A new beginning + ft. Elias

tw: disparition

La semaine qui venait de s’écouler avait été un peu surréaliste pour Danny. Ou disons plutôt qu’elle n’avait pas totalement réalisé le retour de son père avant qu’il ne soit à la maison. Et pourtant, sa visite à San Diego l’avait énormément chamboulée. Mais il y avait eu cette partie d’elle qui s’était tout de même demandé si tout cela était réel, s’il allait vraiment être de retour avant qu’il ne le soit complètement. Et même maintenant, elle n’arrivait pas encore totalement à réaliser. Il était rentré la veille, et ils avaient pu dîner tous ensemble le soir. Presque comme avant, même s’il y avait toujours ce sentiment d’étrangeté dans l’air. Danny n’avait pas encore eu l’occasion de passer du temps seule avec son père. Elle s’était d’ailleurs rendue en cours comme tous les matins, comme si rien n’avait réellement changé, alors que pourtant tout allait sans doute être grandement différent.

Était arrivée la fin de journée, et la jolie blonde venait tout juste de se garer dans l’allée pour rentrer à la maison. Directement après la fin de ses cours, ce qui n’était pourtant pas dans ses habitudes depuis plusieurs mois. Mais elle avait envie de passer du temps avec son père, et elle savait que ce serait là l’occasion d’être seule avec lui pendant quelques heures avant que sa mère ne rentre du travail. Elle était donc descendue de voiture, ouvrant la porte de la maison familiale pour y entrer, poser son sac dans l’entrée et commencé à retirer ses chaussures. Une fois débarrassée de ses affaires, elle s’était dirigée dans le salon où elle trouva son père.

« Salut, papa ! »

Elle s’était dirigée vers lui, un grand sourire sur les lèvres avant de venir déposer un baiser sur sa joue. Elle était contente de le voir, de retrouver cette habitude de le voir à la maison quand elle rentrait des cours. C’était sans doute ce qui lui avait le plus manqué pendant son absence. Danny avait enfin l’impression d’avoir un retour à la normalité après avoir passé énormément de temps dans le brouillard. Et elle se disait que cette impression devait être encore plus intense pour lui, même si elle était sans doute bien loin d’imaginer ce qui pouvait bien se passer dans sa tête. Elle était loin de pouvoir imaginer beaucoup de choses, en réalité.

« Ta journée a pas été trop longue? »

Elle se disait que ça ne devait pas être forcément très marrant de devoir rester à la maison pendant que tout le monde vaquait à ses occupations. Si Danny s’était écouté, elle aurait sans doute séché les cours pour passer sa journée avec lui. Mais après sa première année de fac qui s’était soldée d’un fiasco et ses mois d’errance avant sa reprise, elle ne voulait pas empirer sa propre situation. Ou plutôt, elle voulait éviter de le décevoir un peu plus, parce qu’elle n’était pas forcément très fière de la manière dont elle avait géré sa disparition.icons par xx

tw: disparition

(Tenue) Prendre seconde après seconde, minute après minute. C’était le conseil que lui avait donné le psychologue qu’il avait rencontré à l’hôpital durant sa batterie de test. C’était un conseil sage, que lui avait déjà donné son compagnon de galère. Il n’avait toujours pas osé lui envoyer un message. Sans doute parce qu’il se rendait compte qu’il en avait trop envie et que cela ne serait pas forcément sain, ni pour lui, ni pour son ami de galère. Il ne voulait pas l’enchainer à lui, à rester prisonnier de cet enfer quand bien même, lui y était encore. Il sentait que le chemin serait périlleux, nullement simple. Il allait devoir apprendre à se rhabituer à être un homme libre, à pouvoir aller où et comme il voulait. Il allait devoir réapprivoiser tout cela, abandonné la crainte d’être de nouveau attaqué et capturé. Il allait devoir prendre son temps, car rien que l’idée le tétanisait. Alors, à chaque fois que l’angoisse venait assaillir ses tripes, il se rappelait se concentrer sur le présent, prendre seconde après seconde, minute après minute. Pour l’instant, cela fonctionnait, mais il savait que cela ne pourrait ne pas perdurer. Il avait passé la journée à écouter de la musique et à dessiner. Il avait encore besoin d’apprivoiser sa solitude non contrainte, de retrouver les bienfaits de se perdre dans la musique et dans son art pour chasser ses pensées parasites. Danielle et Lucy avaient vagué à leurs occupations habituelles. Elias avait incité son épouse à rejoindre sa boutique comme à ses habitudes. Il ne voulait pas qu’elle change ses habitudes pour lui. Il lui a promis qu’il l’appellerait s’il avait besoin d’elle, mais il comptait bien faire de son mieux pour ne pas l’enfermer à son tour dans un quotidien peu sain pour elle. Il n’avait pas envie qu’elle mette sa vie entre parenthèse pour lui, même si c’était durant un temps. Elle ne sera pas prisonnière de son état psychologique, tout comme sa fille ne le sera pas. Il y veillera avec attention. Du moins tant qu’il le pourra. Il veut croire qu’il aura la capacité de les éloigner de ces propres démons. Il sait qu’il va devoir mener un combat rude. Il a bien trop côtoyé des personnes atteintes par un PTSD avec trouble d’anxiété pour se croire au-dessus d’eux. Il risque d’affronter les mêmes combats qu’eux, essayer de savoir associer ce qui appartient à ses angoisses et ce qu’est la réalité. Aujourd’hui, semble être une bonne journée. Sa solitude et le calme de leur maison lui offre une sécurité non négligeable. Cela est appréciable. Il a le sentiment de pouvoir respirer de nouveau. Les heures s’écoulent naturellement, seulement troublé par les quelques SMS échangés avec Lucy et Danielle. Il n’a pas recontacté d’autres personnes pour le moment. Il veut y aller étape par étape. Il n’est pas prêt pour se jeter dans le grand bain. Ce serait une catastrophe assurée. Il va attendre d’avoir repris des forces pour pouvoir revoir son meilleur ami, renouer avec Austin et ce petit groupe d’ami. Toujours jour après jour, sans trop se projeter.

