I don't wanna fight anymore (Lucy #04)

tw: ptsd, mention d'infidélité.

(Tenue) Il a souhaité qu’Angel lui souhaite bonne chance, mais il n’y a rien qui puisse être positif dans ce qu’il s’apprête à accomplir. La seule espérance qu’il puisse avoir est qu’il sera resté calme, équilibré et juste dans cet échange qui l’attend. Il peut que souhaiter que ses angoisses demeurent à l’orée de son esprit, mais il sent déjà l’agitation le gagner. La pluie qui s’abat sur ses traits lui semble glacial, mais c’est sans doute qu’une mauvaise perception de son esprit. Il sait qu’elle est fraiche à défaut d’être tiède. D’une démarche quelque peu hagarde, induite par son esprit en alerte et sa canne qu’il a oublié dans la maison lors de son départ précipité de plus tôt, il regagne la porte fenêtre qui donne sur le jardin pour retourner dans la cuisine. La cuisine est dans le même état qu’il l’a laissé à son départ. La vaisselle qu’il n’a pas pris le temps d’essuyer et de ranger a fini de sécher sur l’égouttoir. La cuisine est dans la pénombre et il est possible d’entrevoir qu’une présence se trouve dans le salon. Sans doute Lucy. Il dépose son téléphone sur le plan de travail. Il prend conscience qu’il tremble. Ses paupières se ferment tandis qu’il prend une longue inspiration. Un retour en arrière n’est plus possible. Plus maintenant. En conséquence, il récupère sa canne qu’il avait laissé contre le plan de travail. L’embout de celle-ci bat le carrelage de la cuisine alors qu’il retrouve l’ouverture qui mène au salon. Naturellement son regard se perd sur la silhouette présente, note immédiatement qu’elle n’est pas imbibée d’eau comme l’aurait été une joggeuse qui aurait été prise sous la pluie. Elle a trouvé refuge quelque part et tombant sur l’expression coupable de son visage, il sait auprès de qui. Satanée intuition qui a encore visée juste. Ce qu’il ressent à cet instant, il ne saurait l’expliquer. C’est un mélange d’émotions tellement intenses et différentes qu’il ne sait pas s’il désire : crier ou pleurer. Sans doute les deux. Son regard la somme de ne rien dire. De lui laisser ces quelques secondes pour accuser le coup d’une donnée qu’il avait anticipé, mais qui fait mal. Son regard est lourd en ressentiment. Sans doute parce qu’il sait que cette situation aurait pu leur être évité, si elle s’était montrée honnête avec lui, comme elle l’avait toujours été. Il déglutit et se traine jusqu’au canapé sur lequel il s’échoue sans un mot. D’un mouvement de main, il la somme de ne rien faire. Si elle parle, il ne sait pas ce qui sortira de ses lèvres. C’est injuste. Il le sait, mais il doit poser les choses tant qu’elles sont encore sous contrôle.

« Je n’ai pas envie de savoir ce qui s’est passé, Lucy. Je n’ai pas envie d’entendre tes excuses, le fait qu’une fois de plus, tu m’as menti. » Il lâche dans une voix qui se fait légèrement grondante, mais qu’il s’efforce de rendre la plus calme et discrète possible.

Il n’ignore pas que Danielle est dans sa chambre et il ne souhaite absolument pas qu’elle assiste à ce déplorable massacre d’un mariage qui n’aurait jamais du prendre fin comme ça.

« Je ne sais pas ce qui me fait plus mal, Lucy. Je déteste ressentir ce que je ressens là, à cet instant précis, me rendre compte que tu as tellement changé que je ne te reconnais plus, que tu n’es plus ma femme, que j’ai aimé durant plus de vingt ans… Mais sans doute que je ne suis plus celui que tu as épousé… » Sa voix s’effrite, car il doit lui concéder cela aussi.

« Celui que tu as aimé. » Il poursuit en venant relever son regard vers le sien.

Il est possible d’y percevoir cette douleur qu’il garde sous silence, malgré les tremblements qui le possèdent. Il puisse en lui dans ces dernières ressources pour affronter dignement la situation.

« Je ne veux plus de cette mascarade, de ce mirage qui n’existe plus. Je n’y crois plus et je n’ai pas la force de me battre pour quelque chose qui n’existe plus. C’est déjà assez pénible de me battre pour moi-même. Alors autant se rendre notre liberté, Lucy… Autant que tu te dédouanes de moi, de ce qui a été nous et que tu poursuis ta vie sans moi, et moi sans toi. » Il conclut simplement en venant reposer son regard sur ses mains, car la voir est trop douloureux.

