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i want to feel something ; finnick & kihyun
Les journées se ressemblaient toutes. Kihyun se réveillait à l'aube, buvait un café sans sucre, ni lait. Il enfilait ses vêtements de sport et sortait à l'extérieur. Il se mettait alors à courir sur cinq kilomètres, ne pensant à rien. Son esprit se vidait et il regardait au loin, ne se concentrant pas sur les gens autour de lui. À tous les matins, c'est ce qu'il se produisait. La vie était loin d'être excitante. Ce qui l'arrangeait plus ou moins. Parce qu'il ne voulait pas attirer l'attention. Il ne voulait pas que les gens parlent de lui dans son dos, racontant à quel point il a été con de gâcher sa carrière dans la NBA. Quitter la grosse pomme fut la meilleure décision des dernières années. Il le voyait ainsi. Les regrets étaient encore bien présents, mais Kihyun essayait de les ignorer. Du mieux qu'il le pouvait.
Il passa le reste de la journée au boulot, lavant la vaisselle des clients. Les mains protégées par des gants de latex, il se concentrait sur ce qu'il devait faire, loin des clients. Il entendait le brouhaha des discussions, des rires et disputes. Il entendait, mais ne s'en préoccupait pas. Son patron dira qu'il était très efficace. Les employés diront qu'il est très mystérieux. Ils ont essayé de l'inviter à des soirées, après le dernier service de la journée. Mais en vain. Ils n'ont jamais réussi à le faire sortir. Kihyun est devenu un être solitaire. Il mange seul, boit seul, marche seul et va même voir des films en solo. Tout était possible pour ne pas attirer l'attention.
Kihyun retourna chez lui, après son service au restaurant. En entrant dans son logement, il sentit un vide à l'intérieur. Il n'y avait pas d'amour, dans ce minuscule appartement. Il n'entendait pas les rires de son garçon, ni la voix envoûtante d'Elise. Il était réellement seul. Kihyun soupira et se rendit dans sa chambre. Il enfila à nouveau des vêtements de sport, ainsi que ses chaussures Nike. Il retourna dehors et couru jusqu'au city stade. À cette heure tardive de la soirée, il savait parfaitement qu'il se retrouvera seul. Kihyun pourra jouer aisément au basket-ball, sans capter l'attention de qui que ce soit. Le basket-ball lui permettait de survivre. En quelques minutes à peine, il arriva. C'était vide. Enfin. Du silence et le basket-ball. Il prit le ballon et commença à faire des lancers francs, se concentrant pleinement. Il était tellement concentré qu'il ne vit pas cet homme qui arrivait sur le terrain.
L’avantage d’être en colocation avec son petit frère - en dehors des très nettes économies - est sûrement de pouvoir lui piquer des fringues lorsqu’il a le dos tourné. Loin d’avoir les moyens de t’acheter de nouveaux vêtements tous les mois, il n’est pas rare que tu ailles mettre ton nez dans l’armoire de Franklin pour y dénicher quelques pièces qui feront l’affaire. Bien que celui-ci ait une carrure bien plus imposante que la tienne, tu aimes troquer tes vieilles guenilles pour ses vêtements plus larges et il ne te dira rien - puisque les absents ont toujours tort. Tu ne sais pas où il a disparu encore en cette fin de journée, t’étais rentré un peu plus tôt du boulot et t’avais retrouvé l’appartement vide, calme. La plupart du temps quand tu rentres, il est là, fait des trucs dans son coin pendant que tu prépares le repas, c’est étrange de te retrouver de plus en plus seul en ce moment et puis en même temps, plus reposant. Plein d’énergie, tu décides alors d’aller te dépenser à l’extérieur, tu passes le jogging subtilisé quelques minutes plus tôt et une paire de basket qui t’appartient depuis des années et dont l’usage peut se voir rien qu’à l’allure qu’elles ont. Avant de partir, tu n’oublies pas de lui laisser un petit mot, bien conscient qu’il doit être occupé tu n’oses pas lui envoyé de message sur son téléphone, préférant le post-it abandonné sur la table du salon : “Je vais m’entrainer, ton repas est dans un tupperware dans le frigo”
Le city n’est pas si loin, et même s’il l’était, t’as tellement l’habitude de marcher que tu ne te rends même plus compte des kilomètres que tu fais. Ballon de basket sous le bras, trouvé quelques jours plus tôt dans un buisson, abandonné là comme un vulgaire déchet, tu l’avais récupéré et à l’aide d’une rustine, tu avais offert un second souffle. En piteux état malgré tout mais incapable de t’en racheter un autre parce qu’il n’y a pas de place à ce genre de folies dans le calcul des dépenses à faire que tu effectues tous les mois ; la seule de ce mois-ci fut une pizza achetée avec ton petit-frère dans une enseigne pas très chère, pas très bonne.
