chaque rencontre a sa raison d'être (Tyler #01)
(Tenue) Elle prend doucement ses marques. Le mois d’avril avait été dense pour la capitaine qui avait dû réaliser des recherches de maison à distance avec l’aide de sa cousine, Lucy pour trouver un pied à terre à Oceanside. Lucy lui a naturellement proposé de venir dormir chez elle, mais elle savait également que la famille Wayfield accueillait également celui qui avait été le compagnon de l’enfer d’Elias. Autant dire que la perspective d’arriver comme un cheveu au milieu de la soupe ne l’a guère séduite. De plus, depuis son divorce, la capitaine apprécie grandement sa solitude pour s’adapter à cette nouvelle vie. D’autant plus qu’elle savait sa cousine dans une posture délicate. Cela ne lui ferait pas de mal d’avoir un lieu où venir s’isoler si le besoin s’en faisait ressentir. Cela faisait une semaine qu’elle était là. Elle s’était déjà rapprochée de la caserne pour leur indiquer qu’elle était disponible dès maintenant s’ils souhaitaient la briefer avant sa prise de fonction effective qui aurait lieu dans une semaine. Cela pourrait lui permettre de prendre de l’avance et ses marques avant de se jeter dans le feu de l’action. Elle savait que ce serait plus compliquée une fois dans le bain. En conséquence, elle avait prise de l’avance. Elle avait étudié la cartographie de l’état, de la ville et également de sa circonscription. Elle voulait être certaine de maîtriser l’environnement. Il lui arrivait même de profiter de son footing quotidien pour venir analyser les différents quartiers de la ville et faire jouer sa mémoire pour maitriser les subtilités de chacun. Une technique que lui avait inculqué son prédécesseur lorsqu’il l’avait pris sous son aile. La connaissance assurait la sécurité pour agir dans les meilleures dispositions et éviter que la situation s’envenime par manque d’éléments. C’était nécessaire pour assurer la sécurité des gens et de son équipe. Simplement vêtue d’un jean déchiré et d’un crop top qu’elle portait avec une veste de blazer oversize, elle se tenait devant la caserne qui serait prochainement son nouveau QG. Un sourire ravi ourle ses lippes, l’impatience de reprendre le service grise ses sens, tout comme de rencontrer ces nouveaux coéquipiers. Elle s’annonce naturellement à l’entrée. Elle est accueillie avec chaleur par un pompier qui lui indique que le capitaine qui doit l’accueillir est déjà dans la salle de réunion. Elle le remercie avec chaleur et prend la direction indiquée. Elle frappe naturellement à la porte de ladite salle lorsque sa silhouette la retrouve. Une voix masculine se fait entendre. Rien de surprenant dans cet univers majoritairement dirigé par la gent masculine. Elle en a l’habitude et n’est jamais intimidé par ces messieurs. Elle pénètre dans la salle avec un sourire aimable et franc.
« Bonjour, capitaine Scott. Je suis le capitaine Hansen. » Elle s’annonce naturellement alors que cet homme s’est redressé naturellement pour lui serrer la main. Enchantée de faire sa rencontre, ses prunelles retrouvent des traits qui ne lui sont pas étrangers, tout comme ce regard, qui semble tout aussi surpris de se retrouver face à elle.
Tyler.
Elle se fige quelques secondes, le temps que l’information se fraye un passage dans son esprit et que son cœur reprend son rythme habituel. Elle lui tend naturellement la main pour la serrer, retrouver subtilement le toucher de sa poigne contre son épiderme d’une manière bien différente de leur précédente rencontre. Un sourire sincère ourle naturellement ses lippes lorsqu’elle annonce.
« Enchantée de vous rencontrer, capitaine Scott. J’espère que nous saurons travailler efficacement ensemble. » Elle lui indique en conservant une attitude professionnelle, quand bien même elle se retrouve perturbée par ce jeu du destin.
« J’espère pouvoir compter sur vous pour m’aider à prendre mes marques et ne pas trop empiéter sur vos habitudes de travail avec ma future équipe, mais nous aurons l’occasion d’en échanger plus en détail, je n’en doute pas. » Elle conclut simplement.
