you kill me on the moon. (onyx).

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Ils vont me rendre chèvre, c’est officiel. Je les aime, ça, c’est une chose qui est certaine mais vraiment, je suis certaine qu’ils se sont tous ligués contre moi. De toute façon c’est pas possible autrement. Résultat de tout ça ? Ahahahah, c’est très simple, asseyez-vous et laissez-moi vous expliquer.
Ça commençait très bien pourtant, ma mère m’avait suggéré de commencer à préparer une annonce pour une recherche de saisonnier afin de m’aider dans les animations. Autant vous dire, qu’avec moi, ça ne traîne pas. Les pieds sous la table avec la famille, les discussions allaient bon train, les chamailleries aussi. Jusqu’au drame. Au fait, Kinaï, t’as oublié que t’es du côté employeur, j’ai vu ton annonce pour cet été. Ça va pas du tout. Il est là, le problème. L’aîné dans toute sa splendeur. Vous me connaissez, j’ai explosé. Littéralement. Je l’ai envoyé paître comme j’en ai l’habitude – retenez quand même que je l’aime, ça reste mon frère hein – et je suis partie. L’envie de monter dans un avion me démange depuis. Ok, habituellement, c’est une sensation que j’adore mais là… C’est de la frustration parce que mon compte bancaire road-trip est à sec. Même si j’ai envie de m'envoler, ben je peux pas. ARGH !
J'erre dans les rues d’Oceanside, mains dans les poches, je regarde autour de moi sans savoir vraiment où aller. Je laisse clairement mes jambes me guider, m’entraîner à travers les chemins et les rues. Il me semble que je marche presque une heure. J’avais pas envie de prendre la voiture, j’aurais pu faire une connerie avec l’énervement et je voulais pas prendre le risque.
Je m’arrête devant un bâtiment et sans même regarder l’enseigne, je pousse la porte. L’air ambiant m’arrive en pleine face. Rire, joie, ivresse, tout y est. Ouais, c’est bien de ça que j’avais besoin. Il ne me faut que quelques minutes à peine pour retrouver ma bonne humeur, en fait, juste le temps de commander une bonne bière. Le temps de la boire, je suis attablée avec un groupe, mélange d’habitants du coin et… d’ailleurs – barrière de la langue oblige – j’ai même pas cherché à les comprendre, ils m’ont saluée je me suis installée. Simple mais rien de plus efficace pour faire de bonnes rencontres.
Deux heures et quatre bières plus tard, je suis à deux doigts d’appeler ses gars – pas retenu tous les prénoms en dehors d’un Levi (je crois) – mes meilleurs amis. Je suis debout sur ma chaise à rire en racontant comment j’ai attaché cet abruti d’Onyx avant de revenir ici. Il n’avait qu'à pas me tromper. Sauf qu’en prise dans l’engouement de la conversation – et un peu d’ivresse aussi – je bascule. Ahah, merde. Je mouline des bras dans le vent, comme si ça allait inverser le temps mais rien à faire. Rire mélangé à un cri à moitié étouffé, j’attends de toucher le sol mais rien ne vient. En revanche, des bras me retiennent. Note à moi-même : offrir une bonne bière à mon sauveur. La vache ! Merci ! Je ris de bon cœur – l’embrouille familiale est déjà loin derrière moi – je retrouve mon équilibre et je lance, guillerette, en me retournant On peut dire que je suis littéralement tombé dans tes br… ma couleur quitte mon visage. Ahah, l’ironie du sort. Onyx. Je suis à deux doigts de grincer des dents tant je les serre.

