standing on the edge of the road

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Une exception. C'est ce qu'il se dit en conduisant cette voiture qui n'est pas la sienne en dehors d'Oceanside. Une voiture flambant neuve, avec un conducteur détonnant un peu. Vêtu d'un simple jean, de chaussures usées, et d'un polo plutôt correct qu'il vient d'acquérir. Il ne l'a pas acheté non. Il s'est rendu plus tôt dans la journée dans sa famille d'accueil. La dernière et la seule ayant réussi à capter son attention, qui a désiré le garder même s'il y a atterri à l'âge de seize ans. Il ne remerciera jamais cet éducateur qui l'a pris sous son aile, le gardant dans le droit chemin bien qu'il en dévie parfois de temps en temps, surtout quand il est éméché. Il a donc déjeuné avec ce qui se rapproche le plus d'une famille pour lui. Quand il est arrivé avec un tee-shirt plein de cambouis, la femme de l'éducateur, sa mère adoptive en quelque sorte même s'il est incapable de l'appeler ainsi à voix haute et ce, même s'il la considère comme telle. Sa mère adoptive donc, elle lui a fait retirer son haut pour lui donner à la place un polo tout neuf, l'interdisant de protester. Il n'a jamais pu avec cette femme même s'il la surplombe bien de deux têtes et qu'il semble impressionnant à côté entre sa carrure, ses tatouages, et elle toute petite et menue. Il l'adore, il le sait en son for intérieur. Panse remplie, il est sur le point de rentrer chez lui à bord de son vieux pick-up quand son père adoptif aborde le sujet de sa nouvelle voiture. Qu'il aimerait bien tester pour voir si elle tient la route mais vu qu'il n'y connaît rien, il préférerait que ça soit lui. Onyx s'arrête devant le véhicule, une petite lueur au fond du regard. La voiture est belle, et elle a de la puissance sous le capot. Il n'en doute pas, il le sait. C'est le genre de voiture qui le fait rêver mais il n'en a pas les moyens. Il propose une petite virée mais l'éducateur prétexte une petite sieste à faire en attendant l'arrivée d'un autre enfant adopté, qui doit venir en compagnie de sa progéniture.

C'est suffisant pour Onyx, il accepte d'aller tester la voiture pour ne pas être en contact avec des enfants. Ni une, ni deux, il se précipite derrière le volant et un instant plus tard, après avoir apprécié le ronronnement du moteur au démarrage, le voici parti vers la sortie de la ville. Comme il le suppose, elle en a dans le ventre mais il se retient d'appuyer davantage sur la pédale, se rappelant à contrecœur que ce n'est pas sa voiture. Il doit la ramener en état et ne pas se faire arrêter en cours de route. Cette petite virée dure bien plus d'une heure avant qu'il ne se décide à reprendre la direction de la ville. Et c'est sur le chemin du retour qu'il voit au loin de la fumée qui se dégage d'un véhicule. Il ralentit, continuant à se rapprocher. Véhicule immobilisé sur le bord de la route. Et une jeune femme se tenant à proximité, semblant un peu perdue. Il n'est pas un bon samaritain. Il ne va pas s'arrêter. C'est ce qu'il se dit en arrivant à quelques mètres de la voiture. Il la dépasse mais se gare sur le bas côté à quelques mètres, en pestant. C'est plus fort que lui. S'il s'arrête, ce n'est pas pour la jeune femme qu'on se le dise. C'est pour la pauvre voiture qui n'a rien demandé, et qui se retrouve ainsi, en mauvais état. Il marmonne entre ses dents, retire la clé du contact et sort du véhicule neuf pour rebrousser chemin en direction de la jeune femme, de sa démarche si particulière, en boitant. - Ouvrez le capot demande-t-il d'une voix bourrue.

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À chaque début d’année, durant les heures qui suivent les douze coups de minuit, tout membre du commun des mortels qui se respecte élabore une liste de bonnes résolutions (qui sera tenu jusqu’à la fin du mois de janvier, avec un peu de chance), mais a également cette pensée : cette année sera meilleure que la précédente.
Ce schéma, plutôt récurrent et répandu, est assez inquiétant. À croire que depuis plusieurs années, chacun estime passer une année désastreuse, toujours pire que l’année précédente. L’être humain serait-il trop exigeant avec lui-même ? C’est possible. Quoiqu’il en soit, Olivia fait partie des personnes ayant eu cette pensée. À juste titre. L’année deux mille vingt-trois ne restera pas gravée dans la mémoire de la jeune femme dans la partie positive, bien au contraire. La brune est passée par toutes les émotions. Il y a eu les questionnements, la peur, la détermination, la tristesse, l’angoisse, l’attente, le soulagement, la surprise, le bonheur. L’espoir. Une fin d’année plus douce que les premiers mois, qui lui ont permis de souffler. La conclusion de 2023, qu’elle espère à l’image de l’année suivante.

