can't get you out of my head (alethijs #1)
L’Australie n’a jamais été un circuit sur lequel Alejandro s’illustrait, pourtant, c’est celui sur lequel il avait fait ses débuts en deux mille quatorze. Le brun imaginait son accident avec Caspian responsable même si c’était un peu plus nuancé que ça. Le fait est qu’il n’a jamais réussi à hisser sa monoplace plus haut qu’à la huitième place en dix ans de carrière. Sa victoire n’avait pas seulement été enrichissante sur un plan sportif, elle lui a également permit de réfléchir, à la raison pour laquelle il roulait notamment, mais aussi à ce qui le motivait, mis à part les titres et la reconnaissance du public. S’il n’est pas quelqu’un de très nostalgique, le souvenir du lien qu’il entretenait autrefois avec les Bakker suffit à lui provoquer un pincement au cœur. L’absence du petit dernier ne lui avait pas échappé. Alejandro savait que même s’il arrivait parfois à le faire rire ou à lui arracher un sourire, le garçon n’arrivait toujours pas à passer outre ce différend qui a condamné leur derniers espoirs d’amitié. L’espagnol se souvenait d’un adolescent timide, parfois même un peu bizarre, à côté de la plaque, c’était un homme bien différent avec lequel il travaillait maintenant depuis un peu moins de deux ans. L’idée l’a plutôt bien occupé : celle que -peut-être- le bon œil de Matthijs était ce qui lui manquait pour crever l'abcès, et Alejandro n’y a pas réfléchi plus longtemps avant de l’inviter à dîner. Il voulait en avoir le cœur net, puisque depuis les funérailles du défunt, ils ne s'étaient plus jamais retrouvés seuls, dans une même pièce, à discuter de tout et de rien. Alors, il a demandé à son Uber de s’arrêter devant l’hôtel dans lequel le blond séjournait avant de les amener à l’adresse qu’il lui avait envoyée par message. L’espagnol n’avait aucune idée de ce que ce restaurant valait, il n’avait pas pris la peine de vérifier les avis sur internet tant il faisait confiance à Matthijs sur ce coup, et c’est après avoir donné son nom à la réception qu’ils se sont silencieusement installés dans le fond de la salle, face à face. Alejandro ne savait pas par où commencer. Il avait tant à lui dire. – Tiens, je voulais te remercier, pour le week-end dernier. T’es parti après le debrief, si je ne m’abuse. L’équipe avait taché de célébrer leur premier une-deux de la saison autour d’un verre après avoir quitté le paddock le week-end dernier, en tout cas une partie d’elle. Alejandro ne le lui reprochait pas, mais il ne comprenait pas pourquoi le blond s'était volontairement retiré avant l'heure des festivités, sans doute parce qu'il n'était pas d'humeur à célébrer la victoire de celui qui lui avait tout arraché.
@Matthijs Bakker
L'Australie a été un vrai calvaire pour Matt. Mallgré les années, revenir ici lui fait toujours aussi mal. Déteste encore ce circuit. Cet endroit qui lui a enlevé son jumeau. Le blond a préféré resté dans son coin. Il a fait son boulot, n'a même pas regardé la course. Ne sait même pas s'il a été content d'entendre que le gagnant fut Alejandro. N'a rien voulu entendre de plus, et a laissé le reste de l'équipe fêter ça. Le mécanicien n'est déjà pas un bon fêtard et se voyait encore moins l'être à Melbourne, pour Alejandro. Le comble. Non. A préféré rester dans sa chambre d'hôtel, à parler avec un de ses frères. Dès qu'il a pu quitté le pays, il l'a fait : pour rejoindre le Japon. Pays qu'il apprécie déjà plus. L'atmosphère la-bas lui fit énormément de bien. Seul, il profita de ses jours ici. La solitude ne lui faisait plus autant peur. Pourtant il a eu du mal à l'être, lui qui était toujours fourré avec son jumeau. Il était même présent sans l'être. Comme par exemple lorsqu'il était avec son meilleur ami Alejandro, que Matt n'avait jamais osé approcher. Trop timide, trop beau. Il a été intimidé par ce beau brun. Quelques regards avaient été partagés à l'époque, sans paroles. - Me remercier ? Tout en fronçant le regard, il le regarda. Pas du tout certain de comprendre il le remerciait. - Félicitations pour cette victoire. Termina-t-il tout de même par rajouter. Content pour l'équipe. Content pour son jumeau qui aurait apprécié la victoire du brun. Son regard dévia alors sur le fond de la salle où les itamaes préparaient les sushis en temps réel. Autant être au Japon, autant manger des sushis. Alejandro payait, autant en profiter et choisir un des restaurants le mieux noté. Il lui devait bien ça, après lui avoir retiré son jumeau. Rancunier ? Très probablement oui.
