the devil you know (ft. trevor)
Vent de panique, dans l’air si chargé d’électricité. La tension est palpable, l’atmosphère étouffante. Ils ne sont pas si nombreux, face à eux. Les attaquants. Les journalistes. Les fouteurs de merde. Les pigistes des journaux locaux, même pas des pros du secteur. Et puis elle est pas seule, non plus, face à eux. Mais pourtant, c’est tout comme. Personne ne voit ce qu’il se passe, à l’intérieur. A quel point ils éclairent toutes les aspérités de son crâne, avec leurs micros et leurs caméras et leurs phares pointés directement dedans. Si elle reste un peu trop longtemps ici, ils vont tout lire. Ils vont tout voir. Ils vont l’écrire ; la percer à jour. Elle et ses secrets, son passé, son identité, ses tactiques. Ses points forts.
Ses faiblesses.
Il savait, pourtant, le coach. Qu’elle en voulait pas, de ces interviews en physique. Sage s’était déjà bien pliée en deux en quatre en huit pour répondre aux sollicitations des quatre coins du monde, mais par écrans interposés, elle avait réussi à gérer son anxiété. Pas aujourd’hui, pas maintenant. Ici, elle coule, se laisse submerger par les pires scénarios. Elle jette des coups d'œil au coach, en tentant d’être discrète. Regarde-moi, aide-moi, sors-moi de là.
Trop discrète, sans doute. Si elle n’agit pas bientôt, elle se retrouvera paralysée. Les exercices de respiration ne lui serviront plus à rien, quand tout le monde attendra une réponse de sa part ; et qu’elle sera incapable de la fournir. Maintenant. Maintenant. Elle doit partir, maintenant.
Maintenant.
Se lève d’un coup sec, ayant parfaitement conscience de l’intégralité des regards sur elle. Panique pas, panique pas.
Quitte la salle dans le même mouvement. Sage ne sait pas où elle est, encore moins ce qu’elle fait. Ce n’est pas elle, de quitter comme ça ses obligations professionnelles. Ce n’est pas elle, mais le masque glisse et ses failles menacent d’être révélées.
Hésite un instant devant la porte de toilettes. Se retourne, pour vérifier qui la suit. L’ennemi.
Aucune envie de se planquer dans un endroit si reclus, tout à coup. D’autres mauvais souvenirs qui risqueraient de se pointer - ceux-là feraient mauvaise image pour l’équipe, et elle en a déjà assez fait comme ça.
La joueuse continue, alors. La sortie qui apparaît comme la seule solution quand elle se fait héler par celui qui la suit, et elle pousse une porte, puis deux, avant de se retrouver dehors.
Inspiration. Expiration. Réfléchis. Partir, avant que l’ennemi ne la rattrape. Retourner à la voiture qui les avait amenés ici ne serait pas sa solution. Réfléchis, Sage. Ouvre les yeux. Ses pas la portent près de la route, contemplant un instant le passage qui lui permettrait de traverser.
Il y a toujours cette impression d’être observée. D’être suivie. Tourne la tête brièvement vers le conducteur de la voiture devant elle, qui s’est sans doute arrêtée avant de la percuter.
La réalité n’est qu’une illusion.
T r e v o r derrière la vitre. Son sang ne fait qu’un tour quand elle entend la porte derrière elle s’ouvrir. Ses doigts accrochent la poignée et elle s’installe, furtive, sur le siège passager. Shotgun.
Please, don’t let them see me.
Please, hide me.
la f l e m m e.