Un mois s’est déjà écoulé, et ce que l’on peut dire, c’est qu’elle reste toute aussi confiante, Olivia. Un mois de janvier plutôt agréable, riche en émotions (positives), avec de nombreuses surprises. Son anniversaire y est pour beaucoup, ses proches n’ont pas manqué de le lui souhaiter, à la fin du mois. Mais il y a surtout cette semaine au ski, où le hasard des choses l’a fait devenir colocataire de chambre de Wolf. Une semaine entière, presque sans interruption, dans un cadre idyllique, avec de nombreuses activités. De quoi rattraper le temps perdu, se livrer à quelques confessions et… plus. À son retour, il y a l’agréable surprise de voir débarquer une adorable boule de poils, tout droit sortie du refuge animalier. Un cadeau de la part de son cousin, Elijah. Si elle n’est pas pour les adoptions de ce genre, un animal n’est pas un cadeau à offrir sans l’accord du futur propriétaire, Olivia n’a pas su dire non à la petite bête. Il a suffi d’un regard pour que le coup de foudre s’opère. D’autant que la jeune femme a toujours eu envie d’offrir un foyer à un petit malheureux, ce qui n’était pas du goût de son ex-mari. James n’était plus là, Olivia peut faire ce que bon lui chante, y compris adopter un animal.

Bref, tout roule dans la vie de notre petit agent immobilier. Enfin, tout roulait.
Ça partait bien, pourtant. Une excursion en dehors de la ville, pour faire du repérage, dans le cadre de son travail. Rien d’extraordinaire, le quotidien de la jeune femme depuis qu’elle fait ce travail. Le souci est arrivé sur le chemin du retour, à quelques kilomètres d’Oceanside. Tout d’abord, un bruit assez étrange en provenance de l’avant de sa voiture. Quelque chose d’assez inhabituel pour la faire tiquer, ressentir une légère appréhension. Il y avait encore un peu de marge avant de céder à la panique. Ça arrive souvent, pas seulement avec les voitures en fait. Le petit bruit que l’on entend pour la première fois, peut-être par manque d’intérêt les fois précédentes. Mais, au bout de quelques mètres, il y a eu le level au-dessus. Un bruit plus sourd, avant que de la fumée ne sorte du capot. Un comportement définitivement inhabituel pour une voiture en état de marche. Elle n’a pas réfléchi, Olivia, et s’est placée sur le bas-côté. Elle n’est pas une grande fan de ce genre de films, mais elle connaît les classiques. Ça commence comme ça, et ensuite, dans le pire des cas, ça explose ! Autant ne pas être à l’intérieur.
Voiture à l’arrêt, moteur coupé. Et une Olivia, debout, complètement perplexe et perdue. Une main dans ses cheveux, et une très forte envie de ronger ses ongles, sous le coup du stress. Mauvaise idée. Sa manucure est encore fraîche de la vieille. Appeler quelqu’un ! Oui, mais qui ? Son cousin pourrait faire l’affaire, mais il n’a pas de voiture pour venir jusqu’ici. Wolf ? C’est ce qu’il y a de mieux à faire, il n’a pas manqué de lui rappeler qu’elle pouvait le contacter en cas de pépin (et pas seulement). Mais il y a cette crainte de déranger qui s’insinue en elle. Suffisamment longtemps pour qu’une voiture, qui passait par là, s’arrête quelques mètres devant celle de la jeune femme. Là en sort un homme. Un physique atypique. Une allure presque menaçante. Et un charisme de dingue. Est-ce que le cœur d’Olivia a cessé de battre pendant quelques secondes après qu’il ait ouvert la bouche ? Définitivement que oui.
Son esprit s’affole. Ses pensées s’entremêlent. Son cœur s’emballe. Ça ressemble un peu trop à un début de film d’horreur ça, non ? Evidemment. Cela commence par le capot, pour mettre en confiance la victime. Et ensuite, il faudra ouvrir le coffre. L’endroit où la pauvre jeune femme innocente va se retrouver, pour être conduite dans un endroit mystérieux, loin de la ville, loin de ses proches. Un endroit où Dieu seul sait ce qui va lui arriver. Non, les pensées d’Olivia vont beaucoup trop loin. Mais, que peut-elle faire, si ce n’est accéder à la requête de cet homme, bien qu’il lui file un peu les chocottes ? Après tout, elle a besoin d’une aide extérieure, parce que son niveau de connaissances en voiture est proche de… zéro. Et puis, l’éducation qu’elle a reçue lui a appris à accepter toutes les aides, sans le moindre jugement. « E-euh oui… b-bien sûr. » Elle ne sait plus trop où se mettre la petite Johnson, mais elle obtempère. D’un geste un peu tremblant, qu’elle espère discret, elle se penche à l’intérieur de son véhicule pour actionner le bouton qui permet d’ouvrir le capot. Une chance qu’elle sache au moins ça. Le petit bruit significatif se fait entendre, en même temps qu’un nuage de fumée s’échappe de l’intérieur, ce qui n’a rien de rassurant. Elle se voit déjà devoir changer de voiture, Olivia. « J-je… merci de vous être arrêté. » Parce que, même si elle aime voir le bien de chacun, et qu’elle est plutôt naïve, elle a quand même conscience que ce n’est pas tout le monde qui prendrait le temps de s’arrêter, pour filer un coup de main à un(e) inconnu(e).icons par Pando & loudsilence.

