I probably need some advices + ft. Hope

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Sortir enfin de chez elle allait sans doute faire du bien à Danny. Et surtout, confier enfin à quelqu’un ce qu’il s’était passé à cette soirée. Parce que continuer à tourner en boucle les événements dans sa tête en se disant simplement qu’elle était une pauvre idiote ne l’aidait clairement en rien du tout. Et puis, ça faisait aussi un petit bout de temps qu’elle n’avait pas eu l’occasion de voir Hope. Son amie lui manquait, c’était indéniable. Surtout qu’elle n’en avait plus énormément depuis sa mauvaise passe. On pouvait clairement dire que les gens sur qui elle pouvait compter pouvaient être dénombrés sur les doigts d’une seule main. Et évidemment, Hope faisait partie de ces personnes. Elle faisait surtout partie de la part raisonnable de ses amis, celle qui était toujours de bon conseil. Et on pouvait dire qu’elle avait besoin d’elle dans son questionnement existentiel du moment.

La blonde avait donc emporté beaucoup trop de pots de glaces avec elle pour que ce soit raisonnable avant de se rendre chez son amie. De toute façon, il n’était pas question d’être raisonnable aujourd’hui, mais de passer quelques heures entre copines. Et pour Danny, de se décider de ce qu’elle allait finalement faire concernant Gabriel. Parce qu’elle ne pourrait pas constamment l’éviter comme elle était en train de le faire, c’était loin d’être constructif. Surtout s’ils se croisaient à l’extérieur alors qu’elle lui avait dit être malade. De quoi se sentir encore plus idiote qu’elle ne l’était déjà. Au moins, rejoindre Hope chez elle lui retirait cette possibilité.

Danny était finalement arrivé chez les Charpman. Se garant devant la maison, elle prit ses pots de glace dans ses mains avant de se diriger vers la porte d’entrée et de sonner. Hope devait l’attendre, parce qu’elle ne tarda pas à venir lui ouvrir, déclenchant chez la blonde un petit sourire.

« La livraison pots de glace et potins est enfin arrivée ! »

Ouais, elle arrivait encore à plaisanter malgré tout, ce qui était peut-être bon signe. Même si elles n’étaient pas encore entrées dans le vif du sujet. Mais connaissant la curiosité que Hope pouvait avoir, ça ne saurait tarder.icons par xx

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Je suis tout sourire en reposant mon bloc-notes sur mon bureau. Ce n’est ni pour la satisfaction de mes retouches sur mon derniers dessin ni pour le beau soleil visible de la fenêtre de ma chambre, mais pour la future visite de Danny. Que la blonde vienne avec de la glace ne joue pas vraiment sur ma joie, je suis plus salé que sucré. Je suis avant tout ravie de la voir. Notre dernière rencontre physique remonte à bien trop longtemps, nos emplois du temps respectifs ne nous permettant pas de nous rencontrer aussi souvent que nous le voudrions. Et quand j’ai du temps libre, je le consacre la plupart du temps à ma passion. Je m’en veux parfois de plus penser à mes dessins qu’à mon amie. Elle a pourtant de l’importance dans ma vie. Elle est ma confidente. Par peur de la déranger, je ne la contacte jamais pour juste prendre de ses nouvelles. Une mauvaise habitude tenace en dépit de ses rappels récurrents pour me rassurer. Heureusement qu’elle ne m’en tient pas rigueur et qu’elle est plus bavarde que moi. On se complète bien. Quittant ma chambre, je dévale les escaliers pour rejoindre le rez-de-chaussée de la villa. Je me le permets car je suis seule, je ne crains pas de recevoir une remarque de mes parents. Je sors deux verres d’un placard et deux petites cuillères que je place sur un plateau. Le thé glacé fait maison attendra son arrivée pour sortir du réfrigérateur afin de conserver sa fraîcheur. Les couverts déposés, la sonnette retentit. Je m’empresse de rejoindre la porte d’entrée au pas de course, mes pieds nus foulant le carrelage. Le battant ouvert, mes lèvres s’étirent en découvrant la silhouette de l’étudiante, les bras chargés de gourmandises. « Si t’as autant de potins à raconter que tu as ramené de pots de glace, on est pas couchées. » Je ris doucement. Ce n’est pas un problème. Je lui prêterai mon oreille attentive tout le temps qu’elle jugera nécessaire. Quitte à devoir prolonger l’instant en soirée. Davantage aujourd’hui où je n’ai pas à me soucier de mes parents, mon père étant à New York pour la semaine et ma mère ne rentrera certainement pas avant 22h comme le fait depuis quelques jours, en gros rush sur un dossier. Je m’écarte pour la laisser passer. La porte refermée, je prends la direction de la cuisine. « Installe-toi dans le salon j’arrive. » Je récupère la bouteille de thé glacé que je pose sur le plateau. Je reviens vers la blonde. Je libère mes mains en déposant le tout sur ma table basse. J’attrape une petite cuillère et un pot avant de m’asseoir dans un fauteuil face à elle. « Alors ma reine du teasing préférée, qu’as-tu à me révéler ? » En attendant sa réponse, je retire le couvercle de ma glace et commence à m’en régaler. Si je suis plus salé que sucré, j’apprécie le sucre. Surtout quand il s’agit de glace à la vanille avec des noix de pécan. Danny a choisi mon parfum préféré en dehors de melon du glacier artisanal du centre-ville.

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Bizarrement, c’était la première fois que Danny était aussi angoissé de raconter à Hope ce qu’il s’était passé au cours de sa dernière soirée. Sans doute parce qu’elle n’arrivait pas elle-même à vraiment comprendre tout ce que cela allait entraîner. Et qu’elle évitait aussi Gabriel depuis plusieurs jours à cause de ça. Si sa relation avec sa mère se passait un peu mieux, elle lui aurait sans doute déjà demandé conseil d’ailleurs. Mais ça n’était pas le cas. Et la blonde ne pouvait pas rester autant de temps dans le silence. Surtout avec Hope, qui avait l’habitude d’entendre ses déboires depuis qu’elles étaient devenues amies. Ça la démangeait depuis le weekend dernier de tout lui raconter, et heureusement qu’elle était disponible, parce que ça aurait été compliqué pour Danny de tenir encore plus longtemps. Ou de vider tous les pots de glace qu’elle avait ramenés. Elle avait cette tendance à manger quand elle n’était pas au top de sa forme. Le plus souvent devant un film qu’elle adorait et qu’elle avait déjà vu mille fois. Mais avec une copine, c’était encore mieux.

« Pas autant, mais va falloir que tu m’aides. Alors on est peut-être quand même pas couchées. »

C’était bien la première fois que Danny se retrouvait dans une panade pareille, vraiment. Et ça ne concernait pas les pots de glace, vu qu’une fois arrivée dans le salon, elle n’avait pas tardé à tous les poser sur la table. Non, le problème était bien qu’elle était allée trop loin avec son meilleur ami pour que tout redevienne comme avant, et qu’elle était carrément en train de paniquer intérieurement parce qu’elle ne savait pas quoi faire. Elle se demandait d’ailleurs si ça se voyait à sa tête. Danny n’était pas forcément une experte de base pour cacher ses émotions, même si elle essayait toujours de le faire. Son besoin de préserver ses proches prenait sans doute beaucoup trop le dessus parfois. Enfin, elle venait tout juste de s’installer en tailleur sur le canapé quand Hope était arrivée dans le salon. Elle avait elle aussi attrapée une cuillère et l’un des pots de glace pour pouvoir commencer cette conversation potins dans les règles de l’art.