de cette tournée interminable où se sont enchaînés crétins sur crétins - à moins que ce ne soit lui, le vrai crétin ? - , de svea couvant sa première grippe et qu'il n'a pas le pouvoir de soulager en travers des symptômes. pourtant pas faute d'avoir essayé, entre glaces à des saveurs insoupçonnées (brownie ? cookies?) et achat d'un lecteur dvd aussi âgé que lui - pensait sérieusement pas que c'était devenu aussi compliqué de trouver des boutiques vendant des cd normaux ne demandant ni HD ni 4K; même pas idée de ce que cela peut bien signifier. vivez avec l'air du temps qu'ils disent. peut-être qu'il le ferait, leif, si l'air du temps puait pas la merde. trois colis à l'arrière qui attendent d'être déposés, se battent en duel. décide de se griller une clope en attendant de se décider, roulant au hasard jusqu'à manquer d'avaler le baton dynamite en appuyant pleine pompe sur le frein. tout ça parce qu'une gamine a décidé de traverser sans trop regarder; une gamine à la silhouette frêle, les cheveux blonds et le regard d'une biche prise entre quatre feux. un air familier. sait pas tout de suite replacer où exactement jusqu'à ce que leurs regards ne se croisent mutuellement - nakatomachin. miss los angeles for nothing. lève les mains derrière le volant l'air de dire the fuck you doin ? take a decision. la clope qui se consume d'elle-même entre ses lèvres, manquant de le cramer - raison pour laquelle il ne la voit pas faire le tour et actionner la poignée. « twig ! » mi surpris mi amusé - à croire qu'ils ne peuvent pas se rencontrer dans des situations normales ni s'empêcher de s'incruster dans la voiture de l'autre. « huh ?? » error 404 dans l'encéphale. fronce les sourcils, se concentre sur son expression terrifiée. terrifiée, c'est le mot. contrairement à la dernière fois cela lui paraît plutôt clair. curiosité oblige; peut pas s'empêcher de regarder dans la direction par laquelle elle est arrivée pour voir débarquer micros et caméras avec ces espèces de colliers de presse si reconnaissables. yeux s'arrondissent et pied enfonce l'accélérateur par réflexe - s'envolent en passant directement de la première à la quatrième « seatbelt! » à peine le dos de le lâcher qu'ils accusent un dos d'âne façon E.T. et sa bicyclette devant la lune; à la différence que les amortisseurs de la camionnette sont pas faits pour ça et qu'on l'entend couiner à la chute. pas la sienne après tout alors pas d'importance; dira que les trajets répétitifs ont eu raison de quelques éléments et qu'il serait plus judicieux de la changer pour être au max de sa capacité de livraison - un comble lorsque les trois connards de l'arrière le regardent encore avec dépit. « here - » tend le bras aux pieds de la gamine et se penche, tête qui disparaît presque derrière le volant - y voit quasiment plus rien- une fraction de secondes seulement pour lui donner une bouteille d'eau encore fermée. « you look like you need some. » lui dira pas qu'elle est blanche comme une saucisse pas encore foutue sur le bbq. fenêtre qu'il ouvre pour y balancer sa clope qu'à moitié consommée (en réalité un tier si on compte celle partie en fumée sans qu'il ne tire) et referme derechef. musique pourrie passe à la radio, sait pas quoi dire,
sait pas quoi faire.
« harry potter is a little wizard... »
complètement sorti de nulle part; cherche pas à lire l'incomprehension sur ses traits - est-elle seulement capable de parler ? « last time you asked me if i knew harry potter, i do. » hausse les épaules. faudrait pas lui demander non plus quel âge il a, qui sont ses potes et son ennemi - même ce qu'il fait en réalité. en a entendu parler, sans plus, mais ça lui plait de pouvoir lui clouer le bec.
quoi que,
serait pas contre quelques mots pour expliquer ce qu'était ce joyeux bordel, là-bas.
Elle se retrouve là, assise dans cette voiture. L’ordre fuit de ses lèvres, la panique de ses yeux, de chaque pore de son corps. De tous les habitants de cette ville, fallait que ça soit Trevor qui soit apparu, sur son carrosse pas franchement blanc. Chevalier déglingué, qui finit pourtant par l’emmener loin de là, une fois la surprise passée.
Ne se remet pas complètement de son aventure dans le bâtiment, pas plus qu’elle réalise, avec un peu de retard, que lui aussi s’était souvenue d’elle. Twig. Elle avait mécaniquement attaché sa ceinture quand il l’avait mentionné, avant de se retrouver plaquée contre celle-ci. Dernier regard vers les caméras qui déjà s’évanouissent dans le rétroviseur, elle remplace la peur de leurs questions, de leurs micros, par la peur des conséquences de son écart, de sa fuite. Quelle version de l’histoire allait être contée dans les journaux du lendemain ? Quel courroux allait s’abattre sur sa tête, une fois rentrée à la villa ?