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Longue journée de travail dans le garage, nez passé sous les capots. Mains toujours noircies, bien qu'elles sont régulièrement lavées. Quand il retire sa tenue de travail ce soir-là, le mécanicien est éreinté. Son corps réclame de s'allonger et du sommeil. Sa tête, c'est une autre histoire. Il ne rentre pas chez lui. Vieux pick up qui se gare non loin de son domicile. Carcasse qui s'en extirpe pour se rendre dans un café restaurant qui reste ouvert toute la nuit. Il s'y rend régulièrement, en fait, tant que son compte bancaire le lui permet. Installé sur une banquette, il commande son plat habituel, accompagné d'une bière. Sa jambe se rappelle à son bon souvenir. Il la masse un peu sous la table, en attendant sa commande. Il reste dans ce petit restaurant un certain temps. Pour manger, mais également pour discuter un peu avec la serveuse avec qui il a sympathisé à force de venir. Le temps défile, puis il se décide enfin à payer l'addition avant de sortir de l'établissement. Il n'a pas envie de rentrer, malgré la jambe, malgré la fatigue de son corps. Alors, il se force à marcher un peu, jusqu'à un bar, pour quelques verres supplémentaires. De quoi endormir la douleur, ou du moins le faire penser à autre chose. Il entre dans l'établissement, dans lequel, il y a foule, comme souvent, se dirige aussitôt vers le comptoir, connaissant le chemin. Breuvage commandé, médicament inutile, pas besoin de lui dire, il le sait. Bière en main, un petit groupe attire son attention. Du moins, une silhouette féminine, debout sur une chaise. Elle lui semble familière, mais il doit se tromper. Il se rapproche, ne s'excusant pas au passage auprès d'une personne qu'il bouscule. Il n'écoute pas le discours de la jeune femme. Sa tête se relève vers elle, mais il n'a pas le temps de la détailler davantage qu'elle bascule. Par réflexe il tend un bras pour la réceptionner. Hors de question de lâcher sa bière pour une inconnue. Elle lui tourne le dos, son bras la relâche et alors qu'elle se retourne, il la reconnaît. Kinaï, la racaille. Stupeur également de l'autre côté. - Si j'avais sû que c'était toi, je t'aurais laissée te vautrer, sans aucun remord. J'aurais même apprécié le spectacle. Mots fusant entre les dents du grand brun. Il se souvient encore de la dernière fois qu'ils se sont vus. De ce qu'elle a fait. Ce n'est plus d'une bière qu'il a besoin, mais d'un fût entier à présent. Il porte le goulot de la bouteille à ses lèvres et boit une gorgée, fixant la jeune femme. Puis, il tourne les talons, comme si elle n'existe pas. ça sera le cas s'il y pense très fort, elle va disparaître, sans exister. Et l'alcool va l'aider à oublier cette stupidité qu'elle se trouve à Oceanside. Dans SA ville.

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Ok, c’est vrai. J’aurais pu rentrer au camping depuis bien longtemps. Tout simplement parce que j’ai besoin de voir mon frère pour lui dire que je m’excuse et le prendre dans mes bras. Et aussi m’excuser auprès de ma mère. Même si elle dit rien, je sais que je lui ai fait du mal et ça me tord les tripes rien que d’y penser. Pourtant, je suis encore là. Surement besoin de décompresser plus que ce que j’imaginais. Et j’ai bu aussi, je pense que ça ralentit aussi beaucoup mes décisions. Alors je suis là. Je raconte ma vie à ce groupe d’inconnus sans même savoir s’ils comprennent un traître mot de ce que je raconte, je sais même pas s’il viennent d’un pays anglophone. Est-ce qu’ils ont au moins des notions d’anglais ? Va savoir…
Mais ce qui me fait le plus rire reste encore ma chute. Parce qu’elle est ridicule, évidemment. Et aussi parce que je ne me suis pas complètement écrasée au sol tel un déchet ambulant – mon Dieu heureusement ! – Mais l’ascenseur émotionnel est là. Ah ben terminé l’ivresse passagère. Onyx est devant moi, en chair et en os. Et hop, je bouillonne à nouveau. Bien qu’il n'ait pas l’air beaucoup plus ravi que moi de me voir, il me crache ses mots à la figure comme si c’était moi la fautive dans l’histoire ! La définition même du culot ! Je serre les dents plus fort encore. Kinaï, ne casse rien dans ce bar. 1. on va te jeter dehors. 2. Tu n’auras plus le droit de revenir ici.3. Putain ils vont te demander de payer ! Les deux premières raisons sont belles et bien passées à la trappe. Seule la dernière me rappelle que le pays est régi… Par une loi.
Hééé, mais il ose me tourner le dos en plus ? Onyx !!! Reviens ici, ne me tourne pas le dos !! Et voilà… C’est reparti. C’est quoi ton problème ? T’as besoin que je te rafraichisse la mémoire ? Je le contourne pour lui faire face, les bras sur ma poitrine, il a beau être plus grand que moi, plus costaud aussi – J’ai beau avoir un coup dans le nez, je sais être réaliste quand même –, j’ai pas peur de lui faire face. Je relève le menton, les yeux noirs, je pointe mon index sur son torse. C’est toi qui à déconné le premier ! Je t’ai juste rendu la monnaie de ta pièce ! Toi tu m’as fait mal. Moi je t’ai juste attaché à un putain de lit ! Tu pourrais même me remercier pour ça. J’aurais bien envie de le rajouter, mais je ne dis rien. Je suis peut-être un peu folle sur les bords mais je suis ne suis pas non plus complètement inconsciente. Je sais qu’à tout moment, Onyx pourrait me soulever pour me décaler. Peut-être même avec seulement un petit doigt s’il le voulait. J’ai beau avoir grandi avec quatre frères, je suis sûrement un peu plus forte que les femmes ordinaires, mais je m’appelle pas encore Hulk. Ou Wonder Woman. Ou je-ne-sais quel autre super héros d’un quelconque comics.