Elle sait que c’est l’objectif de cette rencontre aujourd’hui. Sans doute qu’ils sauront se montrer professionnels l’un et l’autre, quand bien même, elle se sent légèrement fébrile de le trouver là, alors qu’elle ne pensait jamais le revoir, lui qui a été une belle parenthèse dans son existence et qui lui a permis de se retrouver. Elle ne sait pas quoi en penser.
Tenue --C’est une page qui se tourne au sein de la caserne des pompiers de Peacock avec le remplacement d’un capitaine en poste depuis plusieurs années. Des habitudes installées qui seront sans doute remplacées par de nouvelles. Quand il a appris que le vieux grincheux était sur le départ, une partie du blond s’est senti soulagé.
Freja.
Son cerveau fait rapidement un retour en arrière de quelques mois, jusqu’à son séjour dans le Montana pour fête la nouvelle année sur les pistes de surf. Une douce rencontre, quelque part assez mystérieuse, puisque tout est resté dans la légèreté. Les traits sont bien les mêmes, le regard également. Il répond à cette main tendue, serrant brièvement celle de la nouvelle capitaine. Voilà qui se complique et qui risque de poser souci. Les pensées sont déjà de retour dans le présent, et alors qu’elle se dit enchantée de le rencontrer, lui reste silencieux en retour. Est-ce qu’elle ne le reconnaît pas ? Fait semblant de ne pas le reconnaître ? Le regard océan la fixe, cherche à sonder ses pensées, en vain. Moins de tensions qu’il espérait déjà, pieux vœux. Une probabilité infime qui se réalise et qui déjà, pose un cas de conscience. Est-ce qu’il n’y a pas conflit d’intérêts à travailler ensemble ? Est-ce que c’est seulement possible de travailler avec cette femme ? Elle le sort de ses pensées, restant très professionnelle. Il l’est également, juste bien trop silencieux, ce qui est plutôt rare le concernant. D’un signe de la main, il lui indique un siège. – Capitaine Hansen. Bienvenue à la caserne cinquante et un finit-il par dire, sortant du silence. Il ne se réinstalle pas dans son siège, se dirigeant à l’entrée de la salle pour refermer la porte. Il revient ensuite vers elle, et plutôt que de prendre un siège, s’appuie contre la table, à proximité de Freja. Un mouvement et leurs jambes se frôleraient. Les opales bleues se fixent alors sur son visage, la détaillant durant quelques secondes. Les traits sont exactement les mêmes que dans son souvenir. Il arrive encore à se rappeler du contact de son derme sur le sien, mais ce n’est pas le moment de s’égarer. – Parle-moi de toi, de ton parcours professionnel avant d’atterrir ici. Le cadre professionnel, après tout c’est le sujet du jour, non ? L’accueillir, discuter un peu avec elle, échanger, la faire visiter, et créer un lien pour que les deux équipes ne soient pas en conflit durant les interventions, mais plutôt le plus efficace possible. Il tend le bras pour récupérer le paquet de friandises, en prend une qu’il glisse entre ses lèvres. – Tu en veux ? Demande-t-il avec une certaine nonchalance en tendant le paquet dans sa direction.
(Tenue) La surprise est réelle. Elle n’a jamais envisagé que sa route puisse croiser celle de cet homme qui lui a permis de retrouver l’insouciance et le sentiment d’être une femme. Un souvenir fugace, une belle parenthèse qui lui a ouvert de nouvelles perspectives. Les sensations sont ravivées, mais muselées. Elle est dans un cadre professionnel et on ne pourra pas lui reprocher de perdre cela de son esprit, quand bien même, l’envie est tentante. Son professionnalisme laisse planer un doute sur le fait qu’elle se souvienne de lui, mais elle se rappelle très bien les frisons et le plaisir que le contact de l’épiderme de son homologue contre le sien a engendré par le passé. Des frisons qui se réitèrent au travers de cette poignée de main. Une poigne ferme, mais brève, un silence qui accueille son introduction. Elle sait que la situation semble étrange pour Tyler aussi. Elle ne s’en formalise pas. Elle comprend. D’un mouvement de main, il lui indique un siège et finit par délier sa langue. Son ton se fait aussi professionnel que le sien, ce qui la ravit.
« Merci, Capitaine Scott. » Elle lui répond simplement alors qu’elle décale le siège indiqué.