Le silence de la maisonnée, bercée par le dernier album de The Paper Kites finit par être troublé par l’arrivée de sa fille. Il retrouve le sentiment réconfortant de ce quotidien dont il a été dépossédé. Un sourire attendri ourle ses lippes alors que ses prunelles retrouvent les traits de sa Danielle. « Bonsoir, ma Danielle. » Il l’accueille avec douceur, appréciant le contact de ses commissures contre sa joue. Ses prunelles la détaillent avec le même intérêt que lorsqu’il l’a vu la veille. Elle lui a manqué sa Danielle, la chair de son sang. Aujourd’hui, elle n’est plus l’adolescence qu’il a connu. C’est une devenue une jeune femme ayant le même âge que sa mère lorsqu’elle était enceinte d’elle.  « Cela a été. Je suis resté sagement à la maison avec de la bonne musique et de quoi dessiner. Cela a fait du bien. Je ne suis pas prêt pour plus pour le moment. » Il lui indique naturellement et sans tabou. Il n’a jamais aimé feindre la vérité. Il a toujours besoin de la trouver, de la divulguer, car le mensonge lui est intolérable. Une tendance qui est saine d’après son psychologue. Cela va lui éviter de tout garder en lui, car quoi qu’il en soit, il exprimera ce qui doit être exprimé à un moment donné. « Et toi ? Ta journée s’est bien passée ? Tu aimes ton nouveau domaine d’études ? » Il la questionne naturellement pour en savoir plus puisqu’elle a changé en cours de route. Une question purement innocente, juste pour apprendre à connaitre la jeune femme qu’elle est devenue durant son absence.  icons par xx

tw: disparition

Tout lui paraissait encore un peu étrange depuis le retour de son père. Cela était sans doute dû au fait de devoir s’habituer à un nouveau quotidien qu’elle avait laissé de côté ces trois dernières années. Et encore, tout restait quand même assez différent. Les circonstances n’étaient pas les mêmes, tout ce qui les entourait était différent d’une certaine manière. Danny avait tellement espéré pouvoir revoir son père qu’elle n’avait jamais réfléchi à tout ce que cela pourrait bien engendrer. Ce n’était simple pour personne, encore moins pour elle, mais elle faisait tout pour ne pas le montrer. Agir normalement lui semblait être ce qu’il y avait de mieux, autant pour elle que pour son père.

« C’est quoi comme musique? »

Elle s’était installée sur la chaise près de la sienne après avoir posé son téléphone sur la table. Son regard ne le quittait pas vraiment, parce qu’elle avait toujours un peu de mal à y croire. Ou disons plutôt qu’elle avait toujours cette crainte de le voir repartir. Elle espérait qu’il ne le ferait plus, même s’ils n’en avaient pas encore parlé. Si elle n’en avait pas encore parlé, c’était surtout parce qu’elle ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie. Elle savait à quel point son travail lui tenait à cœur, surtout. Ce ne serait pas simple pour lui, peu importait la décision qu’il prendrait.

« Oui. Enfin, aujourd’hui c’était un peu moins fun, on a passé une bonne partie de la journée à calculer des débits de perfusion. Mais Gabriel est passé pour le déjeuner. Avec des pizzas. »

Qui était et restait toujours l’une de ses plats préférés d’ailleurs. En tout cas, elle était contente de voir que son père n’allait pas trop mal et de pouvoir passer du temps avec lui. Même si ce n’était pour l’instant que pour échanger des banalités, c’était déjà bien plus que ce qu’elle avait pu avoir ces dernières années. Et c’était sans doute ce qui lui avait manqué le plus.icons par xx

