you don't make me hide it (ellie)
'Cause I'm kinda loud, and you don't make me hide it
[outfit] -- Son reflet dans la glace trahit le mensonge qu'elle tente de cacher depuis plusieurs jours. La
Après son meilleur ami, sa mère apprend la nouvelle, ne se retenant pas pour le dire au reste de la famille. Une masse, c'est tout, rien de bien grave. Mais les regards inquiets fusent, précédant les paroles d'encouragement. Elle arriverait à passer par dessus, disait son père, alors que son frère pour la première fois de sa vie la regardait des larmes prêtes à couler sur ses joues. Luda sourit, promet qu'elle voit à sa santé. Vient le tour de Rama qui tombe sur elle au pire endroit possible. Une visite de routine pour l'un comme pour l'autre, qui devient une seconde révélation choquante. Pas de larmes cette fois, seulement une compréhension et une promesse de garder le secret. Sauf qu'elle n'est pas dupe, Ludmila, sait qu'elle devra en parler au reste de leur groupe d'amis. Le plus tôt, le meilleur. Vient donc le tour de la seule autre femme du groupe.
Soirée popcorn et films romantiques en perspective pour parler de tout et de rien, comme elles le font si souvent. Que ce soit le sujet des garçons qui les font craqués, ou bien les tendances modes, elles trouvent toujours le petit truc pour allumé la discussion. Ellie est devenu essentiel à la vie de Luda, perpétuellement sa confidente ultime, celle qui la soutiens dans toutes les étapes de sa vie. Bien que la Jung aimerait la pousser à réaliser ses rêves, elle comprend aussi sa situation, devant elle-même bosser dans le café de ses parents pour joindre les deux bouts et payer son appartement. Elle organise le réfrigérateur pour mettre de l'avant toutes leurs boissons préférés, pose sur la table basse du salon toute sorte de gourmandises comme des chocolats, des assortiments de noix et des bonbons gélatines véganes. La manette prête à utilisé pour sélectionner le film qu'elles mettraient en fond sonore pendant leur discussion. Ludmila espérant secrètement un scénario avec quelques scènes de comédie pour détendre l'atmosphère.
Le son de la sonnerie la sort de son inaction, la forçant à bouger du canapé pour ouvrir la porte à son amie, qu'elle prend dans ses bras aussitôt qu'elle arrive près du cadre de porte. Un sourire apparaît sur ses traits, heureuse de passer un moment avec elle, mais aussi de pouvoir être totalement transparente et honnête avec elle.
“Salut! Je suis trop contente de te voir aujourd'hui! J'ai passé la semaine dans les bouquins et même s'ils sont moins difficile que les tiens, je me suis tout de même cassé la tête.” Elle fait une moue pour appuyer ses paroles. “J'ai tout préparé. Fais comme chez toi. ” Luda prend place sur le sofa, ses jambes contre elle pour plus de confort, se retournant la tête pour adresser son amie. “Alooooors. Tu as vu Yunseo récemment? Raconte.” Car toutes deux partagent bien plus qu'une grande amitié féminine, éprouvant des sentiments pour un de leur groupe.
Tu sais pas vraiment ce que tu fous là Ellie. D'habitude t'arrives à supporter les "réunions de famille" mais t'es clairement pas d'humeur. T'arrêtes pas de regarder ton téléphone, attendant un message de lui. T'écoutes même pas ce qu'ils te disent. les cours ça va oui et le même discours qui se donne entre l'entrée et le plat. Heureusement que tu es là pour nous rendre fiers. et ton regard qui se pose sur les deux chaises vides. La haine qui monte. Tu repenses à Eddie, à Steve, aux nombreuses photos de vous dans l'escalier, de la marque des cadres enlevés, du vide existant. T'es là, à deux doigt d'étouffer. T'aimerais hurler, hurler qu'ils sont vraiment cons, qu'ils ont perdu deux de leurs enfants, qu'ils étaient bien mieux que toi. Toi, tu gâches ta vie par manque de courage, laissant ton envie de voyager, de peindre au placard. T'étais la dernière des trois, c'est ton fardeau. Eux, ils sont partis, sans regarder en arrière. T'y as cru pourtant, que ça allait être une phase, qu'ils reviendraient bien un jour, même si c'est qu'une fois par an, à Noel, à Pâques mais ils n'ont plus jamais mis les pieds ici et ça te brise le cœur. Chaque fois que tu viens voir tes parents, c'est la même sensation, un sentiment de manque, et une