« Et bien, tu sais que je suis allée à cette soirée avec Gabriel samedi soir? »

Peut-être qu’elle tournait un peu autour du pot. Ce qui pouvait paraître très drôle alors qu’elle était littéralement en train de maltraiter sa glace avec sa cuillère sans avoir encore commencé à la manger.

« Il se pourrait… qu’il se soit passé un truc entre nous. Du genre… Enfin tu sais que c’est mon meilleur ami mais… On a peut-être bu un peu trop et c’est possible que… qu’on se soit embrassés. »

C’était bizarre de le dire à voix haute. Tellement bizarre que Danny s’était perdue dans la contemplation de son pot de glace dont elle s’était déjà enfilée trois cuillères à la suite. Elle était nerveuse parce qu’elle ne savait pas comment Hope allait réagir à cette information. Ni même les questions qu’elle allait lui poser pour avoir plus de détails. Elle craignait en réalité de ne pas avoir de réponses à certaines de ses questions, étant donné qu’elle-même s’en posait beaucoup.icons par xx

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Ce n’est pas la première fois que Danny vient à la maison pour partager des glaces en ma compagnie. Par contre, c’est la première fois que je la sens tendue. D’habitude, elle est plus solaire, plus souriante. Et face à sa remarque, je pressens qu’elle a pas mal de choses à me dire. Je ne tombe pas pour autant dans le défaitisme. Ses confidences ne sont pas forcément destinées à être mauvaises même si son état laisse présager qu’elles ne sont pas excellentes non plus. « On peut enchainer sur une soirée pyjama au besoin. » Mes lèvres s’étirent. Je tente de la détendre. Dans l’absolu, on peut réellement ce faire ce genre de soirée si elle le souhaite. Peu m’importe que ce ne soit pas de mon âge. Je suis disposée à faire tout ce qui est nécessaire pour lui redonner sa luminosité. Loin d’être la personne la plus douée dans les relations humaines en général, j’ai du talent en ce qui concerne la blonde. Je ne saurai expliquer pourquoi le courant passe aussi bien entre nous. Je n’ai pas besoin de l’expliquer, juste d’en profiter. Autant que je profite de ma glace en attendant qu’elle éclaire ma lanterne. J’hoche positivement la tête à sa question. J’étais invitée à cette soirée. J’ai refusé d’y aller, prétextant un diner de famille, n’appréciant pas ces moments festifs avec du monde où l’alcool coule à flot. J’ai préféré passer mon samedi soir à retravailler mes dessins, seule dans ma chambre. Une différence notable d’état d’esprit entre nous qui interroge davantage mon entente avec Danny. Tant de choses nous opposent sur le papier. Notre amour des glaces nous unit bien qu’elle se montre moins gourmande que d’habitude. Je calme mes coups de cuillère pour l’écouter, la regardant de mes opales empathiques. Je la lâche carrément à sa révélation. Enfin, à sa demi-révélation. Mais dans ce il est possible que, j’ai parfaitement compris que ça avait eu lieu. Je repasse ses paroles dans ma tête pour m’assurer avoir bien entendu. A son attitude, j’en ai la confirmation. « Oh… » Tel est le premier mot que je prononce. Je ne suis pas spécialement surprise en réalité. A force de me parler de son meilleur ami, j’avais lu entre ses lignes qu’elle éprouvait un truc à son égard au-delà de l’amitié. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle se lance. De là à imaginer un baiser, non. Je m’attendais plus à une déclaration orale. Maintenant, j’ignore lequel des deux a été à l’initiative de ce baiser. Je pourrai une énième fois la mettre en garde sur les dangers de l’alcool et me servir de cet exemple pour lui faire la morale. Ce n’est clairement pas le moment. « Tu sais, depuis quelques temps, je sentais que ça allait arriver. » Il suffit de les observer quand les deux sont à proximité l’un de l’autre. Il est évident qu’ils se plaisent. « Embrassés genre un bisou tout doux ou un truc plus langoureux ? » Quelle question idiote. Cela se voit que je suis inexpérimentée dans les relations sentimentales. Si Danny me raconte cet événement, ce n’est pas parce qu’elle a échangé un chaste baiser avec Gabriel. « Et vous en avez reparlé depuis ? Il en pense quoi lui ? Et surtout, tu en penses quoi, toi ? » C’est elle qui m’intéresse. Elle n’a pas l’air en grande forme. Elle est chamboulée. Exactement comme je l’étais après avoir embrassée Alexis. Les émotions c’est nul.
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Est-ce qu’elles allaient avoir besoin d’une soirée pyjama? Disons que cette possibilité n’était pas à écarter. C’était sans doute la première fois que Danny se retrouvait dans un état pareil. En même temps, ce qui s’était passé à cette soirée remettait absolument tout en question. C’était un chamboulement qui avait de quoi l’angoisser et lui faire se poser tout un tas de questions. Plus les minutes passaient, plus elle s’était demandé comment elle allait pouvoir raconter ce qu’il s’était passé à Hope. Et quand le moment était arrivé… Oui, elle avait légèrement tourné autour du pot. Surtout parce qu’elle cherchait ses mots, à vrai dire. Et aussi parce qu’elle en était encore totalement confuse et qu’elle se posait elle-même beaucoup trop de questions à ce sujet. Et une fois la bombe lâchée… Et bien, l’angoisse de Danny n’était pas tout à fait retombée. Elle était soulagée d’avoir enfin commencé à se confier là-dessus mais… L’attente était horrible. Et la réponse de Hope, elle doit bien dire qu’elle ne s’y attendait pas.

« Comment ça, tu sentais que ça allait arriver? »

Parce que elle de son côté, clairement, elle ne l’avait pas vu venir. Aucun panneau de signalisation, aucune affiche publicitaire, rien ne l’avait fait envisager que ça allait se produire. Ça lui était tombé dessus d’un seul coup, et c’était pour ça qu’elle se sentait aussi paumée. Aussi pour ça qu’elle avait si peur. Ce baiser pouvait tout changer, autant dans le bon sens que dans le mauvais. Le bon était de loin son meilleur rêve, mais le mauvais était son pire cauchemar.

« C’était… Plutôt chaud. Du genre… Si c’est pas aller plus loin c’est parce qu’on était pas enfermés seuls dans une pièce. »

Elle lui passait les détails, mais ça donnait à Hope une idée assez précise de ce qu’il s’était passé. Oui, ce baiser avait été langoureux, passionné. Tellement que Danny pouvait encore sentir la sensation de ses lèvres contre les siennes. Elle n’avait rien oublié de cet instant. Elle se souvenait de chaque détail, de chaque sensation, de chaque sentiment qu’elle avait ressenti. Et clairement, jamais elle ne pourrait oublier ça.

