait s'enfuir afin d'éviter de révéler son passé douloureux, de blesser cet homme qui lui est si cher, ou encore fuir pour ne pas écouter ce cœur battant si fort sans qu'elle en comprenne la raison. Mais c'est par respect pour lui, et parce qu'elle désire comprendre ce que son cœur tente de lui faire comprendre, qu'elle ne le fait pas. Stella prend une profonde inspiration, rassemblant son courage alors qu'elle répond d'une voix audible. - D'accord, suis-moi Déterminée à affronter ce qui viendra, à démêler les nœuds du passé pour pouvoir, peut-être, recommencer à marcher sur le chemin de la rédemption.
L’endroit de cette discussion à venir est tout trouvé, le bureau d’un de ses patrons, qui se trouve actuellement aux côtés d’un des VIP du club. Elle sait que ce sera un endroit calme et isolé, un lieu où ils pourront enfin mettre les cartes sur la table sans être interrompus. Quant à son travail, il pourra bien attendre, quand bien même Stella se fera sermonner sur son absence, elle s’en fiche à ce moment précis. Car seul, lui, compte. Marchant avec détermination à travers la foule mouvante, Stella guide Gadin vers le lieu qu’elle a choisi pour leur discussion. Chaque pas la rapproche un peu plus de la confrontation qu’elle a tant redoutée depuis cette matinée où Stella est partie. La tension dans l’air est palpable alors qu’ils franchissent la porte du bureau, laissant derrière eux le tumulte du club pour entrer dans un silence relatif. Elle s’assoit sur le bord du bureau, invitant silencieusement Gabin à faire de même. Le regard fixé sur lui, elle prend une profonde inspiration pour se préparer à ce qui va suivre. La pièce semble s’agrandir autour deux, absorbant le son de sa respiration entrecoupée de silence. C’est dans ce cadre intime qu’ils vont enfin confronter leur passé et peut-être trouver un moyen de réparer ce qui a été brisé.
Le silence grandit dans la pièce, tandis que Stella plonge son regard dans le sien. - Je connais la raison pour laquelle tu es venu… Son intonation se veut sérieuse, tandis que son cœur se serre contre sa poitrine. Car elle sait, Stella, que rien de ce qu'elle pourra lui dire le soulagera du mal qu'elle a fait lors de son départ précipité. La jeune femme détourne quelques instants le regard afin de se reprendre, de ne pas craquer devant lui, que ce soit par des gestes d'affection à son égard ou par ce flot de larmes qui menacent à tout instant de couler. Ni même cette peur grandissant en son cœur. Cette peur que Gabin lui dise ce qu'il a à lui dire, avant de le voir partir à son tour, même s'il a toutes les raisons de le faire. Elle soupire longuement avant de reposer son regard dans le sien. Un moment de silence pesant s'installe entre eux, tandis que Stella contemple les traits familiers du visage de Gabin. Malgré la tension qui pèse dans l'air, elle ressent un élan de soulagement à le revoir après toutes ces années. Une part d'elle-même est heureuse de le retrouver, de se retrouver en sa présence une fois de plus, même si elle sait que cela signifie confronter les conséquences de son départ précipité. Pourtant, cette joie est entachée par la culpabilité qui pèse sur ses épaules, laissant une amertume sourde dans son cœur. L'anxiété s'entremêle à son soulagement, créant un tourbillon d'émotions tumultueuses qu'elle peine à contenir. - Je te demande pardon pour la peine que mon départ précipité a pu te causer, murmure-t-elle finalement, sa voix empreinte de tristesse et de regret. La tension dans la pièce est palpable alors que Stella attend nerveusement la réponse de Gabin. Son cœur bat la chamade, attendant ses mots avec une anxiété croissante. Elle se demande ce qu'il pense réellement, si leur lien peut encore être réparé malgré les blessures du passé. Un instant de silence s'étire entre eux, chargé de l'incertitude de l'avenir…
Son prénom soufflé le ramène à cette fameuse nuit, celle au cours de laquelle leur amitié s'est transformée en quelque chose de plus profond. La découverte de leurs corps, le bout des doigts glissant sur la peau, les prénoms prononcés dans un murmure, presque un souffle quasi inaudible. Il n'y a pas de grande déclaration cette nuit là, leurs corps s'exprimant bien mieux que les mots. Du moins, c'est ainsi qu'il l'a perçu Gabin, que sa belle était parcourue des mêmes émotions que lui, les mêmes sentiments. Il y a cru jusqu'à ce qu'épuisé, il s'endorme contre elle, pour la première fois de sa vie, réellement heureux niveau sentimental. Cela a duré le temps d'une nuit, jusqu'au réveil, les draps froids à ses côtés. Un bras qui se tend mais ne rencontre que le vide, une main qui découvre un mot laissé, lu bien trop rapidement avant d'être interrompu par une arrivée intempestive, et moqueuse. Tout s'est enchaîné trop vite ce matin là mais le plus dur, cela a été le silence qui a suivi. Ce silence bien plus parlant que des mots, laissant un esprit dériver, s'interroger, repasser les moments passés ensemble en boucle pour tenter de comprendre, de trouver à quel moment cela a commencé à déraper.
