after hours ; onyx & easton
Au garage, la plupart des journées se ressemblaient. Il y en avait qui étaient longues, mais d'autres plus courtes. Soit le temps passait vite ou lentement. Comme la fable du lièvre et de la tortue. Easton ne savait jamais à quoi s'attendre. Au garage, il relevait des défis et passaient des bons moments avec ses collègues. Il avait aussi une belle relation avec les clients. Une relation professionnelle, bien évidemment. Le jeune homme ne se permettrait pas d'aller plus loin avec eux. Il appréciait ses collègues et avait du plaisir avec eux. Évidemment, ils ne s'entendaient pas toujours bien, mais ils pouvaient compter l'un sur l'autre, la plupart du temps.
Après cette longue journée à réparer deux voitures, Easton retourna dans la salle des employés, épuisé. Il avait sérieusement envie de prendre une douche, mais également de sortir un peu. Il s'agissait d'un sérieux dilemme. Easton réfléchit environ quinze minutes, avant de décider de ce qu'il allait faire. Il décida alors de sortir. Il proposa alors à Onyx, un collègue, s'il voulait aller boire quelques verres. Il accepta, ce qui fit plaisir à Easton. Il enfila sa tenue quand il est arrivé au garage, ce qui consistait à un jean, un t-shirt blanc et une veste noire. Rien d'extravagant dans sa tenue vestimentaire. Il n'a jamais été un grand passionné de la mode, ne perdant pas son temps dans les boutiques. Quand il devait acheter des vêtements, il y allait et partait tout de suite après.
Accompagné d'Onyx, Easton entra dans le pub. Ils trouvèrent une table libre. — As-tu trouvé la journée aussi longue que moi? J'ai l'impression qu'il n'y avait pas autant de clients qu'à l'habitude. Peut-être qu'il était le seul à le penser, mais il voulait avoir l'avis de son collègue.
Journée tranquille au garage. Le brun passe une grande partie de celle-ci à siffloter, comme à son habitude. Discussion tranquille avec les collègues et le patron. Petit accès d'humeur à un moment car il ne retrouve pas un outil que l'un a pris sans le reposer à sa place. C'est suffisant pour le faire sortir quelques jurons à l'encontre de la personne, faisant rire les autres employés. Si sa chambre à la beach house n'est pas nickel, il n'aime pas particulièrement le désordre quand il s'agit de son travail. Avant, cela ne le dérangeait pas du tout. A présent, ce n'est plus le cas, à cause de sa jambe. Moins il fait de mouvements, et moins il force dessus. Donc par extension, moins de chances qu'elle le fasse souffrir en fin de journée. C'est tout ce qu'il y a de plus logique pour lui, seulement quelques petits futés ne le voient pas de la même manière, et prennent un plaisir à le faire rager. La journée s'écoule tout de même dans une relative bonne humeur et ambiance et quand elle se termine, il ne se sent pas trop fatigué. Chose qu'il apprécie car il ne se mettra pas au lit directement en rentrant à cause de la raideur de sa jambe. Il est d'ailleurs sur le point de partir quand Easton l'arrête, lui proposant d'aller boire un verre. Le brun hausse les épaules avant d'accepter, pourquoi pas si l'autre paie sa bière. Il rentrera ensuite et avec un peu de chance, il ne croisera pas les petits casse pieds de sa colocation. Il retire sa combinaison, se sentant plus à l'aise dans son vieux jean et un t-shirt noir. Pas de veste, il a trop chaud ce jour là, pour ne pas dire qu'il l'a oublié chez lui. Il prend son vieux pick up pour se rendre au bar, ne désirant pas marcher plus tard, désireux de préserver sa jambe. Les deux hommes s'installent à une table et lui est déjà à faire signe à un serveur pour commander alors que l'autre lui pose des questions. - Habituelle pour moi. On te confie peut être moins de boulot car tu n'assures pas ricane-t-il en se moquant un peu de son collègue. Peut être qu'en effet c'est plus calme, il ne réalise pas trop. Lui trouve toujours à s'occuper, et il ne voit pas le temps passer car il fait toujours un peu de musique sur les carrosseries en travaillant. - Peut-être que t'étais juste trop focus sur l'horloge aujourd'hui, ou que t'avais pas envie de bosser, non ? demande-t-il finalement alors que le serveur s'approche pour prendre leur commande.