haine, intense, envers ces deux bourgeois de merde face à toi, face à cette femme en tailleur rose, et ce type en costume trois pièces. Ils te dégoutent. faut que j'men aille, je vois Ludmila ce soir même plus besoin de faire les présentations, au fond, c'est eux ta vraie famille et elle, c'est la sœur que tu as jamais eu la chance d'avoir, et au fond t'espères qu'elle ne claquera pas la porte, elle aussi. on se voit à la messe, salut ton sac à peine pris et l'air que tu respires enfin en rentrant dans ta voiture. Tu mets la musique fort, en hurlant à la mort. Si seulement les gens savaient, à quel point tu peux bouillonner, dans les coins de rue, quand il fait sombre et que le crépuscule fait sa dernière danse. Un petit tour chez toi avant de la rejoindre, histoire de prendre des paquets de chips, une bouteille ou deux, de sécher tes larmes et d'embarquer. Un petit tour sur ton téléphone, toujours pas de ses nouvelles, à lui putain, fais chier. Vous habitez pas loin, l'une de l'autre et c'est rapidement que t'arrives devant la porte de son loft. Joue un rôle, souris, c'est ce que tu fais de mieux. Salut beauté fatale alors que tu la prends dans tes bras J'ai pris des réserves si besoin en déposant le sac en carton par terre. Le sujet des études qui débarque rapidement, toi qui souffle, les bouquins ça t'a toujours gavé m'en parle pas, vivement qu'on soit débarrassées de ça. Quand on aura fini nos études, on fera une énorme teuf je te préviens même si t'es pas sûre d'avoir envie de devenir avocate, travaillant pour ton père, voyant sa gueule tout les jours, qu'il devienne ton patron, au secours. Tu l'as suis jusqu'au canapé et t'as pas le temps de t'assoir, que son nom à lui apparait dans la conversation il t'a parlé de quelque chose ? que t'essaies de lancer le plus naturellement possible, comme si la veille t'étais pas adossée à un arbre, à embrasser ton meilleur ami. on s'est vu hier tu sais pas vraiment si tu dois en parler ou pas on s'est embrassés t'es encore perdue, alors que tu aurais jamais misé une pièce sur lui, sur toi, sur vous j'ai embrassé Yun, Luda comme si c'était la nouvelle la plus grotesque que tu aurais pu dire et depuis, silence radio, aucun message, rien un dernier regard sur ton écran pour affirmer ça. Tu crois que ça pourrait être un de ces connards qui ghoste la fille après avoir eu ce qu'il veut ? après tout, Luda le connait bien aussi, presque aussi bien que toi Et Anton ? Il a toujours pas ouvert les yeux non plus ? Encore un qu'on pourrait secouer que tu demandes en prenant un morceau de chocolat. Tu sais à quel point Luda peut l'aimer et t'as toujours pensé qu'ils seraient parfaits ensemble, si il ouvrait enfin les yeux et ne la voyant pas comme une amie. Luda était le summum de la perfection pour toi, belle, intelligente, talentueuse, tout ce que tu aimerais être Ellie. A ce rythme là, il va s'en rendre compte quand on sera de vieilles peaux en maison de retraite. Idée assez amusante. Au fond, un moment avec ta meilleure amie, c'est exactement ce dont tu avais besoin. j'ai vu qu'il y avait le nouveau "mean girl" on pourra mettre ça si tu veux
'Cause I'm kinda loud, and you don't make me hide it
Elle se rassure elle-même dans ses inquiétudes, savoir que son amie, l'autre femme de leur groupe, se dirigeait vers chez elle, procurait un sentiment de bonheur dans son coeur, comme la chaleur d'un câlin qui la prend dans ses bras. La personnalité étincelante et solaire d'Ellie amenait toujours des situations coquasses et incomparables à quiconque qu'elle connaisse. Loin de se douter que de véritables péripéties l'attendaient, alors qu'elle pose la question de Yunseo avec une pointe de curiosité. En plus de partager le même secret, les deux jeunes femmes se supportaient dans cette souffrance de voir ceux qu'elles aimaient vivre heureux avec un ou une autre comme possibilité. La table se remplie de plus en plus, une certaine tristesse traverse le visage de Luda en voyant l'alcool, sachant qu'il est conseillé de ne pas mélangé avec son traitement actuel. Elle se souvient de la raison qui se cache derrière l'invitation, l'annonce de sa situation qui ne risque pas de plaire à son amie. Heureusement, le sujet des études crée une diversion extensive pour l'instant.