Et c’est là que je m’en rends compte.
Le silence.
C’est calme, beaucoup trop. Je me risque à jeter un coup d'œil autour de nous. Les discussions et les plaisanteries ont cessé. Tous nous regardent avec des yeux aussi ronds que des soucoupes. Et merde… Si ça remonte aux oreilles de l’aîné, je suis foutue… Et toujours pas les ronds pour partir à l’autre bout du monde si ça vire au désastre.

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Combien d'années sans voir ce visage féminin ? Six années, peut-être sept ? Il sait que c'est avant son accident qui l'a fait revenir à Oceanside. Il sait également que c'est donc avant que la folie des tatouages ne s'empare de son corps. A l'époque, sa coupe de cheveux était plus courte également, du moins il lui semble. Quant à Kinaï, honnêtement il est bien incapable de dire ce qui a changé chez elle. Pour pouvoir le faire, il faudrait déjà qu'il l'observe plus attentivement, et ce n'est pas ce qu'il fait. C'est même tout le contraire. Regard sombre qui se détourne de la belle. Il regrette de l'avoir empêchée de s'écrouler et de se donner en spectacle en plein milieu de ce bar. Il avance, lentement, en boîtant. Bière à la main qu'il porte à ses lèvres. Fin de leur brève rencontre. Pas vraiment, la voici qui revient à la charge. Pire qu'un taureau, pourtant il ne porte rien avec du rouge. Faut croire que c'est dans la nature de la demoiselle que de retourner le couteau dans la plaie. Mais y-a-t'il réellement une plaie ? Haussement d'épaules à son invitation à revenir, elle peut rêver, il ne l'écoutera pas. Histoire terminée il y a longtemps dans un autre état. Sa mémoire est bonne alors que lui veut-elle la petite teigne ? C'est ce à quoi elle lui fait penser en se tenant face à lui, bras croisés sur sa poitrine. Petit bout de femme qui tient tête au colosse qu'il est. Vraiment, l'alcool ce n'est pas donné à tout le monde de le supporter. Cela fait agir stupidement chez certains, dont elle. Et voici qu'elle se plaint. Pauvre petite fille. Certes, c'est lui qui a déconné. Il ne s'est même pas excusé de ce qu'il a fait. Il ne le fera jamais vu comme elle a agi par la suite. Il l'écoute car il n'a guère le choix, jusqu'à ce qu'elle arrête enfin de jacasser. - Qui dit que tu ne m'as pas fait de mal ? balance-t-il finalement, arquant un sourcil. Nouvelle gorgée de bière qui descend dans la gorge. Il entend la musique du bar qui flotte autour d'eux. Par contre, pour le reste, c'est étrangement silencieux. Conversations qui se sont tues à proximité. Les clients les observent. Pour son plus grand déplaisir car il déteste se donner en spectacle. Merci à cette racaille. Et pour la peine, il ne va pas prendre de gants avec elle. - Dis moi Kinaï... Sais-tu combien de temps je suis resté attaché à ce lit...? Ce que j'ai du faire pour m'en libérer..? Est-ce que ça ne t'étonne pas que je boite ? Je devrais te dire merci peut-être pour cela. Il y va fort. Tant pis. C'est mérité. Qu'elle culpabilise, c'est de bonne guerre. Et même si elle est plus rapide que lui, il la contourne, non désireux de rester dans ce bar, et prend la direction de la sortie. Hors de question de se donner davantage en spectacle, leur histoire ne regarde personne qu'eux. Et puis, de toute manière, il y a une part de mensonges dans ses révélations, mais ça, elle ne le sait pas.

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Des années, c'est tout ce dont je suis sûr. Des années que j’ai laissé ce grand dadet d’Onyx Rake poser ses sales pattes sur moi. Plus j’y réfléchi, plus je me dis que j’étais bien naïve à cette époque. Ou alors il a une poupée vaudou à mon effigie et il s’était éclaté à me faire tomber sous son charme parce qu’en dehors de sa beauté physique indéniable, cet homme est un rustre. Un goujat. Oh ce n’est pas ce que je pensais avant. Jusqu’à le voir se comporter en société, comme ce soir. On dirait tout bonnement un homme des cavernes. Prostré dans son coin, ne parle à personne si ce n’est à la serveuse pour commander sa bière. Un goujat qui a tenté de se faire la malle dès qu’il m’a reconnu. J’ai explosé. Trop vite, je veux bien l’admettre mais certainement pas devant lui. Je resterais mauvaise langue devant Onyx, je refuse de m’adoucir parce que lui ne le fera pas, c’est indéniable. C’est con, j’avais espéré qu’il serait peut-être mon ancre pendant mes moments de dérive quand on avait commencé à sortir ensemble. Des caractères plutôt opposés mais tellement bien ensemble. Enfin, c’est ce que je croyais.