Persuadé que tu serais seul vu l’heure - bien qu’il fasse encore jour - tu es étonné de voir un homme face à l’un des deux paniers. Tu le regardes silencieusement d’abord, attendant qu’il ait fini son lancé - qu’il réussit malgré la distance - pour enfin l’ouvrir.
“Désolé je pensais être seul… Je ne vous gênerai pas, je vais me mettre là et vous ici. D’accord ?” Tu avais indiqué vos places respectives pendant tes explications – chacun son panier, chacun sa place. Tu attends qu’il se retourne, qu’il te réponde pour la positive ou la négative. Puis finalement, quand tu vois enfin son visage, ton propre ballon t’échappe pour rouler bien des mètres plus loin. Tu le reconnais, bien sûr. “Oh??! Kihyun Baek ?” T’avais, bien des années auparavant, entendu parlé de sa retraite anticipée, de ses problèmes, rien n’avait été divulgué dans les médias avec de grosses explications mais ça parlait de la mort de sa famille – de ses problèmes d’alcool. Tu savais aussi qu’il avait déménagé ; mais t’étais jamais tombé dessus avant, normalement plus adepte du volleyball que du basket en réalité… Coup du sort, t’es tombé sur lui - dont t’étais fan quand tu regardais son équipe jouer sur le petit écran du salon - des étoiles dans les yeux, tu t’approches. “Vous allez bien ? Je m’appelle Finnick – On peut jouer ensemble, dites ? – Wow, j’suis vraiment content de vous rencontrer – Je peux vous prendre en photo ?” Comme à ton habitude tu parles trop et trop vite, c’est comme ça avec toi.
Parfois, voire souvent, Kihyun pensait à son ancienne vie. Il revoyait sa femme et son fils qui l'encourageaient. Il les voyait, dans les stades et donnait son maximum. Quand il jouait, Kihyun avait l'impression d'avoir des ailes. Il se sentait indestructible. Son agent lui avait même dit qu'il aurait une belle et longue carrière. Il était sur un nuage trop confortable. Il n'a pas vu le malheur se pointer le bout du nez, accompagné de la malchance.
Sur un terrain de basket, Kihyun se sentait complet. Il ne faisait pas semblant d'être quelqu'un d'autre. De plus, il ne ressentait pas le besoin d'impressionner qui que ce soit. Il était seul, sur ce terrain. Kihyun pouvait jouer comme il le désirait, sans être pris en photo. Il ne méritait même plus d'être reconnu comme un des meilleurs joueurs de la NBA. Il a perdu cette chance en gâchant tout ce qu'il avait. Sa carrière, ses biens immobiliers, mais, surtout, il a perdu les deux personnes qui comptaient le plus dans sa vie. Maintenant qu'il se retrouvait seul, Kihyun n'avait plus rien à perdre. Ça lui convenait. Il ne voulait pas souffrir à nouveau. L'idée de laisser quelqu'un entrer dans sa vie était inimaginable. La solitude l'accompagnait depuis trois ans. Il aimait ce mode de vie. Du moins, il se le faisait à croire.