« C’est possible que… Je l’évite, depuis. Justement parce que je sais pas quoi en penser et… J’ai la trouille. Je suis terrifiée parce que je veux pas… Je peux pas le perdre, tu vois? »

Sa peur s’entendait d’ailleurs dans sa voix. Quand elle disait qu’elle était terrifiée, ce n’était pas un euphémisme, c’était la réalité. Gabriel avait toujours été là, dans les meilleurs comme dans les pires moments. Si elle le perdait, cette fois elle allait vraiment se retrouver au fond du trou. Et si elle l’évitait depuis cette soirée-là, c’était justement parce qu’elle avait peur de ça.icons par xx

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Danny joue l’ignorante. En fait, je pense plutôt qu’elle est sincère et qu’elle n’a vraiment rien vu venir. Pour la simple et bonne raison que l’amour rend aveugle. Si je ne lui en ai pas parlé, c’est juste pour ne pas l’entrainer sur le terrain de nos vies sentimentales. En dépit de notre amitié et de la confiance que je lui porte, ce sujet reste relativement tabou pour moi. La faute au refoulement de qui je suis, à mes peurs. Le jour où je serai prête à assumer mon attirance de la gent féminine, elle en sera la première informée par contre. « A vos façons de vous regarder, de toujours essayer d’être l’un à côté de l’autre, à ta façon de rire à chacune de ses blagues pourries. » Alors qu’elle ne rit pas aux miennes. Je ne suis en rien jalouse. J’ai conscience de ne pas avoir un humour très développé. L’humour n’a pas trop sa place chez les Charpman. Je ne souligne que des faits. Je ne me base pas sur des impressions. J’ai cependant l’impression qu’elle n’a pas envie de rire de sa situation. Pourtant, à l’écouter, le baiser a été plaisant. Il ne peut en être autrement s’il a insufflé des envies plus lubriques. « C’est peut-être pas plus mal ça. » Quand je la vois dans cet état pour un baiser, je n’ose imaginer ce qu’il en serait si elle avait couché avec son meilleur ami. Sûrement qu’elle se poserait davantage de questions, qu’elle aurait des regrets. Là, il est encore temps de prendre du recul sur leur relation, de la redéfinir. Il est évident qu’elle ne peut plus être qualifiée de simple amitié désormais. Je ne peux la définir à sa place, à leurs places. Dans l’absolu je ne peux pas réellement l’aider en soi. Mais il va de soi que je ne peux pas l’abandonner à son sort non plus. Je dépose mon pot de glace sur la table basse, décidée à me concentrer et à élaborer un plan d’action pour la sortir de ce mauvais pas. « T’as peur d’avoir merdée et d’avoir gâchée votre amitié. » De ma maigre expérience, mêler des sentiments à une amitié est risquée. Soit elle mue en amour, soit elle se brise. Dans tous les cas, elle ne reste jamais identique. « Après, oublie pas que vous étiez deux. Et de ce que j’ai compris, il a pas essayé de te repousser non plus. Il était consentant. » Bien que j’admette que l’alcool n’est pas l’ami du consentement. Je préfère ne pas lui préciser, ce serait un coup à l’enfoncer dans ses doutes. « L’éviter est pas solution si tu veux mon avis. Il faut que vous posiez les choses à plat, fassiez le point. » Facile à dire, plus compliqué à faire. Vivre dans l’ignorance évite les éventuelles déceptions même si cela évite aussi les éventuelles joies. « Tu veux que j’aille lui parler ? » Passer par un intermédiaire peut aider, initier une conversation, avant de leur passer le relai et de les laisser s’expliquer entre eux.
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Bon, d’accord. Vu comme ça, Danny voulait bien admettre que l’attirance qu’elle avait pour son meilleur ami n’était pas si discrète que ça. Même si elle ne s’était pas forcément rendue compte de ces petites choses. C’était tellement habituel pour elle d’aller s’asseoir automatiquement à côté de lui ou de le regarder comme s’il était la huitième merveille du monde. Ça faisait dix ans maintenant qu’ils fonctionnaient comme ça, et ça n’était jamais allé plus loin pour autant. Du moins jusqu’à maintenant. Mais là encore, Danny était éprise de doutes qu’elle n’arrivait pas à se retirer de la tête. Parce que toutes ces petites choses qu’ils partageaient tous les deux, elle ne voulait pas les perdre.

« Pour ma défense, j’ai pratiquement été élevée avec ses blagues pourries. »

Oui, elle essayait de dédramatiser avec sa propre pointe d’humour, mais Danny entendait tout de même ce que Hope essayait de lui dire. Il y avait eu des signes, qu’elle n’avait pas vu, certes, mais ils n’étaient pas passés inaperçus à certaines personnes. Et si Hope avait pu les voir, ce n’était sans doute pas la seule. Enfin, Danny savait que son père les avait repéré lui aussi. Sinon il ne lui aurait pas fait faire cette promesse de tout avouer à Gabriel avant de partir. Et là, elle était en train de détruire cette promesse en mille morceaux, juste parce qu’elle avait la trouille.

« Tu crois? Parce que je peux pas m’empêcher de me dire que le fait qu’on était tous les deux arrachés a peut-être… Biaisé le moment, tu vois? Même si d’un côté, ça aurait sans doute été pire si on avait couché ensemble… »

Même si Gabriel l’avait embrassé deux fois, et qu’il y aurait peut-être eu une troisième fois si la fête n’avait pas été interrompue. Enfin, ça elle ne pourrait jamais le savoir. Et c’était justement cette interruption qui la mettait face à ses doutes et à ses peurs. Qui faisait qu’elle évitait Gabriel depuis ce soir-là. Comme Hope venait si bien de le dire, justement parce qu’elle avait peur d’avoir merdée et que leur amitié vole en éclats. Danny avait d’ailleurs hocher la tête à ce petit commentaire, même si elle n’était pas certaine que son amie en attendait une réponse.

« Ouais, vu qu’il a engagé le deuxième baiser langoureux, je pense qu’il l’était. »

Comme quoi, cette conversation allait sans aucun doute lui être d’une grande aide. En réalité, les paroles d’Hope étaient en train de faire leur petit bout de chemin dans l’esprit de Danny. Elle avait raison, il ne l’avait pas repoussé, il ne lui avait pas dit non. Ça voulait forcément dire quelque chose. Et peut-être bien une bonne chose aux vues de ses propres sentiments. Elle avait également raison dans le fait que l’éviter n’était pas non plus une bonne idée. Si elle voulait être fixée sur ce qu’il s’était passé et sur ce que ça signifiait pour lui, elle devait lui parler.

« Non, je dois le faire moi. Enfin, toute seule. Je le connais, il va se braquer et se faire des films pas possible. »

Ce qu’il était d’ailleurs sans doute déjà en train de faire, le pauvre, vu qu’elle l’évitait. Voilà qu’elle commençait à culpabiliser maintenant. Parce qu’elle savait qu’il devait être approximativement dans le même état qu’elle.

« S’il te plaît, rappelle-moi de plus jamais être aussi conne, pitié. »

Pas qu’elle se disait que ce genre de situation pouvait se reproduire, elle ne l’espérait pas d’ailleurs. Si elle tentait le coup avec Gabriel, elle espérait que ce serait pour de bon. Parce qu’il y avait aussi ce risque, que ça ne fonctionne pas. Sauf que si elle ne le tentait pas, elle était sûre de le perdre définitivement. Et ça, elle ne pouvait pas s’y résoudre.icons par xx

