nice ride, man — kalen

Une chose qu'il peut se permettre depuis qu'il vit en Californie, c'est de rouler toute l'année en deux roues. Voici à présent quelques années qu'il possède sa moto et il ne s'en lasse pas de l'utiliser pour ses déplacements. Sa voiture n'est pas vendue, elle dort à l'année dans le garage de sa mère et de son beau-père. Cela ne semble pas les déranger jusque présent, et tant qu'ils ne mettent pas le sujet sur le tapis, lui non plus ne le fait. Lorsqu'il a besoin pour des courses, ou autres, bien souvent il se fait livrer, ou alors il emprunte la voiture de sa mère qu'il ramène avec le plein. Étrange, mais cela lui évite d'ouvrir le garage, et de retirer la couverture sur la sienne. Au fil de ses trajets en deux roues, il a l'habitude de croiser quelques fois toujours les mêmes motards. A force, ils se saluent. Pour la plupart, il a conscience qu'ils fréquentent un motorcycle club devant lequel il passe régulièrement. Jamais il ne s'est arrêté, pour diverses raisons, dont une étant en haut de liste qu'il appartient aux forces de l'ordre et que rien qu'à cause de cette information, on le regardera de travers, dès le début. Certains motards, un en particulier le fait sourire sous son casque quand il le croise. A plusieurs reprises, il lui a fait signe pour lui indiquer la présence de policiers sur son trajet. Évidemment, il ne sait pas qu'il s'est arrêté à certains points de contrôle, non car on lui faisait signe, mais juste pour saluer un policier qu'il connaît. En cette nuit, il rentre tardivement. Un dossier le préoccupe et il est resté tard au poste. Quand il s'est décidé à quitter, il a su qu'il serait incapable de rentrer directement dormir. Alors il s'est décidé pour une virée assez longue sur sa bécane. Bien sûr, il n'a pas eu de problème d'essence en cours de route, c'est son ventre qui se rappelle à son bon souvenir. A force de grignoter à longueur de la journée, la nuit est arrivée sans repas complet dans son estomac. Il décide alors de s'arrêter rapidement à une station. Bouteille de soda, paquet de chips, sandwich industriel, et des bonbons. Ce n'est pas un chouette dîner mais cela fera l'affaire pour ce soir-là, comme pour beaucoup de soirs en réalité. Il s'avance vers le comptoir pour payer quand une silhouette l'apostrophe. - Elle est à moi oui. Je suis mal garé ? Il ne lui semble pas du tout mais sait-on jamais. Avec la journée de travail et la fatigue, il n'est pas à l'abri de s'être mis un peu de travers, gênant un autre véhicule, même à cette heure tardive. Il remarque alors sa tenue, et se dit qu'il est également un motard. - On s'est déjà croisé ?

Les divers emballages sont posés sur le comptoir. Le temps que l'hôte de caisse scanne le tout, une discussion démarre entre Kalen et cet inconnu. Qui ne l'est pas tant que ça en réalité. Il le rassure sur le fait qu'il n'est pas mal garé, ce qui aurait été un comble à cette heure-ci. Une petite illumination apparaît dans le cerveau du policier à la mention de la Triumph. - Ah oui, on se fait signe de temps en temps. La bécane de cet homme est plutôt facilement reconnaissable à chaque fois qu'il la croise. Il y a de nombreux motards mais ceux dont il est capable d'identifier la moto se comptent sur les doigts d'une main. Pour les autres, ils se fondent un peu dans la masse. Étonnant d'ailleurs que ça ne soit pas son propre cas avec sa suzuki 750 gsx de 2019. Il l'a choisi en noir et blanc, préférant ces couleurs à un bleu trop tape à l'oeil à son goût. Sûrement qu'il devrait la changer pour un modèle plus récent, mais il l'aime bien et il n'est pas forcément ce genre de motards à avoir toujours la dernière moto sortie. Il tend sa main pour serrer celle de l'autre. - C'est vrai qu'on a l'habitude de se croiser sur la route. L'autre homme lui annoncer une somme pour ses courses et il sort quelques billets de sa poche pour les lui donner. - Vu que c'est enfin l'occasion, autant se présenter. Kalen, ça te donne un nom à mettre sur celui qui conduit la bécane. Il récupère la monnaie, remercie l'hôte de caisse et rendre les quelques pièces dans sa poche. - Au fait merci pour les fois que tu m'avertis des contrôles. Même si en vérité, il n'en a pas vraiment besoin, mais ça, l'autre n'est pas censé le savoir.

Courses payées, chacun tient un sac dans une main. A l'entente du nom de l'homme, il se dit qu'il ne doit pas y avoir de nombreux hommes qui portent ce nom, et s'il a un casier, il le saura rapidement. Ceci, c'est s'il compte faire une recherche à son sujet, ce qui n'est pas d'actualité, en tout cas pour le moment. - C'est peu commun Zusman, ça vient d'où ? demande-t-il, une pointe de curiosité prenant le dessus. Non qu'il souhaite entrer dans la vie privée de cet inconnu, mais ce n'est pas un mal que la question qu'il pose. Ou alors ça l'est et son passé au bureau fédéral et son présent au sein de la police le conditionnent un peu pour agir de la sorte. Il n'est pas le seul à interroger. - Seulement quatre ans. Je n'ai pas eu la chance de naître et grandir dans cette ville. Mais je m'y plais, c'est l'essentiel. Il hausse légèrement les épaules, passant sous silence un bon nombre d'informations. Comme le fait que sa mère vit dans cette ville. Son beau-père également. Sa soeur. Son instinct le pousse toujours à rester discret à propos de sa vie privée, sûrement encore une déformation professionnelle. - Et toi, tu es d'ici ? Il renvoie la question à son interlocuteur, juste avant d'ouvrir la porte, pour le laisser passer et sortir en premier de la boutique. L'air frais de la nuit frappe une nouvelle fois son visage, et il aime cette sensation. Surtout le semblant de calme, la circulation devenant rare les heures nocturnes avançant. Les deux motos sont garées à proximité et il s'approche, s'accordant un peu de temps pour observer la fameuse Triumph d'un peu plus près. Chose qu'il n'a jamais eu l'occasion de faire jusqu'à présent, puisqu'ils ne faisaient que se croiser. - C'est vraiment une belle bécane que cette Triumph.. souffle-t-il un brin admiratif.