Il fit un lancer franc, quand il entendit la voix d'un inconnu. Kihyun ne s'attendait pas à cela. Il pensait qu'il serait seul jusqu'à son départ. Évidemment, cet endroit était public. Il n'avait pas le pouvoir de le réserver. Curieux, il se retourna et vit un homme légèrement plus petit que lui, mais quand même grand. Kihyun le regarda, ne sachant pas trop quoi répondre. Lorsque l'inconnu dit son nom, Kiki sut qu'il s'agissait d'un admirateur. Il a longtemps pensé qu'il passerait inaperçu, s'il n'attirait pas l'attention. L'ancien meneur regarda cet homme s'approcher, pouvant voir les étoiles dans son regard. Kihyun était figé sur place, comme si ses pieds étaient collés sur le sol. — Je... je vais bien merci. Bonjour, Finnick. Ce fut ses premières paroles de la soirée. Il ne s'attendait pas à une telle rencontre. De près, Finnick était charmant. — Hum... oui, tu peux jouer avec moi, mais, en ce qui concerne la photo, je ne sais pas. Kihyun n'a pas été pris en photo depuis longtemps. Cette rencontre le perturbait. — Si tu réussis à faire dix points, tu pourras me prendre en photo. Kihyun voulait découvrir de quoi Finnick était capable.
C’était bien lui, tu n’étais pas trompé – Tu avais eu une petite appréhension en t’approchant, si ce n’était pas réellement le joueur de basket auquel tu pensais, tu serais une nouvelle fois passé pour un idiot. Mais c’est bien l’ancienne meneur des Knicks de New-York qui se tient devant toi, sur le city stade de Oceanside ; jamais tu n’aurais pensé qu’une chose pareille puisse t’arriver un jour. Te retrouver nez à nez avec l’un de tes joueurs préférés fait vraiment de cet instant un émerveillement ; il le ressentira sans doute dans ton regard qui ne le lâche plus du tout. De bas en haut, puis de gauche à droite, tu scrutes de fond en comble l’ancien joueur de basket professionnel, venu jouer seul ce soir, tout comme toi. Alors qu’il dit ton prénom, tu sursautes un peu, encore une fois impressionné d’être quelqu’un dans la bouche de celui dont tu regardais l’ancienne équipe jouer à la télévision la semaine dernière – mais sans lui, bien évidemment.
“Oui, bonjour… ‘Faisait longtemps que je vous avais pas vu, vous aviez un peu disparu… Enfin, c'est pas comme si je vous avais déjà vu mais… A la télévision, souvent.” Tu réfléchis un peu, la dernière fois que tu avais regardé les Knicks joué, ils avaient perdu contre l’autre équipe, sans doute parce que Kihyun n’était plus là, tu es persuadé qu’ils avaient été déstabilisé par son départ de toute façon. “C’est vrai?? Merci beaucoup Monsieur !” Tu le respectes énormément, déjà parce qu’il est plus âgé que toi, ensuite parce que tu es bien élevé mais surtout parce que tu l'admire. “Si j’avais su, j'aurais amené un feutre pour que vous puissiez signer mon ballon…” Une moue boudeuse sur le visage, tu penses un instant à faire demi-tour pour rentrer chez toi, mais le soleil commençant sa descente, tu as bien peur qu’en revenant, Kihyun ai disparu. Tant pis, tu profiteras des souvenirs qu’il laissera ancré dans ta mémoire en ayant accepté de jouer avec toi au basket, et bien que tu es persuadé de perdre contre lui, tu ne pouvais qu’apprécier l’instant. “Vous me lancez un défi que vous êtes sûr de remporter… Ce n’est pas très juste.” Tu t’approches un peu plus de lui. Il tient son précieux ballon orange dans les mains, tu réfléchis à une manière de pouvoir l’en extirper en le prenant au dépourvu. Tu lèves la main, mais pas pour le lui prendre, pas encore, tu viens poser tes doigts sur son biceps que tu flattes généreusement, impressionné. “Vous êtes vraiment beaucoup musclé, à côté de vous mes bras sont minuscules.” La conversation ayant déviée sur un autre sujet, tu en profites pour taper dans le ballon rond afin de pouvoir la récupérer en vitesse ; tu te mets à courir tout en dribblant et quelques pas plus loin tu sautes pour marquer ton tout premier panier de la soirée. Tu te retournes alors vers lui avec un sourire rayonnant ; tout en récupérant le ballon. “... 1-0 ! Je vous attends, Joueur Baek, essayez donc de me reprendre la balle !” Tu savais très bien qu’il y arriverait, il est bien plus fort que toi, bien plus rapide sans doute même, mais ce n’était pas une raison pour ne pas te débattre et essayer de te défendre – toutes les manières étaient bonnes pour espérer avoir cette photo, même les chatouilles.