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Ce n'est pas son problème. Qu'il passe son chemin, reprenne sa route, sans se retourner. Il a mieux à faire en ce jour de congé que d'aller porter assistance à un véhicule en danger. Fort probable que la nana a déjà appelé une remorqueuse. A ne pas douter également qu'on va venir la chercher - un prince non charmant ou sa meilleure amie. C'est classique. A moins que ce ne soit ses parents. Et si ce n'est pas le cas, quelle est la probabilité de rencontrer une personne dérangée, qui va la kidnapper, la découper en morceaux et la donner pour nourrir les bêtes sauvages. Peu importe. S'il s'arrête, ce n'est pas pour elle. Ce qui le préoccupe, c'est le véhicule en souffrance qui n'a rien demandé. Qu'on se le dise, pour qu'une voiture tombe en panne, c'est soit un manque de chance, soit un mauvais entretien de la part du propriétaire. Rien de tel que le second constat pour réussir à le faire grogner quand il travaille au garage. Beaucoup d'automobilistes ne méritent pas leur véhicule. Il est trop tard pour faire demi-tour. Démarche assurée bien que particulière. Autorité qui franchit ses lèvres quand il arrive à proximité de la bête blessée. Ouverture du capot qu'il constate les dégâts. Bredouillement en retour mais la demoiselle s'exécute. C'est à peine s'il pose son regard ténébreux sur elle. Il patiente quelques secondes que la fumée s'estompe, puis il se décide à ouvrir le capot pour découvrir le mal qui se cache dans les entrailles de la bête. Il ne relève pas la tête, ni ne se penche pour regarder la jeune femme. Il entend son hésitation, et il ne sait pas trop si ça l'exaspère ou non. - J'vais pas vous manger si c'est c'qui vous inquiète marmonne-t-il. Doigts habiles qui se mettent en mouvement, effleurant certaines parties. La chaleur n'aide pas. - Vous avez un chiffon ? demande-t-il toujours sans la regarder. Il espère que oui. Pas certain qu'il y en ait dans sa voiture du jour. Dans le vieux pick-up, il a tout ce qu'il faut. Faut dire que ce dernier tombe si souvent en panne, que c'est devenu une formalité pour lui de le réparer. Il sait qu'il va devoir se résoudre à le changer, mais pour le moment, tant que son compagnon d'infortune tient la route, il n'en est pas question. Ils ont traversé des galères ensemble et continueront jusqu'à ce que la mort les sépare. - L'dernier entretien remonte à quand ? Quelque chose de suspect au démarrage, enfin d'inhabituel ? Les questions pleuvent, comme un flot qui se déverse, sans s'arrêter. Il se décide à relever la tête, enfin, juste pour jeter un œil à la conductrice.  Brune, de petite taille, cible parfaite pour n'importe quel taré, sauf si elle cache des talents secrets dans sa manche, ou un flingue dans sa boite à gants. Peu lui importe, il ne désire pas savoir. Il pose les mains déjà moitié recouvertes de cambouis sur le bord du véhicule, prenant un peu appui, et fixant toujours la jeune femme. Il attend. Soit qu'il neige dans cette partie de la Californie, soit qu'elle répondent à toutes ses questions.

