@Leif Sundström
major blackout ft. robyn (IX)
coups de dix heures pas encore sonnés;
enveloppe et esprit commencent à peine à s'accommoder. l'impression que ça tape encore, inlassablement, encéphale toqué par l'alcool ingurgité jusqu'au petit matin. i'm too old for this shit. aurait du le voir venir le suédois, lorsqu'ils ont commencé à mélanger bière, shots puis liquides ambrés. faisait longtemps qu'il n'avait plus touché à tout ça - longtemps aussi qu'il n'avait plus été aussi reckless. parce qu'il savait svea entre de bonnes mains et que, l'air de rien, si christian n'avait pas été le plus futé de ses collègues il s'était quand même avéré faire partie des plus drôles. sait même pas comment s'est terminée la soirée. t'parlais suédois on t'comprenait même plus à ce qui parait. paraîtrait aussi qu'il a cassé un tabouret en voulant monter dessus pour une raison inconnue - une chance qu'il se soit barré avant de devoir le repayer. sait pas plus qui a casqué pour tous ces verres, seulement qu'après toutes ces heures et s'être brossé les dents deux fois, devrait plus avoir ce goût de tequila entre les dents. peut-être ça aussi qui l'empêche de complètement se remettre; démarche un peu hagarde dans les rues endormies du south. tangue parfois de gauche à droite et inversement, ne se rend pas bien compte que ses pas sont plus lents qu'ils ne le devraient. s'allume une clope pour faire passer la nausée - mauvaise idée. l'empêchera pas de se la griller jusqu'à la fin en espérant l'écraser en arrivant à l'immeuble de la détective mais y arriver semble être une véritable épopée. vision se floute de temps à autre, sans trop de raison, et la tête vient à lui tourner, l'obligeant à se stopper pour reprendre son souffle quelques instants. ne se présente à la porte d'entrée qu'une fois la sensation (et énième haut le coeur) passée(s), prenant un peu plus appui que nécessaire contre le mûr de pierre. « hi - » plisse les yeux sous la lumière qui l'aveugle; une chance qu'il soit sorti de chez lui avec une paire de lunettes de soleil malgré l'heure tardive. doit probablement passer soit pour un aveugle soit un alcoolique - et sait pas lequel des deux craint le plus en réalité. bip reconnaissable, tire la porte avec le peu de forces qu'il lui reste avant de se hisser dans les escaliers pas à pas, batterie quasiment à plat.
d'autant plus ravi lorsqu'il atteint l'étage voulu, poings flanqués contre ses hanches comme pour taire le remue-ménage mécontent de son estomac. yeah i know i didn't ate shit. sait aussi que c'était pas la plus brillante des idées de venir sans avoir repris des forces au préalable; mais il s'en veut, le suédois. qu'elle ait du gérer l'emploi du temps de la gamine pour la déposer au lycée, qu'elle l'ait cherché partout (en vain). qu'elle se soit fait un sang d'encre pour lui alors qu'il était en train de cuver à même le pavé. puis il y a ces premières confidences, inédites pour lui, sur le sujet si douloureux. famille dysfonctionnelle, à des années lumières de la stabilité qu'ils commençaient tout juste à trouver tous les trois. frères et soeurs n'existent plus, pas, quant à ses parents, ils crèveraient certainement avant qu'il ne les revoit. porte s'ouvre, blague prête à être déballée comme pour commencer d'ores et déjà à se faire pardonner : « oop, sorry wrong door. i can't see shit. » fait semblant d'avancer à tâtons vers les escaliers - sait même pas à qui sont ces lunettes de soleil, maintenant qu'il y pense. mais c'est sans compter l'accueil qui lui est fait.
l'esprit redevient clair
lorsqu'émeraude s'assombrit quelque peu.
« forget .... » what i just said avalé par la stupéfaction. en retire même "ses" lunettes de soleil qu'il laisse tomber sur le seuil avant d'avancer vers elle. mains embrassent l'épiderme et mondes s'entrechoquent en même temps que leurs lèvres.
palette d'émotions entière cachée derrière - du soulagement de la retrouver aux remords. i'm sorry. l'embrasse plus fort. forgive me? je m'en veux à mort.
les minutes passent et elle se demande ce qu'il fout. est-il encore à ce point dans le brouillard pour ne pas prendre le volant ? robyn prend son mal en patience et termine sa préparation gustative. mélange bien le jus fraîchement mixé à base de citron, curcuma et gingembre. goutte une cuillère, assez pour lui donner la sensation de coup de fouet. he gonna love it. or hate it. elle ajoute un filet d'eau pour diluer le cocktail puissant de vitamines. ferait peut-être bien de se préparer un verre aussi, remettre ses idées en place. elle a l'impression de passer par tout le nuancier des humeurs depuis hier soir, à l'instar d'une girouette. d'abord avec cette conversation étrange, un leif complètement torché à lui raconter des dingueries. ten babies. faut dire que derrière l'écran, au fond de son lit, elle l'avait mal pris qu'il lui raconte ce genre de choses dans cet état. avant le silence radio des plus inquiétants. aurait préféré qu'il lui raconte encore des conneries, putain. angoisse à s'imaginer ce qui aurait pu lui arriver, mille scénarios tournant en boucle dans sa caboche tandis qu'elle avait conduit svea au lycée. devoir rassurer l'adolescente tout en étant elle-même inquiète.