Elle retire son blazer pour être plus à l’aise, car elle n’est pas si détachée qu’elle le prétend. Elle l’observe se diriger vers la porte de la salle, son regard retrouve les contours d’une musculature qu’elle a effleuré plusieurs fois au cours de cette nuit commune. Elle se pince la lèvre en détournant son regard pour s’intimer de ne pas y songer. Elle doit restée focalisée sur le but de cette rencontre. Ce n’est que les séquelles d’une surprise qui ravive de souvenirs plaisants, mais qui n’ont pas leur place dans cette pièce. Elle ne compte pas laisser un trouble changer ses habitudes entre sa vie personnelle et professionnelle. Elle n’a jamais toléré que les deux se mélangent. Quand elle est au travail, elle est la Capitaine Hansen, femme de terrain, qui coordonne d’une main de maître les opérations sur le terrain. En conséquence, elle s’efforce de ne pas se formaliser lorsqu’au lieu de s’asseoir à sa place initiale, Tyler décide de prendre appui contre la table, non loin d’elle. Elle n’apprécie guère l’ascendance qu’il prend à cet instant, mais elle suppose qu’il n’y a pas prête attention. Elle ne montre aucun trouble et vient se caler contre le dos du siège dans une posture droite alors qu’elle vient croiser ses jambes, tout comme ses bras. Elle perçoit qu’il la tutoie. Cela ne la dérange pas. Elle s’adapte facilement et préfère passer par là tant que la posture professionnelle est conservée. Il lui demande son parcours professionnel, ce qui la surprend. Sans doute qu’il a dû recevoir ses états de service, son parcours, etc. Seulement, il n’a pas dû prendre le temps et si ce n’est jamais agréable de se répéter, elle est bien placée, que ce n’est pas toujours simple de trouver du temps pour s’occuper de la paperasse entre deux missions. En conséquence, elle se contente de lui sourire alors qu’elle vient piocher dans le paquet de bonbons qu’il lui tend pour venir en glisser un entre ses lèvres, qu’elle prend le temps de déguster quelques secondes en le laissant craquer sous sa dent. Elle savoure la saveur sucrée de M&M et vient se pincer la lèvre pour le déguster jusqu’au bout.
« Je suppose que tu n’as pas eu le temps de regarder mon dossier, mais je reconnais qu’il est plus simple d’assouvir sa curiosité en face à face qu’au travers d’un document pour cerner qui on a en face de soi. » Elle commente simplement dans un sourire indolent.
« J’ai commencé en tant que pompier volontaire en 2002. Quelques mois après les attentats. Je l’ai été durant toutes mes années d’études à l’université où j’ai réalisé ma licence et mon master. La formation classique pour nous tous. J’ai fini dans le top 3 de ma promotion à New York. J’ai commencé au bas de l’échelle, suivi des formations pour me spécialiser au fil des années. Mes compétences m’ont permis de me faire une place dans mon ancienne caserne. Mon capitaine de l’époque à vu en moi une capitaine et il m’a formé en conséquence pour que je puisse prendre sa relève. C’est en 2020 que j’ai pris la tête de cette caserne où je suis restée jusqu’à il y a peu. » Elle lui indique dans les grandes lignes pour braser le paysage, lui permettre de se faire une image de ses compétences.
Elle n’a pas besoin de lister les différents gros incidents sur lesquels elle a œuvré et qui lui ont permis d’accéder à un poste de si haute responsabilité à un âge considéré jeune dans leur corps de métier.
« Et toi ? » Elle finit par le questionner simplement en venant prendre un autre M&M qu’elle glisse entre ses lèvres sans le lâcher du regard.
Après tout, ils sont dans un échange et elle est curieuse de connaître son parcours professionnel pour pouvoir se faire une idée du Tyler sur le terrain, qui elle le pense n’a rien à voir avec celui qui est en dehors. Sinon, il n’aurait jamais eu le poste qu’est le sien aujourd’hui.