Sage repousse un instant ces pensées, quand son dos s’abat contre le dossier de son siège et que ses fesses rebondissent brutalement contre l’assise. Faudrait pas oublier où elle se trouvait, non plus. L’instinct de survie la ramène à la réalité, et son conducteur qui s’plie en quatre et quitte la route des yeux. Non, non, non. La dernière fois, elle s’en était tirée sans trop d’égratignures physiques - ce ne serait pas le cas aujourd’hui.
Se retrouve néanmoins avec une bouteille d’eau dans son champ de vision, qu’elle s'empresse de prendre pour qu’il puisse, bon sang, remettre ses deux mains sur le volant. Elle vérifie un instant qu’ils ne foncent pas droit dans un mur un arbre une autre voiture le trottoir des passants un chien, avant de dévisser le bouchon. Un peu d’eau ne pourrait pas lui faire de mal. Elle vide la moitié de la bouteille, d’un trait.
Merde. Elle aurait dû déplacer tout ça dans l’une des … sept ou huit poches de son pantalon. En même temps, elle n’aurait jamais osé planquer quoi que ce soit dans la veste qu’elle portait, celle floquée de leurs sponsors, Red Bull notamment.
Par contre, il lui faut un moment pour comprendre pourquoi il lui parlait d’Harry Potter.
Peu importait qui l’embauchait ; cette personne ne s’était jamais assise à ses côtés en voiture. Ou en camionnette.
les yeux soucoupes;
pensait pas en lui tendant cette bouteille visant à apaiser sa panique qu'elle en dégommerait la moitié d'une seule traite - d'autant plus dangereux de le faire compte tenu de la conduite hors-du-commun du suédois. « you ok? » demande, l'émeraude filant de la route à elle et vice versa. s'en inquiète pas spécialement par affection; manquerait plus que la gamine tombe dans les pommes dans sa camionnette et pendant ses heures de travail en plus. détail qui ne fait pas encore tilt. remerciements tombent légèrement dans la soupe, suédois qui ne se voit pas jouer au superhero venant d'enfiler sa cape alors qu'il ne comprend rien à ce qui se passe. n'a pas vraiment choisi de l'aider non plus, d'ailleurs, quand on y pense. a visiblement eu raison de lui forcer la main vu la horde de flash qu'ils avaient laissée, penaude, dans leur sillon. « want one ? » plutôt l'air de dire need one ? propose, l'une de ses mains quittant le volant pour fouiller maladroitement l'intérieur de sa veste. volant qui suit de temps en temps son mouvement vers la gauche, lorsqu'il galère à les choper. ce n'est que lorsqu'il l'attrape et le tend qu'un éclair de lucidité semble l'aveugler. main se rétracte - paquet s'envole à ses pieds. putain. va galérer à le choper à nouveau et hors de question de s'arrêter sur le bas côté pour une raison aussi con. « wait how old are ya ???? » du genre mauvaise influence - mais pas suffisamment connard pour l'inciter à fumer sans savoir si elle pouvait. mort en bâtonnet comme il l'appelle; aurait apprécié en avoir un entre ses doigts plutôt que de ne pas savoir qu'en foutre, tapotant sur le volant comme pour extérioriser ce trop-plein de what the fuck? qui ne le quitte pas depuis que twig est entrée. « i don't mind. » ment qu'à moitié; un peu trop habitué à sa solitude d'ours mal-léché. la tournée qui va s'éterniser à tous les coups mais un peu moins sinistre maintenant qu'il y a quelqu'un pour lui changer les idées. « should probably think twice next time.... » if there's one. semblant de raison perce l'enveloppe-connerie. « i almost drove over you. don't know what you were running from but pretty sure it wasn't worth the risk. » sait même pas pourquoi il la sermonne, la gamine. pas la sienne. le sera jamais. (quoi que?) semble pourtant naturel sur le moment, envie de lui faire comprendre même de manière un peu trop crue à côté de quoi elle avait failli passer. « could've been anybody - » ajoute les sourcils