sonnette retentit et elle fonce jusqu'à la porte, déverrouille celle de l'immeuble. it's about time. resserre la ceinture de sa robe de chambre noire à motifs orangés floraux, n'avait pas pris la peine de s'habiller après son bain, ni même de se sécher les cheveux. lovée dans sa tenue satinée (mais en polyester) (faut pas abuser), robyn ouvre la porte en entendant finalement des pas à son étage. découvre non pas son copain mais un clown avec des lunettes de soleil. « ok, bye. » prête à refermer la porte alors qu'il commence à faire demi-tour vers les escaliers. pourtant s'arrête net puis la fixe. les mains sur ses hanches, ses sourcils se froncent. changement de plan apparemment. « i thought it was the wro- » wrong door, pas le temps de terminer sa phrase qu'elle est déjà happée par la passion du suédois. sur la pointe des pieds, s'accroche à lui tandis qu'il est excessivement penché sur elle. frissonne au contact de ses mains froides, déjà planquées sous le tissu, contre la chaleur de sa peau. le baiser dure plusieurs secondes et c'est elle qui y met fin. « you taste like shit. » un reproche, faussement exagéré. elle sent bien une légère nuance d'alcool dans son souffle, n'arrive pas à savoir lequel – certainement un mélange de tout ce qu'il avait ingurgité. ne l'empêche pas pour autant de lui offrir un large sourire. pleinement heureuse qu'il ait pris la peine de venir dans son état fracassé. reste contre lui et partage un énième baiser. i missed you, même s'ils se sont vus il y a seulement trois jours, les douze dernières heures ont été compliquées. robyn le contourne pour refermer la porte et ramasser les lunettes échouées. « i've prepared something for ya. known as the juice of the brave, will help. » à combattre les derniers restants de gueule de bois, du vortex dans lequel il était tombé. lui lance un rapide coup d'oeil, on ne peut pas dire qu'il ait très bonne mine. i forgive you, pensé mais à ses yeux pas la peine d'être formulé. aux petits soins maintenant, face à ce grand dadais hagard. elle sort un verre du réfrigérateur, un liquide jaune orangé remplissant presque les un tiers. elle lui tend le jus avant de s'appuyer contre le plan de travail. « don't worry... it's not a mix of coffee and fruity juice. » sourire se veut rassurant, même si encore à ce jour elle ne trouve pas que sa mixture avait un si mauvais goût que ça. se rend compte instinctivement que putain, ils en ont vécu des mois ensemble. pas prêt de s'arrêter, déjà avide de leur futur côte-à-côte. « drink the glass straight down. » conseil avisé, devrait pas être un problème pour lui, le piquant du gingembre passera mieux de cette façon. cocktail aux multiples vertus qu'elle se préparait de temps en temps. les bras croisés sur sa poitrine, le guette, a quand même vachement hâte de voir la tête qu'il va tirer. mais le regard s'assombrit un peu, se demande quand même s'il a repris des forces depuis qu'il s'est réveillé. « did you eat anythin'? » résolue à lui préparer un petit quelque chose, s'il le souhaitait.
survolez les paroles pour en avoir les traductions
« nice to see you too.... » « content de te voir aussi... » répondu dans un grognement contre le tendre de ses lèvres. grincheux pas encore si loin dans un coin de la tête qui continue de lui tourner - effet double du à la présence de la détective. « ah?? » enjoué. « oh.... » déçu. plot twist (et mood swing) le plus rapide de l'histoire. aurait préféré qu'elle lui annonce avoir préparé une bonne couverture, pas de vêtements et une longue discussion à simplement se tenir l'un contre l'autre. pourquoi pas même un verre de whisky. bah quoi? à ce qu'on dit il faut combattre par le feu. pensée qui ranime aussitôt la nausée du suédois - bien joué. grimace sur les lippes, davantage à cause de ses pensées disparates que le remède miracle qu'elle lui a concocté. reconnaissant pour ça. pour elle. pour sa patience et ses soins; pour son amour. parce qu'il lui a causé la frayeur d'une vie la veille et pourtant elle ne le repousse pas, au contraire. « i don't really feel brave anymore.... » « je me sens plus très brave là..... » suffit de voir la gueule de la texture (comme si la sienne avait meilleure allure, oui). sans parler de l'odeur. nez fourré au-dessus pour renifler vaguement il le retire aussitôt, mâchoire serrée pour en combattre les dernières effluves. c'est qu'il a jamais été du genre sweet medecine leif; medecine tout court non plus d'ailleurs. plus adepte du waiting for it to pass and will figure it out j'attends que ça passe et je verrais bien.. pas comme si parents sundström en avaient suffisamment eu à foutre de leurs enfants pour leur offrir quelconque soins de toute façon. des coupures aux pires grippes - n'ont qu'à boire un peu de soupe et arrêter leurs conneries. so easy. si facile. s'avance finalement d'un pas (mi) décidé, s'empare du verre en écoutant ses ultimes consignes. « pray for me. » « prie pour moi. » sourire mutin qu'il noie aussitôt dans la tourmente. mixture étrange, de son goût à sa texture, ferme fort les yeux pour tenter d'en combattre le côté désagréable. « and you're telling me i taste like shit ??? » « et t'oses me dire que je pue de la gueule ??? » l'oeil critique mais le rictus d'un sourire qui ne ment pas. pas si dégueulasse au fond mais il aime bien se jouer d'elle, leif. exagérer. pour la faire sourire encore; se faire pardonner. « tack.... min älskade » « merci.... mon amour » s'approche à nouveau. glisse ses bras autour de sa taille et appose son front au sien. s'autorise à fermer les yeux quelques instants, même si le monde entier tourne. prend une grande inspiration. « not since i woke up. » « pas depuis que je me suis réveillé. » quelques heures auparavant. l'estomac vide ne crie même plus - il a passé ce stade. « are you still mad at me?..... » « tu m'en veux encore ?.... » mains glissent de la taille au cou puis un peu plus haut, aux joues. émeraude fond dans l'ébène, coeurs se synchronisent à nouveau. elle qui ne l'a jamais vraiment quitté. « i'm really sorry. » « je suis vraiment désolé. » un baiser sur le front puis un autre sur le bout de son nez; sa pommette. ses lèvres pour finir, pour sceller. tout balance au-dedans.
les pensées, la tête - le palpitant.
jusqu'à ce que ça ne gronde.