Je plisse les yeux, méfiante quand je le regarde, quand je l’écoute. Quand s’est-il fait ses tatouages ? Mais il a un sacré culot à dire que c’est moi qui lui ai fait mal !! Pardon ?? Au pire je t’ai blessé dans ton égo surdimensionné d’homme alpha !! Goujat !! Les liens étaient pas si serrés que ça ! Je suis pas une tortionnaire ! Il s’est rendu compte, lui aussi, du calme qui règne autour de nous. Si moi je m’en cogne royalement, je connais suffisamment la montagne de muscle qui me fait face pour savoir qu’à lui… ça lui déplaît. Énormément. Pourtant je ne me démonte pas, je garde le menton relevé et l’écoute encore, même si je fais genre que je m’en fou. Après tout, c’est clairement le cas : il a pu rester attaché des heures entières, je m’en tape. Ce qu’il a dû faire pour se libérer des liens ? J’espère juste qu’il a dû crier comme une fillette. Il boîte ??? Mes yeux s’arrondissent et la honte s’insinue dans mes veines. Je le regarde partir, carrément sur le cul au point de laisser mes bras retombent le long de mon corps. J’y avais été si fort que ça ? Impossible ! Mes yeux glissent sur son dos puis ses jambes, sa jambe. J’en rougis tellement j’ai honte. Il ne me mène pas en bateau, il boîte réellement. Ben merde alors…
Avant même que je ne réalise, Onyx a passé la porte. Le groupe dans lequel je m’étais fait une place s’égosille à nouveau derrière moi, m’appelle mais je ne réponds pas. Ok, je sais que j’ai le sang chaud parfois -tout le temps- mais je ne suis pas comme ça. Blesser les autres, c’est pas moi. Je me met à courir telle une dératée, posant le pied sur le trottoir je le cherche du regard. Onyx Rake ! Je suis un cliché ambulant mais je m’en cogne. Je reviens à la charge, me mettant à sa hauteur -façon de parler. Me plante pas comme ça après m’avoir balancé ça !! Mes mains posées sur ses épaules, je ne lui laisse pas le choix de viser son derrière sur une chaise qui traîne. La honte toujours marquée sur ma tête. C’est vraiment à cause de moi ta jambe… ? Finit de hurler, remplacée par une petite voix, identique à celle d’un enfant prit en faute, je baisse les yeux.
Je déteste me sentir comme ça. Onyx Rake, t’es mon pire cauchemar.

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La douleur revêt des habits différents. Douleur physique. Douleur mentale. Bien difficile de déterminer laquelle est la plus tenace car elle est propre à chaque personne, à la manière de la percevoir, de l'affronter, et surtout de passer outre. La petite racaille marque un point. Elle a touché son ego à l'époque. Sûrement pour cette raison que celui actuel réagit si vivement. Qu'il remet en doute la véracité de ses mots, semant sans même qu'elle ne s'en rende compte encore cette petite graine du doute. Une fois implantée, elle va grandir. Et lui, tout ce qu'il lui reste à faire, c'est d'actionner la suite. Petit bouton déclencheur. Il ne se gêne pas pour déballer des mots, certains bien loin de la vérité. Ce n'est que lorsqu'il juge que c'est suffisant, enfin c'est surtout sa contrariété d'attirer l'attention, qu'il contourne la jeune femme pour sortir du bar. Avançant à son propre rythme, sûrement sous des regards curieux, qui n'ont rien de mieux à faire que de suivre une petite altercation car la vie de leur propriétaire est bien trop terne. Alors, autant se délecter du spectacle donné par d'autres. Porte franchie, l'air frais de la nuit frappe de nouveau son visage, pour son plus grand plaisir. Il a toujours sa bouteille de bière à la main. Il la termine avant de la jeter dans une poubelle. Ne lui parlez pas du tri des déchets à cet instant, il n'y songe pas une seconde. Tant pis. Contrarié, son seul désir à présent et de retourner chez lui. S'installer pourquoi pas sur son lit avec sa guitare et gratter quelques notes sur les cordes. Cela le détend, lui fait oublier parfois sa réalité. La musique est le remède à nombreux de ses maux même s'il ne le réalise pas. Bruits de chaussures qui retentissent derrière lui. Une personne qui court, il n'y prête pas attention jusqu'à ce que son nom soit formulé. Par celle dont il voudrait déjà oublier la rencontre. Elle est plus rapide que lui, la petite chanceuse qui ne boite pas pour se déplacer. Elle le contourne, pose ses mains sur ses épaules. Elle n'a pas peur la demoiselle. - Tu cherches à faire quoi là ? demande-t-il d'une voix sombre. Elle parvient à ses fins en vrai, il perd un peu l'équilibre et l'instant d'après le voici assis non pas sur une chaise mais sur le banc de l'arrêt de bus qui se trouvait juste à côté. Prunelles qui se relèvent vers la demoiselle qui le surplombe de sa petite hauteur. Pas vraiment, mais si c'est ce qu'elle pense, autant lui laisser cette assurance. Puis la question qui surgit, presque soufflée, comme si la culpabilité la guide. - A ton avis ? demande-t-il même si elle ne le regarde pas dans les yeux. Dommage, elle aurait peut être pu lire la vérité. Quoiqu'il est un bon menteur donc ce n'est pas certain. - Ce n'est pas toi, non. A présent que tu es rassurée, tu peux retourner auprès de tes "amis" te donner en spectacle. Ils doivent t'attendre avec une certaine impatience.

