Roll with the waves. (Tyler)
Le calme plat, l’absence de vague. Ça arrivait rarement à Oceanside et pourtant, cela ne voulait pas dire que ça n’arrivait jamais. Si l’océan ne se prêtait pas toujours à la pratique du surf, se voulant capricieux à ses heures, les plus expérimentées, dont Delilah arrivaient toujours à y trouver leur compte. Surfant quelques vagues, même très éloignées du bord de plage. Cependant, il y avait des jours, qui se comptaient sans doute sur les doigts de la main en une année ou même la plus infime des vagues étaient imperceptibles. Peut-être qu’au large le mouvement était agité. Peut-être même qu’en s’éloignant suffisamment, on pourrait goûter la tempête. De sa terrasse donnant une vue imprenable sur l’océan, Delilah ne voyait rien de tout cela. Elle le savait d’avance. Avait scruté le bulletin météo toute la journée, espérant un quelconque changement. Ce dernier n’ayant jamais eu lieu. Alors, elle s’était résolue. Elle n’avait pas enfilé sa combinaison, bienvenue en ce mois de février accompagné de ses températures hivernales. Bien que ces dernières ne feraient pas pâlir l’hiver des montagnes, pour la californienne qu’elle était, l’hiver était bien là, et même si elle ne se trouvait pas emmitouflée sous une épaisse doudoune avec une écharpe en laine, elle n’allait pas non plus s’aventurer dans l’eau vêtue d’un simple maillot de bain. Là, elle avait simplement quitté son tailleur pour revêtir des vêtements un peu plus confortables avant d’aller s’installer sur la terrasse. Elle avait posé le journal récupéré en bas de son bureau ce matin, sur la table qui se trouvait devant elle et regardait l’horizon, profitant du calme ambiant. Le bruit de l’eau sur le sable ayant toujours le don de l’apaiser. Si elle devait définir sa madeleine de Proust, ce serait probablement ça. Elle pouvait rester là des heures, d’autant plus quand elle était seule à la maison comme aujourd’hui. Hendrick et Timothy étant partis ce matin pour une journée pêche entre hommes, ils ne rentreraient que ce soir dans la nuit. Pour l’heure, la maison était à elle et à défaut de pouvoir aller profiter des vagues comme elle l’avait prévu initialement, elle avait proposé à Tyler de la rejoindre pour boire un verre. À défaut d’être l’un de ses plus fidèles acolytes de surf, il était également un très bon partenaire quand il s’agissait de partager un verre en discutant de tout et de rien. Alors, bien que, finalement, elle n’aurait pas forcément dit non à un peu de solitude, elle savait que la compagnie serait appréciable et elle attendait donc son ami en lisant les actualités que lui apportait la revue posée sous ses yeux.
Dans moins de six mois, il aura quarante ans. Nouveau cap à franchir qu’il accueille avec le sourire, sachant au fond de lui que rien ne changera. Cela ne l’empêchera pas de continuer à s’adonner à sa grande passion, celle qu’il chérit depuis qu’il est enfant. Même passion que son père pour le surf, il ne s’écoule pas une semaine sans qu’il n’aille une ou deux fois minimum à la rencontre des vagues. C’est sur sa planche, et dans l’eau qu’il oublie tous les petits problèmes de la vie, qu’il arrive à faire le vide, ou bien à réfléchir correctement. Il ressent ce besoin d’aller dans l’eau jusqu’au fond de ses tripes et rien n’y change. Pas même un séjour à la montagne, à glisser sur la neige. Ce n’est pas comparable au soleil, aux gouttelettes qui sèchent sur son derme, et à ce petit goût salé. Alors, quand il apprend par Delilah que les vagues ne sont pas au rendez-vous en cette journée, sa première réaction est d’être quelque peu déçue. Cela ne dure jamais avec lui, aussitôt, il voit le bon côté des choses. C’est l’occasion de boire un verre et de prendre le temps de discuter avec une amie. Qui plus est, avec vue sur la plage, que demander de mieux. La planche de surf reste dans le garage alors qu’il prend sa voiture pour se rendre chez son amie. Demain, il tentera, tant pis. Musique country sortant du poste du véhicule, le blond pianote des doigts sur le volant, battant la mesure. Il apprécie de voir Delilah dans le sens où ils discutent toujours de tout et de rien, sans prise de tête. Ils adorent tous les deux surfer donc le sujet principal est souvent cette passion commune, mais ils aiment également juste se retrouver autour d’un bon verre. D’ailleurs, juste avant de partir, il a dû faire rapidement demi-tour, manquant d'oublier la bouteille de vin. Ce n’est pas comme si quelques minutes auparavant, il vient de dire qu’il en ramène une, invitant la jeune femme à ne pas en sortir une. Parfois, sa tête est ailleurs, il ne sait pas trop pourquoi. Quand il se gare devant la maison, il n’oublie pas cette fois de récupérer la bouteille sur le siège passager du véhicule. à grandes enjambées, il couvre la distance jusqu’à la porte d’entrée. Quelques coups portés sur le battant. - C’est ton livreur de vin préféré balance-t-il d’une voix assez forte pour être entendue de l’autre côté. Il sait que Hendrick et Timothy ne sont pas présents alors il ne craint pas de s'annoncer. Si le courant passe bien avec le petit garçon, tout comme avec sa mère, cela lui semble parfois plus compliqué avec l’homme de la famille, sans qu’il n’arrive à mettre une explication sur la raison.