“Un jour on arrivera à la graduation!” Dit-elle en levant le poing au ciel, dramatique à souhait. Contrairement à son amie, Luda adore ses études, tous ses cours la passionne et l'immerge dans un monde rempli de beauté et de subtilité que seul l'art possède. Que ce soit en dessinant, sculptant ou imaginant avec de la peinture des paysages, elle se perd dans l'apprentissage et oublie presque, qu'elle doit obtenir un diplôme et trouver un emploi par la suite. Elle se peine à l'idée que ce ne soit pas le cas d'Ellie.
Le sujet dérive sur leur ami commun suite à la question difficile à contourner qu'elle pose, sachant qu'il se passe toujours quelque chose dans le monde d'Ellie qui soit intéressant. Un aimant à intrigue celle-là. Attirée par le récit, Luda se rapproche avec un rictus aux coins des lèvres, gobant chacun des mots qui sortent de la bouche de son amie. “Non, absolument rien!” Elle répond en levant les deux mains au ciel en signe d'innocence, n'ayant effectivement pas reçu la moindre information de la part de Yunseo. Silence radio de ce côté. “Attends, quoi?”
Immergée dans la révélation que son amie a enfin passé le cap, qu'elle a fait ce dont Luda a toujours eu la frousse. L'étape la plus risqué et la plus importante maintenant franchi entre eux, une crainte se développe dans son ventre et tord son estomac. Ce n'est pas le style de leur ami, de ne rien envoyé, de ne rien dire. Mais de son côté, Ludmila a juré de garder silence, préférant ne pas s'imposer, ne pas trahir la confiance d'un ou de l'autre. S'il ne répond pas, que se passerait il? Son coeur se serre, réalisant que cette situation pourrait être la sienne, si elle venait à révélé le secret de son affection à Anton. Pas question.
“Yun c'est pas un fantôme, il te fera pas le coup. Il cherche sûrement quoi dire, il réfléchit. Ou bien il dort, tu connais les mecs de la bande, soit il dorme tous le temps, soit c'est l'insomnie et faut leur donner des coups de chaudron pour qu'il tombe dans les bras de Morphée.” Là-dessus, elle est certaine de ce qu'elle avance. Un fou rire lui prend quand elle aborde le sujet de son propre meilleur ami et de leur situation. “Toujours rien et ce n'est pas moi qui lui ferai ouvrir les yeux”, dit-elle en s'étirant pour prendre un sachet de chips et enfournées quelques unes, réfléchissant à lui, à ce qu'il fait en ce moment. Sûrement des révisions comme toujours. Elle manque s'étouffer quand la brune mentionne la maison de retraite, la vision trop claire dans sa tête pour ne pas s'esclaffer. “Toutes ridées, à se demandé quand il va ouvrir les yeux. T'es incroyable.” Une nouvelle poignée de chips, espérant tout de même ne pas terminer sa vie en se demandant si un jour il le remarquerait. “On peut aussi mettre un film qu'on a déjà vu et discuter, ça fait un moment.” Car elle n'a toujours pas craché le morceau, et qu'un jour ou l'autre, elle devra le faire.
Y a des moments dans la vie qu'on chérit plus que d'autres, ceux qui s'inscrivent dans les mémoires. Tu dois te rendre à l'évidence, certains de tes souvenirs avec Luda sont plus flous que d'autres mais celui ci, tu sais pas pourquoi, mais tu le sens, tu sais que dans dix ans, tu te souviendras de la couleur de son rouge à lèvres et du son vibrant de sa voix. Y a des gens comme ça, qui vous marquent à vie, et elle est de celles là, depuis toujours, à jamais. Tu entres doucement dans son monde, alors que t'as cette impression de ne plus l'avoir vu depuis des années. Tant de choses ont changé en quelques jours, quelques heures. Tu as l'impression que les couleurs sont plus pétillantes, que les gens sont plus souriants. T'sais pas réellement si c'est eux qui ont changé, où si c'est toi qui est enfin à ta place. Tu serais prête à accepter de travailler toute ta vie au barreau, de ne jamais partir d'ici, alors que ça fait des années que tu prépares ton envol. Avocate dans le droit animal. Qui sait, ça pourrait être pas mal et toi, devenant une artiste célèbre, ovationnée dans le monde entier pas comme toi, toi et tes peintures qui décrépissent dans ta chambre. Faut pas longtemps pour le sujet change et que son visage à lui te saute à la gorge, alors que tu sens encore ses mains brulantes, son corps nu sur le tien, ses mots qui te semblaient tellement sincère ... et ton téléphone qui ne sonne toujours pas. Putain de merde. Tu ne peux pas t'empêcher de rire et de sauter partout en voyant la réaction de Luda, depuis le temps que vous en parler vous deux, elle d'Anton