Il était vrai que passer inaperçu dans une ville de Californie pouvait s'avérer difficile. Même s'il essayait de ne pas attirer l'attention, l'ancien meneur se retrouvait régulièrement sur le chemin d'anciens admirateurs qui étaient ravis de le voir dans leur municipalité. Kihyun affichait donc un faux sourire, discutant quelques secondes avec eux, trouvant ensuite l'excuse parfaite pour fuir les lieux. Depuis son départ de la NBA, Kihyun ne communiquait plus avec les admirateurs. Il avait encore son compte instagram où il publiait de temps en temps, s'il en sentait le besoin ou par ennui. Certaines personnes lui envoyaient des messages, demandant comment il allait et s'il comptait retourner chez les Knicks. Pourtant, ça semblait évident. Cette vie était loin derrière lui.
Alors, quand il croisa le regard de cet inconnu, Kihyun sut qui s'agissait également d'un fan. Il avait le don de les reconnaître, même s'il n'avait pas envie de les voir. Il a déçu tout le monde. Surtout lui-même. Kihyun sourit timidement, faisant face à ce fameux Finnick. — Ouais... C'est une autre vie. Il ne voulait même plus qu'on le voit pour l'ancien meneur des Knicks. Durant plusieurs années, sa vie a été extraordinaire. Sous les feux des projecteurs, tous ses mouvements étaient analysés à la loupe. Il ne devait faire aucun faux pas, au risque de s'en prendre plein la figure. Maintenant, il était libre et pouvait agir comme il le désirait. Même s'il était discret et ne sortait pas souvent. — Ce n'est pas grave. Je suppose que nous allons trouver une solution. Pourquoi a-t-il accepté de jouer avec lui? Kihyun ne le connaissait même pas, mais l'idée de voir de quoi il était capable l'intriguait. Il ne s'est pas senti comme ça depuis longtemps. En fait, depuis
— On ne sait jamais. Même s'il continuait de jouer, Kihyun pourrait perdre. Ça lui est arrivé à quelques reprises, durant sa carrière. Il était doué, tout comme son équipe, mais ils ont perdu des matchs. Il était difficile de s'en remettre, mais ils travaillaient encore plus fort pour se reprendre et gagner à nouveau. Il ne fallait surtout pas abandonner. Mais il a quand même abandonné. Alors qu'il s'apprêtait à lancer le ballon dans le panier, Finnick s'approcha de lui et toucha son biceps, ce qui figea Kihyun. Il n'a eu aucun contact physique depuis quelques semaines. Il regarda le jeune homme, surpris par son geste. — Hum... Quelques secondes plus tard, il le vit marquer un panier. Il a été pris au dépourvu. Belle stratégie pour avoir de l'avance. — Tu ne sais pas dans quoi tu t'embarques. Il couru jusqu'à Finnick et repris le ballon avec une grande facilité. Il fit face à Finnick, dribblant avec le ballon. — T'es doué, il n'y a aucun doute, mais essaie de m'attraper. Il sourit discrètement et alla marquer un panier. Kihyun ne le savait pas encore, mais ce moment allait lui faire beaucoup de bien.
Tu n’avais pris le temps de réfléchir ou de tourner sept fois la langue dans ta bouche avant de lui parler de son passé difficile. Sujet tabou, sujet sensible ; tu l’avais ressenti dans son regard à la suite de ta phrase et à sa réponse qui, contrairement à son visage, était pleine de tristesse. Il suffisait d’avoir suivi un peu la NBA lorsque Kihyun en faisait partie pour savoir ce qu’il s’était passé ; ce qu’il avait perdu. Tu ne peux t’empêcher de ressentir de la compassion pour lui, tout en essayant qu’elle ne se transforme pas en pitié - parce que personne n’aime ça. Tu n’avais pas été là pour le soutenir dans ce moment difficile, tu ne l’avais vu qu’aux informations qui passaient le sujet en boucle pendant quelques jours jusqu’à ce qu’un sujet jugé ‘plus important’ prenne la place.