Tenue --Détendu. Souriant. Blagueur. Charmeur. Confiant. Protecteur. Ce sont les traits principaux du blond quand il est en dehors du travail. Une certaine insouciance qui demeure dans son esprit bien que les années passent, et qui fait que malgré ses responsabilités, malgré sa paternité assumée solo, il n’aime pas se prendre la tête, préférant chercher et voir un côté positif en chaque chose. Jamais il ne s’attarde sur le négatif, cela ne sert à rien si ce n’est à noircir une humeur qui n’en demande pas tant. Alors, même si la majorité de son être est en proie à la surprise de voir cette femme en face de lui, la petite voix le guidant depuis toujours lui souffle que ce n’est pas grave. Peu importe les raisons de la venue de Freja à Oceanside, ils trouveront un terrain d’entente, au moins pour limiter la casse devant les autres. Après tout, c’est ce qu’il a fait ces dernières années avec le capitaine grincheux à qui elle succède. Vu de l’extérieur, il agit avec une certaine nonchalance, et intérieurement c’est également le cas. Il préfère être à l’aise en s’appuyant sur une table plutôt que de s’asseoir sur un siège et rendre cette rencontre encore plus formelle. D’ailleurs, quand elle pioche dans le paquet de friandises, il esquisse un sourire. Au moins, elle n’est pas guindée en sa présence. Il s’installe plus confortablement, et s’assoit sur la table, les pieds pendants. La dame lui fournit une excuse pour la non lecture de son dossier. Il secoue doucement la tête, préférant rectifier immédiatement la vérité. – J’ai eu l’occasion de le lire, mais je n’en ai pas ressenti le besoin. Ce ne sont que des mots couchés, ils ne dévoilent pas tout. Alors qu’une rencontre, et une discussion en face à face, en pouvant observer les diverses réactions, voici qui est plus propice à en apprendre davantage. Elle se lance alors dans le récit de son parcours professionnel. Il ne tique pas sur le fait qu’elle a été dans les premiers de sa promotion. Ce qui attire son attention, c’est New-York, et le fait qu’elle semble avoir fait toute sa carrière dans cette ville. Et à présent, elle se retrouve à l’autre bout du pays, dans une nouvelle ville, un nouveau climat, une nouvelle caserne. Il penche légèrement la tête, tout en l’écoutant, enregistrant chaque mot. Quand elle a terminé, il est toujours ainsi, en pleine réflexion. Ce n’est que lorsqu’elle l’interroge à son tour, prenant au passage une nouvelle friandise dans le paquet qu’il sort de ses pensées. Leurs regards ne se décrochent pas alors qu’il pose le paquet entre elle et lui. Réunion étrange sans doute vue de l’extérieur. Deux capitaines occupés à manger des friandises, dans des postures décontractées, avec l’un assis sur une table. Quelque part, cela donne le ton de leur future collaboration, ils laissent un peu à l’écart le côté formel, enfin surtout lui. Enfin, c’est ce qu’il fait toujours quand on le connaît. Pour cela que son équipe est détendue et qu’il s’entend avec la future équipe de Freja. Cette dernière qui met un peu à mal sa concentration depuis qu’elle a retiré sa veste, dévoilant des parcelles de peau qu’il a pu explorer du bout des lèvres, et de ses doigts. Bref, se concentrer et lui répondre. – Je me suis engagé dans l’US Navy en 2002, et j’y suis resté deux ans avant de revenir à Oceanside. De là, j’ai commencé ma formation de pompier dans cette caserne. J’ai choisi de mes spécialiser pour être paramedic en 2010, suivant les traces de ma mentor de l’époque. Puis j’ai obtenu le poste de capitaine en 2021. Un parcours quelque peu différent du tien, mais tout comme toi, j’ai eu mon grade avant la quarantaine. Ce qui lui laisse sans doute une certaine idée de son parcours et de sa place dans sa promotion, également dans le top. Il tend la main et pioche un autre M&M qu’il glisse entre ses lèvres. Il vient de lui dresser un aperçu rapide de sa carrière, qui s’est faite dans cette ville, et dans cette caserne. Lui, de son côté il y a une inconnue qu’il décèle et il compte lever le voile dessus dès à présent. – Pourquoi tu as traversé tout le pays pour être dans cette ville ? Est-ce qu’il y a une raison particulière que je dois savoir de suite ou qui risque de me mettre en rogne quand je la découvrirai ? Il préfère être direct pour s’éviter toute surprise. S’il y a eu un souci sur New-York, il veut le savoir, en connaître les raisons, car ils vont être amenés à devoir travailler ensemble quotidiennement. Et s’il y a un chat dans le placard, une erreur quelconque qui fait qu’elle doit se faire oublier en Californie, il veut savoir. Aujourd’hui même et non dans trois mois.