Alejandro acquiesce. S’il a foi en ses qualités et son talent, il sait à quel point le travail d’équipe est important dans ce sport si exigeant. Matthijs travaillait sur sa monoplace, c’était naturel pour lui de le remercier, l’espagnol n’avait aucun mal à le faire. – Ouais. J'aurais pas pu gagner sans toi. Ça sonne un peu plus dramatique et cheesy qu’il ne l’aurait voulu, mais le brun ne décroche pas son regard, il est embarrassé, pas intimidé, et surtout : il veut que Matthijs comprenne à quel point il était reconnaissant. Ça n'était pas seulement sa victoire à lui, ni celle de Caspian, c’était la leur, à tous les trois. Il espérait pouvoir enfin tourner la page et aller de l’avant, mais même après toutes ces années, Matthijs ne semblait pas déterminé à le faire. Il sourit quand il le félicite, profitant inconsciemment de ce court moment d’emprise sur le blond pour se recoiffer et repasser son chandail. – Merci. C'était pas mal, non ? Il a beau connaître le garçon depuis longtemps, c’est toujours étonnant de se rendre compte à quel point il ne le connaît pas vraiment. Il ne parlait déjà pas beaucoup avec lui quand Caspian était vivant. Finalement, Matthijs n’avait de familier que pour lui son nom de famille. – T’as déjà mangé dans un restaurant comme ça ? Il demande en se tournant après avoir vu ce que le garçon regardait. – C’est la première fois, personnellement. Adepte des recettes latines, il dînait rarement dans ce genre de restaurants et choisissait encore plus rarement les plats locaux, Matthijs était sur le point de lui faire découvrir quelque chose de nouveau.
Matthijs avait accepté d'aller diner avec le meilleur ami de son défunt jumeau. Sans réellement savoir pourquoi. Peut-être avait-il envie aussi de passer autre chose, de laisser toute cette rancoeur derrière lui. Il le veut au plus profond de lui, et pourtant semble incapable de le faire. Peut très bien être gentil avec Alejandro comme devenir odieux la seconde d'après. Suffit d'un mot, de sa part ou de quelqu'un d'autre pour que la colère revienne et qu'il ne puisse la contrôler. A beau savoir que des accidents peuvent arriver, que l'espagnol n'est pas coupable, il le blâme tout de même pour la mort de son jumeau. - Je n'ai fais que mon boulot. Répondit-il le plus neutre possible. Ne voulait pas de ses remerciements, alors qu'il lui arrive de vouloir trafiquer la monoplace. Cela le fait sentir davantage mal. - Oui oui. N'osait pas lui dire qu'il regardait que très rarement les courses. Ne voulait pas être spectateur d'un accident. Mais surtout, ne trouvait aucun intérêt à le regarder, lui. Tentait d'accepter ce pas d'Alejandron vers lui, mais avait énormément de mal à rester seul avec lui. A le regarder dans les yeux. A avoir une conversation dite normale. C'est pourquoi son regard se posa sur ces hommes qui allaient leur préparer le repas. Une façon comme une autre d'éviter son regard. - Seulement au Japon, oui. Dans les autres pays, j'ai pas confiance. Léger regard vers le pilote, celui-ci se posa par la suite sur le menu. - Mais sinon des sushis j'en mange souvent. J'adore ça. La conversation restait très, voire trop, formelle. Mais Matt ne se sentait pas encore assez à l'aise pour se laisser aller. - Tu sais ce que tu vas prendre ? Son regard continuait à vasciller entre le brun et le menu. Se sentant presque rougir dès lors que leurs regards se croisaient.