Il est envahi par les émotions, avec son simple prénom prononcé. Pourtant, il ne se laisse pas démonter, reprend le dessus pour ne pas se transformer en guimauve fondante dans un chocolat chaud. Souhait exprimé, celui de se parler en tête à tête, dans un lieu possiblement plus silencieux. La musique et les discussions ne faiblissent pas autour d'eux. Alors il espère le brun, qu'elle acceptera ou donnera son accord pour un peu plus tard dans la soirée. Il est prêt à patienter s'il le faut. à présent qu'il est ici, hors de question de faire machine arrière. Ce n'est pas quelques minutes, voire une heure qui peuvent le dissuader. Regard plein d'espoir et de détermination. Soulagement qui parcourt son être quand elle accepte et lui demande de la suivre. Première petite victoire même si la grande victoire finale semble encore à des années lumière. Pas qui emboîte celui de la belle à travers la foule jusqu'à une porte qui renferme un bureau.
Battant qui se referme doucement derrière lui. Les bruits sont étouffés, il ne reste plus qu'un silence qui s'installe, envahit la pièce en même temps que cette légère tension. Quand il se retourne, son regard rencontre celui de Stella. Elle connaît la raison de sa venue. Oh que non, belle et douce Stella. Elle n'en connaît qu'une minuscule partie, celle qui a besoin d'explications, ce besoin de comprendre ce qui s'est passé, s'il a fait quelque chose de "mal", qui l'a inconfortée. Il a besoin de connaître enfin cette vérité oui, mais c'est dans l'unique but de rectifier, et de passer à la suite de sa venue dans cette ville. La reconquête de sa belle. Celle qui arrive à faire accélérer les battements de son cœur avec un simple message envoyé par téléphone, un simple emoji, et un simple regard.
Elle le détourne son regard, et durant une fraction de secondes, il ressent comme un vide, un froid qui le parcourt, et non un frisson. - Ah oui ? demande-t-il simplement. Proximité. Un simple pas sur le côté suffirait à ce que son corps frôle le sien. Les deux êtres appuyés contre le bureau, se tenant côte à côte dans cette pièce, alors qu'ils pourraient s'installer chacun dans un fauteuil de part et d'autre du meuble, créant une distance qui leur faciliterait certainement la discussion. Ce n'est pas ce qu'il souhaite. Il apprécie d'être proche d'elle, de pouvoir observer ces traits aimés, qui ont hanté ses nuits un nombre incalculable de fois. Silence qui s'installe une nouvelle fois, qui dure un peu. Non ressenti comme de l'inquiétude, ni de la lourdeur. Les opales claires parcourent la silhouette, semble graver une nouvelle fois dans sa mémoire la moindre de ses courbes. Bon sang, il aimerait oublier les explications, tout envoyer s'envoler dans les airs et juste la prendre dans ses bras. Lui dire que ce n'est pas important, qu'il est là à présent, que, si elle le désire autant que lui, ils peuvent reprendre leur histoire pour la faire durer cette fois, malgré les incertitudes, les peurs, les hauts et les bas qu'ils pourront rencontrer. Solo déjà, il n'hésite pas à affronter les obstacles qui se présentent face à lui. Mais avec Stella à ses côtés, il se sent prêt, à soulever des montagnes, à faire le nécessaire. N'importe quoi tant qu'on lui laisse la chance de s'endormir à ses côtés chaque soir. Cela fait mal de nouveau de réaliser que ce n'est pas le cas. Qu'elle n'est pas sienne même si elle n'appartient qu'à elle-même.
Des mots murmurés, des excuses. Appréciées, mais ce n'est pas ce qu'il attend le jeune homme. - Je le sais déjà cela Stel... répond-il à voix basse. Cette fois, il ne laisse pas le silence s'installer, venir peser une nouvelle fois entre eux. - Je veux savoir pourquoi, si j'ai fait quelque chose qui t'a poussée à fuir ce matin là. J'ai besoin de savoir pour te présenter mes excuses. Elle semble se sentir coupable mais c'est peut être lui l'unique fautif. Peut-être que son corps a trop exprimé ce que son cœur ressentait, et ressent encore et que ça lui a fait peur, car les sentiments ne sont pas partagés. Peut-être qu'elle n'était pas prête à découvrir qu'il l'aime même s'il n'a pas prononcé les mots. Beaucoup de peut être depuis deux longues années. Mais à présent qu'il est là, juste à ses côtés, il ne partira pas sans savoir. De toute façon, il ne partira pas, c'est trop tard. Leurs chemins sont liés, professionnellement mais ceci il ne lui dira pas, la laissant découvrir cette nouvelle d'ici quelques jours. Il espère qu'elle ne fuira pas encore quand elle l'apprendra, qu'elle ne mettra pas de côté son rêve à cause de lui, car c'est bien la dernière chose qu'il désire. La voir fuir ses rêves.