(Tenue) Elle s’est efforcée d’être le plus synthétique et complète que possible sur ses états de service. Elle considère qu’elle n’a pas besoin de se perdre dans les détails, car de toute façon, il posera les questions si nécessaires. Elle lui retourne naturellement la question. Si lui, a pu avoir accès à son dossier, il n’en est rien pour elle. Elle ignore qui est le Capitaine Scott. Tyler quant à lui, elle a pu découvrir une facette de sa personnalité, mais elle ne peut être certaine que c’est véritablement sa véritable. Elle est bien placée pour savoir que certaines âmes ont la capacité de prétendre être ce qu’ils ne sont pas et qu’elles sont douées dans l’exercice. Philip en est l’exemple parfait. Il lui a fallut de nombreuses années pour prendre conscience qu’elle subissait de la manipulation de sa part. Aujourd’hui, elle se rend compte qu’elle demeure toujours un peu méfiante même si elle s’efforce de ne pas le montrer ou de trop s’attarder sur les doubles sens des paroles qu’on peut lui dire. Elle s’intéresse naturellement à la carrière du capitaine qui va devenir son collègue, qui n’est pas que cela. Elle préfère ne pas y songer surtout lorsqu’elle sent son regard d’égarer quelque peu sur ses traits ciselés qu’elle se souvient d’avoir appréciée lorsqu’ils ont été en contact avec son épiderme. Elle ressent un petit coup de chaud, mais peut-être est-ce dû à la température ambiante qui se réchauffe du fait du manque d’aération ? C’est qu’il commence à faire chaud à cette période de l’année à Oceanside. Elle bouge légèrement sur sa chaise, tente de trouver une place confortable alors que Tyler lui narre son parcours. Elle se montre attentive, le regard focalisé sur ses yeux et non ses lèvres qui bougent et vers lesquelles elle pourrait s’égarer si elle écoutait ses pulsions. Cependant, elle parvient à rester focalisée sur ses propos. Son parcours est différent du sien, mais il est fort à parier qu’il est un très bon élément pour être parvenu à la place qu’est la sienne à ce jour. Elle se contente d’hocher la tête alors qu’elle se penche pour récupérer une poignée de M&M dans sa paume. Elle en glisse un entre ses lèvres pour savourer le gout sucré du bonbon pour satisfaire une certaine gourmandise qu’elle ne peut s’empêcher de ressentir. La nouvelle question de Tyler lui fait froncer un sourcil par un soucis d’incompréhension alors qu’elle croque plus fermement dans une nouvelle confiserie.
« Je ne vois pas en quoi ma vie personnelle pourrait avoir un impact sur mon travail ici ou qui pourrait te mettre en rogne. » Elle indique en haussant les épaules. Son ton est plus ferme que précédemment, car elle n’apprécie guère ce qui peut être évoqué par un tel sous-entendu.
« En toute transparence. J’ai décidé de rejoindre la côte californienne pour rejoindre ma cousine dont je suis proche et offrir un meilleur cadre à ma mère malade. J’avais besoin de renouveau après toute une vie passée à New York. En conséquence, non, il n’y a pas de monstre dans mon placard. » Elle préfère quand même poser les choses telles qu’elles sont, sans forcément aborder son mariage, ses relations conflictuelles avec son ex-époux, car c’est qu’un détail supplémentaire.
« Et toi ? Est-ce que tu en as et dont je devrais avoir connaissance pour éviter toute problématique sur le terrain ? » Elle fini par relancer à son tour alors qu’elle vient mordre dans le dernier M&M, laissant derrière elle ce sentiment léger d’agacement qui a assombri son regard quelques instants.