Son visage est blême, ses tremblements intenses, mais il s’efforce de se concentrer sur sa respiration, ce contrôle qui pourrait lui échapper à tout instant. Il s’efforce de rester tempéré, mais sans doute qu’il la blesse autant que lui-même est blessé. Après tout, la confrontation est nécessaire pour espérer tourner la page, leur page, quand bien même les dernières lignes ne sont pas celles qu’ils auraient voulu lire en conclusion.

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Elle avait complètement déconné Lucy ! Rien de ce qu'elle faisait ces derniers temps n'était correct ! Elle n'avait jamais vraiment agit de la sorte... Ne pas penser au mal qu'elle pouvait faire à sa famille, se montrer aussi égoïste surtout après le retour d'Elias à la maison... Elle n'avait plus le contrôle sur rien et encore moins ses sentiments. Elle avait ce besoin d'aller vers Kalen et ce, malgré qu'elle aime son mari, c'était plus fort qu'elle. Aujourd'hui le lui avait encore prouvé puisque c'était l'appartement du policier qu'elle avait quitté il y a peu pour monter dans un taxi et rentrer à la maison. Elle n'avait pas vu le temps passer, elle n'avait même pas remarqué les nombreuses fois où son téléphone avait sonné et l'inquiétude d'Elias. Comment pouvait-il ne pas être inquiet après tout, ça ne lui ressemblait pas de ne pas donner de nouvelles.
Lucy savait qu'elle n'allait plus pouvoir échapper à la réalité. Qu'il y a des décisions qui allaient devoir être prises parce que ce n'était pas possible de vivre comme ils le faisaient ! Ce n'était pas eux ! Même dans le plus gros des orages, ils auraient trouvé le moyen de se parler. Mais ça, c'était avant... Avant que tout ne bascule et qu'ils ne changent tous les deux... La culpabilité la rongeait sans arrêt depuis le retour d'Elias mais bien plus encore depuis quelques semaines alors qu'il s'était rendu compte de la présence de Kalen dans sa vie. Ils ne se parlaient plus que pour des banalités ou pour faire bonne figure devant leur entourage. Lucy avait en horreur de voir les bouteilles d'alcool sorties tous les soirs et Elias pouvait à peine la regarder... Mais cette situation, elle était présente par sa faute et elle le savait. Si bien qu'elle avait beaucoup de mal à vivre avec !

Il était déjà bien trop tard quand elle était rentrée. Pour ne pas réveiller tout le monde, elle n'alluma que la petite lampe du salon et soupira. Elias devait l'attendre et l'issue de cette soirée ne serait que déchirante, elle le savait au fond d'elle. Elle entendit le bruit de sa canne précéder ses pas venant de la cuisine et quand elle le vit, elle ne put que lui montrer toute la faute qu'elle portait sur le visage. "Eli..." Elle ne termina pas de parler. Le regard de son mari était sans équivoque, il ne voulait rien venant d'elle à cet instant. Pareil avec ce geste de la main qu'il eut en s'installant dans le canapé alors qu'elle allait de nouveau tenter de prendre la parole. Lucy en baissa le regard tout en sentant ses jambes trembler sous l'angoisse qui montait de plus en plus en elle.

Il se mit alors à parler. D'une voix étonnamment calme mais qui avait un ton qui traduisait bien le ressentiment qu'il avait à son égard. Il était clair qu'il ne voulait rien entendre d'elle. Qu'il ne voulait pas se battre pour eux et elle ne pouvait pas lui en vouloir. Comment le pourrait-elle alors qu'elle était l'instigatrice de cette situation ? Comment pouvait-elle attendre autre chose de sa part finalement ? Mais malgré qu'elle sache vers où cette discussion allait aller, elle ne s'attendait pas à l'entendre parler comme ça et surtout aussi "facilement" de liberté. Son regard larmoyant se releva alors pour se poser sur son mari alors que lui ne pouvait de nouveau pas la regarder. "Elias, je... Tu as raison... Je ne me reconnais plus moi non plus et je ne sais pas pourquoi je ressens tout ça... Je... te devais la vérité, c'est vrai mais je suis lâche... Parce que je ne voulais pas te blesser alors que j'ai fait tout le contraire... Regardes nous, tu n'es même plus capable de poser ton regard sur moi depuis des semaines... C'est à peine si on se parle... Je ne te rejette pas la faute, ce n'est pas le cas. Je m'en veux tellement de te faire subir ça mais on ne peut plus faire semblant tous les deux... Ca ne nous ressemble pas de nous déchirer... J'aurai toujours de l'amour pour toi, tu le sais n'est-ce pas ?" Dit-elle sans une once de reproche à l'égard d'Elias. Mais il fallait se rendre à l'évidence qu'ils ne pouvaient pas continuer comme ça