tw: disparition

(Tenue) Une scène familiale commune à première vue, tellement usuelle, et pourtant, elle semble appartenir à un passé auquel il goûte de nouveau. Pourtant, aujourd’hui, il n’est plus le père qu’il était alors et Danielle n’est plus cette adolescence de ses souvenirs. Il y a quelque chose d’étrange et pourtant de tellement coutumier, que cela en est apaisant, si on laisse ces réflexions loin de son esprit. Une conversation basique, entre deux membres d’une même famille qui échangent sur leurs journées. Ce qui a toujours été une routine entre eux. Une habitude qui pourtant s’est fait absente durant trois ans. Trois années où ils n’ont plus fait parti du quotidien de l’autre, où ils ont évolué sur des chemins différents. Pourtant, leurs trajectoires se retrouvent de nouveau et ils s’efforcent de se réadapter à l’autre, aux différences notoires qu’ils décèlent chez l’autre, faisant de leur mieux pour ne pas laisser les fantômes du passé créer un gouffre en eux, même s’il demeure perceptible quand bien même ils s’efforcent de l’ignorer. « The Paper Kites, un groupe de rock indie australien. Ta mère les adore. » Il lui indique dans un sourire qui se fait affectueux. Il a conscience de l’intérêt prompt qu’elle lui porte, comme s’il pouvait disparaitre à un battement de cil. Une crainte qui le terrasse chaque nuit lorsque le sommeil lui est arraché par un cauchemar et qu’il craint que la réalité ne soit qu’une image erronée projetée par son esprit. Il se laisse observer, comme lui l’observe avec une attention particulière, comme s’il cherchait à retrouver les effluves de l’adolescente qu’il avait quitté quelques années auparavant. Malheureusement sa candeur s’était effritée. Son absence l’avait contraint à grandir plus rapidement. Il pouvait le percevoir dans la fermeté de ses traits et de ce regard qui semblait dépourvu de cette légèreté qu’il avait par le passé. Elle lui fait un rapide résumé de sa journée à son tour. Elle semblait aimer ce qu’elle étudiait. Un peu moins la partie technique du débit de perfusion, mais qui semblait indispensable et qui pouvait sauver une vie ou l’écourter. Fort heureusement, elle a pu compter sur la venue de Gabriel qui avait amené le met pour rendre une journée bien plus appréciable. Un sourire amusé vient ourler ses lippes. « Il sait comment te remonter le moral. Il l’a toujours su. Comment va-t-il ? Tout se passe bien pour lui ? On n’a malheureusement pas eu trop l’occasion d’échanger à l’hôpital. Il n’a pas cherché à te voler la vedette. » Il ajoute en venant doucement lui offrir un clin d’œil. « Des projets pour ce soir ? » Il questionne naturellement sans la quitter du regard, appréciant juste la légèreté de cet échange, qu’importe si ce sont des banalités à première vue, mais des banalités qui lui permettent d’entrevoir quelle femme est devenue sa Danielle.   icons par xx

tw: disparition

Maintenant qu’il le lui disait, Danny pouvait reconnaître quelques notes qu’elle avait déjà entendues dans la maison, même si elle n’y avait jamais prêtée grandement attention. Il faut dire que ces dernières années, la relation qu’elle entretenait avec sa mère n’était pas au beau fixe. Elles n’échangeaient plus autant qu’avant, toutes les deux. En grande partie à cause de Danny et de la rancune qu’elle pouvait avoir à son égard, elle le savait très bien. Etrangement, elle espérait qu’avec le retour de son père, les choses finiraient par s’améliorer, même si elle n’était pas certaine que ce soit le cas. Du moins, elle doutait du fait que c’était une chose qui pourrait se faire du jour au lendemain, comme tout ce qui allait découler du retour de son père, en fait. Ce n’était pas évident pour elle de se projeter, et être dans le flou de cette façon ne l’était pas non plus. Elle avait un peu l’impression de marcher sur des œufs ces derniers temps.

« Ah oui, c’est vrai. Je les écoute pas, j’ai pas reconnues tout de suite. »

C’était aussi bien différent de ce que Danny pouvait écouter d’habitude. Ce qui était une différence sans doute normale entre des parents et un enfant. Disons qu’elle voyait mal sa mère - et encore moins son père - chanter avec elle sur sa playlist de Taylor Swift. Qu’elle écoutait pratiquement en boucle depuis qu’elle avait appris le retour de son père. Elle en avait fait son refuge pour penser à autre chose, tout comme passer le maximum de son temps avec Gabriel. Son père n’avait pas tort quand il disait que son petit-ami avait toujours su comment lui remonter le moral. Ça la faisait d’ailleurs grandement sourire, de ce sourire d’imbécile heureuse, de jeune femme amoureuse qui vivait la plus belle de ses histoires.

« Il va bien ! Les dernières semaines ont pas été simples, vu qu’il était blessé à la jambe, mais sa dernière radio était bonne. Il a encore un peu de kiné, mais il va bientôt pouvoir reprendre le sport. Et il était temps, vraiment ! »

Bon, le fait qu’ils aient commencé à sortir ensemble jouait également beaucoup sur le fait que Gabriel se portait comme un charme, mais Danny n’avait sans doute pas besoin de préciser ce détail. Surtout que leur relation avait exactement le même effet sur elle. Elle ne savait pas si son père voyait la différence, mais elle la ressentait très clairement de son côté. Sans doute parce que cette histoire qu’elle vivait avec lui était bien différente de toutes les autres. C’était la première fois qu’elle se sentait aussi bien avec quelqu’un.