« ehm. maybe i'm a bit hungry after all. » « euh. j'ai peut-être un peu faim finalement. » recule d'un pas, le sourire fatigué bien qu'un brin amusé. « maybe we could prepare something and talk? about, well, what we discussed by text? if you want? » « peut-être qu'on pourrait préparer quelque chose et parler ? à propos de, ben, ce dont on a parlé par message ? si tu veux? » ouvert à la discussion si elle aussi le désirait; sujets trop sérieux effleurés du bout des doigts - entre passés douloureux et rêves brisés. quoi qu'ils en disent, devenus ce qu'ils sont grâce à eux alors méritent (peut-être) de s'y attarder. « we don't have to if you're not comfortable. » « on est pas obligés si t'es pas à l'aise avec ça. » prévient, son pouce caressant encore la jawline carrée qu'il aime tant.
voudrait tout savoir d'elle,
tout lui partager.
sourire réconfortant qu'elle lui offre en prétendant qu'il ne se sent plus courageux. l'est quand même venu jusqu'à chez elle, à pieds et dans cet état qui plus est. doit bien lui rester quelques miettes de bravoure pour avaler le jus qu'elle lui avait préparée. n'a pas l'air convaincu de son remède et ça lui rappelle cette tête qu'il avait fait des mois auparavant; le jus d'orange dans le café. « amen. » prie pour lui comme il lui a demandé, essaye du moins. les bras croisés, robyn attend le verdict. sa réaction est synonyme de démesure. baisse ses bras mollement le long de son corps et secoue la tête de droite à gauche. « come on! you killjoy. » elle l'a bien vu, son petit sourire en coin sur son visage. lui qui aime bien en faire tout un plat et surtout l'embêter, elle. et sous son air (faussement) agacée, elle se retient de rire. joue la comédie jusqu'au bout. « varchagode.(varsågod) you're welcome. » répond-t-elle en suédois à son tour. ne lui a jamais raconté auparavant mais elle s'essaye tant bien que mal d'apprendre – et de comprendre – des mots simples dans sa langue maternelle. a téléchargé une application standard, reste à la version gratuite des débutants. préfère apprendre dans son coin, plutôt que lui demander à lui ou même à svea. pour lui faire la surprise, le jour où elle saura maitriser une phrase entière. même si pour le moment, la prononciation n'est pas son fort.
entre ses bras, elle profite de la présence de ses mains contre sa silhouette, son cou et bientôt ses joues. ne quitte pas une seconde ses yeux, le souffle coupé et les sens apaisés. i'm so weak for that man, so crazy in love. crap. « i can't be mad at you when you're... cute like that. » robyn qui a fait exprès de choisir l'adjectif avec précaution, sait d'avance que ça ne lui plaira pas. na na na na, i'm no cute. sourire candide mais sourire sincère. l'inquiétude, plus que de la véritable colère en réalité, s'est évaporée. n'a pas envie d'en faire tout un plat. surtout pour ça. surtout lorsqu'il s'excuse pour la énième fois. un pardon dans la douceur et la chaleur de ses lippes contre sa peau et bientôt sur sa bouche pour terminer son voyage. robyn flâne à ses lèvres; fait durer la passion. langue cajole la jumelle à l'arôme de whisky, ses phalanges s'accrochent à ses épaules. soupir de sérénité à même ses lèvres, le soulagement de l'avoir retrouvé, de l'avoir face à elle en un seul morceau. le sujet est clos, d'après elle, au moment même où des gargouillements se font entendre entre eux. faim préméditée sachant qu'il n'avait rien avalé. leif recule et fait une proposition. si robyn hoche la tête au début, elle s'arrête d'un seul coup. talk? le reste suit, lui laisse échapper un faible « oh. » ne s'attendait pas à ce qu'il souhaite en parler maintenant ou plutôt reprendre leur conversation par téléphone. n'est pour autant pas réfractaire à l'idée. même si cela risque d'assombrir l’atmosphère, cette étape est primordiale afin de connaître leurs vies d'avant. les bagages douloureux qu'ils traînent derrière eux. avant leur chapitre commun, main dans la main. ils ne sont pas obligés d'aborder le sujet, lui fait-il comprendre dans une caresse; mais elle ne refuse pas. « sure. we can do that. » envie de le connaître davantage même cette partie de lui reste douloureuse. envie de lui partager sur sa vie à elle; sur ce qu'il aimerait apprendre, sans l'ombre d'un secret. une grande première. robyn se met sur la pointe des pieds, lui claque un baiser sur la joue avant de le pousser doucement hors de la cuisine ouverte. « but sit your ass down, i'm gonna cook something. solo. » pas besoin de son aide à ce stade-là, pas parce qu'elle craint qu'il foute le feu à sa cuisinière (quoique ?) mais parce qu'elle préfère qu'il se repose et ne s'embête pas pour cette tâche. plus qu'une envie, un besoin sous-jacent de prendre soin de lui. et c'est peut-être ça en fin de compte; sa façon à elle d'aimer.