froncés. personne malintentionnée. pépé creepy. which i'm not, right twig? un psychopathe. un meurtrier? pire. tout ça à la fois. « ah yeah. thanks for reminding me. » mémoire lui fait défaut; coup de volant improvisé vers la gauche pour tourner au dernier moment - adresse affiché sur le téléphone du boulot. pas son vieux nokia qui risquait de l'aider à effectuer ses tournées. « not only they let me but they pay me for it. can you believe ?? » semblant d'étincelle amusée et excitée derrière les émeraudes. aime un peu trop la conduite à sensation forte et pas assez le train-train quotidien qu'applique (normalement) la livraison. un peu plus précautionneux, heureusement, avec les produits professionnels - serait con de se faire virer pour quelques verres en crystal cassés. « come on, my driving isn't that bad. » regarde dans sa direction l'air inquisiteur. attend qu'elle confirme. peut sans doute rêver. « or we can go back to that... thing and i let you find a BETTER driver ? » propose, le pied déjà apposé au frein et la voiture qui ralentit doucement comme pour marquer son point. « makes me think, who the fuck are you? » ça aussi, il y a pensé un peu plus tôt sans poser la question. a failli lui échapper pour de bon. « and why were they after you? » serait quand même marrant que ce soit elle, au final, le fauteur de trouble. celui que les flics recherchent et qui ne doit pas être trouvé - alors que leif en a des deux le profil tout craché. marrant qu'à moitié en réalité; pas prêt à juger pour autant ce qui a pu l'amener ici. connaît la dèche et les situations critiques, le besoin de fuir, un endroit, les autres - le passé. besoin de respirer. « wanna grab something to eat? » passe du coca light comme disent les jeunes. un petit drive in, pourquoi pas, pour se remettre de leurs émotions - et un bon compromis pour celui dont l'estomac commence à grogner.
les colis vont de toute façon pas bouger.
Doucement, Sage pouvait sentir la panique refluer. Elle n’était plus face aux journalistes, plus face à leurs caméras, plus sous le feu de leurs questions - celles qui piquent dans le passé, dans le personnel, dans tous les recoins qu’elle se plaisait à garder à l’abri. Dans l’habitacle, les questions ne sont pas les mêmes.
Personnelles, mais pas vraiment. Concernées, mais pas vraiment. Il est plus facile de les éviter, ou de répondre à côté. D’isoler, de compartimenter, de choisir. Un peu grâce à la route qui défile devant ses yeux, un peu grâce aux réactions du chauffard à ses côtés. N’aurait pas pensé qu’il lui propose de l’eau, ou qu’il termine la vie de sa cigarette simplement parce qu’elle était là. S’est imposée sans réfléchir, à choisir entre Charybde et Scylla elle a encore préféré le monstre auquel elle est accoutumée.
Clope qui lui est présentée, puis tout aussi soudainement refusée, avant même qu’elle n’ait pu le faire elle-même. La raison effleure un sourire sur son visage. Morceau d’elle qu’elle n’hésite pas longtemps avant de donner.
Le temps s’étire étrangement entre eux, dévie sur les mentions d’Harry Potter avant de les ramener à la brutale réalité, elle, ici, et lui, supposé bosser. La blonde s’excuse, et se concentre sur ce qui est désormais tangible, à portée de main, d’esprit, de distraction. Pour mieux laisser derrière sa nervosité, ses angoisses et ses peurs.
Il aurait pu l’écraser, aussi. Aurait pu lui dire qu’un jour, un connard de chauffard avait décidé qu’elle roulait tellement mal qu’il avait décidé de déplacer lui-même la voiture qu’elle conduisait, mais … elle n’était pas encore certaine de sa réaction.
Plus tard, plus tard. S’inquiète du travail de l’autre ; s’étonne que conduire soit sa mission principale. Sans doute qu’il aurait fait un bon cascadeur, avec sa gueule toute de travers, Trevor. Pas besoin de maquillage.
