Sunny Day ft. Hope

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Septembre 2023

La notification apparait sur son téléphone avec une sonnerie caractéristique. C'est l'heure. Hope est en bas, venue la chercher. Alexis ajuste sa queue de cheval une dernière fois dans le miroir de son entrée. Elle grimace, peste contre elle-même d'avoir passer autant de temps à trouver ce qu'elle aimerait montrer à la chauffeur qui l'attend en bas, pour maintenant ne plus en être satisfaite. Elle souffle du nez une dernière fois, attrape son sac et détache ses cheveux avant de claquer la porte de son appartement.

Les quelques instants passés dans l'ascenseur face à son reflet la plonge dans la réflexion. Une robe d'été fleurie qu'elle lisse inconsciemment sur ses sneakers plates. Elle aurait adoré porter des petits escarpins, mais on ne sait jamais dans quelle aventure elles peuvent se lancer quand elles sont toutes les deux, alors avait-elle mieux miser sur le pratique. Comme quand elles ont terminé leurs retrouvailles, poursuivies en rendez-vous improvisé qui se termina sur la plage où elles ont échangé leur ... Alexis sort de sa rêverie et claque machinalement son chouchou contre son poignet, repensant à ce moment entre elles seules, s'embrassant pour la première fois. Elle repense à tout l'émoi que cela à provoquer en elle, toute la connexion qu'elle a ressenti envers l'étudiante.

Elle est cependant aussi nerveuse à ce souvenir, la suite n'avait pas été aussi idyllique que ce contact physique et tendre avait-été. Rien n'avait été horrible non plus, simplement Alexis se voyait déjà se tomber dans les bras, après plusieurs semaines sans s'être vus, Hope avait débarqué un soir au restaurant où elle aidait une de ses connaissances. L'endroit même où les deux jeunes femmes s'étaient rencontrées. Après quelques remords chacune, elles ont partagé une glace et avaient fini sur cette plage que Hope tenait à lui faire découvrir.

Mais après le baiser échangé, Hope s'éloigna rapidement de la chaleur d'Alexis, déconcertant la blonde. Les deux jeunes femmes n'acceptant pas les circonstances de la même façon. Hope exprimant rapidement sa peur des émotions nouvelles qu'elles venaient de partager. Alexis compris qu'Hope n'avait pas tout à fait accepter les sentiments qu'elle avait non pas pour elle, mais tout simplement pour une autre personne qu'un homme. Alors elle resta la plus compréhensive possible et la soirée se termina ainsi rapidement. Les heures qui suivirent, Alexis commença à angoisser de ne pas un jour pouvoir apporter assez de sérénité à Hope, pour qu'elles puissent vivre complètement leur relation, surtout de la nature qu'Alexis espère. Heureusement, elle avait obtenu une nouvelle corde à leur relation, son numéro de téléphone.

Ainsi elles purent commencer à converser. Alexis trouva beaucoup de soulagement quand Hope manifesta son enthousiasme à l'idée qu'elles se revoient rapidement. Même si quelques impondérables vinrent contrecarrer un ou deux plans, elles conclurent rapidement d'un autre rencart. (Même si Hope renia cette appellation, nous appellerons donc cette journée simplement "une sortie entre copines").

La porte de son ascenseur s'ouvre. Nous sommes maintenant le jour convenu du rendez-vous euh de la "sortie". Alexis sort dans la rue, ôtant les lunettes de soleil de ses cheveux sorties dans l'ascenseur et posées jusqu'alors en serre-tête sur son crâne. Elle les pose sur son nez tandis que ses cheveux libérés de toutes entraves recouvrent leur liberté. Elle scrute la rue à la recherche de la voiture de son amie. Elle est très enthousiaste à l'idée de connaître si oui ou non l'étudiante a sortie sa belle décapotable pour l'impressionner. La voyant au volant près de la chaussée elle se dirige vers elle du côté conducteur et s'accoude au rebord de sa fenêtre baissée. "Holà jolie brune, on est perdue on dirait ?" dit-elle avec un large sourire et son visage baissé de manière à ce que le bord de ses yeux dépassent de ses lunettes opaques.