“Désolé. J’aurai pas dû en parler.” Lui dis-tu avec cette air confus qui tranche bien de ton habituel sourire ; comme d’habitude, t’es l’idiot qui réfléchis pas avant de l’ouvrir. T’espères juste qu’il t’en voudra pas. Mais prêt à tout pour essayer de changer le sujet, de lui faire oublier l’erreur que tu venais de commettre, tu avais accepté son offre ; persuadé que tu allais perdre de toute façon. Le basket n’a jamais été ton sport de prédilection, si tu as toujours été bon dans toutes les disciplines, tu t’étais surtout démarqué en volley-ball – et un peu de patinage artistique dans ta jeunesse. Mais rien à envier au meneur des Knicks, t’es même pas certain de connaître les règles en réalité, alors tu essaieras de mettre des paniers en totale improvisation.
“J’aime les challenges, Monsieur Baek, ne vous inquiétez pas pour moi, c’est vous qui êtes vieux !” Petite pique lancée avec amusement après avoir marqué ton premier point de la soirée – et sans doute le seul. Les quelques années qui vous séparent ne se voyaient presque pas, cependant tu savais qu’il était quelque peu plus âgé que toi. Tout ça n’était que plaisanterie, et tu espères secrètement qu’il comprendra et ne se froissera pas pour si peu de chose.
“Attendez – Hey !” Bien sûr, il avait repris la balle grâce à son jeu de jambes impressionnant, tour de passe-passe et voilà qu’il avait déjà égalisé. “Vous allez trop vite !”
Tu essaies de l’attraper, tu échoues – Tu lui cours après, il marque des paniers – Tu le regardes sauter dans les airs, tu l’admires – C’est beau un athlète.
Tu ne réussiras pas à marquer un autre point et au contraire du joueur pro, tu abandonnes.
Tu t’écroules sur le sol moelleux du city-stade, haletant comme-si tu venais de courir un semi-marathon ; à bout de souffle – tu lui indiques que tu te rends d’un signe de la main.
Allongé en étoile sur le sol, tu trouves quand même la force d’enlever le vieil hoodie beaucoup trop grand de ton frère, dévoilant alors un t-shirt beaucoup plus à ton avantage, ne masquant plus cette silhouette marquée de quelques abdos et de muscles – même si tout cela est bien loin d’être aussi impressionnant que ceux de Kihyun.
“Je pensais – Que vous iriez gentiment avec moi – Oh, j’ai chaud…” Et t’as soif aussi. Tu tournes la tête vers lui, alors que t’es toujours sur le sol froid, tes yeux le suivent et ne le lâchent plus d’une semelle. Tu lui tends la main pour qu’il t’aide à te relever.
Quand les gens mentionnaient sa retraite du basketball, Kihyun était déstabilisé. Il n'aimait pas en parler et essayait constamment de changer le sujet de conversation. Ou s'il sentait qu'il y avait une impasse, Kihyun prenait la fuite. Dans ces moments-là, les gens devaient se demander pourquoi il faisait ça. En réalité, ils ne comprenaient pas. Comment pouvait-ils comprendre ce qu'il ressentait? Oui, Kihyun a fait des erreurs. Il n'aurait pas dû se mettre
Heureusement que le sujet changea rapidement. Kihyun était ravi de jouer au basket avec quelqu'un. Ça faisait longtemps qu'il n'a joué contre une personne. Habituellement, ce n'était que lui et son ballon de basket. Le reste n'avait plus la moindre importance. Quand il passait une mauvaise journée au boulot, ce qui arrivait souvent, il venait ici. Kihyun a trouvé ce refuge à Oceanside. Un mirage, en quelque sorte. Ce soir-là, il partageait son mirage avec un admirateur. Finnick. Cet homme qui était clairement ravi de jouer avec lui. Il ressentait quelque chose, mais il était incapable de le décrire. — Je ne suis pas si vieux que cela. À trente-cinq ans, Kihyun se considérait encore comme étant jeune. Il n'était plus un jeune adulte, mais il n'était pas vieux. Il décida de prouver à Finnick qu'il n'était pas vieux. Il reprit le ballon et se mit à faire des paniers, courant de gauche à droite. Il était encore en pleine forme. Il n'a pas perdu son endurance. Ce qui était une bonne chose pour le sportif. Pendant qu'il marquait des paniers, Kihyun ne remarquait pas les regards de Finnick. Il était dans sa bulle. Il était heureux. Réellement heureux.