Dans ce moment suspendu entre passé et présent, les souvenirs de cette nuit-là s'insinuent dans l'esprit de Stella, vibrant tel un écho résonnant à travers le temps. Chaque détail ressurgit avec une clarté troublante, comme des fragments de rêves qui se matérialisent dans le présent. Les caresses de Gabin, douces et envoûtantes, glissent sur elle, telles des mélodies effleurant son âme. Les murmures tendres résonnent encore dans sa mémoire. Les regards échangés, chargés de promesses et d'émotions indicibles. Stella a intensément vécu cette nuit-là, dans l'éclat de la lune et le murmure du vent, son cœur battant frénétiquement à chaque instant. Une nuit où leurs âmes se sont entrelacées dans une danse enivrante, les frontières entre l'amitié et l'amour semblant s'effacer dans un élan de passion et de désir. Pourtant, quelques heures après l'ivresse de l'instant, une ombre grandissante s'est glissée dans son cœur, une peur sourde qui a assombri les étoiles de leur ciel commun. En se remémorant cette nuit d'une intensité sans pareille, Stella peine à revenir à la réalité actuelle, qui lui est bien plus difficile. Pourtant, Gabin est là, devant elle, prêt à entendre la vérité sur ce qui s'est passé au petit matin de cette nuit-là.
A peine son regard détourné, qu'un frisson de culpabilité la traverse. L'intonation de sa voix lui semble lourde de maladresse, comme si elle pouvait le blesser à chaque mot. Une bouffée de regret l'envahit, car la dernière chose qu'elle souhaite est de lui causer à nouveau de la peine. - Oui, qu'elle répond simplement, d'une voix douce, en essayant de dissimuler le tumulte émotionnel qui s'agite en son cœur depuis leurs retrouvailles. Lorsque Stella sent la proximité entre eux, une partie d'elle, souhaite s'installer dans l'un des fauteuils se trouvant à côté d'eux. Alors qu'une autre, plus profonde, désire le prendre dans ses bras afin d'y enfouir son minois. Puis survient cette autre partie, consciente qu'elle doit affronter ses démons, ses erreurs passées, pour arranger sa relation avec Gabin. Malgré ses sentiments enfouis, elle reste là, adossée contre le bureau, juste à côté de lui. Elle ne le regarde pas. Pourtant, Stella sent son regard se poser sur elle, comme s'il observait chaque contour de son visage pour trouver des réponses à ses questions. Se sentant à la fois vulnérable et exposée, elle est pleinement consciente de la nécessité de faire face à la vérité. Un bref silence s'installe dans la pièce, seulement interrompu par le léger bruit de leur respiration synchronisée. Stella sent le poids des mots à venir, lourds de vérité et de conséquences, peser sur ses épaules fragiles. - Tu souhaites connaître les raisons de mon départ, murmure-t-elle, sa voix à peine plus forte qu'un souffle dans le silence de la pièce.
A ses mots prononcés, Stella sent comme un poids s’écraser violemment sur ses épaules. La blonde se pose devant Gabin, levant doucement le regard vers lui, plongeant celui-ci dans ses beaux yeux clairs où cette dernière a toujours aimé s’y perdre. - Ce n’est pas à toi de t’excuser, Gabin. Dit-elle en se retenant de poser sa main sur la sienne, tandis qu’elle replonge un bref instant dans leur passé commun. Se remémorant ce qui en est découlé après cet intense moment à ses côtés. La nuit fut courte, trop courte, et tourmentée par les questions sans réponse qui ont hanté ses pensées alors qu’elle se tenait là, contre lui, incapable de détourner son regard de son visage paisible endormi. Des larmes silencieuses traçaient des chemins invisibles sur ses épaules, alors qu’elle luttait contre ses démons intérieurs. L’angoisse grandissante qui lui murmurait à l’oreille de partir, de s’enfuir loin de cette vérité insondable, qui menaçait de briser son cœur fragile en mille éclats. Dans une décision déchirante, Stella s’est enfuie au petit matin, déchiré entre le désir de laisser parler son cœur et la nécessité de s’éloigner, emportant avec elle l’écho d’une nuit qui a transformé leurs sentiments enfouis en une triste mélodie.
Stella inspire profondément, un souffle calme cherchant à apaiser l'orage émotionnel qui gronde en elle, afin de revenir vers l'instant présent. Ses mots se cachent dans les replis de son esprit, prêts à être libérés, bien qu'hésitants, comme des oiseaux qui battent des ailes pour s'envoler, mais craignant de quitter leur nid familier. Alors que la tension monte, Stella sait qu'elle ne peut reculer. Elle lui a promis de dire la vérité lors de leurs messages échangés, peu importe à quel point cela lui semble insurmontable. Finalement, dans un souffle, la blonde lui dit d'une voix douce sans le quitter du regard. - Tu n'as rien fait qui m'ait poussé à partir ce matin-là… Pourtant, malgré cette volonté ardente, la peur de l'inconnu retient ses pas, comme des chaînes invisibles qui la maintiennent prisonnière de ses propres tourments. Stella se demande si elle pourra enfin se libérer de ces poids qui entravent son être. Chaque battement de son cœur résonne comme un rappel à son dilemme intérieur, une lutte perpétuelle entre la vérité et le silence. Pourtant, dans ce moment de vérité fragile, elle trouve un écho de courage, une étincelle d'espoir dans l'obscurité de ses pensées tumultueuses. - C'était moi, mon passé, mais aussi parce que… Elle s’arrête brusquement une seconde fois, les mots restent en suspens dans l’atmosphère chargée d'émotion, comme une promesse non tenue suspendue dans le vide. Chacun de ses silences est une invitation à lire entre les lignes, à comprendre les non-dits qui résonnent plus fort que les mots prononcés. Se débattant de nouveau avec l’envie de tout lui expliquer, de dévoiler les secrets enfouis au plus profond de son âme et cette retenue dont elle a toujours fait preuve…
Une rencontre au cours d’une soirée organisée par des amis communs. Dès les premières minutes, une alchimie se crée, au point de fuir la soirée et de passer les heures suivantes de la nuit ensemble. Depuis cette rencontre, tout s’est fait naturellement. Leurs longues discussions. Leurs rires. Les taquineries. Chaque jour s’écoulant au fil des semaines puis de ces quelques mois, forgeant leur amitié tout en repoussant doucement ses limites. Cinq mois pour apprendre à la connaître, pour voir Stella en cachette de sa sœur, connaissant d’avance le verdict, comme pour toutes les précédentes. Elle n’est pas assez bien pour lui. Il perd son temps. Il mérite mieux. Et ce n’est là qu’une infime parcelle de tout ce qu’il peut entendre de la part de l’autre moitié de son âme depuis quelques années à présent, aucune fille ne trouvant grâce à ses yeux. Il tente de se protéger, de rester accroché à cette amitié naissante. Très vite, il réalise son incapacité à s’y tenir. Les rencontres deviennent des moments autant attendus que redoutés. Jusqu’à cette fameuse nuit, où l’espoir naît, devenant un rêve éveillé avant de s’évaporer dès les premières lueurs de l’aube.
