So slow it down (bashir)
Ton regard qui se pose sur ton bureau, les mains qui se posent sur tes hanches. Tu ne comprends rien.
« Let’s go ! » tu attrapes la laisse et direction l’enfer. Tu pourrais dire ça, vu que tu es responsable de tout ça. C’est ton enfer à toi, alors qu’avant c’était ton havre de paix. Tu mérites cette perdition. Et un manteau qui n’est pas à sa place, merci Majo. Tu ne prends plus la peine de râler, tu lèves juste les yeux au ciel et direction l’extérieur. C’est que tu deviens habitué à trouver ses affaires partout, c’est sa marque de fabrique. Tu aurais pu prendre la voiture, mais une balade te fera du bien. Vous fera du bien. « Je sais que je suis fou, je devrais pas. » que tu lâches à l’intention de Sol, qui lui se contente de sentir les odeurs. Une tonne d’e-mails l’attendent ce matin. Une main qui maintient la laisse, l’autre dans la poche, tu avances tranquillement. Une chance, ce matin le temps est de ton côté. L’immeuble se dessine doucement sous tes yeux et … tu n’es pas prêt. « On fait quoi ? » Sol qui a reconnu le chemin, veut avancer, toi non. Tu stagnes. Quoi faire. Tu souffles un coup et avances, puis recule. « non, je peux pas. » faire la conversation à Sol, ça t’a toujours fait du bien. Ça te permet de vider ton esprit, tu sais que tu passes pour un fou. Surtout que ça fait quinze fois environ que tu avances vers le bâtiment, puis fais demi-tour. Ça ne t’étonnerait pas de voir la police arriver. « Je peux pas.. il va jamais vouloir.. oui je sais, je manque de confiance. C’est facile pour toi, tout le monde t’adore. Sauf que là, je risque de faire face à un mur. Oui, je sais. » tu finis par regarder Sol, bien assis qui contemple le bâtiment, puis toi. « Il pourrait comprendre, ce n’est qu’une clé après tout. » sauf que pour ça, tu dois sonner, lui parler. Tu dois lui parler et ça, ça t’effraie plus que tu veux bien le croire. Tu ne fais pas attention aux gens qui avancent autour de toi, encore moins à la silhouette qui vient dans ta direction. « Au pire, je t’envoie, tu ferais ça pour Papa ? » oui, tu cherches tous les moyens pour ne pas affronter son regard. Un regard qui te plaisait avant, où tu t’y abandonnais volontiers. « Je vais rentrer, je trouverais un autre moyen. » trouillard. Tu regardes Sol, qui remue de la queue. « Quoi ? Qu’est-ce qui s’passe ? » ton regard part en direction de .. « Bashir. » ta gorge qui se racle, ça tu t’y attendais pas. Tu peux toujours partir.
Il n’avait pas spécialement envie de rentrer chez lui, Bashir. Pas envie de retrouver le calme de son appartement et de se confronter à toutes les pensées qu’il avait envie de chasser à coup de drogue ou d’alcool. Il allait mieux, ça faisait des mois qu’il était sobre, mais parfois - souvent - le chagrin qu’il ressentait quand il pensait à sa sœur, lui donnait envie de sombrer à nouveau. Tahira lui manquait. Il avait beaucoup de mal à refaire sa vie, sans qu’elle ne soit à ses côtés. Elle était sa sœur jumelle, une partie de lui sans laquelle il avait l’impression de ne pas pouvoir exister. Pourtant, il fallait bien apprendre à vivre sans elle, parce qu’elle n’était plus là et que lui, pourtant, il continuait de fouler le sol de cette planète. Il était allé à sa réunion de soutien, Bash. Il était resté discret, dans son coin. Peu désireux de s’exprimer, alors même que, la dernière fois qu’il l’avait fait dans cette pièce, ça l’avait conduit vers Blaise. Celui qui l’avait aidé, autant qu’il l’avait détruit. Pendant un moment, il avait vraiment cru qu’il pouvait s’appuyer sur lui pour se relever et puis la vérité avait éclaté. Leur relation était basée sur un mensonge. Blaise était là quand Tahira était morte et comme tous les autres ce soir-là, il n’avait rien fait.
