ellie · we can be all poetic and lose our minds together.

sa main entrelacée dans la sienne ; l'amour fuse. regard porté sur sa progéniture, le cœur hurle. amour puissant, amour inconditionnel ; elle est sa fierté, sa réussite... et sous ce bras maternel se cachent deux mirettes innocentes, illuminées par cette fragile créature assoupie paisiblement et qui lui ressemble étrangement ; logan, ébloui par cette soudaine petite sœur qu'il ne connaissait qu'au travers de divers coups donnés au sein d'un ventre arrondi.
ellie — gamine solaire, aux rictus en apogées, au rire si particulier ; inarrêtable aventurière, de celles qui ne pleurent jamais, qui se relèvent sans hésiter, sans rechigner. gamine que l'on gâte, chérit sans barrières mais qui pourtant ne cesse de donner, aider ; persuadée de devoir faire passer chaque bonheur avant le sien et en particulier celui du second homme de sa vie ; son frère. duo inséparable, indissociable ; les tom et jerry modernes — toujours en pleines chamailleries mais incapables de vivre l'un sans l'autre, unis par le sang, par un amour fraternel inconditionnel.
les hepburn — famille qui réussit, famille unie, de celle que l'on envie et que l'on croit invincible.. jusqu'à ce que la maladie ne vienne tâcher les sourires figés sur les photos encadrées. janvier 2022 ; ce ciel si pur s'assombrit soudainement, ne laissant que noirceur comme repère. figure paternelle perds de sa lumière, le cancer gagne du terrain, brûle ce qu'il reste encore de sain jusqu'à ne laisser aucune chance de survie... deux mois suffisent pour éteindre complètement cette âme, détruisant ceux qui restent. les éclats de rire cessent ; ne restent que les larmes et les regrets. ellie survit, ellie encaisse et logan s'éloigne sans qu'elle ne puisse l'arrêter —  et son cœur s'embrase complètement quand quelques mois plus tard l'âme de sa mère s'élève à son tour pour rejoindre l'autre partie trop tôt. la descente aux enfers s'approche dangereusement ; ellie se fige, refuse de parler, de manger, de vivre. pensées néfastes s'installent petit à petit ; elle se renferme, se coupe du monde, ne donne plus de nouvelles ; se laisse simplement périr pour rejoindre les êtres perdus... jusqu'à ce que logan ne revienne panser les blessures, la sauver de ce cercle vicieux, de ces envies d'en finir... lui redonner tout simplement l'envie de vivre.


les mois s'écoulent, les jambes redeviennent solides, le sourire se replace doucement sur son visage... le duo reformé est plus soudé que jamais, les envies disparues laissent place aux projets — elle qui n'avait plus eu la volonté de travailler se passionne soudainement pour son travail saisonnier jusqu'à ce que la saison hivernale ne se transforme finalement en emploi durable, la berçant chaque jour avec une odeur prenante de breuvage caféiné..
attirée par le monde de la nuit, les fêtes à n'en plus finir, ellie sort, ellie profite, ellie revit.
jusqu'à ce qu'il n'arrive. lui et son sourire enjôleur, son regard océan et son parfum enivrant. et aveuglée par ses paroles, sa (fausse) gentillesse, elle ne réfléchit plus, s'amourache bien trop vite et tombe finalement dans ses bras sans réellement le connaître, voyant en lui tout ce qu'elle recherche. mais, aveuglée par cet amour soudain aux saveurs pourtant si pures, l'amoureux plante ses griffes sans qu'elle ne puisse s'enfuir — les mots doux se transforment alors en insultes, les caresses d'antan se transforment en coups et deviennent habitude ; un poignet agrippé trop fermement jusqu'à marquer sa peau, des phalanges s'écrasant dans sa lèvre pour y faire couler du sang, des cheveux fermement attrapés pour claquer sa tête contre le sol ou un mur... et les excuses arrivent ensuite, la faisant presque passer pour fautive. et elle y croit, boit ses paroles comme de l'hydromel et s'aveugle toujours un peu plus pour cet esprit malsain...
et, incapable de tout dévoiler à son frère ; cache les marques, invente de nombreux mensonges, se créé un masque pour cacher les larmes, pour ne pas blesser ce dernier membre d'un foyer brisé qu'elle se refuse de perdre pour ce qu'elle pense n'être que des futilités... — sombre jusqu'à se persuader de mériter ce qu'il lui arrive et d'être réellement la cause des maux subits, s'imagine même être condamnée à cette vie tant que son corps continuera d'encaisser...  et ce, jusqu'à ce que cet inconnu ne passe finalement un jour la porte du café et ne se décide à lui sourire sincèrement.  



tandis qu'elle nettoie le comptoir tacheté de quelques traces de café, la mélodie d'un carillon résonne dans la pièce. elle relève le visage, armée de son sourire habituel pour saluer machinalement ce nouveau client. sans savoir réellement pourquoi, son cœur s'emballe à chaque nouveau pas de cet inconnu en sa direction — un échange, une commande et quelques plaisanteries suffisent à lui extirper un sourire satisfait. le premier depuis de longs mois, depuis que les cauchemars sont apparus, depuis que l'être aimé s'est éteint pour laisser place à la cruauté — elle ne demande rien à son sujet, le laisse simplement s'éloigner pour s'installer sur une table plus loin. et, comme attirée par cet aimant, ses yeux ne cessent de se poser sur lui. sur ses cheveux ébouriffés, sa barbe mal taillée, sa prestance. aucun nouveau mot ne vient briser la glace, les regards se mêlent parfois, les rictus s'affichent mais l'inconnu passe de nouveau la porte avec un simple au revoir et elle le regarde s'éloigner dans les ruelles, persuadée de ne jamais le revoir, comme un songe passager, un espoir envolé —
et pourtant, les jours passent et il revient, le même sourire aux lèvres, la même attention pour elle sans jamais passer la limite de la relation serveuse/client. elle en vient à connaitre son horaire, ses habitudes de commande, qu'elle tente même parfois de préparer à l'avance pour le surprendre — replace ses cheveux à son approche, passe pendant ses jours de repos en prétendant avoir oublié quelque chose rien que pour le croiser, s'empresse de trouver une nouvelle blague pour illuminer chaque journée et espérer entendre son rire — remarque soudainement son alliance mais ne pose aucune question, effrayée par le fait de ruiner cette attirance, cette osmose, cette ambiance en posant une question trop personnelle.
et grâce à lui, se rends compte de sa relation toxique ; s'éloigne petit à petit de celui qu'elle aimait autrefois et pour qui ses sentiments ne sont plus que poussière — elle ne peut se rapprocher de l'inconnu, bien trop respectueuse de sa possible relation mais s'empresse pourtant d'essayer de briser ses chaînes afin de continuer à entretenir ce brin d'espoir d'une vie meilleure, entourée de cette aura délicieuse qu'il dégage, espérant que jamais cela ne prenne fin.