depuis bien plus longtemps que ce que tu pourrais dire et toi, qui a changé doucement de regard, n'en parlant finalement qu'à elle, parce que pour ça, t'as pas confiance aux gars, solidarité féminine avant tout. Tu te souviens des conversations dans le canapé, où elle t'a regardé avec les yeux ronds quand t'as dis pour la première fois que si tu devais sauter le pas avec quelqu'un, ça serait avec lui, sans hésitation. Tout le monde pensait à l'époque que c'était avec Rama que t'aurais bien été, toi souriant à cette simple idée stupide. Une simple évocation devenant grande conversation pour se terminer avec Yunseo entre tes cuisses sous un chêne. Etrange. Apparemment emmener un mec un soir de pleine lune dans un parc, ça doit être aphrodisiaque. Faudrait que t'essaies Tu t'installes dans le fauteuil, ne cachant même pas ta peur, ton ressentiment Il a montré une face de lui ... il était tendre, romantique, et je sais pas ... ça avait l'air si sincère, comme si il m'aimait depuis toujours et qu'il avait juste jamais osé le dire, que c'était une évidence et puis ... tu la regardes, ta main se posant sur la sienne J'ai coupé court à la soirée après que ... j'ai eu peur. Imagine on se met ensemble et ça foire ? Qu'on ne sait plus se voir ? Tout ce qu'on a construit, notre amitié, le groupe, comment faire ? Tout va voler en fumée à cause d'un truc qui n'en vaut peut-être pas le coup tu te rends compte à quel point tu peux être ridicule quand tu dis tout ça à voix haute. Il a du se dire que j'étais une cinglée, indécise, et que valait mieux me ghoster. Faire comme si rien ne s'était passé et on se reverra vendredi avec les autres et on se fera la bise, pire même, un check, imagine, un check. vous pourriez passer des heures à parler de ces deux là, Yunseo, Anton, et vos coeurs qui ne battent que pour eux, à attendre qu'on vous remarque enfin, qu'on vous invite à danser dans la lumière. je préfère l'imaginer avec Anton à avoir la même discussion que nous deux, les deux pleurant, pensant qu'on est indifférentes. Ca fait du bien d'imaginer l'histoire dans ce sens là. en regardant ton amie, en sentant qu'elle ne te dit pas tout, comme une ombre pesant sur elle, comme une présence menaçante. Si ça continue comme ça, je vais aller lui dire ses quatre vérités à Lowe. Grand temps qu'il bouge ses couilles et qu'il ouvre ses yeux. Tu vas pas l'attendre éternellement. Si ça continue comme ça, on se marie toi et moi et on les emmerde les deux là. tu vous imagines main dans la main dans vos chaises roulantes, avec des couches pleines, à rigoler, votre dentier à deux doigts de se décoller. La, en un coup, t'as moins peur de vieillir. Vendu pour un film déjà vu. Tiens, celui là mettant un nanar même pas incroyable, vous vous étiez foutues de la gueule du jeu d'acteur, mais le mec avait un cul magnifique, ça compensait évidemment. Sinon ça été ta semaine ? Rien de particulier ? dansant doucement vers la potence, ne t'attendant pas à ce que le couperet tombe, que ton monde s'écroule, avec ta muse titubant près des falaises.
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Tout son être rayonne, à Ellie. Que ce soit ses yeux qui s'illuminent à chaque fois qu'elle mentionne le nom de leur ami, ou bien la façon que la commissure de ses lèvres remontent en un sourire. Si le futur est incertain, plus qu'elle ne pourrait le dire, en ce moment, seul le bonheur de son amie importe. Cette bulle d'allégresse qui l'enrobe d'une lumière similaire à une orbe. Elle n'a pas envie de brisé l'ambiance, de faire écrouler ce moment de béatitude entre elles avec l'annonce cruelle dont elle-même ne parvient pas encore à en comprendre totalement l'étendu. La gravité de la situation qui chamboule son quotidien est bien loin de ressemblé à cet amour fleurissant que vit son amie. Si elle sourit, si elle rit, Ludmila sait très bien que derrière la joie, la vérité et l'honnêteté viendra tôt ou tard. Que ce soit maintenant ou dans plusieurs semaines, elle préfère lui dire avant qu'elle ne l'apprenne par quelqu'un d'autre de la bande. Une révélation accidentelle peu si vite arrivé. L'hypothèse de devenir une artiste célèbre provoque un rictus qui ne dure que quelques secondes, la réalité vient frappé une Luda trop consciente de ce qui se passe, ou plutôt, qui tente de se dissuader avec un déni à haute intensité. Elle ne répond pas, préfère laisser mourir la phrase dans la pièce, le sujet des amours de son amie bien plus intéressant qu'un destin funeste.