attrape un chouchou sur le meuble de l'entrée pour relever ses cheveux, avant de jeter un coup d'oeil dans le réfrigérateur et réfléchir à ce qu'elle pourrait lui préparer. pourrait mélanger les restes de son dîner avec des légumes frais. puis surtout des protéines pour lui redonner des forces. lucky him qu'elle ait fait les courses la veille. elle récupère le tupperware de pâtes penne aux champignons, une nouvelle courgette et la poitrine de poulet. « so- » brise-t-elle le silence, regarde par-dessus son épaule pour l'observer et fuir aux effluves irritantes de l'oignon qu'elle est en train de couper. baisse de nouveau ses yeux sur ce qu'elle fait pour éviter de perdre un doigt ou deux. lui a bien fallu plusieurs secondes pour déterminer la question qu'elle allait poser. « are you the eldest in your family? are your brother and sister still living in europe? » prend l'initiative de parler de lui plutôt que d'elle parce que c'est plus facile de cette manière. hormis savoir que sa soeur est la mère de svea, elle ne sait rien d'autre. lui qui n'est pas fils unique avait sans doute plus de choses à raconter à ce sujet.
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arque un sourcil au mot qu'elle prononce (ou essaie);
est-ce bien ce qu'il croit ? et où aurait-elle appris ça ? suédois est pas franchement la langue plus courante dans le coin - ni nulle part aux states, d'ailleurs. croit pas avoir déjà croisé quelqu'un qui bectait un mot de ce que svea et lui pouvaient bien se raconter lorsqu'ils sillonnaient la ville ensemble; heureusement peut-être. un peu trop habitué à y aller de son commentaire (injurieux) leif. et svea obligée de le tempérer quelque peu, lui rappeler par une tape sur l'épaule qu'il n'avait pas besoin d'être aussi expressif concernant le fond de sa pensée. lui pense que ça leur ferait pas de mal, à certains de ces américains, de les entendre pourtant. bande de guignoles qui se croient mieux que les autres sous prétexte qu'ils prient tous les dimanches - pour redevenir les pires sacs à merde le lundi qui suit. « you mean "varsågod" ? where the hell did you learned that from? » « tu veux dire "varsågod" ? où est-ce que t'as appris ça bordel? » agréablement surpris, inscrit tant dans le regard que dans la bouche formant un "o" parfait, estomaquée. « jag ska gifta mig med dig den dagen du kan svenska. » « je t'épouse le jour où tu connais le suédois. » leur promet dans un langage que lui seul peut comprendre, blague qu'à moitié. lui qui n'a même jamais songé à l'acte religieux - définitivement pas du genre à remettre ses promesses entre les mains d'un dieu auquel il ne croit pas. mais robyn redistribue les cartes depuis leur rencontre; pensait pas pouvoir tomber amoureux, non plus, pourtant il est en est là.
« yeah right. » « ouais bien sûr. » lève les yeux au ciel, (faussement) boudeur. sait qu'il aime pas ce mot; y a déjà réagi. mais bizarrement il passe de plus en plus facilement, quand c'est elle qui l'en qualifie. suédois ne lui dira jamais pour autant; n'en a de toute façon pas l'occasion avant que la joliesse ne le pousse gentiment hors de la cuisine pour l'inciter à s'assoir à quelques pas de là. « ok...what's on the menu? » « ok... qu'est-ce qu'il y a au menu? » pas la force de batailler sur ses exploits (?) en cuisine - ou plutôt sa capacité folle à louper les plats les plus rudimentaires. svea qui s'en sort largement mieux que lui, reconnaît parfois dans ses gestes ceux de sa propre mère lorsqu'elle(s) prépare(nt) du kanelbullar. finira bien par apprendre tôt ou tard - avec ces tutois or whatever it's called qu'on trouve si aisément sur le net de nos jours. se laisse sombrer sur le canapé, pieds et tête qui dépassent des deux côtés - ne s'en plaindra pas, petit écart lui permet d'observer sa petite amie s'afférer derrière les fourneaux. vision de rêve au milieu de son enfer personnel gueule de bois. « actually no, i'm in the middle. » « en fait non, je suis celui du milieu. » yeux papillonnent vers le plafond. fait longtemps qu'il ne s'est pas donné l'occasion de se poser pour penser à eux, à ce qu'ils furent jadis. s'imagine des visages qui n'ont probablement plus rien de réels à l'heure qu'il est - lui, enfui il y a plus de dix piges et elle ravagée par les drogues qu'elle pensait seulement vendre (commence toujours comme ça). svea comme preuve irréfutable de la beauté à laquelle sa mère n'accedera plus jamais; père connard inconnu au bataillon. probablement un camé comme elle. l'a même douté un moment qu'elle ait donné son cul contre une dose, manque de thune à leur voler.« sverker is four years older than me. haven't saw him since, well, too many years before I even left sweden. maybe he's dead or something. definitely hiding somewhere anyway. » « sverker a quatre ans de plus que moi. l'ai pas vu depuis, bah, trop d'années, avant même que je quitte la suède. il est peut-être mort. se cache quelque part dans tous les cas. » le ton détaché, un peu trop peut être. parce que leif a fait le deuil de son frère ce soir là - lorsqu'il a tenté le coup de trop et que tout avait failli dégringoler. flash lui fait plisser les yeux; tout s'est passé si vite, ne se souvient presque de rien si ce n'est s'être interposé pour l'empecher de se faire balafrer avant de ne l'être lui-même. doigts glissent doucement sur la longue cicatrice couverte. c'est ça sverker. cette erreur et toutes celles qui l'ont précédées; pourtant ce temps avec son frère lui manque. se sentaient rois au milieu de la galère et de la poussière.