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La culpabilité est un sentiment horrible. Pourtant il est là, il m’assaille, me tord les tripes. Dès que ce goujat a prononcé ces mots, je me suis mise à me faire un tas de scénarios. Tous plus rocambolesques les uns que les autres, certes, mais j’ai le cerveau en ébullition. Si bien que je ne le vois à peine quand il sort. C’est le bruit ambiant qui reprend qui me sort de ma torpeur. Je culpabilise, je me sens horrible. Je me gratte l’arrière de la tête, perdue et gênée. On m’appelle mais je n’y prête aucune attention. Je n'y arrive pas. J’essaie de me repasser en boucle cette journée. La dernière que j’avais passée aux côtés d’Onyx. Main dans la main, j’étais sur les nerfs toute la journée. J’avais songé à différente manière de lui dire que je savais tout. Que j’avais découvert sa foutue tromperie sans lui préciser que ma fierté en avait pris un coup. Ce n'était pas facile. Enfin, il semble que j'ai quand même bien joué mon rôle puisqu’il n’avait pas semblé remarquer quoi que ce soit. Mais bordel, plus moyen de me souvenir comment je l’avais attaché. Est-ce que j’avais serré tant que ça ? Après un tour sur moi-même, après m’être rendu compte de l’absence du principal concerné, il fallait bien que je lui cours après pour en avoir la certitude. Hors de question que je me laisse bouffer de la sorte. Hors de question que je laisse ma fierté en prendre un coup, comme à l’époque. Le retrouver ne me prend que quelques minutes à peine. Dans la nuit, les rues d’Oceanside sont plutôt calmes et une seule silhouette boitillante à l’horizon. Le rejoindre me prend une poignée de secondes. Garde ton calme ma vieille. alors je lui pose la question. Il me force à réfléchir et croyez-moi, mon cerveau tourne à plein régime depuis déjà cinq peut-être même dix bonnes minutes. Et puis son “ Ce n’est pas toi ” me parvient aux oreilles. Putain, le goujat s’est foutu de moi ! Je me laisse lourdement tomber à côté de lui en inspirant profondément. Reste calme, Kinaï. Reste. Calme. Mes doigts s’emmêlent dans mes cheveux, les tirant en arrière pour essayer vainement de me détendre. T’es un connard, Onyx. que je souffle, sans cris ni rancœur dans la voix. Tu savais que j’allais réagir comme ça et t’en a joué, c’est pas cool. J’m’en tape des autres, ça fait deux heures que je les connais. Je me laisse aller contre le dossier du banc, croise les bras sur ma poitrine en le regardant de travers. C’est vrai que lorsque je suis sortie, le groupe de mecs avec qui je discutais était en train de brailler mon nom à tue-têtes. Et je m’en cogne. Je me pince l’arrête du nez en soufflant, pesant le pour et le contre quant à la question qui me brûle les lèvres. J’ai le sang chaud, oui. Mais je ne souhaite jamais de mal à personne. Ce n'est pas dans ma nature. Si c’est pas moi… Il t’es arrivé quoi alors ? Encore une fois, ma voix se fait toute petite, un chuchotis, un murmure. Le doute me serre la poitrine. Il ne m'en parlera sûrement pas. Après tout, je l’ai attaché pour me venger de sa tromperie.