tw: homophobie (évoquée)

Le temps est relatif. Les heures ont été si longues hier soir durant mon diner de famille. Si j’apprécie mes grands-parents, j’apprécie beaucoup moins leur demande systématique de connaître le statut de ma situation sentimentale. Toujours pas de garçon à nous présenter, ma chérie ? Non mamie, je suis toujours célibataire. Et quand bien même arriverait le jour où je ne le serai plus, je ne lui présenterais pas un garçon. Elle risque de tomber de haut en apprenant la nouvelle, peut-être de me rejeter. Dans tous les cas, je doute rester sa petite fille préférée. Un concept que je n’ai jamais compris. Comment peut-elle classer ses petits enfants ? N’est-elle pas censée leur offrir un amour égal ? Les heures ont également été longues entre le dernier sms envoyé à Alexis et notre rendez-vous du jour. J’ai égrené la moindre seconde qui me séparait de la blonde. Je n’ai cessé de penser à elle, à nous. Et si la discussion avec Danny m’a éclairée sur la véritable nature de notre relation, je n’ai pu m’empêcher de me torturer l’esprit. Je n’ai su me réjouir de mes sentiments, de cet amour. Et pas spécialement parce que je crains qu’ils ne soient pas réciproque. J’en ai simplement peur. J’ai pourtant envie de les accueillir à bras ouverts, à cœur ouvert, d’arrêter de vivre dans la retenue. Il est difficile de se défaire des idées inculquées depuis des années, de se détacher d’une emprise. Je me sens avancer malgré tout. Petit à petit, je me libère. Je ne m’apprête pas à passer la fin d’après-midi et une partie de la soirée avec Alexis par hasard. Ma présence en bas de chez elle n’est en rien forcée. Personne ne m’a obligée à enfiler cette robe printanière aux teintes orangées cintrant légèrement ma poitrine non plus. J’ai également choisi de mettre mes yeux en valeur, sachant qu’elle aime particulièrement mon regard. Je suis en mode séduction. En toute relativité bien sûr. J’ignore les codes de ce principe. Je me fie à mon instinct. Jusqu’ici, en compagnie d’Alexis, il ne m’a jamais trompée. Pour en revenir à la relativité du temps, les minutes sont interminables en attendant qu’elle arrive. Il me tarde de la voir en vrai, de découvrir sa tenue, de me délecter de son sourire. Mes doigts pianotent nerveusement sur le volant de mon cabriolet. Mon rythme cardiaque s’accélère. Je passe mes doigts dans mes cheveux, replace une mèche envolée au cours de mon trajet derrière mon oreille. Une précaution inutile en soi, elle va virevolter dès que j’ai repris la route. Et entre deux battements de mon palpitant, voilà que résonnent le doux son de sa voix. Mes lèvres s’étirent immédiatement en un large sourire alors que je pivote ma tête sur ma droite. Elle est radieuse comme à son habitude. Même si je ne peux distinguer l’ensemble de sa silhouette dans nos positions respectives. « Bonjour jolie blonde.  Complétement ! Je cherchais à me rendre au cinéma. J’ai été distraite par mes pensées et je me suis retrouvée ici. » Je me retiens de rire. Il va de soi que je plaisante, que je suis là volontairement. D’ailleurs, je suis arrivée depuis vingt bonnes minutes tellement j’étais impatiente et que je ne voulais pas être en retard.  Je rentre dans son jeu. Je sors de ma zone de confort. Contrairement à ma dernière sortie dans un bar, je le fais avec joie, comme chaque chose que je partage avec elle. « Vous pouvez m’indiquer le chemin s’il vous plait ? » Pour le coup, je ne sais réellement pas par où prendre de cette adresse pour rejoindre le cinéma. Par contre, je peux compter sur le GPS de mon téléphone pour me guider. En théorie, plus personne ne demande son chemin de nos jours. En pratique, je joue. Et quelque chose me dit que ça ne lui déplait pas.