« Pas ce soir, non. Mais demain j’ai rencard. »

Et elle avait hâte, c’est vrai, même s’ils n’avaient rien prévu d’extravagant. Juste passer une bonne soirée au cinéma avant de rentrer, chez l’un ou chez l’autre, ils ne s’étaient pas encore décidés sur la question, et ils le feraient probablement le moment venu.icons par xx

tw: disparition

(Tenue) Il ne se formalise pas au fait que sa fille n’est pas reconnue le groupe favori de sa mère. Il sait que ce n’est pas son style de musique et que cette dernière est plutôt du genre à écouter de la pop. De plus, Lucy lui a déjà mentionné le fait que ses relations avec sa fille s’était délitée à sa plus grande déception. Il pouvait le comprendre. Lui-même était navré de l’apprendre. Il avait pensé que sa disparition aurait au contraire renforcer leurs liens, mais sans doute que son absence avait fait bien plus de tors qu’il ne le supposait. Il fallait laisser le temps au temps. Il faut déjà qu’ils se rhabituent aux uns et autres, après des années où leur équilibre a été ébranlé. Ils ont tout le temps d’aborder ce sujet lorsqu’ils se sentiront prêts à le faire. Il préfère s’attarder sur elle, sa relation naissante avec Gabriel en prenant des nouvelles de ce jeune homme qui a toujours fait partie de la vie de sa Danielle. Elle lui en donne sans se faire prier, lui expliquant qu’il s’était blessé dernièrement. C’est vrai qu’après réflexion, il avait trouvé sa démarche différente lorsqu’il l’avait vu à l’hôpital à son arrivée. Il est satisfait d’entendre que les séances de kiné lui permettent de retrouver sa motricité rapidement. Ce qui semblait commencer à peser sur le moral du jeune homme s’il comprend bien le message sous-entendu de sa fille. « Tant mieux, ce n’est jamais évident pour un sportif de se retrouver blesser. La pratique sportive est saine pour le corps et l’esprit. » Il commente simplement avant de lui demander si elle a des projets pour cette soirée. Elle lui indique que ce n’est pas le cas, mais qu’elle a un rendez-vous amoureux le lendemain. Celui lui arrache un sourire amusé. Son regard se fait plus doux, paternel. « Alors, je ne t’ai rien que pour moi en attendant que ta mère revienne du travail ? Je ne vais pas me plaindre. » Il lui indique avec douceur. « Et si on discutait un peu ? Parle-moi un peu de toi. » Il questionne en venant doucement se saisir de sa menotte qu’il glisse dans la sienne. Un petit sourire nostalgique ourle ses lippes au souvenir de celle qu’elle avait quand elle était plus jeune. A l’époque, sa main ne faisait même pas un tiers de la sienne. C’est dans ses moments là qu’il se rend réellement compte que les années ont tellement défilés sans qu’il en soit réellement pris conscience, parfois. icons par xx

tw: disparition

Il n’y avait pas à dire, parler de Gabriel était beaucoup plus simple pour Danny que de parler de sa mère. Surtout avec son père, en fait. Elle ne voulait pas l’inquiéter, ou forcément lui faire voir que leur relation n’était pas au beau fixe ces derniers temps. Même si ça devait se sentir, d’une certaine manière. Elles n’étaient plus aussi proches, et même si Danny essayait tant bien que mal de faire des efforts, ce n’était pas une situation qui pouvait se régler en un rien de temps. En partant du principe que ça allait finir par se régler, bien sûr. Pour l’instant, la blonde avait un peu de mal à voir le bout du tunnel. Tout était dans le flou, ce qui pouvait être assez terrifiant, d’une certaine manière. Ce qui rendait le fait de parler de son petit-ami beaucoup plus simple pour elle. Là, il n'y avait pas de question qui se posait. Tout était fluide et lumineux, rassurant.

« Oui, surtout pour lui qui tient jamais en place. »

Mais il avait malgré tout réussi à suivre les conseils de son médecin, et Danny était fière de lui pour ça. Tout comme elle était fière de pouvoir dire qu’ils avaient un rendez-vous de prévu le lendemain, et elle ne s’en cachait pas. Après tout, elle n’avait aucune raison de cacher à son père le fait qu’elle était heureuse, bien au contraire. De son point de vue, ça ne pouvait lui faire que du bien d’être entouré de positivité. Même si la question qu’il venait de lui poser n’était pas forcément simple. Danny n’avait jamais été très bonne pour parler d’elle, surtout que son père savait déjà beaucoup de choses. Et que le peu qu’il ignorait n’entrait pas forcément dans son but de positivité. Des choses qui s’étaient passées durant ces trois ans et qui appartenaient à présent au passé. Et dont elle n’était pas très fière, évidemment.

« Ben… J’ai pas vraiment changé, tu sais. J’aime toujours porter tout un tas de bijoux, surfer et dégommer les pots de glace si j’ai le malheur de tomber dessus. »

Son regard s’était posé sur leurs mains à présent liées. Elle avait serré ses doigts contre les siens, redécouvrant ce contact dont elle avait été privée pendant trois ans. Une sensation nostalgique et un peu étrange l’accompagnait. C’était comme si son corps avait oublié cette sensation, mais que son esprit s’en souvenait. Sa main était différente dans la sienne. Ses bagues étaient plus nombreuses, ses ongles étaient vernis, plus longs aussi. Des petites différences qui faisaient preuve du temps qui s’était écoulé.