Sauf qu’elle va trop loin, et que la menace rôde au-dessus d’elle. Les questions pleuvent, et Sage s’assombrit, ratatinée au fond du siège, dans sa veste trop grande qui trahit exactement qui elle est. Envisage un moment de lui répondre - oui mais quoi ? qui est-elle ? Préfère le silence qui scelle ses lèvres. Pourtant, elle sort son téléphone, soudain rappelée à son boulot comme Trevor juste avant. Si elle ne doit pas de réponses à son chauffeur, elle en doit, au minimum, à ceux qu’elle vient d’abandonner. Lui faut un moment avant qu’elle ne réussisse à aligner quelques mots, avant d’envoyer le message.
D’retomber sur le visage de Trevor qui propose d’aller manger. Pique son intérêt avec plus d’efficacité qu’une pointe de couteau. Sauf que … lui bosse, non ?
Retire finalement sa veste avant de l’étaler sur ses genoux. Dans le dos, son pseudo est floqué, à côté de tous les logos de leurs sponsors. Il avait pas l’air trop calé en cinéma, alors elle ne tenta même pas de lui parler de ce qu’elle faisait réellement. Pointe du doigt le M0CH1 qui s’étale.
(survolez les paroles pour la traduction )
« twenty six ? » « t'as vingt-six piges ? » arque un sourcil;
cherche même pas à cacher son scepticisme. si t'as vingt-six j'suis l'christ ressuscité pend au bout des lèvres, menace. après tout ce serait pas la première fois que la gamine se fout de lui. elle qui ne voulait même pas lui révéler son vrai prénom, de base, sans parler de l'envoyer à los angeles pour le plaisir de le balader. « yeah right. go on fucking with me. » « c'est ça ouais. continue de te foutre de ma gueule. » l'amusement remplace le doute; jaune pour être honnête. sait pas pourquoi elle continue de mentir inutilement. comme si le quarantenaire qu'il était allait tenter quoi que ce soit pour la retrouver, en dehors de cette foutue camionnette. les gens penseraient sans doute y voir un père et sa fille, si ce n'est pire, en voyant leurs accents opposés. se doute bien des impressions que ça donne lorsqu'on voit un vieux et une jeunette se balader sur la banquette d'une camionnette - et rien que ça, ça lui donne envie de gerber, au suédois. « you look twelve. » « t'as l'air d'en avoir douze. » no offense qu'il avait failli rajouter mais en réalité, leif ne s'en formalise pas. au mieux elle le prendra comme une plaisanterie. au pire? elle sautera hors de la charrette en train de rouler. mais quelque chose lui dit qu'elle n'est pas assez stupide pour faire ça; peut-être même que c'est en train de devenir leur façon à eux de communiquer. marcher autour du pot, plaisanter, un peu mais pas trop. tâter le terrain, avancer puis reculer. « oh. weed then? » « oh. de la weed alors ? » suppose. en a déjà fumé par le passé - avec son frère essentiellement. tout ce qu'il avait après les querelles et les bastons pour soulager le mal des plaies. « i don't have any. but i know someone if? .... » « j'en ai pas sur moi. mais je connais quelqu'un si?...» c'est ce que tu veux. c'est ce dont t'as besoin pour te calmer. demanderait qu'un petit détour - et leif est définitivement pas à son premier. son patron qui cherche même plus à comprendre le méli-mélo de ses trajets; l'a abandonné. parce que si niveau amabilité le suédois est pas si bien noté il n'empêche qu'il est l'un des seuls à prendre des missions supplémentaires, de plus en plus tard, quelle que soit la distance de cette dernière. entre le futur permis de svea à financer, ses leçons de piano et les frais qu'engendre la procédure d'adoption, il coule le colosse. « could definitely make a deal then. you run over me, i run over you. everybody's happy. » « on pourrait carrément faire un deal alors. tu me roules dessus, je te roule dessus. tout le monde est content. » enfin, à supposer qu'ils y survivent. manquerait plus que ça comme galère. d'autant plus lorsqu'elle critique sa conduite - lui qui n'a pourtant raillé aucune voiture aujourd'hui. ni insulté personne (quoi que?) la mémoire courte pour celui qui se considère, comble de tout, conducteur plutôt aguerri. sait en tout cas semer les personnes qui pourraient se jeter à ses trousses depuis l'adolescence - depuis leurs conneries et les sirènes endiablées. mauvais souvenir; encéphale le ramène à ce soir là, qui avait tout changé.