Douleur lancinante dans son être qui demeure depuis, qui s’est mise en sourdine car il faut bien continuer à se lever chaque matin. Chaque nouveau jour, il tente de se convaincre que ses sentiments finiront par s’estomper. Il y croit vraiment. En fait, les sentiments sont en sommeil. Il suffit de ce morceau de papier retrouvé pour le réaliser. Tout ressort en masse, comme des flots embarquant tout sur leur passage. Le poussant à envoyer ce premier message pour reprendre contact avec elle. Et le voici, un peu plus d’un mois plus tard, se tenant aux côtés de cette femme. Les appels visio qu’il ont fait ne rendent pas hommage à sa beauté. Opales glissant sur la silhouette. Il apprécie ses formes, ne tombe pas de nouveau amoureux car il l’est déjà depuis deux années à présent. Discussion difficile mais qu’il faut tout de même démarrer. Léger hochement de tête de la part du jeune homme.
Effectivement, il souhaite enfin crever l’abcès, et connaître les raisons du départ précipité de Stella. Il ne comprend toujours pas, cette seule nuit idyllique tournant en boucle dans sa tête sans qu’il n’en trouve la faille ayant poussé la blonde à prendre la fuite. Il est prêt à présenter ses excuses, à tout faire pour qu’elle lui pardonne son erreur qu’il ne réalise pas encore. Il patiente même si c’est une torture qu’elle se lance. Les premiers mots sont dans un premier temps un soulagement. Il n’a rien fait cette nuit-là. - Alors pourquoi… Il ne réalise pas que ses pensées sont exprimées à voix haute. Le soulagement fait place à une légère torture. D’autres pensées viennent succéder aux précédentes. Pour la première fois depuis deux ans, il semble enfin prendre conscience d’une possibilité. Elle ne l’aime pas comme lui peut l’aimer. Et elle regrette cette nuit. Il ne sait pas ce qui est le pire entre les deux, voire même les deux combinés. Les battements de son cœur s’accélèrent. Le désordre s’immisce dans sa tête. Il marque le coup, sans pour autant regretter la décision radicale qu’il a prise de venir s’installer dans cette ville. Il peut plier un peu en cours de route mais demeure un battant. Un genou à terre ne suffit pas à le faire renoncer. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne se relève et reprenne son combat.
Secondes marquantes pour sa part. Secondes encourageantes du côté de la belle blonde qui brise une nouvelle fois le silence qui s’installe entre eux. Révélation. Les tumultes du cerveau du franco-américain s’arrêtent brusquement. Cinq mois. Laps de temps pour apprendre beaucoup de choses sur une personne mais non suffisant pour tout connaître de sa vie. Problème qui n’est pas lui mais venant de Stella. Prise de conscience. Les engrenages qui se remettent en route, mais dans un sens différent cette fois. Mots qui meurent sur les lèvres de la jeune femme. Il ne souhaite pas la bousculer. Il ne l’a pas fait depuis leurs retrouvailles en messages. Pourtant, ils n’avancent guère dans la discussion, ni dans les explications. Les corps se frôlent toujours. Celui de Gabin se met en mouvement. Il quitte le bureau contre lequel il est adossé. Il se déplace pour se mettre en face de la blonde. Bras qui passe de part et d’autre de son corps pour se poser sur le bois, l’enfermant tout près de lui, l’empêchant certainement de prendre la fuite si jamais l’idée lui effleure l’esprit. Elle n’est plus censée le faire mais le cerveau humain donne parfois des ordres au corps, guidé par cet instinct de survie. - Stella, regarde-moi. Il l’invite à plonger ses opales dans les siennes, à ne pas se montrer fuyante. Il la connaît tout de même un peu, pense qu’il est capable de cerner certaines choses chez elle mais il a encore beaucoup à découvrir. Et il découvrira tout, petite promesse intérieure qu’il ne lâchera pas. - Si tu n’es pas prête à parler de ton passé je peux comprendre et je ne te forcerai pas à le faire… Il marque une pause, cherche toujours à capter son regard, à avoir toute son attention. - Par contre, il va falloir me parler un peu plus ma belle. Car je ne peux pas deviner tout ce qui se passe dans ta jolie tête. Mais aussi parce que…? Parle-moi Stel. Je suis là, on n’est plus par messages, ni en visio… Ce rapprochement en face à face, et non plus l’un à côté de l’autre. Ses bras de chaque côté de cette silhouette. Ils ne sont qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Les opales claires se posent sur les lèvres de la belle. L’envie de l’embrasser l’effleure, le tiraille de l’intérieur. Est-ce que ça sera aussi bon que dans ses souvenirs ? Meilleur peut-être ? Il se retient car c’est le temps de la discussion, des explications. Puis, il ne le fera pas, non pas sans sa permission car il refuse de lui voler un baiser, elle doit le vouloir autant que lui. Il songe également à poser son front contre l’épaule de la jeune femme, se demandant si elle osera lever une main pour la glisser dans ses cheveux. Nouveau geste, nouvelle pensée qui le traverse. Comme celle de juste glisser ses mains le long du bois pour les rapprocher de son corps et l’enfermer dans une étreinte. La rapprocher de lui, sentir son corps contre le sien…