« jonna, svea's mother, is the youngest. » « jonna, la mère de svea, est la plus jeune. » pourrait s'attendre à ce qu'elle ait eu la vie la plus facile des trois - petite dernière, une fille, propre sur elle, pieuse même dans ses jeunes années. leur mère voyait déjà en elle l'épouse et fée du logis idéal. sauf qu'une fleur fâne lorsqu'on la prive de soleil et ce n'était qu'une question de temps avant que jonna n'envie la "liberté" de ses frères. ce qu'elle n'a pas compris à l'époque c'est que cette liberté a un prix capable de gâcher une vie; ce n'est pas le fantôme de sverker qui dira le contraire. « they loved her so much. still do actually, I think. she was everything sverker and I couldn't ever be - patient, kind, obedient at least they thought. » « ils l'aimaient tellement. ils l'aiment toujours d'ailleurs, je pense. elle était tout ce que sverker et moi ne serions jamais - patiente, gentille, obéissante enfin c'est ce qu'ils pensaient. » sourire jaune au coin des lèvres. facile à dire mais elle n'avait eu qu'a hocher la tête et faire ce qui lui était dit pour que tout se passe bien tandis qu'eux se crevaient à la tâche pour maintenir cette foutue cabane debout. mais les petits plaisirs manqués de la vie ont commencé à s'accumuler; pouvaient pas manger dehors, pouvaient pas aller au cinéma voir le dernier blockbuster avec des amis, pouvaient pas prendre de cours de tennis ni d'équitation - à peine s'ils pouvaient faire des courses sans se serrer la ceinture. alors la petite étoile est tombée du ciel pour se laisser engloutir par le néant; avait sans doute davantage l'impression de vivre dans la souffrance que dans m'indiffèrence. « I didn't know she was selling, fuck. I don't even know HOW she started. » « je savais pas qu'elle vendait, putain. je sais même pas COMMENT elle a commencé à vendre. » contrairement a la mention de son frère et malgré la trace indélébile qu'il en garde, véritable frustration au fond de la bouche en la mentionnant elle. parce que jonna a sombré en laissant derrière elle un trésor trop pur; parce qu'elle avait besoin de sa mère, la gamine, à l'époque. et leif sait que c'est toujours le cas. pourra tout faire, lui offrir le monde sur un plateau d'argent, remplacera jamais celle qu'elle a perdu. « then she was stupid enough to try her own products and... she's paying for it now, in jail. » « elle a été assez stupide pour essayer sa propre marchandise et... elle en paie le prix maintenant, en prison. » parle pas des conneries qu'elle a pu faire bien avant cette case; extorquer, cambrioler, tout pour avoir sa dose. putain de camée. mère indigne. comme si lui ne l'avait pas abandonné un jour, la gamine. appelait ça le moindre mal - sauf que ça lui en a fait à elle et lui, il continue de le payer aussi. « people around us didn't know back then how depressing it was living it that house. my parents had good reputation, they were never living the big life out of their league - » « les gens savaient pas à ce moment là à quel point c'était minant de vivre dans cette barraque. mes parents avaient bonne réputation, ils cherchaient pas la grande vie au-delà de leur possibilité - » même en manquant de tout.
suédois s'extirpe tant bien que mal de la bulle de ses souvenirs pour la retrouver de son émeraude; reconnaissant en partie mais curieux aussi d'en savoir plus sur elle, petit à petit, chacun son tour pour ne pas brûler d'étape. ne sait que trop bien combien ce doit être difficile - aurait davantage parlé de leurs parents depuis leur rencontre dans le cas contraire. « what about yours ? how were they ? » « et les tiens ? comment ils étaient ? » perche lancée, croise les bras sur sa poitrine où il regrette déjà de ne pas la sentir se blottir. aurait sûrement été plus facile pour en parler qu'à préparer des œufs, malgré toute l'affection contenue dans son regard.
quoi qu'elle dise, continuerait de l'aimer.
un peu plus peut-être, même, si cela était bien possible.
« that's exactly what i meant. » l'avait prononcé aussi mal que ça ? fait moins la maligne, surtout quand il lui demande cash où est-ce qu'elle a appris ça. fuck. ne peut pas lui avouer qu'elle a téléchargé l'application babybel (?) si elle veut lui en faire la surprise – sacrément obstinée sur ce point. « hum, somewhere. » reste évasive, sait pertinemment que son niveau frôle encore le sol lorsque ses sourcils se froncent à son suédois. si elle s'est habitué à certaines mélodies scandinaves, réussit, parfois, à comprendre grâce au contexte et à la gestuelle, dans ce cas-là elle ne capte pas la moitié de ce qu'il vient de lui dire. les prunelles ne le quittent pas des yeux, tente de déchiffrer l'indéchiffrable. « i kan svenska, a lil bit. » contre toute attente, et pourtant c'est bien la seule partie de sa phrase qu'elle comprend, ressemblante à l'anglais. « you must've said some dirty things. » rictus en coin. parce que ça pourrait être totalement son genre à leif et such a shame qu'elle ne puisse pas en comprendre la signification.