La conversation prend une tournure inattendue, surtout lorsque Luda réalise ce qui s'est réellement produit entre ses deux amis. Pas un simple bisous innocent, comme ça. Elle manque s'étouffer avec sa boisson à la réalisation. “Woooo! Recule une seconde.” Elle pose son gobelet sur la table basse pour se concentrer sur son amie, les yeux ancrés dans les siens. “Tu as couché avec Yunseo? Vous avez couché ensemble??” La bouche en grand O qui n'arrive plus à se refermer, sa main vient empêcher les moustiques d'entrer et d'être son prochain repas. Ew. “En plein parc?!” Elle hurle presque au point où elle est, Luda. Ahurie d'entendre le déroulement d'une soirée. “Putain. Je crois que j'ai besoin d'un verre.”
Sans attendre, elle se lève et sort une bouteille de vin qu'elle débouche en moins de deux, offrant une coupe à Ellie au passage. “Bon, alors, attends une seconde que je récapitule et revienne sur ton petit discours.” Ludmila se pose à nouveau sur le sofa, prenant ses aises, non sans prendre une bonne gorgée de vin qui lui fait un bien gigantesque. “T'as pensé que si tu paniques, les chances sont assez grandes pour qu'il panique aussi? C'est dans les deux sens hein.” Parce qu'elle connait Yunseo et elle connait Ellie. Tous les deux sont en panique, ne savent plus sur quel pied danser alors qu'ils tentent de faire un tango. Le seul problème dans ce schéma, c'est que le tango, c'est une danse à deux. Chacun de son côté, à penser et repasser en revue leur nuit ensemble sans savoir ce que l'autre ressent. “Bien sûr que ça vaut le coup. T'en pince pour lui depuis tellement longtemps. On le sait toutes les deux. J'ai bien plus peur de me prendre un râteau que ça se termine dans un parc.” Encore sous le choc de la révélation du parc, en plein air. Bon dieu! “S'il te fait un check après tout ça, je pense que c'est moi qui vais le secouer, oui. Le manque de classe absolue.” Rien que d'imaginer son ami ne pas répondre à Ellie la pousse à élaborer un scénario dans lequel elle lui montre que malgré sa taille, elle sait se faire menaçante. Le pousser deux trois fois pour qu'il réalise, tout en le pointant du doigt, des paroles sur la façon gentleman de donner des nouvelles à une femme, l'éduquant et remettant en question sa masculinité. Si elle doit le faire pour l'honneur des femmes du groupe, elle le ferait. “Ça fait des années, j'imagine que ça partira un jour, les sentiments et tout le tralala.” Elle tente de se convaincre du mieux qu'elle peut, mais ne réussi pas aussi bien que voulu.
Le film se met en route. L'ambiance qui serre les tripes, sa gorge qui se noue, sachant que ce qu'elle s'apprête à dire n'est pas doux ou facile. “Quelques rendez-vous.” Luda commence avec aise, essaie de se frayer un chemin jusqu'à l'objectif. Elle ferme les yeux, prend sa coupe de vin et sans regarder Ellie, crache le morceau. “J'ai le cancer du sein. J'ai une masse et après des tests, c'est cancéreux.” Sans attendre la réaction d'Ellie, elle prend une longue gorgée de sa boisson. “C'est Anton qui me l'a dit.” La nervosité qui retombe provoque un rire qu'elle tente de dissimulé derrière sa main. “L'ironie, tu trouves pas? Putain, le mec agit comme si j'existais pas et quand il me calcule, c'est pour me dire ça.” Luda continue de rire, ne sachant faire que cela, pour ne pas se mettre à pleurer. Une fois le robinet ouvert, elle avait peur de ne plus savoir le refermer.