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Danny cherche à se défendre, à se justifier face à son attitude. Il est certain que leur amitié de longue date joue un rôle dans leur complicité, mais c’est insuffisant pour l’expliquer. On ne regarde pas ses ami.e.s avec cette lueur dans les yeux, on ne fusille pas du regard les filles qui s’approchent de son meilleur ami, on ne jalouse pas les autres filles, quand on ne ressent que de l’amitié. Danny aime Gabriel. Elle le refoule. Elle préfère certainement cela au risque de le faire fuir en cas de non réciprocité. Et elle en souffre en dépit des sourires affichés en compagnie du brun. Je ne suis pas là pour la juger. Je ne suis guère mieux. A refouler mon attirance de la gent féminine, je me prive. Chacune à notre façon, nous nous torturons. Danny est sur le point de sortir de sa torture. Enfin, tout dépend du résultat final. Elle sera bientôt fixée. Et je lui souhaite une issue positive. Sinon, je serai là pour la relever. « C’est clair que les conditions étaient pas optis. Mais si c’était juste ça, vous en auriez reparlé et sans doute dit un truc du genre on était bourrés, on oublie. Et c’est pas le cas. » Du moins pour Danny. J’ignore ce qu’il en est de Gabriel. Si la blonde ne l’a recontacté, le brun ne l’a pas fait non plus. A être également dans le silence signifie probablement qu’il est en plein questionnement. J’hoche doucement la tête à sa remarque. Oui, ça aurait été pire s’ils avaient couché ensemble. Mon cerveau ne peut s’empêcher divers scenarii catastrophes comme le fait qu’elle ait attrapée une infection sexuellement transmissible ou qu’elle soit tombée enceinte. Car dans leurs états, je doute qu’ils auraient pensé à avoir un rapport protégé. A ce niveau, tout n’a pas été merdé. Elle peut remercier les personnes qui sont intervenues même si elle les a sûrement maudites au moment de leur intervention. Devant son anecdote, j’en déduis que Gabriel partageait cette envie. Un autre signe témoignant de leurs sentiments. Le cas échéant, sans forcément la repousser, il ne l’aurait pas embrassée en retour. A tous les coups, il n’attendait que ça pour se lancer, un signal fort, un feu vert. Pourtant, maintenant, tout semble au rouge, à l’arrêt. La prise de recul ne leur est pas bénéfique. Et au lieu de discuter de leur situation, de la clarifier, le flou règne en maître. L’abcès doit être crevé. Malgré mon habilité dans les relations humaines, je me propose de le faire pour Danny. Ce qu’elle réfute sur le champ. Un refus qui entraine une prise de conscience de sa part, qu’elle doit agir et ne plus se terrer dans son mutisme. « Le plus vite sera le mieux. J’en connais une autre qui se fait des films pas possibles. » Sous-entendu : toi. Ce n’est en rien un reproche. Je ne souhaite que la libérer de ce pétrin. J’ai envie de retrouver ma lumineuse amie, celle qui a provoqué un coup de foudre amical dès notre première rencontre, et non cette espèce de coquille vide terne. Et avant ma pensée égoïste, je le veux avant tout pour elle. Je souris à sa demande. Elle parait reprendre des couleurs. « On dit pas conne, on dit amoureuse. » J’ose mettre des mots sur ses non-dits. C’est ce qu’elle est en dépit de ses dissimulations. Il est peut-être nécessaire de l'entendre de vive voix de la part d'un tiers pour le constater. « Je te rappellerai pas de plus l’être car c’est beau. Par contre, compte sur moi pour te rappeler de l’appeler ou d’aller le voir tous les jours jusqu’à ce que tu le fasses. » Et là, je ne plaisante pas. Je vais la harceler au besoin. Un harcèlement gentil, pour son bien.
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Au final, quand on regardait la situation d’un point de vue extérieur comme pouvait le faire Hope, tout était simple. Danny se rendait bien compte en discutant avec son amie qu’elle avait elle-même rendu la situation compliquée sans le vouloir. Mais c’était le ba-ba des sentiments, non? Toujours tout compliqué alors que le problème aurait pu être réglé en quelques secondes. Et surtout en quelques mots. En une conversation simple avec des termes simples. Enfin, en partant du principe que Gabriel partageait ses sentiments, bien évidemment. Là était la partie la plus compliquée du problème au final, et celle qui lui faisait le plus peur aussi. Son pot de glace était très clairement en train de prendre cher à cause de ça.

« Ouais… Et à ton avis… En toute objectivité, est-ce que tu crois que je vais me prendre le râteau du siècle, ou pas? »

Un avis extérieur là-dessus ne pourrait probablement pas lui faire de mal. Même si Hope ne savait pas non plus ce qu’il pouvait se passer dans la tête de Gabriel actuellement. Il n’y avait qu’elle qui pouvait réellement éclaircir ce point en allant lui parler. Même si ça aurait été facile d’envoyer Hope en repérage, mais Danny était presque certaine que c’était une mauvaise idée. Gaby avait déjà du mal à se confier habituellement, là ce serait sans doute encore pire. Et elle n’avait aucune envie d’empirer la situation. Bien au contraire, elle voulait que tout s’arrange. Sans que ça redevienne comme avant, évidemment. Les choses allaient sans aucun doute changer.

« Moi? Non, voyons, ça tourne pas du tout en boucle dans ma tête non stop, je vois pas de quoi tu parles. »

C’était ironique, bien entendu. Evidemment que ça tournait en boucle dans sa tête et qu’elle devait ressembler à rien, actuellement. Ça faisait même quelques jours qu’elle ne prenait même plus la peine de mettre des bijoux, ce qui était une preuve irréfutable de son mal être. En plus du fait qu’elle évitait encore plus sa mère pour qu’elle ne se mette pas à lui poser des questions. Danny n’avait jamais su mentir, et ce n’était clairement pas maintenant que ça allait commencer.

« Bordel, t’as raison. Je suis tombée amoureuse de mon meilleur ami. »

Ça lui faisait bizarre de le dire à haute voix. En fait, ça l’avait même légèrement fait rire avant qu’elle ne s’enfile une nouvelle cuillère de glace. Oui, elle était complètement et totalement amoureuse de Gabriel. Elle l’avait d’ailleurs certainement toujours été.

« Bref, je vais pas monopoliser toute la conversation avec mes problèmes. T’as certainement des trucs à me raconter toi aussi, non? Je suis toute ouïe. »

Même si Danny s’était déplacée pour ça à la base, elle ne voulait pas non plus ennuyer Hope trop longtemps. C’était habituel qu’elles se confient l’une à l’autre, mais là elle avait un peu l’impression de passer ses problèmes au-dessus de tout, et ce n’était pas ce qu’elle voulait. Disons plutôt qu’elle culpabilisait un peu d’agir de cette façon.icons par xx