chacun dans leurs mondes respectifs, se tapissent quelque peu dans leurs sièges et se murent dans le silence. lui ne pose pas de question et elle ne cherche pas à répondre à quoi que ce soit de ce qu'il a pu lui dire. à sa grande surprise l'initiative de briser le bulle (faussement) sereine vient même d'elle. « it is but my boss doesn't give a shit. » « ça l'est mais mon boss en a rien à foutre. » tant qu'il fait un plein sur trois; tant qu'il ne s'éloigne pas trop de la tournée et permet de minimiser les possibles retards d'un voire deux jours au grand max. puis même si ça lui plaisait pas, il avait déjà essayé de lui en parler d'ailleurs, leif avait tout simplement sauté par-dessus le problème en changeant de sujet. l'air de dire `on va pas en parler, ok?` aussi l'air de dire `j'ai besoin de ce job et tu vas me laisser le garder même s'il faut que j'te fourre mon poing dans le nez. ok?` bizarrement la tentative de leçon s'était arrêtée aussi sec. pauvre pakistanais faisait à peine la moitié de sa taille, cinquantaine entamée. définitivement pas le poids. « is it chinese or some shit? fine by me. » « c'est chinois ou une merde comme ça? ça me va. » et faut pas lui dire deux fois au suédois qui crève la dalle. croit d'ailleurs savoir où c'est; les a déjà livrés une à deux fois pour des cartons de vaisselles qui avaient manqué de peu de finir cabossées avec sa conduite...sportive. drôle de hasard.
œillade en biais, voit brièvement les lettres qu'elle pointe du doigt mais ne comprend pas. « and what does.... huh... that thing mean? » « et qu'est-ce que... euh... ce truc veut dire? » c'est de l'argo? du langage de jeuns qu'il est trop âgé pour comprendre? un peu comme le système d'il-ne-sait-quoi qu'elle est en train de lui décrire. makes no damn sense. retenu derrière les lèvres mais si évident dans l'émeraude qui reflète ses pensées. « you're telling me you're getting paid to say A WORD about them ? » « t'es en train de me dire que t'es payée pour dire UN MOT sur eux ? » c'est le genre de métier qu'il voudrait bien faire, lui. parlerait à longueur de journées dans ces cas là; surtout si on lui offrait des trucs en échange. ne sait toujours pas ce que ça vaut et surtout, dire tout ça à qui exactement? « i don't get it. » « je comprends pas. » avoue en toute honnêteté, quitte à passer pour un boomer. quitte à ce qu'elle se moque à nouveau de lui. « are they cool? » « est-ce qu'ils le sont, cool ?» questionne bêtement, encore. prêt à gagner du fric de la pire des façons, illégales même, mais peut-être pas en mentant. trop d'intégrité - trop d'égo surtout. supporterait pas que sa parole dépende de quelqu'un d'autre sur qui il n'a aucun pouvoir.
Répondra rien au commentaires de son chauffeur désigné, qui a pas l’air de croire son âge. Flatterie ? Étonnement réel ? Certes, elle avait cherché à se protéger - notamment lors de leur première … rencontre, disons - en en révélant le moins possible sur elle ; mais, pour le coup, elle avait été honnête. Aurait peut-être dû continuer à mentir. Pourtant, elle hausse un sourcil quand il lui dit qu’elle a l’air d’avoir douze piges. Mais il devait pas beaucoup côtoyer des gamines de douze piges, parce que celles-ci en paraissaient vingt-cinq. Donc, échec et mat.