« Globalement je vais bien, je… Je crois que je me suis jamais sentie aussi bien que maintenant. Je t’ai retrouvé, je fais des études plutôt cool et j’ai un super petit-ami. Sans vouloir me venter, j’ai carrément tout ce qu’il me faut. »

C’était sans doute un bon résumé de ce qu’il se passait pour elle en ce moment. Et puis, comme dit, Danny n’était pas forcément bonne pour parler d’elle. Même si elle se rendait bien compte qu’elle devait paraître différente aux yeux de son père, dans le fond, elle avait l’impression d’être toujours la même. Peut-être un peu plus heurtée par la vie, mais elle avait été assez bien entourée pour affronter tous ses problèmes. En tout cas assez pour ne plus voir tout en noir.icons par xx

tw: disparition

(Tenue) Il est vrai que la question posée est plutôt maladroite. Elle est tellement vague et peut être interprétée de différentes manières. Il a juste envie de pouvoir cerner la jeune femme qu’elle est devenue durant son absence. Il espère que les mots pourront effacer des zones d’ombres. Ils ont toujours eu une relation particulière Danielle et lui. Il la connaissait par cœur. Elle était un livre ouvert pour lui et ne s’est jamais senti en difficulté face à lui par le passé. Il était prompt à l’écouter même si le sujet était difficile ou pouvait être mal interprété. Il écoutait sa version, tâchait d’adopter une posture juste à chaque fois. Ils avaient eu une relation stable et équilibrée, qui ne souffre pas d’un sentiment d’oppression ou d’austérité. Par le passé, la question aurait eu une réponse claire. Elle aurait abordé les sujets importants, car c’est comme qu’elle fonctionnait avec lui. Du moins, c’était avant. Avant sa disparition, car aujourd’hui, le même sentiment l’habitait lorsqu’il se trouvait en compagnie de sa femme. Il avait été absent durant trois longues années. Les conséquences ne pouvaient pas disparaitre en un claquement de doigts. Il le savait, même si accuser le coup n’était pas simple. Sa Danielle avait changé. D’une manière ou d’une autre. Elle n’était plus vraiment celle qu’il avait eu à ses côtés avant son dernier départ.

Il l’écoute attentivement lui donner quelques éléments sur sa vie d’aujourd’hui. Elle allait bien globalement. Cela voulait dire qu’il demeurait des zones d’ombres dans son existence. Elle l’avait retrouvé. Cela semblait être un point important pour elle. Il lui offrit un sourire reconnaissant, même s’il savait que ce n’était clairement pas simple pour autant. A première vue, elle semblait avoir tout ce qu’il lui fallait pour être heureuse, mais il y avait quelque chose dans la formulation de ses phrases qui lui indiquaient que ce n’était pas si simple que cela. Il vient doucement lui caresser le bout de ses doigts avec dévotion. Il laisse le calme envahir la pièce, cherchant simplement à trouver les bons mots pour poursuivre cet échange, apprendre à mieux cerner sa fille pour tenter de lever le voile sur les zones d’ombres qu’il perçoit.

« Je crois comprendre que cela n’a pas été facile pour toi, ces dernières années. » Il lui indique en venant doucement lui caresser la mâchoire.

« Je suis heureux d’apprendre que tu sembles avoir retrouver un équilibre désormais. Je sais que mon retour n’est pas facile, ni pour toi, ni pour ta mère et il faut bien admettre qu’il n’est pas simple pour moi non plus. J’ai bien conscience que je suis différent, ma Danielle. Cela doit être troublant pour toi aussi. » Il ajoute en venant doucement caresser sa joue.

« Malgré cela, je veux que tu saches que tu pourras toujours compter sur moi, ma Danielle. » Il lui indique dans un tendre sourire.

« Si tu as besoin de parler de quoi que ce soit ou si tu as la moindre question, ne te sens pas indisposée à la poser. Tu sais que je me montrerai toujours honnête avec toi. Sur cela, je n’ai pas changé… J’espère juste qu’on saura reprendre nos marques tous les deux, malgré la tempête que nous avons traversée et traversons encore » Il conclut en venant se redresser pour déposer un baiser sur son front en continuant de caresser tendrement son visage, plongeant ses iris claires dans les siennes, heureux de pouvoir la sentir de nouveau sous ses doigts, en chair et en os, bien que différente de son souvenir.
icons par xx

tw: disparition

Evidemment, ce n’était pas aussi simple qu’elle le pensait de rester axé sur le positif. Pourtant, c’était bien l’intention de Danny à la base. Les problèmes qu’elle avait eu au cours de l’absence de son père lui paraissaient tellement dérisoires à côté de ce qu’il avait vécu. En fait, avec le recul, elle voyait tout cela comme une crise d’ado qu’elle avait eu un peu tard. Même si, bien entendu, c’était bien plus compliqué. Mais c’était comme ça que la plupart des gens le percevaient, et elle ne pouvait pas leur en vouloir. Non, ça n’avait pas été facile pour elle. La blonde s’était longtemps retrouvée dans une période où elle avait eu l’impression d’avoir perdu tous ses repères et où elle en avait cherchée aux mauvais endroits. Et même aujourd’hui, ce n’était pas simple, son père en avait bien conscience. Elle écoutait chacune de ses paroles qui faisaient clairement écho à ce qu’elle ressentait et également à ce qu’elle avait pu ressentir ces dernières années. Ce qui n’était pas vraiment étonnant, étant donné que son père avait toujours su lire en elle.