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C’est assez paradoxal que Danny me demande des conseils sur sa vie sentimentale sachant que la mienne est inexistante. Je n’ai aucune expérience dans le domaine. Je ne sais même pas ce qu’est flirter. Jamais je n’ai fait le premier pas vers quelqu’un. Je suis trop timide. Je suis surtout dans le déni de ce que je suis. Si l’écouter est facile, lui donne mon avis est compliqué. Je ne veux pas lui vendre du rêve et je ne veux pas la blesser non plus. Je marche sur des œufs. « Après la pelle échangée, recevoir un râteau serait étonnant. » Je dégaine l’humour. Je crois tout de même sincèrement à leur belle histoire en approche. Certainement à cause de mon côté romantique. Deux meilleurs amis qui deviennent un couple, se marient et ont beaucoup d’enfants. Un scénario digne d’un conte. Évidemment, ils sont loin d’en être là. Je me fais un film toute seule. « Plus sérieusement, je crois pas que tu vas te manger un râteau. Si j’ai parlé de ton attitude, lui aussi a envoyé des signaux. » Qu’elle n’a évidemment pas vu. J’aurais pu lui en parler. Ce terrain m’angoisse tellement que j’ai préféré me taire. Pour aujourd’hui la voir dans mon salon, rongée par le doute. Comprenant mon allusion, je me contente de lui répliquer un sourire entendu. Nul besoin d’en rajouter une couche. Elle en a suffisamment sur le dos tant qu’elle n’aura pas repris contact avec Gabriel. Il n’y a que lui pour la débarrasser du poids de ses épaules, pour l’éclairer. Les autres ne peuvent que supposer. Par contre, je suis certaine qu’elle est amoureuse en dépit de mon inexpérience. C’est l’unique chose capable d’expliquer la lueur de ses yeux, le miel dans sa voix, quand elle parle de Gabriel. Elle ne tente pas de nier, de se le cacher. Elle accepte la vérité sans sourciller. Un pas énorme qui l’aidera à avancer, à le contacter. De là à lui révéler, rien n’est moins sûr. Il est plus facile de le faire à une tierce personne que la personne concernée. La situation démêlée, je reprends mon pot de glace. J‘ai bien mérité une récompense. Ce n’est pas pour autant que je le savoure. Ma cuillère à peine arrivée ma bouche, je la repose. Je craignais ce moment, qu’elle m’envoie la réciproque. « Euh non… Rien de spécial… » A ma manière de me refermer sur moi-même et au tendre rose qui colore mes joues, Danny devrait aisément comprendre que je mens. Il va de soi que j’ai des trucs à lui raconter, le truc. J’ai tout fait pour retarder l’échéance, pour me protéger de mes tourments. Il est temps de m’en libérer en partie. « Ok, y a bien un truc… » Je prends une grande inspiration, réunis mon courage, puis me lance. « J’ai revu Alexis récemment. J’ai été lui présentée mes excuses pour avoir été un fantôme. On a passé un bout de la soirée ensemble à discuter. Je l’ai emmenée sur la plage, dans le coin où j’adore dessiner. Et j’ai fini par l’embrasser… » Le pourpre envahit mes joues. Mon regard se baisse et détaille mes genoux. Je n’en reviens toujours pas de lui avoir volé un baiser. Le pire c’est que j’ai aimé ça. Sans ma raison et mon refoulement, probablement que la chasteté aurait laissé place à du langoureux.
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Même après tout ce temps, après toutes ces choses échangées avec Gabriel - et en particulier ce baiser - Danny avait encore besoin d’être rassuré. Malgré tout, elle avait encore cette crainte du rejet. Sans doute fondée sur rien, c’est vrai, mais elle était tout de même présente. Et c’était probablement dû au fait que son meilleur ami n’avait jamais rien tenté alors qu’ils étaient amis depuis bien longtemps. Puis, elle n’avait pas spécialement remarqué les signaux qu’il pouvait envoyer non plus. Le déni avait bon dos dans ces cas-là. Bien sûr qu’elle n’était pas insensible à la façon qu’il avait de la regarder, à la complicité qu’ils pouvaient partager, ou encore aux petites attentions qu’il pouvait avoir à son égard. Mais elle avait sans doute ancré cela dans une routine en se convaincant qu’il n’y aurait jamais plus. Et se dire que tout cela allait bientôt changer - pour le meilleur comme pour le pire - avait tout de même quelque chose d’angoissant.

« Sans doute, oui. Je pense que j’étais tellement dans le déni que j’ai rien vu. »

Au moins maintenant elle s’en rendait compte, c’était déjà ça. Il lui avait fallu du temps, mais Danny commençait à mettre de la lumière sur certaines choses. Et cette conversation lui avait clairement fait du bien. Même si tout n’était pas encore arrangé, elle se sentait mieux que quelques minutes plus tôt, quand elle était arrivée chez Hope. Cette dernière ne s’en rendait sans doute pas compte, mais elle lui avait été d’une grande aide à cet instant. Et la blonde voulait lui rendre la pareille. Ou du moins, l’écouter si elle avait besoin de lui confier quelque chose. C’était pour cela qu’elle lui avait posé la question. Et quand Hope lui répondit qu’il n’y avait rien de spécial… Et bien, ça lui avait fait hausser un sourcil. Parce qu’elle voyait bien qu’il y avait quelque chose. Son attitude empestait qu’il s’était passé un truc.

« Et avec la vérité ça donne quoi? »

Bien sûr, elle ne la forçait pas à se confier si elle n’en avait pas envie. Mais Danny doit bien avouer que son amie avait attiser sa curiosité. Et elle n’était clairement pas déçue de ce qu’elle était en train d’entendre. Un grand sourire s’était affiché sur ses lèvres. Bien sûr, elle avait déjà entendu parler d’Alexis. Elle n’avait pas encore eu le plaisir de la rencontrer, mais Hope lui en avait dit beaucoup sur elle. Beaucoup trop pour que cela se résigne à une simple amitié, si on lui demandait son avis. Si Danny avait été dans le déni pendant longtemps, on pouvait dire qu’Hope n’était pas bien loin dans la file d’attente non plus.

« Embrasser, le petit bisou ou quelque chose de plus langoureux? »

C’était de bonne guerre. Et surtout pour la taquiner un peu, bien évidemment.

« Plus sérieusement, c’est génial, non? Je veux dire… Alexis est quand même super canon et sacrément sympa de ce que tu m’en as dit. Pas ma came, mais si c’est la tienne t’as bien fait de foncer. Je suis contente pour toi ! »

Son sourire n’avait d’ailleurs pas quitté son visage. C’était aussi un peu sa façon de rassurer son amie. Elle ignorait jusqu’alors qu’Hope était attirée par les femmes, même si elle avait déjà eu des petits doutes. Mais n’ayant aucune intention de la brusquer ou de mal faire les choses, elle avait gardé ses doutes pour elle. En tout cas, Danny serait sans doute la dernière personne à la juger là-dessus. Ça lui importait peu qui Hope pouvait bien aimer, tant qu’elle était heureuse.icons par xx

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L’amour rend aveugle et elle n’a rien vu. Enfin, maintenant elle voit. Elle a dit adieu à la cécité. Elle va pouvoir vivre pleinement. Sous réserve que Gabriel partage ses sentiments bien sûr. Je ne m’en fais pas à ce sujet. Le déni. Voilà bien quelque chose dans lequel je suis également. Moi aussi je refuse de voir la vérité en face. Je n’ai pas des années d’amitié avec Alexis pour justifier mon attitude. Tout ce que je fais à son égard n’est pas routinier. Elle me fait sortir de ma zone de confort. Elle m’attire vers un monde différent, éloigné de celui où j’ai grandi. Il n’est pas forcément plus dangereux. Il est même plutôt plaisant. Cependant, je m’interdis d’en profiter, retenue par mon éducation et les pensées de mes parents. Ça me pèse de plus en plus. Et si je n’avais pas prévu d’en parler, mon cœur en a décidé autrement. Danny est déjà au courant de cette relation. Il va de soi qu’elle ne sait rien de mon attirance envers la gent féminine. Peut-être qu’elle s’en doute un peu. A force de ne jamais lui vanter la beauté d’un garçon croisé ou d’être mal à l’aise dès que l’un m’approche et tente de me draguer ou encore le fait de m’avoir toujours vue célibataire sans même évoquer la moindre aventure, il y a des chances qu’elle ait compris. En tous cas, désormais, avec ma révélation, je lui apporte des éclaircissements. Surtout que je n’étais pas en état d’ébriété lors de ce baiser. J’étais parfaitement lucide. C’est presque plus terrifiant. « C’était un baiser tout doux. » Mon audace a ses limites. Mes peurs ont rapidement repris le dessus. Je n’ai pas su me laisser totalement envahir par l’euphorie du moment, être moi-même. Cette petite voix intérieure m’empêche de me libérer. L’enthousiasme de mon amie me redonne des couleurs. Elle ne me juge pas ne me renie pas. Je n'en suis pas étonné étant donné sa tolérance. Elle se réjouit même pour moi. Elle est d’ailleurs plus heureuse pour moi que je ne le suis, le comble. « C’était génial oui, mais ça me fait peur… » Je marque une pause, replie mes jambes et les encercle de mes bras, m’offrant une bulle sécuritaire. Pourtant, je n’ai pas fini de me confier et je ne cherche pas à me protéger de Danny. J’ai décidé de vider mon sac, quitte à paraître ridicule par moment. « C’était la première fois que j’embrassais quelqu’un… Et ce quelqu’un est une femme. Une femme canon et sympa, mais une femme. Si j’en crois mes parents, c’est contre nature, c’est mal… Je suis perdue, Danny. Je veux pas blesser mes parents, mais je veux pas non plus blesser Alexis. Je me sens si bien à ses côtés... » Je revis en accéléré nos instants ensemble, de l’initial au dernier en date. Je visualise son visage angélique, sa blondeur, ses courbes harmonieuses, son tendre sourire, la chaleur de sa main, le goût de ses lèvres. Mon palpitant pulse dans ma poitrine à ces souvenirs. Lui n’a pas peur. Au contraire, il est assuré. Il sait ce qu’il désire. Il a déjà gravé Alexis à la force de ses sentiments sur ses parois. Mon cerveau ne l’écoute pas. Du moins, il ne veut pas l’écouter. Jusqu’à quand ? Jusqu’à quand il va accepter de se torturer de la sorte ?
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Même si Danny avait plus d’une relation amoureuse dans sa poche, elle n’avait jamais jugé Hope sur sa propre manière de gérer cette partie de sa vie. Après tout, chaque personne évoluait à son rythme, découvrait les choses de la vie quand elle se sentait vraiment prête. En fait, aux yeux de la jolie blonde, il ne devrait même pas y avoir de normes pour ces choses-là. Surtout quand il s’agissait de l’intimité et des sentiments. Déjà parce que les sentiments ne se contrôlaient pas - et elle était bien placée pour le savoir - mais aussi parce que l’intimité avait cette vocation de justement être très personnelle. Ce n’était pas les autres qui vivaient ces choses, donc ils n’étaient pas aptes à les juger. Dans le cadre où tout restait légal, bien évidemment. Elle ne parlait pas ici des formes d’intimités déviantes. Et par déviantes, elle entendait celles qui faisaient souffrir autrui. Ne fais jamais aux autres ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse. C’était une chose qu’elle essayait un maximum d’appliquer.

