ghost of past (Kalen)

Faith rongeait son frein, avec la vague impression que rien n’était réellement fait pour retrouver sa demi-sœur. Elle se souvenait du regard que lui avait lancé un officier lorsqu’elle était venue s’enquérir une fois de plus de l’avancée de l’enquête. Les jours passaient, et Bailey n’avait toujours pas réapparue. Faith n’était pas naïve, et se doutait bien que ce n’était pas bon signe du tout. Finirait-elle seulement un jour par savoir ce qui était réellement arrivé à la jeune femme ? En attendant, elle se retrouvait avec la petite Hope sous sa responsabilité, pour une durée finalement indéterminée. Faith s’était trouvée alors face à un choix. Voire même plusieurs. Soit rester à Oceanside tant qu’elle n’en saurait pas plus, et ainsi éviter de perturber encore plus sa « nièce » avec un changement de ville et d’école, soit retourner à Seattle, avec la petite fille, afin de retrouver sa vie « d’avant ». Elle en avait longuement discuté avec Meredith, sa cousine, avant de tomber d’accord : elle allait rester à Oceanside. Peu importe le temps qu’elle devrait rester. Mais pour se faire, elle avait du louer une maison, pour le bien être de la petite, et elle-même incapable de retourner dans la demeure de son enfance. Maintenant, elle allait également devoir travailler, afin de conserver un salaire digne de ce nom. Car ses congés n’étaient pas éternels à Seattle, et elle ne pouvait rester sans revenus.

C’est ainsi, que Faith se retrouva à postuler là où elle savait qu’elle aurait sa place et serait utile. La chance au moins lui souriait de ce côté-là, puisqu’elle avait désormais sa place de thérapeute au sein d’une clinique, et en parallèle, le département de police de Seattle où elle exerçait jusque lors lui conseilla de demander à faire transférer son poste de consultante chez eux au district le plus près de sa nouvelle adresse : le district 21. C’est ainsi donc qu’elle avait l’honneur ce jour là de franchir le seuil de la porte d’entrée du central non pas en tant que visiteuse en quête de nouvelles mais comme la professionnelle venant proposer ses services de consultante. Et pour se faire, elle avait la ferme intention de demander une entrevue avec le capitaine du district, un dénommé Kalen Sandberg. Une fois de plus, elle se présenta à l’accueil, où la standardiste commença à lui lancer un regard un tantinet agacé. Puis de froncer les sourcils lorsque Faith lui exposa la raison de sa venue. Pour une fois, pas de Bailey. A sa demande de rencontrer le capitaine Sandberg, la standardiste alla se renseigner avant de revenir vers elle quelques minutes plus tard. « Le capitaine va vous recevoir. Troisième porte couloir de gauche. » lui dit-elle succinctement tout en désignant d’un geste du bras la direction. Faith la remercia, puis se dirigea vers le bureau indiqué. La porte était entrouverte, mais Faith frappa tout de même pour signaler sa présence, avant de se mettre dans l’encart. C’est alors qu’elle le vit. C’était improbable, impossible. D’autant plus improbable que même le nom inscrit sur sa plaque ne correspondait pas. Et pourtant… Stupéfaite, elle croisa son regard, et ne put masquer sa surprise. « Silas ? »

Un peu plus de deux semaines, quasiment trois que le bureau du capitaine du district 21 est occupé par une nouvelle tête. Le brun qui a décroché ce poste est encore en phase découverte, même s'il peut affirmer qu'il a déjà pris quelques habitudes. La première, c'est d'installer une machine à café dans son bureau. L'avantage d'être désormais le plus gradé. Il a son propre bureau, avec une porte qui se ferme, et assez d'espace pour accueillir l'une de ses addictions, à savoir le café. Une seconde addiction, c'est la nourriture. On le croise régulièrement devant un distributeur pour s'acheter une barre chocolatée à un prix beaucoup trop important pour ce qu'elle vaut, aussi bien en qualité qu'en goût. Cette journée est une exception, pour une fois il a pris le temps de s'arrêter, pour amener avec lui deux boites en carton. La première terminant sur la table de la salle de repos, alors que la seconde est posée à même son bureau. Boite ouverte, mauvaise idée car plutôt que de se concentrer sur la paperasse qu'il est censé rédiger, ses opales dévient régulièrement sur le contenu de la boite en carton. Il se retient de manger un donut, cela ne serait pas le premier qui terminerait tristement dans son ventre. Il en a déjà avalé deux avant de se fixer en objectif de terminer cette fichue paperasse avant le suivant. Il détourne son regard de la boite, la pousse un peu de la main sur le bord du bureau, lâchant un petit soupir au passage.