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Il se joue d'elle, verbalement. Est-ce que cela lui apporte une quelconque victoire ? Normalement oui, il l'espère même. Pourtant, il ne ressent pas cette petite pointe à l'intérieur de son être. Il n'a pas cette sensation d'être victorieux. D'avoir cloué le bec à cette femme qui a osé partir en le laissant attacher sur une chaise. La vengeance est un plat qui se mange froid. La sienne est beaucoup trop froide pour qu'il ne la savoure. Il y a pourtant une toute petite partie de lui qui jubile, mais ce n'est pas le chant de la victoire. C'est triste mais c'est ainsi. Au bout d'un instant, il se décide tout de même à révéler la vérité. Ce n'est pas elle la coupable de cette blessure. Il rectifie, on ne sait jamais, que l'idée saugrenue lui vienne de se jeter sous la seule voiture qui passera à proximité. Hors de question que lui se sente coupable, même si elle est un connard. C'est un point sur lequel ils sont tous les deux d'accord. Cela le fait même esquisser l'ombre d'un sourire, car il le prend comme un compliment à force qu'on le lui dise au fil des années. Il s'attend à une claque en retour, en vengeance au doute qu'il a fait naître en elle. Sa joue reste miraculeusement indemne. Étrange, car elle est plutôt du genre à avoir le sang chaud quand il s'agit de lui. Il hoche doucement la tête. C'est vrai, il savait car même si leur petite histoire s'est mal terminée, il a tout de même appris à un peu la connaître, découvrant les points sur lesquels appuyer pour l'adoucir ou la faire culpabiliser. - Tu l'sais pourtant que j'suis pas un mec cool fredonne-t-il alors qu'elle se laisse tomber à ses côtés, sur le banc. Silence qui s'installe entre eux. Retrouvailles entre deux amants après plusieurs années. Ils n'ont pas grand chose à se raconter. L'embarras n'est pas présent de son côté. Il ne se sent pas coupable de l'avoir mené en bateau. Pour ce qui est de l'avoir trompée, il lui semble lui avoir dit qu'il était désolé à l'époque. Il lui semble car cela remonte et il n'en mettrait pas sa main à couper. Il contemple la nuit, le ciel s'étendant au dessus des bâtiments en face d'eux. Ce silence lui plaît même si un murmure vient le gâcher. Curiosité du côté de la petite racaille. De savoir ce qui lui est arrivé. Il ne répond pas, comme s'il n'a pas entendu la question et qu'elle s'est perdue dans l'air. Visage qui ne se tourne pas vers la jeune femme. Durant un instant, il replonge dans le passé. A son travail sur les circuits, à sa volonté de toujours bien faire, de trop en faire même aux yeux du chef d'équipe. C'est ce qui l'a mené ce matin là dans le garage encore désert. Une pensée qui a tourné toute la nuit dans sa tête, l'empêchant de dormir au point qu'il s'est levé avant tout le monde pour aller vérifier. Mauvaise idée. Une de plus dans sa vie, sauf que cette fois, il l'a payé cher. - Un accident finit-il par répondre, coupant le silence entre eux. Il entend un peu plus loin le brouhaha en provenance du bar. - Et je n'ai pas envie d'en parler, retourne à ta fête Kinaï marmonne-t-il en se relevant. Petite grimace car il déplie sa jambe trop rapidement. Et sans attendre de réponse de la part de la jeune femme, il se remet en route, avec sa démarche si particulière.

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Lasse, je passe mes mains sur mon visage. J’aurais sûrement besoin de me passer de l’eau sur les joues et sur la nuque pour faire redescendre fisa le taux d’alcool dans mes veines. Je devrais mais, même si Onyx est le parfait goujat que je déteste au plus haut point… Il reste Onyx. Beau comme un dieu mais éternel connard, ça va de soi. Je l’aime bien autant que je le déteste. Quand il se comporte pas comme le dernier des crétins, je sais qu’il peut être sympa. Un peu, faut pas abuser non plus. Je prends cinq minutes pour me remémorer notre rencontre, les quelques fois qu’on s’est amusé. Il me semble que je lui avais un jour dit que lorsque j’étais avec quelqu’un, je me donnais toujours à 100%. Je crois. Je ne suis plus très sûr de ça. Peut-être ça qui l’avait fait flipper à l’époque d’ailleurs. Ça en ferait flipper plus d’un, je suppose. Mais je me souviens aussi des quelques disputes qu’on a pu avoir. Les raisons sont passées à la trappe, cela dit. En revanche, je me souviens très bien qu’à l’époque, avec nos caractères respectifs, nos disputes étaient déjà du genre… explosives. Vraiment. Alors je soupire en laissant ma tête aller en arrière, le regard rivé aux étoiles. Je sais aussi que, quand tu en as envie et que les planètes sont alignées, tu peux être sympa. Mais je me doute bien qu’à ce moment précis, il n’en a certainement pas envie. Quoi que. Il faut être cinglé pour vouloir être cool avec une ex qui l’a attachée en guise de vengeance. Ça tombe bien, Onyx l’est, cinglé. Enfin, ce n’est pas une nouveauté, ça. Nouveau soupir, je ferme les yeux. Après ces retrouvailles, je me demande si j’aurais le courage d’affronter mon frère pour avoir une discussion entre adultes matures. Première