Tenue --Une case cochée, apportant des informations à chacun sur le parcours professionnel de l’autre. Une chose en moins dont ils n’ont plus besoin de parler. Le monde est petit. Deux inconnus qui se rencontrent dans une station de ski, sympathisent rapidement, et qui s’égarent à des moments charnels le soir du réveillon. À aucun moment, ils n’ont prit la peine de s’interroger sur les raisons de leur séjour dans le Montana, ni où ils habitent, et encore moins sur ce qu’ils font dans la vie. La légèreté a pris le dessus, partager, rire sans se prendre la tête. Chemin qui leur est convenu à tous les deux durant ce bref interlude a leur vie. Cela laisse pourtant une trace, du moins de son côté. Il ne s’est pas caché auprès de ses proches d’avoir fait une rencontre. Il s’est évertué à dire que c’était juste une parenthèse, le temps des fêtes. Cela ne l’a pourtant pas empêché durant ces derniers mois de se rappeler parfois cette nuit, de ces moments partagés, ayant dans ses souvenirs que du positif et de bons souvenirs. Ces derniers risquent de revenir un peu plus souvent désormais dans sa tête, alors que ses opales claires effleurent cette silhouette. Il ne s’imagine pas comment elle est sous cette couche de vêtements, il le sait. Et pourtant, la concentration est toujours présente. Il se décide à mettre les pieds dans le plat, curieux de savoir pourquoi un changement aussi radical dans la vie de Freja. Les mots sont à peine sortis qu’il les regrette presque en apercevant le froncement de sourcils. Trop tard pour les retenir, et la vérité, c’est qu’il veut savoir car il a des responsabilités dans cette caserne, et il ne veut pas de surprise. À la première réponse que la jeune femme lui fournit, c’est lui qui fronce un sourcil cette fois. Sa vie personnelle ? Ce n’est pas son interrogation. Il songe plutôt à des problèmes avec d’autres pompiers, ou par rapport à la hiérarchie. Une insubordination, ou autre chose dans le genre qui a fait qu’on la pousse de l’autre côté du pays. Mais si elle veut parler de sa vie personnelle, il ne dit rien pour l’interrompre et la détromper. Au contraire, elle éveille un peu sa curiosité sans que ça ne soit volontaire. Une cousine. Une mère malade. Une lueur de compassion passe dans son regard. Il ne sait pas ce qu’elle vit mais comprend ce besoin d’être proche de sa famille. Lui-même est très proche de la sienne, et il ne s’imagine pas être loin d’eux. Les deux années passées à l’armée lui ont servi de leçon, il est revenu, ne tenant plus d’être loin d’eux, et surtout pour soutenir sa petite sœur.
Évidemment qu’elle lui renvoie sa question. Le contraire serait étonnant, et c’est en quelque sorte mérité. Il prend une seule friandise dans le paquet, se décidant à descendre de la table sur laquelle il est perché. Rarement il reste longtemps à la même place, étant du genre hyperactif qui a besoin de s’occuper et de se dépenser. Tiens, peut-être qu’il ira surfer après cette rencontre, cela lui fera le plus grand bien, aussi bien physiquement que mentalement. Ça sera toujours mieux que de passer la soirée à penser à elle et au fait qu’ils vont travailler ensemble. – Je suis désolé si tu t’es sentie attaquer sur ta vie personnelle, ma question portait sur le côté professionnel en fait. Un désaccord avec un supérieur, un collègue avec qui ça s’est mal terminé, ce qui pourrait faire un ragot ici si ça venait à sortir. Je préfère savoir avant pour te soutenir que te laisser faire face seule. Il marque une pause, l’observant avant de reprendre. – Le seul monstre que j’ai, ils sont déjà tous au courant. Un accident d’ambulance il y a douze ans auquel j’ai survécu mais non ma mentor… Elle était la meilleure amie du capitaine que tu remplaces et il m’a tenu responsable toutes ces années. Donc je te laisse imaginer l’ambiance parfois. Il hausse doucement les épaules. Joan lui manque encore parfois. Il a vécu durant plusieurs années avec le syndrome du survivant, ne montrant pas grand-chose si ce n’est à quelques proches. Il ne pouvait pas flancher de toute façon, sa fille avait besoin de lui. D’un geste de la main, il agrippe le dossier d’un fauteuil et l’attire. Il s’installe dessus et le rapproche de celui de Freja, frôlant ses genoux des siens. Regard qui ne se décroche pas du sien, comme pour avoir davantage son attention, il se penche légèrement vers l’avant. – On a un sujet commun à discuter aussi.. fredonne-t-il un ton moins fort. On ne sait jamais, qu’un petit curieux écoute aux portes. Heureusement que sa meilleur amie ne travaille pas avec lui, elle serait du genre à le faire. Mais manque de chance, son meilleur ami Austin est pompier, et dans cette caserne. Et pire encore, il est marié à sa cousine. Trop de facteurs contre lui.