Easton aimait travailler au garage. Il aimait discuter avec les clients et s'amuser avec les collègues. Ce n'était pas toujours facile, mais ils s'entendaient tous. Du moins, assez pour se respecter et passer une belle journée. Comme dans les autres milieux de travail, ça l'arrivait qu'ils se disputent à l'occasion, mais ils finissaient par en discuter et passer à autre chose. Easton pouvait assumer ses erreurs. Il désirait garder son boulot, donc il ne faisait jamais le fier. Perdre son boulot serait la fin. Il s'agissait de son seul revenu. Autant dire qu'il ne pouvait pas se permettre d'être paresseux ou orgueilleux. Onyx était un bon collègue, même s'il pouvait être intense. Easton et les autres collègues devaient faire attention, afin de ne rien laisser traîner. Dans un garage, il s'agissait d'une tâche difficile, mais il essayait de le comprendre. Easton rangeait ses outils, ne voulant pas qu'Onyx se fâche. Après cette longue journée, ils pouvaient bien boire un verre. Ça pouvait leur faire du bien. Easton en avait de besoin. — Ce n'est pas le cas. T'aimes ça me provoquer. Il rit et passa une main dans ses cheveux. Onyx était comme ça. Easton l'acceptait ainsi. — C'est toi qui sifflotait. Pas moi. Je me suis occupé autant que possible. Je ne vais pas inventer du boulot où il en n'a pas. Easton commanda une bière et laissa Onyx commander. — T'essaies de composer une chanson? Easton aimait la musique, comme la plupart des gens. Par contre, il chantait affreusement mal. Il ne chantait jamais devant les gens. Juste dans sa douche.
Léger haussement d'épaules. En vérité, le brun se moque de savoir si son collègue fait correctement ou non son boulot, au point qu'on lui confie moins de tâches. Il n'est pas ce genre de personne à regarder ce qui se passe à côté, à envier un collègue, à lui reprocher son travail. Pour tout ceci, ils ont un patron, alors que Leo se débrouille avec ce genre de problèmes. Enfin, s'il y en a. Quant à lui, et bien il accomplit son travail, il fait ses journées, et cela lui convient. - J'provoque pas, j'dis une supposition, c'est tout. Possible qu'il provoque un peu et que là, au passage, il en rajoute une petite couche. Il est fait ainsi, et c'est trop tard pour le changer. Lui, ça ne lui traverse même pas l'esprit, il est à prendre ou à laisser avec son caractère de merde. - Je sifflotais en travaillant ouais. ça veut pas dire que je m'emmerdais mec. A la suite de l'autre, il commande à son tour une bière. Boisson de base qui lui convient très bien. A la question que son collègue pose, il ne réplique pas dans la foulée, prenant quelques secondes pour y réfléchir. - J'crois pas non, ce sont surtout des musiques connues que j'sifflote et dont je bats la mesure. J'sais pas si c'est dans mes cordes de composer. De temps en temps, il improvise des airs sur sa guitare, mais de là à composer un morceau, il y a un monde. Aucune parole ne lui vient de toute façon, c'est juste une mélodie au mieux. Lui, il serait davantage compositeur qu'auteur s'il se lançait à fond dans la musique, mais hors de question de tourner le dos à la mécanique. C'est sa première passion après tout. - Tu veux que je t'en écrive une pour tes beaux yeux, c'est ça ? Ou p'têtre que t'as des paroles et tu veux que je te fasse une mélodie ? Allez dis moi tout East.