« Ça l’est un peu, mais je veux pas que t’es l’impression que ce soit mal ou quoi c’est… C’est juste différent. »

Oui, elle essayait d’éviter qu’il culpabilise en cas de besoin. Parce qu’après l’enfer qu’il avait sans doute vécu, évidemment que Danny ne s’attendait pas à retrouver son père intact, identique à l’homme qu’il était avant de partir. Ce n’était d’ailleurs pas ce qu’elle attendait. Dans le fond, elle voulait juste qu’il aille mieux, même s’il en devenait différent dans la finalité. Elle-même n’était plus celle qu’elle était avant, après tout, et elle ne le serait sans doute plus jamais. Ces trois dernières années ne pouvaient pas être effacées, et ce n’était pas ce qu’elle voulait. Parce que même si ça avait été difficile, elle ne détestait pas la personne qu’elle était devenue aujourd’hui.

« Des questions j’en ai plein mais… C’est pas des questions auxquelles je veux avoir des réponses. Ce qui t’es arrivé là-bas… Mon imagination est bien assez débordante pour en avoir une idée et c’est suffisant. »

Ce qui pouvait paraître égoïste de sa part, mais elle était honnête. Danny ne voulait pas connaître les détails, et elle préférait laisser dans le passé ce qui appartenait au passé. L’expression qui disait “ce qui se passe à Vegas reste à Vegas” on pouvait dire qu’elle l’incluait de façon très générale. Puis, de son point de vue, ce n’était pas en forçant son père à se souvenir de ce qu’il avait vécu qu’elle allait pouvoir l’aider. Du moins,  ça ne lui semblait pas être son rôle.

« Maman t’as dit des trucs, hein? »

Le contraire l’aurait étonné, en vérité. Même si le point de vue de sa mère n’était pas le meilleur, de son avis. Déjà parce qu’elle ne savait pas tout, mais aussi parce que Danny avait l’impression de passer pour l’incarnation du diable au moindre petit excès. La dernière fois qu’elle s’était confiée à elle en était d’ailleurs un bon exemple. Parce que quand elle lui avait raconté ce qu’il s’était passé à la fameuse soirée avec Gabriel, c’était justement pour parler de ce qu’il s’était passé avec Gabriel, pas pour recevoir une leçon de morale sur sa consommation d’alcool.icons par xx

tw: disparition

(Tenue) Différent, c’est bel et bien le terme qui convenait pour définir son retour à leur domicile. Presque quatre longues années s’était écoulée entre son départ et son retour. Une temporalité très conséquente et il était évident que durant cette période, chacun des membres de la famille avait évolué en suivant sa propre trajectoire. La difficulté réside essentiellement dans le fait d’avoir la capacité de s’adapter à ces changements, ce qui n’était aisé pour l’ancien reporter, qui avait été privé de sa liberté durant des années et qui n’avait pas pu évoluer contrairement aux autres membres de sa famille. Il était prisonnier de l’image de celui qu’il avait été avant son départ et de celui qu’il avait été lorsqu’il s’était retrouvé enfermé contre sa volonté. Aucun des deux, n’était lui. Retrouver la liberté a forcément eu un impact sur lui, sur sa trajectoire et aujourd’hui, il tangue sans trop savoir qui il est réellement. Il doit pourtant l’accepter, car cela fait partie de sa reconstruction. Cependant, il sait qu’il a un rôle à tenir auprès des siens. Il sait qu’il peut compter sur eux, mais ils ont déjà leur propre traumatisme a géré, sans parler du fait de s’adapter de nouveau à sa présence. Il ne peut se reposer sur eux. Cela n’a jamais été la dynamique de leurs relations et il considère que ça serait injuste vis-à-vis d’eux. Il se sait dur avec lui-même. Son psychologue le pense également, mais malheureusement il fonctionne ainsi. Par conséquent, il comprend totalement ce que sa fille implique par ses mots, car il éprouve la même chose vis-à-vis de la situation. Elle a une multitude de questions dans son esprit, mais ne souhaitent pas avoir de réponses. Effectivement, les poser, ce serait aussi synonyme de faire face à la réalité et aux détails parfois sordides de ce qui a pu se passer. L’imagination parfois peut être fertile, mais quelquefois, elle peut être aussi éloignée de la réalité. La chercher à un double tranchant. Elias le sait. Il a fini par en payer les conséquences. Le discours de Danny se dirige naturellement vers sa mère, seule âme qui aurait pu lui donner quelques informations sur sa vie. Finalement, il y en a eu que peu. Elias a préféré en obtenir directement auprès de sa fille lorsqu’il aurait le plaisir de la retrouver comme à cet instant présent.

« Peu de choses en vérité. Elle m’a juste expliqué que ma disparition avait été très dure à vivre pour toi et que vos relations s’étaient distendues depuis. J’ai été triste de l’apprendre, car là-bas, j’espérais au contraire que vous vous souteniez l’une et l’autre. C’était un maigre réconfort, mais je suppose que vous avez géré tout cela au mieux de vos possibilités. » Il lui explique en venant doucement caresser sa main qu’il vient serrer dans le creux de sa main.