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Tant de scénarios se sont déjà formés dans l’esprit de la petite brune, en l’espace de quelques secondes. C’est idiot, elle le sait bien, Olivia en a parfaitement conscience. Il ne faut pas juger au premier regard, il ne faut pas s’arrêter à l’apparence ou bien à l’humeur de la première rencontre.
Ses pensées se tournent automatiquement vers… Wolf. Si l’on ne prend pas le temps d’apprendre à le connaître, si on n’insiste pas pour percer sa carapace, on peut facilement le cataloguer dans une catégorie, alors qu’il est bien plus que ça, le Baxton. Il n’est pas cet homme bourru, froid, menaçant qu’il inspire avec ses regards froids. Il sait être un homme doux, protecteur, à l’écoute dans l’intimité. Alors… si Olivia est capable de le faire avec lui, pourquoi ne pourrait-elle pas le faire avec tous les autres, y compris ce charmant inconnu qui a eu la gentillesse de s’arrêter pour lui venir en aide ? Ah oui… le risque élevé que l’on profite de sa naïveté. Elle le sait la Johnson, plusieurs lui ont déjà soufflé de faire attention mais.. c’est plus fort qu’elle, elle ne peut aller contre sa personnalité. Par contre, l’homme ne l’aide pas à sortir de la spirale infernale de ses pensées. Si aucun mot n’est sorti de ses lèvres pour la trahir, il semblerait que son langage corporel le fasse très bien. Un livre ouvert, c’est ce qu’elle est Olivia, selon ses proches. Une image qui se confirme encore aujourd’hui, quand le brun expose à haute voix les pensées de la brune. « Non je… je m’en doute… » marmonne-t-elle, à voix basse, tournant les talons pour regarder dans une autre direction. Tout, absolument tout sauf affronter le regard de celui qui vient de comprendre les pensées absurdes qui se forment dans la petite tête d’Olivia. C’est embarrassant. Très embarrassant, tout de même. Mais elle n’a pas le temps de s’en formaliser, de réellement sombrer dans le côté gênant de la situation. Une nouvelle demande est formulée à haute voix, à son encontre, l’obligeant à rester concentrée, et à participer dans cette… opération de sauvetage ? « Un chiffon ? Euh… je crois. Attendez. » Si la voiture est impeccable, que ce soit au niveau de la propreté extérieure (comme si elle sortait d’un lavomatique) que celle à l’intérieur (parce qu’elle est un peu maniaque sur les bords la princesse), elle se souvient qu’il y a quelques brics à bracs dans le coffre, des objets que son ex mari aimait avoir sous la main, au cas où. Elle n’a jamais compris pourquoi, Olivia, mais le fait de ne pas y avoir touché pourrait se révéler utile, aujourd’hui. Après un coup d'œil dans le coffre, elle déniche un torchon, le genre à servir pour la mécanique, si l’on en juge par les tâches (certainement propres pourtant) qu’il y a dessus. Il y en a même un deuxième, alors la brune, elle prend les deux, referme le coffre, et fait le tour de la voiture pour les donner au brun. « Euh… » Ça fait beaucoup de questions, là. Olivia, elle n’a pas l'habitude d’être aussi réactive, elle n’aime pas ce genre de situations, où il est facile de se laisser submerger par le stress. Enfin, elle se confronte à cet exercice dans le cadre de son travail, lorsqu’elle doit répondre à ses clients, sauf que… elle connaît son sujet. Elle a planché dessus, avant de voir ses clients. Là… et bien, disons que la mécanique, ce n’est pas son domaine, et elle n’a jamais eu envie de s’y intéresser. Sa voiture… ce n’est pas son bébé, pas comme certain. C’est juste un moyen de transport pour aller d’un point a, à un point b. « Pas à ma connaissance, elle fonctionnait très bien, aucun bouton suspect soudainement allumé… » En tout cas, Olivia n’a rien remarqué à ce sujet. Elle qui peut rapidement être paranoïaque dès que quelque chose change de l’ordinaire, sur ce coup, la voiture semblait identique à la dernière fois qu’elle l’avait utilisée. « Pour l’entretien… je vous avoue que je n’en sais rien. C’est… mon ex-mari qui s’occupait de ça. » lui dit-elle, un peu gênée. James, il avait des défauts, des défauts dangereux qui ont poussé Olivia à s’éloigner de lui et demander le divorce. Cependant, il avait aussi quelques qualités. Dont celle de s’occuper de tous les détails techniques comme l'entretien de la voiture, les réparations dans la villa, les travaux… Des tâches masculines quoi, bien que ça fasse un peu trop cliché de dire ça. « Laissez-moi deviner. C’est très mauvais, et ça va me coûter un bras ? » suppose-t-elle, une légère grimace à cette pensée. De toute façon, Olivia ne s’y connaît pas en voiture, en mécanique, en réparation… sur ce coup, elle pourrait se faire avoir comme une débutante, parce que c’est son cas. Finalement, elle devrait peut-être se tourner vers quelqu’un, vers Elijah ou Wolf… trouver le courage de surmonter la peur de déranger, non ?icons par Pando & loudsilence.