nouvelle, depuis quand sommes-nous matures dans cette famille ? La voix de mon ex parvient à mes oreilles, m’explique seulement que s’il boite, c’est suite à un accident. Alors je relève la tête en fronçant les sourcils. Accident de la route ? Il ne me laisse pas l’occasion de poser la moindre question puisqu’il a l’air de mettre un point d’honneur au fait qu’il ne souhaite pas s’étaler sur le sujet. Ce que je comprends tout à fait. Je relève mollement la tête pour la tourner dans sa direction. Je t’ai dis que je m’en foutais d’aller faire la fête. Moi aussi, j’y met un point d’honneur, tiens ! Je le regarde se relever. Ce goujat fuis encore. Je lève les yeux au ciel, prépare ma répartie cinglante mais sa grimace me cloue le bec. Son accident est récent ? Puisqu’il claudique encore, je suppose qu’il en garde des séquelles mais la douleur en fait partie, elle aussi ? Je me lève à mon tour. Il faut retenir qu’en plus d’avoir le sang chaud, je suis particulièrement têtue aussi. Il me suffit de faire quelques grandes enjambées pour le rejoindre et me planter devant lui. Encore. Arrête d’être con cinq minutes et laisse-moi t’aider. Je lève le menton, lueur de défi dans les yeux. Je place mes mains sur mes hanches. T’inquiète, je le dirais à personne et tu resteras le plus grand goujat d’Oceanside. Promis p’tit doigt. Et pis, de toute façon, faut aussi que je rentre. J’arque un sourcil, suppose que je tape encore dans son égo surdimensionné. Soit il a trop de fierté et refuse, dans quel cas je vais pas avoir d’autres choix que de lui forcer la main au risque qu’il me fasse valdinguer à l’autre bout de la rue avec uniquement son souffle à la manière du grand méchant loup. Ou alors il se met la fierté dans la poche et accepte ma proposition.

tw: alcool, légère ivresse, vulgarité, menaces.

Quand les planètes sont alignées, voici un fait qui se produit rarement. Quand il en a envie, certainement encore plus rare que le point précédent. Il a rarement envie d'être sympa. Il ne désire plus l'être, merci la vie qui l'a durci mais pas au point de mal tourner. Il se préoccupe rarement des personnes autour de lui même s'il y a quelques rares exceptions. Elles ne dépassent pas les doigts des deux mains, et encore cela fait beaucoup. Disons plutôt que ça se limite aux doigts d'une seule main. Si on lui demande, il est même capable de citer les rares noms, sauf qu'il ne le fera pas, car les balancer, c'est comme une preuve de faiblesse à son sens. Foule de pensées qui traversent son esprit là, assis sur ce banc, à cet arrêt d'autobus. Le silence est apprécié même s'il finit par rectifier la vérité. Son état est dû à un accident dont il garde une séquelle à vie dans sa démarche et des cicatrices pas forcément moches mais pas non plus belles à voir. Il le sait puisqu'il les a tous les jours face à lui, s'il baisse la tête ou se regarde dans un miroir. Il a vu également quelques réactions dans le regard de conquêtes furtives. Ce n'est pas quelque chose qui intéresse, d'être avec un vilain petit canard. Alors non, il ne souhaite pas entrer dans les détails, et coupe court à la discussion. Que la racaille retourne à sa fête, quant à lui, il ve rentrer tranquillement chez lui. Seul, comme à son habitude. Avec un peu de chance, un des colocataires sera encore debout et il pourra se taper une joute verbale avec, juste pour le plaisir de grogner un peu au passage et d'évacuer cette frustration qu'il retient. Oui, car avoir son ex à côté, celle qui l'a ligoté, ce n'est pas rien. Il l'attacherait bien à un poteau mais peut être que sa vengeance a été poussée assez loin pour la soirée en la faisant culpabiliser. - Bah rends-toi à une autre fête et arrête de m'casser les couilles marmonne-t-il en s'éloignant déjà. Cette femme. Décidément. Elle a vraiment un don pour le faire râler. Pourtant ils ont eu quelques bons moments ensemble. Faut croire que la fin de leur histoire, c'est ce qu'ils ont retenu. Elle est pire qu'une sangsue. La voici déjà de retour, face à lui, barrant le chemin. - J'ai pas besoin de ton aide Kinaï. Cela l'écorche presque, de prononcer son prénom. Elle relève la tête, le regard plein de défi, les mains sur les hanches. Elle croit l'intimider ? Se positionner en super héros ? Il lui suffit de la choper par les hanches, de la soulever et il pourra la mettre sur le côté et reprendre sa route. Aussi simple que cela, mais il semble le seul à le voir car elle n'a pas l'air de le réaliser. - Bah rentre, va faire ta vie, raconte ce que tu veux sur moi, j'm'en tape. Et d'tes promesses, encore plus. Dégage avant que j'm'énerve. Il n'en est pas loin, de perdre patience. Elle joue avec ses nerfs la demoiselle. Elle le sait probablement. Il va l'éjecter en haut de l'arrêt d'autobus et elle se démerdera pour descendre. Ou alors, peut être qu'il va lui rendre la monnaie de sa pièce, trouver un cable ou un truc du genre et l'attacher à un poteau jusqu'à ce que ses potes de beuverie, ou d'autres gens sortent et viennent la sauver. - Tire-toi grince-t-il des dents, presque à bout de patience.