« J’espère que mon retour va pouvoir vous permettre de vous rapprocher de nouveau. C’est important que l’on prenne soin les uns des autres. On a encore du chemin à parcourir avant que les choses nous semblent de nouveau normales ou presque. » Il lui indique sans la lâcher du regard.

« Il faut chérir le fait que nous sommes toujours là, les uns pour les autres et qu’on peut compter sur l’autre, même si nos caractères sont différents et nos actions peuvent paraitre maladroites. » Il conclut en venant déposer un baiser sur son front avec cette douceur qu’il a naturellement pour sa fille ou les membres de sa famille.

icons par xx

tw: disparition

C’était ce que Danny craignait, dans le fond, que sa mère en ait trop dit sur son comportement au cours des trois dernières années. Et pourtant, résumer cela au fait que ça avait été “très dur à vivre pour elle” manquait un peu de sens à ses yeux. Oui, ça avait été dur, mais c’était loin de résumer tout ce qu’elle avait pu ressentir de son côté. La douleur de la perte, le déni, le sentiment d’être complètement perdue, le refuge qu’elle avait tout d’abord trouver dans l’alcool, et ensuite dans une relation amoureuse qui n’avait pas eu vraiment de sens au final, la colère qu’elle avait contre sa mère. Les choses ne s’étaient arrangées que très récemment pour Danny, du moins elles avaient commencé à s’arranger. La reprise de ses études l'avait aidé, et plus important encore, sa relation avec Gabriel lui avait permis de voir l’avenir avec un voile beaucoup moins sombre devant les yeux. Il l’avait sauvé, d’une certaine manière. Comme il le faisait toujours, Gabriel était là, et c’était d’autant plus vrai aujourd’hui.

« Ouais, ben pour ça il aurait déjà fallu qu’elle paraisse affectée par ta disparition. »

Elle avait dit ça de manière assez sèche, mais il faut dire qu’elle lui en voulait toujours. Ça avait d’ailleurs été l’un des points de départ de la dégradation de leur relation, en plus des excès de Danny. Elle ne savait pas si elle arriverait un jour à lui pardonner ça, ni même si leur relation allait finir par s’améliorer un jour. En tout cas, elle était prête à faire des efforts. Surtout pour son père, en réalité. Elle avait encore l’espoir fou que tout redevienne comme avant, dans un coin de sa tête, même si elle avait conscience que c’était sans doute difficilement réalisable. Et son père avait beau être rempli de bonnes intentions, elle ne voulait pas lui promettre quelque chose qu’elle n’était pas certaine de pouvoir réaliser.

« Y a pas que ça… Le truc c’est que… Je sais que j’ai merdé à un moment et que j’ai été sacrément conne mais… Le problème c’est que dès que je fais un tout petit truc de travers on dirait que c’est la fin du monde pour maman. Enfin… Pour te donner un exemple, je lui avais parlé de ce qu’il s’était passé à une soirée avec Gabriel juste avant qu’on commence à sortir ensemble et… Moi je voulais juste parler de ce qu’il s’était passé entre lui et moi mais elle, elle était fixée sur le fait que j’avais trop bu. Sauf que c’était pas ça le sujet important, tu vois? »

C’était à cet instant que Danny se rendait compte à quel point ça lui avait manqué de se confier à son père. Elle était certaine que s’il avait été là, après cette fameuse soirée, et qu’elle ce serait confiée à lui plutôt qu’à sa mère, les choses auraient été différentes. Il avait toujours su la cerner et trouver les bons mots avec elle, c’était d’ailleurs pour cette raison à la base que Danny avait hésité à parler de ça avec sa mère. Et elle avait d’ailleurs fini par le regretter,vu la tournure que la conversation avait prise.

« Je peux pas te promettre que ça s’arrangera entre nous, mais je peux essayer de faire des efforts. »

Si sa mère pouvait en faire aussi, ce serait l’idéal, bien évidemment. Danny voulait vraiment laisser le passé derrière eux et aller de l’avant. Mais si sa mère lui rappelait constamment ces anciennes erreurs au moindre petit dérapage de sa part, elle n’allait pas y arriver.icons par xx

tw: disparition

(Tenue) Il entend le ressentiment dans le timbre de la voix de sa fille. C’est un sujet épineux qu’ils abordent. Il ignore par quoi elles sont passées. Il n’a pas abordé le sujet avec Lucy, car il sait que cela doit être aussi pénible pour elle d’en parler que lui, lorsqu’on aborde le sujet de sa captivité. Les raisons ne sont pas les mêmes, mais la douleur liée à l’impuissance est plus ou moins similaire. C’est le genre d’émotion qui peut rendre fou n’importe qui et distendre ses relations avec autrui. Il sait de quoi il parle, puisqu’il l’expérimente bien trop à son goût.

« Je suppose qu’elle a fait de son mieux pour s’assurer de maintenir un équilibre de vie pour toi, pour éviter de t’entrainer dans sa douleur, sachant que tu vivais déjà la tienne. » Il lui indique avec la bienveillance la plus totale.