« C’est mignon. »

Ça lui rappelait un peu ses débuts dans les méandres amoureux quand elle était encore adolescente. Cette phase de découverte légèrement angoissante mais à la fois excitante. Ce n’était pas toujours évident de sauter le pas, et bien entendu qu’on se posait tout un tas de questions une fois que c’était fait. Il n’y avait pas vraiment de mode d’emploi pour l’amour, ni vraiment pour la sexualité au final. Tout se faisait au ressenti, au fur et à mesure des expériences qu’on pouvait vivre, les bonnes comme les mauvaises. Et si Hope avait besoin d’un soutien, d’un guide à travers tout cela, Danny se ferait un plaisir de l’aider autant qu’elle le pouvait.

« Si tu veux mon avis, tes parents ont oublié qu’on a changé de siècle et qu’on peut aimer qui on veut, y a rien de mal là-dedans. »

Cette phrase était peut-être un peu trop directe, mais elle était emplie de vérités. Danny avait un peu de mal à supporter ce manque de tolérance de la part des autres. Même si elle n’était pas concernée parce qu’elle n’avait jamais eu aucun doute sur son orientation sexuelle, et qu’elle ne se doutait sans doute pas vraiment de ce que Hope était en train de traverser. Mais si elle pouvait lui donner la force d’affronter tout ça et de s’assumer telle qu’elle était, elle le ferait.

« C’est pas aux autres de te dire ce que tu dois ressentir, ni à être blessé parce que tu aimes cette personne et pas une autre. C’est toi qui ressent ces sentiments, c’est toi qui vit avec. T’as de comptes à rendre à personne en dehors de toi-même. »

Elle lui dirait bien d’envoyer bouler ses parents et de partir, mais Hope n’avait pas le même tempérament qu’elle. Danny était un vrai chien de garde qui aboyait très fort quand quelque chose ne lui convenait pas. Mais ce n’était pas pour autant que son amie n’avait pas à se battre pour montrer qui elle était vraiment. Parce que dans le fond, c’était le plus important.icons par xx

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Si je n’avais pas prévu de me livrer sur ma dernière rencontre avec Alexis aujourd’hui, j’en suis ravie. Je me libère d’une partie du poids qui pèse sur mes épaules. J’en avais besoin. Cela se remarque à ma façon de m’être dévoilée si rapidement, sans que Danny n’ait besoin de me tirer les vers du nez. Pourtant, je suis très secrète sur ma vie sentimentale. Il est difficile d’obtenir des informations à ce sujet. Avant, c’était surtout pour le calme plat qui y régnait. Mais depuis qu’Alexis est entrée dans ma vie, mes émotions s’agitent de plus en plus. J’en à la fois envie de foncer dans cette aventure nouvelle qui s’ouvre à moi et à la fois je suis bloquée dans les principes de mon éducation et mes peurs. Je ne veux pas choisir entre celle qui fait battre mon cœur et mes parents. A naviguer entre deux eaux, Alexis pourrait partir. Je ne veux vivre ça non plus. Quand je vois le vide qu’a créé son manque en deux semaines, je me suis rendue compte à quel point elle m’était indispensable. Davantage depuis ce baiser qui l’a ancrée plus profondément dans mon être. Danny n’y va pas par le dos de la cuillère pour me secouer. Je reconnais bien là sa franchise. C’est en partie pour ça que je l’apprécie. Elle ne tourne jamais autour du pot même si parfois le tact serait le bienvenu. Elle a raison de le faire. Mais j’ai été forgée ainsi, dans un moule prédéfini. Je n’assume pas mon attirance de la gent féminine de la même façon que je n’assume pas ma passion. La faute à des parents ayant des idées préconçues, dictant ma vie au lieu de me la laisser vivre. Il me faudrait le courage de les arrêter, de renverser la table. Jusqu’ici, je n’ai été qu’une gentille fille obéissante, sacrifiant ce que je suis pour ce qu’ils veulent que je sois, pour leur bonheur. « C’est pas si facile… Je sais même pas ce que je ressens exactement. Je sais juste que je me sens bien avec elle. Et pas bien comme je le suis quand je suis avec toi. C’est différent. » Elle emballe mon cœur, me fait sourire bêtement, hante mes pensées, des signaux plus que clairs. Si seulement j‘ouvrais les yeux, arrêtais d’être dans le déni. Je suis amoureuse d’Alexis. Et dire que je me suis moquée de Danny avec Gabriel. Alors que je ne suis guère mieux. Je dirai même que je suis pire. « Tu dois me trouver ridicule. » La pauvre meuf de vingt-et-un ans qui agit comme une poupée. J’y vais fort. Danny m’a déjà démontrée valoir plus que ça. Je me rabaisse par manque de confiance. Si je pouvais avoir ne serait-ce que quelques pourcents de sa force de caractère. Derrière ses airs angéliques se cachent une démone en cas de nécessité. Il ne faut pas trop la chercher. Quand moi je me terre dans des silences et opte pour la fuite. « Tu crois que je suis amoureuse d’elle ? » La question est stupide tant c’est une évidence. J’ai besoin d’être rassurée. L’entendre d’une autre personne m’aidera peut-être à l’accepter. De là à savoir comment le gérer, c’est une autre histoire. Chaque chose en son temps.
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C’était dans ces moments-là que Danny se rendait compte de la chance qu’elle avait eu de grandir avec des parents qui n’avaient jamais juger ses choix. Même si l’entente avec sa mère n’était pas au beau fixe ces dernières années, elle savait qu’elle pourrait se confier à elle en cas de besoin, et sur n’importe quel sujet. Enfin, sauf sur son père, peut-être. Disons qu’elle évitait toujours ce sujet-là de manière générale, parce qu’elle savait que la conversation pouvait s’envenimer. Enfin, elle n’avait jamais eu à cacher qui elle était, ni ce qu’elle ressentait. Et sans doute ne se rendait-elle pas compte du poids que ça devait être. Évidemment que ça n’était pas facile, elle n’oserait d’ailleurs jamais affirmer le contraire. Les sentiments, c’était toujours compliqué. Encore plus quand on sortait des “normes” de nos proches, même si la blonde n’aimait pas ce genre de termes.