le petit ami balayé du coin cuisine, robyn prête à lui préparer un repas pour compenser l'estomac vide après la gueule de bois. « pasta chicken veggies. » lance-t-elle en regardant tour à tour les aliments devant elle tout en terminant de couper les oignons. rapide coup d'oeil lancé par-dessus l'épaule, constant qu'il a pris place sur le canapé - parfait - petit rire en voyant l'incompatibilité de sa carrure avec le meuble. oignons émincés balancés dans la poêle huilée, appliquée à sa tâche ainsi qu'attentive à ses mots. leif, le gosse du milieu. s'imagine, peut-être à tort, trois enfants à la tête blonde. un frère lointain, de quarante-huit ans, robyn se voit contrainte d'arrêter un instant ce qu'elle est en train de faire pour regarder leif au loin. semble être désintéressé du sort de de l'aîné. mouvement qu'elle ne loupe pas sur le poitrail, elle qui s'est longtemps interrogée sur l'histoire de cette cicatrice. sans jamais oser lui demander; par crainte de mettre les pieds où il ne fallait pas, être trop intrusive en rappelant de mauvais souvenirs. n'intervient pas dans son récit, les yeux de nouveau absorbés dans la découpe de la courgette puis du poulet en dés grossiers. rythmée par les paroles du suédois, portrait dressé de la benjamine de la fratrie; le joyau de la famille d'après lui et surtout la mère de svea. des révélations qui font que trop bien écho avec son propre background, les traits de robyn s'assombrissent tandis qu'elle mélange les aliments dans la poêle. n'arrive pas à concevoir qu'une addiction peut primer sur le bien-être de son propre enfant. don't make a kid, then. bousiller sa santé, pire encore, faire voler en éclats une famille pour avoir ses putain de cachetons, avant de finir en taule. parce que ça finit toujours comme ça après avoir décidé d'en vendre. elle ne peut que partager la frustration qu'il ressent lorsqu'il parle de jonna et de ses excès. se demande comment ça sera l'après, quand elle aura fini de purger sa peine; comment ça sera vis-à-vis de sa fille. and what does svea think about it?
elle termine de réchauffer les pâtes aux champignons, ajoutés au reste. prépare une assiette creuse, minutieuse, tout en pensant à cet aperçu de la vie des sundström. ne sait pas quoi dire, un peu minée sur le moment, savait très bien pourquoi il ne parlait jamais de sa famille. se remémore l'époque de leur rencontre et de la pseudo fugue de svea lorsqu'il lui avait dit être le dernier autour de svea. dernier et sûrement le seul à considérer la petite. le repas passe de la poêle à l'assiette où elle y glisse une fourchette. espère que ça va lui tenir à l'estomac pour quelques heures. espère qu'il va aimer, accessoirement. robyn coupe le feu avant de rejoindre leif de l'autre côté, assiette en main. « i sincerely hope life is kinder here, for you. » le sourire tendre sur les lèvres. ce n'est même pas de l'arrogance, puisqu'elle ne se compte pas dans l'équation d'une vie plus douce. souhaiterait vraiment que malgré les galères habituelles du quotidien, il se sente plus serein qu'avant; à des miles et des années d'ici du foyer familial. « here you are. » pose le plat sur la table basse, à défaut d'avoir une table correcte pour dîner – son bureau plus loin envahit de paperasse en tout genre et surtout du boulot. elle profite d'ouvrir la fenêtre pour aérer la pièce et que ça sente moins la bouffe, retourne dans la cuisine pour leur apporter deux verres d'eau. la salière aussi, rejoint la table basse. « i suck at adding salt. » prévient, sa bouffe n'étant généralement jamais assez salé pour les palais des mortels. elle prend place à ses côtés, après qu'il se soit redressé. jambes qu'elle remonte sur le sofa, lisse sa robe de chambre sur ses cuisses dénudées. prend un instant avant de lui parler de ses parents, à guetter sa réaction à la première bouchée. a déjà cuisiné pour lui et pour svea, ce n'est pas une nouveauté. sait également qu'elle n'est pas la meilleure cuisinière et qu'elle n'est pas la plus mauvaise non plus; mais curieuse de savoir ce qu'il en pense, pour se rassurer.
