Wine and gossips - Velvet & Bellamy
Bellamy se presse un peu en sortant de la librairie, il avait encore pas mal de choses à faire. Comme rentrer chez lui déjà, dans un premier temps, mais aussi faire un peu de ménage et préparer le repas de ce soir. Il n’était pas un grand cuisinier, il gérait le minimum, on va dire. Mais ce soir, il avait prévu quelque chose d’un peu plus raffiné que d’habitude, histoire de la bluffer un peu, on ne va pas se mentir, même s’il n’avait rien à lui prouver. Sa meilleure amie était une femme de goût, la barre était donc déjà très haut, inutile de vous dire que Bellamy n’arrivera jamais à sortir un plat digne d’un grand chef, mais il n’a jamais rien fait brûler, c’était déjà ça. Alors qu’il rentre dans sa voiture, il envoie un message rapide à Velvet « Emmène du rouge pour ce soir » avant de se mettre en route, pas de temps à perdre ! Ce n’est pas qu’il était en retard en réalité, mais Bellamy le pensait. Étant un grand anxieux, il pleurait toujours avant d’avoir mal, comme disait l’expression. Il se faisait une montagne de beaucoup de choses, se faisant des films, s’imaginant déjà le pire, avant de réaliser, après coup, que les choses n’avaient pas été aussi compliquées qu’elles n’avaient parues. Il avait beau relativiser et se promettre de ne plus recommencer à stresser de la sorte, le même schéma se reproduisait, encore et encore.
Arrivé chez lui, le libraire se change pour se sentir plus à l’aise pour ce qu’il a à faire. Rangement et nettoyage, notamment de la salle à manger et du salon, le reste, il verrait plus tard, quand il aura plus de temps. Parce que oui, notre cher Bellamy allait y passer plus de temps que prévu, parce que Monsieur était légèrement maniaque sur les bords. Il aurait pu se contenter de bien caler les coussins sur le canapé, mais non, il avait repéré une trace.. Vous savez, cette même trace qui apparaît quand vous passez votre main sur le canapé de droite à gauche, mais qui disparaît quand vous la passez de gauche à droite ? Alors le tissu est peut-être super joli, mais en termes de praticité, on repassera. Bref, après s’être débattu avec ce foutu canapé pendant un bon quart d’heure, il prend la direction de la cuisine, les minutes passaient et mine de rien, Velvet allait arriver d’une minute à l’autre.
Et c’était évidemment le moment où sa chère mère décide de l’appeler.
Les prunelles de Velvet se posaient sur le visage endormi de Gio et la française ne put s’empêcher de soupirer. Son regard ne perdait rien de la manière dont son front se plissait, laissant apparaitre de profonds sillons de rides. Les derniers jours avaient été mouvementés, la santé de son mari avait subi un revers et son corps s’était effondré sous la fatigue. Il avait à nouveau refusé qu’une ambulance soit appelée et le médecin dut se déplacer, tout allait bien dans l’ensemble, cependant, il n’avait rien d’étonnant à ce qu’il fût épuisé. Velvet avait donc enfilé sa tenue d’infirmière afin de prendre soin de son mari de la meilleure façon possible, affichant par moment des airs surprotecteurs qu’on ne lui connaissait pas. Gio ne quittait que rarement son champ de vision, ce qui devenait pesant pour cet homme qui était soudainement relégué au rang de nouveau-né. Ce à quoi elle répliquait que s’il prenait sa santé plus au sérieux, elle n’aurait pas recours à de tels extrêmes. Son ton ferme n’autorisait aucune négociation possible et docile, Gio se soumit aux injonctions de son épouse sur les conseils de son médecin. Cela porta ses fruits mais il refusait toujours l’intervention préconisée, ce qui avait le don de la rendre folle. Un nouveau soupir alors que sa main alla se loger sur sa joue, que Velvet caressa doucement. Heureusement ce soir, elle était conviée par Bellamy, une trêve bien méritée dans ce quotidien rythmé par la maladie. « Hey Gio » appela-t-elle doucement en italien, le laissant doucement émerger « je vais bientôt y aller » il acquiesça doucement avant de se redresser. Velvet était ravie de constater qu’il avait meilleure mine, le sommeil était sans conteste le médicament le plus efficace. « Ca marche, Vincent ne devrait pas tarder alors » sourire aux lèvres, Gio semblait accueillir cette visite avec joie, un semblant de routine retrouvée. D’ailleurs, il suffit que Velvet finît de se préparer que la sonnerie annonça l’arrivée de Vincent, précédée par sa bonne humeur habituelle. Une énergie si communicative que Velvet en sortit rassurée, une bouteille de vin dans les bras.
Bientôt, Arthur se gara devant la villa de son meilleur ami et lui assurant qu’il pouvait prendre sa soirée, les soirées en compagnie de Bellamy pouvaient se poursuivre jusqu’aux petites heures, pour peu que ce dernier fût en repos demain. A son tour d’annoncer sa présence ce soir et il ne fallut pas longtemps avant que le visage de son meilleur ami n’apparaisse devant elle. « Toujours aussi beau » sourire flottant sur les lèvres, Velvet fit son entrée chez Bellamy, faisant claquer ses hauts talons en direction du salon « Sinon oui, je vais bien, enfin autant que possible avec Gio » elle eut un geste de main désinvolte Velvet, peu désireuse de plomber l’ambiance, après tout, elle n’avait qu’une hâte, s’octroyer un peu de répit, aussi succinct fût-il. « Et toi alors ? » plus intéressée par le quotidien de son meilleur ami, qui, elle l’espérait, serait plus agréable. « D’ailleurs, tiens » elle lui remit la bouteille qu’elle avait apportée « alors, il s’agit d’un nouveau producteur avec qui nous serions susceptibles de travailler. Je me suis dit que ce serait une bonne occasion de déterminer si ça vaut le coup » Le viticulteur lui avait recommandé par une bonne connaissance, l’insistance avait été telle que Velvet avait concédé à se laisser tenter. Plusieurs bouteilles lui étaient parvenues, qu’elle n’avait pas touchées depuis des semaines. « Du vin de Californie » le visage qui se déforma de façon dramatique, elle trouvait toujours cela aberrant de mettre Etats-Unis et vin dans la même phrase, malgré les quelques rares exceptions qui avaient trouvé grâce à ses yeux. « Alors, quel est le menu de ce soir ? »
Bellamy s'affaire chez lui lorsque cela sonne enfin. Il n'avait pas tout à fait fini, mais tant pis, il allait se débrouiller ainsi et puis ce n'était pas comme si sa meilleure amie allait le juger sur la tenue de son intérieur. Il ouvre la porte et tombe nez à nez avec une Velvet toujours aussi rayonnante, quoique un peu fatiguée, mais il n'en dit rien pour le moment. Il rit doucement à sa phrase.
Alors qu'ils se dirigent vers le canapé, Bellamy est interpellé par le geste de son amie, bouteille à la main qui finit dans les siennes. Le libraire scrute l'étiquette, fronçant légèrement les sourcils en voyant la provenance, mais se radoucissant en écoutant les explications de Velvet. Il esquisse néanmoins un sourire, haussant les épaules.