God bless America, et la légalisation du cannabis. Si Sage avait une ordonnance de son médecin, elle pourrait tout aussi bien consommer sans. Elle aurait probablement dû en dire moins, d’ailleurs, mais tant pis - elle restait nerveuse, à regarder par-dessus son épaule comme si les journalistes s’étaient accrochés au hayon du véhicule.
Leur conversation évolue, au fil des rues qu’ils passent, et des panneaux que Sage ne regarde plus - ils ne sont pas respectés, alors autant qu’elle ignore dans quoi elle s’est engagée.
Sage lui file un regard de travers, pas le moins du monde rassurée, quand il lui avoue que la voiture est certes géolocalisée, mais que son chef s’en fiche pas mal. Sans doute qu’il était trop bizarre et qu’il faisait trop peur à son patron, et que celui-ci n’y regardait pas de trop près. C’était la seule explication possible, parce qu’il était quand même vachement bizarre et il faisait peur. Dans ce cas précis, il proposait de l’emmener manger sur ses heures de boulot, au détriment de finir son boulot et sa journée par la même occasion.
Il leur restait du temps, et Sage se devait de lui fournir des explications. Sur qui elle était, ce qu’elle faisait. Ou plutôt, ce qu’elle était supposée faire - à la place d’être assise dans son camion. Elle tenta, maladroitement, de lui expliquer, avec les images et les logos brodés sur sa veste. S’imaginait aux côtés de son beau-père - probablement le même âge, la même génération, la même connaissance de ce milieu professionnel.
Ouais. Elle était payée pour parler de Valorant - le jeu qui la passionne depuis des années, le job le plus simple au monde - et elle venait de tout foutre en l’air ; de laisser ses coéquipiers continuer sans elle, de laisser les journalistes dans l’incompréhension.
D’ailleurs, Andy lui a répondu (en pleine conférence ? oh, c’était mauvais signe), et elle prend quelques instants pour lui renvoyer un message. S’en mordrait les doigts, s'en rongerait les sangs, plus tard, plus tard, n'en dormirait pas de la nuit.
Come on Trevor, la gamine a faim. Elle réajuste la veste sous son bras, de sorte à ce que l’intérieur soit exposé, et son nom bien caché, et se dirige droit vers la porte d’entrée, sans franchement attendre l’homme.
(survolez les paroles pour la traduction )
« ha-ha. let's just say I can't be seen buying stuff like that. » « ha-ha. disons seulement que je ne peux pas être vu en train d'acheter ce genre de trucs. » for obvious - and multiple reasons. celle en top de liste se trouvant dans la boîte à gants côté passager; papiers froissés, raturés. cherche les bonnes tournures, les bons arguments, pour prouver qu'entre la mère et l'oncle il était des deux le plus apte à s'en occuper. svea qui ne sait rien de la procédure qu'il a lancée il y a de ça presque deux mois, du temps qu'il prendre pour se renseigner, s'améliorer - être un véritable pilier dans sa vie plutôt qu'un coup du sort les ayant forcés à cohabiter. peut-être un peu sa façon à lui (aussi) de s'y exercer en sortant la gamine de la panade, en s'adaptant à ses besoins. après tout elle n'est rien pour lui. elle n'est rien ? pas vraiment. suédois ne sait juste pas l'expliquer. y a t il seulement des mots adaptés à leur situation étrange ? « can you? with your whole.... sponsoring shit that I don't get. » « toi tu peux ? avec tout ton truc de... sponsoring auquel je comprends rien. » s'intéresse encore un peu, persiste malgré les époques qui s'entrechoquent. impression qu'elle pourrait lui apporter ce qui lui manque pour mieux comprendre sa nièce, trouver sa place dans l'ère du temps. ne sait que trop bien que ses habitudes et son apparence font tâche au milieu de ce tableau californien où le bleu-ciel est loi. « any chance I can find a burger and some fries in there ? » « une chance que je trouve un burger et des frites là-dedans ? » sourit en coin et s'autorise un regard dans la direction de la fuyarde. « chill I'm kidding. » « relax je plaisante. » meme si l'idée d'un poulet à l'orange ne l'enchante pas