Il n’avait plus envie d’entendre parler de Blaise. Ils avaient été ensemble pendant quelque temps. Un couple qui n’étaient pas allé bien loin et pourtant une rupture qui lui faisait encore du mal. Sans doute encore trop fragilisé par la mort de sa sœur. Ses réunions lui rappelaient Blaise, alors ce qui avait l’habitude de lui faire du bien, lui faisait plus de mal qu’autre chose, à présent. Il avait envie de rentrer dans tous les bars devant lesquels il passait, tenté d’aller noyer son chagrin dans l’alcool, comme toujours. Mais il fallait être un peu plus fort que ça, alors il s’était posé dans un café, plutôt que dans un bar. Parce que le café et les sucreries, ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux pour la santé, mais au moins, c’était mieux que l’alcool et la drogue. Puis finalement, il était allé à la boxe, histoire de se défouler un peu. Il y était resté un long moment. Le sport était au moins un moyen sain de chasser ses démons. Plusieurs heures plus tard, il avait enfin rejoint les vestiaires, prenant une douche rapide avant d’entamer son retour chez lui. Au moins, maintenant, il se sentait un peu plus serein. Plus détendu, ça lui avait fait du bien. Il allait peut-être réussir à passer une bonne soirée. Une idée qui quitta son esprit bien vite, alors qu’il s’approchait de son bâtiment. Il était à quelques pas de son immeuble et il reconnut la silhouette de Blaise. Juste là en bas de chez lui. Qu’est-ce qu’il foutait là ? Plus il s’approchait, plus il sentait ses muscles se tendre. Il avait tout fait pour ne pas passer sa soirée à ruminer leur histoire et la mort de sa jumelle et en une fraction de seconde, ses efforts tombaient à l’eau. « Qu’est-ce que tu fous ici ? » Il demanda simplement, une fois à sa hauteur, pas besoin de s’encombrer de salutation ou de quoi que ce soit de plus formel. Il n’avait pas envie de faire preuve de la moindre diplomatie, Bashir. Pas avec lui, pas alors qu’il se sentait sur les nerfs. « Va peut-être falloir arrêter de me stalker. » Il n’exagérait qu’à moitié, puisqu’après tout, pour le retrouver dans cette réunion, il fallait bien qu’il se soit renseigné sur lui ? L’ai suivit peut-être, pour savoir qu’il se rendait à cet endroit ? Il n’en savait rien, n’avait pas les détails de son plan, tordu et ne les voulait pas. Il voulait juste qu’il disparaisse de sa vie, maintenant qu’il avait brisé le peu d’espoir qu’il lui avait apporté.
C’est une
- Spoiler:
- encore désolée
Croiser Blaise en bas de chez lui ne faisait clairement pas partie de ses plans. C’était fini entre eux deux et il n’y avait plus aucune raison qu’ils se parlent. Blaise lui avait menti. Il l’avait trahi. Il ne savait pas trop ce à quoi il s’attendait, Blaise en se rapprochant de lui, mais ça lui semblait complètement tordu comme plan. Il n’avait pas compris le but de la manœuvre et dans le fond, il n’essayait même pas de comprendre. Il préférait faire sa vie de son côté et oublier cette histoire, ou du moins, essayer. Le souvenir de Tahira était encore présent, la douleur tout autant. Blaise l’avait apaisée pendant un temps, avant de la raviver de plus belle, quand il lui avait avoué qu’il avait été présent, le soir où Tahira était morte. Il avait été présent et comme tous les autres à cette soirée, il n’avait rien fait. Peut-être qu’il n’avait pas été en état, ou qu’il n’avait pas vu la jeune femme partir en direction de l’eau. Evidemment, qu’il n’était coupable de rien et qu’il serait facile de lui trouver des excuses, en cherchant. Mais il n’avait pas envie de chercher, le blond. Pour lui, ils étaient tous coupables, point final.