(Tenue) Tyler s’excuse, car il pense qu’elle a mal interprété sa question initiale. Peut être est-ce le cas. Elle ignore. Quoi qu’il en soit, elle lui a fourni des informations de sa vie sans avoir eu le sentiment d’en donner trop. De toute façon, elle n’est pas le genre de personnes à garder des secrets. Elle est bien trop franche pour tenter de noyer le poisson lorsqu’il y a quelque chose qui peut poser des problèmes. Elle hoche la tête, accepte son explication et se détend immédiatement alors qu’elle vient récupérer quelques friandises. Il faut dire que les sucreries sont ses petits péchés mignons.
« Du coup, je te rassure immédiatement. Il n’y a rien à signaler de ce côté-là. Je serais restée à New York, si mes aspirations personnelles n’avaient pas évolué. » Elle lui indique simplement lorsqu’il prend une pause.
Un moyen de mettre un terme à ce sujet épineux de son côté, car à sa connaissance, il n’y a aucun risque qu’il y ait eu un accident de ce type de son côté. Elle a toujours eu des états de service irréprochable. Elle laisse naturellement la parole à Tyler qui aborde un sujet épineux le concernant directement. Elle l’écoute attentivement, découvre la perte du mentor qu’il a mentionné plus tôt. Cela a dû être une perte immense. Elle l’imagine sans trop de difficultés, car elle sait à quel point les relations entre mentor et protégé sont forts dans leur corps de métier. Son expression demeure stable, quand bien même, il est possible de lire de la compassion dans l’éclat de ses prunelles.
« J’imagine. C’est triste ce qui s’est passé, mais malheureusement, nous savons tous que ce sont les aléas de notre métier. J’ai moi-même perdu pas mal de collègues au cours de toutes ses années. On fait tous de notre mieux pour que tout le monde rentre vivant. Malheureusement, parfois le destin en décide autrement. Merci pour le partage de cette information, Capitaine. C’est important que j’aie été mise au courant. » Elle lui indique avec sincérité alors qu’un sourire aimable ourle ses lippes.
Son regard suit naturellement ses mouvements. Elle ne peut pas s’empêcher de le trouver séduisant, car après tout, il est un bel homme et qu’elle sait parfaitement ce qui se cache en dessous. Il n’y a rien de mal à se satisfaire de la vue offerte tant que cela n’indispose personne. Elle veillera à s’en assurer en dehors de cette pièce pour éviter des histoires ou des ragots qui n’ont pas leur place dans une caserne. Elle le voit se saisir d’un dossier d’une chaise à proximité pour l’attirer pour s’y installer. Il se rapproche d’elle. Elle le laisse faire sans broncher, sans changer de positionnement, même si cette proximité accroit l’effet enivrant que cet homme peut avoir sur elle. Elle ne bouge pas lorsque ses genoux viennent frôler les siens, lorsqu’il se penche doucement dans son espace personnel. Elle le laisse faire, nullement indisposée ou agressée par cette initiative. Elle se contrôle même de ne pas rapprocher son visage du sien pour lui rendre la pareille.
« Effectivement, mais il me semble qu’il est plutôt personnel pour le coup, non Capitaine ? » Elle lui indique dans un sourire indolent dans le même ton de la confidence. Elle l’observe avec une lueur malicieuse et finit par se pencher à son tour pour glisser son visage près du sien, soutenant son regard.
« Tu es toujours aussi charmant si tu veux mon avis, mais je te rassure : je sais parfaitement faire la part des choses entre ce qui appartient à ma vie privée et à ma vie professionnelle. » Elle lui murmure dans un sourire amusé, alors qu’elle penche la tête sur le côté. Le questionnant sur ce qu’il souhaite réellement aborder à cet instant avec elle.