Il réalise soudain qu’il prend une pente glissante qui va être dure de remonter s’il continue ainsi, à ne pas réussir à bloquer le cours de ses pensées. Alors, les doigts lâchent le bureau. Il s’écarte d’un pas, laissant un peu plus d’espace à Stella, même si ce n’est pas du tout ce qu’il souhaite à l’intérieur. C’est tout le contraire. Patience. Patience. Mot répété alors que ce n’est pas son fort, lui natif du signe du bélier, habitué à foncer sans trop se poser de questions. Il a conscience pour une fois qu’il ne peut pas défoncer toutes les portes sur son chemin. Stella mérite mieux que cela, tellement. Certainement mieux que lui, mais le pauvre fou qu’il est, est incapable de la laisser filer.
Le temps des regrets s’installe rapidement, emportant avec lui son lot de culpabilité, tandis que la douleur persiste, insidieuse, jamais dissipée. Stella se plonge dans son nouveau travail, accueillant toute distraction qui se présente. Le Mopa Lounge devient son havre où elle ne compte pas les heures passées. Tout ce qui compte, c'est d'éviter de penser, de laisser son esprit errer vers Gabin, de réfréner l’envie irrésistible de prendre le premier vol pour le retrouver. Refoulant ses sentiments, éclos au fil des mois passés à ses côtés, bien qu’elle n’en ait jamais rien montré. Une existence qui semble vide de sens, mais qui lui offre une bouée de sauvetage, l’empêchant de sombrer dans le néant. Jusqu’à ce message reçu deux ans plus tard, qui a fait revivre en Stella des émotions qu’elle pensait avoir enfouies. Gabin est de nouveau à ses côtés et la belle ne peut s’empêcher de se plonger dans ses yeux opalins. Stella retient son souffle lorsqu’il prend la parole. Son timbre de voix empreint de douceur fait vaciller les défenses qu’elle a soigneusement érigées. Elle se mordille les lèvres, cherche désespérément les mots pour répondre à son pourquoi. Les réponses sont pourtant là, dans son cœur, prêtes à être dévoilées à tout instant, mais ne viennent pas. Incapable de prononcer le moindre mot, malgré qu’elle se fasse violence. Stella se sent comme prise au piège, enfermée dans un silence oppressant, bien incapable de se libérer de ses chaînes dont elle aimerait tant s’en délester.
Le regard détourné, Stella le voit quitter le bureau contre lequel il est adossé. La peur s'installe en elle. Elle angoisse, la belle. Jusqu'à ce que la surprise traverse son visage. Le voyant passer ses bras d'une part et d'autre de son corps, pour les poser sur le bureau, comme s'il avait peur de la voir s'enfuir. Stella comprend, ne proteste pas, ne se débat pas, ni ne songe à fuir. Elle n'en a aucune envie, pas cette fois, la belle a bien trop rêvé de son retour dans sa vie. A ses mots prononcés, Stella relève lentement le visage pour ancrer ses prunelles empreintes d'émotions dans les siennes. L'écoutant attentivement, inspirant profondément, essayant bien malgré elle de rester de marbre face à cette proximité qu'il a instaurée entre eux. - Je te l'ai promis, Gabin… Femme de parole, elle compte bien s'y tenir, peu importe le temps que ça lui prendra. Stella le lui doit, sait aussi que c'est le seul moyen pour eux d'avancer, quelle que soit la direction que prendra leur relation. Elle a conscience, que c'est l'unique moyen pour que Gabin comprenne l'ampleur de ses tourments intérieurs. Et d'une voix douce, elle ajoute. - Si tu savais tout ce qui se passe dans ma tête depuis que mon regard a croisé le tien, ce soir. Le regard demeurant ancré dans le sien, sa voix empreinte de sincérité et de douceur, tandis que son cœur s'agite à ses mots dévoilés. Des paroles qui peuvent paraître anodines pour le commun des mortels, mais qui ne l'est en rien pour elle. Ses prunelles parcourent chacun des traits de son visage, jusqu'à ce que les doigts de Gabin lâchent le bureau.