Alors se retrouver face à Blaise, au moment où il s’apprêtait à rentrer chez lui, ça l’enrageait. En un rien de temps, il avait senti la colère monter en lui. Il leva les yeux au ciel, alors que le brun prenait la parole. Non, c’était sûrement un hasard s’il se retrouvait en bas de chez lui, à attendre le déluge ou quelque chose du genre. Il avait oublié une clé USB chez lui et il faisait tout le déplacement pour ça. C’est qu’il devait y avoir quelque chose de particulièrement précieux, sur cette clé. Et ça n’avait pas d’importance pour Bashir, ce qu’il y avait dessus, ça ne lui donnait pas plus envie de le laisser monter pour retrouver cette clé. « Ça me dit rien. » Il se contenta de répondre, en haussant les épaules, d’un air désintéressé. Parce qu’il s’en fichait de cette clé, de toute évidence. « Plus, serait peut-être plus adéquat. » Parce qu’il avait bien fallu le chercher un peu pour aller le retrouver dans un groupe de parole pour personnes endeuillées. Il s’était forcément renseigné sur lui, puisque ce n’était pas le hasard qui les avait conduit à se rencontrer dans ce fameux groupe. « Donc tu comptais aller cambrioler mon appartement pour retrouver ta clé ? » Il demanda en croisant les bras sur sa poitrine, sourcil arqué et regard suspicieux posé sur le jeune homme. S’il comptait retrouver sa clé, sans qu’il soit là, c’était qu’il avait un plan qui manquait un peu de légalité. Est-ce qu’il serait surpris, si ça devait être le cas, Bashir ? Probablement pas. Il fallait croire que Blaise ne manquait pas d’idées farfelues. Il soupira avant d’attraper son paquet de cigarettes dans sa poche et d’en allumer une. Bien besoin de ça pour se détendre un peu. Il n’allait pas l’intention de le retenir, qu’il s’en aille ce serait parfait. C’était son chien, qui n’avait pas envie de partir. Il fallait croire que même lui, il en avait marre de son maître. « Tant mieux pour toi, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? » Il était désolé, il n’avait rien prévu, qu’est-ce qu’il voulait que ça change dans le fond ? Le mal était fait, il n’y avait pas de retour en arrière possible. « Tu peux aller te faire foutre. » Qu’il conclut, simplement. Il tenait le coup, tant bien que mal. Il manquait si souvent de sombrer à nouveau, mais ce n’était pas son problème à Blaise, ça ne le concernait pas, bien au contraire, parce que c’était lui qui l’avait amené aussi proche du gouffre.
Non, tu n’as pas envie de le laisser croire ça. Alors qu’il s’apprête à rentrer chez lui, « Bashir attend. » qu’il t’écoute ou pas, ça n’a pas d’importance. « Oui, je t’ai menti, oui je t’ai blessé. Et j’en suis désolé, mais à aucun moment je ne serais rentré chez toi par effraction. J’ai juste besoin de cette clé, dont tu te souviens arrête de mentir, pour mon travail. Je suis conscient que tu ne crois plus en moi et ça je le comprends parfaitement, mais mon travail.. » ton travail quoi ? Est plus important que lui ? Que son ressenti ? Tu ne sais plus. Tu es perdu. « Je sais que tu m’en veux et crois-moi que je m’en veux de la situation, vous ne méritez pas ça. » tes mots s’embrouillent, ton chien se couchant à tes pieds. « J’ai pas joué avec toi, j’avais rien prévu de tout ceci. Je voulais juste te rencontrer à la base, te parler, te dire ce que je ressentais. » les mots qui se délient, il t’écoute peut-être pas, après tout, tu as la tête baissé. « J’aurais voulu l’aider ce soir là et je me suis dit que.. » quoi ? Est-ce le bon moment pour lui expliquer ? Tu ne sais pas. « que peut-être je pouvais t’aider toi à la place... » voilà c’est dit. « Je suis désolé de tout ceci, vraiment, mais si jamais tu trouves ma clé, j’en ai besoin. C’est très gros projet et.. » quoi ? Tu as la flemme de recommencer tous les codes ? Tu as peur de te planter et de ne pas faire aussi bon ? Ou tu as juste envie qu’il pose ton regard à nouveau sur toi, qu’il te parle, même si dans le fond il te déteste ? Peut-être. Phrase que tu n’arrives pas à finir, que tu laisses en plan. Tu souffles, toute façon à quoi bon ? Il t’a probablement pas écouté, il doit être rentré chez lui.