Après plusieurs minutes, n'ayant aucune idée de l'heure, il constata que son adversaire était couché sur le sol, épuisé. Il lui indiqua qu'il en avait assez. La partie était terminée. Quand Finnick enleva son hoodie, Kihyun remarqua ses abdos et muscles. Le sportif regarda un peu trop longtemps. Son coeur battait un peu trop vite. Il passa une main dans ses cheveux. — Je suis désolé. Ce fut plus fort que moi. Leurs yeux se croisent. Ils ne se lâchent pas. Il y a quelque chose qui se passe. C'est étrange, ce bonheur qui naît soudainement. Il prend la main que Finnick lui tend, afin de l'aider à se relever. Soudainement, ils sont si près l'un de l'autre que Kihyun pouvait sentir son souffle contre sa nuque. Il devrait s'éloigner, mais il ne le fait pas. Il reste sur place, sans savoir pourquoi.
Tu l’avais blessé tu t’en rendais compte dans la façon dont son expression s’était métamorphosée en un être souriant puis, plus du tout. Tu savais ce qu’il s’était passé par les médias, mais tu ne savais pas réellement tout ce qu’il avait vécu au sein de lui-même, toutes les guerres qu’il avait dû accomplir contre lui pour s’en sortir vainqueur et peut-être un peu plus fort que précédemment. Bien que tu avais vécu le deuil aussi, tu ne pouvais pas le comprendre - seulement cette stupide injustice que vous aviez en commun qui vous avait retiré un être cher. Tu aurais pu lui dire que sa femme et son enfant sont désormais en paix, avec le seigneur et ta petite soeur Faye. Mais tu te contenteras du silence pour une fois, évitant de prononcer un mot de trop.
Préférant éviter que cette rencontre ne tourne au fiasco entre la star du basketball que tu aimes tant et toi, tu changes très vite le sujet de discussion pour passer sur un autre, cette fois beaucoup plus léger. “Bien sûr que vous êtes vieux.” Fais-tu en rigolant. Après tout tu savais qu’il avait quelques années de plus que toi, sans réellement te rappeler son âge. “Vous êtes sûr de pouvoir dribbler comme dans votre jeunesse ? … Je ne voudrais pas que vous vous froissez un tendon !” Toujours sur le ton de l’humour, cette fois-ci cette phrase était aussi pleine de défis tandis que tu l’attendais pour entamer cette partie.
Malgré les années que tu ne l’avais plus vu jouer à la télévision, il t'impressionne toujours autant par sa vitesse, sa précision, ses techniques – ses muscles. T’en a rêvé être comme lui, mais en comparant tes frêles bras tu te rends compte que tu en es encore bien loin.
Il a gagné – comme tu t’en doutais un peu, pas le meilleur au basket, bien loin du niveau du célèbre joueur. Allongé par terre, le souffle rapide, tu acceptes sa main tendue jusqu’à presque atterrir dans ses bras. Dans cette position tu agrippes à lui innocemment - bien loin de te douter de ce pourrait produire en lui cette étreinte - incapable de te tenir sur tes jambes seul, pour l’instant. Après une longue minute contre lui, tu le lâches enfin, tout sourire. “Ne vous excusez pas voyons. Vous aviez l’air passionné, c’était beau à voir.” T’as chaud et soif alors tu rejoins tes affaires pour boire un coup dans la bouteille amenée plus tôt, puis tu te retournes vers lui de nouveau après avoir regardé l’heure sur ton téléphone. “Il commence à se faire tard, je vais rentrer. Merci pour la soirée en tout cas. … On pourrait se revoir dans les prochains jours si ça vous dit ? J’peux vous laisser mon numéro si vous voulez.”
Tu ne savais pas encore que l’homme auquel tu proposais d’échanger vos contacts allait chambouler ta vie à ce point dans le futur, qu’il te fera douter de tous tes principes, dans tout ce en quoi tu crois pour ouvrir tes yeux à un nouveau monde.