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(Tenue) Il ignore comment va se passer la suite de cet échange. C’est à peine s’il se sent capable de contenir son émoi et son agitation. Ses mains tremblent si profondément qu’il pourrait avoir l’illusion qu’il est envahi par les débuts d’une crise de tétanie. Il préfère ne pas se concentrer sur ses émotions, leurs significations, car il n’est pas certain de pouvoir les gérer convenablement. Il ne peut pas lâcher, il ne peut pas laisser son émoi prendre le dessus et prendre le risque d’alerter Danielle, qui est dans sa chambre en train de réviser, de vaguer à ses occupations personnelles ou de dormir. Il se doit de la préserver autant qu’il lui est possible de le faire. Il doit lutter corps et âme contre cette vague qui menace de s’abattre sur la digue qu’il a érigé. En espérant qu’elle tiendra et ne cédera pas sous son poids. Le silence s’installe et il se rend compte qu’il est préférable à tout ce qui pourrait être dit. Malheureusement, elle va bien devoir prendre la parole, rebondir sur ses propos. Elle admet que son comportement ne lui ressemble pas, qu’elle a été lâche de lui camoufler la vérité. Elle met en évidence la rupture de communication entre eux, son incapacité flagrante à poser son regard sur elle. Les raisons sont évidentes pour lui. Elle le sait. Elle doit bien savoir qu’il se tait pour la préserver autant que possible de ces pensées sombres qui obstruent son jugement et qu’il garde en lui, quitte à ce que cela le dévore de l’intérieur, aussi nocif qu’un poison qui gangrène tout sur son passage. Absolument rien ne leur ressemble depuis son retour. Il ne peut que convenir à ses propos. L’affection qui les lie est sincère et profonde, basée sur des souvenirs communs et une confiance totale en l’autre. Une confiance qui a été ébranlée. Difficile à reconstruire si on ne s’investit pas corps et âme pour le faire. Peut-être aurait-ce était possible si Kalen n’avait pas compter pour Lucy. Malheureusement, ce n’était pas le cas. L’affection est là. La confiance envers l’autre aussi. C’étaient les bases d’une relation qui pouvait prendre la forme qu’on souhaitait. Les cartes sont dans les mains des personnes concernées, mais quand l’attirance devient une composante supplémentaire, qu’elle se révèle dans une relation, l’attrait devient trop prégnant pour garder la situation telle qu’elle l’était. C’est difficile à avaler, mais c’est la simple vérité. Finalement, il aurait dû suivre son instinct ce soir-là, prendre une décision pour elle, pour eux, mais il avait voulu croire à un faible espoir, dans lequel lui-même ne s’était investi corps et âme. Sa respiration est difficile. Il doit fournir des efforts conséquents pour qu’elle ne s’enraille pas et le plonge dans une nouvelle crise.  

« Sans doute, mais plus comme tu le devrais. » Il lui indique dans un ton qui se fait plus accusateur qu’il ne le voudrait.

Son regard vient se perdre dans celui de sa femme. La lueur qui y réside est à la fois empreinte de tristesse, de douleur et d’une pointe d’amertume. Il ne peut rien faire contre cela.

« Peut-être trouves-tu en lui, ce que tu ne retrouves plus en moi. Peut-être qu’il t’apporte plus que ce que j’ai pu t’apporter. Cela n’a pas d’importance. La finalité est la même. C’est vers lui que tu veux aller. » Il lâche dans une voix amère alors qu’il vient prendre une bonne inspiration.

« Je t’aime, Lucy, mais aujourd’hui, les raisons qui ont fais que je t’aimais de toutes les vibres de mon corps, se sont délitées et je doute qu’elles se résorbent. Sans doute parce que moi-même, j’ignore ce à quoi j’aspire maintenant et que tu n’es plus celle qui me connait vraiment. Le Elias que je suis devenu là-bas. Celui que je vais devenir désormais. » Il poursuit dans un soupir.

« J’ai prévu de partir quinze jours. J’ai besoin de me retrouver seul. Angel m’accompagne. Il a accepté de me suivre là-bas. J’ai besoin de ne penser qu’à moi et ce que je veux faire de cette liberté retrouvée. Ici, je suis enraciné à l’image d’un homme que je ne suis plus et que je ne serai sans doute plus jamais. Il est temps que je fasse face à celui que je suis devenu désormais et Angel est ma zone de confort. » Il lui admet simplement, parce qu’il n’a jamais caché ce qu’il est ou ressent.

Il prend conscience que le message est lourd de sens lorsqu’on le connait. Elias ne place pas son affection et sa confiance en n’importe qui.