Stella s'enlève du bureau, son cœur battant la chamade, alors qu'elle avance d'un pas vers lui. Son regard intensément fixé dans le sien. Des papillons s'agitent dans son ventre, mélange d'excitation et d'appréhension, qui témoignent de l'importance de ce moment. Sa main trouve la sienne, exprimant une affection retenue, mais néanmoins présente. Lui laissant toutefois le choix de l'accepter ou de refuser, tout en lui laissant percevoir l'étendue de ses sentiments. Le silence qui s'installe entre eux est chargé de tension, mais aussi de douceur. Stella respire profondément, captant brièvement le contour de ses lèvres, avant de replonger dans ses yeux clairs. Elle se concentre sur le contrôle de ses émotions, mais laisse une lueur discrète de ses sentiments transparaître à travers son regard. Et dans un souffle, elle lui dit. - Parce que je ne supportais pas l’idée de te perdre… Stella se rend bien compte de sa paradoxalité, car c’est elle qui a fauté en partant, en prenant ainsi le risque de le perdre. - Cette crainte ne m’a jamais quittée… Cette terreur, elle la ressent comme une brume glaciale envahissant son cœur. L’étreignant si fort qu’elle a du mal à respirer. A chaque pensée de le perdre, une angoisse suffocante la saisit, lui donnant l’impression de chuter dans un abîme sans fond. C’est une terreur viscérale, enracinée dans les profondeurs de son âme. Stella connaît trop bien le tourment de la perte, d’être abandonnée, déchirée par le chagrin au point d’en perdre l’envie de vivre, pour l’avoir déjà vécu. Et cette simple idée, de revivre ce cauchemar avec Gabin la paralyse. Elle s’interdit d’aimer, d’être aimée, de s’engager et de laisser ses sentiments pour lui s’épanouir au grand jour. Ces barrières dressées autour de son cœur, les remparts qu’elle a érigés pour se protéger, sont le fruit de cette peur profondément ancrée. Cette peur qui lui ordonne de se maintenir à distance, de ne pas se laisser emporter par le désir, ni par les sentiments qu’elle lui porte. De ne pas se risquer à souffrir de nouveau. Pourtant, malgré toutes ses défenses, Stella se tient là, face à lui, vulnérable et sincère, en lutte contre les émotions qu’elle a tant de mal à accepter. Elle sait aussi qu’elle doit lui expliquer les raisons de cette peur, partager avec lui les démons de son passé pour qu’il comprenne l’ampleur de son angoisse. Et dans un murmure, elle lui dit. - J’ai tellement peur de te perdre, comme je l’ai perdu, lui… Son regard se trouble par les larmes, son visage se crispe, ses lèvres tremblent, alors que Stella lutte pour contenir les larmes qui menacent à tout instant de sortir, bien malgré elle...
C’est tout lui. Il fonce, traverse un pays entier d’Est en Ouest sur une simple envie, emmenant au passage dans ses bagages sa jumelle. C’est plus compliqué. Ce n’est pas une envie. Encore moins une lubie qui le traverse et qui est temporaire. C’est bien plus profond, c’est un besoin. D’être à proximité de cette jeune femme. De croiser son regard. De voir un sourire naître sur son visage. De l’effleurer. De la toucher. De lui parler. De rire à ses côtés. Il désire tout faire avec Stella, mais également ne rien faire. Parcourir le monde si c’est ce qu’elle désire, ou juste s’allonger à ses côtés, effleurant son derme du sien, et qu’ils restent là, à regarder les nuages dans le ciel. Ou bien les étoiles. Ses désirs sont simples, il ne demande pas la lune. Juste elle. La prendre dans ses bras. Mais il n’ose pas la toucher Gabin. Son corps reste à distance respectable de la demoiselle même si son esprit semble tenter à le pousser à franchir cette barrière qu’il s’impose. Jeune chevalier des temps modernes qui n’en a pas la carrure. Respectant cette princesse qui fait battre son cœur, sans avoir le désir de l’enfermer dans un donjon. Juste désireux de profiter de la liberté et d’une vie à ses côtés.
Effectivement, elle lui a fait une promesse, dans leurs échanges de messages. Celle de la vérité enfin révélée après deux années. Est-ce réellement important alors qu’elle se tient en face de lui ? Il n’en est plus certain même si cette vérité lui permettrait de comprendre, pour ne pas réitérer la ou les mêmes erreurs. Les mots ne sortent pas du côté de la princesse alors il n’a pas d’autre choix que de l’inviter à parler, quitte à la bousculer un peu, avec toujours une certaine douceur. Les regards sont pourtant accrochés, c’est un début, ils arrivent à se confronter, c’est qu’il n’y a pas tant que cela de culpabilité, ni de reproches. Quand elle évoque tout ce qui prend vie dans sa tête, un mince sourire effleure les lèvres du jeune brun. - Si cela peut te rassurer, ma tête n’est guère mieux, elle pense à la fois en anglais et en français, alors imagine le bordel. Petite phrase pleine de sincérité pour tenter de la détendre. Ce n’est que lui. Celui avec qui elle discute de nouveau depuis un peu plus d’un mois. Discussions naturelles, sans se prendre la tête. Ils en ont dit des choses dans leurs échanges de messages. Comme de se blottir l’un contre l’autre quand ils se verraient de nouveau. Ils se voient, et pourtant, cette petite distance demeure car il n’est pas l’heure. Celle de laisser complètement la barrière pour laisser s’exprimer leurs besoins, mais également leurs envies. Pas sans un minimum d’explications, petit fil conducteur qui ne s’est jamais éteint pour se retrouver.
