tw: consommation d'alcool, langage vulgaire.Tu n'avais pas prévu venir. Pas vraiment envie de devoir supporter la compagnie de tes amis durant ta soirée de congé — surtout en sachant que c'était la seule de la semaine que tu aurais. Circonstances exceptionnelles. Mais tout de même : l'irritation demeurait.
Ton ami t'avait tenu tête, cependant. Comme il ne l'avait plus fait depuis un moment. Soulignant que Devi serait là, que tu ne l'avais pas vue depuis une éternité, et qu'elle aurait adoré prendre de tes nouvelles.
En plus, Arisia ne serait pas là. Pour une fois. Tu devais avouer que l'argument fonctionnait — mais tu n'arrivais toujours pas à te décider. Tu aurais l'occasion de revoir Devi plus tard. Tu évitais déjà Arisia à merveille, chaque jour qui passait.
Pas besoin de t'en préoccuper.Puis, Majolica était arrivée. Te jetant au passage l'intention d'Aika de venir passer la soirée à l'appartement, que tu sois d'accord ou non. Jamais tu ne protestais, en dépit des soupirs parfois lourds à l'idée de les entendre ricaner toute la nuit. Elle ne te dérangeait pas vraiment, Aika. Et tu savais que chez elle, ce n'était pas toujours la joie. Si tu pouvais lui offrir un semblant de sécurité en lui ouvrant ton toit à l'occasion, alors pourquoi pas.
Mais ce soir, tu n'étais pas d'humeur à les supporter avec Majolica.
Un verre avec tes amis ce serait.
Tant pis.Tu avais annoncé ton changement d'avis à la dernière minute. Enfilant une veste et une paire de Converses, nourrissant Freddy puis t'éclipsant en vitesse. Majolica et Aika pourraient profiter de la tranquillité. Et tu te débrouillerais pour tout de même profiter de ta soirée.
Tu arrives au bar rapidement, et pousses la porte en sachant que tous tes amis étaient déjà installés. Tu les repères sans grande difficulté — la bande bruyante qui a collé plusieurs tables pour mieux s'installer. Le genre que tu voyais tout le temps à l'endroit où tu travaillais.
Le genre qui, aussi, parfois, te soûlait.On te fait signe, et tu t'approches. Devi a un sourire jusqu'aux oreilles de te voir, et tu le lui rends. Avisant la table pour trouver une place où t'asseoir, tes yeux glissent jusqu'au bout. Jusqu'à la seule chaise libre. Jusqu'à
elle.
Arisia.
Qu'est-ce qu'elle foutait là ?Ton sourire diminue assez rapidement, mais tu ne veux pas lui laisser le loisir de voir ce que sa présence te fait. Tu tournes les talons pour aller vers le bar au lieu de ça, espérant qu'un de tes amis aurait la décence de se déplacer pour te laisser une chaise au plus loin d'elle. Ce serait la moindre des choses, après avoir fait des pieds et des mains pour que tu viennes.
Non ? Tu estimes que ce n'est pas trop demander. Le barman prend son temps, et tu te dis que ça laisse à tes amis celui de te rendre ce petit service évident.
Si seulement.Quand tu te retournes, bière en main, personne n'a bougé. La conversation se poursuit comme si de rien n'était, plus endiablée que jamais. La seule différence réside peut-être dans le fait que Roz, assise directement à côté d'Arisia, fait tout pour ne pas te regarder.
Fait chier.Tu ravales ta bile, et prends le chemin de la dernière chaise vide d'un pas résigné. Tirant la chaise un peu trop brusquement pour t'y laisser tomber. Ne prenant pas la peine de saluer Arisia.
Clairement, elle ne le fera pas non plus. À ta gauche, Nolan se félicite que tu sois venu. Puis retournes à sa conversation en hurlant, t'assommant plus que tu ne l'aurais voulu. Tu lèves les yeux au ciel, prends une gorgée de ta bière — évites à tout prix de regarder Arisia. Tu finis par retirer ta veste pour la laisser retomber sur le dossier et, bougeant ta jambe, te retrouves à accrocher la sienne involontairement.
Fuck.« Sorry. » lui marmonnes-tu. À peine un regard. Ça te fait chier qu'elle te fasse toujours cet effet-là. Une bile amère au fond de la gorge, mais le coeur gonflé. Ton corps entier essayant d'oublier le sien, ou ce que vous avez pu partager.
Plus rien. Il n'y a plus rien.
Vous vous haïssez.
Et ça ne changera jamais.Tu te rends compte que tes yeux se sont arrêtés sur elle un tantinet trop longtemps. Tu t'en détournes dès l'instant où la réalisation te prend, profondément mal à l'aise de la situation entière.
What now? Tu ne fais pas partie de la conversation, et tu n'as aucunement l'humeur de t'y plonger. L'envie, non plus.
T'aurais dû partir dès que tu l'as vue.
Ou prendre la chaise, et t'asseoir à l'autre bout.
Tu ferais ça.Tout, plutôt que d'être cordial.
Arisia ne le méritait pas.
Pas alors qu'elle t'avait tourné le dos comme ça.