« so my parents... » se remémore les textos qu'elle lui a envoyés un peu plus tôt; que peut-elle rajouter de plus ? « i don't remember much 'bout callie but she had the same drug problem as jonna. » un tragique point commun qui les lie, svea et robyn. filles de mères déplorables, mères emprises par toutes ces merdes. « i know my parents weren't together anymore when i was born. they were young and i wasn't planned. » typique. s'est longtemps demandée pourquoi callie n'avait pas avorté, aussi si la dépendance était arrivée avant la grossesse ou après. robyn serait sans doute fuckée au plus haut point, si sa mère avait sniffé pendant qu'elle était encore dans son ventre. « when callie couldn't handle things any longer, nick got full custody of me. i don't know what happened to callie, if she's still in louisiana, if she's alive or dead. and to be honest with you, i don't give a shit. » un long soupir, des années à accepter, à comprendre qu'elle ne reverrait plus jamais sa mère. des années pour la haïr aussi, de s'être laissée bouffer alors qu'elle aurait pu demander de l'aide. quand on veut on peut. « i moved around a lot with nick, texas, new mexico, arizona, nevada. i changed schools a lot, was tough. had no time to make friends, i couldn't follow the pace, people thought i was adopted - he's white - i tried as hard as i could to do my homework with some poor girls he found i don't know where. » des copines en tout genre charmées par la gueule de nick. des paumées qui avaient surtout pas envie de jouer au babysitting avec cette gamine venue de nulle part et dont personne ne voulait s'occuper. elle se souvient de la solitude, de cette incapacité à avoir l'attention et l'affection du paternel. « i felt lonely and invisible, that's it. » le coeur ouvert à leif, de ces choses et ressentis dont elle ne parlait jamais. i felt unloved. ne valait pas la peine, du haut de sept ans. elle avait quitté sa mère pour un avenir meilleur, des promesses évaporées dans l'air. le verdict clair : personne ne voulait d'elle. la gorge sèche, bras tendu pour attraper son verre d'eau. consciente de plomber l'ambiance mais l'importance crucial d'aborder ces sujets dans leur couple; comprendre les fardeaux qu'ils traînaient dans leurs bagages. elle repose son verre et se lève le temps de fermer la fenêtre. « i guess he got fed up with me at some point, maybe also bored by his gambling shit in vegas. » et le décès accidentel de melissa, la petite amie du moment, la dose de trop. nick incapable de la regarder en face, incapable de prévenir les secours. il a fallu que la petite robyn aille voir elle-même ce que fichait melissa dans la salle de bain, après trente-cinq minutes d'absence. « we headed to san francisco and he ditched me at his parents'. they didn't even know he had a kid. i'll let you imagine the look on their faces. » un faux sourire lorsqu'elle le rejoint sur le canapé. les parents devenus soudainement grands-parents en un claquement de doigts, un cadeau empoisonné par leur fils – mouton noir de la famille. « i never saw nick again. i know he tried to get in touch a few times but i never wanted to. i guess my grandfather must have given him some news. » ne sait pas à quel point il la raconté des points de sa vie à nick, encore moins qu'il était au courant que nick se trouvait à oceanside et qu'il a délibérément suggéré à robyn d'y déménager après la mort de sa grand-mère. elle passe une main sur son visage, fatiguée par toutes ces conneries. « remember you told me how i once woke up in the middle of the night freaking out and telling you not to leave me? » évènement remontant à plusieurs semaines, dans un état second, plus endormie qu'éveillée. paniquée et secouant leif à tel point qu'elle avait réussi à le réveiller – un miracle. « well, now you can understand why. » pas besoin d'un psy quand on peut s'analyser la cervelle soi-même. « you have no choice but to stay with me now. forever. » cette fois-ci, le ton se fait plus léger et il peut constater le sourire qui se dessine sur les lèvres. plaisante qu'à moitié, surtout pour détendre l'atmosphère. s'agenouille sur le sofa juste à côté de sa silhouette pour lui enlacer les épaules et écraser un baiser contre sa joue. « such a shame i don't have a cellar to lock you in... » bouche toujours proche de son visage, elle finit par se reculer un peu et se mettre à rigoler avant de passer plus longtemps pour une tarée. « i'm kidding, ok? »
survolez les paroles pour en avoir les traductions
sourit en coin;
okay, keep your secrets then. serait même pas étonné d'apprendre que svea avait commencé à le lui apprendre en toute discrétion - pour quelle raison? inconnue au bataillon. n'empêche que ça lui fait quelque chose, au colosse, de l'entendre prononcer des mots de chez lui. en fait un peu partie maintenant. certain qu'un jour il y emmènerait tout en passant outre les mauvais souvenirs qui y ruisselaient, gouttes nocives ne s'effaceraient jamais; patronyme, à lui seul, suffit à le condamner dans ces contrées. serrent le coeur un peu plus fort - pas parce qu'elles lui ont manqué mais que ce sont elles qui l'ont forcé à laisser svea derrière alors qu'elle n'était encore qu'un bébé. elles et ses aprioris. elles et ses jugements. elles qui estiment que lorsque tu nais dans le manque et la crasse, tu es voué à y rester à tout jamais. ne te laisse aucune possibilité d'exceller, d'avancer. beaucoup trop nombreux les travailleurs cassés avant l'âge qu'a aujourd'hui le suédois: trop nombreuses les femmes qui ne connaissent jamais le plaisir de flamber dans un magasin ou déboucher une bonne bouteille pour célébrer le week-end. (lui-même n'y a pas encore pris goût, trop habitué aux bières bas de gamme). facile de se contenter de si peu lorsqu'on ne connaît rien d'autre; qu'on a vu nos parents et les leurs le faire avant nous. sauf pour les mauvaises herbes des sundström. se souvient amèrement des reproches qui lui ont été crachés au visage, même après avoir quitté l'île, lorsque jonna avait commencé à déconner. elle n'aurait jamais fait ça si elle ne vous avait pas vu faire tous les deux avant ! quand bien même les deux frères s'étaient toujours refusé de toucher à ce genre de produits. voler oui, tuer non. même à petit feu, avec ces merdes qui n'atteignaient pas que des adultes mais également des lycéens. de futurs svea peut-être. vous l'avez intoxiqué avec votre argent. avant elle n'avait besoin de rien de tout ça. et si la mère de famille disait "vous" leif sentait bien que cela lui était pleinement destiné - parfait (et seul d'ailleurs) coupable. sverker introuvable depuis trop longtemps déjà. vous l'avez tuée. svea aussi.
elle était là, la limite.
la sentence de trop. son prénom qu'il ne fallait pas prononcer.
alors il a éclaté, leif.