particulièrement; gars de la campagne aux goûts relativement simples - burger de chez mcdo ou pizza réchauffée au micro-ondes suffisant à remplir l'estomac vorace du colosse. du mal à imaginer comment un fruit et de la viande pourraient bien matcher mais prêt à se laisser tenter, puisque twig le lui a conseillé. « you're really into the japanese culture aren't ya?» « tu t'intéresses vraiment à la culture japonaise hein ? » un peu moins plaisantin, un peu plus doux (aussi). parce que lui n'y connaît strictement rien à ces choses là - hormis les ramen premier prix qu'on réchauffe en deux minutes trente pour finalement se brûler honteusement la langue. « why's that? » « pourquoi ça ? » pourquoi eux en particulier, pourquoi à ce point là ? pas nécessairement besoin de comprendre mais envie de la comprendre elle. peut être parce qu'il y a cette illusion d'épée damocles au-dessus de leurs têtes; hasard déjà inespéré que leurs routes se soient croisées deux fois alors trois ? et il a commencé à s'y faire, leif, à son répondant pété et son étrange timidité. deux faces d'une même pièce. « okay that's cool. everyone can't say they love their job as much as you do. » « ok c'est cool. tout le monde peut pas se vanter d'aimer son travail comme toi. » se contente de rétorquer, finalement conscient qu'elle ne désirait pas en parler. suffisait de voir comment elle begayait. s'arrete sur le positif et laisse le reste de côté tandis qu'il se gare sur la première place de parking disponible - stationnement légèrement négligé dans l'empressement. trop la dalle pour faire le moindre effort. suédois s'extirpe du véhicule, le verrouille puis presse le pas vers l'entrée où la gamine s'est déjà pressée. sait même pas comment ça marche, ces choses là. plus habitué aux sacs de fast food et leur odeur de friture piquant le nez. entre à sa suite sourcil arqué : « nah, we eating here. too hungry to go somewhere else. » « nan, on mange sur place. j'ai trop faim pour aller ailleurs. » puis, seraient plus en sécurité à l'intérieur non ? si elle ne voulait pas être trouvée - encore moins avec lui. quand bien même avaient-ils conduit un petit moment avant de jeter leur dévolu sur le panda (apparemment) adoré. « believe me, me and my kiddo we're well aware of fast food around here. » « crois moi, ma gamine et moi on est parfaitement conscients des fast food du coin. » sourire en coin. devrait pourtant pas s'en vanter. évitera d'ailleurs de le préciser dans les papiers visant à l'adopter. pas pour rien qu'il se renseigne sur les cours de cuisine disponibles à oceanside - même s'il n'est pas sûr d'y arriver, sa volonté fera la majorité du job. « we're just too lazy. rather eat at the flat. » « on est juste trop flemmards. on préfèreanger à l'appart. » une pizza est si vite commandée et livrée - parfois suffit même de taper sur le mauvais bouton du téléphone et ça se fait tout seul.... enfin ça, c'est l'excuse que svea lui a déjà servi. « I've never been married. she's my niece actually. » « j'ai jamais été marié. c'est ma nièce en fait. » precise sans savoir pourquoi. fait de plus en plus bizarre de la nommer ainsi - nièce. comme si elle n'était rien de plus que ça (alors qu'elle est toute sa vie). elle est robyn à qui il pense forcément lorsqu'elle évoque le mariage. s'égare quelques instants, sourit pour lui, avant de se reprendre pour aller au guichet. « so how does it work ? » « alors comment ça marche ? » À l'aise, sans doute un peu trop, pose son bras sur le comptoir où il commence à pianoter des doigts dans l'attente. « we pay once and I can eat EVERYTHING ? » « on paie une fois et je peux manger TOUT ce que je veux ? » la salivé perle déjà aux babines - odeur de laqué qui se glisse à son nez au loin. « or is there some jacki chan ready to kick my ass of I'm eating like a bear ? » « ou est ce qu'un jacki chan est prêt à me botter le cul si je mange comme un ours ? » et il rigole,
comme un vieux con, tout seul.
lui en train de se marrer, elle embarrassée. une vraie petite famille recomposée.