« Si tu sens que c’est différent je pense que tu sais déjà ce que tu ressens, dans le fond. »

Au final, elles avaient été toutes les deux un peu dans la même situation. Du moins, Danny le voyait de cette manière. Hope ressentait des choses pour Alexis qui étaient différentes de tout ce qu’elle pouvait ressentir pour n’importe quelle autre personne. Ça avait été pareil pour Danny, pour ce qu’elle ressentait pour Gabriel. Et elle savait à quel point ça pouvait être dur à admettre. Chose qu’elle savait aussi, c’était à quel point ça faisait du bien quand on finissait par le faire. Même si toute son histoire n’était pas encore réglée, elle se sentait tout de même libérée d’un poids.

« Tu parles à la meuf qui est dans le déni d'être amoureuse de son meilleur ami depuis le collège. Je sais pas qui est la plus ridicule entre nous deux. »

Clairement, sur ce point-là, elles étaient sans doute au même niveau. Et encore, Danny y était depuis beaucoup plus longtemps, ce qui la rendait peut-être encore plus ridicule, au final. Même si elles n’étaient pas là pour débattre sur laquelle des deux était la plus idiote au niveau de ses relations amoureuses. Parce que même si Danny avait eu d’autres copains, qu’elle avait tenté pleins de choses, elle s’était surtout privée de ce qui la rendrait vraiment heureuse. Et elle ne voulait pas qu’Hope passe à côté de cette chance.

« Tu te poserais pas la question si c’était pas le cas. »

Et il n’y avait qu’elle qui pouvait le savoir, au final. L’amour n’était pas quelque chose qu’on pouvait décrire et comparer. C’était quelque chose qu’on ressentait au plus profond de notre être. Elle-même ne serait pas capable de décrire exactement ce qu’elle ressentait pour Gabriel. Pourtant c’était là. Il la chamboulait à chacun de ses regards, à chaque fois qu’elle entendait sa voix ou qu’elle sentait sa peau contre la sienne. Ce chamboulement-là, il n’y avait pas de mots pour le décrire. Autre que ce sentiment amoureux qui surpassait tous les autres.icons par xx

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Ce n’est pas si facile parce que je rends les choses compliquées. Danny a raison, dans le fond, je sais ce que je ressens. Ça a beau être nouveau, j’ai beau être blonde, je ne suis pas stupide. Enfin si je le suis, mais pas au point de ne pas comprendre ce qu’il se passe. Je le refoule pour être dans les clous de mes parents, pour rester la fille modèle. Je me réfugie derrière un faux altruisme. Il n’y a aucune honte à être égoïste avec ses sentiments. C’est à moi de décider avec qui je veux vivre ma vie. Je ne resterai pas indéfiniment dans cette villa. Et si rien ne me dit qu’Alexis est la personne avec qui je finirai, je peux au minimum faire un bout de chemin avec elle. Je n’ai pas à m’engager ad vitam æternam. J’ai juste à me lancer et à me laisser porter. Ça durerait le temps que ça durerait, sans pression. Et au lieu de foncer, de plonger dans le bonheur à portée de mes bras, je stagne au bord de la falaise avec tous mes doutes et toutes mes peurs. J’ai de quoi me trouver ridicule. Cependant, Danny arrive à m’arracher un sourire malgré tout. Il est vrai que sa situation n’est pas des plus limpides non plus. Et elle dure depuis des années quand la mienne ne dure que depuis quelques mois. « Si même moi avec mon inexpérience j’ai pu voir qu’il y avait plus que de l’amitié entre toi et Gabriel, c’est clairement toi. » Un rire nerveux m’échappe. Je ne joue pas à qui est la pire de nous deux. J’ai perdu d’avance à ce jeu. Je cherche seulement à me détendre, à reporter l’attention sur mon amie. Cependant, mon cœur ne partage pas mon avis. Il souhaite être enfin écouté. Et comme je fais la sourde oreille, il me pousse à questionner mon interlocutrice. Et si Danny ne répond pas d’un franc oui, je comprends parfaitement où elle veut en venir. Ce n’est pas une nouveauté. J’avais déjà conscience d’être amoureuse d’Alexis. J’ignore si je suis soulagée ou plus angoissée désormais. J’ai un mot sur la raison de mes ressentis. Pourtant, ça reste une notion floue. Je ne sais pas comment gérer l’amour. Je suis déjà peu à l’aise avec les relations humaines, alors si l’amour s’en mêle. « Je suis amoureuse… » Je souffle d’une petite voix à moi-même. Le formuler à haute voix m’aide à en prendre conscience. Mon palpitant s’emballe, ravie d’être libéré. Je suis quelques instants ailleurs, sur un petit nuage avant que d’autres interrogations ne viennent me perturber. Il est écrit que je ne serai jamais tranquille. « Tu crois qu’il faut que je lui dise ? » Au risque de chambouler notre relation. Je n’ai pas envie de la perdre. Et en même temps, je n’ai pas envie de la faire souffrir non plus à la garder dans la friendzone si elle désire davantage. « Comment tu ferais toi ? » Des conseils sont les bienvenus bien qu’ils ne soient pas nécessairement utiles. Chacun est différent. Son mode d’action ne me correspond pas forcément. Mais quand on part de zéro, ça peut toujours donner une piste.
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Danny veut bien porter la palme d’or de la plus ridicule, pour le coup. Même si Gabriel pourrait également la porter si ses sentiments se voyaient être partagés. Elle aurait la réponse très bientôt, parce qu’elle ne pourrait pas rester éternellement dans ce silence pesant. Et Hope avait réussi à trouver les mots pour la convaincre qu’elle avait assez de courage pour affronter cette situation. Ce ne serait sans doute pas facile, parce que cette peur du rejet la tiraillait toujours. Mais elle ne pouvait pas non plus la laisser guider sa vie éternellement. D’une certaine façon, elles étaient un peu dans la même situation. Elles avaient toutes les deux peur de quelque chose, même si ce n’était pas exactement pareil et que les enjeux n’étaient pas les mêmes. Ce qui facilitait sans doute leur compréhension de la situation de l’une et de l’autre.

« On verra quand je lui aurais parlé, ce n’est qu’une théorie pour l’instant ! »

Oui, malgré tout elle ne voulait pas se blinder d’espoir si les choses ne se déroulaient pas comme elle l’espérait. Mais Danny gardait le ton de l’humour parce que, dans le fond, elle espérait quand même. Elle était amoureuse, tout comme Hope à cet instant. Un sentiment qu’elle n’avait sans doute jamais réellement ressenti, malgré ses relations passées. Enfin… Il serait plus exact de dire qu’elle avait toujours été amoureuse de la même personne, dans le fond. Et c’était sans doute pour cela qu’elle avait toujours douté avant, qu’elle n’avait jamais vraiment eu la certitude d’aimer sincèrement ses anciens petits amis. Elle avait tenue à eux, c’était un fait, mais jamais de cette manière.

« Je pense que tu devrais, oui. Histoire d’être fixé pour de bon. »

Même si elle savait à quel point c’était loin d’être simple. Mais elle avait bien compris que garder des sentiments secrets n’était pas la bonne solution. Son père avait raison sur ce point: être honnête était le plus important, autant avec soi-même qu’avec les autres. Une chose qu’il lui avait répété depuis qu’elle était toute petite. Et même s’il n’était plus là pour le lui rappeler, Danny ne l’avait pas oublié.