Les cycles de vie qui changent. Les deux gamines que vous étiez qui te semblent si lointaines. Tu donnerais tout pour un moment, parenthèse dans le temps, la revoir avec les traits plus jeunes, ressentir l'euphorie des premiers émois, sans tout ces problèmes d'adulte, sans te soucier de ton avenir, sans que Ludmila réfléchisse au fait qu'elle n'en aurait peut-être pas un. Si seulement tu savais, tu ne serais pas occupée de te plaindre pour des choses insignifiantes. Tu vivrais, sans peur, sans te soucier du regard des autres. Tu abandonnerais le droit, t'autoriserais à rêver un peu, à repeindre, osant montrer tes toiles aux autres, et pas simplement à Callum au détour de ta chambre. Bien plus facile à dire qu'à faire pour une fille comme toi qui a peur de tout. C'est à peine si t'oses en parler, au départ, de ce qui s'est passé avec Yunseo. Sûrement parce que ça reste un événement sporadique, que ça ne se reproduira plus jamais. Une erreur, très certainement. Faut dire que t'es pas la fille à coucher avec son meilleur ami dans un lieu public. T'es la fille qui regarde des films romantiques en rêvant de grandes déclarations, de bal de fin d'année se terminant dans une salle remplie de bougie. T'es le genre à rêver d'une chose qui n'existe pas dans la réalité. Tu sors ça sans respirer, sachant très bien la réaction de Ludmila. C'est pas toi ça, non vraiment pas. Et au fond, tu sais pas si tu regrettes où si tu rêves juste de recommencer encore et encore. j'ai couché avec Yunseo dans un parc public les yeux grands ouverts avant de pouffer de rire, nerveux, sans aucun doute. Tout ça te parait tellement rocambolesque et pourtant, tu le sais maintenant, tu lui étais destinée, à lui, et que ça soit dans un parc ou ailleurs, ça allait finir par arriver. Deux amants qui se rencontrent enfin, pour faire la plus belle des danses ensemble. et putain, j'aurais pas pensé que ça allait être aussi bien. Je veux dire c'est Yunseo quoi ... ses mains sur ton corps, la manière de t'embrasser. Tu es née pour cet homme là, modélisée pour que ses doigts s'épousent parfaitement sur la courbure de tes hanches. Tu te ressers un verre, t'asseyant à côté de ta meilleure amie, les mains tremblant. Espérant qu'elle ne lui dise pas que c'était la pire idée de ta vie. Tout ça te semble tellement lunaire et en même temps, le fait de lui en parler à elle, ça rend les choses tellement plus concrètes. Tu peux poser tes peurs, tes craintes, te consoler sur son épaule, te dire que tout ira bien. Je sais pas, d'habitude il est tellement fonceur, à n'avoir peur de rien. Je me suis dit que si il m'aimait vraiment bien, il serait directement venu me parler. faut croire que tu connais pas tout de lui. Yunseo le fonceur du groupe, celui qui n'a peur de rien, qui se prend des coups constamment. A une époque, tu ne le voyais jamais sans hématome. Toujours à faire le dur, alors que toi tu crevais de trouille qu'il lui arrive quelque chose. Pour aller casser des gueules ça va mais pour envoyer un message à une meuf, c'est trop compliqué pour lui que tu rumines, regardant encore une fois ton téléphone, toujours aucun message. T'espères au fond qu'elle a raison, qu'il est simplement comme toi, à faire les cent pas, à se refaire tout le scénario, chaque minute, chaque réaction, à tout analyser, pour savoir ce que vous avez fait, pour en arriver à une telle situation. Quelle idée j'ai eu de tomber amoureuse de mon meilleur ami sérieux. Je pouvais pas choisir un scénario un peu moins compliqué ? Ludmila qui ne peut que te comprendre, après tout, vous êtes pareilles, toutes les deux amoureuses de votre meilleur ami, toutes les deux à souffrir depuis des années d'une proximité jamais assouvie, à vous concentrer sur chaque regard, chaque câlin, vous bousillant les côtes dans les cases de la friendzone. tu secoues Yun, je secoues Anton. Vendu. le film qui commence et le sujet qui se tourne vers ta copine. Le film a à peine commencé quand l'ambiance change, que tes mains se crispent sur la télécommande, ton coeur battant alors que le mot sort tellement facilement de sa bouche. Cancer qui te percute le palpitant, les yeux qui se mouillent. Sois forte, sois forte pour elle. Tu sens néanmoins la première larme couler sur le sillon de ta pommette. Et toi qui parle de baise dans le parc, quelle conne tu peux être. Tu la fixes, ne sachant pas quoi dire, la laissant parler jusqu'au moment où son regard rencontre le tien et que tu sèches un peu tes larmes. Sois forte. Luda ... son prénom comme un souffle, serré au fond de ta gorge. Tu le sais depuis quand ? C'est pris à temps ? faut dire ce qui est, t'y connais rien en médecine, tu sais juste que c'est un cancer qui peut être contre-carré si pris à temps. Du temps, c'est ce que tu veux pour elle, à la pelle. Tu veux de cette vie avec elle à tes côtés, de cette maison de retraite à danser ensemble, tu veux qu'elle ait cette chance. Anton t'a prescrit des médocs ? t'es pas encore au stade de faire de la chimio hein ? tu sens que les vannes se rompent. Tu vas t'en sortir, j'en doute pas une seconde. T'es bien plus forte que cette merde putain, Luda. les larmes qui coulent à flot. A bas tout le reste, on s'en tape des mecs dans le fond, on s'en tape de ton envie de changer de métier, plus rien ne compte, rien d'autre qu'elle, elle que tu ne veux pas laisser tomber, non jamais.