Le siège sur roulettes pivote et ses prunelles se fixent un instant sur le grand poster ornant l'un des murs tristes de la pièce. Ce fameux poster d'une célèbre série avec une soucoupe volante et les mots "I want to believe". Vieillerie datant de son entrée au bureau fédéral d'investigation, gardée durant longtemps dans un carton avant qu'il  ne se décide à le ressortir. Il trouve que le papier a son charme même s'il est à présent usé par le temps. Il ne doute pas une seconde que ce poster doit en faire parler quelques uns dans le poste, et c'est sans doute le but recherché. Fixer une attention ailleurs, vers des énigmes pour ne pas être tenté de se fixer sur une autre qui se trouve juste devant leur nez. Il se souvient que certains l'ont regardé bizarrement la première fois qu'il a discuté avec Morris. Conversation qui a duré une dizaine de minutes. Un autre jour de la semaine, une nouvelle discussion entre les deux, un peu plus longue. Durant la quatrième conversation entre les deux hommes, Morris a dit quelque chose qui a fait rire le capitaine. Cette fois, il a aperçu un regard. Sûrement qu'on le prenait pour l'extraterrestre à bord de la soucoupe volante du poster de son bureau. Lui seul comprend la raison pour laquelle il s'intéresse à Morris, et il se garde bien d'éclaircir les esprits sur le sujet.

Il se rend compte qu'il a dévié encore de l'écran, cette fois pour rêvasser. Il est temps de s'y remettre, alors il recentre son attention. Cela ne dure que trois minutes avant que le téléphone de son bureau ne retentisse, l'arrachant à l'écran. L'officier de police en charge de l'accueil ce jour là, annonce l'arrivée d'une personne pour un poste de consultant. Un truc dans le genre. Il fait vaguement le rapprochement avec un mail de recommandation en provenance de Seattle. La vérité, c'est qu'il a vu passé le mail, a lu le début sans aller jusqu'au bout, ayant des choses plus urgentes sur le moment à faire. Peut-être qu'il aurait dû aller jusqu'à la fin du mail. Il aurait alors su le nom de la personne se présentant à lui. Alors que là, il se contente de répondre vaguement de faire venir cette femme dans son bureau, en se replongeant aussitôt sur l'écran de son ordinateur. Il ne pense plus à la boite de donuts, et c'est un bon début. Ce qui l'est moins, c'est son corps qui se fige à l'écoute d'un prénom surgissant du passé. Ce n'est pas la voix de sa soeur, encore moins celle de sa mère. Sa famille a pris l'habitude de le nommer Kalen depuis désormais quatre ans. Plus personne ne l'appelle Silas, ou c'est très rare et uniquement en comité restreint, c'est à dire dans le cadre de sa vie privée.

Opales qui décrochent de l'écran pour se poser sur la silhouette d'une femme blonde, abattant d'un seul coup les barrières d'un passé. Il lui faut quelques secondes pour réagir, réaliser ce qui se passe. Quand il s'en rend compte, il n'hésite pas et se lève, sans un mot. Il s'approche de la jeune femme, pose une main sur son poignet et l'entraîne d'autorité dans son bureau. Puis, il referme la porte derrière lui. Première fois qu'il le fait depuis sa prise de fonction. Il ne s'arrête pas là, et déjà il baisse les lamelles des stores pour qu'on ne puisse pas les observer. Ce n'est qu'après tout ceci, qu'il se tourne enfin vers cette femme certainement abasourdie par sa réaction. - Faith.. Quelle surprise de te voir ici..! Les probabilités sont faibles et pourtant... Elles sont contre lui. Quel pourcentage peut-on lui donner pour que cette femme, une consultante de la police de Seattle, avec qui il a travaillé sur quelques enquêtes durant son époque au FBI, avec qui même il est sorti brièvement, sorte du chapeau de son passé pour se présenter pour un poste de consultante dans son district. Qu'on lui donne le pourcentage de ce cauchemar, car sa première réaction, c'est de le voir ainsi. Tel un cauchemar avec un risque élevé pour lui.


@Faith Frye

Faith demeura plantée là, dans l’entrée, encore abasourdie de sa découverte. Le capitaine Kalen Sandberg était en réalité Silas Bradford ? Cela paraissait tellement irréel et pourtant… Avant qu’elle ne puisse ajouter quoi que ce soit, il était debout, venant lui attraper le poignet  doucement mais fermement, l’attirant dans son bureau et refermant la porte la porte sur eux. Il agit si vite que Faith resta interdite, alors qu’il abaissait les stores, avant de formuler son propre étonnement de la trouver là, de vive voix. « Surprise partagée. » répondit-elle à mi-voix, retrouvant l’usage de la parole. Silas et elle s’étaient connus quelques années en arrière, à Seattle. A cette époque, il faisait parti du FBI, et était venu en renfort sur une affaire dans laquelle elle-même œuvrait en tant que consultante. L’alchimie entre eux avait été instantanée, et ils avaient eu une liaison. Ensuite, il était rentré chez lui et chacun avait repris sa propre existence. Faith devait admettre qu’elle avait toujours conservé un souvenir nostalgique de leur relation aussi brève fut elle.