comme il sait si bien le faire; de toute cette rage trop longtemps contenue envers eux, déversée goutte par goutte où il le pouvait si ce n'est sur ses vraies racines. des reproches vieux de quinze ans balancés au téléphone suivis de noms d'oiseaux. leur à même souhaité de crever dans la poussière et l'oubli. que leurs voisins seraient bien les seuls à les pleurer puisqu'ils avaient décidé que leur descendance n'était pas assez bien pour eux. leur a rappelé au passage combien de fois il avait rempli le frigo de sa propre poche parce qu'il s'évertuait à rester presque vide; combien de fois on leur aurait coupé l'électricité si ce n'était pas pour les petits casses de sverker. que c'était trop facile de mettre toute la peine du monde sur eux alors qu'ils n'étaient pas foutus d'offrir ne serait-ce qu'une lueur de bonheur à leur propre chair. et avant de raccrocher ses derniers mots avaient été pour son père; si prompts à ramener dieu dans l'équation et que s'il existait vraiment, il ne ferait jamais de leif un père aussi minable que celui qu'il avait eu. que s'il existait vraiment, ils se reverraient à leurs derniers souffles en enfer. bruyants sanglots de sa mère pleuvent dans le combiné avant qu'il ne raccroche - et brise un énième téléphone sous la force du pied. « t-thanks. » « m-merci. » n'a pas entendu les premiers mots prononcés, tête la première plongée dans ses propres démons; la secoue pour les effacer complètement et retrouve un sourire (de visu du moins) serein en se rasseyant. « smells awesome. » « ça sent super bon. » estomac grogne. pas sûr que ce soit de bonne ou mauvaise augure, va déguster doucement dans tous les cas pour ne pas risquer de réveiller l'incendie que son corps semblait avoir éteint depuis quelques heures déjà. oubliés, sel et poivre, fourchette déjà plantée dans les pasta et tout le tintouin qu'il mène à ses lèvres. dubitatif d'abord, il se satisfait des goûts qui explosent sur son palais - craignait que ça n'ait encore le goût du whisky avec lequel il avait eu la bonne idée de s'arracher. « delifious. » « delifieux. » sourit, la bouche fermée et pleine.
fait du bien.
de manger - d'être là, avec elle.
rictus emmerdé lorsqu'elle énonce des problèmes de consommation similaires à ceux de jonna; combien de vies brisées par toutes ces merdes? et de vies, aussi? tout ça dans l'espoir d'échapper quelques heures à un système qui n'en a jamais rien eu à carrer, d'eux, du moment qu'ils ne se sentaient de rentrer dans le moule. problème commun à tous il suppose. n'en dit cependant rien; se contente d'ingérer les informations qu'elle veut bien lui donner au même titre que ses légumes, déplorant qu'elle ait eu à commencer sa vie dans de si contraignantes conditions. sa réussite au sein de la police d'autant plus (inattendue?) impressionnante). main de libre quitte l'assiette pour se déposer sur sa cuisse en guise de soutien silencieux, si naturel qu'il ne tique même pas en le faisant, continuant de manger par petites bouchées le plat que l'inspectrice lui avait préparé. doigts qui se resserrent quelque peu d'ailleurs lorsqu'elle mentionne la façon dont elle s'était sentie - lonely and invisible. peut pas continuer de manger, leif, (petit) début d'appétit complètement coupé. par la peine, la colère aussi. parce que s'il avait eu nick sous les yeux il lui aurait volontiers refait le portrait pour avoir osé la négliger ainsi. laisse tomber sa fourchette dans l'assiette qu'il repousse - même pas bouffé la moitié - avant de s'affaler à nouveau dans le fond du canapé, visage désormais tourné vers elle. doigts se prélassent toujours sur sa cuisse, effleurent sa peau avec douceur pour soulager des plaies qu'il ne peut voir. pourtant elle s'en échappe; ne sait pas si ce sont ses gestes ou ses démons à elle qu'elle tente de fuir par ce mouvement mais suédois comprend que le passé n'est pas si enterré que ça (bien placé pour savoir qu'il ne l'est jamais). se contente d'hocher la tête lorsqu'elle est à nouveau près de lui et que la question est posée.
essaie d'en plaisanter mais il n'en a pas le coeur, lui.
pas après tout ce qu'il a appris.
alors il répond de la seule façon qu'il connaît -
bas l'enlacent férocement pour l'empêcher de reculer encore; la ramènent à lui pour la faire assoir sur ses genoux, jambes de par et d'autre de ses cuisses. serait certainement turned-on dans d'autres circonstances mais pas maintenant. « you don't feel that way anymore, do you? » « tu ne te sens plus comme ça maintenant, n'est-ce pas? » mains serrées à la chute de ses reins pour la rapprocher un maximum de lui et l'émeraude lovée dans l'ébène. la seule prison qu'il veut. « i see you. » « je te vois. » glisse hors des lèvres comme un je t'aime. « and you won't feel lonely ever again. » « et tu ne te sentiras plus jamais seule. » une promesse du bout des lèvres. parce qu'il s'y engage, comme elle le dit si bien, à rester avec elle pour toujours. « i can't tell what he was thinking by then... but knowing you now, i know for sure he's gonna regret it for the rest of his miserable life. » « je ne peux pas dire ce qu'il pensait à l'époque.... mais te connaissant maintenant, je suis sûr qu'il le regrettera toute sa misérable vie. » un baiser sur son menton. « you're not invisible. » « t'es pas invisible. » un autre contre la mâchoire. « neither alone. » « ni seule. » le dernier contre le tendre de ses lèvres, plus long que les précédents. appose son front au sien les yeux toujours clos avant d'ajouter: « and i swear i'll try my hardest to make you the happiest. for all these wasted years. » « et je promets de donner mon maximum pour que tu sois la plus heureuse. pour toutes ces années gaspillées. »