« Je sais que c’est assez ironique que je te reproche une affection et la confiance que tu as placé en Kalen… que je vois bien que je fais la même chose avec Angel. Ce qui n’est pas sans raisons, bien que celle-ci m’échappe encore, mais je suis prompt à vouloir accepter qu’on a changé, que ce qu’on a été, été beau et précieux, mais je ne veux pas que ça devienne un massacre. Ce qui est déjà le cas. Je ne veux pas en venir à te haïr ou te mépriser alors que tu es la femme de ma vie, celle qui a mis au monde, mon trésor le plus précieux, Danielle. Je pense qu’on mérite mieux que ça… » Il conclut dans un soupir alors qu’il glisse ses mains tremblantes autour de sa nuque pour tenter de masquer ces tremblements.

Cette tristesse qui monte le long de sa gorge et enraille le timbre de sa voix est difficile à contenir. Difficile de rester de marbre face à une telle situation pourtant, il ne doit pas flancher. Autant qu’il lui est possible de le faire, sous peine de s’écrouler et ne pas avoir la force de se relever.

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La tournure qu'allait prendre cette conversation ne serait agréable pour aucun des deux. Elle savait que ce n'était plus vivable pour eux et ils allaient perdre beaucoup tous les deux. C'est ce qui effrayait Lucy, de perdre Elias pour de bon... Ils étaient des meilleurs amis avant toute chose et ça faisait bien plus de vingt ans qu'ils s'aimaient tous les deux. Ce n'était pas rien et pourtant, aujourd'hui, par sa faute, ça volait en éclat ! Lucy avait abandonné son mari et la culpabilité qu'elle ressentait de se montrer aussi égoïste était forte. Elle avait perdu l'espoir de le retrouver un jour parce que dans le cas contraire, elle n'aurait pas ouvert son coeur à Kalen... Mais petit à petit les choses avaient pris place entre eux et maintenant, il y avait tout ce qu'elle ressentait pour lui qui entrait en compte. Et elle n'arrivait pas à l'oublier ou l'effacer, aussi douloureux que ce soit pour son couple...

Elias prit la main sur la conversation qui allait se dérouler en ne lui laissant pas l'occasion de parler tout de suite. Il n'avait pas besoin de dire quoique ce soit pour qu'elle le comprenne, son regard et son geste de la main parlaient pour lui. Elle le laissa donc s'exprimer avant d'à son tour le faire. Elle ne blâmait pas son mari, elle en était incapable. Mais elle devait bien avouer qu'elle avait fait preuve de lâcheté. Elias, elle l'aimerait toujours, quoiqu'il puisse arriver, elle avait tellement peur de ne plus l'avoir dans sa vie, surtout après l'avoir retrouvé... Mais rien n'était plus comme avant et malgré cet amour, ils devaient se rendre à l'évidence qu'ils avaient changés. Elle aurait pu baisser le regard face à ses paroles qui se montraient accusatrices mais elle ne le fit pas. Etonnamment, elle croisa ses yeux envoûtants et pu y lire ces émotions qu'elle voulait lui éviter... Le sien trahissait la tristesse et la culpabilité dont elle était prisonnière depuis un moment. "Je sais..." Dit-elle alors qu'elle baissait à nouveau le regard sur ses pieds en l'entendant parler. Elle sentait cette envie de pleurer monter en elle mais elle ne pouvait pas. Elle savait qu'il était pris à de nombreuses émotions et qu'il ne voulait pas les laisser sortir de trop. Il l'aimait qu'il disait et c'était rassurant dans un sens, mais pourrait-il un jour lui pardonner d'avoir dissout tout ce qu'ils avaient vécu depuis toutes ces années ? Son coeur battait à lui en faire mal mais lorsqu'il lui dit qu'il allait partir, elle ne put que relever son regard larmoyant vers lui.

"Tu vas partir ? Mais... Tu viens à peine de rentrer..." Elle se rendit compte de ce qu'elle disait et de cette place qu'avait pris Angel dans la vie de son mari. Elle n'était plus celle qui pouvait l'aider, il le lui faisait comprendre en parlant de son ami de cette façon. "Pardon... Ce n'est pas que je veux t'empêcher de prendre du temps pour toi et... Je... Je n'ai pas mon mot à dire à ce propos." Lucy se rendit compte de la boule qui était instantanément venue se mettre au sein de sa poitrine. Cette boule d'angoisse et de panique. "Elias... Danny, elle a besoin de toi. Je vais prendre mes responsabilités sur la situation, j'aurais dû le faire bien avant et penser à vous plus qu'à moi... Mais s'il te plait, ne la prive pas de ta présence à ses côtés à cause de moi..." Dit-elle alors que quelques larmes s'étaient mises à couler.