Toujours est-il qu’il se trouvait actuellement en face d’elle mais sous un nom différent de celui qu’elle connaissait. S’agissait-il d’une nouvelle mission sois couverture ? Pourquoi le FBI chercherait il à infiltrée un poste de police ? Alors pourquoi cette identité différente ? Était-il entré dans un programme de protection des témoins ? Bras croisés, Faith le toisa d’un regard circonspect. « Kalen Sandberg, hein ? » ironisa-t-elle malgré elle. Bon sang, cette situation était vraiment complètement folle ! Elle se passa une main dans les cheveux, repoussant quelques mèches rebelles. « Est-ce que j’ai le droit à une explication ? C’est vraiment toi le capitaine de ce district ? Enfin… Kalen ou Silas…. Je t’avouerais que je suis un peu perdue là…. » Et que Diable fabriquait il à Oceanside ? Reprenant peu à peu ses esprits, elle le regarda plus attentivement. Il n’avait guère changé hormis peut être quelques petites rides d’expressions sur le visage qu’il n’avait pas dans le passé. Toujours est-il qu’il était toujours aussi séduisant. Calme toi ma vieille,  c’est pas le moment… se tança-t-elle intérieurement. Elle avait bien d’autres chats à fouetter entre la disparition de Bailey et la responsabilité de la petite Hope qu’elle devait assumer désormais. « Je…. Que fais-tu donc à Oceanside, sous un autre nom ? » Elle n’était pas légitime à exiger des réponses, mais sous le joug de la surprise, les questions fusaient entre ses lèvres sans qu’elle ne cherche à les retenir. Libre à lui de lui répondre ou non ensuite.

Une bribe de son passé se tient face à lui. Même s'il a réagi rapidement, il peine encore un peu à se remettre de cette apparition à laquelle il ne s'attendait pas du tout. Surtout qu'il y a de nombreux kilomètres entre Seattle et Oceanside. Et qu'il y a également plusieurs districts au sein même de la ville. Alors pourquoi le sien ? Il se demande à cet instant si c'est une simple coïncidence ou si une information a fuité, amenant cette femme à se trouver désormais face à lui. Elle semble pourtant interloquée également de le voir apparaître sous un autre nom, il la voit sincère, ou alors elle est très bonne comédienne. Elle prononce son nouveau nom comme si cela semble être une blague, et pourtant, ça ne l'est pas. Voici quatre ans que son identité a été changée, légalement. Son dossier a été verrouillé, peu de personnes y ont accès. Il fait quelques pas dans son bureau, incapable de reprendre place dans son siège. Ne disant rien car il ne sait pas encore comment traiter tout ceci ni comment réagir. Il va devoir pourtant le faire vite, tout comme prendre une décision car déjà les questions commencent à pleuvoir. - Je suis vraiment le capitaine de ce district oui, depuis moins d'un mois. Voici une information réelle qu'il échappe rapidement car elle n'est que vérité. Reste à savoir s'il peut lui révéler le reste, à savoir l'explication sur son changement d'identité, et les raisons qui font qu'il se trouve désormais dans cette ville et non plus à Salt Lake City. Toujours en train de faire les cent pas dans son bureau, passant d'un côté puis de l'autre de Faith, il finit au bout de quelques secondes par s'arrêter pour lui faire face. Pensif. Hésitant. Bouche qui s'ouvre pour finalement se fermer. Il finit par pousser un profond soupir. - Je vis à Oceanside depuis quatre ans, et comme tu peux le constater, je suis dans la police à présent et non plus le FBI.. Il marque une pause, indécis sur ce qu'il peut ou doit demander. - Si tu peux garder cette information pour toi, personne ne connaît mon passé avant la police... Sauf quelques rares personnes... Inutile de préciser que celles-ci appartiennent soit à son cercle familiale, soit elles font parti du bureau. Reste le plus gros point, celui qui doit se faire poser le plus de question, c'est à dire son identité. Et là, en y songeant, il se pince les lèvres. Non, il ne peut rien dire sur le pourquoi du comment. Il a une pensée pour sa mère, son beau-père et sa demi-soeur. Davantage que sa propre protection, il songe à la leur. Tout ceci va lui procurer un mal de tête rapide, qui va germer et s'implanter telle une fusée sans réussir à le ralentir. - Veux-tu un café ? Autant se mettre à l'aise, il semble que cette discussion ne va pas se dérouler comme prévu pour le moment, à savoir que c'est censé être un entretien pour un poste de consultant au sein de son district. Et s'il est honnête avec lui, sa première pensée est de refuser de lui pourvoir ce poste, pour l'éloigner au maximum de lui, même si une petite voix tente de lui souffler qu'il peut lui faire confiance, qu'elle ne peut pas avoir changé malgré les années et qu'elle gardera le silence.

@Faith Frye