« J’irais la voir et je lui dirais les choses comme elles viennent, sans réfléchir. En fait, je pense que c’est ce que je vais faire avec Gaby. Parce que si je me mets à réfléchir en avance à ce que je vais lui dire, je vais jamais y arriver. »

De son point de vue, le mieux était de se lancer et de voir ce qu’il se passerait ensuite. Parler avec son cœur dans ce genre de situation lui semblait important. Et surtout, elle pensait qu’il le méritait.icons par xx

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La nouveauté m’a toujours angoissée. Je me plais dans la routine, dans les choses prévues à l’avance. Tout l’inverse de ce qu’est l’amour. D’autant plus qu’il m’est compliqué de l’assumer en étant tournée envers une femme. En temps normal, je tenterai de fuir, de retrouver au plus vite ma zone de confort. Mais l’amour est attractif, donne envie de s’y frotter. L’amour chamboule mes principes. J'ai tout à apprendre pour le dompter. Déjà, il me faut l’accepter. A ce niveau, cet échange m’en a définitivement prendre conscience. J’ai enfin posé des mots sur mes ressentis. Après, ils n’ont été prononcés que face à Danny. Je suis loin de m’être lancée avec mes parents ou encore avec Alexis, la personne concernée. C’est un début. J’avance petit à petit dans cette inconnue. Le soutien de mon amie m’est précieux. Je ne me vois pas explorer ce monde seule même si elle ne pourra pas toujours être à mes côtés. Elle me permet de me guider sur l’entame du chemin, de m’éviter des erreurs. Évidemment, ça reste des conseils personnels, pas forcément objectif. Je lui fais confiance. « Mais si c’est pas réciproque, je risque de la perdre. » Offrir l’amitié à quelqu’un qui souhaite l’amour c’est comme donner à manger à quelqu’un qui a soif. D’un autre côté, ne rien dire, c’est risqué de me priver, de nous priver d’un énorme bonheur. Ce n’est pas facile. En plus, je ne sais pas comment m’y prendre. Et plus j’y réfléchis, plus cela m’effraie et plus cela me freine. Laisser s’exprimer ma spontanéité est la clé. Je doute en être capable tant j’aime être dans le contrôle. Un héritage maternel utile d’habitude, mais terriblement gênant pour cette démarche. Une impression que mon confirme la blonde. Visiblement, en dépit de la nouveauté, je ne suis pas totalement paumée. De là à appliquer les choses cependant, il y a un gouffre. « Bienvenue au club des femmes qui se torturent l’esprit. » Je ris nerveusement. Nous nous posons trop de questions toutes les deux. Surtout moi. Danny est prête à agir. Elle a élaboré son plan d’actions. Elle aura des réponses sous peu. Et je suis persuadée qu’elles seront positives, qu’elle apprendra que Gabriel partage ses sentiments et que les meilleurs amis formeront un mignon petit couple. « Je devrai faire ça aussi… Mais c’est pas simple… » Ça l’est sur le papier. J’ai l’adresse d’Alexis, ses horaires de boulot, je suis apte à être chez elle en moins de quinze minutes. En pratique, la trouille m’emprisonne dans la villa. Peut-être devrais-je tenter par téléphone ? Non, elle mérite mieux que ça. « Je vais la voir le week-end prochain. On s’est programmée une soirée ciné suivie d’un resto, je vais essayer de me servir de cette sortie pour me lancer. » J’ai bien réussi à le faire lors de notre dernière rencontre, je peux le refaire. Je dois juste déconnecter mon cerveau pour laisser parler mon cœur. Avec son regard et son sourire, ce ne sera pas difficile. « J’espère que t’auras vu Gaby d’ici là, comme ça on pourra débriefer de nos histoires. Dans tous les cas, je t’en parlerai. En attendant, je te propose de finir nos glaces avant qu’elles ne fondent. » Ce qui serait du gaspillage. Pour montrer l’exemple, j’apporte une grosse cuillérée à ma bouche. Ma mère hurlerait pour cette impolitesse. Mais elle n’est pas là. Je suis libre de faire ce que je veux. Je suis libre tout court. Si seulement je pouvais m’en convaincre.
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Ce n’était jamais simple de se retrouver face à nos sentiments alors qu’ils nous faisaient peur. Danny en savait quelque chose, elle se trimbalait tout ça depuis un bon moment maintenant. Ce n’était pas simple de toujours assumer ce que l’on pouvait bien ressentir ou penser, même pour elle. Ce qui pouvait paraître étonnant, vu qu’elle avait tendance à parler sans trop de filtres et qu’elle disait ce qu’elle pensait en général. Mais ce n’était pas toujours le cas. Contrairement à l’apparence qu’elle pouvait donner, Danny ne débordait pas forcément de confiance en elle. Elle savait juste très bien jouer la comédie quand cela s'avérait nécessaire. Mais comme tout le monde, elle était remplie de doutes, et elle se demandait souvent si elle prenait les bonnes décisions. Ce qui n’était pas forcément facile à savoir quand on était aussi jeune. Elle n’avait pas le recul que pouvait avoir ses parents, par exemple. Mais si elle attendait d’avoir ce recul, elle passerait sans doute à côté de beaucoup de choses.

« Y a un risque, c’est sûr, mais ça vaut le coup de le prendre. »

Même si le revers pouvait faire mal, mais au moins elle serait fixée. Puis, la vie était faite de bonnes et de mauvaises choses. Personne ne pouvait espérer ne jamais rien vivre de dérangeant ou de douloureux. Danny partait du principe que toute blessure pouvait nous apprendre des choses, qu’on pouvait en tirer des leçons. En tout cas, elle préférait voir les choses de cette manière plutôt que de se laisser abattre par les obstacles. Si elle avait choisi uniquement la dernière option, elle n’aurait jamais arrêté ses excès d’alcool et serait même allée beaucoup plus loin dans ses travers. Elle avait eu besoin de ça, pendant un temps, mais elle avait fini par se rendre compte que ça ne l’aiderait pas.

« Je te dirais bien de boire un bon verre de scotch et de te lancer, mais je suis pas toujours de bon conseil. »

Même elle n’allait pas l’appliquer celui-là. Elle préférait avoir les idées claires, quitte à se mélanger les pinceaux une fois qu’elle aurait commencé à parler. Surtout parce qu’elle savait que Gabriel ne prendrait pas bien la chose si elle arrivait pour lui parler avec un certain taux d’alcool dans le sang. Il méritait qu’elle ait l’esprit lucide et qu’elle ne se cache pas derrière sa consommation pour se donner du courage.

« Et puis, si je peux être honnête, cette sortie de prévue ressemble sacrément à un rencard. »

Cinéma et restaurant, c’était un combo classique, après tout. Une ambiance fortement romantique aussi en fonction du film qu’elles avaient prévu de voir. Ça la faisait sourire, en tout cas. Parce que si cette sortie était prévue, additionnée au fait qu’il y avait déjà eu un baiser d’échangé… Hope avait clairement toutes ses chances, pour le coup.

« Ce sera sans doute le cas. Mais oui, ne gâchons pas notre glace. »

Danny s’y était déjà attaqué à nouveau, avec un peu plus d’entrain que précédemment. Son appétit et sa gourmandise étaient revenus après cette discussion. Comme quoi, parler pouvait vraiment faire du bien. Et c’était sans doute une chose qu’elle devrait penser à améliorer.icons par xx