Même s'il essayait, Easton ne comprenait pas Onyx. Ils étaient des collègues et s'entendaient plus ou moins biens, mais il était qu'ils n'allaient jamais devenir des bons amis. En y pensant, le terme amis ne semble pas approprié dans cette situation. Il était sociable et, visiblement, Onyx ne l'était pas. Du moins, pas en présence d'Easton. Il voulait passer une belle soirée, après cette journée longue. — Je suis doué dans mon boulot. S'il savait bien quelque chose, c'était son talent en mécanique. Il en faisait depuis longtemps maintenant, même s'il n'avait que trente-deux ans. Easton ne se voyait pas exercer un autre métier. L'argent n'avait pas une grande importance. Il préférait vivre de sa passion et gagner peu que de détester son boulot, mais être très bien payé. Sa vie a été assez malheureuse. Sa vie actuelle lui convenait parfaitement. — Je vais dire que tu as raison, mais seulement pour cette fois-ci. Même Easton sifflotait de temps en temps. Surtout après avoir entendu une chanson qu'il a aimée. Ce qui pouvait arriver souvent. — Je ne sais pas, mais je te verrais bien comme musicien. Onyx dégageait une vibe de musicien. Il ne savait pas pourquoi. Il but une gorgée de sa bière. Les paroles de son collègue firent rire Easton. Il déposa la bouteille, observant alors Onyx. — Non, mais merci. Tu n'es clairement pas mon type. À ce moment-là, il pensa à Malo. Son ami. Il ne savait pas pourquoi et essaya d'oublier les images qui traversaient son esprit. — Je ne te l'ai jamais demandé, mais tu as combien de tatouages?
Un terme pour signaler une différence, sans doute mince mais existante pourtant. Leo est un patron et un collègue. Izzy est une collègue et une colocataire. Easton est une connaissance de travail. Appellation différente mais qui prend son sens quand on entre un peu plus dans les détails de comment fonctionne Onyx. Il n’est pas très sociable, il en a conscience, et ne cherche pas à l’être davantage. Ce n’est pas son genre de se pavaner pour se faire bien voir de chaque personne croisée. L’opinion des autres, il s’en contrebalance, mais d’une force que même lui ne l’atteint pas. Il est tout à la fois dans la franchise et la provocation. Arrondir les angles, se révéler policé en toute circonstance, il le laisse aux moutons d’une société de laquelle il se sent quelquefois éloigné. Non la faute à un accident qui l’a laissé écorché, mais à cette vie qui l’a forgé. Il ricane doucement quand Easton affirme être doué dans son boulot. Que ça soit ou non le cas, l’autre y croit et c’est tout ce qui compte, cette confiance et cette affirmation de soi. Il hausse un sourcil, esquisse presque un vrai sourire qui n’est en fait qu’un rictus. L’autre est bon seigneur d’accepter qu’il ait raison. - Quel seigneur, merci. Discussion qui se poursuit, son collègue l’imagine musicien. Il l’est, à ses heures perdues. De là à en faire un métier, il doute fort et ne se trouve pas assez talentueux. - Tu s’rais bien un des rares à miser sur moi en musicien glisse-t-il avant de faire rire son collègue, limite en lui faisant du rentre dedans. Pour pas grand chose car Easton ne l’intéresse pas une seconde mais si l’autre désire une mélodie, il peut envisager l’idée de faire un effort pour composer quelque chose. - Merde tu m’vois musicien mais pas assez bien pour toi. ça brise mon coeur East. En milliers de petits morceaux. Voici qui est triste. Plus qu’à remballer l’idée saugrenue de composer une mélodie. Le brun fronce les sourcils à la question qu’il lui pose. - Franchement j’ai arrêté d’compter. P’têtre qu’un jour j’prendrai le temps d’le faire.. Enfin quand j’en aurai marre de m’faire tatouer. T’en as ? J’crois pas en avoir vu ou t’les caches bien. Peut être que l’idée d’une aiguille sur sa peau fait juste peur à Easton, franchement il ne s’est jamais posé la question jusqu’à cette soirée, et l’autre n’aurait pas abordé le sujet, il ne se la serait jamais posée.