Il n’invalide pas ses propos, il tend à lui faire voir la situation sous un angle différent de celui qu’elle a adopté jusqu’alors. Il espère juste que son retour dans cette maisonnée leur permettra de retrouver une relation stable, moins tendue. C’est en tout cas le souhait qu’il émet. Danielle lui fait part de quelques confidences. Elle admet avoir des torts, mais indique qu’elle se sent lésée par les réactions jugées disproportionnées de Lucy. Elle lui révèle un exemple. Il peut comprendre que le point d’ancrage des deux femmes de sa vie ait pu être divergeant sur le moment. Une mère a besoin de s’assurer que sa progéniture est en sécurité, or si elle a bu beaucoup, elle voit là, un problème qu’elle doit tendre à réduire, d’où le propos moralisateur au lieu de s’attarder sur le côté positif de la soirée : c’est-à-dire son rapprochement avec Gabriel.

« Tu sais, je pense qu’il s’agit là que de prise de perspectives différentes. Je comprends que tu aies pu être déçue par le fait qu’elle se focalise sur la consommation jugée importante de l’alcool, mais c’est une mère, avant tout. Son rôle est de s’assurer que tu sais prendre soin de toi. Ce que je ne doute pas, mais il suffit d’une incertitude pour que l’esprit d’une mère se focalise dessus. Je ne doute pas que tu comprendras mieux, le jour où tu auras un enfant. » Il lui indique dans un sourire tendre en venant doucement lui caresser la main.

Danielle lui promet de fournir des efforts pour tenter d’arranger les choses entre elles et sa mère et c’est tout ce qu’il demande.

« Merci. » Il lui indique alors qu’il se redresse pour venir déposer un baiser sur son front avec douceur.

« Cela te tente de m’aider à faire le repas de ce soir. Cela nous permettra de passer un petit moment entre père et fille. Qu’en dis-tu ? » Il la questionne simplement parce qu’il se dit que cela peut être une occasion pour passer un moment simple en sa compagnie, de se créer de nouveaux souvenirs et retrouver un peu de normalité, celle qu’ils avaient, avant qu’il ne disparaisse du jour au lendemain.  
icons par xx

tw: disparition

Danny était têtue, sans doute trop pour son propre bien. Et elle n’était pas d’accord avec ce que son père était en train de lui dire. Du moins, avec ce raisonnement qui n’avait pas vraiment de sens à ses yeux. Rien n’aurait pu empirer ce qu’elle avait ressentie lors de la disparition de son père, et cela même si sa mère avait montré ce qu’elle ressentait de son côté, elle aussi. Au contraire, même. Ça aurait été plus facile pour la blonde, qui se serait sentie comprise sur ce qu’elle pouvait ressentir. Au lieu de quoi, elle s’était sentie seule face à ces sentiments qu’elle avait eu énormément de mal à gérer. Elle s’était sentie faible aussi, d’une certaine façon, parce qu’elle n’arrivait pas à faire comme si tout allait bien et à passer au-dessus. Elle avait eu l’impression qu’on lui avait reproché sa douleur, et c’était ça qui la dérangeait, dans le fond.

« Elle aurait pu se rendre compte que c’était pas la bonne chose à faire, au bout d’un moment. »

Mais si elle était têtue, sa mère l’était aussi, sans doute. La preuve en était à travers leur dernier accrochage que Danny était en train de partager avec son père. Une énième dispute qui aurait pu être évitée si sa mère l’avait véritablement écoutée, au lieu de s’attarder sur un minuscule détail qui n’avait pas son importance sur l’instant. Et qui donnait à la jeune femme l’impression qu’elle n’avait plus le droit de vivre, ni de faire ses propres erreurs sans qu’on ne vienne le lui repprocher à travers une énième leçon de morale. Elle était surtout fatiguée de ça, fatiguée de devoir réfléchir avant de confier quelque chose à sa mère. Et en arriver au point où elle n’avait tout simplement plus envie de lui confier quoi que ce soit.

« Sauf que je veux pas être comme ça si j’ai des enfants un jour. Je veux pas leur donner cette impression que je leur fais pas confiance, parce que je sais que c’est dur à supporter. »

Ça lui faisait peur, en vérité. Même si elle n’en était pas encore là, et qu’elle n’aurait sans doute pas des enfants dans l’immédiat, cette perspective la terrifiait. Elle avait toujours cette voix au fond d’elle qui lui disait qu’elle ne serait peut-être pas une bonne mère. Et qu’elle faisait taire à cet instant en disant à son père qu’elle essayerait de faire des efforts. Ce n’était pas une promesse qu’elle y arriverait, mais elle tenterait le coup.

« Carrément ! Je te laisse gérer la cuisson par contre, c’est toujours pas un truc que je maîtrise. »

Danny savait faire beaucoup de choses mais en cuisine, elle avait toujours deux pieds gauches. Et pourtant, ce n’était pas faute d’essayer. Gabriel avait déjà tenté de lui faire faire quelques recettes, mais il avait toujours dû s’interposer entre elle et la gazinière histoire de ne pas avoir à appeler les pompiers. Elle était la version cuisine des gens qui n’ont pas la main verte.icons par xx