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Jamais elle ne se serait douté de cette annonce, Luda. Que sa meilleure amie et son ami se soient embrassés, elle peut le concevoir avec aisance, sachant qu'elle a le béguin pour lui depuis un moment maintenant. Mais apprendre qu'ils ont couchés ensemble dans un endroit aussi public qu'un parc, elle en reste choquée. Une part d'elle a envie de jalousé ce soudain contact entre eux, souhaitant qu'un jour Anton puisse réalisé qu'elle est devant lui depuis toutes ses années. D'un autre côté, quand elle entend les supplications, les craintes et les questionnement d'Ellie, elle se dit que c'est peut-être mieux ainsi, que son amour pour son meilleur ami reste privé, que seulement quelques personnes soient au courant. Sa coupe de vin en main, le liquide traverse sa gorge et lui fait un grand bien. Chaque gorgée devient un moyen de camoufler ses propres peurs qui continuent de se faire de plus en plus présente.
“Est-ce que tu réalises un peu ce qui s'est passé entre vous?” Elle appuie sur chacune de ses paroles, non seulement pour faire comprendre à son amie qu'elle ne doit pas se mettre à prendre peur ou craindre un refus quelconque de la part de leur ami, mais aussi pour rassurer la panique qui semble la faire souffrir. “Vraiment, arrête de t'en faire. Je suis certaine qu'il te répondra d'ici demain et que tu ne t'en fais pas pour rien.” De toute façon, si ce n'est pas le cas, Luda serait la première à lui botter le derrière pour avoir oser agir comme un crétin avec une femme qui en plus, est une de ses meilleures amies. Le trio de femmes se soutient depuis que la dernière en date est arrivé parmi le petit groupe, bien évidemment qu'elle devrait en tant qu'amie rendre justice à Ellie et son coeur brisé, si la situation prenait de telles tournures. “Je t'adore, mais trop de détails. Je suis heureuse que c'était bien. En même temps, le contraire aurait été grave nul. ” La situation aurait été bien différente si en fin de compte ils s'étaient tous deux rendus compte que leur moment intime avait été complètement nul, à chier. Ellie ne serait pas en train de se demander pourquoi il ne daigne pas répondre au moindre message, qu'il fait silence radio. Son amie mentionne cette habitude de Yunseo qui les inquiète tous, d'utiliser ses poings pour régler certains problèmes. Luda soupire, tente de trouver les mots justes mais ils ne viennent pas tout de suite. Par contre, quand elle parle de tomber amoureuse de son meilleur ami, elle lève les sourcils, la fixant en riant à moitié. “À qui le dis-tu. Crois moi, j'aurais choisi n'importe quelle autre option que de tomber amoureuse de mon meilleur ami.” Une gorgée de vin pour faire passer la vérité qui fait mal, qui résonne jusque dans le creux de son ventre. La situation tellement complexe entre Ellie et Yunseo, est exactement celle qu'elle tente d'évité avec Anton, préférant de loin garder le silence pour que personne ne termine blessé.
La confession arrive plus vite qu'elle ne croyait, déballant son sac, tout ce qu'elle doit dire sort, sans ajouter les sentiments qui se mélangent dans sa tête depuis l'annonce. Ludmila crève de trouille secrètement, présente un front solide pour l'extérieur, peu importe la personne, que ce soit ses amis ou sa famille. Elle se doit d'être cette femme forte qu'ils ont l'habitude de fréquenter. Elle s'approche d'Ellie, sent qu'elle a besoin de la savoir près d'elle, vivante, le corps encore chaud. Sa main se pose sur son bras, cherchant à la rassurer du mieux qu'elle peut. “Anton est en obstétrique, il ne peut pas me traiter. Mais le médecin qui s'occupe de moi m'a prescrit des médicaments.” Pour ce qui est de la chimiothérapie, elle n'en sait absolument rien pour l'instant, la dernière biopsie devait leur donner assez de résultats pour prévoir un plan d'attaque. Mais l'alternative ne peut pas être écarté, et elle refuse de mentir à son amie. “Je ne sais pas pour la chimio. Je suis encore au stade de faire des examens.” Elle pousse un grand soupir, heureuse que la vérité puisse enfin être dite, qu'elle n'ait plus à se cacher à l'avenir, lors d'une fatigue soudaine ou d'un mal de crâne atroce. “Bien sûr que je suis forte! Hey, hey, Ellie. T'en fais pas, je vais m'en sortir. J'ai pas l'intention de partir. Le cancer se traite très bien maintenant. Ça ira.” Elle l'espère du moins, voulant croire à ses paroles. “Je me suis rapproché d'Anton, que demander de plus? Puis, au moins mon médecin m'a pas ghost.” Un rire sort de sa gorge, Luda manquant s'étouffer devant sa propre connerie.