Des déceptions amoureuses, il en avait connues d’autres, Bashir. Ce n’était pas la première et sans doute pas la dernière. Mais celle-là, elle était difficile à surmonter. Plus que les autres. Parce que Blaise était arrivé à un moment de sa vie où il avait été vraiment fragile, Bashir. Il avait perdu sa sœur et essayait tant bien que mal de surmonter cette douleur sans se noyer dans les drogues et l’alcool. Il lui avait fallu du temps pour comprendre que ces poisons ne faisaient qu’endormir la douleur mais qu’à aucun moment ils aidaient à la surpasser suffisamment pour qu’elle soit moins insupportable. Ça avait été un parcours du combattant et au bout d’un moment, quand il allait un peu mieux, il avait croisé Blaise. Leur histoire avait été comme un renouveau dans sa vie. Un peu de lumière au fond des ténèbres. Sans doute qu’il s’en était un peu trop servi comme une béquille pour réussir à tenir debout. Et maintenant, il se sentait rechuter à nouveau. Blaise avait menti. Il lui avait caché sa présence à cette soirée, quand sa sœur était morte. Il lui avait caché avoir été l’un de ces types qui auraient pu changer les choses, mais qui s’étaient contentés de laisser Tahira plonger, comme si elle était en mesure de nager. Toute cette histoire était trop difficile à assumer, alors il ne voulait plus voir Blaise.
Pourtant, il était là, devant son immeuble et il se sentait à fleur de peau, Bashir. Sur le point d’exploser. Plus que jamais depuis sa cure de désintoxication, il avait envie d’un verre, le blond. Ne pouvait pas retomber là-dedans à cause de lui. Il ne voulait pas. Mais il en mourrait d’envie. Tout ça pour une clé, qu’il avait probablement prévu d’aller chercher avant qu’il ne revienne, d’après ses dires. Ça ressemblait à une effraction quand même, de rentrer chez quelqu’un sans autorisation pendant son absence. Mais bon, il n’était peut-être plus à ça prêt, Blaise. Il lâcha un rire amer à la suite des propos de Blaise. « T’es sérieusement en train de me traîter de menteur là ? Moi j’te mens pas, j’en ai juste rien à foutre de ta clé. » C’était quand même ironique de lui dire à lui d’arrêter de mentir, alors qu’il n’avait pas menti, il n’avait rien dit, pas fait le moindre commentaire sur sa clé qu’il était venu chercher. Et là pour le coup, il était honnête Bashir : il s’en fichait complètement de sa clé. « Ouais, c’est pas du tout bizarre comme comportement déjà. » Il leva les yeux au ciel. Ce qui aurait été moins bizarre, ça aurait été de lui dire toute la vérité dès le départ, maintenant, c’était étrange et il n’avait pas envie d’entendre ce qu’il avait à dire. « T’as rien fait pour elle et tu peux rien faire pour moi. » Il n’avait rien fait pour Tahira et elle était morte maintenant. Il faisait partie de ces imbéciles qui avaient laissé sa sœur se noyer. Il s’en fichait qu’elle ait été aussi bourrée qu’eux. Elle méritait mieux que ça, Tahira. « T’as qu’à aller la chercher ta clé, au moins je serais débarrassé d’un souvenir de toi. » Ça ne lui ferait pas de mal, d’après lui. Même si la clé en question, il n’avait aucune idée d’où elle se trouvait. Peu importait, il n’avait qu’à venir la chercher, parce qu’il n’allait pas le faire pour lui. Offre à prendre où à laisser, maintenant qu’il avait ouvert la porte du bâtiment et que ce n’était qu’une question de secondes avant qu’elle ne se referme sous son nez.