tw: alcool, légère ivresse, vulgarité.

La Laponie, les Îles Caïmans ou même une île déserte me conviendrait, en fin de compte. Non pas qu’Onyx me sorte par les trous de nez, loin de là mais… En fait, si. Totalement. Il me gonfle, m’énerve, m'irrite, bref. Trouvez tous les adjectifs négatifs, faites-en une bonne salade et c’est tout ce que je pense d’Onyx Rake. Ou presque tout. Je me sais rancunière, c’est pas une nouveauté 2024. C’est un bon vieux breuvage 1993. Et je ne sais même pas pourquoi je me mets à parler de salade ou de breuvage. Sûrement parce qu’il me file de l’urticaire et qu’à mes yeux, le seul remède c’est : soit la bouffe, soit l’alcool. Non pas que je suis alcoolique, disons simplement que je profite des petites choses que la vie a à m’offrir. Comme l’alcool, par exemple. Mes idées s’embrouillent entre-elles tandis que je me surprends à rêver d’un voyage en Laponie, au village du père noël plus exactement. Il faudrait, évidemment, que j’y aille en période de fêtes, pour que je sois à 100% dans le thème. Enfin, il faudrait déjà que ma famille toute entière accepte de se passer de moi pendant les fêtes. Au moins une fois. Et ce n'est pas gagné. D’ailleurs… Pourquoi ça serait à moi de partir déjà ? J’aurais juste à mettre ce crétin dans un avion direction une île déserte sans possibilité de retour en arrière et tous mes problèmes seraient résolus. Vraiment, le pied. Si seulement je pouvais vraiment te les casser… Balancé-je, la tête dans les nuages, le ton rêveur. Avant de réaliser. Hein ? Quoi ? J’ai pas dit ça, si ? Et merde, le voilà qui se barre. Une grimace traverse mon visage avant que je ne me retrouve de nouveau face à lui. Décidément, il faudrait vraiment que je réfléchisse avant d’agir. Mais j’ai beau cracher mon venin à tout va, je fais toujours en sorte de louper ma cible. Je n’aime pas réellement faire mal aux gens. Sauf que là, vu l’énervement qui émane de lui, je penses que je ne suis pas loin de finir en femme fusée. Ou en femme boulet de canon. Ou un truc dans ce genre parce qu’il va finir par me balancer je-ne-sais-où, je-ne-sais-quand. Enfin, si. Bientôt. C’est vaste mais je sens que ça va bientôt me tomber dessus. En fait, si. Mais tu ne veux pas de mon aide à moi, c’est toute la différence. T’es trop fier. Ou trop con. Je hausse une épaule en soupirant. Moi aussi, je suis trop fière. Jamais je n'admettait que, ce jour-là, le mieux aurait été de discuter comme une personne civilisée au lieu de la jouer grosse connasse qui se frotte les mains en préparant sa vengeance. Alors je lève les yeux au ciel. C’est fou comme il a l’air de me voir comme Satan en personne… Je ferais rien de tout ça, mais soit. Est-ce que j’ai envie de le voir énervé ? Non. Est-ce que je vais lui foutre la paix ? Probablement pour ce soir. Calme tes nerfs, ne me claque pas dans les pattes. Alors je me décale sur le côté, mord le bout de ma langue pour ne pas balancer une énième vacherie qui pourrait le faire sortir de ses gonds. Oceanside n’est pas si grand, on finira bien par se recroiser. Tu seras peut-être de meilleure humeur, grincheux. Je lève la tête vers lui et lui offre un grand sourire moqueur.