Comment est-ce que tout peut changer aussi vite ? T'as l'impression que c'était hier, deux adolescentes qui se rencontrent, qui se trouvent dans un monde de testostérone. Elle devient rapidement la sœur que tu n'as jamais eu. Avec elle, tu pouvais parler de tout. De tout ce que tu ne pouvais pas dire à Yun et à Rama. Ensemble, vous avez tout bravé, vous moquant des garçons, de leurs premières tentatives de drague. Ensemble vous avez pleuré, de nombreuses fois, quand celui que vous aimez se détachait de vous. Le fait que vous étiez toutes les deux dans la même situation, aimant un ami, prête à tout perdre pour écouter l'appel du cœur qui n'a fait que tout fortifier. Les traits de l'adolescence, la candeur passée laissant place aux rancœurs des changements, laissant place à cette saloperie qui s'accroche à elle, essayant de la faire tomber, non, non elle n'y arrivera pas. Tu prieras, autant que possible. Dieu ne peut pas laisser faire ça. Il est miséricordieux. Tu prieras, encore plus que d'habitude, à t'en éclater les genoux si il le faut. Il faut qu'elle guérisse, parce que le monde ne serait pas aussi beau sans elle dans les parages, parce que ça serait irrespirable si elle n'était plus là, elle et son sourire qui transperce les myocardes. Quand elle t'annonce ça, tout le reste passe en second plan. Yun, les autres, tout le reste. Tout devient flou, tout s'effondre, il ne reste qu'elle, elle et toi. T'essaies de ne pas pleurer, sans réellement y arriver. Faut dire que t'as jamais été douée pour cacher tes émotions. Tes mains qui tremblent quand tu prends les siennes. Faut que tu sois forte Elinor, pour elle. Alors tu la prends dans tes bras, la serrant au plus profond de toi, comme si tu avais ce besoin animal de t'imprégner d'elle, de son parfum, de sa chaleur, de sa respiration. Faut que tu essaies de voir la lumière au bout du tunnel. Ca a été pris à temps, c'est localisé, elle va s'en sortir, bien sûr que oui. Sauf que toi t'es celle qui voit constamment le verre à moitié vide, parce que y a trop d'inconnus qui font qu'on ne sait pas réellement comment les choses vont se passer. Et que toi tu crèves de trouille, de la perdre, de la voir dépérir, elle, qui est le vrai soleil de cette bande de dingue et que tout se disloquerait, si elle n'était plus là. Non, tu n'accepteras pas ça. Putain. Tu es sûr que c'est un bon médecin ? Je peux me renseigner si besoin, mes parents ont des relations un besoin de contrôle. Et si c'était un type qui buvait le soir, qui tremblait pendant les opérations, si il n'était pas assez bon, pas assez bien pour elle. L'idée de la chimio qui fout la trouille alors que tu ne l'imagines pas au plus bas, vomissant, maigrissant, perdant ses cheveux. Non, ça n'ira pas jusque là. Prie Ellie, ne perdez pas espoir. je suis sûre que tes examens vont être très bons et que tu ne devras pas avoir besoin de ça. tes mains qui n'arrêtent pas de retirer les larmes de tes joues. Bien sûr que tu vas guérir. Tu vas vaincre cette merde sans problème. T'es la meuf la plus forte que je connais ne laisse aucune autre option prendre possession de toi. Elle va guérir, c'est tout. Tant que l'autre option ne rentre pas dans vos esprits, elle n'existe pas. Ce petit con va peut-être enfin se rendre compte que tu es la femme de sa vie tu ne peux t'empêcher de rire aussi, essayant de voir la parcelle de lumière, admirative du courage, de la force de Luda. je t'aime fort Luda ne nous laisse pas, jamais.