Petite prise de distance avant que son corps ne le trahisse et se décide à prendre le dessus sur sa tête. Lui se recule, l’invitant à se confier. Il est là, tout de chair et d’os face à elle. Enfin. Moment tant désiré mais également redouté. Il n’est plus temps de se détourner, mais de faire face. Il la laisse respirer mais la belle blonde s’avance du pas qu’il a reculé. Opales qui ne se décrochent pas. Jusqu’à ce qu’une main effleure la sienne, se glisse entre ses doigts. Contact chaud. Contact électrique. Frisson qui traverse son corps, car il ne s’attend pas à ce geste de sa part. Celui qu’il n’a pas osé faire, la toucher. Pourtant, ses doigts se resserrent sur les siens, naturellement. Comme si c’est leur juste place. Il patiente, sans se détourner, tentant de lui envoyer un peu de courage, tentant de le transmettre par le contact de leur main même si ce n’est qu’une illusion. Seconde s’égrenant avant que les mots ne finissent par franchir les lèvres de la princesse. L’idée de le perdre. Jeune chevalier qui ne comprend pas. Visage qui marque l’étonnement face à cette révélation. Il n’a jamais été question de le perdre, c’est même tout le contraire. Ces quelques mois à discuter et rire ensemble, à se rapprocher. Cette nuit passée, c’était le début pour lui et non une fin. Encore moins une crainte. - Il n’était pas question que je te laisse, encore moins après cette nuit-là… Les mots sont murmurés à voix basse. Il ne comprend pas que la peur est plus profonde, ancrée dans un passé qu’il ne connaît pas car elle ne lui en a pas parlé. Il ne sait pas qu’elle l’empêche de respirer quand elle la laisse prendre place. L’incompréhension se lit dans son regard clair, mais également l’encouragement. Elle peut poursuivre, il est prêt à entendre tout ce qu’elle jugera bon de lui dire. Les mots suivants sont prononcés plus faiblement. Il croit les avoir même rêvés mais non, ce sont bien les siens. Comme elle l’a perdu, lui. Qui lui ? Quand ? Comment ? Flopée de questions qui s'emparent de son esprit, pourtant stoppée nette à la vue du regard empli de larmes. Il sait Gabin qu’il ne doit pas, que ce n’est pas raisonnable de sa part. Mais Stella est tellement vulnérable à cet instant, c’est la première fois qu’il la voit ainsi. Il ne connaît pas cette fragilité en elle, pas face à lui en tout cas. Durant ces mois à New-York, elle souriait, plaisantait, le taquinait. Il y avait une certaine joie de vivre, et non cette vulnérabilité qu’il n’a jamais décelé tant elle l’a bien cachée.
Il ne doit pas et pourtant le bras du jeune homme qui tient cette main se tend vers le bas, la tirant vers lui. Il relâche sa main. Il devrait lui demander la permission, seulement il ressent ce besoin, et peut être qu’elle également. Il l’attire avec douceur contre son torse. Quand il sent son contact à travers ses vêtements, sa main relâche la sienne. Ses bras se referment autour de la jeune femme. Ils ont à diverses reprises évoqué le fait de se prendre dans les bras, ne s’attendant pas à cette raison qui les pousse. Le brun la serre tout contre lui, pour la réconforter, mais également pour lui montrer qu’il est présent, juste là, et qu’il ne s’envole pas. Quelques secondes s’écoulent ainsi avant qu’il ne se décide à prendre la parole, sa tête calée contre celle de Stella. - Tu ne me perdras pas ma belle… Je suis là… Raconte-moi ce qui lui est arrivé si tu en as la force… Si c’est trop dur, tu pourras le faire par messages. Ce qui est le plus facile pour toi Stel. Mais je suis là, quoiqu’il arrive, n’aie pas cette crainte.. Il ne peut rien promettre et ne compte pas lui en faire s’il n’est pas capable de les tenir. Elle ne mérite pas cela, pas après cette épreuve qui la paralyse encore dans le présent, qui a créé une peur chez elle au point de disparaître de sa vie. Juste à cause de la crainte de ce qui pourrait arriver sans que cela se produise réellement. Il tente de réaliser, d’imaginer ce qu’il ressent mais il a du mal Gabin. Car il ne laisse jamais la peur le dominer, étant plutôt du genre à l’affronter. Alors, tout ce qu’il peut faire, c’est lui donner ce câlin réconfortant, et tenter de la comprendre, sa belle blonde.
Incapable de se confier, alors qu’elle se montrait si bavarde lors de leur échange par messages. Stella se sent vulnérable, mais aussi soutenue par la présence réconfortante de Gabin. Son sourire rassurant illumine le visage de la jeune femme, et sa tentative de la détendre fonctionne un peu. - L’avantage, c’est que tu peux choisir la langue dans laquelle te perdre, lui confie-t-elle d’une voix légèrement taquine. Elle repense à leurs messages, attendant toujours ses réponses avec impatience, incapable de s’empêcher de sourire en les lisant. Les messages du jeune homme sont une véritable bouffée d’air frais, apportant bonheur et réconfort, dans un quotidien parfois tumultueux. Comme ce soir, face à ses paroles empreintes de douceur et de sincérité. C’est avec cette même honnêteté qu’elle doit lui dire la vérité. Une conversation redoutée, mais inévitable. Ce sera un moment chargé d’émotions contenues et de non-dits longtemps gardés sous clé. Un instant où elle s’ouvrira pleinement et révélera son cœur dans toute sa fragilité.
Stella réduit la distance entre eux avec une détermination à peine dissimulée, effleurant sa main, tandis qu’un frisson parcourt son être. Derrière ce geste en apparence anodin se cachent des désirs enfouis. Leurs doigts se resserrent instinctivement, trouvant leur place naturelle. Malgré la peur qui s’agite en son âme, Gabin lui insuffle le courage de libérer les mots qu’elle a longtemps gardés prisonniers. Cette crainte de le perdre peut sembler paradoxale, surtout après l’avoir quitté ainsi. Pourtant, cette peur est viscérale, enracinée dans les profondeurs de son être et nourrie par les stigmates du passé. Elle lutte contre ses démons intérieurs, combattant la peur qui lui ordonne de rester à distance et de garder ses sentiments enfouis. Se tenant là, devant lui, exposant son âme avec sincérité et vulnérabilité. Lui montrant une nouvelle facette de sa personnalité, bien loin de la blonde souriante et taquine qu’il connaissait à new-york. Elle est désormais cette femme, dont le regard est empli de larmes à l’évocation de cette perte qui l’a profondément marquée.
Le geste de Gabin réveille chez Stella un profond besoin de se blottir dans ses bras, une envie longtemps réprimée qui intensifie ses émotions à chaque seconde. Sans résistance, elle se laisse attirer contre lui, son regard embué de larmes ne quittant pas le sien. Sa main tremblante se pose sur son torse, sentant la chaleur de son corps à travers le tissu et le rythme apaisant de son cœur. Puis, d’un geste naturel, elle enfouit sa tête contre lui, luttant contre les larmes qui menacent de couler. Les émotions refoulées depuis si longtemps ne peuvent plus être ignorées. La peur, la douleur, le chagrin, la culpabilité, le bonheur de l’avoir retrouvé, tout menace de la submerger. Pourtant, dans ses bras, Stella trouve un refuge bienvenu. Les mots doux et réconfortants de Gabin résonnent dans son âme, comme un baume sur son cœur meurtri. Elle sait qu’il est là, prêt à l’écouter et à la soutenir, peu importe ce qui arrivera. C’est dans cette certitude que la jeune femme puise la force et la détermination d’affronter les démons de son passé. Relevant lentement la tête vers lui, elle murmure. - Gabin… C’est si difficile pour moi… Mais je veux que tu comprennes mon passé et la raison de mes peurs qui m’ont poussée à partir. Je ne souhaite pas te le dire par message, ni même me défiler une nouvelle fois… Sa voix, teintée d’une fragilité à peine contenue, tremble légèrement, mais sa volonté est plus forte que le reste. Cette conversation est essentielle, non seulement pour leur relation, mais également pour sa propre guérison.
Avec un pincement au cœur, Stella met doucement fin à leur étreinte, par respect pour Gabin et les sentiments qu’il nourrit à son égard. L’observant avec un regard inquiet, elle redoute de rouvrir ces blessures, plus encore, de lui infliger une nouvelle peine en évoquant son passé. Cependant, cette dernière sait qu’elle n’a pas le choix. Il mérite la vérité. La jeune femme inspire profondément, puis se lance. - Je… J’ai été en couple pendant quatre ans… Murmure-t-elle, luttant contre les souvenirs qui affluent, alors que les larmes perlent sur ses joues. - Jusqu’à cette nuit du onze septembre deux mille vingt où tout a basculé… Son cœur se serre à l’évocation de cette nuit funeste, tandis que leur dernière conversation et le visage de Liam refont surface. Elle n’a jamais évoqué leurs derniers moments, ni parlé de son premier amour, car la douleur était trop vive. L’est encore, malgré les années écoulées et ses efforts pour avancer. - Un accident de voiture… Dit-elle en sentant la colère à l’égard du conducteur l’envahir, avant de marquer une courte pause en détournant son regard. - Un conducteur ivre et drogué… roulant à vive allure… est venu heurter de plein fouet son véhicule… Parvient-elle péniblement à dire, tentant de maîtriser ses émotions, ses mains cherchant à effacer les larmes. - Liam est… Liam est décédé sur le coup… Un silence lourd s’installe alors qu’elle laisse échapper un sanglot.
Stella revit cette nuit tragique qui la hante encore. Car malgré les années, rares sont les fois où elle ne se réveille pas en étant prise de panique et de tristesse. Un fardeau jamais partagé, pas même avec sa famille qui n’a jamais cessé d’être présente pour elle. Sa vulnérabilité mise à nu, elle puise dans son âme un ultime courage pour reprendre le contrôle de ses émotions. - A présent, tu connais mon passé, les raisons de mon départ, de mes peurs… annonce-t-elle avec sincérité avant de se plonger dans le silence, ses bras se croisant contre sa poitrine dans un espoir de se calmer, alors que son regard se perd dans celui du beau brun. Stella sait qu’elle vient de franchir un pas important, qu’elle n’imaginait pas faire, même si l’avenir de leur relation n’en demeure pas moins incertain…